Texte à paraitre dans l’ouvrage « Le comité d’entreprise dans l’évolution de la représentation
collective des salariés »
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1.2 Montants du budget des ASC : le « grand flou », entre 2 et 14 milliards d’euros !
Selon Officiel CE environ les ¾ des CE recevraient une dotation « activités sociales et culturelles »
. Mais la
question économiquement cruciale est celle du montant du budget. Les seules informations rigoureuses sur ce
point datent de l’enquête DARES de 2004. La dotation ASC représentait alors en France 0,84 % de la masse
salariale, moyenne masquant de très fortes disparités :
- 9% des comités d’entreprise interrogés n’avaient rien perçu ou rien déclaré,
- 29 % des comités d’entreprise avaient perçu moins de 0.5 % de la masse salariale,
- 25 % des comités d’entreprise avaient perçu entre 0.5% et 1% de la masse salariale,
- 23% des comités d’entreprise avaient perçu de 1% à 1.5% de la masse salariale,
- 14% des comités d’entreprise avaient perçu plus de 1.5% de la masse salariale.
Faute de données nationales consolidées plus récentes sur les ressources des comités d’entreprise, les diverses
études existantes proposent des chiffres qui vont presque du simple au triple : 0,5% de la masse salariale
(Plateforme CE), 1,1% (Officiel CE), 1,4% (Atout France). Ces études soulignent également les très fortes
disparités de dotations entre CE, allant de 0,1% à 5 % de la masse salariale, en lien notamment avec la taille de
l’entreprise
. Atout France ajoute que ces inégalités sont aussi liées à l’ancienneté du CE (dotation de 1,6% dans
les CE créés avant 1980 contre 1,2% pour les CE créés après 2000), au secteur d’activité (par exemple 0,4%
dans les transports routiers, 1,25% pour les établissements hospitaliers privés non lucratifs)
et qu’en moyenne
les CAS et les COS bénéficient d’une subvention plus faible (autour de 0,4% de la masse salariale) que les CE
(1,5%). Sur la base de ces pourcentages, les dotations ASC des CE représenteraient aujourd’hui au total entre 2,5
milliards d’euros (estimation basse pour l’année 2009 par le Sénat
) à 4 milliards d’euros (Atout France), soit des
chiffres de 230 à 380 € en moyenne par salarié concerné. Avec là encore de fortes inégalités : pour un quart des
CE, la dotation par salarié serait inférieure à 100€ alors que pour 20% elle serait supérieure à 400€ (Officiel
CE) ; elle serait en moyenne de 330€ pour les entreprises de moins de 200 salariés et de 570€ pour les entreprises
de plus de 500 salariés (Atout France)
Mais la dotation ASC n’est pas le seul constituant des dépenses générées par les CE. Il faut également prendre en
compte la participation financière des salariés aux différentes activités. Les estimations conduisent à penser que
le budget général des CE serait de l’ordre de 8 milliards d’euros (hors chiffre d’affaires des ventes aux salariés -
Officiel CE) à 14 milliards d’euros (Salons CE).
Economiquement, il est intéressant de comparer ces derniers chiffres aux données INSEE de dépenses de
consommation des Français. Un budget induit global des CE (avec la participation des salariés) de 11 milliards
Rappelons que contrairement au budget de fonctionnement réglementairement obligatoire et fixé à 0,2% de la
masse salariale brute, la subvention aux ASC n’est pas obligatoire et est négociée entre l’employeur et les
organisations syndicales.
Parmi les CE disposant de budgets ASC élevés, il y a notamment les grandes entreprises publiques comme la
RATP (2,8% de la masse salariale), la SNCF (1,7%), la Banque de France (2,5%), France Telecom (3,7%), Air
France (3%), la CCAS des industries électriques et gazières (1% du chiffre d’affaire). Mais les dotations les plus
élevés semblent être celles de l’aéronautique (Dassault, Airbus…) et des banques autour de 5% de la masse
salariale. Là encore ces données restent très fragiles car reprises en boucle dans les journaux et sur le net, sans
que la source de l’information soit toujours précisée.
Le CNT relève qu’environ 40% des conventions collectives nationales intègrent un accord de budget minimum
que l’employeur doit verser au CE.
A titre de comparaison, les estimations concernant les dotations de fonctionnement vont de 300 à 450 millions
d’euros. (Rapport n°14 de la commission des affaires sociales du Sénat sur la proposition de loi visant à établir
un contrôle des comptes des comités d'entreprises et sur la proposition de loi relative à la gestion des comités
d’entreprises, par Mme Catherine PROCACCIA, octobre 2013).