
Chapitre 1. Annonce d’un diagnostic grave
6
malade ou de ses proches. Il est en revanche à notre portée de préciser si une guérison peut
être raisonnablement envisagée ou non, quelles sont les complications ou séquelles
prévisibles, les avantages escomptés ou les effets indésirables des traitements proposés.
5. Caractéristiques du processus de deuil.
La prise de conscience d’une perte significative déclenche un processus de deuil. C’est même
à cela que l’on reconnaît qu’un diagnostic grave a été annoncé et c’est cela que l’on peut
accompagner et soutenir ; il est donc justifié de connaître les caractéristiques de ce processus
pour éviter de se comporter de « manière inappropriée » (réaction à la révolte par
l’agressivité…). Elisabeth Kubler-Ross a observé les « phases » de ce travail de deuil chez des
malades atteints de maladies mortelles incurables : schématiquement la sidération, le
déni/révolte, le marchandage, la dépression, l’acceptation/résignation.
Qu’il s’agisse de maladies « graves » curables ou incurables, le deuil est un processus de
réajustement de nature à faciliter (ou contrarier) l’intégration de la démarche thérapeutique
conseillée par le médecin. Il permet de plus au patient de tirer le meilleur parti de sa vie
modifiée par la maladie, et c’est un point fondamental dans l’accompagnement.
6. L’annonce comme acte médical.
L’annonce du diagnostic grave est un acte de communication, un partage d’informations dont le
malade et ses proches ont besoin. Mais pas n’importe quel acte : un acte médical . Comme tout
acte médical, il suppose une intention thérapeutique de la part du médecin, et l’accord du
patient (dans des limites reconnues). De plus l’annonce est en principe un acte thérapeutique :
sans annonce du diagnostic, une prise en charge éclairée et un accompagnement ne sont pas
possibles. C’est le fondement même du principe de consentement éclairé et le premier maillon
de la prise en charge.
« RESPECTER LES DESIRS DU PATIENT » : A QUI DIRE LE
DIAGNOSTIC ?
1. Au patient.
Dans notre civilisation occidentale, le malade est prioritaire pour recevoir l’information, la
demander ou la refuser. Toutefois la culture module l’annonce au malade.
2. A ses proches ou en présence de ses proches ?
L’annonce en présence des proches (avec l’accord du patient) est une solution souvent
adoptée. La personne de confiance désignée par le patient est autorisée à connaître le
diagnostic et le pronostic, du vivant du patient et pour prendre les décisions éventuellement en
son nom. Après la mort, seuls les ayants droit ont connaissance du diagnostic, si le patient ne
s’y est pas opposé de son vivant.
3. A l’équipe de soins et autres intervenants (avec l’accord du patient), car le médecin
travaille actuellement dans le cadre d’une équipe ou d’un réseau pluriprofessionnel. Cette
communication permet s’assurer la continuité, la cohérence et le sens des soins.