Aristote

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Aristote
ductive couvre le domaine de la technique et de la production de quelque chose d'extérieur à l'homme. Entrent dans
son champ l'agriculture mais aussi la poésie, la rhétorique
et, de façon générale, tout ce qui est fait par l'homme.
La logique, quant à elle, n'est pas considérée par Aristote
comme une science mais comme l'instrument qui permet
de faire progresser les sciences. Exposée dans un ouvrage
maintenant connu sous le titre d'Organon, elle repose sur
deux concepts centraux : le syllogisme, qui marquera fortement la scolastique, et les catégories (qu'est-ce ? où estce ? quand est-ce ? combien ? etc.)
Vous lisez un « bon article ».
Aristote (Ἀριστοτέλης)
Portrait d'après un original en bronze de Lysippe.
La nature (Phusis) tient une place importante dans la philosophie d'Aristote. Selon lui, les matières naturelles possèdent en elles-mêmes un principe de mouvement (en telos echeïn). Par suite, la physique est consacrée à l'étude
des mouvements naturels provoqués par les principes
propres de la matière. Au-delà, pour sa métaphysique,
le dieu des philosophes est le premier moteur, celui qui
met en mouvement le monde sans être lui-même mû. De
même, tous les vivants ont une âme,mais celle-ci a diverses fonctions. Les plantes ont seulement une âme animée d'une fonction végétative, celle des animaux possède
à la fois une fonction végétative et sensitive, celle des
hommes est dotée en plus d'une fonction intellectuelle.
La vertu éthique, selon Aristote, est en équilibre entre
deux excès. Ainsi, un homme courageux ne doit être ni
téméraire, ni couard. Il en découle que l'éthique aristotélicienne est très marquée par les notions de mesure et de
phronêsis (en français prudence ou sagacité). Son éthique,
tout comme sa politique et son économie, est tournée
vers la recherche du Bien. Aristote, dans ce domaine, a
profondément influencé les penseurs des générations suivantes. En lien avec son naturalisme, le Stagirite considère la cité comme une entité naturelle qui ne peut perdurer sans justice et sans amitié (philia).
Aristote (384 av. J.-C. - 322 av. J.-C.) est un philosophe
grec de l'Antiquité. Avec Platon, dont il fut le disciple
à l'Académie, il est l'un des penseurs les plus influents
que le monde ait connus. Il est aussi l'un des rares à
avoir abordé pratiquement tous les domaines de connaissance de son temps : biologie, physique, métaphysique,
logique, poétique, politique, rhétorique et de façon ponctuelle l'économie. Chez Aristote, la philosophie est comprise dans un sens plus large qu'aujourd'hui : elle est à la
fois recherche du savoir pour lui-même, interrogation sur
le monde et science des sciences.
À sa mort, sa pensée connaît plusieurs siècles d'oubli. Il
faut attendre la fin de l'antiquité pour qu'il revienne au
premier rang. L'Occident, de la fin de l'Empire romain
au XIIe siècle, n'a qu'un accès limité à son œuvre, mais
celle-ci est surtout étudiée alors dans l'Empire byzantin
et le monde musulman. À partir de sa redécouverte au
XIIIe siècle, la pensée d'Aristote influence fortement la
philosophie et la théologie de l'Occident durant les quatre
à cinq siècles suivants. Associée au développement des
universités, qui débute au XIIe siècle, elle marque profondément la scolastique et, par l'intermédiaire de l’œuvre de
Thomas d'Aquin, le christianisme.
La science comprend pour lui trois grands domaines :
la science spéculative ou théorique, la science pratique
et la science productive. La science spéculative constitue la meilleure utilisation que l'homme puisse faire de
son temps libre. Elle est composée de la philosophie première (l'actuelle métaphysique), de la mathématique et
de la physique —appelée aussi philosophie naturelle. La
science pratique tournée vers l'action (praxis) est le do- Au XVIIe siècle, la condamnation de Galilée et la percée
maine de la politique et de l'éthique. Enfin, la science pro1
2
1 BIOGRAPHIE
de l'astronomie de Newton discréditent le géocentrisme.
Il s’ensuit un profond recul de la pensée aristotélicienne dans tout ce qui touche à la science. Sa logique,
l'instrument de la science aristotélicienne, est également
critiquée à la même époque par Francis Bacon. Cette
critique se poursuit au XXe siècle où Bertrand Russell
et John Dewey proposent des logiques alternatives. Malgré tout, son éthique et sa politique restent toujours lues,
même si les féministes le trouvent sexiste[1] et si sa vision
de l'esclavage heurte la sensibilité contemporaine.
Au xxe siècle, sa philosophie connait un regain d'intérêt.
Elle est étudiée et commentée par Martin Heidegger,
ainsi qu'à sa suite par Leo Strauss et Hannah Arendt,
deux philosophes parfois considérés comme des néoaristotéliciens. Plus de 2 300 ans après sa mort, sa pensée demeure toujours étudiée, commentée et continue
d'influencer certains courants de pensée.
1
Biographie
1.1 Les années de jeunesse
Aristote est né en 384 av. J.-C. à Stagire (d’où son surnom, le Stagirite[5] ), une ville de Macédoine située sur
le golfe Strymonique, aujourd'hui Aristotélis. Son père,
Nicomaque, est le médecin du roi Amyntas III de Macédoine tandis que sa mère, Phéstias, originaire de l'île
d'Eubée, est sage-femme. Orphelin de père à onze ans,
il est élevé par son beau-frère, Proxène d'Atarné[n 1] , en
Mysie. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec
Hermias d'Atarnée, futur tyran de Mysie[6] .
Vers 367 av. J.-C., à dix-sept ans, il est admis à
l’Académie de Platon[6] . Platon, ayant remarqué sa vive
intelligence, lui donne le droit d’enseigner la rhétorique en
tant que répétiteur[7] . Il l'appelle « le liseur » (ὁ ἀναγνώστης)[8] ou « l'intelligence de l'école » (νοῦς τῆς διατριβῆς). Cela n'empêchera pas Aristote de rejeter la théorie
des Idées de Platon, en se justifiant comme suit : « Ami de
Platon, mais encore plus de la vérité ». Formé et profondément influencé par les platoniciens, il ajoute : « ce sont
des amis qui ont introduit la doctrine des Idées. […] Vérité et amitié nous sont chères l'une et l'autre, mais c'est
pour nous un devoir sacré d'accorder la préférence à la
vérité[9] »[10] .
1.2 Précepteur d'Alexandre
Éducation d'Alexandre par Aristote de Charles Laplante.
Buste d'Aristote.
La vie d'Aristote n’est connue que dans ses grandes
lignes[2],[3],[4] . En effet son œuvre ne comporte que très
peu de détails biographiques et peu de témoignages
de ses contemporains nous sont parvenus. De plus, ses
doxographes, (Denys d’Halicarnasse, Diogène Laërce,
etc.), lui sont postérieurs de quelques siècles.
Durant la période où il enseigne à l'académie, Aristote
suit la vie politique locale, mais sans pouvoir y participer du fait de son statut de métèque (« étranger » à
la cité). Quand Platon meurt en 348-347 av. J.-C., son
neveu Speusippe lui succède. Aristote, dépité, part pour
Atarnée avec son condisciple Xénocrate[11] , départ peutêtre également lié à l'hostilité grandissante envers les
Macédoniens. En effet, peu de temps auparavant, le roi
Philippe II a participé à des massacres à Olynthe, une
ville amie des Athéniens. À Atarnée, en Troade, sur la
côte d'Asie Mineure, Aristote rejoint Hermias d'Atarnée,
un ami d'enfance, tyran (maître souverain) du royaume de
Mysie. La Macédoine et Athènes ayant fait la paix (en 346
1.3
Fondation du Lycée
3
1.3 Fondation du Lycée
École d'Aristote, peinture de 1880 par Gustav Adolph Spangenberg.
Aristote fonde en 335 av. J.-C. sa troisième école, le
Lycée, sur un terrain loué (Aristote est un métèque, il
n'a donc pas le droit à la propriété[n 3] ). Le Lycée est situé sur un lieu de promenade (peripatos), où le maître et
les disciples philosophent en marchant[17],[18] . Les aristotéliciens sont donc « ceux qui se promènent près du
Lycée » (Lukeioi Peripatêtikoi, Λύκειοι Περιπατητικοί)
d'où le nom d'école péripatéticienne, qu'on utilise parfois
pour désigner l'aristotélisme. Le Lycée comprend une bibliothèque, un musée, etc. Aristote donne deux types de
cours. Celui du matin, « acroamatique », est réservé aux
Alexandre le Grand domptant Bucéphale[n 2]
disciples avancés. Celui de l'après-midi, « exotérique »,
est ouvert à tous[19] . Aristote, quant à lui, habite dans
les bois du mont Lycabette. C'est au Lycée que se situe sa troisième et dernière grande période de production
(−335/−323) au cours de laquelle il écrit vraisemblablement le livre VIII de la Métaphysique, les Petits traités
av. J.-C.), il se dirige vers le petit port d'Assos où il pour- d'histoire naturelle, l’Éthique à Eudème, l'autre partie de
suit ses recherches biologiques et commence à observer l’Éthique à Nicomaque (livres IV, V, VI), la Constitution
la faune marine. Il y ouvre une école de philosophie ins- d'Athènes, les Économiques.
pirée par l'Académie[12] . Au bout de trois ans, il se rend
à Mytilène, dans l'île voisine de Lesbos, où il ouvre une
nouvelle école.
1.4 Les dernières années
En 343 av. J.-C., à la demande du roi Philippe II, il devient le précepteur du prince héritier, le futur Alexandre
le Grand, alors âgé de treize ans. Il lui enseigne les
lettres[13] et sans doute la politique, durant deux ou trois
ans. Lorsqu'Alexandre devient régent à l'âge de quinze
ans, Aristote cesse d'être son précepteur, mais reste toutefois à la cour durant les cinq années suivantes. Selon
certains sources, Alexandre lui aurait fourni des animaux
provenant de ses chasses et expéditions afin qu'il les étudie, ce qui lui aurait permis d'accumuler l'énorme documentation dont font preuve ses ouvrages de zoologie[14] .
En 327 av. J.-C., Alexandre fait mettre à mort Callisthène
d'Olynthe, le neveu d'Aristote, ce qui amène ce dernier à
s’éloigner de son ancien élève[n 4] .
À la mort d’Alexandre le Grand, en 323 av. J.C., Aristote, menacé par le parti anti-macédonien de
Démosthène, estime prudent de fuir Athènes, fuite
d'autant plus justifiée qu'Eurymédon, hiérophante à
Éleusis, porte contre lui une accusation d'impiété. En effet, il lui reproche d'avoir composé un Hymne à Hermias d'Atarnée[n 5] , genre de poème uniquement réservé
au culte des dieux. Décidé à ne pas laisser les Athéniens
commettre un « nouveau crime contre la philosophie[20] »
(le premier étant la condamnation à mort de Socrate),
Aristote quitte Athènes avec sa famille, sa seconde femme
Herpyllis et la fille issue de son premier mariage, Pythias.
Vers 341 av. J.-C., il épouse Pythias, nièce et fille adoptive d’Hermias d'Atarnée, réfugiée à Pella, qui lui donne
une fille, prénommée elle aussi Pythias[15] . Devenu veuf
en 338 av. J.-C., il prend pour seconde épouse une femme
de Stagire, Herpyllis, dont il a un fils qu’il nomme Nicomaque. L'Éthique à Nicomaque, qui porte sur la vertu et En 322 av. J.-C., Aristote meurt à Chalcis, la ville de sa
la sagesse, est dédiée à ce fils mort en bas âge.
mère, dans l'île d'Eubée. Il est âgé de 62 ans[16] . Son corps
Aristote retourne à Athènes en 335 av. J.-C. à la suite de est transféré à Stagire. Théophraste, son condisciple et
la prise de la ville par son compatriote Philippe II[16] .
meilleur ami, lui succède à la tête du Lycée.
4
2
L'HOMME, L’ŒUVRE ET L'ITINÉRAIRE INTELLECTUEL
Le Lycée subsistera jusqu'en 529 après J.-C., lorsque
l'empereur romain Justinien Ier met fin à l'enseignement
de la philosophie païenne.
2
L'homme, l’œuvre et l'itinéraire
intellectuel
Eduard Zeller, historien allemand de la philosophie.
Le Jeune Cicéron lisant, fresque de Vincenzo Foppa de Brescia,
vers 1464.
D'après ses biographes, notamment Diogène Laërce,
Aristote aurait été doté d'un certain humour et aurait soit
bégayé, soit eu un cheveu sur la langue[21] . Physiquement,
il est petit, trapu, avec des jambes grêles et de petits yeux
enfoncés. Sa tenue vestimentaire est voyante et il n'hésite
pas à porter des bijoux[21] .
On sait qu'Aristote a écrit à l'intention du grand public
des dialogues à la manière de Platon. Il n'en reste que de
rares fragments (Eudème, La Philosophie, Du bien, etc.)
Ces dialogues représentent les « discours exotériques »
(έξωτερικοί λόγοι) d’Aristote[22],[23],[24],[25] , destinés à
un large public. Cicéron n'hésite pas à qualifier son éloquence de « fleuve d'or » et à juger ses livres (aujourd'hui
perdus) mieux écrits que ceux de Platon[26] .
« Toutes les œuvres en question appartiennent aux dernières années de la vie d’Aristote. Si un jour une heureuse découverte devait
enrichir nos connaissances sur l’ordre chronologique de ces écrits, il n’y aurait pourtant pas à
espérer que l’ouvrage le plus ancien nous fasse
remonter à une époque où Aristote travaillait
encore à son système. Dans toutes ses parties,
celui-ci se présente à nous comme un tout achevé ; nulle part nous ne voyons encore l’architecte à l’œuvre. »
Il convient de préciser que cette position date d'une
époque où dominait encore « l'image d'un Aristote systématique ». Depuis les écrits de Werner Jaeger, particulièrement son livre de 1923 Aristote. Fondements pour un
histoire de son évolution, la thèse de l'unité doctrinale de
Les trente-et-un traités qui nous restent proviennent pour la pensée aristotélicienne n'est plus dominante[35] .
l'essentiel de notes de cours ou d'écrits destinés au public spécialisé du Lycée. À côté des « discours exotériques » (à l'usage du public), on trouve des leçons seule- 2.1 Chronologie des textes
ment orales appelées aussi notes « acroamatiques », recueils de faits destinés à des disciples avancés[27],[28],[29] . L'œuvre dont nous disposons est basée sur des documents
assemblés en livres au Ier siècle av. J.-C. par Andronicos
Les spécialistes d'Aristote se demandent comment les de Rhodes sans que ce dernier ait connu l'ordre enviécrits que nous connaissons ont été assemblés. En effet, sagé par Aristote ni « les tenants et les aboutissants de
leur organisation semble parfois hasardeuse et leur style la démarche, les motivations et les occasions de la rén'a que peu de choses à voir avec ce qu'en dit Cicéron[26] . daction »[36] . Le corpus dont nous disposons a donc été
Une trentaine ouvrages d'Aristote ont été écrit au IVe siècle av. J.-C. mais édité au Ier siècle av.
perdus[30],[31],[32],[33],[34] . Les experts se sont posé J.-C.. Pour Pierre Aubenque, ce décalage de plusieurs
la question de savoir si cette perte faussait ou non la siècles, doublé à la même période d'un oubli de la pencompréhension de l'œuvre d'Aristote. Dans son Histoire sée d'Aristote, a conduit à dissocier fortement l'homme
de la philosophie des Grecs, Eduard Zeller répond par la Aristote de la philosophie connue sous son nom[37] . Ausnégative :
si, l'intention de l'auteur étant inconnue, les exégètes ont
5
été amenés à faire des hypothèses qui ont conduit à trois cette troisième phase, Aristote se livre à des recherches
grandes lignes d'interprétations.
empiriques et crée un nouveau type de science basé sur les
enquêtes, la description et l’observation des choses particulières. Jaeger propose donc une vision systématique
mais évolutive de la pensée d'Aristote.
Cette façon de voir l'évolution de la pensée d'Aristote
est contestée. Elle a été critiquée d'abord par Ingemar
Düring[40] puis par Hans-Georg Gadamer, qui estime
que l'analyse de Jaeger repose sur ce que celui-ci considère comme des contradictions. Or, il est possible que ce
qu'il perçoit comme des contradictions soit simplement
ce qui dans la pensée d'Aristote est « compliqué, nuancé, en dehors du cadre du bon sens de tous les jours »[40] .
Pour pallier ces défauts, Pierre Aubenque préfère partir
de l'hypothèse selon laquelle nous ne sommes pas certains qu'Aristote ait « conçu un système parfaitement cohérent »[41] . Pour lui, la métaphysique d'Aristote serait
aporétique et il ne faudrait pas chercher une interprétation systématisante mais, au contraire, interpréter les difficultés ou apories de façon à procéder « à une élucidation
méthodique de l'échec » de la systématisation[42] .
3 Présentation de la philosophie
3.1 Apparences et opinions crédibles (endoxa)
Werner Jaeger
par Max Liebermann.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle on a considéré que la pensée d'Aristote formait un système complet et cohérent, de
sorte que les commentateurs ont « complété » la pensée
d'Aristote quand besoin était. Selon Pierre Aubenque, les
commentateurs grecs ont systématisé la pensée d'Aristote
à partir du néo-platonisme et « les commentateurs scolastiques, à partir d'une certaine idée du Dieu de la Bible et
de son rapport au monde »[38] .
En 1923, Werner Jaeger dans un ouvrage intitulé Aristote : fondements pour une histoire de son évolution inaugure une méthode d'interprétation génétique qui voit la
philosophie d'Aristote « comme un système dynamique
de concepts » en évolution. Il distingue trois phases successives : l'époque de l'Académie, les années de voyage et
enfin le second séjour à Athènes. La première phase serait celle du dogmatisme platonicien (œuvres de jeunesse,
l’Éthique à Eudème, Protreptique). La seconde phase serait celle de la naissance d’un platonisme critique et
l'éclosion d'une philosophie de transition au cours de laquelle Aristote procède à des corrections du platonisme
tout en reprenant plusieurs thèmes platoniciens : identification de la théologie et de l’astronomie, principe du
premier moteur immobile (idée qui a son origine dans Aristote fait plus confiance aux capacités perceptives des hommes
les Lois) et notion d’âme des astres[39] . Enfin, la troisième que René Descartes.
phase correspondrait au second séjour à Athènes et marquerait l’apogée de la philosophie aristotélicienne. Durant La démarche d'Aristote est à l'opposé de celle de
6
3 PRÉSENTATION DE LA PHILOSOPHIE
Descartes. Alors que le philosophe français entame sa
réflexion philosophique par un doute méthodologique,
Aristote soutient au contraire que nos capacités de perception et de cognition nous mettent en contact avec les
caractéristiques et les divisions du monde, ce qui n'exige
donc pas un scepticisme constant[43] .
Par ailleurs, pour lui, ce sont les apparences (phainomena), les choses étranges que nous percevons, qui
nous conduisent à penser notre place dans l'univers et à
philosopher[43] . Une fois la pensée mise en éveil, il préconise de rechercher les opinions des gens sérieux (endoxa vient de endoxos mot désignant un homme notable
de haute réputation)[44] . Il ne s’agit pas de prendre ces
opinions crédibles comme des vérités, mais de tester leur
capacité à rendre compte de la réalité[45] .
3.2
Philosophie et science
Dans le Proteptique, une œuvre de jeunesse, Aristote affirme que « la vie humaine implique l'exigence de se faire
philosophe, c'est-à-dire d'aimer (philein) et de rechercher
la science, ou plus précisément la sagesse (sophia) ». À
cette époque, la philosophie est donc, pour lui, désir de
savoir[46] . Ce qui est recherché, c'est d'abord le bonheur
vu sous un angle philosophique, c'est-à-dire du côté du
plaisir de l'esprit qui pense bien. Selon lui, penser bien
implique de bien agir[47] . La philosophie est donc, d'une
certaine façon, « la science des sciences » qui recherche
la vérité, le vrai, et non l'illusion ou le mouvant, comme
c'est le cas chez les sophistes. La philosophie cherche in
fine le bien et la fin des êtres humains. Notons ici que
la distinction moderne entre philosophie et science date
de la fin du XVIIIe siècle. On ne la trouve donc pas chez
Aristote, pas plus que dans l'article « philosophie » de
l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert[48] . D'une certaine façon, à cette époque, la philosophie pense la totalité. La science ou, pour reprendre le mot d'Aristote,
l'épistémè, traite des champs particuliers du savoir (physique, mathématique, biologie etc.). La philosophie théorique est donc première par rapport à la praxis, terme
souvent traduit par « science pratique » et dont relève la
politique : « Aristote distingue en effet entre le bonheur
que l'homme peut trouver dans la vie politique, dans la
vie active et le bonheur philosophique qui correspond à
la théorie, c'est-à-dire à un genre de vie qui est consacré
tout entier à l'activité de l'esprit. Le bonheur politique et
pratique n'est bonheur aux yeux d'Aristote que de façon
secondaire[49] . »
3.3
Épistèmè (science) et technè (art, techniques)
Aristote distingue cinq vertus intellectuelles : la technè,
l'épistèmè, la phronésis (prudence), la sophia (sagesse) et
le nous (intelligence)[50] . La techné est souvent traduite
par art ou technique, alors que l'épistémè se traduit par
Statue d'Éspitèmè (connaissance) à la bibliothèque Celsus
d'Éphèse.
connaissance ou science. Toutefois, l'épistèmè ne correspond pas à la notion de science moderne car elle n'inclut
pas l'expérimentation. Alors que l'épistèmè est la science
des vérités éternelles, la technnè (l'art, la technique) est
consacrée au contingent et traite de ce que l'homme crée.
La médecine relève à la fois de l'épistèmè, car elle étudie
la santé humaine, et de la technè, car il faut soigner un
malade, produire de la santé[51] .
Une autre façon de distinguer l'épistèmè de la technè est
que la première peut être apprise dans un école, alors que
la seconde demande de la pratique, dépend d'habitudes.
La science utilise la démonstration comme instrument de
recherche. Démontrer, c'est montrer la nécessité interne
qui gouverne les choses, c'est en même temps établir une
vérité par un syllogisme fondé sur des prémisses assurées. La science démonstrative « part de définitions universelles pour arriver à des conclusions également universelles ». Toutefois, dans la pratique, le mode de démonstration des différentes sciences diffère selon la spécificité
de leur objet[52] . La division ternaire des sciences (théorique, pratique et productive) n'inclut pas la logique car
celle-ci a pour tâche de formuler « les principes d'une argumentation correcte que tous les domaines de recherche
(inquiry) ont en commun ». La logique vise à établir à
un haut niveau d'abstraction les normes d'inférences (relations de cause à effet) qui doivent être suivies par quelqu'un cherchant la vérité et d'éviter les inférences falla-
3.4
Les divisions de la science
7
cieuses. Elle est développée dans un ensemble de travaux 3.4.2 Science pratique (praxis)
connus depuis le Moyen Âge sous le nom d'Organon (mot
voulant dire instrument en grec)[53] . Ce qu'on appelle de
nos jours science productive relève de la technè et de
la production (poïesis) ; la science pratique relève de la
praxis (action) et de l'épistèmè en ce qu'elle cherche également des inférences stables mais sa fin est interne à la
science[54] .
3.4
3.4.1
Les divisions de la science
Science spéculative ou contemplative
Rembrandt, Philosophe en contemplation.
La science spéculative ou théorique ((ἐπιστήμη) est désintéressée, elle constitue la fin en soi de l'âme humaine
et l'achèvement de la pensée. Elle constitue la meilleure
utilisation que l'homme puisse faire de son temps libre
(skholè), durant lequel, détaché de ses préoccupations
matérielles, il peut se consacrer à la contemplation désintéressée du vrai[55] . C'est la raison pour laquelle certains spécialistes d'Aristote, tel Fred Miller, préfèrent
parler de sciences contemplatives plutôt que théoriques.
Il y a autant de divisions de la science théorique qu'il
y a d'objets d'étude, c'est-à-dire de champs différents
de réalité (genres, espèces, etc.) Aristote distingue la
philosophie première (maintenant appelée métaphysique,
qui a pour objet d'étude la totalité de ce qui est), les
mathématiques qui portent sur les nombres, c'est-à-dire
les quantités en général, tirées de la réalité par abstraction, et la physique ou philosophie naturelle[56] .
Platon (à gauche) pointe le doigt vers le ciel, symbole de sa
croyance dans les idées. Aristote (à droite) pointe la paume de
sa main vers le sol, symbole de sa croyance dans l'observation
empirique.
L'action (praxis), par opposition à la production (poïesis),
est, selon Aristote, l'activité dont la fin est immanente au
sujet de l'activité (l'agent), par opposition à la production,
activité dont la fin (l'objet produit) est extérieure au sujet de l'activité. Les sciences pratiques touchent à l'action
humaine, aux choix à faire[54] . Elles comprennent la politique et l'éthique[56] .
3.4.3 Science productive ou poïétique (τέχνη)
Il s’agit du savoir-faire ou de la technique, qui consiste en
une disposition acquise par l'usage, ayant pour but la production d'un objet qui n'a pas son principe en lui-même,
mais dans l'agent qui le produit (par opposition à une proLa physique témoigne d'abord d'une volonté de com- duction naturelle)[54] .
prendre l'univers comme un tout. Elle vise davantage à ré- Parce que la technè est au service d'une production, le
soudre des énigmes conceptuelles qu'à procéder à des re- domaine de la technique est l'utilité et l'agrément. Elle
cherches empiriques. Elle recherche également les causes vise toujours le particulier et le singulier, mais demande
en général ainsi que la cause première et dernière de tout un savoir-faire qui peut s’apparenter à une étape intermouvement en particulier[56] .
médiaire dans l'échelle de la connaissance. L'agriculture,
La philosophie naturelle d'Aristote ne se limite pas à la la construction de bateaux, la médecine, la musique, le
physique proprement dite. Elle inclut la biologie, la bota- théâtre, la danse, la rhétorique[56] font partie de cette catégorie.
nique, l'astronomie et peut-être la psychologie[n 6] .
8
3.5
4 LA LOGIQUE
Hylémorphisme aristotélicien contre façon de mener une réflexion juste. Le titre du livre, « organon », qui signifie « instrument de travail », constitue
idéalisme platonicien
une prise de position contre les stoïciens pour lesquels la
[58]
Selon Aristote, Platon conçoit « l'essence ou idée (eïdos) logique est une part de la philosophie .
comme un être existant en soi, tout à fait indépendam- Le livre I, appelé Catégories, est consacré à la définition
ment de la réalité sensible » de sorte que la science doit des mots et des termes. Le livre II, dédié aux proposialler au-delà du sensible pour atteindre « des intelligibles, tions, est nommé en grec Peri Hermeneias, c'est-à-dire
universels, immuables et existants en eux-mêmes »[10] . « livre de l'interprétation ». Les spécialistes le désignent
Cette façon de voir présente, selon lui, deux inconvénients généralement sous son appellation latine De Interpretamajeurs : elle complique le problème en créant des êtres tione. Le livre III, appelé les Premiers Analytiques, traite
intelligibles et elle conduit à penser les idées, l'universel, du syllogisme en général. Le livre IV, appelé Seconds
comme indépendants du sensible ce qui, selon lui, nous Analytiques, est consacré aux syllogismes dont les résulécarte de la connaissance du réel[10] .
tats sont le fruit de la nécessité (ex anankês sumbanein),
c'est-à
dire sont les conséquences logiques de la prémisse
Pour Aristote, l'essence ou la forme (eïdos morphè) ne
[58]
(protasis)
. Le livre V, nommé Topiques, est dédié aux
peut exister qu'incarnée dans une matière (hulé). Cela le
règles
de
la
discussion et aux syllogismes dont les préconduit à élaborer « la thèse dite de l'hylémorphisme qui
misses
sont
probables
(raisonnement dialectique à parconsiste à penser l'immanence, la nécessaire conjonction,
tir
d’opinions
généralement
acceptées). Enfin, le livre VI,
en toute réalité existante, de la matière (hulè) et de la
[57]
appelé
Réfutations
sophistiques,
est considéré comme une
(morphè) qui l'informe » .
section finale ou comme un appendice du livre V[58] .
Mais, en procédant ainsi, il se trouve confronté au problème de l'universel. En effet, pour Platon, cette question À l'intérieur du livre II De Interpretatione, certains chane se pose pas puisque l'universel appartient au domaine pitres sont particulièrement importants, tel le chapitre 7
[n 7]
ainsi que le chapitre 11
des idées. Pour Aristote, l'universel consiste plutôt en une d'où dérive le carré logique
qui
est
à
l'origine
de
la
logique
modale.
intuition de la forme ou de l'essence et dans le fait de poser
un énoncé, telle la définition d'un homme comme « animal politique[57] . »
4.2 Enquête, démonstration et syllogisme
Dans les Premiers Analytiques, Aristote cherche à définir une méthode destinée à permettre une compréhension
scientifique du monde. Pour lui, le but d'une recherche ou
d'une enquête est d'aboutir à « un système de concepts et
4.1 L'Organon
de propositions hiérarchiquement organisés, fondés sur la
connaissance de la nature essentielle de l'objet de l'étude
Article détaillé : Organon.
[59]
L’Organon est constitué d'un ensemble de traités sur la et sur certains autres premiers principes nécessaires » .
Pour Aristote, « la science analytique (analytiké épistémè) […] nous apprend à connaître et à énoncer les causes
par le moyen de démonstration bien construite »[60] . Le
but est d'atteindre des vérités universelles du sujet en luimême en partant de sa nature. Dans les Seconds Analytiques, il aborde la façon dont il faut procéder pour atteindre ces vérités. Pour cela, il faut d'abord connaître
le fait, puis la raison pour laquelle ce fait existe, puis,
les conséquences du fait, et enfin, les caractéristiques du
fait[61] .
4
La logique
La démonstration aristotélicienne repose sur le
syllogisme qu'il définit comme « un discours dans
lequel, certaines choses étant posées, quelque chose
d'autre que ces données en résulte nécessairement par le
seul fait de ces données »[62] .
Le syllogisme repose sur deux prémisses, une majeure et
une mineure, desquelles on peut tirer une conclusion nécessaire. Exemple :
Aristote, Théophraste, et Straton de Lampsaque.
Majeure : les êtres humains sont
mortels.
4.4
La dialectique, Aristote contre Platon
9
prédicat essentiel. Une prédication est une affirmation
vraie, comme dans la phrase « Bucéphale (le cheval
d'Alexandre le Grand) est noir », qui présente une prédication simple. Pour qu'une prédication soit essentielle,
il ne suffit pas qu'elle soit vraie, il faut aussi qu'elle apporte une précision. Tel est le cas quand on déclare que
Bucéphale est un cheval[65] . Pour Aristote, in fine, « Une
définition de X ne doit pas être seulement une prédication essentielle mais doit être également une prédication
seulement pour X »[66] .
4.3.2 Les catégories
Article détaillé : catégories (Aristote).
e
Université au xiv siècle. La scolastique est très influencée par
Aristote.
Mineure : les femmes sont des êtres
humains.
Conclusion : les femmes sont mortelles.
Le mot catégorie dérive du grec katêgoria qui signifie prédicat ou attribut. Dans l'œuvre d'Aristote, la liste des dix
catégories est présente dans Topiques I.9, 103b20-25 et
dans Catégories 4,1b25-2a4. Les dix catégories peuvent
être interprétées de trois façons différentes : comme des
sortes de prédicats ; comme une classification de prédications ; comme des sortes d'entités[67] .
Un syllogisme scientifique doit pouvoir identifier la cause
d'un phénomène, son pourquoi[63] . Ce mode de raisonnement pose la question de la régression à l'infini qui survient, par exemple, quand un enfant nous demande pourquoi telle chose fonctionne comme cela, et qu'une fois la
réponse donnée, il nous interroge sur le pourquoi de la
prémisse de notre réponse. Pour Aristote, il est possible
de mettre fin à cette régression à l'infini en tenant certains
faits venant de l'expérience (induction) ou venant d'une
intuition comme assez certains pour servir de base aux
raisonnements scientifiques. Toutefois, pour lui, la néces- 4.4
sité de tels axiomes doit pouvoir être expliquée à ceux qui
les contesteraient[64] .
4.3
4.3.1
Pour plus de détails voir
Les Catégories dans une
traduction de sœur Pascale Nau (op) sur Wikisource et par Barthélemy
Saint-Hilaire (1844) sur
remacle.org avec original
grec et notes.
La dialectique, Aristote contre Platon
Définitions et catégories
Définition, essence, espèce, genre, différence,
prédicat
Une définition (horos, horismos) est pour Aristote, « un
compte-rendu qui signifie que ce qui est, est pour quelque
chose (Logos ho to ti ên einai sêmanainei) »[65] . Il veut signifier par là qu'une définition n'est pas purement verbale,
mais traduit l'être profond d'une chose, ce que les latins
ont traduit par le mot essentia (essence)[65] .
Il se pose alors l'une des questions centrales de la métaphysique aristotélicienne, qu'est-ce qu'une essence ? Pour
lui, seules les espèces (eidos) ont des essences. L'essence
n'est donc pas propre à un individu mais à une espèce qu'il
définit par son genre (genos) et sa différence (diaphora).
Exemple « un être humain est un animal (genre) qui a la Mosaïque représentant l'Académie de Platon.
capacité de raisonner (différence) »[65] .
Pour Platon, le mot « dialectique » a deux significations.
Le problème de la définition pose celui du concept de Il s’agit d'abord de « l'art de procéder par questions et
10
5 SCIENCES THÉORIQUES
réponses »[68] pour arriver à la vérité. En ce sens, elle
est au centre de la méthode philosophique comme en témoignent les nombreux dialogues platoniciens. La dialectique est aussi, pour Platon « l'art de définir rigoureusement une notion grâce à une méthode de division, ou
méthode dichotomique »[69] . Pour Aristote, au contraire,
la dialectique n'est pas très scientifique, puisque son argumentation est seulement plausible. Par ailleurs, il tient
les divisions de la chose étudiée comme subjectives et
pouvant induire ce que l'on veut démontrer[69] . Malgré
tout, pour lui, la dialectique est utile pour tester certaines opinions crédibles (endoxa), pour ouvrir la voie à
des principes premiers ou pour se confronter à d'autres
penseurs[54],[70] . D'une façon générale, le Stagirite assigne
trois fonctions à la dialectique : la formation des êtres
humains, la conversation et la « science conduite d'une
manière philosophique (pros tas kata philosophian epistêmas) »[71] .
Aristote et Platon reprochent aux sophistes d'utiliser le
verbe, la parole, à des fins mondaines, sans chercher
la sagesse et la vérité, deux notions proches chez eux.
Dans son livre Réfutations sophistiques, Aristote va jusqu'à les accuser de recourir à des paralogismes, c'est-àdire à des raisonnements faux et parfois volontairement
trompeurs[72] .
5
Sciences théoriques
5.1
La physique
Article détaillé : Physique (Aristote).
La physique est la science de la nature (« physique » vient
du grec phusis (ϕύσις) signifiant « nature »). Pour Aristote, son objet est l'étude des êtres inanimés et de leurs
composants (terre, feu, eau, air, éther). Cette science ne
vise pas comme aujourd'hui à transformer la nature. Au
contraire elle cherche à la contempler[73] .
Selon Aristote, les êtres naturels, quels qu'ils soient
(pierre, vivants, etc.), sont constitués des quatre premiers
éléments d'Empédocle auxquels il ajoute l'éther, qui occupe ce qui est au-dessus de la Terre[63] .
Empédocle.
La nature, selon Aristote, possède un principe interne de
mouvement et de repos[74] . La forme, l'essence des êtres,
détermine la fin, de sorte que, pour le Stagirite, la nature
est à la fois cause motrice et fin (Part, an., I, 7,64Ia27)[75] .
Il écrit (Méta., Δ4, 1015ab14-15) : « La nature, dans
son sens primitif et fondamental, c'est l'essence des êtres
qui ont, en eux-mêmes et en tant que tels, leur principe
de mouvement »[73] . Il établit également une distinction
entre les êtres naturels, qui ont ce principe en eux-mêmes,
et les êtres artificiels, créés par l'homme et qui ne sont
soumis à un mouvement naturel que par la matière qui
les compose, de sorte que pour lui : « l'art imite la nature »[76] .
Par ailleurs, dans la pensée d'Aristote, la nature est dotée
d'un principe d'économie, ce qu'il traduit par son célèbre
• la Terre, qui est froide et sèche : correspond de nos précepte : « la nature ne fait rien en vain ni rien de superjours à l'idée de solide.
flu »[77] .
• l'Eau, qui est froide et humide : c'est de nos jours
l'idée de liquide.
5.1.1 Les quatre causes
• l'Air, qui est chaud et humide : c'est de nos jours
l'idée de gaz.
Aristote développe une théorie générale des causes qui
• le Feu, qui est chaud et sec : correspond de nos jours traverse l'ensemble de son œuvre. Si, par exemple, nous
voulons savoir ce qu'est une statue de bronze, nous deà l'idée de plasma et de chaleur.
vrons connaître la matière dont elle est faite (cause ma• l'Éther, substance divine dont sont faites les sphères térielle), la cause formelle (ce qui lui donne forme, par
célestes et les corps lourds (étoiles et planètes).
exemple, la statue représente Platon), la cause efficiente
5.2
Cosmologie
11
(le sculpteur) et la cause finale (garder mémoire de lité, c'est-à-dire que la fin inscrite dans l'essence n'ait pas
Platon)[78] . Pour lui, une explication complète requiert été atteinte. Toutefois, le mouvement effectif n'épuise pas
d'avoir pu mettre en lumière ces quatre causes[79] .
forcément la potentialité, ne conduit pas forcément à la
pleine réalisation de ce qui est possible. Aristote distingue
entre le changement naturel (phusei), ou en accord avec
5.1.2 Substance et accident, acte et puissance, chan- la nature (kata phusin), et les changements forcés (biâi)
gement
ou contraires à la nature (para phusin). Aristote suppose
donc en quelque sorte que la nature régule le comportement des entités et que les changements naturels et forcés forment une paire contraire[86] . Les mouvements que
nous voyons s’effectuer sur Terre sont rectilignes et finis ; la pierre tombe et reste au repos, les feuilles volent et
tombent, etc. Ils sont donc imparfaits, comme l'est de façon générale le monde sublunaire. Au contraire, le monde
supralunaire, celui de l'éther « inengendré, indestructible,
exempt de croissance et d'altération », est celui du mouvement circulaire, éternel[87] .
Le mouvement et l'évolution n'ont pas de commencement, car la survenue du changement suppose un processus antérieur[88] . De sorte qu'Aristote postule que
l'univers dépend d'un mouvement éternel, celui des
sphères célestes qui, lui-même, dépend d'un moteur éter[89]
« Ainsi, l’on dit que la statue de Mercure est dans le marbre où nellement agissant . Toutefois, à la différence de ce qui
elle sera taillée. » (Métaphysique, V, 7)
se passe habituellement chez lui, le premier moteur ne
transmet pas la puissance agissante dans un processus de
Chez Aristote, la substance est ce qui appartient néces- cause à effet. En effet, pour Aristote, l'éternité justifie la
sairement à la chose alors que l'accident est « ce qui ap- finitude causale de l'univers. Pour comprendre cela il faut
partient vraiment à une chose, mais qui ne lui appartient se souvenir que, selon lui, si les hommes sont issus sans
ni nécessairement ni la plupart du temps » (Mét., Δ30, fin, par engendrement par des parents (chaîne causale infinie), sans le soleil, sans sa chaleur (chaîne causale finie),
1025a14)[80] .
ils ne pourraient pas vivre[90] .
La puissance ou potentialité (dunamis) fait écho à ce que
pourrait devenir l'être. Par exemple, un enfant peut, en Pour Aristote, « c'est en percevant le mouvement que
puissance, apprendre à lire et à écrire : Il en a la capacité. nous percevons le sens » (Phys., IV, 11, 219 a 3). TouLa puissance est le principe d'imperfection, et celui-ci est tefois, les êtres éternels (les sphères célestes) échappent
au temps, tandis que les êtres du monde sublunaire sont
modifié par l'acte, qui entraîne le changement.
dans le temps qui est mesuré à partir des mouvements des
L'acte (energeïa) « c'est ce qui produit l'objet fini, la fin.
sphères célestes. Comme ce mouvement est circulaire, le
C'est l'acte, et c'est en vue de l'acte que la puissance est
temps est également circulaire d'où le retour régulier des
conçue » (Mét., θ8, 1050a9)[81] .
saisons[91] . Le temps nous permet de percevoir le changeL'entéléchie (en telos echeïn) « signifie littéralement le fait ment et le mouvement. Il marque une différence entre un
d'avoir (echein) en soi sa fin (telos), le fait d'atteindre pro- avant et un après, un passé et un futur. Il est divisible mais
gressivement sa fin et son essence propre »[82] .
sans parties. Il n'est ni corps ni substance et, pourtant, il
[91]
Ces notions permettent au philosophe d'expliquer le est .
mouvement et le changement. Aristote distingue quatre
types de mouvement : en substance, en qualité, en quantité et en lieu[83] . Le mouvement, chez lui, est dû à un
couple : un pouvoir (ou potentialité) actif, extérieur et
opératif, et une capacité passive ou potentialité interne
qui se trouve dans l'objet subissant le changement[84] .
L'entité cause d'un changement transmet sa forme ou essence à l'entité touchée. Par exemple, la forme d'une statue se trouve dans l'âme du sculpteur, avant de se matérialiser par le biais d'un instrument dans la statue. Enfin,
pour lui, dans le cas où il existe une chaîne de causes efficientes, la cause du mouvement réside dans le premier
maillon[85] .
Il rejette le point de vue des atomistes et considère qu'il
est absurde de vouloir réduire le changement à des mouvements élémentaires insensibles. Pour lui, « la distinction de la « puissance » et de l' »acte », de la « matière »
et de la « forme », permet de rendre compte de tous les
faits[92] . »
5.2 Cosmologie
Dans le Traité du ciel et Météorologiques, Aristote démontre que la Terre est sphérique et qu'il est absurde
de la présenter comme un disque plat. Il avance comme
Pour qu'il y ait changement, il faut qu'il y ait une potentia- arguments que les éclipses de Lune montrent des sec-
12
5 SCIENCES THÉORIQUES
Reproduction du système géocentrique de Ptolémée.
tions courbes et que même un léger déplacement du nord
vers le sud entraîne une altération manifeste de la ligne
d'horizon. Il divise le globe en cinq zones climatiques
correspondant à l'inclinaison des rayons du soleil[n 8] :
deux zones polaires, deux zones tempérées habitables
de chaque côté de l'équateur et une zone centrale à
l'équateur rendue inhabitable en raison de la forte chaleur qui y règne. Il estime la circonférence de la Terre
à 440 000 stades, soit près du double de la réalité. La
conception géocentrique d'Aristote, conjointement avec
celle de Ptolémée, dominera la réflexion durant plus d'un
millénaire[93] .
Aristote distingue deux grandes régions dans le cosmos :
le monde sublunaire, le nôtre, et le monde supralunaire,
celui du ciel et des astres, qui sont éternels et n'admettent
aucun changement car ils sont constitués d'éther et possèdent une vie véritablement divine et qui se suffit à ellemême[94] . La Terre est nécessairement immobile mais est
au centre d'une sphère animée d'un mouvement de rotation continu et uniforme ; le reste du monde participe
d'une double révolution, l'une propre au « premier Ciel »
faisant une révolution diurne d'orient vers l'occident tandis que l'autre fait une révolution inverse d'occident en
orient et se décompose en autant de révolutions distinctes
qu'il y a de planètes[95] . Ce modèle se complique encore
du fait que ce ne sont pas les planètes qui se meuvent, mais
les sphères translucides sur l'équateur desquelles elles sont
fixées : il fallait trois sphères pour expliquer le mouvement
de la lune, mais quatre pour chacune des planètes[96] .
5.3
Biologie
Théophraste, créateur avec Aristote de la science biologique, représenté comme un enseignant-chercheur médiéval.
La science de la biologie est née de la rencontre sur
l'île de Lesbos entre Aristote et Théophraste. Le premier oriente ses études vers les animaux et le second vers
les plantes[59] . En ce qui concerne Aristote, les ouvrages
consacrés à la biologie représentent plus du quart de son
œuvre et constituent la première étude systématique du
monde animal[n 9] . Ils resteront sans égaux jusqu'au XVIe
siècle[98] . Trois livres sont plus particulièrement connus.
Le premier et le plus ancien est Histoire des animaux[99] ,
dans lequel Aristote accepte souvent des opinions communes sans les vérifier[100] . Dans Parties des animaux, il
revient sur certaines affirmations antérieures et les corrige. Le troisième ouvrage, Génération des animaux[101] ,
est le plus tardif, car il est annoncé dans le précédent
comme devant le compléter. Il porte exclusivement sur
la description des organes sexuels et leur rôle dans la reproduction, tant chez les vertébrés que les invertébrés.
Une partie porte sur l'étude du lait et du sperme, ainsi
que sur la différenciation des sexes. À ces trois ouvrages
majeurs s’ajoutent des livres plus brefs traitant d'un sujet
particulier, tels Du Mouvement des animaux ou Marche
des animaux. Ce dernier livre illustre bien la méthode de
l'auteur : « partir des faits, les comparer, puis par un effort de réflexion essayer en les comprenant de les saisir
avec exactitude[102] ».
Article détaillé : Biologie dans l'œuvre d'Aristote.
« En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable Nous ne savons rien des recherches qu'il a menées avant
de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or la main d'écrire ces livres. En effet, il n'a laissé aucune indicasemble bien être non pas un outil, mais plusieurs. »
tion sur la façon dont il a recueilli les informations et
Les parties des animaux, 686b[97]
dont il les a traitées. Pour James G. Lennox, « il est important de garder à l'esprit que nous étudions des textes
5.3
Biologie
qui présentent, de manière théorique et fortement structurée, les résultats d'une véritable investigation dont nous
ne connaissons que peu de détails »[59] . Il est clair cependant qu'Aristote faisait un travail en équipe, particulièrement pour les recherches historiques et que « le Lycée
fut dès l'origine le centre d'une activité scientifique collective, l'une des plus anciennes qu'il nous soit possible
d'atteindre[103] ». L'école réunie autour d'Aristote ayant
pris « l'habitude de l'investigation concrète menée avec
méthode et rigueur », « l'observation et l'expérience ont
joué un rôle considérable dans la naissance de toute une
partie de l'œuvre[103] ».
Dans Parties des animaux, composé vers 330, Aristote
commence par établir des éléments de méthode. L'étude
des faits ne doit négliger aucun détail et l'observateur ne
doit pas se laisser dégoûter par les animaux les plus répugnants car « dans toutes les productions naturelles réside quelque chose d'admirable » et il appartient au savant
de découvrir en vue de quoi un animal possède une particularité quelconque[104] . Une telle téléologie permet à
Aristote de voir dans les données qu'il observe une expression de leur forme. Remarquant qu'« aucun animal
n'a à la fois des défenses et des cornes » et qu'« un animal
à un seul sabot et deux cornes n'a jamais été observé »,
Aristote en conclut que la nature ne donne que ce qui est
nécessaire. De même, voyant que les ruminants ont plusieurs estomacs et de mauvaises dents, il en déduit que
l'un compense l'autre et que la nature procède à des sortes
de compensations[105] .
Aristote aborde la biologie en scientifique et cherche à dégager des régularités. Il note à ce propos : « l'ordre de la
nature apparaît dans la constance des phénomènes considérés soit dans leur ensemble, soit dans la majorité des
cas » (Part.an., 663b27-8)[106] : si les monstres (ferae),
tel le mouton à cinq pattes, sont des exceptions aux lois
naturelles, ils sont malgré tout des êtres naturels. Simplement, leur essence ou forme n'agit pas de la façon qu'il
faudrait. Pour lui, l'étude du vivant est plus complexe que
celle de l'inanimé. En effet, l'être vivant est un tout organisé dont on ne peut pas détacher sans problème une partie, comme dans le cas d'une pierre. D'où la nécessité de le
considérer comme un tout (holon) et non comme une totalité informe. D'où, également, la nécessité de n'étudier
la partie qu'en se rapportant à l'ensemble organisé dont
elle est le membre[107] .
13
ceptables, qui constituent des erreurs graves
et parfois même grossières, telles que cellesci : les testacés sont des animaux sans yeux,
la femme ne possède point le même nombre
de dents que l'homme, et d'autres errements du
même genre[108] . »
Historia animalium et al., Costantinople, XII sec. (Biblioteca Medicea Laurenziana), pluteo 87.4).
En dépit de ces failles dues à des généralisations hâtives,
surtout dans Histoire des animaux, Aristote émet souvent des doutes envers des affirmations soutenues par ses
devanciers, refusant par exemple de croire à l'existence
de serpents à corne ou d'un animal qui aurait trois rangées de dents. Il critique volontiers des croyances naïves
et leur oppose des observations précises et personnelles
d'une grande justesse[109] . En somme, il a laissé « une
oeuvre incomparable par la richesse des faits et des idées,
surtout si l'on se reporte à l'époque qui l'a vu naître »,
justifiant ce témoignage de Darwin : « Linné et Cuvier
ont été mes deux dieux dans de bien différentes directions, mais ils ne sont que des écoliers par rapport au vieil
Aristote[110] . »[n 10]
Aristote ne se contente pas de décrire les aspects physiologiques, mais s’intéresse aussi à la psychologie animale, montrant que « la conduite et le genre de vie
des animaux diffèrent selon leur caractère et leur mode
d'alimentation, et que dans la plupart d'entre eux se
trouvent les traces d'une véritable vie psychologique analogue à celle de l'homme, mais d'une diversité d'aspects
bien moins marquée[111] ».
Parfois, cependant, le désir d'accumuler le plus de rensei- Tout indique que les ouvrages de biologie étaient
gnements possible l'amène à retenir sans les examiner des accompagnés de plusieurs livres de Planches anatoaffirmations inexactes :
miques établies à la suite de dissections minutieusement effectuées, mais malheureusement disparues.
« un ouvrage comme Recherches sur les
Celles-ci représentaient notamment le cœur, le sysanimaux offre essentiellement un caractère amtème vasculaire, l'estomac des ruminants et la posibigu : on y trouve, côte à côte pourrait-on dire,
tion de certains embryons[112] . Les observations relatives
à l'embryogenèse sont particulièrement remarquables :
des observations minutieuses, délicates, par
« l'apparition précoce du coeur, la description de l'oeil du
exemple des données précises sur la structure
poussin, ou encore l'étude fouillée du cordon ombilical et
de l'appareil visuel de la taupe ou sur la confordes cotylédons de la matrice sont d'une exactitude parmation des dents chez l'homme et l'animal, et
faite »[113] . Il a ainsi observé des embryons de poussins à
des affirmations au contraire tout à fait inac-
14
5 SCIENCES THÉORIQUES
divers stades de leur développement, après une couvée de
trois jours, de dix jours ou de vingt jours —synthétisant
des observations qui ont été nombreuses et continues[114] .
5.3.1
Classification des êtres vivants
sur les caractères de l'individu (taille, fécondité, durée de la vie) ; l'idée d'une continuité
entre les êtres vivants, de l'homme à la plante
la plus humble, continuité qui n'est point homogénéité et va de pair avec les diversités profondes ; la pensée enfin que cette continuité implique un développement progressif, intemporel puisque le monde est éternel[119] . »
Aristote pense que les créatures sont classées suivant une échelle de perfection allant des plantes à
l'homme[120],[121] . Son système comporte onze degrés de
perfection classés en fonction de leur potentialité à la
naissance. Les plus hauts animaux donnent naissance à
des créatures chaudes et mouillées, les plus bas à des œufs
secs et froids. Pour Charles Singer, « rien n'est plus remarquable que les efforts [d'Aristote] pour [montrer] que les
relations entre choses vivantes constituent une scala naturæ ou « échelle des êtres » »[122] .
Pieuvre. « Le poulpe, la seiche, le calmar sont très judicieusement
distingués et rapprochés[115] . »
Aristote s’est efforcé de classifier les animaux de façon
cohérente, tout en utilisant le langage courant. Il pose
comme distinctions de base le genre et l'espèce, distinguant les animaux à sang (vertébrés) et les animaux non
sanguins ou invertébrés (il ne connait pas les invertébrés
complexes possédant certains types d'hémoglobine). Les
animaux sanguins sont d'abord divisés en quatre grands
groupes : les poissons, les oiseaux, les quadrupèdes ovipares et les quadrupèdes vivipares. Puis il élargit ce dernier groupe pour y inclure les cétacés, le phoque, les
singes et, dans une certaine mesure, l'homme, constituant
ainsi la grande classe des mammifères[116] . De même, il
distingue quatre genres d'invertébrés : les crustacés, les
mollusques, les insectes et les testacés[117] . Loin d'être
rigides, ces groupes présentent des caractères communs
du fait qu'ils participent d'un même ordre ou d'un même
embranchement. La classification des vivants par Aristote
contient des éléments qui ont été utilisés jusqu'au XIXe
siècle. En tant que naturaliste, Aristote ne souffre pas de
la comparaison avec Cuvier[118] :
« Le résultat atteint est étonnant : partant
des données communes, et ne leur faisant subir, en apparence, que des modifications assez
légères, le naturaliste arrive néanmoins à une
vision du monde animal d'une objectivité et
d'une pénétration toute scientifique, dépassant
nettement les essais du même ordre qui furent
tentés jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Par surcroît, et comme sans effort, de grandes hypothèses sont suggérées : la supposition d'une influence du milieu et des conditions d'existence
Au total, on dénombre 508 noms d'animaux « très inégalement répartis entre les huit grands genres » : 91 mammifères, 178 oiseaux, 18 reptiles et amphibiens, 107 poissons, 8 céphalopodes, 17 crustacés, 26 testacés et 67 insectes et apparentés[123] .
5.4 Psychologie
Article détaillé : De l'âme.
Aristote aborde la psychologie dans deux ouvrages, le De
Anima, qui aborde la question d'un point de vue abstraite
et le Parva Naturalia[124] . La conception aristotélicienne
de la psychologie est profondément différente de celle
des modernes[124] . En effet, pour lui, la psychologie est la
science qui étudie l'âme et ses propriétés. Aristote aborde
la psychologie avec une certaine perplexité tant sur la manière de procéder à l'analyse des faits psychologiques, que
sur le fait de savoir s’il s’agit d'une science naturelle. Dans
le De Anima (i.I403a16-28), l'étude de l'âme est déjà du
domaine de la science naturelle ; dans le De Partibus Animalium (i 1 645a33b10) pas entièrement[124] .
Un corps est une matière qui possède la vie en puissance.
Il n'acquiert la vie réelle qu'à travers l'âme qui lui donne
sa structure, son souffle de vie. Selon Aristote, l'âme n'est
pas séparée du corps pendant la vie. Elle l'est seulement
quand la mort survient et que le corps ne se meut plus[79] .
Aristote conçoit l'être vivant comme un corps animé
(empsucha sômata), c'est-à-dire doté d'une âme — qui
se dit anima en latin et psuchè en grec[125] . Sans l'âme,
le corps n'est pas animé, pas vivant. Aristote écrit à ce
propos : « c'est un fait que l'âme disparue, l'être vivant n'existe plus et qu'aucune de ses parties ne demeure
plus la même, sauf quant à la configuration extérieure,
comme, dans la légende, les êtres changés en pierre »
(Part.an., I, 7, 641a18-21)[126] . Aussi Aristote, comme
les Égyptiens, mais en opposition aux premiers philosophes, place l'âme rationnelle dans le cœur plutôt que
15
en vue d'un but. Il suppose, par exemple, que l'homme
désire comprendre[130] .
6 La métaphysique
Article détaillé : Métaphysique (Aristote).
Le mot métaphysique n’est pas connu d’Aristote, qui
Expositio et quaestiones in Aristoteles De Anima, par Jean Buridan, vers 1362.
dans le cerveau[127] . Selon lui, l'âme est aussi l'essence ou
la forme (eïdos morphè) des êtres vivants. Elle est le principe dynamique qui les meut et les guide vers leurs fins
propres, qui les pousse à réaliser leurs potentialités[128] .
Comme tous les êtres vivants ont une âme, il s’ensuit que
les animaux et les plantes entrent dans le champ de la
psychologie. Toutefois, tous les êtres vivants n'ont pas la
même âme ou, plutôt, les âmes ne possèdent pas toutes
les mêmes fonctions. L'âme des plantes a seulement une
fonction végétative, responsable de la reproduction, celle
des animaux possède à la fois des fonctions végétatives et
sensitives ; enfin, l'âme des êtres humains possède trois
fonctions : végétative, sensitive et intellectuelle[129] . À
chacune des trois fonctions de l'âme correspond une faculté. À la fonction végétative que l'on rencontre chez
tous les vivants, correspond la faculté de nutrition car la
nourriture en tant que nourriture est nécessairement liée
aux êtres vivants. À la fonction sensible correspond la perception. À la fonction intellectuelle correspond l'esprit ou
la raison (nous) c'est-à-dire « la part de l'âme grâce à laquelle nous connaissons et comprenons » (De Anima iii
4, 429a99-10)[130] . L'esprit se situe à un niveau de généralité plus élevé que la perception et peut atteindre la
structure abstraite de ce qui est étudié.
À ces trois fonctions, Aristote ajoute le désir, qui permet
de comprendre pourquoi un être animé engage une action
La grande bibliothèque d'Alexandrie possédait les œuvres
d'Aristote (ici tableau d'O. Von Corven, XIXe siècle).
emploie l'expression philosophie première. L'ouvrage appelé Métaphysique est composé de notes assez hétérogènes. Le terme « métaphysique » lui a été attribué au Ier
siècle parce que les écrits qui le composent étaient classés
« après la Physique » dans la bibliothèque d'Alexandrie.
Le préfixe meta pouvant signifier après ou au-delà, le
terme « méta-physique » (meta ta phusika), peut être interprété de deux manières. Tout d'abord, il est possible
de comprendre que les textes doivent être étudiés après
la physique. Il est également possible d'entendre le terme
comme signifiant que l'objet des textes est hiérarchiquement au-dessus de la physique[131] . Même si, dans les
deux cas, il est loisible de percevoir une certaine compatibilité avec le vocable aristotélicien de philosophie
première, l'emploi d'un mot différent est souvent perçu
par les spécialistes comme le reflet d'un problème[131] ,
d'autant que les textes réunis sous le nom de métaphysique
sont traversés par deux questionnements distincts. D'un
côté, la philosophie première est vue comme « science
des premiers principes et des premières causes », c'està-dire du divin ; il s’agit là d'un questionnement maintenant appelé théologique. D'un autre côté, les livres Γ et K
sont traversés par un questionnement ontologique portant
sur « la science de l'être en tant qu'être ». De sorte qu'on
parle parfois d'une « orientation onto-théologique » de
la philosophie première[132] . Pour compliquer les choses,
Aristote semble, dans certains livres (le livre E en parti-
16
6 LA MÉTAPHYSIQUE
culier), introduire la question ontologique du livre gamma (qu'est-ce qui fait que tout ce qui est est ?) à l'intérieur
d'une question de type théologique (quelle est la première
cause qui amène à l'être l'ensemble de ce qui est ?).
6.1
Physique et métaphysique
Un ange recueille l'âme qui s’échappe du corps d'un mourant.
Xylographie, début XVIe siècle.
Au livre E chapitre 1, Aristote note : « […] s’il n'y avait
pas d'autre substance que celles qui sont constituées par
la nature, la physique serait science première. Mais s’il
existe une substance immobile, la science de cette substance doit être antérieure et doit être la philosophie première » (E1, 1026a28-30)[133] . Aussi, si la physique étudie l'ensemble forme-matière, la métaphysique ou philosophie première étudie la forme en tant que forme c'est-àdire le divin « présent dans cette nature immobile et séparée » (E1, 1026a19-21)[133] . Pour un spécialiste comme
A. Jaulin, la métaphysique étudie donc « les mêmes objets que la physique, mais dans la perspective de l'étude
de la forme »[134] .
Pour Aristote, alors que la physique étudie les mouvements naturels, c'est-à-dire occasionnés par le principe
propre à la matière, la métaphysique étudie les « moteurs
non mus », ceux qui font mouvoir les choses sans être
eux-mêmes mus[135] . « Les deux substances sensibles [la
matière, et la substance composée] sont l'objet de la Physique, car elles impliquent le mouvement ; mais la substance immobile est l'objet d'une science différente [la
philosophie première] »)[136] .
Dès lors, « la Métaphysique est bien la science de
l'essence, et sont universels, d'autre part, les « axiomes »
qui expriment au fond la nature de Dieu[137] . »
6.2
Aristote.
Dans le livre intitulé Métaphysique, Aristote décrit dieu[n 11] comme le premier moteur immuable,
incorruptible[138] , et le définit comme la pensée de la
pensée, c'est-à-dire comme un Être qui pense sa propre
pensée, l'intelligence et l'acte d'intelligence étant une
seule et même chose en dieu : « L'Intelligence suprême
se pense donc elle-même… et sa Pensée est pensée de
pensée[139] ». Il est en ce sens une forme ou un acte sans
matière qui lance l'ensemble des mouvements et qui, par
la suite, actualise l'ensemble de ce qui est.
Chez Aristote, dieu ou le premier moteur est absolument
transcendant, de sorte qu'il est difficile de le décrire autrement que de façon négative, c'est-à-dire par rapport à
ce que les hommes n'ont pas. Pour Céline Denat, « Le
Dieu aristotélicien, jouissant d'une vie parfaite consistant dans l'activité pure de la contemplation intelligible,
constitue assurément en quelque manière pour l'homme
« un idéal », le modèle d'une existence dénuée des imperfections et des limites qui nous sont propres[140] ». Toutefois, cette théologie négative, qui influencera les néoplatoniciens, n'est pas assumée par Aristote. Pierre Aubenque note : « La négativité de la théologie est simplement rencontrée sur le mode de l'échec ; elle n'est pas acceptée par Aristote comme la réalisation de son projet
qui était incontestablement de faire une théologie positive. »[141] .
Dieu comme premier moteur et théolo- 6.3 L'ontologie aristotélicienne
gie négative
Article détaillé : Premier moteur (ou moteur non mû).
La question ontologique de l'être en tant qu'être n'est pas
abordée chez Aristote comme étant l'étude d'une matière
constituée par l'être en tant qu'être, mais comme l'étude
17
d'un sujet, l'être, vue sous l'angle en tant qu'être. Pour
Aristote, le mot « être » a plusieurs sens. Le premier sens
est celui de substance (ousia), le second, celui de quantité, de qualités, etc., de cette substance. Malgré tout, pour
lui, la science de l'être en tant qu'être est surtout centrée
sur la substance[142] . Poser la question « qu'est-ce que
l'Être ? » revient à poser la question « qu'est-ce que la
substance ? »[143] . Aristote aborde au livre de la Métaphysique le principe de non contradiction (PNC), c'est-dire
que « le même attribut ne peut à la fois être attribué et ne
pas être attribué au même sujet » (Meta 1005b19)[144] .
Si ce principe est central pour Aristote, il n'essaye pas
de le prouver. Il préfère montrer que cette hypothèse est
nécessaire, si on veut que les mots aient un sens[145] .
à ce qui est car « ce qui est éternel doit être entièrement
réel »[159] .
Pour Pierre Aubenque, l'ontologie d'Aristote est une ontologie de la scission entre l'essence immuable et l'essence
sensible. De sorte que c'est la médiation de la dialectique
qui rend possible une unité « proprement ontologique,
c'est-à-dire qui ne tient qu'au discours que nous tenons
sur elle et qui s’effondrerait sans lui »[160] .
7 L’Éthique
Articles détaillés : Éthique à Nicomaque et Éthique à EuEn Métaphysique Z.3, Aristote présente quatre explica- dème.
tions possibles de ce qu'est la substance de x. Elle peut Aristote a abordé les questions éthiques dans deux ouêtre « (i) l'essence de x ou (ii) des prédicats universels
de x, ou (iii) un genre auquel x appartient, ou (iv) un sujet dont x est le prédicat »[144] . Pour Marc Cohen, « une
forme substantielle est l'essence de la substance, et cela correspond à une espèce. Puisqu'une forme substantielle est une essence, elle est ce qui est dénoté par le
definiens de la définition. Puisque seuls les universaux
sont définissables, les formes substantielles sont des universaux »[146] . Le problème est que si Aristote en Métaphysique Z.8 semble penser que les formes substantielles
sont des universaux, en Métaphysique Z.3, il exclut cette
possibilité. D'où deux lignes d'interprétation. Pour Sellars (1957)[147] , Hartman (1977)[148] , Irwin (1988)[149]
et Witt (1989)[150] , les formes substantielles ne sont pas
des universaux et il y a autant de formes substantielles
qu'il y a de types particuliers d'une chose. Pour d'autres,
(Woods (1967)[151] , Owen (1978)[152] , Code (1986)[153] ,
Loux (1991)[154] et Lewis (1991)[155] ), Aristote ne veut
pas dire en Z.13 que les universaux ne sont pas une substance mais quelque chose de plus subtil qui ne s’oppose
pas « à ce qu'il n'y ait qu'une forme substantielle pour tous
les particuliers appartenant à la même espèce »[156] .
En Z.17, Aristote émet l'hypothèse que la substance est, à
la fois, principe et cause. En effet, s’il existe quatre types
de causes (matérielle, formelle, efficiente et finale), une
même chose peut appartenir à plusieurs types de causes.
Par exemple, dans le De Anima (198a25), il soutient que
l'âme peut être cause efficiente, formelle et finale[157] .
De sorte que l'essence n'est pas seulement une cause formelle, elle peut être aussi une cause efficiente et finale.
Pour le dire simplement, pour Aristote, Socrate est un
homme « parce que la forme ou l'essence de l'homme
est présente dans la chair et les os qui constituent » son
corps[158] .
Si Aristote en Métaphysique Z, distingue matière et corps,
dans le livre θ, il distingue entre réalité et potentialité.
Tout comme la forme a priorité sur la matière, la réalité a priorité sur la potentialité pour deux raisons. Tout
d'abord, la réalité est la fin, c'est pour elle que la potentialité existe. Ensuite, la potentialité peut ne pas devenir
une réalité, elle est donc périssable et à ce titre inférieure
Première page de l'édition de 1837 de l'Éthique à Nicomaque.
vrages, l’Éthique à Eudème et l’Éthique à Nicomaque. Le
premier est rattaché à la période antérieure à la fondation du Lycée, entre les années 348 à 355, et présente
un premier état de sa pensée sur le sujet, dans un exposé
simple et accessible, dont des morceaux seront repris plus
tard dans l’Éthique à Nicomaque[161] . Les deux livres ont
plus ou moins les mêmes préoccupations. Ils débutent par
une réflexion sur l'eudémonisme, c'est-à-dire sur le bonheur ou l'épanouissement. Ils se poursuivent par une étude
sur la nature de la vertu et de l'excellence. Enfin, Aristote
aborde les traits de caractères nécessaires pour parvenir à
cette vertu (areté) [162] .
18
7 L’ÉTHIQUE
Pour Aristote, l'éthique est un champ de la science pratique dont l'étude doit permettre aux êtres humains de
vivre une vie meilleure[162] . D'où l'importance des vertus éthiques (justice, courage, tempérance etc.), vues
comme un mélange de raison, d'émotions et d'aptitudes
sociales[162] . Toutefois, Aristote, à la différence de Platon, ne croit pas que « l'étude des sciences et de la métaphysique soit un prérequis à une pleine compréhension
de notre bien[162] ». Pour lui, la vie bonne exige que nous
ayons acquis « la capacité de comprendre en chaque occasion quelles sont les actions les plus conformes à la raison »[162] . L'important n'est pas de suivre des règles générales mais d'acquérir « à travers la pratique les aptitudes
délibératives, émotionnelles et sociales qui nous rendent
capable de mettre notre compréhension générale du bienêtre en pratique »[162] . Il n'a pas pour but de « savoir ce
qu’est la vertu en son essence » mais de montrer comment
faire afin de devenir vertueux[163] .
Aristote considère l'éthique comme un champ autonome qui ne requiert aucune expertise dans d'autres
champs[164] . Par ailleurs, la justice est différente du bien
commun et inférieure à lui. Aussi, à la différence de Platon pour qui justice et bien commun doivent être recherchés pour eux-mêmes et pour leurs résultats, pour Aristote, la justice doit être recherchée seulement pour ses
conséquences[164] .
7.1
Le bien : une notion centrale
duire le terme eudaimonia (εὐδαιμονία), par épanouissement plutôt que par bonheur[166] . Pour Aristote, le bien
suprême a trois caractéristiques[165] : il est désirable par
lui-même ; il n'est pas désirable pour la recherche d'autres
biens ; les autres biens sont désirables à la seule fin de
l'atteindre. Aussi Aristote fait-il de l'éthique une science
constitutive de la politique : « pour la conduite de la vie,
la connaissance de ce bien est d’un grand poids (...) et
dépend de la science suprême et architectonique par excellence (qui) est manifestement la politique car c’est elle
qui détermine quelles sont parmi les sciences celles qui
sont nécessaires dans les cités[167] . »
La fin ultime de l'être humain est aussi liée à l'ergon, c'està-dire à sa tâche, à sa fonction qui, pour lui, consiste à utiliser la part rationnelle de l'homme de manière conforme
à la vertu et à l'excellence[165] . Pour vivre bien, nous devons pratiquer des activités « qui durant toute notre vie
actualisent les vertus de la partie rationnelle de l'âme ».
Il existe diverses conceptions du bonheur. La forme la
plus commune est constituée par le plaisir, mais ce type
de bonheur est propre « aux gens les plus grossiers »
car il est à la portée des animaux[168] . Une forme supérieure de bonheur est celui que donne l'estime de la société, car « on cherche à être honoré par les hommes
sensés et auprès de ceux dont on est connu, et on veut
l’être pour son excellence[168] . » Cette forme de bonheur
est parfaitement satisfaisante car « la vie des gens de
bien n’a nullement besoin que le plaisir vienne s’y ajouter comme un surcroît postiche, mais elle a son plaisir
en elle-même[169] . » Il existe cependant un bonheur encore supérieur : c'est celui que procure la contemplation,
entendue comme recherche de la vérité, de ce qui est immuable, de ce qui trouve sa fin en elle-même. Il s’agit là de
quelque chose de divin : « ce n'est pas en tant qu'homme
qu'on vivra de cette façon, mais en fonction de l'élément
divin qui est présent en nous[170] »[171] . Aristote consacre
à cette forme de bonheur l'entièreté du dernier livre de
son Éthique.
Il ne faut pas confondre richesse et bonheur : « Quant à
la vie de l’homme d’affaires, c’est une vie de contrainte,
et la richesse n’est évidemment pas le bien que nous cherchons : c’est seulement une chose utile, un moyen en vue
d’une autre chose[172] ».
7.2 Théorie des vertus
Contemplation de la mer Égée par Thanasis Stephopoulos.
Toute action tend vers un bien qui est sa fin. Ce qu'on
nomme le bien suprême, ou le souverain bien, est appelé
par Aristote eudaimonia et désigne à la fois le bonheur et
l'eu zën, le bien vivre. Être eudaimon est la plus haute fin
de l'être humain, celle à laquelle toutes les autres fins (santé, richesse, etc.) sont subordonnées[165] . C'est la raison
pour laquelle le philosophe Jean Greisch proposait de tra-
Aristote distingue deux sortes de vertus : les vertus intellectuelles, qui « dépendent dans une large mesure de l’enseignement reçu » et les vertus morales, qui sont « le produit de l’habitude[173] » : « c’est en pratiquant les actions
justes que nous devenons justes, les actions modérées que
nous devenons modérés, et les actions courageuses que
nous devenons courageux[174] ». Dans les deux cas, ces
vertus sont en nous seulement à l'état de puissance. Tous
les hommes libres naissent avec la potentialité de devenir
moralement vertueux. La vertu ne peut pas être simple
7.3
Désir, délibération et souhait rationnel
19
Une personne qui se maîtrise et fait preuve de tempérance bien qu'elle soit soumise aux passions (pathos)
conserve la force de suivre la raison et fait preuve d'autodiscipline[176] . Celle-ci se renforce par l'habitude : « c’est
en nous abstenant des plaisirs que nous devenons modérés, et une fois que nous le sommes devenus, c’est
alors que nous sommes le plus capables de pratiquer cette
abstention[181] ».
En revanche, il y a des gens qui ne croient pas à la valeur
des vertus. Aristote les qualifie de mauvais (kakos, phaulos). Leur désir de domination ou de luxe ne connait pas
de borne (pleonexia) mais les laisse insatisfaits, car incapables d'arriver à l'harmonie intérieure. Comme Platon,
il estime que l'harmonie intérieure est nécessaire pour
vivre une vie bonne. On mène une mauvaise vie quand
on se laisse dominer par des forces psychologiques irrationnelles qui nous entraînent vers des buts extérieurs à
nous-mêmes[176] .
Allégorie de la prudence par Luca Giordano (1680).
7.3 Désir, délibération et souhait rationnel
bonne intention, elle doit être aussi action et réalisation.
Elle dépend du caractère (ethos) et de l'habitude de bien
faire que les individus doivent acquérir[175] . La prudence
est la sagesse pratique par excellence[176] .
La Continence de Scipion. Tableau de Giovanni Bellini à
Washington.
Les vertus intellectuelles comprennent (1) la science
(epistémè), qui procède par induction ou par syllogisme ;
(2) l'art, qui est « une certaine disposition accompagnée
de règle vraie », telle l'architecture ; (3) la prudence ou
« l'art de délibérer correctement sur ce qui est bon et
avantageux » ; (4) la compréhension intuitive (nous) ; (5)
la sagesse théorique, considérée comme « la plus achevée La Vertu d'après une sculpture de la cathédrale de Sens. Gravure
des formes du savoir[177] ».
de Viollet-le-Duc.
Une personne intempérante ne suit pas la raison mais les
émotions. Or, la vertu morale est une voie moyenne entre
deux vices, l'un par excès et l'autre par défaut : « c’est tout
un travail que d’être vertueux. En toute chose, en effet, on
a peine à trouver le moyen[178] ». Il existe chez Aristote
quatre formes d'excès : « (a) l'impétuosité causée par le
plaisir, (b) l'impétuosité causée par la colère, (c) la faiblesse causée par le plaisir, (d) la faiblesse causée par la
colère »[179] .
« Il y a dans l’âme trois facteurs prédominants qui déterminent l’action et la vérité : sensation, intellect et
désir[182] . Malheureusement, nos désirs ne mènent pas
forcément au bien, mais peuvent conduire à favoriser la
satisfaction immédiate, la dispersion : nous désirons une
chose parce qu'elle nous semble bonne, plutôt qu'elle ne
nous semble bonne parce que nous la désirons[183] »[184] .
Pour bien agir, l'homme doit être guidé par la raison : « de
même que l’enfant doit vivre en se conformant aux pres« En toute chose, enfin il faut surtout se tenir en garde criptions de son gouverneur, ainsi la partie concupiscible
contre ce qui est agréable et contre le plaisir, car en de l’âme doit-elle se conformer à la raison[185] ». Il peut
cette matière nous ne jugeons pas avec impartialité[180] ». ainsi atteindre le souhait rationnel puis, grâce à l'étude des
20
8
moyens et à la délibération, arriver au choix réfléchi[186] .
« Il existe trois facteurs qui entraînent nos choix, et trois
facteurs nos répulsions : le beau, l’utile, le plaisant et leurs
contraires, le laid, le dommageable et le pénible[181] ». La
délibération conduit au choix rationnel qui porte sur les
moyens d'atteindre la fin : « Nous délibérons non pas sur
les fins elles-mêmes, mais sur les moyens d'atteindre les
fins[187] »[188] . La vertu et le vice résultent de choix volontaires : « le choix n'est pas chose commune à l'homme
et aux êtres dépourvus de raison, à la différence de ce
qui a lieu pour la concupiscence et l'impulsivité. (…)
l'homme maître de lui (…) agit par choix et non par
concupiscence[189] ».[190] .
« Aristote n'use pas encore des notions de libre arbitre,
de liberté, de responsabilité »[190] , mais pose en quelque
sorte les bases sur lesquelles ces notions seront bâties, en
distinguant entre actions volontaires et involontaires. Ces
dernières ne peuvent être rapportées à notre volonté et on
ne peut par conséquent nous en rendre responsables. Toutefois, chez Aristote, l’ignorance ne conduit pas nécessairement au pardon. En effet, il est des cas où l'ignorance
des êtres humains doit être sanctionnée car il ne tenait
qu'à eux de s’informer[191] . Ainsi, quand nous nous apercevons, parfois, de notre ignorance et de notre erreur,
nous reconnaissons que nous avons mal agi. Toutefois,
dans les cas où les hommes subissent des contraintes extérieures auxquelles il leur est impossible de résister, ils
ne sont pas responsables de leur conduite[192] . De façon
générale, pour Aristote, la volonté porte sur la fin recherchée et le choix sur les moyens d'atteindre cette fin[193] .
Alors que Platon insiste sur la fin et tient les moyens
comme subalternes, asservis aux fins, Aristote s’interroge
sur les dissonances entre fin et moyens. De sorte que, pour
le Stagirite, fins et moyens sont également importants et
interagissent[194] .
7.4
LA POLITIQUE
liée à l'intuition, au coup d'œil, aussi n'est-elle pas indécision. Aubenque note à ce propos : « À la fois homme de
pensée et d'action, héritier en cela des héros de la tradition, le phronimos unit en lui la lenteur de la réflexion et
l'immédiateté du coup d'œil, qui n'est que la brusque éclosion de celle-là : il unit la minutie et l'inspiration, l'esprit
de prévision et l'esprit de décision[190] . »
7.5 Théorie de la mesure
Pour Aristote, chaque vertu éthique est en équilibre entre
deux excès. Par exemple, une personne courageuse se situe entre le couard qui a peur de tout et le téméraire
qui n'a peur de rien. Toutefois, la vertu n'est pas chiffrable, ce n'est pas la juste moyenne arithmétique entre
deux états. Par exemple, dans certains cas, une grosse colère sera nécessaire alors que dans une autre circonstance
un très petit niveau de colère sera requis[199] . Cette interprétation de la mesure est en général acceptée. En revanche, l'interprétation qui consiste à penser que pour être
vertueux il faut atteindre un but situé entre deux alternatives est assez largement rejetée. En effet, pour Aristote,
l'important n'est pas d'être « tiède » mais de découvrir ce
qui est adapté au cas présent. Pour agir vertueusement,
il faut agir de façon à être kalos (noble, ou beau), car les
hommes ont pour les activités éthiques la même attraction qu'ils ont pour la beauté des œuvres d'art. Fidèle à
ses principes éducatifs, Aristote considère que les jeunes
doivent apprendre ce qui est kalon et développer une aversion pour ce qui est aischron (laid ou honteux)[200] .
La théorie de la mesure aide à comprendre quelles qualités sont vertueuses, tels le courage ou la tempérance,
parce que situées entre deux extrêmes et quelles émotions (dépit, envie), quelles actions (adultère, vol meurtre)
sont mauvaises en toutes circonstances. Contrairement à
Platon[201] , Aristote porte un grand intérêt à la famille et
se préoccupe beaucoup des vertus qui lui sont nécessaires.
Prudence et délibération sur les La théorie de la mesure ne fait pas partie du processus démoyens d'atteindre une fin
libératif tourné vers l'étude des moyens à mettre en œuvre
Pour Aristote, la phronêsis n'est pas seulement la prudentia latine[195] . Elle est la conséquence « d'une scission à
l'intérieur de la raison, et la reconnaissance de cette scission comme condition d'un nouvel intellectualisme critique ». De sorte que la phronêsis n'est pas la vertu de
l'âme raisonnable, mais celle de la partie de cette âme qui
porte sur le contingent. Alors que pour Platon la scission
se trouve entre les Formes, les idées, et le contingent ou
plutôt, l'ombre, la copie des formes, chez Aristote, c'est le
monde réel qui est lui-même scindé en deux. Cette scission n'implique pas, comme chez Platon, une hiérarchie
entre les deux parties de l'âme raisonnable[196] . Chez le
Stagirite, la phronêsis découle de l'inaptitude de la science
« à connaître le particulier et le contingent, qui sont pourtant le domaine propre de l'action »[197] . La phronêsis sert
à combler « la distance infinie entre l'efficace réelle du
moyen et la réalisation de la fin »[198] . La phronêsis est
pour atteindre un but. Elle appartient au processus qui
conduit à la vertu et qui permet de définir le bon but :
« la vertu morale, en effet, assure la rectitude du but que
nous poursuivons, et la prudence celle des moyens pour
parvenir à ce but[202] ».[203]
8 La politique
Article détaillé : Politique (Aristote).
Le livre Politique est l’un des plus anciens traités de
philosophie politique de la Grèce antique et le seul ouvrage ancien qui analyse la problématique de la cité ainsi
que le concept d'esclavage[204] . Aristote y examine la façon dont devrait être organisée la cité (en grec : polis, d'où
vient le mot « politique »). Il discute aussi les conceptions
8.2
Les présupposés de la philosophie politique d'Aristote
21
exposées par Platon dans La République et Les Lois, ainsi 8.2
que divers modèles de constitutions.
Les présupposés de la philosophie politique d'Aristote
Selon Fred Miller, la philosophie politique d'Aristote repose sur cinq principes :
8.1
Principes
La science politique (politikê epistêmê) est d'abord une
science pratique qui cherche le bien et le bonheur des
citoyens : « L'État le plus parfait est évidemment celui où chaque citoyen, quel qu'il soit, peut, grâce aux
lois, pratiquer le mieux la vertu, et s’assurer le plus de
bonheur[205] . »
La politique est aussi une science productive quand elle
traite de la création, de la préservation et de la réforme
des systèmes politiques[206] . Dans l'Éthique à Nicomaque,
Aristote soutient que la science politique est la science
la plus importante de la cité, celle qui doit être étudiée
en premier par les citoyens, avant même la science militaire, la gestion de la maison (qui deviendra bien plus
tard avec Adam Smith, l'économie), et la rhétorique[206] .
La science politique ne se limite pas comme actuellement à la philosophie politique mais inclut également
l'éthique[206] et l'éducation[207] .
(i) Le principe de téléologie[215] : la nature
ayant une fin, les êtres humains ont donc une
fonction (une tâche) à assumer.
(ii) Le principe de perfection : « le bien ultime ou bonheur (eudaimonia) des êtres humains consiste dans la perfection, dans la pleine
réalisation de leur fonction naturelle, qu'il voit
comme le mouvement de l'âme accordé à la
raison »[215] .
(iii) le principe de communauté : la communauté la plus parfaite est la Cité-État. En effet, n'étant ni trop grande ni trop petite, elle
correspond à la nature de l'homme et permet
d'atteindre la vie bonne[216] .
(iv) Le principe de gouvernement sous la loi.
(v) Le principe de la règle de raison. Comme
Platon, Aristote pense que la partie non rationnelle de l'homme doit être gouvernée par la
partie rationnelle[217] .
L'éthique et la politique ont en commun la recherche du
Bien. Elles participent à la technê politikê, ou l'art politique, dont l'objet est, à la fois, le bien commun, et le bien 8.3 L'éducation
des individus[208] .
Aristote consacre plusieurs chapitres de sa Politique à
Pour qu'une société soit pérenne, elle doit d'abord être l'éducation. Il fait au législateur « un devoir strict de léjuste. La justice sert à qualifier nos rapports avec nos giférer sur l'éducation[218] . » et estime que « l'éducation
semblables lorsqu'ils sont marqués par l'amitié[209] . Elle des enfants doit être un des objets principaux des soins du
est donc la vertu complète qui nous fait rechercher, à la législateur[219] ». S'opposant nettement au collectivisme
fois, notre bien et celui d'autrui. En pratique, il est utile de Platon, il voit dans l'éducation le moyen « de ramener à
qu'elle soit soutenue par des lois qui diront le juste et la communauté et à l'unité l'État, qui est multiple[220] ». Il
l'injuste[210] . La relation justice/loi est à double face. En consacre donc une longue réflexion aux modalités qu'elle
effet, la justice qui est d'abord une vertu éthique, sert aus- doit prendre : « l'éducation doit être nécessairement une
si de norme à la loi[211] .
et identique pour tous ses membres[219] » et « l'éducation
Selon Aristote, l'homme ne peut vivre que parmi les des enfants et des femmes doit être en harmonie avec
hommes : « sans amis personne ne choisirait de vivre, l'organisation politique ». Aristote veut que l'éducation
eût-il tous les autres biens[212] »[213] . Il distingue trois comprenne nécessairement « deux époques distinctes, detypes d'amitié : l'amitié utile (on se rend des services) ; puis sept ans jusqu'à la puberté, et depuis la puberté jus[219]
». Quant aux objectifs pédagol'amitié fondée sur le plaisir (on est heureux par exemple qu'à vingt-et-un ans
de jouer aux cartes avec quelqu'un) et l'amitié véritable giques, il opte pour une position que Marrou juge d'une
où on « aime l'autre pour lui-même »[214] . Ce dernier type « remarquable finesse » :
d'amitié est en lui-même une vertu qui participe du bien
commun. Si une cité peut vivre sans cette forme de ver« L'éducation physique, loin de viser à
tu, pour perdurer elle doit au moins atteindre la concorde
sélectionner des champions, doit se proposer
qui permet d'arriver à une communauté d'intérêts[211] :
pour but un développement harmonieux de
« L'amitié semble aussi constituer le lien des cités, et les
l'enfant ; de même, l'éducation musicale rejetlégislateurs paraissent y attacher un plus grand prix qu'à
tera toute prétention à rivaliser avec les profesla justice même : en effet, la concorde, qui paraît bien
sionnels : elle n'aspirera qu'à former un amaêtre un sentiment voisin de l'amitié, est ce que recherchent
teur éclairé, qui n'aura pratiqué la technique
avant tout les législateurs, alors que l'esprit de faction, qui
musicale lui-même que dans la mesure où une
est son ennemie, est ce qu'ils pourchassent avec le plus
telle expérience directe est utile pour former
d'énergie[212] . »
son jugement[218] . »
22
8
Aristote est critique à l'égard d'Athènes parce que cette
cité n'a pas « compris que l'éducation était non seulement un problème politique, mais peut-être le plus important » ; il n'est pas plus tendre envers Sparte qui vise
d'abord à inculquer aux jeunes des vertus guerrières[221] .
Le philosophe parle en précurseur, car à son époque
« l'existence d'une véritable instruction publique assumée
par l'État demeurait une originalité des cités aristocratiques (Sparte, Crète)[218] . » Ce n'est qu'à l'époque hellénistique que les jeunes filles des principales cités fréquenteront au même titre que les garçons les écoles primaires
et secondaires ou la palestre et le gymnase[222] .
LA POLITIQUE
Il place dans une classe inférieure les laboureurs, artisans, commerçants, marins ou pêcheurs, et tous « les gens
de fortune trop médiocre pour vivre sans travailler[227] ».
Toutes ces personnes sont en effet incapables de réaliser
une fonction de magistrat et de se consacrer à la poursuite
du bonheur par la philosophie, car cela exige beaucoup de
temps libre[224] .
La tâche la plus importante du politique est celle de législateur (nomothetês). Aristote compare souvent le politique à un artisan, car comme ce dernier, il crée, utilise
et réforme quand c'est nécessaire le système légal. Mais
ses opérations doivent être réalisées conformément à des
principes universels[228] . Pour Aristote, le citoyen, c'està-dire celui qui a le droit (exousia) de participer à la vie
8.4 La cité et le naturalisme politique
publique, a un rôle bien plus actif, est beaucoup plus imla gestion de la cité que dans nos démocraties
Aristote, au livre I de son ouvrage Politique, considère la pliqué dans
[229]
modernes
.
[n 12]
cité et la loi comme naturelles
. Selon lui, les êtres
humains se sont d'abord mis en couple dans le but de se
reproduire, puis ont créé des villages avec des maîtres na8.6 Théorie générale des constitutions et
turels, capables de gouverner, et des esclaves naturels, utide la citoyenneté
lisés pour leur force de travail. Enfin, plusieurs villages se
sont unis pour former une Cité-État.
Pour Aristote, l'homme est « un animal politique », c'està-dire un être qui vit dans une cité (grec : polis). Il voit la
preuve que les hommes sont des êtres sociaux dans le fait
que « la nature, qui ne fait rien en vain, les a dotés de la
capacité de discourir, ce qui les rend capables de partager
des concepts moraux tels que la justice »[216] . L'homme
n'est pas le seul animal social, car les abeilles, les guêpes,
les fourmis et les grues sont aussi capables de s’organiser
en vue d'un but commun[204] .
8.5
Les acteurs du politique
Seul est citoyen à part entière celui qui peut exercer les
fonctions de juge et de magistrat : « Le trait éminemment
distinctif du vrai citoyen, c’est la jouissance des fonctions
de juge et de magistrat[223] . ». Or, ces fonctions exigent un
caractère vertueux dont beaucoup sont incapables[224] . Il
faut donc exclure du statut de citoyen ceux qui seraient incapables de gouverner la cité. Comme ces fonctions sont
accordées par une constitution et que les constitutions varient entre les cités, il y en a où très peu de personnes
peuvent être citoyens à part entière[225] .
Aristote a une vision hiérarchisée de la société : il classe
l'homme libre au-dessus des autres êtres humains tels
l'esclave, l'enfant, la femme. Il écrit :
« Ainsi, l’homme libre commande à l’esclave tout autrement que l’époux à la femme,
et le père, à l’enfant ; et pourtant les éléments essentiels de l’âme existent dans tous ces
êtres ; mais ils y sont à des degrés bien divers.
L’esclave est absolument privé de volonté ; la
femme en a une, mais en sous-ordre ; l’enfant
n’en a qu’une incomplète[226] . »
La Constitution des Athéniens
Toutefois, pour qu'il puisse s’épanouir, il faut que la cité
soit bien gouvernée. Une cité heureuse est celle qui est régie par une bonne constitution, « la constitution étant définie par l'organisation des différentes magistratures[230] . »
8.7
Influence de cet ouvrage
23
Il est important que la constitution soit acceptée par tous
les citoyens et, à cette fin, que toutes les classes participent
en quelque façon au pouvoir. Aussi rejette-t-il le système
préconisé par Hippodamos de Milet parce qu'il exclut du
pouvoir les deux classes laborieuses : « Mais si les artisans
et les laboureurs sont exclus du gouvernement de la cité, comment pourront-ils avoir quelque attachement pour
elle[231] ? » Il analyse d'autres constitutions, notamment
celles de Sparte, de Carthage, de Crète et d'Athènes[n 13] .
voir si Aristote est « partisan de l'aristocratie, de la démocratie ou d'un soi-disant « gouvernement des classes
moyennes » comme on le dit souvent », car cette question « n'a pas lieu d'être[236] . » Aristote, en effet, tout en
affirmant qu'il existe « une constitution excellente », et
tout en reconnaissant que l'établissement de celle-ci est
nécessairement progressif, prévient que les situations sont
diverses en fonction de la culture locale et que « dans
chaque situation concrète il y a une et une seule forme
[237]
». Le seul prinSelon Aristote, il existe deux grands types de constitu- constitutionnelle qui soit excellente
cipe universel qui soit valable pour toutes les constitutions
tion : les constitutions « droites » qui conduisent au bien
doit recede tous, et les constitutions déviantes, qui ne profitent est celui de l'égalité proportionnelle : « chacun
voir proportionnellement à son excellence[238] ».
[229]
qu'à ceux qui gouvernent
. Il distingue trois formes
de constitutions droites : la royauté, l'aristocratie et le Sans traiter systématiquement du problème des lois, Arisgouvernement constitutionnel. Aristote différencie les tote en montre l'interdépendance avec la constitution :
formes de gouvernements en fonction du nombre de gou- « telle loi juste dans une constitution serait injuste dans
vernants : un seul dans la tyrannie et la royauté, quelques- une autre, parce qu'en contradiction avec l'esprit de cette
uns dans l'aristocratie ou l'oligarchie et beaucoup dans la constitution. […] l'introduction d'une nouvelle disposidémocratie et la république. L'« aristocratie » chez lui tion législative peut entraîner des effets dévastateurs sur
ne réfère pas nécessairement à un privilège de naissance la constitution[239] . » Il montre aussi la rivalité qui s’insmais désigne les meilleurs au sens du mérite personnel, talle entre deux villes gouvernées par des systèmes oppotandis que la « démocratie » ou « régime populaire » dé- sés : « quand ils ont à leurs portes un État constitué sur un
signe l'exercice du pouvoir par le peuple.
principe opposé au leur, ou bien quand cet ennemi, tout
Les gouvernants doivent être choisis en fonction de leur éloigné qu’il est, possède une grande puissance. Voyez la
excellence politique, c'est-à-dire qu'ils doivent être ca- lutte de Sparte et d’Athènes : partout les Athéniens renpables de gouverner non pas au profit d'un groupe par- versaient les oligarchies, tandis que les Lacédémoniens
[240]
.»
ticulier, mais en visant le bien de tous : « toutes les pré- renversaient des constitutions démocratiques
tentions (à gouverner) formulées au nom d'un autre critère (richesse, naissance, liberté) sont, comme telles, disqualifiées et renvoyées dos à dos[232] ». Selon Aristote,
la Cité-État n'a pas vocation, comme le croient les oligarques, à maximiser leur richesse ni, comme le croient
les pauvres qui plaident pour la « démocratie », à promouvoir l'égalité. Son objectif est de rendre possible une
vie bonne faite d'actions excellentes.
8.7 Influence de cet ouvrage
Tout comme pour la plupart des ouvrages d'Aristote,
celui-ci n'a pas été révisé pour publication, mais était
destiné à son enseignement[n 16] . Il en résulte des lacunes, des incohérences et des ambiguïtés dues à l'état
d'inachèvement du texte. De plus, nous ne disposons pas
Une constitution est excellente si elle assure le bonheur de commentaires grecs anciens comme pour les autres
des citoyens et si elle est capable de durer[233] . Selon Mil- traités, ni d'une tradition indirecte en raison du fait que
ler, la moins mauvaise constitution serait celle où le pou- cet ouvrage ne semble pas avoir été traduit en arabe[n 17] .
voir est contrôlé par une classe moyenne nombreuse. À
À son époque, l'analyse politique d'Aristote n'a pas
cela plusieurs raisons. Tout d'abord, n'étant ni très riches
eu une forte influence, car de nombreuses cités-états
ni très pauvres, les membres de cette classe sont plus naavaient déjà perdu leur indépendance au profit notamturellement modérés et enclins à suivre la raison que les
ment d'Alexandre le Grand, dont il a été le précepteur.
autres. Par ailleurs, ils ont moins tendance à rejoindre des
Peu commenté et longtemps oublié, l'ouvrage n'a été refactions violentes et irréductibles, ce qui rend les cités
découvert qu'au XIIIe siècle, où la pensée d'Aristote est
[234]
:
plus stables
invoquée dans une réflexion sur l'augustinisme et plus tard
dans la querelle entre la papauté et l'empire[241] .
« Il est donc clair aussi que la meilleure
communauté politique est celle qui est constituée par des gens moyens, et que les cités qui
9 L'économie
peuvent être bien gouvernées sont celles dans
lesquelles la classe moyenne est nombreuse et
au mieux plus forte que les deux autres, ou au
Aristote aborde les sujets économiques dans Éthique à
moins que l'une des deux, car son concours
Nicomaque 5.5 et Politique 1.8-10 ; dans les deux cas, il
fait pencher la balance et empêche les excès
s’agit de sous-sections à l'intérieur d'études portant sur
contraires[235] . »
des sujets plus fondamentaux[242] . Dans l'Éthique à Nicomaque, il différencie la justice distributive (dianemetikos)
Toutefois, selon Pellegrin, il serait vain de chercher à sa- qui traite de la façon dont les honneurs, les biens et autres
24
10
POÏÉTIQUE OU SCIENCE PRODUCTIVE
se passeraient d’ouvriers, et les maîtres, d’esclaves[246] . »
Son traité sur la politique est même le seul texte de
l'Antiquité qui étudie l'esclavage en tant que concept[247] .
Il réfléchit également sur la nature de l'argent, dont il affirme l'aspect purement conventionnel, car l'argent n'a de
valeur que « par la loi et non par la nature ». C'est grâce à
la monnaie que l'échange entre des biens différents peut
être équilibré. Mais une question hante Aristote, la monnaie est-elle juste un instrument d'échange ou est-elle une
substance qui a en elle sa propre fin (telos)[248] ?
Il condamne le prêt à intérêt et l'usure « parce qu’elle
est un mode d’acquisition né de l’argent lui-même, et
ne lui donnant pas la destination pour laquelle on l’avait
créé[249] . ». Dans Politique, il affirme clairement que
l'argent ne devrait servir qu'à faciliter les échanges de
biens :
« L’argent ne devait servir qu’à l’échange ;
et l’intérêt qu’on en tire le multiplie lui-même,
comme l’indique assez le nom que lui donne la
langue grecque. Les pères ici sont absolument
semblables aux enfants. L’intérêt est de l’argent
issu d’argent, et c’est de toutes les acquisitions
celle qui est la plus contraire à la nature[249] . »
Thomas d'Aquin, docteur de l'Église catholique marqué par la
pensée d'Aristote. Peinture de Fra Angelico, 1395-1455.
doivent être répartis, de la justice corrective (diorthotikos). Dans le premier cas, la justice ne consiste pas en une
répartition égale entre personnes inégales, mais dans un
équilibre perçu comme juste. Dans le second cas, celui de
la justice corrective, le Stagirite distingue entre échanges
volontaires et involontaires. Dans le cas d'un échange involontaire, la justice n'intervient que s’il y a eu fraude et
n'a pas à chercher s’il y a eu juste prix[243] .
Il met en garde contre l'acquisition commerciale effrénée
— la chrématistique — qui « n'a pas même pour fin le
but qu'elle poursuit, puisque son but est précisément une
opulence et un enrichissement indéfinis[250] . »
Aristote a perçu le danger que posait à la cité le développement de l'économie marchande[251] . La partie économique de son œuvre a surtout intéressé Thomas d'Aquin
et le catholicisme à qui elle fournit les bases de son
enseignement social[252] . Son influence est aussi forte sur
la pensée sociale de l'Islam[253] . De nos jours, la pensée
économique d'Aristote est également étudiée par ceux qui
Joseph Schumpeter a été un des premiers à s’interroger veulent moraliser l'économie.
sur l'existence dans la pensée d'Aristote d'une analyse
économique, c'est-à-dire un « effort intellectuel… destiné à comprendre les phénomènes économiques »[244] .
10 Poïétique ou science productive
Sa recherche l'a amené à conclure qu'il y avait une intention analytique qui ne débouchait sur rien de sérieux.
De plus, pour lui, le Stagirite n'aurait traité l'économie 10.1 Rhétorique
que par le petit bout de la lorgnette et aurait négligé
l'esclavage qui constituait alors la base de l'économie et Article détaillé : Rhétorique (Aristote).
le grand commerce maritime, l'autre point clé de la puis- Aristote a écrit trois ouvrages de rhétorique majeurs : la
sance athénienne[245] . De sorte qu'Aristote restreint le Poétique, la Rhétorique et les Topiques.
champ de l'économie à des échanges entre des produc- Selon Aristote, la rhétorique est avant tout un art utile.
teurs libres alors très marginaux. En fait, le Stagirite ne Définie comme « la faculté de considérer, pour chaque
traite que des « relations d'échange qui ont pour cadre question, ce qui peut être propre à persuader[254] », elle
la communauté »[244] , ce qui est d'ailleurs en cohérence est un « moyen pour argumenter, à l'aide de notions comavec sa politique.
munes et d'éléments de preuves rationnels, afin de faire
Pourtant, Aristote reconnaît explicitement la nécessité
économique de l'esclavage à une époque où la mécanisation n'existait pas : « si les navettes tissaient toutes seules ;
si l’archet jouait tout seul de la cithare, les entrepreneurs
admettre des idées à un auditoire »[255] . Elle a pour fonction de communiquer les idées en dépit des différences de
langage des disciplines. Aristote fonde ainsi la rhétorique
comme science oratoire autonome de la philosophie[n 18] .
10.2
Poétique (tragédie et épopée)
25
Aristote sur une fresque murale à Rome.
Platon et Aristote discourant.
Luca della Robbia, 1437-1439. Panneau en marbre provenant
de la façade nord, registre inférieur, du campanile de Florence.
À chaque type de discours correspond une série de techniques et un temps particulier. Le discours judiciaire requiert le passé puisque c'est sur des faits accomplis que
porte l'accusation ou la défense. Le délibératif requiert le
futur car on envisage les enjeux et conséquences futures
de la décision. Enfin, l'épidictique ou genre démonstratif
met en avant l'amplification.
Aristote définit les règles de la rhétorique non seulement dans la Rhétorique mais aussi aux livres V et VI de
l'Organon. Il la fonde sur la logique, qu'il a également codifiée. La section des Topiques définit le cadre des possibilités argumentatives entre les parties, c'est-à-dire les
lieux rhétoriques. Pour Jean-Jacques Robrieux, « ainsi est
tracée, avec Aristote, la voie d'une rhétorique fondée sur
la logique des valeurs »[256] .
Aristote mentionne un futur ouvrage sur la comédie qui
fait partie des œuvres disparues[259] .
Le rôle du poète, au sens aristotélicien, c'est-à-dire de
l'écrivain, n'est pas tant d'écrire des vers que de représenter une réalité, des actions ; c'est le thème de la
mimêsis[260] . Toutefois, le poète n'est pas un historienchroniqueur : « le rôle du poète est de dire non pas ce
qui a lieu réellement, mais ce qui pourrait avoir lieu dans
l'ordre du vraisemblable ou du nécessaire […] c'est pour
cette raison que la poésie est plus philosophique et plus
noble que la chronique : la poésie traite du général, la
chronique du particulier. Le terme général désigne le type
de chose qu'une certaine catégorie d'hommes fait ou dit
vraisemblablement ou nécessairement »[261][262] . Dans la
tragédie, l'histoire est plus importante que les caractères.
Dans un récit, « la péripétie est le retournement de l'action
en sens contraire[263] . » L'unité d'action est sans doute la
règle la plus importante ; elle s’obtient par la représentation d'une action unique autour de laquelle toute la tragédie s’organise. Une autre règle majeure est le respect
de la vraisemblance : le récit ne doit présenter que des
Outre une théorie de l'inférence rhétorique exposée dans
événements nécessaires et vraisemblables ; il ne doit pas
le livre I de la Rhétorique, Aristote propose dans ce même
comporter de l'irrationnel ou de l'illogique, car cela briouvrage une théorie des passions (livre II) et une théorie
serait l'adhésion du public au spectacle qu'il regarde[264] .
du style (livre III)[257] .
Si l'histoire comporte des éléments illogiques, ceux-ci
doivent être en dehors du récit comme dans l’Œdipe roi,
de Sophocle[265] .
10.2
Poétique (tragédie et épopée)
Article détaillé : Poétique (Aristote).
Dernière œuvre du corpus aristotélicien, probablement
une des plus connues d’Aristote, La Poétique traite de la
« science de la production d'un objet qui s’appelle une
œuvre d'art »[258] . Si Aristote considère que la poésie,
la peinture, la sculpture, la musique et la danse sont des
arts, dans son livre, il s’intéresse surtout à la tragédie et
à l’épopée et, de manière très anecdotique, à la musique.
Le phénomène de catharsis, ou d'apurement des passions, lié à la tragédie, a fait l'objet d'interprétations diverses. Pour Beck, « les émotions sont apurées analytiquement (comme par un processus de discernement exposé sur la scène vue et produisant une épure, une sorte
d'abstraction, de sorte que […] le plaisir du spectateur
[…] est aussi un plaisir intelligent ». Dans l'interprétation
« classique » la vue du mauvais ou du pénible éloigne
de ce type de passions. L'interprétation médicale, quant
26
12
à elle, considère que « l'effet du poème est de soulager
physiologiquement le spectateur »[266] .
Le texte de la Poétique, redécouvert en Europe à partir de 1453, a été abondamment commenté et invoqué
comme une autorité. Le XVIIe siècle français lui attribue
à tort la règle des trois unités en matière de composition
dramatique[267] .
11
Les petits traités : Du sommeil
et des rêves
Aristote a consacré trois petits traités à la question du
sommeil et du rêve : Du sommeil et de de la veille, Des
rêves et De la divination dans le sommeil. Ces traités prolongent la réflexion du traité De l'âme, auquel ils font parfois référence de façon indirecte, et visent à explorer des
phénomènes psychologiques en relation avec leur base
physiologique[268] .
Tout comme Xénophane et Héraclite, Aristote rejette
d'emblée les idées en vigueur à son époque qui voyaient
dans le rêve une apparition divine[269] : « de même non
plus le rêve ne saurait être pour celui qui le voit, ni un
signe ni une cause de la réalité qui vient à la suite ; ce
n'est qu'une coïncidence[270] . ».
Il ne soupçonne pas le symbolisme du rêve ni sa dimension narrative, mais reste fixé sur l'illusion qu'il crée et sa
portée hallucinatoire. Ce faisant, il s’écarte de la conception de Platon dans La République selon laquelle l'âme
durant le sommeil est libérée de l'espace et du temps et
peut se mettre à la recherche de la Vérité[269] . À la question de savoir si le rêve est produit par la part perceptive
de l'âme ou sa part intellectuelle, Aristote les exclut toutes
deux et affirme qu'il est le travail de l'imagination[271] :
« Ainsi, pendant la nuit l'inactivité de
chacun des sens particuliers, et l'impuissance
d'agir où ils sont (...) ramènent toutes ces
impressions, qui étaient insensibles durant la
veille, au centre même de la sensibilité ; et elles
deviennent parfaitement claires[272] . »
Les rêves nous font donc revivre des expériences de la vie
éveillée, mais sous une forme amoindrie car les perceptions effectuées durant le jour ont laissé dans l'esprit des
traces, « un résidu de sensation »(461b). Il n'attribue au
rêve ni finalité, ni fonction, ni signification, mais le voit
comme une production presque mécanique[273] . Il ne faut
donc pas y attacher d'importance.
POSTÉRITÉ
images des rêves sont à peu près comme les représentations d'objets dans l'eau, ainsi que nous
l'avons déjà dit : quand le mouvement du liquide est violent, la représentation exacte ne se
produit pas, et la copie ne ressemble pas du tout
à l'original[274] . »
Freud, qui commente ce passage, voit lui aussi dans les
jeux de la ressemblance « les premières fondations de
toute construction de rêve[275] . »
Aristote s’est également intéressé au rêve lucide et donne
le premier témoignage écrit sur le fait que l'on peut être
conscient de rêver tout en rêvant[276] :
« si l'on sent que l'on dort, si l'on a
conscience de la perception qui révèle la sensation du sommeil, l'apparence se montre bien ;
mais il y a en nous quelque chose qui dit qu'elle
paraît Coriscus, mais que ce n'est pas là Coriscus ; car souvent quand on dort, il y a quelque
chose dans l'âme qui nous dit que ce que nous
voyons n'est qu'un rêve[277] . »
12 Postérité
Article détaillé : Histoire du corpus aristotélicien.
12.1 Antiquité
Après sa mort, Aristote tombe dans l'oubli pour au
moins deux raisons. D'une part, son élève et successeur,
Théophraste, ne se préoccupe guère de développer son
enseignement mais préfère se consacrer à ses propres
recherches[278] sur les plantes et sur la notion de « premier moteur ». D'autre part, Aristote n'a pas réellement
fondé une école à proprement parler, au sens doctrinal du
terme. Enfin, Straton de Lampsaque, qui succède à Théophraste, semble s’être « détourné de bien des aspects de
l'enseignement de son fondateur, et notamment de son enseignement politique[279] . »
Selon une anecdote rapportée par Strabon, les ouvrages
d'Aristote et de Théophraste sont laissés au fond d'une
cave, oubliés de tous, jusqu'à ce qu'ils soient découverts
au Ier siècle av. J.-C. par le bibliophile Apellicon, qui les
achète. Sylla se procure la bibliothèque d'Apellicon et la
fait transporter à Rome, où le grammairien Tyrannion en
entreprend une édition et fait exécuter une copie pour
Pour bien interpréter les rêves, il faut savoir reconnaître Andronicos de Rhodes, vers 60 av. J.-C.[279],[n 19] . Ce derles ressemblances :
nier était le onzième successeur d'Aristote à la tête du
Lycée. C'est lui qui établit la « forme et le canon des
« Du reste, l'interprète le plus habile des
écrits d'Aristote » et qui « consacre la façon de philosonges, est celui qui sait le mieux en reconsopher qui prédomine parmi les aristotéliciens jusqu'à la
naître les ressemblances (...) parce que les
fin de l'Antiquité »[45] .
12.3
Pénétration dans le monde musulman
27
Quelques volumes de l'édition des Commentaires grecs sur
l'œuvre d'Aristote (Berlin, 1882-1909)
commentaires est publiée à Berlin en 23 volumes (18821909).
12.3 Pénétration dans le monde musulman
Statue de Théophraste, le successeur d'Aristote, dans le jardin
botanique de Palerme.
À l'époque romaine, l'aristotélisme est peu prisé, on lui
préfère soit l'épicurisme soit le stoïcisme[280] . Aristote est
malgré tout commenté par la tradition néoplatonicienne
et intégré à cette philosophie, qui tente une synthèse entre
Platon, Aristote et des courants spirituels venus d'Orient.
C'est par le biais des néoplatoniciens, notamment Plotin,
Porphyre et Simplicius, que l'aristotélisme pénètre le premier christianisme[281] .
Vers l’an 500, sous le roi ostrogoth Théodoric le Grand,
le philosophe latin Boèce traduit la Logique et les Analytiques et laisse en outre trois livres de commentaires
sur Aristote. Le Haut Moyen Âge occidental aura principalement accès à la pensée d'Aristote à travers cette
œuvre[282] .
12.2
Influence sur les penseurs byzantins
En Orient, les scribes grecs chrétiens ont joué un rôle important dans la préservation de l'œuvre d'Aristote en la
commentant et en la recopiant (l'imprimerie n'existait pas
alors). Jean Philopon est le premier chrétien grec à avoir
commenté en profondeur Aristote au VIe siècle ; il est suivi, au début du VIIe siècle, par Étienne d'Alexandrie[283] .
Jean Philopon est connu également pour la critique de la
notion d'éternité du monde d'Aristote[284] . Après un oubli de plusieurs siècles, vers la fin du XIe siècle et le début
du XIIe siècle, Eustratius et Michel d'Éphèse écrivent de
nouveaux commentaires d'Aristote, apparemment sous
l'égide d'Anne Comnène[285] . Une édition critique de ces
Statue d'Averroès à Cordoue.
Des textes grecs sont d'abord traduits en syriaque par
Serge de Reshaina et Sévère Sebôkht au cours du VIe
siècle, puis par Jacques d'Édesse et Athanase de Balad au siècle suivant. À la suite de la persécution par
Byzance des Juifs et des chrétiens hérétiques de Syrie (monophysites, nestoriens), ceux-ci se réfugient dans
les territoires voisins et lèguent leurs bibliothèques aux
écoles musulmanes[286] .
À partir de la fondation de Bagdad, au VIIIe siècle, le
califat abbasside encourage une intense activité de tra-
28
12
duction, avec notamment les érudits chrétiens de langue
arabe tel Hunayn ibn Ishaq, suivi plus tard par Ibn Zura et Yahya ibn Adi, qui traduisent le corpus logicophilosophique vers le syriaque puis vers l'arabe[287] . Le
calife Al-Mansur, qui règne de 754 à 775, et surtout son
successeur Al-Ma’mūn, qui règne de 786 à 833, se dédient à intégrer le savoir grec à la culture arabe et envoient des émissaires à Byzance et dans les grandes villes
du monde à la recherche de manuscrits d'Aristote[288] .
POSTÉRITÉ
on traduit les ouvrages scientifiques grecs qui avaient été
traduits en arabe ainsi que des œuvres de philosophes musulmans. Ce mouvement prend son essor dès 1100 dans
diverses villes d'Espagne, notamment à Tolède, où se développe une importante école de traducteurs avec Gérard
de Crémone et Michael Scot[298] . D'autres centres de traduction sont actifs à Palerme, à Rome, à Venise, à Pise,
ainsi qu'au mont Saint-Michel[299] .
En Sicile et en France, Henri Aristippe, Albert le
Pour faciliter la mise en place d'un vocabulaire tech- Grand et Guillaume de Moerbeke, un proche de Thomas
nique nouveau, des glossaires syro-arabes sont élaborés d'Aquin, traduisent à partir du grec[n 20] .
à partir du IXe siècle[289] . En revanche, les ouvrages de
mathématique ou d'astronomie ont souvent été traduits
directement en arabe, sans intermédiaire syriaque[290] . 12.4.2 Aristote et Thomas d'Aquin
Vers le milieu du IXe siècle, « l'arabe commence à
l'emporter sur le syriaque comme langue savante en matière médicale[291] . » Ces œuvres sont largement diffusées
dans l'ensemble du monde arabo-musulman.
Aristote marque assez profondément la théologie islamique à ses débuts. Averroès, Avicenne et Al-Fârâbî
ont beaucoup écrit sur Aristote. Leurs idées ont influencé Thomas d'Aquin et d'autres philosophes occidentaux chrétiens. Al-Kindi considérait Aristote comme
l'unique représentant de la philosophie[292] et Averroes parle d'Aristote comme l'exemple pour tout futur philosophe[293] . Les penseurs musulmans médiévaux
présentent fréquemment Aristote comme le « premier
maître »[294] . Ce titre de « maître » a été repris plus tard
par des philosophes occidentaux influencés par la philosophie islamique[295] tel Dante.
Comme les philosophes grecs, leurs homologues musulmans considèrent Aristote comme un philosophe dogmatique, l'auteur d'un système clos. Ils croient qu'Aristote
partage l'essentiel de la philosophie de Platon. Quelquesuns ont été jusqu'à prêter à Aristote des idées néoplatoniciennes[296] .
12.4
Moyen Âge occidental
Articles détaillés : Scolastique et Thomas d'Aquin.
12.4.1
La redécouverte d'Aristote en Occident
Article détaillé : Traductions latines du XIIe siècle.
Pendant le haut Moyen Âge, on ne connait en Occident
que les œuvres d'Aristote traduites par Boèce à la fin de
l'Antiquité. Mais ses œuvres circulent dans l'Espagne musulmane où elles sont étudiées par les penseurs arabes,
notamment Averroès.
Thomas d'Aquin, l'introducteur de l'aristotélisme dans la pensée
chrétienne du XIIIe siècle.
Articles détaillés : Thomisme, Thomas d'Aquin et
scolastique.
Au XIIIe siècle, la philosophie aristotélicienne, revue par
Thomas d’Aquin, devient la doctrine officielle de l’Église
catholique romaine, malgré quelques soubresauts, telle
Durant la renaissance du XIIe siècle[297] , on assiste à un la condamnation de 1277 d'un ensemble de propositions
important mouvement de traduction des textes arabes en aristotéliciennes par l'évêque de Paris Étienne Tempier.
latin, parfois en castillan, mais aussi en hébreu avec la fa- Elle devient aussi la référence philosophique et scientimille de rabbins Ibn Tibbon. Outre les œuvres d'Aristote, fique de toute réflexion sérieuse, donnant naissance à la
12.5
Renaissance
29
scolastique et au thomisme.
Thomas d'Aquin est fondamentalement un aristotélicien
même si sa pensée puise également à d'autres sources.
Comme chez le Stagirite, chez Thomas d'Aquin la philosophie inclut la science pratique et la science théorique qui, elles-mêmes, se décomposent en plusieurs
champs[300] . Toutefois, Thomas d'Aquin fait subir certaines torsions à la pensée aristotélicienne. D'une part,
il subordonne la philosophie à la théologie, laquelle est
elle-même au service de la connaissance de Dieu. D'autre
part, il intègre « toutes les sciences aristotéliciennes en un
ordre unique et hiérarchisé »[301] lui-même subordonné à
la théologie.
Cary Nederman accuse Thomas d'Aquin d'avoir utilisé
les tendances aristocratiques d'Aristote pour justifier son
propre dégoût des arts mécaniques, le travail manuel notamment. Knight tempère cette critique. D'un côté, il note
que dans son dernier ouvrage, resté inachevé, Thomas
d'Aquin place l'idéal de noblesse, dominant à l'époque,
sous le patronage d'Aristote et le marque du sceau aristotélicien de l'arétè, de l'excellence[301] . Par ailleurs, Thomas d'Aquin, prenant appui sur la pensée d'Aristote, introduit la lutte contre la pauvreté dans le champ politique. De sorte que ses préoccupations économiques et
sociales peuvent le faire considérer comme plus égalitariste qu'Aristote. Toutefois, Thomas D'Aquin reprenant à
Aristote la recherche du bien commun tend à détourner
le christianisme du spirituel et à pousser vers le domaine
temporel, vers la politique et le monde[302] . Elle l'éloigne
ainsi de la pensée d'Augustin d'Hippone, dont la théorie
des deux cités introduit une distance plus forte entre le
temporel et le spirituel[302] .
12.5
Renaissance
Leonardo Bruni, chancelier de Florence et traducteur d'Aristote,
de Platon, de Démosthène et de Plutarque.
est moins préoccupé de problèmes conceptuels que travaillé par le désir « de proposer des œuvres écrites en
un excellent latin qui permettent à ses compatriotes florentins de s’imaginer des parangons de vertu aristotélicienne »[305] . À sa suite, le républicanisme, d'après Kelvin
Knight, élabore la notion d'État souverain en se référant à
l'idée aristotélicienne de communauté politique autosuffisante. Le républicanisme individualiste, qu'un auteur de
langue anglaise comme John M. Najemy, spécialiste de
Machiavel, oppose au républicanisme corporatiste, est,
quant à lui, marqué par l'éthique aristotélicienne et, un
peu comme elle, lie l'« excellence éthique à la bonne naissance, à la bonne éducation, au pouvoir et au loisir[306] . »
À la Renaissance (1348-1648), l'œuvre d'Aristote est très
étudiée dans les universités. Sa logique est enseignée partout et sa philosophie de la nature est très largement diffusée, notamment dans les facultés de médecine de Bologne et de Padoue. On étudie particulièrement le De
anima II et III et la Physique. Sa métaphysique, quant
à elle, est surtout diffusée dans les universités protes- 12.5.2 Luther et Aristote : histoire d'une opposition
tantes. L'enseignement de sa philosophie morale diffère
fortement selon les établissements. De façon générale, Martin Luther voit l'Église catholique comme une Église
l'éthique est beaucoup plus étudiée que la politique[303] . thomiste ou aristotélicienne[307] et s’oppose au Stagirite
Durant cette période, les commentaires sur Aristote sont sur plusieurs points :
très nombreux. Richard Blum en a comptabilisé 6 653
entre 500 et 1650[304] .
• Comme Augustin d'Hippone, et à la différence
d'Aristote, il ne fait pas reposer la politique sur la
vertu des gouvernants.
12.5.1 Aristote et le républicanisme
L'aristotélisme de Padoue du XVe siècle et XVIe siècle
néglige l'aspect téléologique pour se focaliser, à la suite
de Marsile de Padoue, sur les vertus civiques telles que
la loyauté à l'État et à ses gouvernants. Quand Leonardo
Bruni retraduit la Politique et l'Éthique à Nicomaque, il
• Comme l'apôtre Paul, il veut détruire la sagesse des
sages. Dans cette optique, l'éthique d'Aristote est la
pire car elle s’oppose à la grâce divine et aux vertus
chrétiennes[308] .
• Enfin, c'est le plus important, il comprend l'idée
30
12
POSTÉRITÉ
aristotélicienne de capacité des hommes à devenir
meilleurs par la pratique comme étant la source de la
justification par les œuvres[278] . Il s’agit de l'idée que
les hommes peuvent contribuer à leur salut par leurs
propres moyens, idée à laquelle il oppose la sola fide,
c'est-à-dire le fait que seule la foi peut contribuer à
la grâce.
Le successeur de Luther, Philippe Mélanchthon, renoue
avec Aristote. Toutefois, chez lui, l'éthique ne vise pas
le bonheur temporel. Elle tend, au contraire, à discipliner l'action des hommes afin qu'ils puissent agir de façon
conforme à la volonté divine[309] . L'éthique, en un mot,
vient supporter l'action de la grâce.
12.6
Naissance de la science moderne et remise en cause d'Aristote
Articles détaillés : Francis Bacon, Galilée et Isaac Newton.
À partir de 1600, la logique d'Aristote et son astronomie
Isaac Newton (Godfrey Kneller, National Portrait Gallery,
Londres, 1702).
géocentrisme[310] . En dépit de la condamnation de
Galilée, l'héliocentrisme, malgré tout, triomphera avec
Isaac Newton. Pour Alexandre Koyré, le passage du
géocentrisme aristotélicien à l'héliocentrisme a deux
grandes conséquences :
« a) la destruction du monde conçu comme
un tout fini et bien ordonné, dans lequel la
structure spatiale incarnait une hiérarchie de
valeur et de perfection, monde dans lequel « audessus » de la terre lourde et opaque, centre
de la région sublunaire du changement et de la
corruption, s’« élevaient » les sphères célestes
des astres impondérables, incorruptibles et lumineux…
Galileo Galilei par Domenico Tintoretto en 1605.
sont remises en cause. Francis Bacon, un des pères de
la science et de la philosophie modernes, conteste l'abus
des références à l'autorité d'Aristote dans son ouvrage Du
progrès et de la promotion des savoirs (1605) : « Le savoir dérivé d’Aristote, s’il est soustrait au libre examen,
ne montera pas plus haut que le savoir qu'Aristote avait. »
Au début du XVIIe siècle, Galilée, qui défend
l'héliocentrisme, entre en conflit avec l'Église catholique ainsi qu'avec la majorité des gens instruits
qui, à la suite d'Aristote, maintiennent la thèse du
b) le remplacement de la conception aristotélicienne de l'espace, ensemble différencié de
lieux intramondains, par celle de l'espace de la
géométrie euclidienne – extension homogène
et nécessairement infinie – désormais considéré comme identique, en sa structure, avec
l'espace réel de l'univers. Ce qui à son tour
impliqua le rejet par la pensée scientifique de
toutes considérations basées sur les notions de
valeur, de perfection, de sens ou de fin, et finalement, la dévalorisation complète de l'Être,
le divorce total entre le monde des valeurs et le
monde des faits[311] . »
12.8
12.7
Époque contemporaine
31
Aristote et la philosophie du XVIIe au
début du XIXe siècle
Selon Alexandre Koyré, le monde de Descartes « est
un monde mathématique rigoureusement uniforme, un
monde de géométrie réifiée, dont nos idées claires et distinctes nous donnent une connaissance évidente et certaine ». Au contraire, celui d'Aristote est « coloré, multiforme et pourvu de déterminations qualitatives », c'est
« le monde de notre vie et de notre expérience quotidienne »[312] .
Chez Aristote, les hommes ont en eux des principes qui
les poussent à réaliser leur finalité. Christian Wolff, à
la suite de Leibniz, transforme ces diverses tendances
hiérarchisées « en un unique récit d'un monde et d'un
univers providentiellement conçu pour le bénéfice du
genre humain », selon le principe de téléologie[313] . Selon Pierre Aubenque, c'est Leibniz qui, malgré Luther, Visage d'Aristote créé par ordinateur.
a assuré en Allemagne la continuité de la tradition
aristotélicienne[314] .
12.8 Époque contemporaine
Kant transforme également plusieurs concepts aristotéliciens. Tout d'abord, allant encore plus loin que Leibniz et Au XIXe siècle, on assiste à un retour à la métaphysique
Wolff, il propose un « Dieu sauveur de la vertu et garant aristotélicienne, qui a débuté avec Schelling et s’est pourdu bien complet », et, d'autre part, il modifie le sens de la suivi avec Ravaisson, Trendelenburg et Brentano.
raison pratique. Chez Aristote ce qui est pratique est lié à Au XXe siècle Heidegger fait également retour à Aristote.
des circonstances, est une adaptation d'une idée générale Kelvin Knight estime que la déconstruction de la « traalors que, chez Kant, c'est quelque chose d'universel qui dition » philosophique (qu'il comprend surtout comme
n'est pas lié aux circonstances. Les deux philosophes n'ont celle du néokantisme) effectuée par ce philosophe perpas non plus la même approche de la notion de concept : met à Leo Strauss et à Hannah Arendt de réhabiliter la
« Un concept, pour Kant, existe seulement dans l'esprit philosophie pratique d'Aristote qui aurait, selon eux, été
des individus. Par contraste, une forme, pour Aristote, corrompue par la science, la loi naturelle et l'importance
est un universel réel qui se substantifie dans diverses subdonnée à la production[319] . Toutefois ce retour à Arisstances dont il demeure externe, mais qui peut être appré- tote n'empêche pas un mouvement de mise à distance de
hendé par l'esprit humain »[315] .
la pensée de Heidegger. Kelvin Knight, écrit à ce proHegel, à la suite de Wolff et de Kant, étend encore le pos « ces philosophes rejettent en partie l'interprétation
champ de la téléologie, qui ne concerne plus seulement que fait Heiddeger d'Aristote en refusant notamment de
les êtres humains mais également le système. Par ailleurs, voir, comme lui, le Stagirite comme la source de la trail passe d'un universel atemporel à des processus tem- dition théorique en philosophie ». De même, ils refusent
porels et historiques —changement qui marque forte- d'utiliser le mot Dasein et lui préfèrent les termes arisment les téléologies modernes. Hegel a également une totéliciens de praxis et de phronesis. De façon généconception des individus différente de celle d'Aristote. rale, Kelvin Knight classe Leo Strauss, Hannah Arendt
Selon lui, les humains sont des parties d'un tout universel et Hans-Georg Gadamer dans un courant qu'il qualifie de
qui leur donne identité, rôle et fonctions ; le Stagirite, au « néo-aristotélicien pratique ». Selon lui, ces philosophes
contraire, est plus individualiste, insiste plus sur la centra- reprendraient la thèse d'Heidegger selon laquelle Aristote
lité des êtres humains vus comme des étants[316] . Concer- se placerait dans la continuité de Platon et insisteraient sur
nant l'esthétique, Hegel se situe à mi-chemin entre la per- le fait qu'Aristote conçoit l'éthique comme séparée de la
ception d'œuvre d'art comme technè qu'on trouve chez métaphysique et du savoir technique. Par ailleurs, GadaAristote, et celle de fruit du génie qu'on trouve chez Kant mer et Arendt « assimilent l'idée de jugement esthétique
et les romantiques[317] .
de la troisième critique de Kant à ce qu'Aristote nomme
[320]
.
Karl Marx est parfois perçu comme partiellement aristo- phronesis »
télicien parce qu'on trouve chez lui l'idée d'action libre Plus récemment, Alasdair MacIntyre a cherché à réforpermettant de réaliser le potentiel des êtres humains[318] . mer la tradition aristotélicienne, de façon à lui donner un
32
tour anti-élitiste, et à répondre par là aux objections des
socio-libéraux et des nietzschéens. Kelvin Knight qualifie
cette tentative d'« aristotélisme révolutionnaire »[321] . En
France, Pierre Aubenque insiste sur l'oubli, dans la tradition aristotélicienne, du caractère aporétique de l'œuvre
d'Aristote. Cette incomplétude de la pensée aristotélicienne explique, selon ce philosophe, pourquoi le christianisme et l'islam ont tant prisé la pensée du Stagirite. Il
écrit à propos de l'interprétation chrétienne ou islamique :
« parce qu'elle avait entendu une autre Parole, les silences
d'Aristote lui parurent plus accueillants à cette Parole que
la parole concurrente de Platon ; il était plus facile de
christianiser (ou d'islamiser) un Aristote qui restait endeçà de l'option religieuse que de philosopher dans les
termes d'un platonisme qui était une autre religion »[322] .
L'autre voie pour combler les silences d'Aristote consiste,
selon Pierre Aubenque, à amplifier la scission en assumant l'inachèvement de la pensée ; c'est la voie empruntée par le néoplatonisme[323] . Selon l'interprétation
d'Aubenque, « la divinité de l'homme est moins la dégradation du divin en l'homme que l'approximation infinie
du divin par l'homme[324] . »
Au XXe siècle, deux philosophes ont proposé une logique
concurrente de celle d'Aristote : John Dewey avec son
livre Logique : la théorie de l'enquête et Bertrand Russell. Dewey soutient être celui qui est allé le plus loin
dans la nouveauté face à Aristote. Il estime, en effet,
qu'il « n'est pas suffisant d'extrapoler l'Organon, comme
le firent Bacon et Mill, ni de le parer des atours mathématiques, comme le fit Russell »[325] mais qu'il faut le fonder
sur de nouvelles bases. Ce qui intéresse Dewey dans la logique, ce n'est pas tant de s’assurer du caractère véritable
de la chose par un raisonnement déductif et formel, que,
comme l'indique le sous-titre, d'établir un lien entre idée
et action, fondé à la fois sur l'intuition et sur l'étude et la
vérification de cette idée.
13
connus. Il a travaillé sur presque tous les champs du savoir
humain connus de son temps et a contribué à en ouvrir
plusieurs autres. Selon le philosophe Bryan Magee, « il
est douteux qu'un être humain ait connu plus de choses
que lui[329] ».
12.9 Aristote dans les œuvres de fiction
Le dessinateur de bandes dessinées Sam Kieth en a fait
un des personnages (avec Platon et Épicure) de sa bandedessinée Epicurus the Sage[330] .
13 Œuvres
Articles détaillés : Catalogue des œuvres d'Aristote selon
Diogène Laërce et Œuvres d'Aristote.
Dans Vies des philosophes (V, 21-27), Diogène Laërce a
établi un catalogue des œuvres d'Aristote comprenant 157
titres et qui fait toujours référence même si de nombreux
écrits ont été perdus. Il vient probablement de la bibliothèque d'Alexandrie. Celui-ci est assez semblable à celui
de l'Onomatologos établi par Hésychios de Milet. Le catalogue le plus complet nous a été transmis par deux auteurs
arabes, Ibn-el-Kifti dans son Histoire des savants et IbnAbi-Oseibia dans son Histoire des médecins célèbres[331] .
Les ouvrages sont traditionnellement abrégés par les initiales de leurs titres latins : ainsi P.N. pour Petits traités
d'histoire naturelle (Parva naturalia), G.A. pour Génération des animaux. Les chiffres renvoient aux colonnes de
l'édition Bekker de l'Académie de Berlin (1831) : ainsi,
l'Histoire des animaux (H.A.) occupe les colonnes 486a
— 638b.
Les féministes, pour leur part, accusent Aristote d'être La Logique (Organon)
sexiste[1] et misogyne. Elles appuient cette accusation sur
le fait qu'Aristote donne aux hommes un rôle actif dans
• Catégories
la procréation et, qu'en politique, il fait la part belle aux
• De l'interprétation
hommes[326] .
Dans les années soixante et soixante-dix, certains cher• Premiers Analytiques
cheurs se sont penchés sur les traductions en arabe de
• Seconds Analytiques
lettres qu'Aristote aurait écrites à Alexandre. Dans des
parties d'une de ces lettres que Pierre Thillet estime, en
• Topiques
1972, relativement fiables, Aristote ne se place plus dans
le cadre d'une cité, mais suite à la conquête de la Perse
• Réfutations sophistiques
par Alexandre le Grand, dans le cadre d'un « État dont
la diversité ethnique pourrait même tendre à l'effacement
par les déportations massives de population »[327] . Notons La science pratique (morale et politique)
toutefois que Pierre Carlier en 1982 dans un article intitulé Étude sur la prétendue lettre d'Aristote à Alexandre
• Éthique à Nicomaque
transmise par plusieurs manuscrits arabes soutient que
• Éthique à Eudème
cette lettre est très postérieure à l'époque d'Aristote[328]
Malgré tout, plus de 2 300 ans après sa mort, Aristote
reste l'un des hommes les plus influents que le monde ait
ŒUVRES
• Des vertus et des vices
• Politique
33
• Génération des animaux
Les petits traités
• Psychologie d'Aristote. Opuscules (Parva naturalia)
[« Parva naturalia »] (lire en ligne)
• De la sensation et des sensibles (de sensu et sensibilibus)
• De la mémoire et de la réminiscence
• Du sommeil et de la veille (lire en ligne)
• Des rêves
• De la divination dans le sommeil
• De la longévité et de la vie brève
• De la jeunesse et de la vieillesse
• De la respiration (lire en ligne)
• De la vie et de la mort
Manuscrit médiéval de la Physique d’Aristote.
• Constitution des Athéniens
La science productive
• Poétique
• Rhétorique
Les sciences théoriques
• Physique
• De la Génération et de la Corruption
• Sur L’Univers
14 Notes et références
• (en) Cet article est partiellement ou en totalité
issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé
« Aristotle » (voir la liste des auteurs).
14.1 Notes
[1] Plus tard, il adopte le fils de Proxène, Nicanor.
[2] Voir le récit dans Plutarque, Vies des hommes illustres, p.
443.
[3] Le mot « Lycée » vient de ce que le lieu est voisin d'un
sanctuaire dédié à Apollon Lycien.
[4] Voir le récit dans Plutarque, Vies des hommes illustres, p.
509-513.
• Traité du ciel
[5] Diogène Laërce a conservé cet hymne (V, 7, p. 561).
• Météorologiques
[6] Sur ce point, selon Christopher Shields, professeur de philosophie à l'université d'Oxford, la question reste débattue
parmi les aristotéliciens même si la plupart incluent la psychologie dans la philosophie naturelle[56]
• De l'âme (en latin : de anima)
• La Métaphysique
Les ouvrages zoologiques
• Histoire des animaux
• Parties des animaux
• Du Mouvement des animaux
• Marche des animaux
[7] Robert Blanché a présenté en 1966, dans Structures intellectuelles, l'hexagone logique, qui est une extension du
carré logique
[8] Le mot grec κλίμα signifie « inclinaison », particulièrement « inclinaison de la terre vers un pôle à partir de
l'équateur ».
[9] « Sur les 1462 pages de l'édition Bekker, 426, soit presque
le tiers, sont consacrées à des questions de biologie. »
(Louis 1956, p. V)
34
[10] À propos d'une traduction des Parties des animaux,
Darwin écrit dans une lettre de février 1882 : « I have
rarely read anything which has interested me more. » Cité
par Barbara Clayton, « A curious mistake concerning cranial sutures in Aristotle’s parts of animals, or, the use and
abuse of the footnote », Glossator : Practice and Theory
of the Commentary, 3 (2010).
[11] La notation ici est dieu avec un petit « d », car c'est le
dieu des philosophes, sauf si on cite un auteur qui écrit
Dieu avec un grand « D ».
[12] Le sens du terme nature (phusis) dans le livre la Politique n'est pas directement comparable au sens qu'il lui
donne dans d'autres écrits. Dans son ouvrage, la Physique,
le mot nature est utilisé pour désigner le principe interne
qui produit le mouvement ou le repos[216] . Mais il est difficile d'utiliser cette définition en politique, car la cité
est aussi, pour lui, le fruit de l'intelligence des hommes
qui lui ont donné ses lois. La Cité-État est « naturelle »
parce qu'elle découle d'une inclinaison naturelle à vivre
en communauté[216] .
14
NOTES ET RÉFÉRENCES
d'études et de débats ; voir par exemple l'article Aristote au
mont Saint-Michel. Les traductions d'Aristote effectuées
au mont Saint-Michel sont conservées au scriptorial.
14.2 Références
[1] Morsink 1979, p. 83–112.
[2] (en) Ingemar Dühring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition, Göteborg, Almqvist & Wiksell, 1957, 492
p.
[3] René Antoine Gauthier et Jean-Yves Jolif, Introduction à
l’Éthique à Nicomaque, t. I, 1958-1959.
[4] (it) Carlo Natali, Bios theoretikos : La vita di Aristotele e l'organizzazione della sua scuola, Bologne, Il Mulino,
1991, 213 p. (ISBN 978-8815032225).
[5] Akamatsu 2001, p. 11.
[6] Shields 2008, p. 2.
[13] Il a consacré une étude séparée à la Constitution d'Athènes,
rédigée après 328.
[7] Cicéron, De l'orateur, III, 35, 141.
[14] Cicéron traduit Politeia par Res publica. Pellegrin 1990, p.
572 par Constitution ou Gouvernement constitutionnel.
[8] Pseudo-Ammonius, « Vie d'Aristote », dans Valentin
Rose, Aristotelis fragmenta, t. 5, Berlin, 1831-1870, p.
428.
[15] Dans la terminologie utilisée par Aristote, la « démocratie » désigne le pouvoir du peuple à l'exclusion des aristocrates (les meilleurs) ou des grands propriétaires. Aussi, peut-on traduire par « régime populaire », comme
Pellegrin 1990, p. 563 ou par « démagogie » comme
Pellegrin 2012, p. 571 et Barthélemy-Saint-Hilaire dans
Politique, Livre III, chapitre 5.
[9] Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 4. 1996a12-17.
[10] Denat 2010, p. 39.
[11] Jaeger 1997, p. 111.
[12] Jaeger 1997, p. 113-115.
[16] Les traités utilisés par Aristote pour son enseignement
sont appelés « acroamatiques » (grec : ακρόασις=action
d'écouter). Il ne s’agit toutefois pas de notes prises par ses
étudiants. Voir Pellegrin 1990, p. 11.
[13] Charles Hummel, « Aristote », Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée, Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation, vol. XXIII, no 1-2, 1993, p. 37-50
(lire en ligne [PDF]).
[17] En revanche, La République de Platon était connue des
Arabes et a fait l'objet d'un commentaire d'Averroès. Voir
Pellegrin 1990, p. 6-14.
[14] Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 17. Voir Shields
2007, p. 19
[18] Le passage précis sur ce point est dans Rhétorique, I, 1355
a.
[19] Le récit de Strabon se trouve dans Géographie, XIII, 2,
54.
Selon Pierre Louis, « Il est peu probable que les œuvres
« ésotériques » d'Aristote n'aient été conservées que
dans les dossiers du philosophe et que des copies n'en
aient pas été faites non seulement pour la bibliothèque
d'Alexandrie, mais encore pour celle de Pergame. On a,
au contraire, de sérieuses raisons de penser que les ouvrages scientifiques d'Aristote se trouvaient dans ces deux
bibliothèques, et par suite de mettre en doute le récit de
Strabon et de Plutarque. » Louis 1956, p. VIII.
[20] Chacun de ces traducteurs n'a traduit qu'une partie de
l'immense corpus aristotélicien ; pour chacun d'eux on
peut consulter le détail des traductions dans les articles
de Wikipédia qui leur sont consacrés. Le détail des traductions du corpus aristotélicien au Moyen Âge fait l'objet
[15] Jaeger 1997, p. 115.
[16] Shields 2008, p. 3.
[17] Cicéron, Académiques, t. I, −45, « 17 ».
[18] Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, vol. 2, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche », 1999, 1398 p. (ISBN
2253132411), p. 556.
[19] Aristote, Métaphysique, vol. M, « 1 ».
[20] Akamatsu 2001, p. 12.
[21] Morel 2003, p. 17.
[22] Aristote, Politique, III, 6, 1278b31 ; VII, 1, 1323a22.
[23] Aristote, Métaphysique, M, 1, 1076a26.
[24] Hermann Bonitz, « Index Aristotelicus », dans Aristotelis
opera, t. V, I. Bekker, 1870, 104b44-105a49.
14.2
Références
[25] (en) David Ross, Aristotle’s Metaphysics, t. 2, Oxford,
Clarendon Press, 1924, p. 408-410.
[26] Shields 2008, p. 4.
[27] Aulu-Gelle, Nuits attiques, XX, 5, 5.
35
[57] Denat 2010, p. 41.
[58] Smith 2008, p. 2.
[59] Lennox 2011, p. 2.
[60] Denat 2010, p. 44.
[28] Octave Hamelin, Le système d'Aristote, Paris, F. Alcan,
1920, 427 p., p. 53-57.
[61] Lennox 2011, p. 3.
[29] Louis 1956, p. XX
[62] Premiers Analytiques, 1, 24a18-20, cité dans Denat 2010,
p. 44.
[30] (la) William David Ross, Aristotelis Fragmenta selecta,
t. X, Oxford, Oxford University Press, 1955, 160 p.
[63] Denat 2010, p. 47.
[31] (en) William David Ross, « Aristotle’s Select Fragments »,
dans The works of Aristotle translated into English, t. XII,
Oxford, Clarendon Press, 1952.
[32] (it) E. Bignone, L'Aristote perduto e la Formazione di
Epicuro, Florence, 1936.
[33] P.-M. Schuhl (dir.), Aristote. De la richesse, De la prière,
De la noblesse, Du plaisir, De l'éducation, PUF, 1968.
[34] B. Dumoulin, Recherches sur le premier Aristote (Eudème, De la Philosophie, Protreptique, Vrin, 1981, 181
p.
[64] Denat 2010, p. 51.
[65] Smith 2008, p. 17.
[66] Smith 2008, p. 18.
[67] Smith 2008, p. 19.
[68] Denat 2010, p. 52.
[69] Denat 2010, p. 53.
[70] Denat 2010, p. 54.
[35] Morel2003, p. 22.
[71] Topiques, 101a 27-28, 101a34 cité dans Shields 2008, p.
17.
[36] Aubenque 1983, p. 3.
[72] Denat 2010, p. 55.
[37] Aubenque 1983, p. 4.
[73] Denat 2010, p. 58.
[38] Aubenque 1983, p. 6.
[74] Bodnar 2012, p. 2.
[39] Jaeger 1997, p. 123 et suiv.
[75] Denat 2010, p. 59.
[40] Sedeyn 1997, p. XII.
[76] Denat 2010, p. 62.
[41] Aubenque 1983, p. 13.
[77] Parties des animaux, 661b23. Cité par Denat 2010, p. 63.
[42] Aubenque 1983, p. 16.
[78] Shields 2010, p. 3.
[43] Shields 2008, p. 7.
[79] Shields 2010, p. 4.
[44] Shields 2008, p. 9.
[80] Denat 2010, p. 65.
[45] Shields 2008, p. 8.
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14
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de la science politique.
[171] Denat 2010, p. 141.
[208] Denat 2010, p. 158.
[172] Éthique à Nicomaque, I, 1096a
[209] Allan 1970, p. 186.
[173] Éthique à Nicomaque, II, 1103a
[210] Denat 2010, p. 162.
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[175] Denat 2010, p. 150.
[212] Éthique à Nicomaque, VIII, 1155a
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[215] Miller 2012, p. 33.
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[216] Miller 2012, p. 34.
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[219] Politique, 1337a
[183] Mét., ʌ7, 1072a27-30
[220] Politique, 1263b
[184] Denat 2010, p. 146.
[221] Pellegrin 1990, p. 28
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[186] Denat 2010, p. 145.
[223] La Politique, II, 5, 1257a22 (p. 125)
[187] Éthique à Nicomaque, III, 5, 1112b11-16
[224] Pellegrin 2012, p. 566
[188] Denat 2010, p. 147.
[225] Pellegrin 2012, p. 570
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[190] Denat 2010, p. 148.
[227] La Politique, p. 310
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[228] Miller 2012, p. 2.
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[193] Aubenque 2002, p. 132.
[230] Pellegrin 1990, p. 33
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14
NOTES ET RÉFÉRENCES
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[234] Miller 2012, p. 4.
[271] Gallop 1990, p. 18, 458b30-25
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[272] Des rêves, III, §2
[236] Pellegrin 1990, p. 42
[273] Gallop 1990, p. 25
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[274] De la divination dans le sommeil, II, §12 (464b)
[238] Pellegrin 1990, p. 41
[275] Freud 1967, p. 275
[239] Pellegrin 1990, p. 50
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[250] Livre I, Ch. III (p. 34)
[286] Le Goff, p. 19
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[301] Knight 2007, p. 55.
15 Bibliographie
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[302] Knight 2007, p. 56.
[303] Kuhn 2005, 2.
Les éditions anciennes d’Aristote les plus notables sont
celles de :
[304] Kuhn 2005, p. 1.
[305] Knight 2007, p. 61.
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• Opera omnia (en grec). Alde Manuce, Venise
(1495-1498), in-fol. Venise, Alde Manuce. 5 parties
en 7 volumes. Œuvres complètes à l'exception de la
Rhétorique et de la Poétique, publiées par le même
Alde Manuce en 1508 dans un recueil de traités de
rhétorique.
• Sylburg (Francfort, 1585-86), toutes en grec
• Guillaume Duval, (Paris, 1619 et 1654), in-fol.,
grec-latin
• Aristotelis opera, Bekker et Brandis, grec-latin, avec
un choix de commentaires, édition de l’Académie de
Berlin, (Berlin, 1830-1836), 4 vol. in-4. T. I et II : les
deux premiers volumes, qui contiennent les œuvres
d'Aristote, servent de base pour toutes les références
au texte d'Aristote : la pagination et les notations de
colonnes et lignes en sont reproduites dans toutes les
éditions scientifiques. Ces ouvrages sont disponibles
en ligne : Aristotelis opera, tome 1 et tome 2. Les
tomes 3, 4 et 5 contiennent des traductions latines
de la Renaissance et des scholies : Aristotelis opera,
tome 3, tome 4 et tome 5.
• La Collection Didot, (1848-1860). T. IV : Scholia
in Aristotelem, 1836 : extraits de commentaires en
grec. T. V, 1870 : Aristotelis fragmenta(la) Valentin
Rose, « Aristotelis fragmenta ». ; Index aristotelicus
par Hermann Bonitz.
• Commentaires sur Aristote : Commentaria in
Aristotelem Graeca (CAG), édition de l'Académie
de Berlin, 1882-1909, 23 vol. : Alexandre
d'Aphrodise, Ammonios (fils d'Hermias), Jean
Philopon, Thémistios, Simplicios, etc., Walter de
Gruyter, 1891, 919 p.
15.2 Éditions de référence
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Politique, Rhétorique, Poétique, Métaphysique, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade »,
2014 (ISBN 9782070113590, présentation en ligne)
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Texte établi et traduit, Paris, Les belles lettres, 1956
(réimpr. 2002)
• Pierre Pellegrin, Aristote. Les Politiques : Traduction inédite, introduction, bibliographie, notes et index, Flammarion, 1990
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« Bibliothèque des Textes Philosophiques », 1959
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• Liste de concepts de la philosophie aristotélicienne
• Métaphysique
• Rhétorique
• Téléologie
• Théorie aristotélicienne de la causalité
• Temps (philosophie)
• Mouvement (philosophie)
• Espace (philosophie)
• Cause finale
• Distinction entre acte et puissance
• Vérité
42
16
• Noétique
• Socrate
• Platon
• Théophraste
• Symposium Aristotelicum
• Lai d'Aristote
Sur la postérité
VOIR AUSSI
16.2.3 Émissions de radio
• Aristote ou le monde intelligent (Émission Commentaires), France Culture, novembre 2004
• Semaine d'octobre 2012 consacrée à l'Éthique à Nicomaque (Émission Les nouveaux chemins de la
connaissance), France Culture (lire en ligne)
• Semaine de décembre 2014 consacrée à Aristote
(Émission Les nouveaux chemins de la connaissance), France Culture (lire en ligne)
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• Aristote au mont Saint-Michel
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monde (1632)
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16.2
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National Portrait Gallery : NPG 2881
Artiste d’origine : Sir Godfrey Kneller
• Fichier:Socrates_Louvre.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Socrates_Louvre.jpg Licence : CC BY-SA
2.5 Contributeurs : Eric Gaba (User:Sting), July 2005. Artiste d’origine : Copy of Lysippos ( ?)
• Fichier:Spangenberg_-_Schule_des_Aristoteles.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/75/Spangenberg_-_
Schule_des_Aristoteles.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste d’origine : ?
• Fichier:Teofrasto_Orto_botanico_detail.jpg Source :
botanico_detail.jpg Licence : CC BY-SA 2.5 Contributeurs :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/Teofrasto_Orto_
• Teofrasto_Orto_botanico_PA.jpg Artiste d’origine : Teofrasto_Orto_botanico_PA.jpg : tato grasso
• Fichier:The_Young_Cicero_Reading.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4f/The_Young_Cicero_
Reading.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Web Gallery of Art : <a href='http://www.wga.hu/art/f/foppa/y_cicero.jpg' data-xrel='nofollow'><img alt='Inkscape.svg' src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6f/Inkscape.svg/20px-Inkscape.
svg.png' width='20' height='20' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6f/Inkscape.svg/30px-Inkscape.svg.
png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6f/Inkscape.svg/40px-Inkscape.svg.png 2x' data-file-width='60'
data-file-height='60' /></a> Image <a href='http://www.wga.hu/html/f/foppa/y_cicero.html' data-x-rel='nofollow'><img alt='Information
icon.svg'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/35/Information_icon.svg/20px-Information_icon.svg.png'
width='20' height='20' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/35/Information_icon.svg/30px-Information_
icon.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/35/Information_icon.svg/40px-Information_icon.svg.png
2x' data-file-width='620' data-file-height='620' /></a> Info about artwork Artiste d’origine : Vincenzo Foppa
• Fichier:The_taming_of_Bucephalus_by_Andre_Castaigne_(1898-1899).jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/
commons/0/09/The_taming_of_Bucephalus_by_Andre_Castaigne_%281898-1899%29.jpg Licence : Public domain Contributeurs :
Public Domain Artiste d’origine : ?
• Fichier:Theophrastus_Nuremberg_Chronicle.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bb/Theophrastus_
Nuremberg_Chronicle.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.beloit.edu/nuremberg/book/images/People/Classical/ Artiste d’origine : Nuremberg Chronicle
• Fichier:Thomas_Aquinas_in_Stained_Glass.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/Thomas_Aquinas_
in_Stained_Glass.jpg Licence : CC BY-SA 2.0 Contributeurs : Flickr Artiste d’origine : Eddy Van 3000
• Fichier:Vertu.cathedrale.Sens.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d5/Vertu.cathedrale.Sens.png Licence :
Public domain Contributeurs : Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XIe siècle Artiste d’origine : Eugène Viollet le Duc
• Fichier :Титул_перевода.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/%D0%A2%D0%B8%D1%82%D1%
83%D0%BB_%D0%BF%D0%B5%D1%80%D0%B5%D0%B2%D0%BE%D0%B4%D0%B0.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ARISTOTLE ON THE LTHENIAN CONSTITUTION TRANSLATED WITH INTRODUCTION AND NOTES By F. G. KENYON, London, 1891. http://www.archive.org/details/aristotleonathen00arisrich Artiste d’origine : Bells&Sons
46
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17.3
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