Introduction
Il n’est sans doute guère de secteurs ou d’activités qui aient réussi à échapper aux
bouleversements qui ont affecté le travail depuis une vingtaine d’années. Un des constats
les plus frappants, si l’on avait la capacité de remonter le temps, serait la place qu’a
acquise la micro-informatique : celle-ci a pénétré la plupart des espaces de travail et peu
d’emplois y échappent désormais. Combien de salariés ont dorénavant l’occasion de
« pianoter » sur un ordinateur alors que cela aurait semblé peu concevable il y a de cela
une génération ? D’autres phénomènes sont moins immédiatement décelables mais
reviennent fréquemment chaque fois que l’on demande à des salariés de faire le bilan des
évolutions qu’ils ont connues : parmi eux, le rythme de l’activité, perçu comme plus
soutenu, les exigences attendues par les employeurs pour la détention de tout type de
poste, etc. Cela sans compter les incessantes réorganisations du périmètre des entreprises
et des activités dans lesquelles ces changements ont pris place, les modifications de la
stratégie des entreprises au regard desquelles les employeurs définissent les objectifs du
travail de chacun, ou encore les transformations des conditions d’emploi.
Dans ce cadre, les services sont devenus l’objet d’un intérêt croissant de la part des
chercheurs. D’une part, ces secteurs occupent, dans les pays industrialisés, entre les deux
tiers et les trois quarts de la population active ; d’autre part, leurs évolutions semblent
préfigurer l’avenir des autres secteurs. Cela recouvre, pour le pire, le contrôle accru du
travail, la pression du client, etc., et, pour le meilleur, la possibilité de nouvelles logiques
de recherche de performance, les espaces d’autonomie envisageables, etc. Vérifiées ou
pas, ces tendances interrogent de plus en plus de chercheurs, qui portent leur attention sur
la « relation de service » (Ulmann, dir., 1998 ; Fougeyrollas-Schwebel, coord., 2000 ;
Hubault, coord., 2002). Celle-ci désigne la relation mettant en contact le salarié et la
personne à qui est destinée la prestation, avec l’idée que ce phénomène tend à s’étendre –
même sous des formes affaiblies – à de nombreux secteurs, notamment industriels.
Si ces constats ont quelque fondement, cela signifie qu’ils doivent déboucher sur des
renouvellements des problématiques. En quoi un regard centré sur la relation de service
est-il de nature à modifier l’analyse des transformations en cours, de leurs enjeux, de
leurs issues possibles ? Quelles nouvelles questions est-on amené à se poser ? Comment
les constats accumulés et les hypothèses formulées depuis plusieurs années peuvent-ils
être reformulés dans une logique prospective ? Le rapport présenté ici correspond au