–La ponction cytologique a un intérêt réduit. L’aspect écho-
clinique est en général suffisamment évocateur. La ponction à
l’aiguille peut être utile pour vider un kyste, mais son rôle n’est pas
bien défini puisqu’il y a peu de lésions restant ambiguës après
un examen échographique à haute fréquence. Vetto a montré
que, lors d’antécédents familiaux ou en cas de doute, le triplet
diagnostique modifié (examen clinique, échographie mammaire
à la place de la mammographie et ponction cytologique) a, chez
l’adolescente et la jeune femme, une valeur prédictive négative
de cancer de 100 % quand tous ces éléments sont bénins et
concordants (3). Mais il faut savoir aussi que, chez les femmes
de moins de 30 ans, le taux de faux positifs de la ponction à
l’aiguille fine est plus élevé (4).
– La microbiopsie n’a pas été évaluée chez la très jeune femme.
La microbiopsie d’un nodule a priori bénin semble devoir être
évitée pour plusieurs raisons : s’il s’agit d’une masse volumi-
neuse ou d’un placard évoquant une papillomatose, l’exérèse
sera nécessaire et le geste interventionnel alors redondant ; le
diagnostic différentiel entre adénofibrome et phyllode n’est pas
possible sur une carotte de microbiopsie, la cellularité du stroma
étant difficile à apprécier sur un petit échantillon, et ce d’autant
qu’à cet âge les adénofibromes sont richement cellulaires. De
plus, ce geste paraît invasif et anxiogène chez une jeune fille. La
microbiopsie sera réservée aux cas exceptionnels de discordance
clinique et échographique : ainsi, les localisations de lymphomes
ont une présentation clinique orientant plutôt vers la bénignité,
alors que les signes échographiques sont plus ambigus.
– L’IRM ne permet pas la caractérisation d’une masse et n’a pas
d’indication sauf cas exceptionnel (appréciation de l’étendue et
des rapports d’une volumineuse tumeur, suivie d’une aénofibro-
matose dans des protocoles thérapeutiques).
CONDUITE DU DIAGNOSTIC EN PRATIQUE QUOTIDIENNE
Devant une mastodynie isolée
Devant une douleur mammaire, l’American College of Surgeons
recommande un examen clinique et une mammographie, sauf
chez les femmes de moins de 30-35 ans (en dehors de facteurs
de risque), et prônent l’échographie en première intention (5). On
peut discuter l’intérêt d’une échographie chez une très jeune fille.
Elle sera probablement normale, montrant un cône conjonctivo-
glandulaire hypoéchogène, occupant tout l’espace entre la peau
et le muscle pectoral. Pourquoi la pratiquer ? On a montré que
le “traitement” le plus efficace contre les douleurs mammaires
est l’exclusion d’une maladie sérieuse, la réassurance de l’image
corporelle et l’explication des douleurs ; on note alors une amé-
lioration ou une disparition des douleurs dans 85 % des cas. En
pratique, il faut reconnaître que l’échographie permet de rassurer
complètement la patiente et le médecin. C’est également ce qui
ressortait d’une enquête de A. Le Treut auprès de 195 généra-
listes ; 21,5 % des médecins interrogés prescrivaient un examen
radiologique chez les jeunes femmes de moins de 25 ans
présentant des mastodynies, “la sécurité de l’image apaisant
l’anxiété”, mais cette attitude ne doit pas devenir une règle (6).
Au moment de la puberté, la poussée du bourgeon mammaire
(stade S2 de Tanner) peut être responsable de mastodynie rétro-
aréolaire, et on palpe un nodule en arrière de l’aréole. L’examen
clinique est en général suffisant, mais, là encore, l’échographie
(figure 1) peut être prescrite dans un but de réassurance, jouant
le rôle du “miroir” qui fait prendre conscience à la fillette du
développement de sa poitrine.
Devant une asymétrie mammaire
Une petite différence de volume au cours du développement de
la poitrine est habituelle et en général s’estompe au stade S5 de
Tanner (sein adulte). Le sein le plus développé, tendu, peut être le
siège de mastodynies. Le recours à l’échographie est en général
inutile et ne doit être envisagé que pour calmer une inquiétude
trop vive.
Devant une hypertrophie mammaire
Lors d’hypertrophie juvénile (dans la période péripubertaire) ou
constitutionnelle (plus tardive), les seins sont fermes, sans masse
palpable compte tenu des limites de l’examen clinique dans les
glandes volumineuses. La mammographie standard est peu utile,
les glandes étant impénétrables ; l’échographie connaît des limites
étant donné la taille des seins. La mammographie numérisée et
l’imagerie par résonance magnétique nucléaire peuvent être
intéressantes pour éliminer un processus tumoral sous-jacent
(notamment un hamartome lorsque l’hypertrophie est asymétrique).
Devant un nodule palpable rétroaréolaire
L’échographie va permettre de trancher sur son caractère solide
ou liquidien. S’il apparaît transsonique pur ou avec un niveau
correspondant à des liquides de phases différentes, on évoquera
un kyste rétroaréolaire (figure 2). On examinera systématique-
ment le côté controlatéral à la recherche d’un kyste asympto-
matique. La ponction à titre diagnostique est inutile.
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La Lettre du Sénologue - n° 20 - avril/mai/juin 2003
Figure 1. 12 ans. Mastodynies droites. Échographie: bourgeon mammaire.
Figure 2. 15 ans. Nodule rétroaréolaire droit sensible. Échographie :
kyste présentant une image de niveau.