Concile Vatican II Réflexion - Conférence Episcopale Centrafricaine

CONFERENCE EPISCOPALE CENTRAFRICAINE
COMMISSION EPISCOPALE POUR LA CULTURE
Pour le Cinquantenaire de
l’Ouverture du Concile Vatican II
(Octobre 1962 – Octobre 2012)
- Pistes de réflexions -
Abbé Serge – Hubert BANGUI
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Mot de son Excellence Monseigneur Edouard MATHOS,
Evêque de Bambari et Président de la CECA
Le Concile Vatican II a été un évènement extraordinaire pour le monde, déjà très relayé à
l’époque par des medias.
« Le Concile Vatican II est sans doute l’évènement le plus important de l’histoire du XX°
siècle », s’exclamait le général de Gaulle.
Pour l’Eglise, ce fut une période d’effervescence inouïe, de grande espérance et de renouveau.
2400 évêques du monde entier, réunis de 1962 à 1965 au cours des quatre sessions, ont travaillé
de concert et donné un ensemble de textes qui, aujourd’hui, n’ont en rien perdu de leur actualité.
La mise en œuvre d’un concile a toujours nécessité, au cours de l’histoire de l’Eglise, un certain
temps. Si ces dernières décennies, l’influence du Concile s’est faite fortement sentir, n’en
concluons pas trop vite que maintenant elle serait obsolète. Nous n’avons certainement pas fini
de récolter les fruits de ce concile. Le Pape Jean Paul II affirmait : « Le Concile est une
boussole qui permet de s’orienter dans le vaste océan du troisième millénaire ». Quant au
pape Benoît XVI, dans un célèbre discours à la curie en cembre 2005, il n’hésitait pas à
remarquer : « Aujourd’hui nous pouvons tourner notre regard avec gratitude vers le Concile Vatican II ; si nous
le lisons et que nous l’accueillions par une juste interprétation, il peut être et devenir toujours plus une grande force
pour le renouveau toujours nécessaire de l’Eglise ».
Depuis près de cinquante ans, une tâche considérable a déjà été accomplie pour recevoir
l’enseignement de Vatican II. Cependant, beaucoup de fidèles n’ont pas connu la période qui a
précédé le Concile, tout simplement car ils n’étaient pas encore nés. En outre, des changements
immenses ont eu lieu dans la société civile depuis la fin du Concile aussi bien au plan politique,
social, économique que culturel. Il est donc indispensable de se plonger dans les textes afin de les
connaître et de les appliquer aujourd’hui dans l’esprit de renouveau évangélique qui a animé les
Pères conciliaires.
L’Eglise, c’est-à-dire, autant chaque baptisé-confirmé que nos communautés et nos mouvements,
est appelée sans cesse à être cette épouse du Christ rayonnante de sa sainteté. Plus que jamais, la
nouvelle évangélisation suppose d’aimer nos contemporains pour dialoguer avec chacun, sans
perdre notre saveur évangélique en étant capable de rendre compte de notre foi avec une douce
bienveillance et la force de la vérité.
Avec insistance, j’invite toutes nos communautés à se mettre au travail afin de s’approprier le
contenu de ces pages. Dans la docilité à l’Esprit Saint, notre Eglise doit trouver nourriture et
encouragement dans cet enseignement. Il nous permettra de mieux témoigner de notre joie de
croire et d’annoncer explicitement par la parole et par les actes la Bonne Nouvelle du Ressuscité.
Nous exprimons toute notre gratitude à l’Abbé Serge-Hubert BANGUI, secrétaire de la
commission épiscopale pour la culture de nous avoir proposés ce précieux outil de travail.
Bonne lecture et heureuses réflexions aussi bien à titre personnel que communautaire, dans l’élan
donné par nos aînés, les Pères du Concile.
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Pour éclairer votre lecture
Les 16 documents conciliaires
En quatre sessions réparties sur quatre ans,
le concile Vatican II a produit seize documents :
- Quatre Constitutions, (une constitution est un document dogmatique ayant valeur doctrinale
ferme et permanente.) :
La Révélation divine – Dei Verbum (DV)
La Sainte Liturgie – Sacrosanctum Concilium (SC)
L’Eglise – Lumen Gentium (LG)
L’Eglise dans le monde de ce temps – Gaudium et Spes (GS)
- Neuf décrets, (un décret est un ensemble de décisions ayant une portée pratique, pastorale et
disciplinaire, pour notre temps) :
L’activité missionnaire de l’Eglise – Ad Gentes (AG)
La charge pastorale des évêques – Christus Dominus (CD)
Le ministère et la vie des prêtres – Presbyterorum Ordinis (PO)
La formation des prêtres – Optatam Totius (OT)
L’apostolat des laïcs – Apostolicam Actuositatem (AA)
Le renouveau de la vie religieuse – Perfectae Caritatis (PC)
L’Œcuménisme – Unitatis Redintegratio (UR)
Les Eglises Orientales Catholiques – Orientalium Ecclesiarum (OE)
Les moyens de communication sociale – Inter Mirifica (IM)
- Trois Déclarations, (une déclaration se hasarde dans un chemin plus neuf et donne des
orientations, c’est-à-dire des pistes de réflexion et de comportement dans l’état actuel du monde
et de la recherche).
L’éducation chrétienne – Gravissimum educationis momentum (GE)
Les relations avec les religions non chrétiennes – Nostra Aetate (NA)
La liberté religieuse – Dignitatis humanae (DH)
Ces seize documents de Vatican II ont été esquissés, discutés, amendés et finalement
votés à la quasi-unanimité par près de 2400 Pères conciliaires.
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Première Partie :
Le Contexte Global du Concile Vatican II
- Vatican II, le Concile du Renouveau -
I - Pourquoi ce Concile ?
Le 27 janvier 1959, en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en la te de la
conversion de saint Paul, le journal du Saint-Siège « l’Osservatore Romano » publie une allocution
du pape Jean XXIII prononcée en l’Eglise Saint Paul-Hors-les-Murs. En quelques lignes, le pape
annonce trois évènements d’importance : un synode diocésain pour Rome, la mise à jour
du droit de l’Eglise et la réunion d’un concile œcuménique pour l’Eglise Universelle. Par
un décret daté du 3 février 1962, le pape convoque le concile pour le 11 octobre de la
même année.
Dans son discours d’ouverture, le pape dégage les lignes de force du futur concile : - présenter à
tous les hommes la doctrine catholique dans son intégralité et dans un langage qui réponde aux
exigences de l’époque ;
- faire grandir l’unité de la famille chrétienne et humaine ;
- lutter contre « l’attrait excessif – déjà ! – pour les biens matériels.
Dans une période historique marquée par de fortes turbulences, le Concile, par la voix du Pape,
entend répondre aux défis posés par la société contemporaine, défis auxquels le Concile Vatican
I, interrompu brutalement par la guerre de 1870, n’avait pu répondre.
A – Des Changements considérables
Depuis le XIX° siècle, le monde connaît des changements considérables. Dans toutes les couches
sociales, nombreux sont ceux qui croient en la marche continue du progrès. Paradoxalement, les
deux guerres mondiales ont permis à la civilisation occidentale d’asseoir son emprise sur le
monde. Ce n’est pas sans risques car la division du monde en deux blocs antagonistes, ceux de
l’Est et de l’Ouest, fait courir à la planète un risque nucléaire.
Peu à peu, l’essor fulgurant des transports et des moyens de communication réduit les distances.
Un extraordinaire brassage d’hommes, d’idées et de modes parcourt la planète ; et avec lui l’idée
de liberté, comme le rappellent les nombreux peuples qui gagnent leur indépendance avec la
décolonisation. Un monde et un esprit nouveau émergent.
Comment l’Eglise pourrait-elle échapper à ce bouleversement planétaire ? L’invitation à un
concile œcuménique, c’est-à-dire universel, avec des évêques venant en nombre du monde entier,
constitue un signe fort : l’Eglise n’est pas sourde aux appels du monde. Elle entend aussi
prendre la parole dans ce monde, car elle a un message pacifique à lui délivrer. Qu’un tiers des
évêques présents à Rome vienne du Tiers-Monde constitue un signe fort de changement.
B – Eglise et Société, le temps des fractures
L’époque des Lumières au XVIII° siècle et la Révolution de 1789 avaient marqué l’avènement de
temps nouveaux : l’émergence de la liberté individuelle et de la liberté de conscience comme
acteurs majeurs. Des changements fondamentaux se préparaient, comme la séparation de l’Eglise
et de l’Etat, la Déclaration des Droits de l’Homme, la liberté de conscience et le libre exercice du
culte. Le pouvoir monarchique n’était plus au service de l’Eglise Catholique. En Europe, peuples
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et nations entendent grandir hors de toute allégeance religieuse. Dans le monde, le succès des
missions chrétiennes ne parvient pas à camoufler l’ignorance du Christ partagée par de nombreux
peuples et cultures. Le christianisme cesse de se confondre avec la civilisation occidentale et bien
des chrétiens, étonnés, découvrent que l’on peut ne pas croire et avoir cependant une morale.
En quelques décennies, la société change plus profondément que durant des siècles. Dans le
même temps, l’Eglise Catholique en reste pour l’essentiel au programme élaboré durant la
Contre-Réforme (seconde moitié du XVI° siècle). C’est là qu’il faut chercher l’origine première de
l’appel au Concile Vatican II : le fossé qui se creuse entre l’Eglise et le monde environnant
est tel que le dialogue entre les deux devient difficile.
D’un côté, une Eglise Catholique héritière d’une civilisation de nature traditionnelle, paroissiale et
rurale. De l’autre, une société industrielle et scientifique, désireuse d’expliquer rationnellement le
monde.
« Dieu est mort ! »
Clame le philosophe Nietzsche. « Nous avons éteint dans le ciel des
lumières qu’on ne rallumera plus », lance René Viviani, futur Président du Conseil de la Troisième
République française, au moment des querelles liées à la séparation des Eglises et de l’Etat (1905).
Tandis que l’histoire s’accélère, l’Eglise continue de véhiculer une tradition de moins en moins en
phase avec la vie du monde. Elle arrive parfois avec succès à résister à ce mouvement de fond : la
naissance du scoutisme, l’apparition du christianisme social, la fondation des mouvements de laïcs
comme l’Action catholique de la jeunesse française e, 1886, sont autant de signes de l’empreinte
vivante du christianisme. Mais ces résistances n’entravent pas le mouvement de fond : la
civilisation rurale, vivier traditionnel du catholicisme, s’épuise.
C – L’émergence d’un mouvement d’émancipation.
Il est intéressant de constater que ce mouvement d’émancipation appelé « modernité » prend
naissance dans un monde majoritairement chrétien, mais que les autorités ecclésiastiques ont du
mal à comprendre la légitimité de telles aspirations. Tandis qu’une Eglise hiérarchisée,
dogmatique, se resserre autour du pape, on constate les prémices d’un renouveau à la fois
pastoral, biblique (Ecole de Jérusalem) et liturgique. Après la seconde Guerre Mondiale, alors que
l’Occident entame une croissance cette tension devient insupportable.
Le pape Jean XXIII tire le constat de cette fracture en convoquant les évêques du monde entier.
Signe des temps, alors que le précédent concile, celui de Vatican I en 1870 n’avait réuni que 700
évêques pratiquement tous européens, Jean XXIII rassemble quelques 2400 évêques, parmi ceux-
ci, les Européens n’ont plus la majorité.
Le discours d’ouverture prononcé par le pape est significatif d’une Eglise et d’un monde certes
anxieux et divisés, mais également mus par un optimisme foncier.
« Le Concile qui vient de
s’ouvrir
, déclare le ‘’ bon pape Jean ’’,
est comme une aurore resplendissante qui se lève sur
l’Eglise, et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur.
»
Au fond, la convocation du concile entend faire œuvre d’évangélisation en adaptant l’Eglise aux
réalités de son époque.
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