1.3 Fondation du Lycée 3
Alexandre le Grand domptant Bucéphale[n 2]
av. J.-C.), il se dirige vers le petit port d'Assos où il pour-
suit ses recherches biologiques et commence à observer
la faune marine. Il y ouvre une école de philosophie ins-
pirée par l'Académie[12]. Au bout de trois ans, il se rend
àMytilène, dans l'île voisine de Lesbos, où il ouvre une
nouvelle école.
En 343 av. J.-C., à la demande du roi Philippe II, il de-
vient le précepteur du prince héritier, le futur Alexandre
le Grand, alors âgé de treize ans. Il lui enseigne les
lettres[13] et sans doute la politique, durant deux ou trois
ans. Lorsqu'Alexandre devient régent à l'âge de quinze
ans, Aristote cesse d'être son précepteur, mais reste tou-
tefois à la cour durant les cinq années suivantes. Selon
certains sources, Alexandre lui aurait fourni des animaux
provenant de ses chasses et expéditions afin qu'il les étu-
die, ce qui lui aurait permis d'accumuler l'énorme docu-
mentation dont font preuve ses ouvrages de zoologie[14].
Vers 341 av. J.-C., il épouse Pythias, nièce et fille adop-
tive d’Hermias d'Atarnée, réfugiée à Pella, qui lui donne
une fille, prénommée elle aussi Pythias[15]. Devenu veuf
en 338 av. J.-C., il prend pour seconde épouse une femme
de Stagire, Herpyllis, dont il a un fils qu’il nomme Nico-
maque. L'Éthique à Nicomaque, qui porte sur la vertu et
la sagesse, est dédiée à ce fils mort en bas âge.
Aristote retourne à Athènes en 335 av. J.-C. à la suite de
la prise de la ville par son compatriote Philippe II[16].
1.3 Fondation du Lycée
École d'Aristote, peinture de 1880 par Gustav Adolph Spangen-
berg.
Aristote fonde en 335 av. J.-C. sa troisième école, le
Lycée, sur un terrain loué (Aristote est un métèque, il
n'a donc pas le droit à la propriété[n 3]). Le Lycée est si-
tué sur un lieu de promenade (peripatos), où le maître et
les disciples philosophent en marchant[17],[18]. Les aris-
totéliciens sont donc « ceux qui se promènent près du
Lycée » (Lukeioi Peripatêtikoi, Λύκειοι Περιπατητικοί)
d'où le nom d'école péripatéticienne, qu'on utilise parfois
pour désigner l'aristotélisme. Le Lycée comprend une bi-
bliothèque, un musée, etc. Aristote donne deux types de
cours. Celui du matin, « acroamatique », est réservé aux
disciples avancés. Celui de l'après-midi, « exotérique »,
est ouvert à tous[19]. Aristote, quant à lui, habite dans
les bois du mont Lycabette. C'est au Lycée que se si-
tue sa troisième et dernière grande période de production
(−335/−323) au cours de laquelle il écrit vraisemblable-
ment le livre VIII de la Métaphysique, les Petits traités
d'histoire naturelle, l’Éthique à Eudème, l'autre partie de
l’Éthique à Nicomaque (livres IV, V, VI), la Constitution
d'Athènes, les Économiques.
1.4 Les dernières années
En 327 av. J.-C., Alexandre fait mettre à mort Callisthène
d'Olynthe, le neveu d'Aristote, ce qui amène ce dernier à
s’éloigner de son ancien élève[n 4].
À la mort d’Alexandre le Grand, en 323 av. J.-
C., Aristote, menacé par le parti anti-macédonien de
Démosthène, estime prudent de fuir Athènes, fuite
d'autant plus justifiée qu'Eurymédon, hiérophante à
Éleusis, porte contre lui une accusation d'impiété. En ef-
fet, il lui reproche d'avoir composé un Hymne à Her-
mias d'Atarnée[n 5], genre de poème uniquement réservé
au culte des dieux. Décidé à ne pas laisser les Athéniens
commettre un « nouveau crime contre la philosophie[20] »
(le premier étant la condamnation à mort de Socrate),
Aristote quitte Athènes avec sa famille, sa seconde femme
Herpyllis et la fille issue de son premier mariage, Pythias.
En 322 av. J.-C., Aristote meurt à Chalcis, la ville de sa
mère, dans l'île d'Eubée. Il est âgé de 62 ans[16]. Son corps
est transféré à Stagire. Théophraste, son condisciple et
meilleur ami, lui succède à la tête du Lycée.