
Le doute 
Nous,  français,  détestons  être  liés  à  une  vérité  absolue. Peut-être  cela  nous 
vient-il  du  temps  où  la  France  était  dirigée  de  façon  autoritaire  par  le  roi  et 
l’église. A cette époque, nous avions peu de liberté dans nos croyances et notre 
réflexion. « Un Roi, Une Religion, Une Loi ». C’était la soi-disant recette de Louis 
XIV pour avoir une nation saine. En fait, cette étroitesse d’esprit donna naissance 
au  mouvement  philosophique  des  Lumières  qui  grandit  en  réaction  à  cet 
autoritarisme. 
Le Français Descartes en fut un des principaux précurseurs. Il est perçu comme 
étant l’un des plus grands penseurs de l’histoire humaine et comme le père de la 
philosophie moderne. Il inventa une méthode pour démontrer ce qui  est vrai. 
C’était une question importante à une époque où la vérité était déterminée par 
l’Eglise. Descartes nous dit alors : « Vous devez douter ». Douter de tout ce qui 
est enseigné comme établi, de ...tout ce que l’on vous dit ! Ainsi la vérité, c'est ce 
qui reste après avoir démontré tout ce qui est faux. Implacable logique! 
Si  Descartes  formulait  une  méthode  constructrice  et  libératrice  de  toutes  les 
erreurs  et  manipulations,  il  était  conscient  de  son  danger  pour  "les  esprits 
faibles".  
Sa crainte était fondée! Sa méthode déboucha sur un scepticisme destructeur qui  
s'enracina profondément dans la mentalité française.  
C'est  ainsi  que  depuis  notre  plus  jeune  âge,  on  enseigne  à  nos  enfants  à 
questionner et à discuter. Peu importe ce qui est juste et vrai (tout est relatif, leur 
dit-on), pourvu que vous défendiez bien votre point de vue. Autrement dit, les 
Français sont conditionnés à être sceptiques et rationalistes.  
Laïcité oblige ! Dans nos écoles et universités, Pascal est peu étudié. De même, 
d’autres  grands  croyants  et  éminents  philosophes  comme  Blondel,  Bergson, 
Lavelle, Gabriel Marcel, Maritain ou Levinas, sont un peu mis de côté par notre 
intelligentsia  émancipée,  fille  des  « Lumières »  et  athée.  Etonnant  !  Ils  sont 
davantage  étudiés  au  Canada,  aux  Etats-Unis,  en  Amérique  du  Sud  qu’en 
France.  
De la même manière, ce qui importe est la façon dont vous démolissez la thèse 
de l’autre. Après des années de pratique, cette approche, qui nous fait douter de 
tout,  devient  pour  nous  comme  une  seconde  nature.  Nous  développons  un 
réflexe subconscient, qui, à chaque fois que quelqu’un nous donne son opinion, 
nous  fait  penser  instantanément  à  une  raison  pour  laquelle  l’opinion  de  l’autre 
n’est pas juste.  
Ce mode de réflexion affecte également l’Église. C’est une sorte de jeu que nous 
jouons, mais il s’ensuit que nous ne recherchons jamais de conclusion définitive 
ou  que  nous  ne  prenons  jamais  d’engagement. Bien  sûr  cela  s’oppose