Une industrie wallonne compétitive et durable

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Une industrie
wallonne
compétitive
et durable
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
» UNE INDUSTRIE WALLONNE COMPÉTITIVE ET DURABLE
» SYNTHÈSE
» Introduction
» Etude n° 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
» Etude n° 2 | La politique industrielle de l’Union européenne
» Etude n° 3 | La politique industrielle wallonne
» Etude n° 4 | L’industrie wallonne : des réponses aux défis sociétaux
» MONOGRAPHIES SECTORIELLES
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Synthèse
Synthèse
Sur le chemin d’une industrie
wallonne compétitive et durable
Depuis quelques années, l’industrie a retrouvé un avenir. Mal considérée sur les 30
dernières années du 20e siècle – polluante, exploitante, créant des besoins inutiles
et la surconsommation - l’industrie retrouve du crédit dans la réflexion économique
et auprès des décideurs politiques.
Pour deux raisons, la première étant économique. Quoi qu’on ait pu penser de
son déclin dans les années 70 et 80, l’industrie reste bel et bien le poumon d’une
économie : ses produits restent majoritaires dans l’ensemble des exportations d’un
pays ou d’une région, permettant dès lors les importations à dû montant ; elle
est le principal vivier des avancées technologiques, qui, par après, se diffusent à
l’ensemble de l’économie ; elle génère un grand nombre d’emplois dans les services
qui lui sont directement liés ; elle est source de très importants gains de productivité
qui élèvent le niveau de vie de l’ensemble de la population.
La seconde raison est sociétale. L’industrie va contribuer de manière sans doute
décisive aux solutions demandées par les défis sociétaux auxquels l’humanité et la
planète doivent faire face actuellement, notamment le réchauffement climatique,
la raréfaction des énergies fossiles et de certaines matières premières non
renouvelables, la santé et le vieillissement des populations. De la conception et la
construction des capacités de production des énergies renouvelables à la production
de matériaux renouvelables ou biodégradables en passant par les médicaments ou
les moyens de transports propres, l’industrie sera au centre des métamorphoses que
connaîtrons notre manière de vivre dans les décennies prochaines.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
C’est donc à de nouveaux besoins énormes et sur un marché mondialisé que
les entreprises industrielles vont pouvoir répondre. Pour les pays de longue
tradition industrielle, qui donc possèdent une expérience et un savoir-faire dans
l’organisation d’une économie autour de l’industrie, l’occasion de retrouver une
nouvelle vitalité est grande, pourvu que la base industrielle soit encore solide et
que cette dernière ait déjà entamé sa mutation vers les produits d’avenir, basés
sur le savoir et l’innovation. A l’inverse, les pays ou régions qui manqueront cette
opportunité historique risquent de plonger et d’être enfermés dans un sousdéveloppement à la marge de la course du monde, avec d’évidentes conséquences
sur le niveau de vie de leur population.
Dans ce contexte à la fois exaltant, exigeant et inquiétant, comment se situe et
évolue l’industrie wallonne ? C’est à cette question fondamentale que les études
rassemblées dans ce document vont tenter de donner des pistes de réponses. Des
pistes simplement tant ces interrogations vitales pour le bien-être de la population
de la région portent sur le fondement même de l’organisation économique et la
politique économique régionale.
En synthèse, l’industrie wallonne, après les dramatiques restructurations des années
80, a progressivement retrouvé une certaine vigueur et compétitivité. Cependant, la
partie est loin d’être gagnée. S’il existe les fondations nécessaires pour reconstruire
une industrie wallonne durable et génératrice de richesses pour l’ensemble de
l’économie, un long chemin reste cependant à parcourir pour la positionner de
manière significative sur les marchés porteurs, tant sectoriels que géographiques.
La capacité industrielle de la Wallonie est toujours trop étroite : la production
industrielle par habitant de la Wallonie est deux fois moindre que celle des pays
fortement industrialisés d’Europe.
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Synthèse
On ne peut cependant pas parler d’une désindustrialisation de la région. En effet,
en termes réels, la part de la production industrielle dans le total de l’économie
wallonne est restée stable. Mieux, après les terribles restructurations qui ont pris
fin au milieu des années 1990, la part industrielle dans l’économie a de nouveau
augmenté. Bien sûr, en termes d’emplois, la désindustrialisation est patente. Plus de
la moitié des emplois industriels ont été perdus en 30 ans. Mais cette diminution est
pour partie due à l’externalisation de beaucoup de services de la filière industrielle.
En plus de ces emplois « transférés » au secteur des services, l’industrie génère de
nombreux postes de travail indirects.
Au rayon des constats positifs, les gains de productivité ont été substantiels durant
les 20 dernières années, principalement en raison d’importants investissements,
tandis que les coûts salariaux ont progressivement retrouvé une trajectoire de
croissance plus en phase avec la productivité du travail. Dès lors, la compétitivité
de l’industrie wallonne s’est globalement améliorée. Mais, comme la plupart des
indicateurs passés sous revues dans les études de ce document, cette amélioration
de la compétitivité est encore insuffisante pour placer l’industrie wallonne en
bonne place face à la concurrence mondiale.
L’évolution de la spécialisation sectorielle de l’industrie wallonne va aussi dans
le bon sens mais à un rythme trop lent. Il est indiscutablement de bonne augure
que les secteurs pharmaceutique et de biotechnologie aient connu une rapide
expansion au point d’occuper la première place des secteurs industriels, mais il est
par contre regrettable que d’autres secteurs, à l’avenir prometteur sur les marchés
émergents comme celui des machines-outils ou de l’électronique, ne se soient pas
plus développés.
Si on considère les investissements en R&D, là aussi l’image globale est plutôt
encourageante, puisqu’ils ont augmenté de près de 50% entre 2002 et 2007.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
La décomposition sectorielle et par taille d’entreprises montrent cependant que
cette augmentation trouve son origine dans deux ou trois grandes entreprises d’un
seul secteur, la pharmacie. Au contraire, les dépenses R&D des moyennes et petites
entreprises ont peu ou pas augmenté durant cette période.
L’analyse de l’évolution des exportations renvoie la même image globalement
bonne mais plus préoccupante quand on la détaille. Les exportations ont
fortement progressé durant les 10 dernières années, mais leur niveau reste
néanmoins encore trop bas. En outre, elles sont beaucoup trop peu orientées vers
les marchés d’avenir des principaux pays émergents.
Et pourtant le tissu des entreprises industrielles actives en Wallonie montre,
par de très nombreux exemples de grandes et petites entreprises, qu’il s’ancre
progressivement dans les domaines technologiques et les secteurs qui seront
appelés à jouer un grand rôle dans l’économie mondiale des vingt ou trente
prochaines années (voir étude n°4).
Mais, comme souvent en Wallonie, cette mutation est trop lente et avec une ampleur
insuffisante. Il faut de l’ambition, plus d’ambition et plus d’exigence. Le Plan Marshall
constitue une bonne base pour une politique industrielle efficace. Mais il faut aller
plus vite et voir plus grand. La conclusion de ces études sur l’industrie propose 20
recommandations pour accélérer la régénérescence du tissu industriel wallon. C’est
essentiellement sur l’innovation et les exportations que les efforts doivent porter. Il faut
pousser nos entreprises à innover plus et à augmenter les transferts de technologies
venant des unités de recherche ou d’autres entreprises. De même, il faut accompagner
les entreprises pour les inciter à exporter plus vite et plus loin.
Ces recommandations ne concernent pas seulement les pouvoirs publics. Si ces
derniers peuvent créer les conditions favorables, c’est aux entrepreneurs et aux salariés
des entreprises industrielles de se mobiliser pour que l’industrie wallonne retrouve le
rayonnement international qui était le sien jusqu’au milieu du 20e siècle. ||
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Introduction
L’importance de l’industrie
dans une économie moderne
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
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Introduc tion
Introduction
L’importance de l’industrie
dans une économie moderne
Depuis quelques temps, l’industrie fait son retour à l’avant-plan du débat économique. Loin des
courants de pensée qui ont dominé les années 90 et 80, mettre l’industrie au cœur du processus de
développement économique fait aujourd’hui la quasi-unanimité. Car il est grand temps de réagir. Au
cours des dernières décennies, de nombreux pays européens ont vu leur industrie perdre en importance.
Nous verrons que ces situations pourraient être lourdes de conséquences, ce qui contribue aujourd’hui
à pousser les autorités européennes à mener des plans de relance industrielle ambitieux.
Mais qu’entend-on par industrie ? Suivant la définition donnée par le Bureau fédéral du Plan(1),
l’industrie regroupe l’ensemble des branches qui fabriquent des biens matériels, pouvant être
stockés, transportés et consommés à un endroit autre que celui du lieu de production.
Comme nous le verrons dans la suite de cette introduction, cette définition traditionnelle tend à devenir
obsolète au fur et à mesure que la frontière entre services et industrie s’estompe. En effet, des services,
comme les logiciels, peuvent aujourd’hui être produits à un endroit puis transportés et consommés dans
un autre. D’autres activités de services voient quant à elles leur existence intiment liée à la production de
biens manufacturés, comme certains services de marketing, de logistique ou de commerce.
À la fin du siècle dernier, la pensée dominante voyait la désindustrialisation des économies
développées comme un phénomène naturel. Comment la théorie économique était-elle arrivée
à une telle conclusion ?
La désindustrialisation des années 80 et 90
Les restructurations importantes qu’ont connues les industries occidentales dans les années 70 et
80, suite aux crises pétrolières, ont effectivement donné l’impression que la désindustrialisation
était un phénomène inéluctable.
Cependant, la globalisation des échanges commerciaux a également joué un rôle clé dans le
processus de désindustrialisation et contribué à renforcer le courant de pensées dominant. En
effet, avec le phénomène de mondialisation qui a caractérisé la fin du siècle dernier, les entreprises
occidentales ont été subitement confrontées à une forte concurrence en provenance de pays
étrangers, en particulier des pays à faibles coûts de production.
Dans ce contexte, pour qu’une entreprise puisse rester compétitive, deux options classiques sont
envisageables : proposer des produits moins chers que ses concurrents ou s’orienter vers une
montée en gamme des produits afin de réduire cette concurrence. Les entreprises qui choisissent
la première option devront forcément diminuer leurs coûts afin de pouvoir conserver leurs
marges. Pour ce faire, délocaliser la production dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché
représente une des premières options envisageables.
(1) BUREAU FÉDÉRAL DU PLAN (2004), L’industrie a-t-elle un avenir en Belgique ? Working Paper 10-04, Bruxelles.
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Edition 2011
Celle-ci a été notamment utilisée par une partie de l’industrie automobile française. La solution
de la montée en gamme ne nécessite pas la même diminution des coûts de production car les
ventes de ces produits sont moins conditionnées par les prix. L’industrie automobile allemande
s’est par exemple orientée dans cette direction. Cette option nécessite par contre de lourds
investissements en R&D et dans le secteur éducatif en général.
Un autre phénomène ayant conduit à une diminution de la place de l’industrie dans les économies
modernes est celui de l’externalisation. En effet, de nombreuses entreprises industrielles
externalisent aujourd’hui des activités qui étaient autrefois effectuées en interne, comme le
marketing, le nettoyage, la gestion du personnel et des systèmes informatiques ou la comptabilité.
Cette tendance conduit mécaniquement à une part croissante des services dans l’économie, bien
que ces derniers soient intimement liés au secteur industriel.
Divers autres facteurs ont également contribué au déclin industriel, comme l’absence de vision
stratégique des Gouvernements ou l’absence de leaders dans les rangs patronaux capables de
redynamiser leurs filières industrielles(2). Le poids des charges sociales, la petite taille des entreprises
ou l’insuffisance des financements en fonds propres ont également été des facteurs importants (3).
Cette transition d’une économie industrielle vers une économie de services n’était donc pas perçue
de façon négative mais bien comme un phénomène naturel. En effet, la révolution industrielle du
XVIIIe siècle n’avait-elle pas permis au secteur secondaire (l’industrie) de prendre le pas sur le
secteur primaire (l’agriculture) ? Il semblait alors inévitable que le secteur tertiaire (les services)
prendrait à son tour la place du secteur secondaire.
Cette théorie a été justifiée par des théories empiriquement vérifiées, et notamment par les travaux
Ernst Engel. La loi d’Engel veut que plus le revenu d’une famille est faible, plus la part des dépenses
consacrées aux biens de première nécessité est importante. Logiquement, plus le revenu augmente,
plus grande sera la part consacrée aux biens supérieurs. Etant donné que de nombreux services
relèvent de cette catégorie (communication, information, loisirs, transports, etc.), une part de plus en
plus importante de la consommation privée y est naturellement consacrée quand le revenu progresse.
Dans le même temps, la part consacrée à l’alimentaire diminue tandis que celle pour les biens
industriels stagne. Ce phénomène conduit donc l’économie à développer son secteur de services au
fur et à mesure qu’elle prospère. Ce phénomène étant par ailleurs renforcé par le vieillissement de la
population qui tend également à accroître la demande de services (aide à domicile, médicaux, etc.)(4).
Ce paradigme fait néanmoins implicitement l’hypothèse d’une distinction relativement claire
entre le domaine des services et celui de l’industrie. Nous allons voir que cette hypothèse reflète
de moins en moins la réalité économique.
Les années 2000 et le retour en grâce de l’industrie
Depuis plusieurs années, les économistes remettent l’industrie au cœur du débat économique.
Les excellents résultats macroéconomiques affichés par les pays qui sont parvenus à garder une
base industrielle forte, comme l’Allemagne, la Suisse ou la Suède, comparés aux résultats bien plus
mitigés affichés par les économies en voie de désindustrialisation comme l’Espagne, le Portugal
et même la France ou l’Angleterre ont forcé la remise en cause du bien-fondé de la tertiarisation
des économies développées.
(2) Gilles BRIDIER, La France a perdu ses ambitions industrielles, Slate.fr, 2010
(3) P. ARTUS, Que se passe-t-il à long terme dans un pays désindustrialisé qui ne parvient pas à se réindustrialiser ?, Flash Economie n° 231, Natixis, 29 Mars 2011.
(4) BUREAU FÉDÉRAL DU PLAN (2004), L’industrie a-t-elle un avenir en Belgique ?, Working Paper 10-04, Bruxelles.
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Introduc tion
Aujourd’hui, même les États-Unis, première puissance économique mondiale, s’interrogent sur la
faiblesse de leur secteur industriel. La faiblesse de ce dernier a en effet amené le pays à creuser son
déficit commercial et à le financer par l’endettement. Seul le statut international de leur monnaie
a jusqu’ici permis à ce pays de prospérer malgré ses déséquilibres.
Cependant, en affirmant que l’industrie joue un rôle majeur dans une économie moderne, on se
heurte à un paradoxe : dans tous les pays développés, la part de l’emploi industriel n’a cessé de
diminuer. Comment dès lors expliquer que ce secteur puisse encore jouer un rôle prépondérant dans
le développement économique de ces pays ? Les principaux arguments sont présentés ci-dessous.
1. Productivité
Comme il sera illustré dans l’étude suivante, l’industrie affiche des niveaux de productivité bien
supérieurs au reste de l’économie. Un emploi créé dans l’industrie génère ainsi bien plus de valeur
ajoutée qu’un emploi créé dans les services. Ces niveaux de productivité élevés permettent
également des salaires plus importants, non seulement dans le secteur industriel lui-même,
mais également, par effet de transfert, dans l’ensemble de l’économie. L’industrie contribue donc
directement, et indirectement, à améliorer le niveau de vie de la population(5).
2. La frontière entre industrie et services devient floue
Aujourd’hui, l’industrie et le secteur des services deviennent de plus en plus interdépendants et
la frontière entre les deux tend souvent à s’effacer. Un exemple parlant est celui des ordinateurs
(biens manufacturés) qui ne peuvent s’utiliser qu’avec des logiciels (services) et inversement.
Ces deux secteurs sont donc totalement interdépendants. On peut facilement généraliser cette
situation en affirmant qu’aujourd’hui chaque emploi industriel permet la création d’autres emplois
dans le secteur des services(6).
D’autre part, le Ministère Français de la fonction publique avait évalué en 2004 les niveaux
consommation intermédiaire moyen des secteurs de l’industrie et des services. Ainsi, pour
une production de 100 euros, l’industrie française consommait 70 euros de services et biens
intermédiaires contre 40 euros pour le secteur des services(7). Ceci illustre parfaitement l’effet
d’entrainement que joue l’industrie sur le reste de l’économie.
Cette interconnexion a pour conséquence directe qu’un secteur industriel faible entrainera une
demande de services faible. Et inversement, un secteur de services peu développé n’incitera pas
les entreprises industrielles à s’implanter et à investir(8).
3. Principal secteur exportateur
Les exportations dépendent étroitement de l’industrie. Celle-ci fournit la grande majorité des
exportations nationales avec près de 77% des crédits inscrits à la balance des opérations courantes
en 2010(9). Or, les exportations jouent un rôle essentiel pour la croissance et le développement
économique d’un pays, et particulièrement pour ceux dont le marché intérieur est relativement étroit.
En effet, dans ces régions, la demande intérieure suffit rarement à assurer une croissance suffisante
aux entreprises, qui doivent rapidement se tourner vers d’autres marchés pour pouvoir se développer.
L’industrie est donc importante car c’est sur elle que repose l’essentiel des capacités d’exportation(10).
(5) et (10) An Overview of Manufacturing in British Columbia, Policy Perspectives, Vol. 11, n°2, Mars 2004
(6) M. ETTLINGER & K. GORDON, The importance and promise of American manufacturing, Center for American Progress, Avril 2011.
(7) DATAR, La France, puissance industrielle. Une nouvelle politique industrielle par les territoires, 2004
(8) OCDE, The Service Economy, Business and Industry Policy Forum Series, 2000
(9) Source : ICN
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Les exportations jouent également un rôle majeur dans le développement du niveau de vie
général d’une population. En effet, une économie, si grande soit-elle, n’a pas intérêt à produire
tous les biens qu’elle consomme. Elle doit ainsi importer toute une série de produits. En Belgique,
les produits énergétiques en sont le meilleur exemple. Pour acheter ces biens étrangers, disposer
de devises étrangères est une nécessité et il n’existe que deux façons de les obtenir : les emprunter
sur les marchés financiers ou les échanger contre d’autres biens et services. La première solution
n’étant pas soutenable sur le long terme, il ne reste que les exportations pour financer les
importations et ainsi garantir le bien-être de la population.
4. L’importance de la diversité
Une économie diversifiée affrontera plus facilement les situations de crise qu’une économie qui ne
l’est pas. Une économie spécialisée dans un trop petit nombre de secteurs sera donc plus exposée
aux risques externes qu’une économie diversifiée. De plus, bien que le secteur industriel soit généralement affecté davantage que les autres par les mauvaises conjonctures économiques, celui-ci offre
à l’économie de réelles capacités de résistance en produisant des biens, à la fois pour les consommateurs finaux que pour d’autres entreprises, que ce soit sur le marché intérieur ou extérieur(11).
5. R&D et innovation
L’industrie joue un rôle primordial dans le processus de recherche et développement. De façon
directe tout d’abord, car les entreprises industrielles financent une part importante de la R&D des
entreprises(12). D’autre part, comme la première étude le montrera, l’industrie engendre un effet
« spill-over » important sur les autres secteurs, en particulier sur celui des services marchands. La
production industrielle permet effectivement une diffusion de la connaissance et de l’innovation
à travers l’ensemble du tissu économique.
Un exemple cité par Pisano et Shih (2009)(13) est celui de l’industrie des semi-conducteurs. Cette
industrie a quitté les Etats-Unis pour être relocalisée dans des pays à faibles coûts salariaux (Chine,
Taiwan, Singapour, etc.). Ce faisant, les pays hôtes ont pu bénéficier des nouvelles compétences
apportées par ces entreprises pour développer de nouveaux types de produits, notamment les
écrans plats. A son tour, l’industrie des écrans plats a permis le développement de nouvelles
activités dans ces pays, comme la production des ampoules LED. La localisation des capacités de
production est ainsi intimement liée aux capacités d’innovation industrielle. En d’autres termes, la
production industrielle fait partie intégrante du processus d’innovation.
6. Investissements
Par définition, l’industrie est intensive en capital. Elle contribue donc directement aux investissements d’un pays ce qui génère de l’emploi (construction, services d’architectes, machines, etc.)
et accroît la productivité du travail.
7. Secteurs stratégiques
Certains secteurs industriels revêtent également une importance stratégique particulière(14).
Un exemple parlant est celui du secteur de l’armement. Disposer d’une capacité de production
de matériel militaire localisée sur le territoire national s’impose comme une évidence.
(11) (14) M. ETTLINGER & K. GORDON, 2011
(12) Voir Etude 1, p. 47, et An Overview of Manufacturing in British Columbia, Policy Perspectives, Vol. 11, n°2, Mars 2004
(13) G. PISANO & W. SHIH, Restoring American Competitiveness, Harvard Business Review, Juillet-Aout 2009.
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Introduc tion
Peu de pays souhaitent devoir dépendre de fournisseurs étrangers en cas de conflits armés. D’autres
secteurs, comme ceux de la production d’énergie ou de biens vitaux (comme l’eau) revêtent
également une importance capitale. Bien évidemment, cet argument tend à être relativisé pour
les pays et régions de petite taille (comme le sont la Belgique et la Wallonie) mais prend tout son
sens dans le cadre d’une réflexion au niveau européen.
Les conséquences d’une désindustrialisation
Si l’importance d’une base industrielle solide pour la croissance économique est aujourd’hui
établie, de nombreux pays, européens notamment, connaissent une diminution relative de
leur potentiel industriel. Quelles peuvent être les conséquences d’une telle situation ? Dans un
article publié en 2010, Patrick Artus détaille les effets négatifs engendrés par le déclin du secteur
industriel d’un pays(15). En voici-les arguments phares.
Dans un premier temps, un pays désindustrialisé doit faire face à une diminution de sa part de
marché à l’exportation, le secteur industriel fournissant l’essentiel des produits exportables. Les
besoins en produits importés ne diminuant pas, le déficit extérieur aura tendance à se creuser,
déséquilibre qui sera temporairement atténué par la dévaluation de la monnaie. Par définition,
un pays de la Zone Euro ne peut résoudre son déficit structurel avec d’autres pays par une
dévaluation. Ce pays connaîtra donc un endettement persistant de ses secteurs privé et public. Le
Gouvernement devra mener une politique budgétaire très restrictive pour restaurer son équilibre
budgétaire, ce qui se traduit immanquablement par une baisse du revenu des citoyens, entrainant
une forte diminution de la demande intérieure.
De plus, les gains de productivité étant moindres dans le secteur des services, l’évolution des
salaires l’est tout autant. Avec des salaires faibles, le niveau de vie tend à baisser, de même que la
demande intérieure. Le potentiel de croissance s’en retrouve dès lors fortement limité.
L’économie se spécialisant dans le secteur des services, les besoins en emplois qualifiés diminuent.
Couplé aux niveaux de salaires moindres, un phénomène d’expatriation des jeunes diplômés
apparait. A terme, ce sont les Universités elles-mêmes qui peuvent être amenées à quitter le pays,
suivies par les entreprises à la recherche de lieux d’implantation plus dynamiques.
Avec un niveau de vie relativement plus faible, les prix de l’immobilier d’un pays désindustrialisé
tendent à être plus faibles que ceux des pays industrialisés. Dès lors, le patrimoine immobilier du
pays est progressivement racheté par des non-résidents.
Au final, avec une croissance économique en berne, les recettes fiscales du pays seront de plus en
plus limitées ce qui amènera inévitablement son Gouvernement à réduire les dépenses publiques.
Après quelques années, les infrastructures publiques commenceront à se dégrader, diminuant
d’autant plus l’attractivité et le niveau de vie du pays.
Bien entendu, il s’agit ici d’une vision très pessimiste mais ces enchainements de faits peuvent être
observés, à des degrés divers, dans plusieurs des pays européens qui connaissent actuellement de
grandes difficultés économiques, comme la Grèce et le Portugal.
(15) P. ARTUS, Que se passe-t-il à long terme dans un pays désindustrialisé qui ne parvient pas à se réindustrialiser ?, Flash Economie n° 231, Natixis, 29 Mars 2011
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Edition 2011
Quels enseignements pour la Wallonie ?
La Wallonie doit-elle craindre un tel scénario ? La première étude, consacrée au développement
macroéconomique du secteur industriel en Wallonie, s’avère relativement rassurante. En effet, la
Région ne s’est pas désindustrialisée, au contraire d’autres pays européens. L’industrie wallonne
affiche également d’excellents niveaux de productivité et les coûts de production tendent à se
stabiliser depuis une dizaine d’années. Néanmoins, de nombreux progrès restent à accomplir. La
Wallonie compte ainsi trop peu d’entreprises industrielles, et celles-ci sont de trop petite taille.
Les exportations wallonnes qui, comme nous le verrons, dépendent étroitement de l’activité
industrielle, restent encore trop concentrées sur le continent européen et gagneraient à profiter
davantage des opportunités de croissance offertes par les pays émergents.
Tous ces constats rappellent la nécessité de politiques industrielles régionale et européenne
ambitieuses. Les politiques industrielles européenne et wallonne seront résumées dans les études
2 et 3. La dernière étude sera consacrée aux réponses apportées par l’industrie wallonne aux
nouveaux défis sociétaux, comme le réchauffement climatique ou l’évolution démographique. ||
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Première étude
L’industrie wallonne :
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Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Etude n° 1
L’industrie wallonne : faits et chiffres
Le chapitre précédant a mis en évidence l’importance d’une industrie forte
pour une économie moderne. Cette première étude va analyser l’évolution
et la structure de l’industrie en Wallonie.
1 | INTRODUCTION
Depuis 30 ans, l’industrie a-t-elle réussi à conserver sa place dans le tissu économique
wallon ou assiste-t-on à un phénomène de désindustrialisation, comme c’est le cas dans
plusieurs pays européens ? L’industrie est-elle un des moteurs de la croissance wallonne ?
Comment cela se traduit-il en termes d’emplois et d’investissements en recherche et
développement ? L’industrie est-elle vraiment le moteur des exportations ? Quelles sont
les tendances sous-sectorielles ?
Des premiers éléments de réponse à ces questions sont repris aux tableaux 1 à 4. Ceuxci situent l’économie wallonne et son industrie par rapport à ses voisins européens, la
Suède (qui a sans doute connu la meilleure performance économique au cours des 10
dernières années) et trois régions parmi les plus performantes d’Europe. Pour des raisons
méthodologiques, les chiffres présentés ici sont à prendre à titre indicatif et ont pour
objectif d’identifier des tendances.
TABLEAU 1 : Comparaison internationale du PIB et de la valeur ajoutée industrielle (euros courants)
2008
Wallonie
Flandre
Allemagne
France
Suède
Pays-Bas
PIB par habitant
23.500
32.200
30.200
30.400
36.000
36.300
Valeur ajoutée industrielle*
par habitant
3.360
5.310
6.133
3.252
6.406**
4.426
Valeur ajoutée industrielle*
par employé
79.023
79.078
65.791
65.160
80.970**
77.379
* Industrie manufacturière uniquement ** Aux taux de change de 2000
Source : Eurostat et ICN – Calculs UWE
Au niveau du PIB par habitant, la Wallonie affiche un retard marqué par rapport aux
autres pays ou régions. La Wallonie produit donc, en termes absolus, moins de valeur
ajoutée que ces pays et régions et les écarts avec des pays comme la Suède et les PaysBas sont particulièrement importants.
Le constat est le même si on compare les niveaux de valeur ajoutée industrielle par
habitant (tableaux 1 et 2), à l’exception de la France, dont l’industrie semble atteindre
des niveaux relativement faibles. Cet indicateur permet ainsi de comparer l’intensité
industrielle des régions.
La Wallonie dispose donc d’un tissu industriel moins dense que ceux observés dans les
autres régions.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
TABLEAU 2 : Comparaison interrégionale du PIB et de la valeur ajoutée industrielle (euros courants)
Wallonie
Flandre
Catalogne
Ecosse
Rhénanie du Nord
Westphalie
PIB par habitant
23.500
32.200
27.900
28.800
30.300
Valeur ajoutée industrielle*
par habitant
3.961
5.792
5.489
5.653**
7.180
Valeur ajoutée industrielle*
par employé
87.037
83.552
53.217
85.512**
75.792
2008
* Pour des raisons de disponibilité de données, il s’agit ici de l’industrie manufacturière, extractive et de l’énergie.
** Aux taux de change de 2000
Source : Eurostat – Calculs UWE
D’un autre côté, ces deux tableaux montrent également que la valeur ajoutée par
employé de l’industrie wallonne, c’est-à-dire la productivité apparente du travail(1), est
excellente et surpasse pratiquement toutes celles des autres régions. La Wallonie semble
donc disposer d’un secteur industriel exceptionnellement performant, mais dont le
périmètre reste actuellement trop limité.
TABLEAUX 3 et 4 : Valeur ajoutée industrielle par habitant (% du niveau wallon)
Tableau 3
1995
2000
2008
Tableau 4
1995
2000
2008
Wallonie
100%
100%
100%
Wallonie
100%
100%
100%
Flandre
179%
181%
158%
Flandre
168%
170%
146%
Allemagne
192%
182%
182%
Catalogne
122%
143%
139%
France
n.d.
120%
97%
Ecosse*
151%
150%
143%
Suède*
187%
206%
191%
Rhénanie
189%
173%
181%
Pays-Bas
130%
129%
132%
* Aux taux de change de 2000
Source : Eurostat et ICN – Calculs UWE
Les tableaux 3 et 4 comparent l’évolution de la valeur ajoutée par habitant, au cours des
15 dernières années, des mêmes régions et pays, à la Wallonie. Ainsi, en 2008, la valeur
ajoutée industrielle par habitant en Allemagne représentait 182% de la valeur ajoutée
industrielle par habitant de la Wallonie. Il convient cependant de remarquer que les
régions reprises dans cette sélection disposent, à l’exception de la France, d’une base
industrielle exceptionnellement forte. La Wallonie est dès lors comparée avec quelquesunes des économies européennes les plus performantes, ce qui explique les écarts
importants observés ici.
À la lecture de ces tableaux, il apparait que l’activité de l’industrie wallonne semble se
stabiliser depuis une dizaine d’années. En effet, les rapports évoluent globalement à
l’avantage de la Wallonie par rapport aux autres régions entre 2000 et 2008, après avoir
reculé sur la période précédente. Ceci tend à indiquer, sinon une réindustrialisation à
proprement parler, au moins une stabilisation de l’activité industrielle en Wallonie.
(1) Apparente car elle ne résulte pas seulement de la qualification de la main-d’œuvre mais également des équipements de l’entreprise, des processus d’automatisation, etc.
22
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Afin de réaliser la suite de cette étude, quatre sous-secteurs industriels ont été identifiés et feront l’objet d’analyses distinctes. Il s’agit de l’industrie manufacturière, l’industrie
extractive, la production d’énergie et la construction. En termes de poids dans l’économie
totale et d’importance stratégique, l’industrie manufacturière se distingue des trois autres
et fera dès lors l’objet d’une étude plus approfondie(2). À chaque fois que les données
seront disponibles, des comparaisons internationales seront réalisées.
2 | ÉVOLUTION MACROÉCONOMIQUE DEPUIS 1980
GRAPHIQUE 1 - Évolution du PIB et de la valeur ajoutée industrielle depuis 30 ans (3)
(en volume, croissance annuelle moyenne par période)
5,0%
Wallonie
Flandre
PIB
PIB
Industrie
Industrie
1,0%
PIB
Industrie
2,0%
PIB
Industrie
3,0%
PIB
Industrie
PIB
Industrie
4,0%
2008-2009
2004-2007
PIB
1994-2003
-2,0%
-3,0%
-4,0%
Industrie
-1,0%
Industrie
1982-1993
PIB
0,0%
-5,0%
Source : HERMREG – BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE Sur les trente dernières années, la Wallonie aura connu trois cycles économiques. Le
premier a commencé au début des années 80, à la suite des crises pétrolières, et s’est
achevé en 1993 avec la crise du système monétaire européen. La période 1994-2003
constitue le deuxième cycle économique. Il s’est terminé avec la crise appelée «bulle
internet» ou «bulle technologique» qui a marqué le début des années 2000. Le dernier
cycle s’étend de 2004 à 2009. Il prend fin avec la crise financière ou «crise des subprimes».
Le graphique 1 reprend, par cycle, les taux de croissance annuels moyens du PIB et
de la valeur ajoutée industrielle de la Wallonie et de la Flandre. Pour le dernier cycle
économique, les parties ascendante et descendante du cycle ont néanmoins été
séparées car l’ampleur inédite de la crise de 2008-2009 neutralise fortement la première
partie du cycle et en masque les informations.
(2) Comme détaillé dans l’introduction, l’industrie manufacturière occupe une place prédominante dans les activités de R&D, dans les exportations ou les investissements.
Elle impacte également les autres secteurs de façon indirecte, comme celui des services.
(3)Source : Base de données HERMREG, projet de coopération du Bureau Fédéral du Plan, du Service d’Études du Gouvernement Flamand, de l’Institut Wallon de l’Évaluation,
de la Prospective et de la Statistique et de l’Institut Bruxellois de Statistiques et d’Analyse.
23
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Ce premier graphique illustre à nouveau le retard structurel pris par l’économie wallonne
dans les années 80. Au cours de ce premier cycle économique, l’industrie wallonne
en pleine restructuration suite aux crises pétrolières, n’a pas pu soutenir la croissance
économique. Au contraire, la Flandre a vu son industrie croître très rapidement, bénéficiant
par-là de taux de croissance de son PIB élevés.
Sur la période 1994-2003, l’industrie wallonne s’est fortement redressée, entrainant des
taux de croissance plus élevés, bien que toujours relativement faibles, proches des 2%.
De son côté, l’industrie flamande a commencé à afficher des taux de croissance moins
soutenus mais toujours appréciables.
Dans la partie ascendante du dernier cycle (2004-2007), l’industrie wallonne continue
de progresser plus fortement que le PIB, tandis que la Flandre voit son industrie
perdre encore de sa vigueur. Cette région a cependant réussi à trouver sa croissance
économique dans d’autres secteurs ces années-là. Les années hors-normes qu’ont été
2008 et 2009 ont quant à elles été caractérisées par une décroissance économique et
une chute notable de la production industrielle dans les deux régions. La baisse de la
demande mondiale, et donc des exportations, en est la cause principale.
Au final, si la situation semble s’améliorer progressivement en Wallonie, notamment
grâce à une activité industrielle redynamisée, la croissance du PIB réel a été inférieure
à celle de la Flandre sur toutes les périodes, exception faite des années 2008-2009. Le
retard structurel affiché par l’économie wallonne est donc bien réel, comme constaté
dans l’introduction de cette étude.
Note méthodologique n°1 : HERMREG et la rétropolation
L’IWEPS, en collaboration avec les autres instituts régionaux de statistiques et le
Bureau Fédéral du Plan, travaille actuellement à l’estimation de valeurs ajoutées
régionales, par branche, en volume et en rétropolation jusqu’à 1980. Il s’agit du
projet HERMREG.
Pour la période couverte par les comptes régionaux (1995-2009), l’IWEPS construit
les séries de valeur ajoutée régionales par branche, en volume, au départ des
déflateurs nationaux appliqués aux valeurs régionales à prix courants. Pour la
rétropolation de 1980 à 1994, les taux de croissance issus des valeurs ajoutées
publiées anciennement en SEC 79 sont utilisés.
Actuellement, seules les séries basées sur la dernière version finalisée du modèle
HERMREG (novembre 2010) sont disponibles. Les comptes régionaux de 2009
publiés par la BNB n’y sont donc pas intégrés. De légères différences avec les
chiffres officiels de l’ICN sont donc observables sur les années 2005 à 2009.
24
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
3 | L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE
L’industrie manufacturière constitue le principal secteur industriel de Wallonie. Cet
agrégat comprend une série de sous-secteurs parmi lesquels on retrouve les industries
alimentaires, textiles, de production de bois et de papier, chimiques et pharmaceutiques,
métallurgiques, de fabrication de machines et de matériel de transports, etc.
Dans cette section l’industrie manufacturière sera consolidée avec l’industrie d’extraction
de produits non énergétiques pour les séries HERMERG. En effet, le modèle à la base
de ces séries considère qu’il s’agit là de biens intermédiaires. L’extraction de produits
énergétiques n’existe pas en Belgique dans les codes NACE 2003. Comme nous le verrons
plus loin dans cette étude, l’industrie extractive wallonne représente moins de 0,5% de
la valeur ajoutée, de l’emploi et de la R&D régionale, les conséquences sur l’analyse sont
donc très limitées.
3.1. Valeur ajoutée
3.1.1. Évolution générale
GRAPHIQUE 2 - Part de l’industrie manufacturière
dans la valeur ajoutée et l’emploi total en Wallonie (euros courants)
26%
Valeur ajoutée nominale
Emploi
24%
22%
20%
18%
16%
14%
12%
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
10%
Le graphique 2, qui reprend l’évolution de la part de l’industrie manufacturière dans
le total de la valeur ajoutée nominale et de l’emploi en Wallonie, affiche une très nette
tendance à la baisse. La part de l’industrie wallonne dans le total de la valeur ajoutée
est ainsi passée de 24% en 1980 à un peu plus de 15% en 2009. Au niveau de l’emploi,
les rapports sont passés de 24% en 1980 à 12% en 2009, soit moitié moindre. Vu sous
cet angle, la Wallonie semble effectivement s’être fortement désindustrialisée depuis
30 ans.
25
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
GRAPHIQUE 3 - Part de l’industrie manufacturière
dans la valeur ajoutée totale en Wallonie (en volume)
25%
Wallonie
Flandre
24%
23%
22%
21%
20%
19%
18%
17%
16%
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
15%
Ce constat doit cependant être rapidement relativisé. Le graphique 3 montre l’évolution de
la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée réelle totale de la Wallonie et de
la Flandre. Ces séries sont ainsi corrigées des effets de prix et le constat est ici tout autre.
Deux périodes se distinguent clairement en Wallonie. De 1980 à 1993, soit durant le premier
cycle économique évoqué plus haut, le poids de l’industrie manufacturière a effectivement
progressivement diminué, passant de 18,5% à 16,7%. Un redressement important a néanmoins
commencé à s’opérer à partir de 1994 et les années 2000 ont connu une véritable stabilisation.
Si l’on fait exception des résultats hors normes de 2009, la part de l’industrie manufacturière
wallonne était remontée à 18,5% en 2008, soit le niveau observé en 1980. Contrairement
aux idées reçues et à ce que le graphique 2 pouvait laissait penser, la Wallonie ne s’est pas
désindustrialisée au cours de la période car la valeur ajoutée réelle est restée stable.
En Flandre, le scénario est sensiblement différent. On constate tout d’abord que l’industrie
manufacturière occupe, et ce sur toute la période étudiée, une place plus importante dans
l’économie qu’en Wallonie. Ensuite, la part de la valeur ajoutée industrielle a considérablement
augmenté sur les 10 premières années, passant de 19,2% en 1980 à 23,7% en 1989. La
crise du début des années 90 a cependant fortement affecté l’industrie flamande qui ne
parviendra pas à rattraper son niveau 1989, malgré une reprise conjoncturelle sur la fin
des années 90. Depuis 2000, la tendance est très clairement à la baisse et en 2008, la valeur
ajoutée industrielle était retombée à 20,3%, son plus bas niveau depuis 1981.
Il est important de noter qu’il ne s’agit pas ici de désindustrialisation à proprement parler
mais plutôt d’une désindustrialisation relative aux autres secteurs. Nous avons en effet
vu plus haut que les taux de croissance de la valeur ajoutée réelle de l’industrie flamande
restaient positifs jusqu’en 2007. Il n’y a désindustrialisation absolue que quand la valeur
ajoutée diminue, comme ce fût le cas en 2008-2009.
26
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
GRAPHIQUE 4 - Evolution des prix : indice de déflateur en Wallonie
(Total de l’économie wallonne = 100 en 1980)
130
Déflateur de l'Industrie Manufacturière
Déflateur du secteur des Services Marchands
120
110
100
90
80
70
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
60
Les différences observées entre les graphiques 2 et 3 s’expliquent par l’évolution des
prix. Le graphique 4 montre comment les prix des secteurs de l’industrie et des services
marchands ont évolués par rapport aux prix observés dans l’économie en général. Dans
ce cadre, les prix des produits industriels ont eu tendance à augmenter moins rapidement
que la moyenne des prix, tandis que les prix des services marchands ont augmenté plus
rapidement. Cette évolution contrastée permet effectivement d’expliquer pourquoi la
part de valeur ajoutée industrielle en euros courants a diminué alors qu’elle est restée
relativement stable en termes réels.
3.1.2. Évolution dans le contexte international
Les graphiques 5 et 6 comparent la position de l’industrie manufacturière wallonne par
rapport à plusieurs grands pays industrialisés. Ces pays ont été répartis en deux catégories.
La première, illustrée au graphique 5, reprend les pays où l’industrie manufacturière a
globalement gagné en importance au cours de la dernière décennie. La deuxième, reprise au
graphique 6, est composée des pays où l’industrie manufacturière a perdu de l’importance
sur la même période. À chaque fois, les résultats sont comparés à ceux de la Wallonie.
Les pays «solides» affichent tous des indicateurs macroéconomiques très positifs sur la
dernières décennie (niveau de vie, balance commerciale, chômage, finances publiques,
etc.). En outre, ils ont connu une forte croissance économique en 2010, suite à la crise
financière. Celle-ci était de 3,6% en termes réels en Allemagne, de 5,5% en Suède, ou de 2,1
au Danemark (source : Eurostat). Pour chacun d’entre eux, la part de l’industrie manufacturière
dans le total de la valeur ajoutée a augmenté ou est restée stable jusqu’à la crise de 20082009. Cette tendance est particulièrement marquée en Allemagne et en Suède.
27
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
GRAPHIQUE 5 - Valeur ajoutée du secteur manufacturier - Pays «solides»
(en volume, en % de la VA totale)
27%
Wallonie
Pays-Bas
Suède
Suisse
Allemagne
Danemark
25%
23%
21%
19%
17%
15%
Sources : Eurostat, AMECO, HERMREG (- BFP, IBSA, IWEPS, SVR), BFP et Calculs UWE
13%
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
En Allemagne, en Suède et en Suisse, l’industrie occupe de plus une place importante
dans l’économie, où elle représente souvent plus de 20% de la valeur ajoutée réelle
totale. Bien évidemment, la crise de 2008-2009 a fortement touché ces pays, car leurs
secteurs industriels ont été très sensibles à la baisse de la demande mondiale, mais l’on
constate déjà un rattrapage sensible en 2010.
Quant à l’industrie wallonne, si sa place de l’économie totale affiche une réelle stabilité
et un niveau relativement correct sur la période, on n’y observe pas de tendance à la
hausse qui caractérise plusieurs des autres pays.
GRAPHIQUE 6 - Valeur ajoutée du secteur manufacturier - Pays «fragiles»
(en volume, en % de la VA totale)
21%
19%
17%
15%
Wallonie
Italie
France
Royaume-Uni
Grèce
Portugal
13%
11%
9%
Sources : Eurostat, AMECO, HERMREG (- BFP, IBSA, IWEPS, SVR), BFP et Calculs UWE
7%
1999
28
R appor t UWE 2011
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Comme le montre le graphique 6, d’autres pays développés affichent une évolution
sensiblement différente. La France, l’Italie, le Royaume-Uni, le Portugal et la Grèce
voient ainsi leurs industries manufacturières céder du terrain au profit d’autres secteurs
économiques. La part de la valeur ajoutée industrielle dans l’économie anglaise est ainsi
passée de 17,6% à 14,2% entre 1999 et 2008. La baisse est également sensible en France,
avec des rapports de 15,9% en 1999 pour 14,9% en 2008. La Grèce est quant à elle
dans une position particulièrement délicate avec un secteur industriel en déclin et ne
représentant que 9,1% de la valeur ajoutée totale de 2008. Ces pays connaissent des
difficultés à maintenir leurs grands équilibres macroéconomiques et ont en outre affiché
une croissance économique moindre en 2010 que celle des pays «forts» : -4,5% pour la
Grèce, 1,3% au Royaume-Uni, 1,6% en France ou 1,3% en Italie (source : Eurostat).
Au final, l’industrie manufacturière wallonne affiche des résultats intermédiaires. Elle a
réussi à stabiliser sa place dans l’économie régionale au cours des 10 dernières années
et d’un autre côté, les niveaux sont relativement importants si on les compare avec ceux
de l’industrie française, anglaise ou grecque.
Cependant, d’autres pays comme l’Allemagne, la Suisse et la Suède ont vu leurs industries
gagner en importance sur la même période, ce qui n’est pas le cas de la Wallonie. Preuve
que des progrès restent encore à réaliser.
3.1.3. Évolution sectorielle
Évolution par sous-secteur industriel
L’industrie manufacturière peut se diviser en plusieurs sous-secteurs industriels, comme
illustré au graphique 7. Depuis 1995 en Wallonie, l’industrie chimique a pris une
importance croissante dans la valeur ajoutée industrielle. La part de ce sous-secteur est
en effet passée de 16% en 1995 à 28% en 2009. Ceci s’explique principalement par le
développement de l’industrie pharmaceutique.
GRAPHIQUE 7 - Valeur ajoutée : répartition sous-sectorielle
de l’industrie manufacturière wallonne (en euros courant)
2002
1995
22%
16%
8%
21%
23%
2009
11%
12%
Industrie chimique
Industries agricoles et alimentaires
Fabrication de machines et équipements
Autres
28%
7%
7%
17%
9%
8%
17%
21%
7%
17%
11%
12%
13%
13%
Métallurgie et travail des métaux
Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques
Fabrication d’équipements électriques et électroniques
SourceSVR),
: ICN,
UWE
Sources : Eurostat, AMECO, HERMREG (- BFP, IBSA, IWEPS,
BFP etcalculs
Calculs UWE
29
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Note méthodologique n°2
La valeur ajoutée régionale en volume n’est pas calculée par l’Institut des Comptes
Nationaux (ICN) pour les sous-secteurs industriels. Dans cette section, la valeur
ajoutée sera donc exprimée en euros courants. D’autre part, les séries ne couvrent
actuellement que la période 1995-2009.
TABLEAU 5 : Estimation de la part de l’industrie pharmaceutique
dans la valeur ajoutée manufacturière (4)
Part d’industrie
pharmaceutique
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
11%
11%
12%
13%
12%
13%
14%
13%
16%
20%
Source: ICN, Belfirst – Calculs UWE
Le tableau 5 fournit une estimation de la part de l’industrie pharmaceutique dans
l’industrie manufacturière. Celle-ci n’a cessé de croître entre 2000 et 2009, passant de
11% à 20%. Ce sous-secteur était donc le premier en termes de valeur ajoutée industrielle,
devançant même la métallurgie en 2009.
En effet, la métallurgie, bien qu’ayant reculée entre 1995 et 2002, a stabilisé sa position à
17% en 2009. Viennent ensuite les industries agricoles et alimentaires dont la part reste
relativement stable au cours de la période.
Dans la catégorie «autres», on retrouve l’industrie du textile et habillement, l’industrie du
cuir et de la chaussure, le travail du bois et fabrication d’articles en bois, l’industrie du
papier, du carton, de l’édition et de l’imprimerie, la cokéfaction, raffinage et industries
nucléaires, l’industrie du caoutchouc et de plastiques, la fabrication de matériel de
transport ainsi que les autres industries manufacturières.
L’industrie wallonne semble donc se spécialiser progressivement dans le secteur
pharmaceutique. Nous verrons dans la suite de cette étude que ces secteurs jouent
également un rôle important au niveau de la R&D, des exportations et de l’emploi.
Bien qu’il soit bénéfique que l’industrie wallonne se développe dans des secteurs à haute
valeur ajoutée, comme l’est la pharmacie, une concentration des activités dans un trop
petit nombre de secteurs représente également un risque pour la diversité de l’économie,
ce qui la rend plus sensible aux crises conjoncturelles et structurelles. De plus, des secteurs
porteurs dont les produits sont fortement demandés sur les marchés émergents, comme
la fabrication de machines et d’équipement électriques, ne décollent pas en Wallonie.
La Wallonie souffre donc d’une spécialisation insuffisante dans des secteurs à forts
potentiels de croissance couplée à une tendance trop forte à la concentration dans un
seul secteur, celui de la pharmacie.
(4) L’industrie pharmaceutique n’est pas distinguée de l’industrie chimique dans la nomenclature NACE-BEL 2003, qui est toujours utilisée par l’ICN. Dès lors, la part
du secteur pharmaceutique dans le secteur chimique a été estimée à partir des données bilantaires fournies par la base de données Belfirst. Les ratios ainsi calculés
ont ensuite été appliqués aux données de l’ICN et ne sont donc qu’une estimation de la part de l’industrie pharmaceutique dans le total de la valeur ajoutée du
secteur manufacturier. De plus, il n’est pas fait de distinction entre la branche pharmaceutique et d’éventuelles autres branches d’activité. La forte augmentation
constatée en 2009 provient de niveaux de ventes exceptionnels réalisés par l’entreprise GSK Biological.
30
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Évolution par rapport aux services
Comme avancé dans l’introduction de cette étude, l’industrie manufacturière tend à
générer de l’activité au-delà de ses propres frontières, que ce soit au travers de relations
client-fournisseur ou de processus d’externalisation, comme illustré au graphique 8.
Effectivement, celui-ci confirme un développement du secteur des services aux entreprises parallèle à la diminution de la part de l’industrie manufacturière(5) en Wallonie.
GRAPHIQUE 8 - Part de l’industrie manufacturière et des services aux
entreprises dans la valeur ajoutée totale en Wallonie (en euros courants)
20%
Industrie manufacturière
Services principalement fournis aux entreprises
18%
16%
14%
12%
10%
8%
6%
Source : ICN - Calculs UWE
4%
1995
1900
1996
1900
1997
1900
1998
1900
1999
1900
2000
1900
2001
1900
2002
1900
2003
1900
2004
1900
2005
1900
2006
1900
2007
1900
2008
1900
Le tableau 6 compare les premières et dernières années du graphique 8, en euros
courant. On constate que si la valeur ajoutée a augmenté dans les deux secteurs, la
tendance a été nettement plus forte dans le secteur des services aux entreprises. Les
rapports sont ainsi passés de 34% à 57% entre 1995 et 2008.
Une augmentation de l’activité industrielle permettrait dès lors de développer encore
davantage le secteur des services aux entreprises, entrainant alors les deux courbes du
graphique 8 vers le haut.
TABLEAU 6 : Valeur ajoutée des secteurs de l’industrie manufacturière
et des services aux entreprises (en milliards d’euros courants)
1995
2008
Industrie manufacturière
8,4
11,6
Services aux entreprises
2,9
6,6
Rapport
34%
57%
Source : ICN – Calculs UWE
(5) Les données sont ici exprimées en euros courants, ce qui explique la tendance à la baisse déjà constatée au graphique 2.
31
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
3.2. Emploi
3.2.1. Évolution générale
Si en termes de valeur ajoutée réelle, la désindustrialisation ne se vérifie pas (cf. graphique
3), ce phénomène se confirme cependant au niveau du marché de l’emploi. En effet,
comme le montre le graphique 9, la part de l’emploi industriel manufacturier dans
l’emploi total de l’économie n’a cessé de diminuer depuis 1980, tant en Wallonie qu’en
Flandre. Si en 1980 l’industrie manufacturière wallonne fournissait près de 24% du total
de l’emploi wallon, cette part ne s’élevait plus qu’à 12% en 2009. Une nouvelle fois, les
écarts en niveau avec la Flandre sont importants mais tendent à se réduire depuis 15 ans.
Ainsi, la différence entre les deux régions était de 6% en 2003 contre 3,5% en 2008.
GRAPHIQUE 9 - Part de l’emploi industriel dans l’emploi total
30%
Wallonie
Flandre
28%
26%
24%
22%
20%
18%
16%
14%
12%
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
10%
Ces données, comme nous le verrons à la section suivante, restent cohérentes avec les
statistiques de la valeur ajoutée évoquées précédemment. En effet, une augmentation
importante de la productivité industrielle a accompagné la diminution de l’emploi du
secteur et d’en stabiliser le niveau de valeur ajoutée.
TABLEAU 7 : Emplois dans l’industrie manufacturière (en milliers)
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2009
Wallonie
262
213
186
163
154
146
143
Flandre
563
515
527
471
462
420
393
Rapport Wallonie/Flandre
46%
41%
35%
34%
33%
35%
36%
Source: HERMREG – BFP, IBSA, IWEPS, SVR – Calculs UWE
Le nombre de personnes employées dans l’industrie manufacturière est repris au tableau
6. En Wallonie, l’emploi industriel manufacturier s’élevait en 1980 à 262.000 unités. Ce
chiffre n’était plus que de 143.000 en 2009, soit une baisse de près de 45%. En Flandre,
celle-ci n’est que de 30%. Force est donc de constater que l’emploi industriel a régressé
plus rapidement en Wallonie qu’en Flandre depuis 30 ans.
32
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Cependant, si le rapport entre l’emploi industriel wallon et flamand n’a cessé de diminuer
entre 1980 et 2000, passant d’un rapport de 46% à 33%, on observe un renversement
de la tendance à partir des années 2000. En effet depuis 10 ans, le rapport évolue à
l’avantage de l’industrie wallonne et était remonté à 36% en 2009.
Comme illustré au tableau 8, on dénombrait en Wallonie 5.460 entreprises privées (unités
locales) au 31 décembre 2009. 98,2% d’entre elles étaient des PME (moins de 200 employés).
Au final, seule une centaine d’entreprises manufacturières privées wallonnes pouvaient être
considérées comme des «grandes entreprises». Néanmoins, celles-ci représentaient 42,1% de
l’emploi du secteur. Les chiffres de l’emploi fournis par l’ONSS (tableau 8) diffèrent de ceux du
tableau 7. Les raisons de ces écarts sont détaillées dans la note méthodologique n° 3.
De son côté, la Flandre dispose d’un plus grand nombre d’entreprises, qui sont
globalement de plus grande taille. Ainsi, la part des entreprises de plus de 200 employés
est de 2,4% dans cette région, et ces entreprises occupent également une part plus
grande des employés (45%). Le constat est le même pour les entreprises de taille moyenne
(entre 50 et 199 employés). Le secteur industriel wallon apparait donc comme composé
d’un nombre trop restreint d’entreprises, et celles-ci sont de taille trop modeste.
TABLEAU 8 : Unités locales et emplois industriels manufacturiers
du secteur privé au dernier trimestre 2009
< 10
travailleurs
10 à 49
travailleurs
50 à 199
travailleurs
>= 200
travailleurs
Total
UNITÉS LOCALES
Wallonie
3.754
1.265
342
99
5.460
Part dans le total
68,8%
23,2%
6,3%
1,8%
100%
Flandre
8.100
3.347
1.014
305
12.766
Part dans le total
63,4%
26,2%
7,9%
2,4%
100%
EFFECTIFS
Wallonie
12.136
27.372
34.077
53.449
127.034
9,6%
21,5%
26,8%
42,1%
100%
27.801
73.716
97.960
163.483
362.960
7,7%
20,3%
27%
45%
100%
Part dans le total
Flandre
Part dans le total
Source : ONSS (données décentralisées) – Calculs UWE
Note méthodologique n°3 :
les statistiques ONSS et les unités locales
Les statistiques publiées par l’ONSS diffèrent des statistiques HERMERG (basées
sur les comptes régionaux de l’ICN), principalement en raison de différences
méthodologiques dans la définition du secteur privé. Là où les comptes régionaux
utilisent la définition européenne des secteurs publics et privés (basée sur la
distinction entre biens marchands et non marchands), l’ONSS utilise une définition
fondée sur la nature de l’actionnariat des entreprises. D’autre part, les données
ONSS sont exprimées en NACE 2008 au contraire des séries proposées par la ICN,
qui sont toujours basées sur la nomenclature NACE 2003.
Les données ONSS sont utilisées dans cette section car l’ICN ne fournit pas de
statistiques de l’emploi, ni du nombre d’entreprises, ventilées par taille d’entreprise.
33
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
3.2.2. Évolution dans le contexte international
Cette diminution de l’emploi industriel constatée en Wallonie s’observe-t-elle également
dans les autres pays industrialisés ? Les graphiques 10 et 11, qui reprennent la même
classification que celle présentée au point 3.1.2., montrent que oui. Effectivement, la
baisse de la part de l’emploi industriel dans l’économie se retrouve dans tous les pays
étudiés, dans des proportions certes différentes. En Allemagne par exemple, la part de
l’industrie manufacturière dans le total de l’emploi est passée de 21% en 1999 à 18,5% en
2009, soit une différence de -2,5%. Ce chiffre s’est élevé à -3,1% en Italie, -3,3% en France,
-4,2% en Suède et -2,2% en Wallonie. La Wallonie, bien que n’échappant pas à la tendance
baissière, ne semble donc pas plus mal orientée que les autres pays étudiés ici.
GRAPHIQUE 10 - Part de l’emploi industriel dans l’emploi total - Pays «solides»
22%
Wallonie
Allemagne
Pays-Bas
Suède
Suisse
Danemark
20%
18%
16%
14%
12%
Sources : AMECO - HERMREG (- BFP, IBSA, IWEPS, SVR) - Calculs UWE
10%
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
GRAPHIQUE 11 - Part de l’emploi industriel dans l’emploi total - Pays «fragiles»
22%
20%
18%
16%
Wallonie
Italie
France
Royaume-Uni
Grèce
Portugal
14%
12%
Sources : AMECO - HERMREG (- BFP, IBSA, IWEPS, SVR) - Calculs UWE
10%
34
R appor t UWE 2011
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
3.2.3. Répartition intra sectorielle
GRAPHIQUE 12 - Emploi total : répartition sous-sectorielle
de l’industrie manufacturière wallonne
2002
1995
10%
12%
24%
25%
2009
24%
22%
8%
8%
9%
10%
14%
Industrie chimique
Industries agricoles et alimentaires
Fabrication de machines et équipements
Autres
22%
15%
21%
8%
9%
9%
10%
15%
9%
16%
Métallurgie et travail des métaux
Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques
Fabrication d’équipements électriques et électroniques
SourceSVR),
: ICN,
UWE
Sources : Eurostat, AMECO, HERMREG (- BFP, IBSA, IWEPS,
BFP etcalculs
Calculs UWE
Le graphique 12 montre l’évolution de la répartition de l’emploi entre les sous-secteurs
industriels manufacturiers.
Bien qu’en diminution, le secteur de la métallurgie et du travail des métaux reste le
premier pourvoyeur d’emplois industriels manufacturiers. D’autre part, on constate une
augmentation sensible de la part de l’industrie chimique, passant de 10% en 1995 à
15% en 2009. Les industries agricoles progressent également, mais dans une moindre
mesure. La part des autres secteurs restent quant à elle relativement stable.
Une analyse plus fine de l’année 2009 est réalisée dans le tableau 9, qui répartit le
nombre travailleurs par sous-secteur industriel et par taille d’entreprise. La source des
données est cependant différente (l’ICN pour le graphique 12 et l’ONSS au tableau 9) ce
qui explique les légères différences dans les résultats .
Dans le secteur de la métallurgie, 40,8% des emplois sont fournis par de grandes
entreprises. Le tableau 9 indique également que ce secteur compte beaucoup
d’entreprises (1.246) qui sont pour 98,2% d’entre-elles de type PME (soit moins de 200
employés).
L’industrie pharmaceutique arrive en 4e position en termes d’emplois avec un total de
11.811 postes, principalement concentrée dans la grande entreprise du secteur (GSK
Biological). Ce secteur compte en effet relativement peu d’entreprises (37 en tout) mais
une proportion importante de celles-ci, soit 8 entreprises, compte plus de 200 employés.
Le reste de l’industrie chimique compte également assez peu d’entreprises (3% du total)
mais fournit une part importante de l’emploi industriel (7% du total).
35
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
TABLEAU 9 : Nombre de travailleurs et d’unités locales par taille
< 10
travailleurs
10 à 49
travailleurs
50 à 199
travailleurs
>= 200
travailleurs
Total
Nombre de travailleurs
2.766
7.200
6.950
11.654
28.570
Part dans le total
9,7%
25,2%
24,3%
40,8%
100%
Nombre d’unités locales
799
352
73
22
1.246
64,1%
28,3%
5,9%
1,8%
100%
Nombre de travailleurs
3.922
5.343
5.279
5.557
20.101
Part dans le total
19,5%
26,6%
26,3%
27,6%
100%
Nombre d’unités locales
1.235
246
53
15
1.549
Part dans le total
79,7%
15,9%
3,4%
1,0%
100%
Nombre de travailleurs
1.157
3.833
4.343
5.937
15.270
Part dans le total
7,6%
25,1%
28,4%
38,9%
100%
Nombre d’unités locales
314
174
45
17
550
57,1%
31,6%
8,2%
3,1%
100%
40
140
1.215
10.416
11.811
0,3%
1,2%
10,3%
88,2%
100%
11
6
12
8
37
29,7%
16,2%
32,4%
21,6%
100%
Nombre de travailleurs
547
2.303
2.564
4.835
10.249
Part dans le total
5,3%
22,5%
25%
47,2%
100%
Nombre d’unités locales
146
103
28
7
284
51,4%
36,3%
9,9%
2,5%
100%
MÉTALLURGIE
Part dans le total
INDUSTRIES ALIMENTAIRES
PRODUITS EN CAOUTCHOUC ET AUTRES
Part dans le total
INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
Nombre de travailleurs
Part dans le total
Nombre d’unités locales
Part dans le total
MACHINES ET ÉQUIPEMENTS
Part dans le total
INDUSTRIE DE BOIS, DU PAPIER ET IMPRIMERIE
Nombre de travailleurs
1.351
2.895
2.710
2.369
9.325
Part dans le total
14,5%
31%
29,1%
25,4%
100%
430
135
28
6
599
71,8%
22,5%
4,7%
1,0%
100%
Nombre de travailleurs
270
1.133
4.059
3.576
9.038
Part dans le total
3%
12,5%
44,9%
39,6%
100%
Nombre d’unités locales
70
45
38
8
161
43,5%
28%
23,6%
5%
100%
Nombre d’unités locales
Part dans le total
INDUSTRIE CHIMIQUE
Part dans le total
36
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
d’entreprise dans l’industrie manufacturière au dernier trimestre 2009
< 10
travailleurs
10 à 49
travailleurs
50 à 199
travailleurs
>= 200
travailleurs
Total
Nombre de travailleurs
144
369
763
4.804
6.080
Part dans le total
2,4%
6,1%
12,5%
79%
100%
47
18
7
6
78
60,3%
23,1%
9,0%
7,7%
100%
Nombre de travailleurs
1.282
2.044
2.128
510
5.964
Part dans le total
21,5%
34,3%
35,7%
8,6%
100%
496
97
19
2
614
80,8%
15,8%
3,1%
0,3%
100%
Nombre de travailleurs
216
713
1.426
2.673
5.028
Part dans le total
4,3%
14,2%
28,4%
53,2%
100%
62
29
13
5
109
56,9%
26,6%
11,9%
4,6%
100%
327
838
1597
0
2.762
11,8%
30,3%
57,8%
0%
100%
109
37
16
0
162
67,3%
22,8%
9,9%
0%
100%
MATÉRIELS DE TRANSPORT
Nombre d’unités locales
Part dans le total
AUTRES INDUSTRIES ET RÉPARATION
Nombre d’unités locales
Part dans le total
ÉQUIPEMENTS ÉLECTRIQUES
Nombre d’unités locales
Part dans le total
INDUSTRIE TEXTILE
Nombre de travailleurs
Part dans le total
Nombre d’unités locales
Part dans le total
PRODUITS INFORMATIQUES, ÉLECTRONIQUES, …
Nombre de travailleurs
110
561
918
1.118
2.707
Part dans le total
4,1%
20,7%
33,9%
41,3%
100%
34
23
9
3
69
49,3%
33,3%
13,0%
4,3%
100%
4
0
125
0
129
3,1%
0%
96,9%
0%
100%
1
0
1
0
2
50,0%
0%
50,0%
0%
100%
12.136
27.372
34.077
53.449
127.034
Part dans le total
9,6%
21,5%
26,8%
42,1%
100%
Nombre d’unités locales
3.754
1.265
342
99
5.460
Part dans le total
68,8%
23,2%
6,3%
1,8%
100,0%
Nombre d’unités locales
Part dans le total
COKÉFACTION ET RAFFINAGE
Nombre de travailleurs
Part dans le total
Nombre d’unités locales
Part dans le total
TOTAL INDUSTRIE MANUFACTURIÈRES
Nombre de travailleurs
Source : ONSS (données décentralisées) – Calculs UWE
37
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
3.3. Productivité du travail
3.3.1. Évolution générale
GRAPHIQUE 13 - Productivité par tête en volume (en indices : le niveau wallon de 1995 = 100)
155
Industrie wallonne
Industrie flamande
145
135
125
115
105
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
95
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Comme illustré au graphique 13, la productivité de l’industrie manufacturière a
fortement augmenté, tant en Flandre qu’en Wallonie depuis 15 ans. Les deux séries de
ce graphique sont normées sur le niveau de productivité de l’industrie manufacturière
wallonne de 1995. Pour cette première année, les niveaux de productivité en volume de
l’industrie étaient plus élevés en 5% en Flandre qu’en Wallonie.
La productivité wallonne a commencé à rattraper les niveaux flamands à partir de 2003.
Sur les dernières années, la productivité a même affiché des niveaux très légèrement
supérieurs en Wallonie. Les années 2008 et 2009 ont quant à elles vu les niveaux de
productivité baisser dans les deux régions suite à la crise économique. Le niveau de
valeur ajoutée du secteur a alors baissé plus rapidement que l’emploi(6), diminuant
mécaniquement la productivité par employé.
Une augmentation de la productivité du travail a des répercussions positives au-delà de
l’entreprise elle-même car elle est souvent synonyme d’augmentation de salaire pour
les employés. Bien entendu, ces augmentations de productivité sont également liées
aux investissements en capital des entreprises, raison pour laquelle cet indicateur est
également appelé «productivité apparente du travail».
3.3.2. Évolution dans le contexte international
Comme le montre le graphique 14, si l’on compare l’évolution de la productivité par
employé de la Wallonie avec quelques pays industrialisés, trois groupes se distinguent
clairement. D’un côté, l’industrie suédoise, qui a vu sa productivité fortement augmenter
(6) En Wallonie, la valeur ajoutée réelle de l’industrie a diminué de 7,4% contre 3,6% pour l’emploi du secteur.
38
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
depuis 1999. D’un autre l’Italie, qui se distingue par des résultats mitigés, son industrie
manufacturière affichant en 2009 un niveau de productivité inférieur à celui de 1999. Et
enfin un groupe intermédiaire composé de l’Allemagne, la France et la Wallonie qui ont
vu leur productivité augmenter d’environ 25% entre 1999 et 2008.
GRAPHIQUE 14 - Productivité par tête dans l’industrie manufacturière (en indices : 1999 = 100)
170%
Allemagne
France
Wallonie (BFP)
Italie
Suède*
160%
150%
140%
130%
120%
110%
100%
90%
Sources : AMECO, HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
* Aux taux de change de 2000
80%
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
La Wallonie ne semble donc pas ici mal orientée, d’autant plus que la région affiche
des niveaux de productivité comparativement élevés, comme les tableaux 1 et 2 en
attestent également.
3.3.3. Évolution sectorielle
GRAPHIQUE 15 - Productivité par tête en volume - Wallonie (indice : 1980 = 100)
300
Indice industrie
Indice Services marchands
250
200
150
100
50
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
0
39
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
L’évolution de la productivité du secteur industriel et des services marchands en Wallonie
est comparée au graphique 15. Là où la productivité industrielle a considérablement
augmenté au cours des 30 dernières années (l’indice était à 280 en 2008 contre 100 en
1980), la productivité a crû très faiblement dans les services marchands (l’indice était de
122 en 2008 contre 100 en 1980).
Les gains de productivité ont donc augmenté bien plus rapidement dans l’industrie. À
titre d’exemple, en 2009, un emploi industriel générait 76.130 euros de valeur ajoutée
contre 60.095 euros pour un emploi dans les services marchands(7). Chaque emploi
industriel créé a dès lors généré considérablement plus de valeur ajoutée qu’un emploi
créé dans le secteur des services marchands. De plus, les emplois industriels génèrent en
moyenne beaucoup plus d’activité indirecte que les emplois de services(8).
3.4. Rémunérations
GRAPHIQUE 16 - Rémunération des salariés par tête (euros courants)
€ 60.000
Industrie wallonne
Industrie flamande
€ 55.000
€ 50.000
€ 45.000
€ 40.000
€ 35.000
€ 30.000
€ 25.000
€ 20.000
€ 15.000
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
€ 10.000
La rémunération des salariés est un des facteurs clés de la compétitivité des entreprises.
La Zone Euro étant le principal client des entreprises exportatrices wallonnes(9), celles-ci
ne peuvent pas compter sur une évolution favorable des taux de changes pour y gagner
des parts de marchés. Le contrôle des coûts de production est donc un facteur essentiel
pour la compétitivité.
L’analyse du graphique 16 montre que les rémunérations ont progressé de façon semblable
en Wallonie et en Flandre au cours des 30 dernières années. Sur la première décennie, les
rémunérations ont cependant affiché des niveaux plus élevés dans le sud du pays. À partir
de 1991, des niveaux de salaires comparables ont été observés dans les deux régions.
(7) Exprimé en euro courant.
(8)Cfr. Introduction p. 15
(9) Voir section 3.7.
40
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
GRAPHIQUE 17 - Coût salarial par unité physique produite (en indices : le niveau wallon de 1995=100)
105
Industrie wallonne
Industrie flamande
100
95
90
85
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
80
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Maîtriser les coûts du travail permet donc aux entreprises de rester compétitives par rapport
à leurs concurrents étrangers. C’est une variable clé de la croissance du secteur industriel car
celui-ci est particulièrement actif à l’exportation, comme ce sera démontré dans la section 3.7.
Si l’on compare le coût par unité physique produite de l’industrie entre les deux régions
(graphique 17), on constate que les coûts salariaux par unité produite étaient plus élevés
en Wallonie qu’en Flandre au début de la période. Ces coûts se sont ensuite stabilisés
à des niveaux inférieurs et la Wallonie affiche une meilleure compétitivité en termes de
coût salarial depuis 2001.
3.5. Investissements
Les investissements des entreprises sont un facteur essentiel au développement
économique d’un pays ou d’une région car ils induisent un accroissement de la
productivité, et donc de la compétitivité. D’autre part, ils permettent de développer
indirectement de l’activité pour d’autres entreprises et donc de l’emploi. Une région
où les entreprises investissent beaucoup est par ailleurs une région attractive pour de
nouveaux investisseurs étrangers, qui créent à leur tour de nouveaux emplois.
Note méthodologique n°4 :
la formation brute de capital fixe
La formation brute de capital fixe correspond aux acquisitions moins les cessions d’actifs
fixes réalisées par les entreprises par année. Les actifs fixes correspondent aux actifs
corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés dans d’autres
processus de production pendant une durée d’au moins un an. La consommation de
capital fixe, autrement dit les amortissements, sont pris en compte dans le calcul(10).
(10) Source : Institut des Comptes Nationaux – Comptes régionaux : Éléments conceptuels et méthodologiques, Mars 2008.
41
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
GRAPHIQUE 18 - Part de la formation brute de capital fixe
de l’industrie manufacturière dans le total régional (en volume)
28%
Wallonie
Flandre
26%
24%
22%
20%
18%
16%
14%
12%
Sources : HERMREG - BFP, IBSA, IWEPS, SVR - Calculs UWE
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
1980
10%
Le graphique 18 montre l’évolution de la part des investissements en volume de l’industrie
manufacturière dans le total de l’économie en Wallonie et en Flandre. Les pics observés
entre 1989 et 1991 ainsi que la relative stabilité des années 2000 peuvent s’expliquer par des
taux de croissance économiques importants, ces deux indicateurs étant fortement corrélés.
D’autre part, la tendance semble être à la stabilisation depuis 2002 en Wallonie alors
que la part de l’investissement industriel dans le total de l’économie flamande diminue
globalement depuis 1997. Ce phénomène coïncide avec le repli relatif de l’industrie
manufacturière flamande observé plus haut.
Cependant, si l’on regarde les montants investis par l’industrie manufacturière dans les
deux régions (tableau 10), on constate sans surprise que les niveaux sont plus importants
en Flandre qu’en Wallonie.
En 1980, l’industrie wallonne avait investi près de 670 millions d’euros (courants) contre
1,356 milliards pour la Flandre. Les investissements wallons se situaient alors à 51%
des investissements flamands. Ce rapport diminuera progressivement jusqu’en 2000,
après une légère remontée en 1990. Depuis 2000, les investissements wallons ont très
clairement progressés par rapport aux investissements flamands et étaient remontés à
un niveau de 43% en 2009.
TABLEAU 10 : Formation brute de capital fixe en euros courants (millions d’euros)
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2009
Wallonie
688
830
2.029
1.544
2.051
1.914
2.297
Flandre
1.356
2.230
5.143
4.589
6.267
5.317
5.337
Rapport Wallonie/Flandre
51%
37%
39%
34%
33%
36%
43%
Source : HERMREG – BFP, IBSA, IWEPS, SVR – Calculs UWE
42
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
3.6. Recherche et développement
3.6.1. Évolution générale
La recherche et développement joue un rôle capital dans le développement économique.
La conception de nouveaux produits et procédés permet aux entreprises de devenir
plus compétitives et de gagner de nouveaux marchés. La R&D permet également la
création d’emplois à haute valeur ajoutée(11).
GRAPHIQUE 19 - Dépenses intra-muros de R&D des industries manufacturières wallonnes
(% du total des dépenses R&D des entreprises wallonnes, euros courants)
92%
Source : SPP Politique scientifique - Calculs UWE
90%
88%
86%
84%
82%
80%
78%
76%
74%
72%
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Comme le montre le graphique 19, l’industrie manufacturière fournit la grande majorité
des dépenses en R&D engagées par les entreprise wallonnes (entre 78% et 90% depuis
1992). Entre 1992 et 2002, la part de la R&D industrielle a eu tendance à diminuer avant
de rebondir à partir de 2003.
En 2007, la dernière année disponible, le secteur industriel manufacturier avait engagé
près de 1,09 milliard d’euros en R&D, soit 86% du total des dépenses de R&D des
entreprises wallonnes (1,27 milliard d’euros). L’industrie manufacturière joue donc à ce
titre un rôle majeur dans le redéploiement économique de la Région.
Le graphique 20 répartit les dépenses en R&D en fonction de la taille des entreprises(12). Entre
2002 et 2007, les dépenses en R&D des entreprises wallonnes ont fortement augmenté,
passant de 874 millions d’euros en 2002 à 1,266 milliard en 2007. Les très grandes entreprises
(+1.000 employés) représentent la majorité des dépenses de R&D de 2007, soit 54%. De
plus, cette part est en augmentation sensible par rapport aux niveaux de 2002 (39%).
(11) Cfr. Introduction p. 15.
(12) Les chiffres spécifiques à l’industrie manufacturière n’étant pas disponibles, toutes les entreprises wallonnes sont reprises ici. Néanmoins, étant donné que les entreprises
manufacturières représentent la grande majorité des dépenses de R&D des entreprises wallonnes, l’analyse reste consistante.
43
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Au final, l’augmentation des dépenses en R&D des entreprises est principalement due
aux très grandes entreprises qui ont fourni 88% des nouvelles dépenses. Cette évolution
est relativement préoccupante car elle démontre que les nombreuses initiatives
publiques visant à amener les PME à se lancer dans des activités de R&D ont rencontré
un succès très mitigé. Aujourd’hui encore, la R&D est principalement du ressort des
grandes entreprises.
GRAPHIQUE 20 - Dépenses en R&D des entreprises wallonnes (millions d’euros)
1400
1266
2002
2007
1200
1000
874
800
689
600
400
343
229 230
200
112 144
114 109
51
64
25
31
0
Total
>1000
employés
500-999
employés
250-499
employés
50-249
employés
10-49 employés <10 employés
Source : Bureau Fédéral du Plan
3.6.2. Évolution sectorielle
GRAPHIQUE 21 - Dépenses en R&D dans l’industrie manufacturière wallonne
(% du total de la R&D de l’industrie manufacturière, en euros courant)
1992
25%
2000
11%
21%
27%
36%
6%
6%
18%
15%
Fabrication d’équipements électriques et électroniques
Fabrication de matériel de transport
Produits chimiques (hors produits pharmaceutiques)
Produits pharmaceutiques
5%
9%
55%
9%
7%
9%
2007
14%
11%
16%
Fabrication de machines et équipements
Métallurgie et travaux des métaux
Produits minéraux non métalliques
Autres industries manufacturières
Source : SPP Politique scientifique, calculs UWE
44
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Une analyse intra-sectorielle (graphique 21) révèle que l’industrie pharmaceutique a pris une
importance croissante dans les activités de R&D wallonne depuis 1992. En effet, sa part dans
les dépenses totales de l’industrie manufacturière est passée de 15% en 1992 à 55% en 2007.
S’il est très bénéfique pour une économie de voir des activités à très fortes valeurs ajoutées,
telle que la pharmacie, se développer sur son territoire, le manque de diversification
reste un problème important. Ce problème est d’autant plus préoccupant que le secteur
de la pharmacie est principalement composé d’une très grande entreprise(13), qui fournit
donc à elle seule une part importante de la R&D wallonne.
L’économie wallonne aurait donc tout intérêt à se spécialiser davantage encore dans
d’autres domaines stratégiques, comme l’aérospatiale (qui représentait déjà plus
de 5% de la R&D manufacturière wallonne en 2007), les équipements électriques et
électroniques (9% en 2007) ou la fabrication de machines et équipements (9% en 2007)
– des produits très demandés sur les marchés émergents – ainsi qu’à se maintenir dans
ses secteurs traditionnels comme la métallurgie.
Le tableau 11 compare la croissance des dépenses de R&D par sous-secteur industriel
en Wallonie. Sans surprise, le secteur de la pharmacie affiche un des taux les plus élevés,
avec une croissance des investissements en recherche et développement de plus de 12%
par an depuis 2000. L’industrie du cuir et de la chaussure arrive néanmoins en première
position, mais ce secteur ne représente qu’une part limitée des dépenses totales (moins
de 500.000 euros en 2007).
TABLEAU 11 : Dépenses en R&D dans l’industrie manufacturière wallonne
Taux de croissance
annuel moyen
entre 2000-2007
Montant
investi en 2007
(millions d’euros)
Industrie du cuir et de la chaussure
17,0%
0,5
Produits pharmaceutiques
12,3%
598,9
Sous-secteur
Fabrication de matériel de transport
9,9%
99,2
Fabrication de machines et équipements
6,3%
51,4
Caoutchouc et matières plastiques
4,1%
12,8
Métallurgie et travaux des métaux
3,0%
50,6
Taux d’inflation annuel moyen entre 2000 et 2007 en Belgique
2,1%
-
Fabrication d’équipement électrique et électronique
0,1%
95,1
Travail du bois et fabrication d’articles en bois
-0,4%
1,6
Produits chimiques (hors produits pharmaceutiques)
-0,7%
123,9
Industries agricoles et alimentaires
-1,2%
10,7
Produits minéraux non métalliques
-2,1%
31,8
Industries textiles et habillement
-4,6%
5,5
Autres industries manufacturières
-6,9%
2,1
Industrie du papier et du carton, édition et imprimerie
-8,5%
4,2
Coke, raffinerie pétrolière & combustible nucléaire
-56,3%
0,03
6,0%
1088,2
Industrie manufacturière
Source : SPP Politique Scientifique et SPF Économie - Calculs UWE
(13) Cfr. Tableau 8.
45
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
La fabrication de matériel de transport occupe la 3e place, avec un taux de 9,9% et
des montants engagés en 2007 proches des 100 millions d’euros. La fabrication de
machines et équipements, secteur important pour la R&D (51,4 millions d’euros en 2007)
a également crû fortement sur la période (+6,3% sur base annuelle), plutôt une bonne
nouvelle donc.
D’autres secteurs industriels ont par contre vu leurs dépenses en R&D décroître, comme
la chimie (hors pharmacie), l’industrie textile ou l’industrie du papier.
Globalement cependant, les dépenses en R&D des industries manufacturières wallonnes
ont crû de 5,7% par an, principalement grâce à l’industrie pharmaceutique et la fabrication
de matériel de transport. Seuls 6 sous-secteurs industriels ont vu leurs dépenses en R&D
augmenter plus rapidement que le niveau moyen d’inflation entre 2000 et 2007.
3.7. Exportations
Comme l’introduction de cette étude en a fait la démonstration, les exportations
jouent un rôle majeur dans l’activité économique. En Wallonie, la taille réduite du
marché intérieur limite rapidement les perspectives des entreprises. Celles-ci sont donc
rapidement amenées à prospecter les marchés étrangers pour y trouver de la croissance.
GRAPHIQUE 22 - Exportation de l’industrie manufacturière wallonne
(taux de croissance annuels)
20%
15%
10%
5%
0%
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
-5%
-10%
-15%
Source : ICN - Calculs UWE
-20%
L’industrie manufacturière fournit la grande majorité des exportations régionales, soit
près de 88% en 2010. Ce constat n’est pas étonnant car ce secteur produit l’écrasante
majorité des biens exportables. Le solde se réparti entre quelques services exportables
(services de consultance, production de films ou quelques services aux personnes) et
des produits énergétiques comme l’électricité ou le gaz.
46
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Si l’on fait exception de la crise de 2009, les exportations manufacturières affichent des
taux de croissance élevés. Le rôle joué par l’industrie manufacturière dans le commerce
extérieur de la Wallonie est donc prédominant car c’est sur ce secteur que repose
l’essentiel des perspectives et opportunités.
TABLEAU 12 : Estimation de la part des exportations dans le chiffre d’affaires
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Dans le chiffre d’affaires total
des entreprises wallonnes
23%
23%
23%
24%
23%
25%
Dans le chiffre d’affaires total
de l’industrie manufacturière
76%
79%
79%
84%
84%
nd
Source : ICN et SPF Économie (statistiques de la TVA) – Calculs UWE
Le tableau 12 donne une estimation de la part des exportations de l’industrie manufacturière dans le chiffre d’affaires du secteur et le chiffre d’affaires total. Les exportations
représentent donc la grande majorité de l’activité des entreprises industrielles. Quand on
compare ces chiffres avec l’ensemble des activités des entreprises wallonnes, on constate
également que les exportations manufacturières représentent une part non négligeable.
GRAPHIQUE 23 - Exportations wallonnes en 2010 (part des différentes régions dans le total)
4%
2%
Zone Euro
7%
Autres pays d'Europe
Autres
Amérique du Nord
8%
BRIC
Afrique
13%
67%
Source : AWEX - Calculs UWE
Les exportations wallonnes(15), comme le montre le graphique 23, sont fortement
concentrées sur les pays européens (80% du total). Les échanges réalisés avec les pays
émergents ne représentent toujours qu’une faible part des exportations régionales
et demanderaient à être davantage exploités afin de profiter des opportunités de
croissance qui y sont offertes.
(14) Les sources des données d’exportations et des chiffres d’affaires ne reprennent pas la même base d’entreprises et proviennent de sources différentes. Les données
présentées ici ne fournissent donc qu’une indication.
(15)Il s’agit ici du total des exportations wallonnes, les exportations industrielles wallonnes ne sont pas ventilées par pays de destination.
47
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
3.8 Démographie des entreprises
Chaque année, des entreprises se créent, d’autres disparaissent en Wallonie. La tendance
générale de la démographie des entreprises peut être résumée par un indicateur : le
taux de créations nettes. Le taux de créations nettes d’entreprises commerciales est
calculé comme suit :
Taux de création net =
(
(Créations brutes + Immigrations)t – (Faillites + Désactivations + Emigrations)t
Nombre d’entreprises en fin d’annéet-1
)
Les résultats de l’industrie manufacturière wallonne sont repris au graphique 24. À
l’exception des années 2002 et 2004, les soldes net d’entreprises industrielles ont donc
été positifs chaque année et suivent globalement les cycles économiques évoqués au
début de cette étude. Ainsi, les taux de croissance ont été particulièrement élevés entre
1997 et 2001, avant la bulle internet. Après une diminution sensible au début des années
2000, les créations d’entreprises ont ensuite repris entre 2005 et 2007 avant de chuter à
nouveau en 2008, avec la crise financière.
En moyenne, au cours de la période étudiée, 56 nouvelles entreprises manufacturières
supplémentaires se sont créées ou installées chaque année en Wallonie.
GRAPHIQUE 24 - Taux de créations nettes d’entreprises dans l’industrie manufacturière wallonne
2,5%
2,0%
1,5%
1,0%
0,5%
2002
0,0%
1997
1998
1999
2000
2001
2004
2003
2005
2006
2007
2008
Source : IWEPS - Calculs UWE
-0,5%
Une analyse sous-sectorielle permet d’identifier les industries qui ont connu les
meilleurs taux de croissance depuis 1996. Le graphique 25 reprend à cet effet les taux de
créations nettes annuels moyens entre 1996 et 2008. À l’exception de l’industrie textile
et de l’habillement, tous les sous-secteurs industriels ont connu des taux de croissance
annuels moyens positifs. La fabrication de matériel de transport se distingue des autres
secteurs avec un taux particulièrement élevé de 2,8%. Suivent ensuite l’industrie du bois,
la métallurgie et l’industrie chimique (dont la pharmacie).
48
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
GRAPHIQUE 25 - Taux de créations nettes moyen en Wallonie entre 1996 et 2008
-1,0%
-0,5%
0,0%
0,5%
1,0%
1,5%
2,0%
2,5%
3,0%
Matériel de transport
Travail du bois
Métallurgie
Industrie chimique
Machines et équipement
Autres industries manufacturières
Autres produits minéraux non métalliques
Papier, carton, édition, imprimerie
Industries agricoles et alimentaires
Equipements électriques et électroniques
Caoutchouc et plastique
Industrie textile et habillement
Source : IWEPS - Calculs UWE
4 | L’INDUSTRIE EXTRACTIVE
Les entreprises extractives évoquées dans cette section représentent uniquement le
secteur extractif de produits non énergétiques. Il s’agit notamment de l’extraction de
minerais métalliques, de pierres, de sable, d’argiles, de sels d’engrais naturels ou d’autres
minéraux pour l’industrie chimique. Les chiffres de la valeur ajoutée sont exprimés en
euros courants car l’ICN ne publie pas de séries en volumes.
Parmi les plus grandes entreprises wallonnes de ce secteur, on citera les groupes Lhoist
et Carmeuse.
GRAPHIQUE 26 - Part de l’industrie extractive dans l’économie wallonne (% du total régional)
0,6%
Valeur ajoutée (euros courants)
Emploi
0,5%
0,4%
0,3%
0,2%
0,1%
Source : BNB - SPP Politique scientifique - Calculs UWE
0,0%
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
49
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Le graphique 26 montre que l’industrie extractive wallonne représentait 0,34% de la
valeur ajoutée totale de la région en 2009. Ce chiffre ne reprend cependant que les
entreprises dont l’activité principale se situe dans le domaine de l’extraction de produits
non énergétiques. Les nombreuses activités se situant après ce processus sont assimilées
à la manufacture, et donc intégrées au chapitre précédent.
Cette part semble diminuer légèrement entre 1995 et 2001, elle se stabilise ensuite. La
série est cependant exprimée en euros courants et n’est donc pas corrigée de l’inflation(16).
En termes absolus, la valeur ajoutée de ce secteur a néanmoins légèrement progressé,
passant de 227 millions d’euros en 1995 à 239 millions en 2009.
Au niveau de l’emploi, cette industrie représentait 0,2% du total en 2009, avec également
une tendance à la baisse au cours de la période étudiée. Celle-ci est néanmoins
comparable à celle observée dans les autres domaines industriels. En 2009, l’industrie
extractive wallonne représentait près de 2.400 emplois.
5 | LA PRODUCTION D’ÉNERGIE
5.1. Poids dans l’économie
L’industrie de production d’énergie comprend la production et la distribution d’électricité
et de gaz ainsi que le captage, l’épuration et la distribution de l’eau.
Parmi les acteurs importants de ce secteur, on trouve en Wallonie ORES (2200 emplois), la
Société Wallonne des Eaux (1611 emplois) ou la Compagnie Intercommunale Liégeoise
des Eaux (360 emplois).
GRAPHIQUE 27 - Place de l’industrie de l’énergie dans l’économie wallonne (% du total régional)
3,5%
Valeur ajoutée (euros courants)
Emploi
R&D
3,0%
2,5%
2,0%
1,5%
1,0%
0,5%
Source : BNB - SPP Politique scientifique - Calculs UWE
0,0%
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
(16) Pour rappel, la valeur ajoutée en volume n’est pas calculée au niveau des sous-secteurs industriels.
50
R appor t UWE 2011
2005
2006
2007
2008
2009
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Le secteur de l’énergie est relativement important en Wallonie et représentait 2,5% de la
valeur ajoutée totale en 2009(17). Cette part a cependant diminué entre 1997 et 2005 et
tend à se stabiliser depuis. La valeur ajoutée totale du secteur s’élevait à 1,322 milliard en
1995 contre 1,780 milliard en 2009.
En termes d’emploi, la production d’énergie représentait moins de 0,7% du total régional
en 2009, soit 8500 emplois. Compte tenu du haut niveau relatif de sa valeur ajoutée, ce
secteur affiche un niveau de productivité par tête très élevé.
La recherche et développement reste par contre relativement marginale car elle
représentait à peine 0,14% du total régional en 2007. En niveau cependant, une
augmentation importante est observée depuis 2005, les montants investis passant de
0,44 million d’euros en 1995 à 1,83 million d’euros en 2007.
5.2. Structure
GRAPHIQUE 28 - Taille des entreprises dans l’industrie de l’énergie wallonne
(unités locales du secteur privé)
1%
0,33%
12%
<50 travailleurs
50 à 199 travailleurs
200 à 499 travailleurs
>=500
Source : ONSS - Calculs UWE
87%
Les entreprises(18) productrices d’énergie sont en majorité des petites entreprises (87%
soit 262 établissements) mais les entreprises de taille moyenne (soit 35 entreprises)
représentaient tout de même 12% des effectifs. Ce secteur ne comptait en 2009 qu’une
entreprise privée de plus de 500 employés.
(17) Exprimé en euros courants pour les raisons évoquées au point précédent.
(18)Plus d’informations relatives aux statistiques de l’ONSS sont reprises dans la note méthodologique n°3.
51
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
6 | LA CONSTRUCTION
6.1. Poids dans l’économie
L’industrie de la construction est un secteur important en Wallonie. Parmi les entreprises
de ce secteur, on retrouve notamment Thomas et Piron (1.080 emplois), Galère (1.010
emplois) et Fabricom Industrie Sud (770 emplois).
GRAPHIQUE 29 - Place de l’industrie de la construction dans l’économie wallonne (% du total régional)
8,0%
Valeur ajoutée (euros courants)
Emploi
R&D
7,0%
6,0%
5,0%
4,0%
3,0%
2,0%
1,0%
Source : BNB - SPP Politique scientifique - Calculs UWE
0,0%
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
En termes de valeur ajoutée, ce secteur représentait 5,9% du total wallon, ce qui en fait le
plus gros sous-secteur industriel de la région. La part de ce secteur tend à croître depuis
2004 mais reste peu volatile sur la période étudiée (entre 5,2% et 6%)
La part de l’emploi de ce secteur est encore plus importante, avec 6,8% du total en 2009,
soit près de 81.500 emplois. L’emploi semble suivre la même tendance que la valeur
ajoutée sur la période étudiée. Étant donné le niveau relativement faible de la valeur
ajoutée du secteur par rapport à son niveau d’emploi, la productivité y est forcément
moindre que dans les secteurs précédemment étudiés.
Quant à la R&D, son niveau est relativement faible, particulièrement sur la fin de la
période, et représentait 0,83% du total en 2007, soit 10,5 millions d’euros. Lors du pic
observé en 1996, les montants alloués par ce secteur à la R&D était de 25 millions d’euros.
6.2. Structure
Comme le montre la graphique 30, le secteur de la construction est composé pour
l’essentiel de petites entreprises (moins de 50 travailleurs). Seules 2 entreprises privées
de ce secteur disposent de plus de 500 employés. Cette situation permet d’expliquer
en partie le faible niveau relatif de recherche et développement affiché par ce secteur.
Les petites entreprises disposent en effet moins souvent que les grandes de ressources
humaines et financières, que nécessitent les activités de R&D(19).
52
R appor t UWE 2011
(19) Comme illustré au graphique 16.
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
GRAPHIQUE 30 - Taille des entreprises dans l’industrie de construction wallonne
(unités locales du secteur privé)
0,17%
1,41%
0,02%
<50 travailleurs
50 à 199 travailleurs
200 à 499 travailleurs
>=500
98,40%
Source : ONSS - Calculs UWE
Au final, c’est 13,1% des entreprises privées wallonnes qui sont actives dans le secteur de
la construction, soit un total de 9311 unités.
53
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
7 | CONCLUSION
La Wallonie, c’est là un fait incontestable, souffre d’un retard économique global par
rapport à ses plus proches voisins. En effet, le niveau de richesses créées par habitant
est sensiblement inférieur à ceux observés dans d’autres régions européennes. Comme
l’introduction de cette étude en a fait la démonstration, l’activité économique d’un pays
est intimement liée au dynamisme de son industrie. La question peut dès lors se poser
en ces termes : Le manque d’activité constaté en Wallonie a-t-il pour origine un manque
de vigueur industrielle ?
Les premiers indicateurs présentés dans cette étude vont effectivement dans ce sens. En
niveaux, les résultats ne sont effectivement pas brillants, la valeur ajoutée industrielle par
habitant restant faible par rapport aux autres pays européens, à l’image de l’économie
wallonne dans son ensemble. La base industrielle semble ainsi trop petite. D’un autre
côté, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée courante, ainsi que dans le total de
l’emploi est en très net recul depuis 30 ans en Wallonie.
Une analyse plus poussée a cependant permis de relativiser ce constat. Si l’emploi
industriel diminue effectivement, la valeur ajoutée réelle (corrigée des effets de
l’inflation) est quant à elle restée globalement stable sur la même période. Une
hausse spectaculaire de la productivité de l’industrie manufacturière wallonne permet
d’expliquer cette tendance. D’autre part, des comparaisons internationales ont mis en
évidence que l’industrie manufacturière wallonne est relativement bien orientée, car elle
se stabilise à des niveaux corrects depuis 10 ans.
Le déclin de la part de l’industrie dans le total de la valeur ajoutée courante doit
également être relativisé. Il a été démontré ici que ce phénomène s’accompagne
d’une augmentation des activités de services aux entreprises, générée en partie par
l’externalisation d’activités dans le secteur industriel.
L’industrie joue donc toujours un rôle majeur dans l’activité économique régionale,
mais son rôle ne se cantonne pas à la seule création de richesses. Elle influence aussi
considérablement les investissements en recherche et développement et le niveau des
exportations. En effet, l’industrie occupe la première place dans ces deux domaines, ce
qui la rend indispensable à toute stratégie de relance économique régionale.
Des tendances sous-sectorielles très nettes ont également été dégagées. L’industrie
pharmaceutique prend une place prépondérante dans le paysage économique de
la Région. Ce constat s’applique tant à la création de richesses et d’emplois qu’au
financement de la R&D et aux exportations.
Si cette tendance est positive en soi, la Wallonie parvenant à se spécialiser dans des
domaines de pointe, un manque de diversification du tissu économique comporte,
à terme, des risques importants. En effet, une économie trop concentrée sur un petit
nombre de secteurs d’activité est sujette, plus qu’une autre, aux aléas des cycles
conjoncturels et aux chocs structurels.
54
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
Ce même constat peut être établi au niveau des exportations. Si en termes de croissance,
les exportations industrielles ont affiché des résultats positifs, celles-ci se sont révélées
extrêmement concentrées sur les seuls pays européens et les entreprises wallonnes ne
semblent pas encore tirer pleinement profit des opportunités de croissances offertes par
les pays émergents.
Au terme de cette étude, on peut donc affirmer que si la Wallonie ne s’est pas
désindustrialisée depuis 30 ans, elle gagnerait néanmoins à renforcer ce secteur. Les
entreprises industrielles wallonnes sont en effet apparues comme trop petites, et trop
peu nombreuses, comparées au niveau flamand. Au-delà des frontières de l’industrie
elle-même, et des effets directs sur les exportations, la R&D et le PIB en général, c’est
toute l’économie régionale qui bénéficierait de ces efforts. En effet, le secteur des
services est lui aussi intimement lié à celui de l’industrie.
D’autre part, une plus grande diversité du tissu industriel wallon permettrait de protéger
davantage l’économie régionale des crises qui ne manqueront pas de survenir dans les
prochaines années. ||
55
R a p p o r t U WE 2011
Deuxième étude
La politique industrielle
de l’Union européenne
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
» UNE INDUSTRIE WALLONNE COMPÉTITIVE ET DURABLE
» Synthèse
» Introduction
» Etude n° 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
» ETUDE N° 2
» Etude n° 3 | La politique industrielle wallonne
» Etude n° 4 | L’industrie wallonne : des réponses aux défis sociétaux
» MONOGRAPHIES SECTORIELLES
58
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 2 | La politique industrielle de l ’UE
Etude n° 2
La politique industrielle de l’UE
L’industrie est un secteur clé de l’activité économique. Se passer de celui-ci semble aujourd’hui, plus
que jamais, impossible. L’étude précédente a démontré que si l’industrie wallonne a relativement bien
résisté au cours des 30 dernières années, de nombreux progrès restent encore à faire pour permettre à
la Région de résorber son retard économique.
Depuis peu, l’industrie a retrouvé sa place au centre de la politique européenne. La Commission
européenne a à cet effet pris de nombreuses initiatives dans le cadre de la stratégie «Europe 2020».
Cette seconde étude a pour objectif d’identifier les points clés de cette nouvelle politique et de la
replacer dans son contexte historique.
DE LA STRATÉGIE DE LISBONNE À LA STRATÉGIE EUROPE 2020
En mars 2000, lors du Conseil européen de Lisbonne, les dirigeants européens s’étaient
fixé pour objectif de faire de l’Europe «l’économie de connaissance la plus compétitive et
la plus dynamique du monde» d’ici à 2010. Cette initiative ambitieuse, appelée «stratégie
de Lisbonne», engageait les pays membres de l’Union à mettre en œuvre les politiques et
réformes économiques nécessaires pour faire de l’économie européenne une économie
compétitive, dynamique, basée sur la connaissance et l’innovation. Parmi les objectifs
à atteindre, un taux d’emploi à 70% et des dépenses en R&D à 3% du PIB étaient cités.
Les objectifs et la méthode ont été révisés en 2005 suite aux résultats décevants engrangés
jusque-là. Le bilan de mi-parcours, à la base de cette révision, avait en effet révélé un manque
criant de coordination entre les états membres ainsi que des objectifs trop dispersés. De
nouveaux instruments ont alors été mis en place, avec pour objectif de permettre une
meilleure articulation entre les différents plans nationaux et le plan européen.
Depuis cette date, les grandes orientations en matière d’économie et d’emploi, appelées
«lignes directrices intégrées», sont déterminées en commun par les états membres sur
proposition de la Commission, pour une durée de 3 ans. Celles-ci se concentrent sur les
politiques de l’emploi, l’amélioration de la productivité et la modernisation des systèmes
de protection sociale. Sur base de ces lignes directrices, chaque état membre établit ses
priorités en termes de croissance et d’emploi qu’il consigne dans un document appelé
«programme national de réforme».
La stratégie de Lisbonne étant arrivée à échéance fin 2010, les états membres et la
Commission ont souhaité adopter un nouveau plan stratégique pour les dix prochaines
années. Cette nouvelle stratégie, baptisée «Stratégie Europe 2020» présente des objectifs
plus modestes mais plus réalistes. Elle vise, entre autres, à maintenir des investissements
dans la recherche, l’innovation et la formation, tout en prônant des réformes structurelles.
Elle entend par là développer une croissance «intelligente, durable et inclusive»(1).
(1) Pour plus d’informations sur la politique européenne et son histoire : www.touteleurope.eu.
59
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
LA STRATÉGIE EUROPE 2020
Avec la fin de la stratégie de Lisbonne, et au vu de ses résultats mitigés, la Commission
européenne a donc lancé un nouveau plan ambitieux visant à renforcer l’économie
européenne et la préparer à affronter les défis à venir, comme le vieillissement de sa
population. Baptisée «Stratégie Europe 2020», cette nouvelle feuille de route fixe à
l’Union européenne 5 grands objectifs à atteindre d’ici à 2020(2) et encourage les Etats
membres à les transposer en trajectoires et objectifs nationaux :
• 75% de la population âgée de 20 à 64 ans devrait avoir un emploi ;
• 3% du PIB devrait être investi dans la Recherche et Développement ;
• Les objectifs «20/20/20»(3) en matière de climat et d’énergie devraient être atteints ;
• Le taux d’abandon scolaire devrait être ramené à moins de 10% et au moins 40% des jeunes
générations devraient obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur ;
• Réduire de 20 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté.
Afin de pouvoir atteindre ces objectifs, la Commission a présenté sept initiatives phares,
dont celle visant à la mise en place d’une nouvelle politique industrielle élaborée dans
le cadre de la présidence belge. Ces initiatives sont brièvement résumées ci-dessous :
1. «Une Union pour l’innovation» : Cette initiative vise notamment à améliorer
l’accès aux financements de projets de recherche ou d’innovation afin de garantir le
développement de produits commercialisables et des emplois liés.
2. «Jeunesse en mouvement» : Il s’agit ici de renforcer la performance des systèmes
éducatifs et de faciliter l’entrée des jeunes sur le marché du travail.
3. «Une stratégie numérique pour l’Europe» : Cette initiative concerne le déploiement
de l’Internet haut débit et vise à en faciliter l’accès aux entreprises et aux ménages.
4. «Une Europe efficace dans l’utilisation des ressources» : La Commission vise ici
la réduction de la consommation de ressources naturelles, à orienter l’économie vers
une utilisation accrue de ressources renouvelables ainsi qu’à développer une plus
grande efficacité énergétique.
5. «Une stratégie pour les nouvelles compétences et les nouveaux emplois» :
Il s’agit de permettre aux citoyens européens de développer leurs compétences
tout au long de leur vie afin de moderniser le marché du travail et d’en améliorer la
participation.
6. «Une plate-forme européenne contre la pauvreté» : Cette initiative a pour
objectif de garantir la cohésion sociale et territoriale de façon à assurer le partage
des avantages de la croissance entre tous les européens.
7. «Une politique industrielle à l’ère de la mondialisation» : C’est l’initiative à laquelle
nous allons nous intéresser dans la suite de cette étude. Elle vise notamment à
améliorer l’environnement des entreprises en Europe et à soutenir le développement
d’une industrie forte et durable capable d’affronter la concurrence mondiale.
(2) Source : Communication de la Commission «Europe 2020 : une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive», Mars 2010.
(3) Réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20%, porter à 20% la part des énergies renouvelables et augmenter de 20% l’efficacité énergétique d’ici à 2020.
60
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 2 | La politique industrielle de l ’UE
Afin d’atteindre les objectifs fixés, au travers des initiatives lancées par la Commission, une
gouvernance économique renforcée devra être instaurée. Dans ce cadre, la Commission
rédigera au cours des années à venir des rapports d’évaluation par pays afin de guider
les états membres dans la réalisation de leurs stratégies nationales.
Des recommandations spécifiques seront donc adressées à chaque état membre, de
même que d’éventuels avertissements politiques en cas de réponse inadéquate. Des
évaluations relatives aux avancées réalisées dans le cadre d’Europe 2020 seront lancées
en parallèle de celles liées au Pacte de stabilité et de croissance.
UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE À L’ÈRE DE LA MONDIALISATION
Les informations reprises dans cette section sont issues de la communication de la
Commission européenne au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et
social européen et au Comité des régions, intitulée : «Une politique industrielle intégrée à
l’ère de la mondialisation. Mettre la compétitivité et le développement durable sur le devant la
scène». Celle-ci est disponible au téléchargement sur le site internet de la Commission (4).
D’entrée de jeu, la Commission fait face à une difficulté majeure : la politique industrielle
fait partie des compétences complémentaires de l’UE. Cela signifie que la compétence
des Etats reste principale et que la Commission ne peut qu’émettre des recommandations,
sans pouvoir poser de sanction en cas de non-respect.
L’industrie, un secteur essentiel pour l’économie européenne
Si l’on s’en réfère au document de la Commission, l’Europe a besoin d’une industrie
pour 3 raisons majeures. Premièrement, car ce secteur occupe actuellement une place
importante dans l’économie privé : 1 emploi privé sur 2 est fourni soit par l’industrie
manufacturière soit par le secteur des services tributaire de l’industrie (fournisseurs ou
clients). Ensuite, l’industrie fournit 80% des efforts de R&D de l’Union, ce qui la place
au centre du processus d’innovation. Enfin, grâce à des gains de productivité élevés,
l’industrie est au cœur de la croissance économique européenne.
Comme l’étude 1 l’a mis en évidence, ces constats se vérifient également en Wallonie
et les recommandations de la Commission gardent tout leur sens dans la cadre de la
politique industrielle de la Région. Celle-ci fera l’objet de l’étude suivante.
Quelques constats préalables
Premièrement, l’industrie européenne doit beaucoup aux PME. En effet, celles-ci
représentent environ 2/3 des emplois industriels(5). Aussi, le potentiel de croissance est
très lié au dynamisme de ces PME et celles-ci doivent donc être au cœur de la nouvelle
politique industrielle européenne.
Deuxièmement, l’UE doit tenir compte du nouveau contexte international. En effet,
l’industrie européenne doit considérer l’importance croissante que prennent les pays
émergents (dont la Chine, l’Inde et le Brésil) et qui lui font concurrence. Aujourd’hui,
cette dernière s’exerce de façon croissante sur des produits à forte valeur ajoutée et non
plus uniquement sur des produits de base.
(4) http://ec.europa.eu/enterprise/policies/industrial-competitiveness/industrial-policy/index_fr.htm
(5) COMMISSION EUROPEENNE, Une politique industrielle intégrée à l’ère de la mondialisation.
Mettre la compétitivité et le développement durable sur le devant de la scène, COM(2010)614 final /2, 17 novembre 2010, p.3
61
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Dernièrement, cette concurrence économique se traduit en une course à la recherche de
matières premières qui de ce fait, se raréfie avec le temps. De plus, une surconsommation
des ressources naturelles qui ne tient pas compte de leur durabilité fait courir un risque
grave sur le plan écologique. L’UE se doit dès lors de continuer à jouer son rôle de
précurseur dans le domaine de la transition vers une économie durable et respectueuse
et à faible émission de carbone.
L’approche de la politique industrielle proprement dite
La nouvelle politique industrielle européenne a pour ambition d’être plus large que celles
menées auparavant. S’il convient évidemment de mettre en place des mesures visant à
améliorer la compétitivité et l’innovation du secteur, il faudra également prendre en
compte les effets que les autres initiatives stratégiques pourraient avoir sur ce secteur. En
effet, celles-ci ont un impact non négligeable sur la compétitivité du secteur industriel
(comme les politiques de transport, ou d’énergie par exemple).
Dès lors, la nouvelle politique industrielle se base sur deux piliers. D’une part, une vision
horizontale impliquant une restructuration par secteur au travers de stratégies de transition
ambitieuses. La Commission continuera à appliquer une approche adaptée à chacun d’entre
eux tout en veillant à apporter des réponses stratégiques coordonnées au niveau européen.
D’autre part, il sera tenu compte de l’ensemble de la chaine de création de valeur et
d’approvisionnement afin de pouvoir inclure les effets de la mondialisation.
A cet effet, la Commission fera régulièrement rapport des politiques et des performances
(au niveau européen ainsi qu’au niveau national) en matière de compétitivité et de
stratégie industrielle.
Afin d’assurer la compétitivité des entreprises, de stimuler l’esprit d’entreprise et de
préparer les entreprises à relever les défis évoqués plus haut, l’UE par le biais de la
Commission s’efforcera de créer le cadre idéal pour une politique industrielle en phase
avec le monde actuel. Celle-ci comporte trois axes principaux.
1. Développer les conditions cadres pour l’activité industrielle. Cet axe s’articule
autour de sept thèmes :
•
•
•
•
•
•
•
Mettre en œuvre une réglementation intelligente
Améliorer l’accès au financement pour les entreprises
Développer le marché unique
Améliorer les infrastructures
Améliorer la normalisation
Stimuler l’innovation industrielle
Moderniser la base de compétences
2. Restructurer l’activité industrielle européenne afin de lui permettre de
répondre aux nouveaux critères d’exigence et faire face aux grands défis
sociétaux à venir. Deux thèmes sont ici définis :
• Promouvoir la modernisation de l’industrie
• Déployer une approche sectorielle ciblée
3. Profiter au maximum des opportunités offertes par la mondialisation.
62
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 2 | La politique industrielle de l ’UE
1. AMÉLIORER LES CONDITIONS CADRES POUR L’ACTIVITÉ INDUSTRIELLE
1.1. Mettre en œuvre une réglementation intelligente
Il s’agit d’une des mesures phare annoncée par la Commission : un contrôle renforcé
de l’impact des dispositions réglementaires européennes sur la compétitivité de son
industrie.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission veillera dès 2011 à ce que toutes les nouvelles propositions politiques
ayant un impact sur l’industrie soient préalablement soumises à une analyse détaillée
de leurs conséquences sur la compétitivité (en demandant notamment l’avis des parties
prenantes).
• La Commission veillera également à ce que toute nouvelle directive ayant un impact sur la
compétitivité soit soumise à une évaluation ex post (à partir de 2011).
• Elle réexaminera également le Small Business Act en vue de poursuivre l’amélioration de
l’environnement économique pour les PME (2010).
Rôle des Etats membres (niveau national)
• Les Etats membres sont invités à faire de même par rapport à leurs principales propositions
politiques ayant un impact sur l’industrie.
• Mettre en œuvre le Small Business Act.
L’objectif de cette nouvelle approche, appelée «bilan de qualité», est d’évaluer les
effets des nouvelles lois par rapport aux objectifs de compétitivité. Si des effets
néfastes sont identifiés, les recommandations de la Commission permettront de
simplifier et réduire la charge administrative en identifiant les points qui posent
problème (chevauchements, divergences, incohérences d’anciennes législations avec
la nouvelle législation, etc.)
1.2. Améliorer l’accès au financement pour les entreprises
L’objectif est ici de rendre les marchés financiers plus résistants et efficaces, de façon à
leur permettre d’assurer leur rôle premier : financer l’économie réelle.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission présentera une législation répondant à cette préoccupation. Dans ce
cadre, les incidences potentielles sur l’accès au financement des PME seront évaluées et
pleinement prises en compte.
• Elle examinera dans quelle mesure les instruments financiers européens peuvent être
adaptés afin de remédier aux défaillances du marché concernant le financement des PME
et de l’innovation (programmation post-2013).
Rôle des Etats membres (niveau national)
• Les Etats membres sont invités à développer et partager les bonnes pratiques concernant
les régimes publics en faveur de l’accès au financement (2011-2012).
63
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
1.3. Développer le marché unique
Renforcer le marché unique
Au cours des 20 dernières années, le développement du marché unique a permis aux
entreprises européennes de réduire leurs coûts de transaction ainsi que d’accroître
la concurrence. D’importantes économies d’échelle ont ainsi été réalisées avec des
conséquences positives sur la compétitivité.
Un certain nombre d’améliorations doivent toutefois être encore apportées au système en
raison de l’existence de règles nationales et régionales divergentes, de difficultés d’accès
à certains secteurs de marchés, d’environnements juridiques différents et complexes, de
non-respects des droits à la propriété intellectuelle, de manque de normalisation, etc.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission veillera à la mise en œuvre dans les délais du Pacte pour le marché unique.
• Elle établira également un plan d’action visant à améliorer la surveillance des marchés et
le contrôle douanier.
• Elle établira la législation européenne afin de déterminer les domaines dans lesquels
une harmonisation plus poussée de la libre circulation des marchandises permettrait
d’améliorer l’efficacité en réduisant encore les coûts de transactions transfrontalières.
• La Commission veillera aussi à développer un plan d’actions pour améliorer la protection
de la propriété intellectuelle.
• Elle mettra en place d’un groupe de haut niveau consacré aux services aux entreprises (2012).
Rôle du Conseil et du Parlement (niveau Européen)
• Adoption d’urgence des propositions relatives à la création d’un brevet européen (d’ici à 2014).
• Partage de bonnes pratiques et de documents en matière de surveillance de marché, de
douanes et de respect de la propriété intellectuelle.
Un contrôle continu des aides d’Etats, des ententes et des concentrations
Des marchés concurrentiels permettent de stimuler l’innovation, d’éviter les délocalisations
et contraignent les entreprises à réaliser des gains de productivité pour demeurer
compétitives. Ce faisant, elles maintiendront leurs positions sur les marchés internationaux.
Dans ce cadre, le contrôle des marchés ainsi que des aides d’Etat jouent un rôle essentiel.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• Poursuite de la politique de concurrence (contrôle des aides d’Etat et des ententes d’entreprises).
1.4. Améliorer les infrastructures
La compétitivité européenne dépend étroitement de la qualité des services
d’infrastructure relatifs à l’énergie, au transport et à la communication. La modernisation
de ces réseaux est donc nécessaire, notamment dans les nouveaux Etats membres et les
régions en retard de développement.
Une meilleure intégration des différents réseaux ainsi qu’une plus forte concurrence dans
les secteurs concernés est essentielle pour assurer croissance et innovation à l’ensemble
de l’économie européenne.
64
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 2 | La politique industrielle de l ’UE
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission prendra des mesures concrètes dans ce sens, en collaboration avec la BEI,
en créant notamment des emprunts obligataires européens et en favorisant le recours à des
partenariats public-privé afin de financer les projets d’infrastructure.
• Prendre des mesures concrètes afin de poursuivre le développement d’un marché intérieur
efficace pour les transports routier, aérien, ferroviaire et par voies navigables.
• Intensification des efforts de libéralisation des marchés de l’énergie dans l’UE.
Rôle des Etats membres (niveau national)
• Les Etats membres sont invités à se focaliser sur l’amélioration de l’infrastructure dans les
transports et sur les réseaux transfrontaliers (en particulier pour l’énergie).
1.5. Améliorer la normalisation
Bien que les normes européennes jouent déjà un rôle majeur dans l’activité économique,
en facilitant l’arrivée sur le marché de biens innovants et en réduisant les coûts de
production, la Commission entend continuer à promouvoir leur développement
et étendre leur influence au-delà même du marché unique. De plus, le système de
normalisation doit être adapté afin d’aider la politique européenne à relever les grands
défis qui s’annoncent, comme le vieillissement de la population, le développement
durable ou l’innovation en général. Les normes européennes doivent donc pouvoir
s’adapter rapidement, notamment par l’adoption accélérée des meilleures normes
mondiales disponibles. De plus, celles-ci doivent être efficaces et ne pas imposer de
charges supplémentaires aux entreprises.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission présentera (début 2011) une stratégie visant à promouvoir le renforcement
du rôle de la normalisation européenne. Ceci passera par une adoption accélérée des
normes et par une participation accrue des différentes parties prenantes à leur élaboration.
1.6. Stimuler l’innovation industrielle
Renforcer les processus d’innovation est nécessaire afin d’accélérer la commercialisation et la
diffusion de nouvelles technologies et de leur application à l’ensemble du tissu économique.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission lancera une initiative visant à promouvoir, soutenir, développer et mettre
sur le marché à grande échelle les technologies génériques essentielles compétitives
(Biotechnologie
industrielle,
nanotechnologie,
matériaux
avancés,
photonique,
microélectronique, nanoélectronique ou systèmes de fabrication avancés). Les pays
membres seront invités à développer des partenariats dans ces domaines.
• En ce qui concerne le domaine de la connaissance, et bien que beaucoup ait déjà été fait, la
Commission entend promouvoir et mettre en place des initiatives comme des partenariats
public-privé ainsi qu’entre le secteur public et les partenaires sociaux dans les domaines de
l’enseignement, de la formation et des investissements dans la recherche (des collaborations
entre universités et entreprises par exemple).
65
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
• La Commission soutiendra également le développement de nouveaux concepts commerciaux ou de procédés de fabrication en lien avec une utilisation plus innovante des TIC,
notamment dans les secteurs parvenus à maturité (textile, …).
• La Commission compte établir un suivi des performances sectorielles dans le domaine de
l’innovation qui se fera via «l’Observatoire de l’innovation dans les secteurs».
• La Commission développera des approches politiques favorisant la coopération
intersectorielle en vue de stimuler l’innovation, la créativité, l’échange d’idées. Les PME sont
particulièrement visées ici. Cela passe notamment par la définition d’une nouvelle stratégie
de clustering et des réseaux compétitifs, aussi bien dans les industries traditionnelles que
dans les secteurs émergents. Les stratégies de clusters locales et régionales seront également
soutenues. Cela permettrait de surmonter les problèmes de financement, de réduire le fossé
entre les entreprises et les laboratoires de recherche par la mise en commun de moyens
financiers et d’expérience entre entreprises, pouvoirs publics et universités.
Rôle des Etats membres (niveau national)
• Les Etats membres sont invités à plus de coopération afin d’accroître les effets de synergie et
de complémentarité au niveau du déploiement des technologies.
1.7. Moderniser la base de compétences
Malgré un taux de chômage élevé, l’industrie européenne peine souvent à trouver de la
main-d’œuvre qualifiée. L’évolution actuelle de la démographie rendra ce problème plus
aigu encore dans les années à venir. La modernisation de l’industrie aura également des
conséquences sensibles sur le marché du travail car de nouvelles compétences seront
demandées par les entreprises. Dès lors, améliorer le marché du travail et garantir une
bonne adéquation entre l’offre et la demande de travail sera plus que jamais nécessaire.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission encouragera la mise en relation, le partage d’informations ainsi que l’échange
des bonnes pratiques relatives au marché du travail et des compétences entre les autorités en
charge de l’industrie, de l’éducation et de l’emploi au sein des différents États membres.
• Elle proposera également des principes directeurs en matière de conditions cadres pour
améliorer la création d’emplois, ainsi que le nombre de diplômés, dans les domaines des
sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques.
Rôle des États membres (niveau national)
• Les États membres sont invités à accroître leur utilisation du Fond social européen afin
d’améliorer et de développer les compétences de citoyens.
2. RESTRUCTURER L’ACTIVITÉ INDUSTRIELLE EUROPÉENNE afin de lui permettre de
répondre aux nouveaux critères d’exigence et faire face aux grands défis sociétaux à venir.
2.1. Promouvoir la modernisation de l’industrie
Vers une industrie plus efficace et plus verte
L’Europe s’est donnée comme objectif d’accélérer la transition de son économie, et donc de
son industrie, vers un modèle à faible émission de carbone et efficace dans l’utilisation des
ressources et de l’énergie afin de faire face aux défis climatiques et à la pénurie des ressources.
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 2 | La politique industrielle de l ’UE
Cette modernisation est d’autant plus importante qu’elle permet de bénéficier d’un
avantage concurrentiel dans un contexte de raréfaction des matières premières.
Toutefois, cette transition doit se faire intelligemment et devra tenir compte des coûts
en investissements et en R&D engendrés à court terme, qui pourraient inciter certaines
entreprises à la délocalisation.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission développera prochainement les stratégies et les politiques industrielles
sectorielles de long terme nécessaires pour parvenir à une transition vers une économie à
faible émission de carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et de l’énergie.
• Elle lancera également un plan d’actions pour l’éco-innovation ayant pour but de déployer
et commercialiser les technologies environnementales essentielles.
• Elle prendra en compte le problème de l’accès aux éco-marchés et à l’éco-innovation lors du
réexamen du Small Business Act.
Rôle des Etats membres (niveau national)
• Ils sont invités à coopérer davantage dans le domaine des technologies environnementales, afin d’accroître au maximum les effets de synergie et de complémentarité.
Anticipation des mutations industrielles
Au-delà du redéploiement de l’industrie vers un mode de production plus vert, l’industrie
européenne a besoin de se restructurer suite à la crise, en particulier au niveau des
capacités de production excédentaires.
De nombreuses mesures existent déjà dans ce domaine, comme l’aide à la restructuration
sur le marché de l’emploi via le fonds européen d’ajustement à la mondialisation (afin
d’éviter des licenciements massifs) ou encore l’octroi d’aides au niveau européen via le
Fonds régional ou le fonds de cohésion. Le Fonds européen de développement régional
permet ainsi de stimuler les investissements et l’innovation en vue d’une restructuration
ou d’une reconversion économique.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• Au-delà de ces mesures existantes, la Commission lancera une consultation sur le cadre
européen pour les restructurations auprès des partenaires sociaux européens (2011).
• Elle réexaminera également le règlement du fond européen d’ajustement à la mondialisation
ainsi que des lignes directrices concernant les aides au sauvetage et à la restructuration
(2012).
• Elle présentera des propositions visant à accélérer la mise en œuvre et à améliorer le ciblage
des Fonds Structurels européens (2010).
Tirer parti de la responsabilité sociale des entreprises
Il s’agit là d’un élément important car il permet d’améliorer l’image des entreprises.
De plus, la crise financière de 2008-2009 a démontré qu’il était nécessaire que les
entreprises ne se focalisent pas sur la maximisation des profits à court terme. Il faudra
donc, davantage qu’auparavant, que la croissance durable et la création d’emplois de
qualité soient intégrées directement par les entreprises.
67
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission entend examiner une méthodologie européenne commune d’évaluation
de l’empreinte écologique des produits de consommation et elle présentera une nouvelle
initiative politique sur la responsabilité sociale des entreprises. Cette dernière s’intéressera
particulièrement à la publication par les entreprises d’informations relatives à leurs pratiques
environnementale, sociale et de gouvernance (2011).
• Assurera la surveillance des initiatives volontaires des entreprises industrielles européennes
relatives à la gestion durable des ressources (à partir de 2011).
2.2 Établir une politique de ciblage sectoriel
Certains secteurs considérés comme essentiels bénéficieront d’initiatives spécifiques.
C’est notamment le cas du secteur spatial. En effet, bien que l’Europe dispose déjà
d’une industrie spatiale fortement développée, ce secteur nécessitera encore des
investissements importants car il joue un rôle majeur à la fois sur le plan sociétal (assurer
la sécurité de l’UE), économique (recherche & innovation) et géopolitique (image de
l’UE dans le monde). La politique spatiale européenne entend toucher l’ensemble de la
chaîne de production spatiale (y compris les PME).
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission proposera des mesures (2011) afin de mettre en œuvre les priorités de la
politique spatiale fondée sur l’article 189 du TFUE(6).
• Elle renforcera également le partenariat entre l’Union, les Etats membres et l’ESA (Agence
spatiale européenne) afin de mieux coordonner les efforts dans ce domaine.
Le secteur de l’industrie de l’automobile et des équipements de transports jouant un
rôle majeur dans la mobilité durable, il fera également l’objet d’initiatives particulières.
L’accent sera mis sur le développement de technologies «propres» et économes en
énergie de façon à renforcer la position dominante de l’Europe dans ce secteur. Trois
sous-secteurs sont visés plus particulièrement : le ferroviaire (développement de
technologies de stockage de l’énergie, de contrôle automatisé des trains) ainsi que
l’aérospatiale et le maritime (plates-formes éoliennes).
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission lancera une plate-forme pour véhicules propres et économes en énergies (2010).
• Elle lancera également un plan stratégique pour les technologies de transport en vue de
renforcer l’efficience et la sécurité dans ce secteur (2011).
• Elle entreprendra des études de faisabilité sur des projets pilotes d’hybridation des systèmes
diesel et de stockage d’énergie (appel à propositions en 2012-2013).
D’autres secteurs prometteurs, comme ceux de la santé, de la sécurité ou de la construction
seront également visés.
(6) Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne.
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 2 | La politique industrielle de l ’UE
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• Secteur pharmaceutique : En matière de soins de santé, la Commission compte établir un
partenariat entre Etats membres, l’industrie et les autres parties prenantes afin d’assurer
l’accès aux médicaments et de renforcer la compétitivité de l’industrie pharmaceutique.
Elle encouragera aussi une meilleure coordination entre les systèmes de tarification et de
remboursement des Etats membres.
• Secteur de la sécurité : La Commission présentera une initiative prévoyant notamment un
système accéléré d’agrément des technologies prioritaires, définissant des priorités en matière
d’harmonisation et de normalisation. La Commission encouragera l’investissement dans la
recherche technologique dans ce domaine (coordination avec l’Agence Européenne de défense).
• Secteur de la construction : La Commission élaborera une stratégie de compétitivité
durable afin d’améliorer la gestion des ressources ainsi que les performances environnementales des entreprises de construction.
• Secteur des produits biologiques : La Commission améliorera la législation, soutiendra l’innovation par le biais de projets témoins et développera des normes européennes et internationales.
• Industrie chimique : La Commission suivra les travaux du Groupe de haut niveau sur la
compétitivité de l’industrie chimique.
• Secteur alimentaire : La Commission suivra les recommandations du Forum de haut
niveau sur le secteur alimentaire pour assurer un meilleur fonctionnement de la chaîne de
production alimentaire.
3. PROFITER DE LA MONDIALISATION
L’ouverture des frontières est une chance pour l’économie européenne car en réduisant
les coûts de transport et de transaction, elle permet aux entreprises de profiter de la
croissance économique extérieure.
Afin que l’industrie continue à en bénéficier, il conviendra d’éviter que des mesures
protectionnistes (non-respect de normes environnementales, manipulations des taux de
change, utilisations de barrières non tarifaires) soient mises en place et faussent la concurrence.
D’autre part, il est essentiel que les entreprises disposent d’un accès fiable, à des prix
raisonnables, aux matières premières.
Rôle de la Commission (niveau Européen)
• La Commission établira un rapport annuel sur les obstacles au commerce et aux
investissements (intra et extra UE) (à partir de 2011).
• La Commission élaborera des initiatives visant à plus de coopération internationale en
matière de normes et de règlementations afin de pousser les partenaires commerciaux à
développer des règles et des normes mondialement compatibles.
• La Commission présentera aussi une stratégie d’aide à l’internationalisation de PME (avec
des mesures concrètes(7)), car peu exportent en dehors de l’UE, cela leur offrirait donc un
énorme potentiel de croissance (communication début 2011).
• Lancement d’une stratégie d’accès aux matières premières ainsi qu’au développement du
recyclage et de la recherche de matériaux de substitution (2010).
(7) Cf. Small Business Act (politiques prévues dans l’initiative relative aux PME).
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R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
PERSPECTIVES
La nouvelle politique industrielle proposée par l’Union européenne s’avère donc
ambitieuse et porteuse d’espoirs suite aux résultats mitigés affichés par la Stratégie de
Lisbonne. Cependant, la plupart des initiatives énoncées par la Commission resteront
sans effet si elles ne trouvent pas d’écho au niveau des États membres et des Régions. La
prochaine étude précisera dans quelle mesure la politique industrielle wallonne répond
aux exigences européennes et énoncera les actions qu’il conviendra d’entreprendre
pour atteindre les objectifs définis. ||
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R appor t UWE 2011
Troisième étude
La politique industrielle
wallonne
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
» UNE INDUSTRIE WALLONNE COMPÉTITIVE ET DURABLE
» Synthèse
» Introduction
» Etude n° 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
» Etude n° 2 | La politique industrielle de l’Union européenne
» ETUDE N° 3
» Etude n° 4 | L’industrie wallonne : des réponses aux défis sociétaux
» MONOGRAPHIES SECTORIELLES
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Etude n° 3
La politique industrielle wallonne
1. SYNTHÈSE DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE RECOMMANDÉE PAR L’UE
La stratégie 2020 de l’Union européenne prévoit 7 «initiatives phares» pour stimuler
les progrès dans chaque thème prioritaire (croissance intelligente, croissance durable,
croissance inclusive). L’une de ces «initiatives phares» concerne la politique industrielle.
L’étude 2 offre une synthèse approfondie du document de l’EU «Une politique industrielle
à l’ère de la mondialisation».
En voici les grandes lignes.
ÆÆ La politique industrielle dans les pays de l’EU et au niveau européen doit avant tout
améliorer les conditions-cadres pour l’activité industrielle :
1. Mettre en œuvre une réglementation intelligente
2. Améliorer l’accès au financement pour les entreprises
3. D évelopper le marché unique
4. Améliorer les infrastructures
5. Améliorer la normalisation
6. Stimuler l’innovation industrielle
7. M oderniser la base de compétences
ÆÆ La politique industrielle doit aussi se concentrer sur la restructuration et la mutation
de l’activité industrielle européenne pour lui permettre de répondre aux nouvelles
exigences et demandes directement issues des grands défis sociétaux de notre société :
1. Promouvoir la modernisation industrielle
2. D éployer une approche sectorielle ciblée
ÆÆ Enfin, l’industrie européenne ne peut rester repliée sur elle-même. Elle doit tirer parti
au maximum de la mondialisation.
2. LE PLAN MARSHALL, UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE AMBITIEUSE
Le Plan Marshall wallon, initié en 2005, contenait une véritable politique industrielle
sans qu’elle ne soit présentée comme telle. Mises bout à bout, les mesures visant à créer
des pôles de compétitivité, à favoriser l’innovation et la R&D, à améliorer la formation, à
accroître la disponibilité de terrain forment bel et bien une politique industrielle.
Mieux, à les comparer, la politique du Plan Marshall et la politique industrielle prônée
par l’Union européenne ne sont pas fort éloignées l’une de l’autre. Les sections suivantes
vont approfondir cette comparaison pour mieux mettre en lumière ce qui a été fait et ce
qui reste à faire en Wallonie.
73
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
2.1. Amélioration des conditions-cadres pour l’activité industrielle
Parmi les 7 domaines envisagés dans le document européen, deux relèvent du seul niveau
européen : le développement du marché unique et l’amélioration de la normalisation.
Encore que, il appartient aux Etats, et donc aussi à la Wallonie qui, dans de nombreux
domaines a des pouvoirs d’Etat, de transposer dans son droit les directives qui seront
adoptées dans ces domaines au niveau européen. Il y a donc là une responsabilité du
Gouvernement et du Parlement wallons à faire preuve de diligence dans la transposition
du droit européen.
Néanmoins, cette section s’attachera surtout à examiner les avancées et les faiblesses
dans les 5 autres domaines :
1. Mise en œuvre de la réglementation intelligente
2. Amélioration de l’accès au financement pour les entreprises
3. Amélioration des infrastructures
4. Stimulation de l’innovation industrielle
5. M odernisation de la base de compétences
2.1.1 Mise en œuvre de la réglementation intelligente
La simplification administrative est présentée comme une priorité par les Gouvernements
wallons successifs depuis plusieurs législatures. Entamées en 2002 par la nomination
d’un Commissaire, les actions de simplification en Wallonie ont fait l’objet de 2 plans
successifs ; le premier entre 2004 à 2009 et le second qui couvrira la période 2010 à 2014.
Ces plans sont coordonnés par le Commissariat Easi-Wal.
Pendant la période 2004-2009 l’accent a été mis sur la mise à disposition de l’information la
plus pertinente. Les différents sites internet ont été rendus plus cohérents. La complexité
provient en effet souvent de l’absence de «note explicative». Par ailleurs, différents
formulaires ont été simplifiés et rendus «intelligents» en veillant notamment à limiter les
questions aux informations non officiellement disponibles et aux données pertinentes
pour le traitement de la demande. Certains outils ont par ailleurs été construits en vue de
faciliter la compréhension du droit applicable. A titre d’exemple citons «faire le test» qui
permet à l’entreprise, sur base de ses données comptables, d’identifier la catégorie (TPE,
PE, ME, GE) à laquelle elle appartient et dès lors les aides auxquelles elle peut postuler. Un
autre exemple est la base de données des cartes géographiques liées à l’environnement.
Le chemin à parcourir reste malgré tout important ainsi qu’il ressort du «Plan de
simplification administrative et d’e-Gouvernement 2010-2014». Ce plan vise également à
tenir compte de l’objectif européen de réduction des charges administratives d’ici 2012.
Le secteur industriel est plus particulièrement concerné par les mesures reprises dans les
projets «accélérateurs de transformation». Il s’agit :
ÆÆ pour l’environnement, l’aménagement du territoire et l’énergie climat de :
• Consolider, mieux formuler et structurer le document permis d’environnement
• Valoriser et encourager la certification ISO 14000
• Améliorer la base de données des terrains à vocation économique
• Accélérer les procédures pour la réalisation des projets d’énergie renouvelable
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
ÆÆ pour l’enseignement et la formation, de viser l’officialisation par un titre légal des
formations supérieures en alternance type ingénieur industriel.
ÆÆ pour la recherche, le développement et l’innovation de veiller non seulement
à la simplification des aides, à la traçabilité des dossiers mais aussi aux délais de
traitement et de paiement.
Ces projets «accélérateurs de transformation» sont essentiellement extraits du plan de
simplification 2010-2014 dont les 5 objectifs sont :
1. Simplifier et améliorer la réglementation
2. Simplifier et harmoniser les processus
3. Dématérialiser les processus
4. Gérer électroniquement les documents administratifs
5. Simplifier et dématérialiser la collecte et le partage des données
Pour l’industrie les priorités portent principalement sur :
• La simplification et la dématérialisation des permis uniques et d’environnement,
notamment en permettant aux entreprises de voir leur formulaire pré-rempli
des données disponibles au sein des administrations concernées, de suivre l’état
d’avancement de leur dossier ; ceci nécessite que les données utiles à la gestion des
dossiers soient partagées entre les administrations concernées. Par ailleurs les entités
publiques disposeront par ce biais d’un outil de gestion des permis d’environnement
et des risques environnementaux.
• Revoir et dès lors simplifier les règlementations sous-jacentes au permis d’urbanisme
(CWATUP).
• Réaliser un facturier d’entrée qui permet lors de l’introduction des factures et créances
adressées aux administrations wallonnes d’anticiper l’enregistrement des données de
paiement et en suivre l’évolution.
La simplification des démarches à l’égard des autorités publiques ne se conçoit pas
sans informatique performante. Celle-ci doit être à même de gérer les flux de données,
notamment celles qui sont authentiques. Il existe un gisement important de données
disponibles qui peuvent ainsi être pré-remplies sur les différents formulaires et
demandes sollicitées par les autorités publiques. L’optimalisation de ces flux de données
permettra à l’usager d’être informé des données le concernant et existantes par ailleurs
et le dispensera de fournir souvent les mêmes informations à ses interlocuteurs publics.
Si des progrès ont été enregistrés, nul ne conteste que des efforts substantiels sont encore
à fournir. Il y a toutefois lieu de noter que la recommandation de l’Union européenne
porte sur un niveau plus général. Elle demande :
• Que toutes les propositions politiques qui pourraient avoir un effet notable sur l’industrie
soient soumises à une analyse détaillée de leurs incidences sur la compétitivité.
• Qu’une fois que la proposition est devenue législation, qu’il soit prévu qu’une
évaluation ex post des effets sur la compétitivité.
Ces recommandations de l’UE devraient être transcrites dans le droit wallon.
75
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
De même la Commission insiste pour que le principe «think small first» soit appliqué
dans tout le travail législatif et administratif des pays et régions européennes, application
facilitée par la déclinaison du «Small Business Act» au niveau national et régional. Le
Gouvernement wallon ne s’est pas encore doté de son propre «Small Business Act» (SBA).
L’élaboration et la mise en œuvre d’un SBA wallon est certainement une priorité pour les
prochains mois.
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
1. La mise en œuvre des mesures reprises dans les projets «accélérateurs de transformation», eux-mêmes extraits du plan de simplification administrative 2010-2014.
2. L’établissement d’une évaluation de l’impact sur la compétitivité des entreprises de
toute proposition législative ou réglementaire, de même qu’une évaluation ex post
de ces mêmes impacts des législations touchant les entreprises industrielles.
3. La déclinaison du «Small Business Act» européen au niveau régional.
2.1.2 Amélioration de l’accès au financement pour les entreprises
Comme le souligne la Commission, la plupart des Etats membres ont mis en place des
mesures d’urgence de financement des entreprises afin de limiter les conséquences de
la crise économique (principalement la raréfaction du crédit). Via la Sowalfin (Société
Wallonne de Financement) et les Invests publics, des nouvelles lignes de crédit et
de garantie ont été mises en place. Même si, en chiffres absolus, elles n’ont pas été
fortement sollicitées, elles ont permis à de nombreuses entreprises d’éviter la cessation
de paiement.
Mais la Commission souligne aussi que l’accès au financement pour les entreprises reste
un défi majeur, en particulier pour les PME. En matière de crédits bancaires, la Wallonie
s’est dotée des instruments publics nécessaires, et qui fonctionnent bien. Par exemple, la
Sowalfin, créée au début des années 2000, est devenue un partenaire solide et fiable du
monde bancaire, facilitant ou élargissant les capacités de crédit des PME wallonnes. Les
principaux indicateurs d’activité de la SOWALFIN sont repris dans le tableau 1.
TABLEAU 1 : Activité de la Sowalfin au 31/12/2010 – Encours
COFINANCEMENT
Nombre de sociétés en portefeuille
688
Nombre de prêts en cours
743
Encours en euros
58,3 millions
GARANTIE
Nombre de dossiers en garantie directe
798
Nombre de dossiers en réassurance
512
Encours en euros
106,6 millions
Lors de la récente crise financière et économique, la mise en place d’un médiateur pour
tenter de résoudre les problèmes entre les PME et les banques, a rencontré un succès
suffisant pour que l’action du médiateur soit pérennisée au-delà de la crise.
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
En matière de crédits bancaires, rien de plus que la continuation des instruments existants
ne semble requis des autorités publiques pour aider les PME. Pour ce qui concerne les
capitaux à risques publics, tant la SRIW que les Invests les fournissent en une relative
abondance. Par exemple, le portefeuille de la SRIW compte 400 entreprises pour des
interventions (participations et prêts) de 724 millions à la fin de 2009. Les PME trouvent
auprès de ces organismes une vraie écoute et disponibilité, même si on peut regretter,
en ce qui concerne les Invests locaux, le cloisonnement sous-régional, une parfois trop
grande aversion au risque, ou encore une difficulté à évaluer et donc à s’engager dans le
soutien à des projets technologiques.
Le vrai problème que rencontrent les PME wallonnes est l’accès au capital-risque privé.
Elles ne doivent pas être les seules en Europe puisque cette préoccupation est reprise
par la Commission au niveau européen. Les sociétés financières publiques telles la SRIW
et les Invests ont un rôle à jouer pour réduire ces difficultés d’accès. Elles doivent être le
relais entre les PME et les capitaux à risque privés, qu’elles doivent connaître et auxquels
elles doivent s’associer d’une manière ou d’une autre. Le capital-risque public ne doit pas
être une fin en soi : il doit permettre une transition vers le capital-risque privé. Les sociétés
publiques d’investissement doivent donc prévoir, dès leur entrée dans le capital d’une
entreprise, les modalités de sortie, et donner à l’entreprise les pistes et les accès à d’autres
sources de capital pour préparer et effectuer cette sortie selon les termes initiaux.
Recommandation pour les sociétés publiques de capital-risque :
ÆÆ Faciliter la transition du capital-risque public au capital-risque privé pour les
entreprises où elles détiennent une participation, par exemple par la mise sur pied
de fonds (ou fonds de fonds) mixtes privé/public ou d’un réseau de sociétés de
capital-risque (privés et publics).
2.1.3 Améliorer les infrastructures
Des infrastructures de qualité sont un facteur essentiel au développement de l’activité
industrielle. Il y a bien sûr les infrastructures de transport et de communication mais
aussi les infrastructures d’accueil pour les entreprises (zones d’activité économique).
Les infrastructures de transport et communication
Cinq types d’infrastructure peuvent être distingués : routier, navigable, ferroviaire,
aéroportuaire et canalisations. Le tableau suivant compare les chiffres de longueur de
réseaux à la superficie et à la population de la Wallonie, de la Flandre et de la Belgique :
TABLEAU 2 : Longueur de réseaux, superficie et population pour la Wallonie, la Flandre et la Belgique
Année 2007
Wallonie
Flandre
Belgique
Lignes ferrées (km)
1.639
47%
1.727
49%
3.513
100%
Autoroutes (km)
869
49%
883
50%
1.763
100%
Routes régionales et provinciales (km)
7.583
54%
6.043
43%
13.946
100%
Routes communales
48.803
47%
53.658
52%
10.4001
100%
Voies navigables (km)
451
29%
1.076
70%
1541
100%
16.844
55%
13.522
44%
30.528
100%
3.456.775
32%
6.161.600
58%
10.666.866
100%
Superficie (km²)
Population (habitants)
Source : SPF Mobilité Transport, SPF Economie, Infrabel, calculs UWE.
77
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Formulés sur base de ratios (tableau 3), ces chiffres témoignent clairement de l’importance
mais aussi du poids pour le budget régional de ces infrastructures en Wallonie.
TABLEAU 3 | Comparaison de quelques ratios intégrant la longueur des réseaux
Ratios Année 2007
Wallonie
Flandre
Belgique
474
280
329
16.563
9.833
11.223
Longueur des voies navigables / population
(km/1.000.000 habitants)
130
175
144
Longueur des voies ferrées / superficie
(km / 1.000 km²)
97
128
115
3.399
4.480
3.921
27
80
50
Longueur des voies ferrées / population
(km/1.000.000 habitants)
Longueur des routes / population
(km/1.000.000 habitants)
Longueur des routes / superficie
(km /1.000 km²)
Longueur des voies navigables / superficie
(km /1.000 km²)
Source : calculs UWE.
En effet, ils indiquent que la Wallonie a un réseau lourd et coûteux.
Lourd, dans la mesure où les réseaux sont (à part pour les voies navigables) aussi long
voire plus longs qu’en Flandre (cfr ratio par rapport à la population). La difficulté réside
dans le fait, que ces longs réseaux nécessitent un fort investissement et entretien. Or la
Wallonie a des moyens publics bien inférieurs à la Flandre qui a un réseau moins long.
La conséquence de cela, est que des choix doivent être pris afin que l’efficacité de ces
réseaux soit préservée voire améliorée.
1° Réseau routier.
Comme l’indique le tableau 2, le réseau routier et autoroutier wallon est assez dense.
Pendant de nombreuses années, la Wallonie a sous-investi (surtout dans l’entretien)
dans les grandes artères de communication routières. Ce sous-investissement a eu pour
conséquence de dégrader fortement le réseau routier wallon et ainsi la qualité des
déplacements.
Pour faire face à ce problème, le Gouvernement wallon a lancé un «plan routes» de 885
millions d’euros dédié à l’entretien et à la rénovation du réseau structurant de routes en
Wallonie. 575 chantiers sont ainsi programmés pour les 5 prochaines années.
2° Réseau navigable
Ce réseau fait face à de nombreux défis : amélioration de l’infrastructure, amélioration de
l’exploitation du réseau, connexion aux voisins européens.
Concrètement, deux grands projets qui concernent la Wallonie sont envisagés : la
construction du Canal Seine-Nord Europe en France et la connexion de la Wallonie aux
grands ports maritimes nord-européens (Rotterdam, Anvers, Dunkerque).
Ces deux grands projets offrent de belles perspectives de développement économique
pour la Wallonie, ses entreprises et les investisseurs potentiels.
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Mais pour en capter les bénéfices, d’importants travaux aux voies d’eau, ponts, écluses
mais aussi de dragage devront être réalisés pour amener la majorité du réseau wallon
aux classes supérieures de gabarit et être de la sorte davantage en phase avec l’évolution
du transport fluvial européen.
Certains de ces travaux sont programmés et budgétés mais d’autres ne le sont pas
encore. L’urgence est pourtant de mise pour éviter à la Wallonie de louper le coche de
cette importante voie de développement.
3° Réseau ferroviaire
La situation du réseau ferroviaire n’est guère brillante. En effet, selon une étude d’Infrabel,
une partie du réseau se trouve à l’heure actuelle proche du niveau de saturation (environ
80% de sa capacité). En clair, cela signifie que le réseau ferroviaire belge ne serait plus
en mesure à terme de faire face à la charge de trafic supplémentaire lié au transfert de
marchandises de la route vers le rail, soutenu par les autorités. Cette situation nécessite
urgemment de grands travaux d’investissements et d’entretien.
La Wallonie est clairement défavorisée dans ce contexte. En effet, alors qu’elle dispose
d’une longueur de réseau identique à celle de la Flandre, les moyens disponibles ne sont
que de 40% pour la Wallonie contre 60% pour nos voisins du Nord (cfr. tableau 2). Dans
ces conditions, les nécessaires investissements tardent à se réaliser.
Sachant de plus que les investissements prioritaires déterminés pour la Wallonie ont
surtout pour objectif l’amélioration du transport des voyageurs et que le plan industriel
de SNCB Logistics a pour conséquence concrète d’orienter de nombreuses opérations
vers des outils ferroviaires flamands, on comprend mieux pourquoi les clients du fret
ferroviaire situés en Wallonie sont les plus mal lotis, singulièrement en trafic diffus.
4° Réseau aéroportuaire
La situation des aéroports est heureusement meilleure que celle du réseau ferroviaire. En
effet, la Wallonie dispose de deux aéroports de qualité (Charleroi et Liège).
L’aéroport de Liège, orienté sur le transport de fret, est utilisé par des entreprises de
secteurs variés. Avec près de 640.000 tonnes de marchandises transitées par Liège en
2010(1), il est le 1er aéroport de fret du royaume et le 8e au niveau européen.
5° Réseau de canalisation
Enfin, un réseau de transport dont on parle moins mais qui rend de nombreux services
aux entreprises et à la collectivité, c’est celui des canalisations (pipelines). Ce moyen de
transport est à la fois positif pour l’environnement (via une consommation énergétique
réduite et une diminution des émissions de gaz à effet de serre) et pour la mobilité via
une réduction du trafic routier.
Pourtant malgré les avantages qu’il procure, ce moyen de transport n’est pas reconnu
comme mode de transport de marchandises à part entière. Dès lors, il est régulièrement
absent des politiques de mobilité et d’infrastructures.
(1) «Nouveau Record pour le transport cargo à Liege Airport», 13/01/2011, communiqué de presse Liege Airport.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
6. Conclusion sur les infrastructures de transport
Notre région dispose d’un ensemble relativement exceptionnel d’infrastructures
de transport mais il souffre depuis plusieurs années de carences d’entretien et
d’investissements. La mise à niveau et l’amélioration (rapides) de cet ensemble sont
aujourd’hui indispensables et urgents.
Fondamentalement imprégnée de ce constat, la position des entreprises est très claire sur
ce sujet : l’entretien et l’amélioration du patrimoine wallon d’infrastructures de transport
doivent être une véritable priorité du Gouvernement. Elles considèrent que ceci ne peut
se faire que dans le cadre d’une politique intégrée de transport dont l’objectif est de
répondre aux besoins du développement économique.
Les infrastructures d’accueil de l’activité économique
Alors que la disponibilité de terrains économiques est mise en exergue dans la promotion
internationale de la Wallonie, il n’est pas toujours aisé, à l’heure actuelle, pour une
entreprise de bénéficier des surfaces souhaitées aux caractéristiques demandées. Ces
questions se posent non seulement pour les investisseurs étrangers, mais également
pour les entreprises wallonnes qui se créent, déménagent ou s’étendent.
L’examen de la situation actuelle, confrontant affectation «de droit» (planologique) et
occupation réelle, conduit aux constats suivants :
ÆÆ 1,6% (27.900 ha) du territoire est affecté à l’activité économique par le plan de secteur
(affectation «de droit», ou théorique) contre 2,8% en Flandre.
ÆÆ 1,2% (21.000 ha) du territoire est occupé par l’activité économique (occupation réelle
au cadastre) contre 3,4% en Flandre.
Les parcs d’activité économique (PAE) représentent près de la moitié de la zone d’activité
économique, l’autre moitié est la propriété d’autres opérateurs (ports autonomes,
communes, propriétaires privés dont entreprises, etc.). Ils regroupent 8% des entreprises
et 19% des emplois marchands de Wallonie.
Avec un certain retard, le Gouvernement wallon semble avoir enfin pris la mesure de
cet enjeu territorial en validant en juin et octobre 2010 le lancement de procédures de
révision de plan de secteur au bénéfice de l’activité économique pour un total de plus
de 1.700 ha.
En décembre 2010 et janvier 2011, ce même Gouvernement prend en outre des décisions
relatives à l’équipement de zones existantes et à la réhabilitation de sites pollués ou non :
ÆÆ Approbation des zones d’activités économiques à équiper dans le cadre du Plan
Marshall 2.vert et des montant y affectés (39 projets pour 1.280 ha de superficie nette
– 142 millions d’euros).
ÆÆ Approbation d’une première liste de SAR à financer dans le cadre du Plan Marshall 2.vert.
ÆÆ Approbation d’une première liste de sites pollués à financer dans le cadre du Plan
Marshall 2.vert (7 sites confirmés pour 75 ha – 25 millions d’euros + études à terminer
sur 18 sites).
80
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Toutes ces décisions sont importantes et nécessaires pour donner à la Wallonie de
nouvelles capacités d’accueil d’entreprises. Il est seulement regrettable que certaines
aient pris du retard.
Une politique spatiale dynamique nécessite l’adoption d’une vision stratégique
régionale et sectorielle prospective et la mise en œuvre d’une gestion opérationnelle
performante. Il est dès lors indispensable de développer une vision à long terme (20 ans)
et concevoir des outils et des modes de fonctionnement plus efficaces qu’aujourd’hui
afin de ne plus se retrouver dans les situations de pénurie que connaissent certaines
sous-régions de Wallonie.
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
ÆÆ Réaliser la mise à niveau complète du réseau structurant d’infrastructures de transport.
ÆÆ Accélérer la mise à disposition réelle de terrains pour l’activité économique.
ÆÆ Améliorer pour l’investisseur la visibilité sur la disponibilité en terrains (création
d’une base de données multi-opérateurs).
2.1.4. Stimulation de l’innovation industrielle
Au regard des coûts salariaux en vigueur en Europe (et en particulier en Belgique),
l’industrie européenne ne peut soutenir la concurrence des pays émergents que si elle
propose des produits innovants à haute valeur ajoutée.
Mais, comme le souligne la Commission, l’Europe éprouve beaucoup de difficultés à
transformer son excellence scientifique en produits et services commercialisables. Elle
invite donc à une nouvelle politique d’innovation industrielle (qui est développée dans
le document «Une Union pour l’innovation») pour stimuler le développement et la
commercialisation de biens et services innovants.
En résumé, cette nouvelle politique d’innovation propose de :
• mieux coordonner les efforts en matière de R&D et d’innovation ;
• développer d’urgence les technologies émergentes et de les mettre sur le marché ;
• favoriser les grappes d’entreprises et les réseaux.
Coordination des efforts R&D au niveau européen
Afin de renforcer les collaborations à la fois intra-européennes et entre les différents
acteurs (entreprises, unités de recherche…), l’UE a développé de nombreux instruments.
Le plus important d’entre eux reste le programme-cadre européen de recherche 7e du
nom, avec le 8e en préparation. Mais les initiatives se sont multipliées : plates-formes
technologiques européennes, initiatives technologiques conjointes, partenariats
publics-privés, initiatives de programmation conjointes…
Jusqu’à l’aube de l’an 2000, la Wallonie (hormis certaines de ses universités) était
fort peu présente dans les différents programmes R&DI européens. Avec la création
du NCP-Wallonie, ainsi qu’une plus grande attention et plus importante activité de
l’Administration dans les matières internationales, de même qu’une dynamique plus
énergique de tous les acteurs (entreprises, unités de recherche…), la présence wallonne
s’est considérablement renforcée sur la scène européenne de la R&DI.
81
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Dans le 6e programme-cadre européen de R&D (2003-2006), 429 projets wallons ont été
retenus, impliquant 92 entreprises différentes qui comptent 242 participations. Ce qui
a représenté un apport financier de 127 millions pour l’ensemble des acteurs wallons,
dont 40 millions pour les entreprises.
Dans le 7e programme-cadre (qui court jusqu’en 2013), 263 projets wallons ont déjà
été retenus, impliquant 64 entreprises différentes qui ont participé à des projets à 204
reprises. Ces participations représentent un apport financier de 91 millions pour les
acteurs wallons, dont 26 millions pour les entreprises.
Ces résultats marquent clairement un changement de mentalité des acteurs wallons à l’égard
de l’international. Mais ils sont encore insuffisants. Il reste encore un potentiel important de
participation des Wallons aux programmes et initiatives européens en matière de R&DI.
Il s’agit donc de renforcer la présence internationale de la Wallonie dans les enceintes
européennes de la R&D (comités, groupes de travail, plates-formes etc.). Cela signifie
concrètement que des moyens humains et financiers doivent être alloués à l’Administration
wallonne de la R&DI pour suivre et participer activement à l’élaboration des différents
programmes. Il doit en être de même dans le chef des Ministres compétents et de leurs
Cabinets.
Valorisation de la R&D et transfert technologique
Le constat n’a hélas pas changé depuis le lancement de la stratégie de Lisbonne : l’Europe
valorise mal sa recherche, et, plus généralement, organise mal le transfert technologique
vers les entreprises.
La Wallonie n’échappe pas à la règle. Le tableau ci-dessous, indique le pourcentage
d’entreprises ayant introduit des activités d’innovation (produits, procédés, projets). On
s’aperçoit que cette part est plus faible en Wallonie qu’elle ne l’est en Belgique et ce aussi
bien dans l’industrie manufacturière que dans les services. Après une progression entre
les enquêtes 2002-2004 et 2004-2006, où le pourcentage des entreprises «innovatrices»
en Wallonie s’était accru de 36 à 48,7% (dans l’industrie manufacturière ce pourcentage
est passé de 42% à 55,6%), les chiffres de l’enquête 2006-2008 indique une stabilisation
(49%), voire un léger recul pour l’industrie manufacturière (53,3%) (voir tableau 4).
TABLEAU 4 - Enterprises with innovation activities (% of all enterprises)
Enquête CIS 2006 - 2008
10-49 employés
50-249 employés
250 employés et plus
Total
10-49 employés
50-249 employés
250 employés et plus
Total
82
R appor t UWE 2011
Total
Belgique
Wallonie
54
49,2
71,9
62,4
83,8
91,6
58,1
52
Manufacturing
Belgique
Wallonie
57,4
53,3
77,2
65,9
88,4
92,4
63
56,7
Services
Belgique
Wallonie
51,9
44,6
66,7
56,2
78,2
89,5
54,8
46,4
Total
Manufacturing
Services
Allemagne Danemark Allemagne Danemark Allemagne Danemark
77,7
47,9
84,2
46,7
72
48,5
84,3
60,6
89,9
65,6
76,8
56,9
94,6
80,2
97,2
86,5
91,7
74,5
79,9
51,9
86,3
53
73,6
51,1
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
De même, le poids de l’industrie manufacturière à haute technologie (HT ) et moyennehaute technologie (MHT )(2), dans la valeur ajoutée totale reste beaucoup trop faible en
Wallonie, 6,8% en 2007. Mais ce que montre le graphique 1 est inquiétant, puisque la
part de l’activité de moyenne et de haute technologie en Europe n’a fait que décroître
entre 2000 et 2005, et même au-delà pour la Belgique. En Wallonie, on constate le même
mouvement de baisse, légèrement moins marqué cependant, et un regain en 2006 et
2007 comme en Europe.
GRAPHIQUE 1 - Evolution de la part de la manufacture de
moyenne-haute et haute technologie dans la valeur ajoutée brute nominale
en Wallonie, en Belgique et dans l’UE15, en % du total, 1995-2007
9,0
UE15
Belgique
Wallonie
8,5
8,0
7,5
7,0
6,5
6,0
5,5
Sources : Eurostat, Economie et finances, Comptes nationaux, calculs BFP, ICN, Comptes nationaux et régionaux, calculs BFP
5,0
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
Ces évolutions parlent d’elles-mêmes : il faut accroître le rythme de valorisation et de
transferts technologiques. La Wallonie consacre des moyens non négligeables aux activités
d’accompagnement en matière de valorisation et de transferts technologiques. Environ
200 personnes, réparties dans divers organismes (interfaces universitaires, centres de
recherche, INNOVATECH…), sont affectées à cette tâche. Sans remettre en cause l’efficacité
et le travail individuels, force est de constater qu’au niveau des chiffres régionaux, l’impact
de ce travail d’accompagnement ne se marque pas de manière décisive.
Le constat avait déjà été posé en 2004, ce qui avait donné naissance à l’Agence de
Stimulation Technologique (AST) dont la mission était de coordonner le réseau d’accompagnement pour en améliorer l’efficacité. L’évaluation externe qui a été menée dans le
courant 2011 ne montre pas de résultats vraiment convaincants de l’action de l’AST.
Plus que jamais, une réflexion en profondeur doit être menée pour accélérer le rythme
de valorisation et de transferts technologiques en Wallonie, et cette réflexion doit être
suivie de mesures qui assureront réellement ce changement de rythme.
(2) Cette industrie à HT et MHT est caractérisée par un taux élevé d’activités de R&D et par de multiples innovations concernant les produits et les procédés.
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R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Les grappes d’entreprises et de réseaux
La politique de clustering est en vogue depuis maintenant une quinzaine d’années et
est devenue le socle de la politique industrielle dans de nombreux pays. Et pour de très
bonnes raisons. La coopération des entreprises, unités de recherche ou de formation
amènent de nombreux avantages. Elle est en effet une réponse aux deux principaux
défis auxquels doit faire face toute entreprise ambitieuse : innover et exister sur la scène
internationale, voire mondiale.
On l’a déjà mentionné dans l’introduction de cette étude, le développement et le succès
d’une entreprise dans nos économies avancées dépendent crucialement de sa capacité à
innover. Or, la R&D et l’innovation peuvent de moins en moins se concevoir uniquement
en interne, l’entreprise a besoin de s’associer avec des équipes de recherche (universités
ou centres de recherche) ou avec d’autres entreprises si elle veut suivre le rythme sans
cesse accéléré de l’innovation au niveau mondial : c’est le concept de l’open innovation.
Le cluster est un lieu tout à fait approprié et très porteur pour maximiser les résultats de
coopération en matière de R&D et d’innovation.
Face au second défi, prendre sa place dans sur les marchés internationaux, le cluster
permet, pour un secteur ou un domaine d’un pays ou d’une région, d’atteindre une
masse critique qui lui donne une visibilité internationale dont chaque acteur, pris
individuellement, ne pourrait bénéficier.
Lors de la législation 1999-2004, le Gouvernement wallon a initié une politique de
clustering mais aux objectifs relativement modestes, puisque les clusters n’intégraient
pas systématiquement les unités de recherche du domaine et n’avaient pas une exigence
de visibilité internationale explicite. Ils agissaient au minimum comme lieux de rencontre,
d’information et de coopérations ponctuelles, au mieux comme initiateurs de certains
projets de recherche ou d’exportation. Actuellement, 14 clusters sont en activité :
TABLEAU 5 : Les 14 cluslers wallons
Domaine d’activités
ARESA
Recherche clinique
AUTO-MOBILITÉ
Industries de l’automobile et de la mobilité
CAP 2020
Construction durable et basse énergie
DÉCHETS SOLIDES
Collecte, traitement et valorisation des déchets
ECO-CONSTRUCTION
Construction écologique
INFOPÔLE
Technologies de l’Information et de la Communication (TIC)
LOGISTICS IN WALLONIA
Transport et logistique
MITECH
Micro- et nanotechnologies, mécatronique, Intelligent manufacturing
NUTRITION
Nutrition et santé
PHOTONIQUE
Photonique (lumière, laser, etc.)
PLASTIWIN
Industrie plastique
TWEED
Energie durable
TWIST
Technologies de l’image, du son et du texte
WALLONIE ESPACE
Industrie spatiale
Sources : DG Economie-Emploi-Recherche (Direction des réseaux d’entreprises) du SPW
84
R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Cette politique était manifestement insuffisante au regard des mutations de l’économie
mondiale et de la concurrence sans cesse croissante. Le Plan Marshall a dès lors prévu et
lancé les pôles de compétitivité, «super clusters» réunissant grandes, moyennes et petites
entreprises, unités de recherche universitaires, centres de recherche, centres de formation.
D’abord au nombre de 5, un 6e pôle a été officiellement labellisé au début de 2011 :
1. Les sciences du vivant BIOWIN
2. L’agro-industrie WAGRALIM
3. Le génie mécanique MECATECH
4. Le transport et la logistique LOGISTICS IN WALLONIA
5. L’aéronautique et le spatial SKYWIN
6. Technologie environnementale GREENWIN
Chaque année, le Gouvernement ouvre un appel à projets (recherche, investissement,
formation) réservé aux pôles de compétitivité. Les projets, qui ont déjà fait l’objet d’une
sélection sévère au sein même des pôles, sont évalués et labellisés par un jury international.
Ces appels à projets ont connu un grand succès, comme le confirment les chiffres ci-dessous.
 Pour les 5 premiers appels à projets :
• 153 projets labellisés (85 R&D)
• 378,6 millions d’euros de budget
• dont 278,6 millions d’euros de soutien public (240,1 R&D)
• 311 entreprises dont 203 PME
• 274 cellules de recherche
• 50 organismes de formation
 6e appel : 36 projets (25 R&D), 62 millions publics (R&D : 51,6 millions d’euros)
Mais plus généralement, les pôles de compétitivité ont apporté une nouvelle vitalité
et une nouvelle dynamique à l’industrie wallonne. Ils ont d’abord appris aux différents
acteurs de se connaître et de coopérer, ce qui est déjà un saut qualitatif majeur pour
le tissu économique wallon. Ils ont ensuite permis de mettre en chantier des projets
novateurs qui vont contribuer à rendre de nombreuses entreprises – et principalement
des PME – plus compétitives, en donnant naissance à de nouveaux produits, de nouveaux
process, qui vont se décliner en emplois et en valeur ajoutée.
Les pôles ne se contentent pas d’accompagner les entreprises dans le dépôt et le suivi
des projets, ils les soutiennent aussi dans leur démarche d’internationalisation, et leur
proposent un certain nombre d’autres services propres à chaque pôle.
Mais la dynamique des pôles ne doit pas s’arrêter à la constitution d’un réseau solide
ou à l’accompagnement pour la constitution de projets. Le prochain grand enjeu pour
les pôles sera le soutien à la valorisation des résultats des projets de recherche, non
seulement des résultats principaux, mais aussi des résultats secondaires ou dérivés.
Enfin, à plus long terme, les pôles devront être en mesure d’offrir à leurs membres des
services utiles, efficaces et suffisamment attractifs pour que leurs membres trouvent
intérêt à financer les activités au fur et à mesure du désengagement programmé des
fonds publics.
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R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Quant au Gouvernement wallon, trois tâches s’imposent à lui pour faire de sa politique
de clustering le bras de levier décisif à la mutation et au développement du secteur
industriel wallon. Le premier chantier consiste à intégrer la politique des «clusters» et
celle des «pôles de compétitivité» en une politique de «clustering» unique et cohérente.
Un projet de décret sur le sujet existe mais n’a toujours pas été voté. En synthèse, il vise
à organiser le réseautage d’entreprises en 3 degrés : le réseau local, le cluster régional, le
pôle de compétitivité, bénéficiant chacun d’un soutien financier mais croissant selon le
degré de réseautage (et donc d’exigences dont le respect est évalué périodiquement).
Le second impératif pour le Gouvernement est de continuer à mettre des budgets suffisants à
disponibilité des bons projets de pôles, ainsi qu’à la valorisation des résultats technologiques
des projets de recherche. Sur les 6 premières années, les budgets ont toujours confirmé le
message du Gouvernement : «tout bon projet de pôle trouvera un financement», traduisant
la volonté politique de faire de la politique des pôles une priorité. Mais cette politique ne
portera ses fruits que si elle est poursuivie sur une longue période, entre 10 et 15 ans au
moins, c’est-à-dire sous plusieurs législatures et donc plusieurs Gouvernements. Autrement
dit, il est impératif que toute modification des équilibres politiques, quelle qu’elle soit, ne
constitue pas une menace pour la politique des pôles de compétitivité.
Enfin, le Gouvernement doit veiller à ce que la priorité politique donnée aux pôles soit
aussi une priorité pour les Administrations. Durant les premières années des pôles et des
projets de pôles, de nombreuses lenteurs, voire blocages administratifs ont consommé
beaucoup d’énergie, usé beaucoup de patience et découragé certaines volontés. Il serait
inadmissible que l’impact de la politique des pôles sur le tissu économique soit réduit en
raison d’une mauvaise organisation administrative ou d’un manque de moyens humains
et financiers pour les Administrations concernées.
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
ÆÆ Un fois encore, revenir sur la réflexion sur l’insuffisance de transferts technologiques
vers les entreprises et une fois encore ajuster les politiques d’appui à ces transferts
(valorisation, intermédiation technologique…).
ÆÆ Assurer les budgets suffisants pour la R&D et l’innovation.
ÆÆ Inciter (et pas seulement par des appuis financiers) encore plus les entreprises à
intégrer les programmes de recherche internationaux.
ÆÆ Doter l’Administration de ressources humaines et de moyens techniques
suffisants pour mener la politique R&D et innovation, notamment pour soutenir
l’internationalisation de la R&D wallonne.
ÆÆ Mettre en place et en œuvre sans tarder un cadre stable pour la politique de clustering.
2.1.5. Modernisation de compétences
Dans le cadre de la stratégie EU2020, l’Union européenne a lancé en 2010 l’initiative phare
«Une stratégie : de nouvelles compétences pour de nouveaux emplois». Cette initiative a
pour objectif de voir de quelle manière il serait possible de mieux anticiper les compétences
dont les entreprises et les citoyens auront besoin ; de réformer les systèmes d’éduction et
de formation ; et de mieux coordonner les politiques de l’emploi et de la formation.
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Cette réflexion a donné lieu à un constat clair : l’Europe doit entreprendre une action
immédiate pour combler ses déficits de compétences et offrir à ses citoyens de meilleures
chances de réussite sur le marché du travail de demain !
En effet, l’activité des entreprises industrielles est sensiblement freinée par des
fonctionnements du marché du travail très variables selon les pays, et surtout par
des pénuries de main-d’œuvre, traduisant une inadéquation entre les compétences
des demandeurs d’emploi et les postes à pourvoir. Cette inadéquation devrait encore
s’aiguiser par la réduction de main-d’œuvre active due au vieillissement de la population.
Or, comme le souligne la Commission, la modernisation des structures industrielles exigera
de nouvelles compétences tant techniques que comportementales, de nouvelles conditions
de travail et des changements de carrières plus fréquents. Ceci interpelle non seulement les
acteurs de formation et d’accompagnement sur le marché du travail, mais aussi les acteurs
de l’enseignement. Il est en effet déterminant pour l’avenir de notre industrie d’accroître
le nombre et la qualité des diplômés en sciences, en technologie, en ingénierie et en
mathématiques. Reprenant encore les mots de la Commission, le nombre de travailleurs
moyennement qualifiés doit également être mis en équation avec les demandes d’industries.
Les deux difficultés pointées par la Commission – un marché du travail peu efficace et
des pénuries importantes – connaissent une concrétisation en Wallonie.
Deux exemples :
ÆÆ En termes d’incitants à la formation des travailleurs par les entreprises, la Wallonie a
mis en œuvre deux dispositifs financiers à la formation des travailleurs : le chèqueformation et le crédit-adaptation. Les mesures sont très appréciées par les entreprises
et connaissent un grand succès (plus de 8.000 entreprises pour le chèque-formation
et presque 400 pour le crédit-adaptation). Le chèque-formation a même été décliné
en chèque-formation éco-climat afin d’aider les entreprises à former leur personnel
dans le domaine environnemental.
ÆÆ «Job Focus», le dispositif de lutte contre les pénuries de main-d’œuvre du FOREM.
Créé depuis 5 ans, les mêmes lacunes se posent encore pour certains métiers : Quelle
implication des autres acteurs pour répondre aux problèmes détectés ? Quelle
réponse a été donnée à un problème strictement quantitatif ?
Notamment à travers les Plans Marshall et Marshall 2.Vert ou encore d’autres projets, les
autorités wallonnes ont réagi afin d’anticiper les compétences de demain. On peut citer :
ÆÆ L’alliance emploi environnement sur le thème des économies d’énergie et de
construction durable. Pour répondre à cet objectif, une série d’actions sont en vigueur
(promotion des métiers verts, orientation vers ces métiers, formations spécifiques, …).
ÆÆ Le projet Abilitic, la démarche d’anticipation des compétences qui a réuni la Wallonie,
le Luxembourg et la Lorraine.
ÆÆ Le projet Abilitic2-Perform qui est en cours.
ÆÆ Le dispositif Job Focus avec le Plan Marshall 2.vert a été orienté sur ces nouvelles
compétences : à présent, une analyse annuelle de 10 métiers en lien avec les
politiques de développement durable.
87
R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Il était important que l’ensemble de ces projets voient le jour mais les indicateurs du
résultat attendu restent à clarifier : combien de demandeurs d’emplois s’engagent
réellement dans ces métiers, comment implanter une vraie méthodologie d’anticipation
des compétences chez l’ensemble des opérateurs de formations, ….
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
ÆÆ Analyser de plus près les actions menées (chèques formation, crédit adaptation,
projet Abilitic, dispositif Job Focus…) afin d’en retirer les résultats et de les corriger
si nécessaire.
ÆÆ Etablir un baromètre objectif et transparent des tensions sur les métiers et l’impact
des politiques ciblées doit être établi. Ceci visant à :
• Objectiver les postes disponibles et renforcer leur attractivité.
• Mesurer l’impact des politiques publiques sur la satisfaction des emplois
concernés.
2.2. Restructuration et mutation de l’activité industrielle
Promouvoir la modernisation industrielle
Sous ce titre, la Commission européenne vise essentiellement la transition vers une
économie à faible émission de carbone et donc la stimulation des investissements en
faveur de l’efficacité en matière d’émissions de carbone, d’énergie et de ressources, dans
tous les secteurs de l’industrie.
Dans ce domaine, l’industrie wallonne a accompli de substantiels progrès, notamment
par le biais des accords de branche. Les accords de branche, en vigueur depuis 2003,
constituent des conventions entre les secteurs industriels et le Gouvernement wallon.
Les secteurs s’y engagent à améliorer leur efficacité énergétique, et à réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre, à l’horizon 2010 ou 2012 selon les secteurs.
Ces accords portent sur 180 entreprises dont les 220 sites concernés représentent 80 à
90% de la consommation énergétique de l’industrie wallonne.
Depuis 2003, les investissements consentis dans le cadre des accords induisent des
améliorations chaque année. Malgré la conjoncture difficile observée en 2008 et 2009,
on constate une amélioration globale de l’efficacité énergétique, ainsi qu’une réduction
de l’émission de gaz à effets de serre (GES). En 2009, la quantité d’énergie économisée
correspondait à la consommation de 175.000 familles en une année. Quant aux GES,
ce sont près de 1.856.000 tonnes de CO2 qui n’ont pas été émises, soit l’équivalent de
12,5 milliards de km parcourus en voiture.
Comme le relève les auteurs du bilan énergétique wallon (2009), le secteur industriel
est le seul à diminuer structurellement ses consommations depuis 2002 à contrario du
tertiaire, du résidentiel et du transport.
Il en ressort que la part de l’industrie dans la consommation finale d’énergie de la
Wallonie en 2009 ne représente que 34% versus les 45% «historiques»(3).
(3) Source : sixième rapport annuel des accords de branche.
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Les entreprises, soucieuses de préserver leur compétitivité, portent un intérêt grandissant
à l’amélioration de leur efficience énergétique, concourant ainsi à la fois aux objectifs
économiques et environnementaux liés aux changements climatiques et à la réduction
des consommations d’énergie à l’horizon 2020, comme le préconise l’Europe dans son
«paquet Energie-Climat».
Le succès de cette politique, menée à la satisfaction tant des entreprises industrielles
que des autorités publiques, a conduit naturellement à la seconde génération des
accords de branche. Les secteurs sont engagés à présent dans l’élaboration des
modalités et du champ d’action de la prochaine génération d’accords de branche (post
2012), en collaboration avec les autorités wallonnes. Ces dernières ont ainsi mandaté
un consortium (3J-Consult et l’ICEDD) pour une mission d’assistance à la préparation
et à la conclusion d’accords de branche de deuxième génération entre les autorités
et le secteur industriel wallon, des accords qui devraient couvrir une période de 2013
à 2020. La réflexion menée porte essentiellement sur la teneur des engagements
qu’ils prendront. Les autorités souhaitent l’élargissement du champ d’application à la
production d’énergie renouvelable et/ou à des investigations liées au cycle de vie des
produits, mais les entreprises, si elles sont fort intéressées à ces questions, souhaitent
que ces nouveaux engagements portent bien sur une obligation d’investigation et
non de mise en œuvre systématique. En effet, si l’on s’intéresse de près à la capacité
d’investissement de l’entreprise, on constate immédiatement que les investissements
liés au «core-business» restent systématiquement prioritaires. C’est pour cette raison que
l’autoproduction d’énergie renouvelable, par exemple, doit rester un choix librement
consenti. On constate d’ailleurs dès à présent que de nombreux industriels s’y sont déjà
engagés, et ils continueront certainement à le faire dans les conditions actuelles. Les
accords de branche constituent donc un outil remarquable qui concourt à la fois à la
rationalisation des consommations et à la réduction des émissions de gaz à effets de
serre, deux objectifs prédominants dans l’Europe de demain.
La Commission recommande aussi que la législation soit prévisible et proportionnée
et fournisse la sécurité juridique nécessaire aux investissements à plus long terme, afin
de permettre de concilier les ambitions environnementales et les objectifs de politique
industrielle. Toute politique mise en œuvre devrait faire l’objet d’une évaluation
sérieuse des charges administratives et financières qu’elle crée au regard du bénéfice
environnemental qu’elle est susceptible d’apporter.
L’UWE soutient tout particulièrement cette approche proportionnée dans le cadre des
législations environnementales ou de celles relatives à l’aménagement du territoire. On
peut citer la longueur excessive des procédures qui conduisent à la mise à disposition
d’espace pour le développement économique (délais de plusieurs années), ou encore la
lourdeur de la politique mise en œuvre dans le cadre de la gestion des sols, alors que l’on
sait à quel point la pollution historique des sols constitue un enjeu de taille en Wallonie.
Enfin la Commission en appelle au développement d’un marché européen des biens
et services liés à l’environnement ainsi qu’au soutien spécifique aux technologies
environnementales.
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R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
C’est évidemment à l’Union européenne et aux Etats Membres au sein de celle-ci que
revient la tâche de l’établissement de ce marché, notamment par l’amélioration des
systèmes de normalisation et de certification. Au niveau régional, l’initiative des «alliances
emploi-environnement», contenue dans le Plan Marshall 2.vert, doit aussi contribuer au
développement de tels marchés.
Le soutien aux techniques environnementales a aussi trouvé une concrétisation au
niveau régional dans la mise en place du 6e pôle de compétitivité consacré précisément
aux techniques environnementales, où les premiers projets de recherche en chimie
verte et matériaux durables vont bientôt débuter.
La Commission juge aussi nécessaire de tirer parti de la responsabilité sociale des
entreprises en travaillant à un équilibre entre une maximisation des profits à court terme
et la création d’une valeur ajoutée durable à plus longue échéance.
La transition vers une économie «bas-carbone» ne se fera pas sans l’industrie. Comme
le relève AGORIA dans son mémorandum pour développer les technologies vertes en
Wallonie, la meilleure manière de prédire le futur, c’est de l’inventer(4).
Les technologies vertes comportent à la fois les technologies permettant de consommer
durablement (par exemple l’utilisation de sources d’énergie renouvelable) ou de
consommer moins (utilisation rationnelle de l’énergie), mais aussi les technologies qui
permettent de réduire l’impact des procédés sur l’environnement. De nombreux
exemples sont cités dans l’étude 4 de ce document.
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
ÆÆ Evaluer de manière approfondie les charges administratives et financières que
toute nouvelle réglementation crée au regard du bénéfice environnemental qu’elle
est susceptible d’apporter.
ÆÆ Concevoir les accords de branche comme des engagements incitatifs, réalistes et
équilibrés.
La dimension sectorielle – une approche ciblée
La Commission souligne que tous les secteurs sont importants et qu’elle maintiendra
une politique ciblée à leur égard. Et, effectivement, si on reprend les secteurs que le
document pointe comme devant faire l’objet d’une attention particulière à des titres
divers, on retrouve pratiquement tous les secteurs industriels !
La Commission souligne d’abord, sans trop le justifier, l’importance de deux secteurs :
l’espace et les industries autour de la mobilité durable. Puis sont cités les secteurs
«les plus prometteurs pour répondre aux défis de société» : secteur de la santé, des
technologies et des biens environnementaux, de l’approvisionnement de l’énergie et de
la sécurité. Ensuite vient une liste de secteurs «dans lesquels la chaine de valeur joue un
rôle particulièrement important» : industrie chimique, construction mécanique, secteur
des équipements de transport, industrie agroalimentaire, services aux entreprises.
Et enfin sont mentionnés les secteurs à forte consommation d’énergie.
(4) Citation Alan Ray 1971.
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
Donc tout le monde s’y retrouve, hormis la clarté de la politique sectorielle que la
Commission veut mener. Tout ce qu’on peut conclure c’est que chacun de ces secteurs
fera l’objet d’initiatives particulières. On peut remarquer que les secteurs cités par la
Commission et repris dans le paragraphe précédent sont tous couverts par un ou
plusieurs pôles de compétitivité. C’est donc à ces pôles d’organiser la veille informative
pour prendre connaissance, suivre et intégrer leurs entreprises aux initiatives sectorielles
de l’UE. C’est un rôle important que les pôles ne doivent pas sous-estimer.
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
ÆÆ Veiller à ce que les pôles de compétitivité suivent de près et participent aux
initiatives européennes ciblées sur leur secteur.
ÆÆ Veiller à ce que des représentants de la Wallonie (Administrations ou autres
délégués) soient présents dans les différents cénacles où s’établit la politique
industrielle européenne.
2.3. Tirer parti de la mondialisation
La mondialisation est une menace pour les économies non compétitives, mais une
opportunité formidable pour les entreprises concurrentielles. Ce truisme est moins
banal qu’il n’y paraît : il n’y a pas de milieu face à la mondialisation, soit on en est une
victime, soit un bénéficiaire. Et le basculement de l’un à l’autre tient parfois en peu de
choses, comme une victoire dans un sport professionnel. Mais, comme en sport, ce peu
de choses demande beaucoup de travail et de préparation.
C’est avant tout le dynamisme propre de l’entreprise qui fait la différence, mais aussi la
mise en œuvre de toutes les mesures décrites dans les sections précédentes.
L’accès aux marchés émergents, notamment par la suppression ou l’atténuation des
barrières à l’entrée, est un facteur évidemment très important. Les Etats européens,
individuellement (hormis quelques grands), n’ont pas ou peu de poids dans de telles
négociations. C’est évidemment à l’Union européenne de prendre en main ces problèmes
dans des dialogues bilatéraux et multilatéraux.
Mais, au niveau national ou régional, une attention particulière doit être donnée à
l’internationalisation extra-européenne des PME.
Pour la Wallonie, les exportations extra-européennes représentent 20% du total des
exportations. Les exportations vers les 4 pays émergents en forte croissance BRIC (Brésil,
Russie, Inde, Chine) représentent à peine 3,5% du total. Certes, elles sont en progression
depuis quelques années, mais ce chiffre est nettement insuffisant, compte tenu de
l’énorme potentiel que représentent ces pays.
Dans l’édition 2010 des «études sur l’entreprise» consacrées aux exportations wallonnes,
l’UWE avait mené une enquête auprès des entreprises, et notamment sur les difficultés
à exporter ou les raisons à ne pas exporter. Les raisons les plus importantes tenaient aux
coûts de la prospection des marchés étrangers ou de la représentation à l’étranger, ainsi
qu’aux difficultés pour trouver des canaux de distribution à l’étranger.
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R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
L’Agence Wallonne à l’Exportation offre une palette d’aides à la prospection hors UE.
Sont-elles suffisamment connues et utilisées ? Sont-elles bien ciblées ? Au lieu d’un
grand nombre d’aides, ne serait-il pas plus efficace d’avoir une seule aide avec plusieurs
compartiments qui seraient activés au fur et à mesure des progrès de la PME vers les
marchés extra-européens ? Toutes ces questions mériteraient une réflexion approfondie.
Recommandations pour la politique industrielle wallonne :
ÆÆ Mettre en place des politiques de sensibilisation et d’appui pour les entreprises non
exportatrices.
ÆÆ Intensifier les politiques d’appui pour la grande exportation hors Europe.
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
A travers le Plan Marshall et le Plan Marshall 2.vert, la Wallonie s’est dotée d’une politique
industrielle active et ciblée, et qui a bénéficié de soutiens financiers importants. C’est
indéniablement un fait majeur pour l’économie wallonne. Il reste cependant des
initiatives à prendre, à amplifier ou à accentuer.
Si on reprend la structure de la politique industrielle proposée par la Commission
européenne, voici le résumé des principales actions qui pourraient être prises par
les pouvoirs publics (y compris les organismes publics) pour encore supporter plus
efficacement l’industrie wallonne.
 Mettre en œuvre de la réglementation intelligente
1. Mettre en œuvre des mesures reprises dans les projets «accélérateurs de
transformation», eux-mêmes extraits du plan de simplification administrative
2010-2014.
2. Etablir une évaluation de l’impact sur la compétitivité des entreprises de toute
proposition législative ou réglementaire, de même qu’une évaluation ex post de
ces mêmes impacts des législations touchant les entreprises industrielles.
3. Décliner le «Small Business Act» européen au niveau régional.
 Améliorer l’accès au financement pour les entreprises
4. Faciliter la transition du capital-risque public au capital-risque privé pour les
entreprises où elles détiennent une participation, par exemple par la mise sur
pied de fonds (ou fonds de fonds) mixtes privé/public ou d’un réseau de sociétés
de capital-risque (privés et publics).
 Améliorer les infrastructures
5. Réaliser la mise à niveau complète du réseau structurant d’infrastructures de transport.
6. Accélérer la mise à disposition réelle de terrains pour l’activité économique.
7. Améliorer pour l’investisseur la visibilité sur la disponibilité en terrains (création
d’une base de données multi-opérateurs).
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R appor t UWE 2011
Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 3 | La politique industrielle wallonne
 Stimuler l’innovation industrielle
8. Une fois encore, revenir à une réflexion sur l’insuffisance de transferts technologiques vers les entreprises et une fois encore ajuster les politiques d’appui à ces
transferts (valorisation, intermédiation technologique…).
9. Assurer les budgets suffisants pour la R&D et l’innovation.
10.Inciter (et pas seulement par des appuis financiers) encore plus les entreprises à
intégrer les programmes de recherche internationaux.
11.Doter l’Administration de ressources humaines et de moyens techniques
suffisants pour mener la politique R&D et innovation, notamment pour soutenir
l’internationalisation de la R&D wallonne.
12.Mettre en place et en œuvre sans tarder un cadre stable pour la politique de clustering.
 Moderniser la base de compétences
13.Analyser de plus près les actions menées (chèques formation, crédit adaptation,
projet Abilitic, dispositif Job Focus…) afin d’en retirer les résultats et de les corriger
si nécessaire.
14.Etablir un baromètre objectif et transparent des tensions sur les métiers et l’impact
des politiques ciblées doit être établi. Ceci visant à :
 Objectiver les postes disponibles et renforcer leur attractivité
 Mesurer l’impact des politiques publiques sur la satisfaction des emplois concernés
 Promouvoir la modernisation industrielle
15.Evaluer de manière approfondie les charges administratives et financières que
toute nouvelle réglementation crée au regard du bénéfice environnemental
qu’elle est susceptible d’apporter.
16.Concevoir les accords de branche comme des engagements incitatifs, réalistes et
équilibrés.
 Déployer une approche sectorielle ciblée
17.Veiller à ce que les pôles de compétitivité suivent de près et participent aux
initiatives européennes ciblées sur leur secteur.
18.Veiller à ce que des représentants de la Wallonie (Administrations ou autres
délégués) soient présents dans les différents cénacles où s’établit la politique
industrielle européenne.
 Tirer parti au maximum de la mondialisation
19.Mettre en place des politiques de sensibilisation et d’appui plus marquées pour
les entreprises non exportatrices.
20.Intensifier les politiques d’appui pour la grande exportation hors Europe.
Cependant les pouvoirs publics ne peuvent pas tout, et les entreprises industrielles ne
doivent pas tout attendre des pouvoirs publics. C’est aux chefs d’entreprises d’insuffler
un esprit d’excellence dans leurs entreprises et de se donner les moyens pour atteindre
des objectifs ambitieux de croissance de leur activité et de l’emploi. ||
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Quatrième étude
L’industrie wallonne :
des réponses aux
défis sociétaux
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
» UNE INDUSTRIE WALLONNE COMPÉTITIVE ET DURABLE
» Synthèse
» Introduction
» Etude n° 1 | L’industrie wallonne : faits et chiffres
» Etude n° 2 | La politique industrielle de l’Union européenne
» Etude n° 3 | La politique industrielle wallonne
» ETUDE N° 4
» MONOGRAPHIES SECTORIELLES
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 4 | D es réponses aux défis sociétaux
Etude n° 4
L’industrie wallonne :
des réponses aux défis sociétaux
INTRODUCTION
Personne ne conteste plus que l’humanité doit faire face à des défis sociétaux d’envergure :
ÆÆ Le réchauffement climatique impose l’utilisation d’énergies nouvelles en remplacement des énergies fossiles, mais aussi un remplacement des matériaux traditionnels
par des matériaux à faible bilan carbone, ainsi que des économies d’énergie substantielles dans l’utilisation des moyens de transport.
ÆÆ La rapide diminution des ressources non renouvelables, non seulement des énergies
et matières d’origines fossiles mais également de certaines matières premières
(minerais, terres rares…), demande, en sus d’un recyclage plus intensif des produits
obsolètes, la création et la mise sur le marché de produits de substitut aux matières
premières non renouvelables, notamment bio-basées.
ÆÆ Dans le domaine de la santé, de nombreux défis restent à relever : assumer le vieillissement de la population en fournissant une qualité de vie digne aux personnes
âgées, ou la production de nouveaux traitements et vaccins pour vaincre des maladies jusqu’ici non maîtrisées.
ÆÆ L’alimentation doit être plus équilibrée, et même, dans certains cas, pouvoir
comporter des éléments qui améliorent la santé de la population.
ÆÆ Les nouvelles technologies de l’information ont amené d’autres défis en matière
de sécurité : sécurité des personnes, mais aussi sécurité de la production et de la
circulation de l’information.
Personne ne peut nier que, même si le développement de l’industrie a aussi permis
une élévation exceptionnelle du niveau de vie des populations à un rythme jamais
atteint dans l’histoire de l’humanité, la production industrielle de masse telle qu’elle s’est
déroulée durant près de 200 ans est, pour partie, à la source de certains défis évoqués
ci-dessus.
Le débat est cependant quelque peu dépassé. Car, en effet, si l’industrie a été une
partie du problème, elle est, sans nul doute, au cœur de la solution. C’est en effet
l’industrie qui fournira les équipements, machines, qui pourront générer et diffuser les
énergies nouvelles. C’est l’industrie qui mettra sur le marché les nouveaux matériaux, les
nouveaux produits, qui permettront la préservation des ressources non renouvelables.
C’est encore l’industrie qui concevra et produira les aliments plus équilibrés. Et c’est
toujours l’industrie qui fournira les nouveaux traitements et équipements médicaux.
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R a p p o r t U WE 2011
Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
L’évolution du bien-être de l’humanité est liée à la capacité qu’aura l’industrie mondiale à
se régénérer pour apporter des solutions aux défis qui se posent actuellement. De même,
la prospérité économique des pays, régions, continents, sera elle aussi étroitement liée
à cette capacité régénérative.
Alors que sur les décennies précédentes, il y avait un «trade off» entre prospérité
économique et préservation des grands équilibres environnementaux, de santé
publique, désormais la prospérité économique pourra être synonyme de bien-être non
seulement des populations qui profitent de cette prospérité par l’emploi et les revenus
qu’ils génèrent mais aussi celles qui consomment ou utilisent les biens produits par
cette nouvelle industrie.
ET L’INDUSTRIE WALLONNE ?
Si on ramène le débat à la Wallonie, la question qui se pose naturellement est la suivante :
l’industrie wallonne prend-elle le tournant de la nouvelle industrie, s’inscrit-elle dans le
mouvement d’une industrie qui devient une des réponses aux défis sociétaux actuels ?
Le défi est de taille, car l’industrie wallonne a été caractérisée pendant un siècle
d’industrie lourde, polluante, fournissant des biens intermédiaires traditionnels. On sait
que d’importantes et douloureuses restructurations imposées par les marchés mondiaux
et la concurrence, ont déjà profondément modifié le paysage industriel wallon. Mais,
sur les ruines de ces «vieilles industries», voit-on poindre des nouveaux germes, de
nouveaux ateliers, laboratoires, chaînes de production, qui mettent sur le marché des
biens et services (les deux étant souvent liés dans les nouveaux modes de production)
qui améliorent la vie de tous et toutes ?
C’est à cette question que cette étude va tenter de répondre. Le plus simple était
de confronter la production industrielle wallonne et les défis sociétaux repris dans
l’introduction de cette étude. Il n’était évidemment pas possible de mentionner ici
toutes les entreprises wallonnes innovantes et la liste des entreprises reprises ici est
évidemment loin d’être exhaustive.
LE DÉFI DE L’ATTÉNUATION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Les énergies renouvelables
Energie solaire
L’énergie solaire sera peut-être la principale source d’énergie de demain, si on en croit
certains scientifiques. Par exemple, Ray Kurzweil, expert international en prospective,
affirme que les technologies solaires seront capables de pourvoir 100% de l’énergie
dont le monde a besoin d’ici vingt ans, sur base de la croissance exponentielle (ou des
retours accélérés) observée pour d’autres technologies comme les technologies de
l’information, l’exploration du génome humain.
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 4 | D es réponses aux défis sociétaux
C’est dire s’il est important pour l’industrie wallonne de se positionner dans ce domaine.
En Wallonie, tant des grandes que des petites entreprises se sont déjà investies dans ce
domaine. En voici quelques exemples.
• Le Centre Spatial de Liège (Angleur, 85 personnes) conçoit des technologies de
production d’énergie solaire pour l’industrie spatiale.
• Dow Corning (Seneffe, 600 personnes) est actif, notamment, dans la production pilote
de cellules photovoltaïques souples, les packs en silicones pour isolants à intégrer
dans des panneaux solaires ultra plats et le mastic à basse perméabilité du gaz.
• Issol (Verviers, 21 personnes) a réalisé une des plus grandes installations
photovoltaïques de Wallonie (1.200m² soit 264 panneaux ayant un potentiel de
production de 36.000 kWh par an).
• Sunswitch (Louvain-la-Neuve, 60 personnes) installe et gère à distance des systèmes
de production d’énergie photovoltaïque. On voit à travers cet exemple que la
frontière entre le secteur manufacturier et le secteur des services peut être très
mince. Dans ce cas-ci les deux secteurs sont étroitement dépendants.
• Imperbel (Perwez, ± 100 personnes) produit des revêtements pour toitures intégrant
directement des cellules solaires.
Énergie éolienne
Participer à l’extension de l’énergie éolienne, ce n’est pas seulement implanter et gérer
des parcs éoliens, c’est aussi participer à la conception et à la fabrication des éoliennes.
En Wallonie, on retrouve notamment :
• Samtech (Angleur, 60 personnes) crée des logiciels de modélisation dynamique
des matériaux à destination notamment de la production de turbines éoliennes,
de l’industrie aérospatiale et de l’industrie automobile. Cette entreprise illustre à
nouveau la forte interdépendance des secteurs de l’industrie et des services.
• ATM-pro (Nivelles, 2 personnes) développe des logiciels d’études des vents et du
potentiel éolien.
• G-TEC (Milmort, 30 personnes) offre les services de ses ingénieurs en environnement,
notamment pour l’installation de parcs éoliens offshore.
• ArcelorMittal Ringmill (Seraing, 130 personnes) produit notamment des couronnes
d’orientation des palles ou nacelles d’éoliennes.
• CMI (Seraing, 1.120 personnes) fabrique des éléments-clés mécaniques pour la
production d’éoliennes.
Hydro-énergie
En raison des caractéristiques géographiques de notre région, l’hydro-énergie ne sera
sans doute jamais une source importante d’énergie pour nos populations. Mais notre
industrie peut contribuer à mettre au point techniques et technologies qui permettront
d’abord d’utiliser au maximum nos capacités hydrauliques et puis d’exporter notre
savoir-faire vers des régions plus propices à l’exploitation de ce type d’énergie.
Un exemple remarquable d’application industrielle en Wallonie est fourni par l’entreprise
Rutten (Herstal, 7 personnes) qui conçoit et construit des stations au fil de l’eau.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
Biomasse
La Biomasse est aussi une source d’énergie alternative prometteuse. Quelques exemples
d’entreprises wallonnes qui se sont lancées dans ce type de production énergétique.
• Xylowatt (Marchienne-au-Pont, 26 personnes) fabrique des installations de
cogénération par gazéification de biomasse, qui permettent à la fois la production
d’électricité et de chaleur (ou de froid).
• Biowanze (Wanze, 124 personnes) produit du bioéthanol de froment et de betteraves
permettant une diminution de 70% des émissions de CO2 par rapport au carburant fossile.
• GreenWatt (Tourinnes-Saint-Lambert, 9 personnes) est une société active dans la conception, la construction et la maintenance d’unités de bio-méthanisation qui permettent la
transformation de déchets organiques putrescibles en énergie renouvelable.
• Tuzetka (Nivelles, 3 personnes) prépare et livre de la biomasse en grandes quantités à
destination de clients industriels ou de réseaux de chauffage urbains.
Entreprises qui produisent leur propre énergie
Une autre tendance lourde du mouvement de l’industrie vers les énergies alternatives
consiste à l’autoproduction d’énergie par des entreprises qui utilisent les résidus de
production pour générer leur propre énergie. A titre d’exemples, on retrouve en Wallonie :
• Burgo Ardennes (Saint-Mard, 630 personnes) transforme des résidus de production
en énergie renouvelable.
• Pinguin Lutosa Foods (Leuze-en-Hainaut, 460 personnes) produit sa propre énergie à
partir des épluchures de pommes de terre.
• Aigremont (Flemalle, 51 personnes), entreprise active dans la production de
margarines, génère sa propre énergie à partir des coproduits issus de son processus
de production et a développé une technologie à ce sujet qu’elle commercialise.
• Inbev-Jupille (Jupille, 580 personnes) s’emploie à la récupération du biogaz de la station.
• Les Sources Chaudfontaine (Coca-Cola) récupèrent de la chaleur au travers du
processus de pompage de l’eau.
Le stockage de l’électricité et de la chaleur
C’est un des grands défis des prochaines années : comment réguler la production
d’électricité renouvelable sans perturber les circuits de distribution. On sait en effet
que l’électricité issue du renouvelable entraîne un découplement entre la production
et la consommation de l’électricité : les éoliennes peuvent tourner à des moments où
la consommation d’électricité est très faible, et inversement. Comment dès lors stocker
cette électricité et la réinjecter dans les circuits aux heures de forte consommation ?
Plusieurs entreprises installées en Wallonie se sont investies pour tenter d’apporter une
solution – bien sûr partielle – à ce problème.
• Des entreprises comme Prayon (Engis, 875 personnes) ou Nanocyl (Auvelais, 45 personnes)
se sont engagées dans le développement de batteries de grande dimension.
• Pepite (Liège, 5 personnes) s’est spécialisée dans la gestion optimisée des réseaux
électriques au travers de logiciels informatiques.
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Etude 4 | D es réponses aux défis sociétaux
Des matériaux nouveaux pour diminuer la consommation d’énergie
Divers matériaux d’isolation permettent d’éviter la déperdition d’une énergie précieuse
aussi bien dans les habitations que dans les bureaux. Plusieurs entreprises situées en
Wallonie produisent ce type de matériaux, notamment :
• Dow Corning (Seneffe, 600 personnes) produit du silicone pour isolation.
• NMC (Eynatten, 430 personnes) produit des matériaux d’isolation pour différents types
d’applications (tuyaux, murs, etc.).
• Armacell (Thimister-Clermont, 84 personnes) fabrique des mousses aux nombreuses
propriétés, parmi lesquelles on retrouve d’excellentes capacités d’isolation thermiques.
• Nanocyl (Auvelais, 45 personnes) produit des nanotubes de carbone qui peuvent
conférer des propriétés ignifuges aux polymères dans lesquels ils sont insérés.
• Galactic (Escanaffles, 109 personnes), Futerro (Escanaffles) et Kitozyme (Milmort, 55
personnes) ont initié la production de nouveaux matériaux bio-basés.
L’amélioration énergétique des transports
Le transport est un grand enjeu. Il a augmenté de 30% entre 1990 et 2007 et participe pour
20% aux émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Et ce n’est pas fini, des augmentations
sont encore attendues. Il est donc impératif de réduire la consommation d’énergie et le
rejet des polluants dans l’atmosphère.
Transport aérien
Beaucoup de recherches et d’applications dans le secteur de l’aérospatial visent à rendre
les avions plus légers, notamment grâce à l’introduction de matériaux composites et
high-tech. On citera, à titre d’exemples :
• Sonaca (Gosselies, 1.580 personnes) conçoit et produit des bords d’attaque pour les
ailes d’avions. Au travers de projets de R&D régionaux, ils investiguent l’utilisation de
matériaux composites qui doivent répondre aux nouveaux critères de solidité et de
légèreté demandés par l’industrie aéronautique.
• Hexcel Composites (Welkenraedt, 181 personnes) produit des structures dites en «nids
d’abeilles» ultra légères et très résistantes à destination de l’industrie aérospatiale.
• Coexpair (Vedrin, 7 personnes) conçoit des process de mise en œuvre de matériaux
composites pour l’industrie aéronautique.
• Sobelcomp (Loncin, 10 personnes) fabrique des pièces en matériaux composites à destination de plusieurs secteurs industriels (automobile, aéronautique, informatique, etc.).
Ces entreprises collaborent de manière étroite avec des entreprises spécialisées en
modélisation comme E-xstream (Louvain-la-Neuve, 13 personnes) ou Samtech (Angleur,
60 personnes).
Transport routier
Un des grands enjeux est la production de moteurs alternatifs à ceux à combustion. Par
exemple, Green propulsion (Angleur, 6 personnes) produit des moteurs électriques et
hydrauliques tandis que Prayon (Engis, 875 personnes) a trouvé une nouvelle orientation
d’activité dans les piles à combustible.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
LE DÉFI DE LA RARÉFACTION
DES MATIÈRES PREMIÈRES NON RENOUVELABLES
L’eau
Concernant l’eau, les défis qui se posent sont les suivants :
• Limiter le gaspillage
• Généraliser la récolte des eaux de pluie
• Intensifier le recyclage des eaux usées
• Améliorer la qualité de l’eau et la potabiliser.
Le secteur de la chimie propose divers matériaux plastiques qui permettent d’avancer dans
ces différents défis. Par exemple, en Belgique, le remplacement des anciennes canalisations
de distribution par des tuyauteries en polyéthylène permettrait une diminution des pertes de
l’eau de distribution d’environ 10%. Ou encore les diverses applications plastiques permettent
une irrigation plus efficace par les sols limitant ainsi les pertes dues à l’évaporation.
• 3B-the fibreglass company (Battice, 390 personnes) s’est associé à Reprocover
(Henri-Chapelle, 8 personnes) pour développer des solutions durables, à base de
matériaux recyclés, destinées à des applications pour les égouts, le drainage et
l’approvisionnement en eau.
• Total (Feluy) produit les matières premières qui seront utilisées pour fabriquer les
tubes en polyéthylène permettant notamment le transport de l’eau potable et la
fabrication de systèmes d’irrigation.
• Les firmes Solvay (Bruxelles) et Kabelwerk Eupen (Eupen, 880 personnes) produisent
les tubes en PVC qui sont utilisés pour les infrastructures d’égouttage.
Le secteur de la chimie développe de nombreux produits qui visent à la potabilisation
de l’eau ou au traitement des eaux usées. Dans ce domaine, la biotechnologie joue
également un rôle-clé.
• Realco (Louvain-la-Neuve, 34 personnes) et Prayon (Engis, 874 personnes) produisent
et développent des produits biologiques pour le traitement des eaux.
• Degrémont (Herstal, 50 personnes) construit des installations de traitement des eaux
usées et de production d’eau potable.
• L’Oréal Libramont (Libramont, 365 personnes) a développé un programme important
de gestion des eaux industrielles.
• SCA Hygiène Products (Stembert, 320 personnes) s’est spécialisé dans l’épuration
d’eau sur le principe du lagunage.
Matériaux de substitution aux matières premières non renouvelables
Les matières premières non renouvelables sont, par définition, destinées à s’épuiser un
jour ou l’autre. En raison de leur utilisation effrénée, ce jour se rapproche.
Un secteur particulièrement concerné est celui des plastiques, qui sont fortement utilisés
dans les produits de consommation. Le défi est donc de produire des plastiques à partir
de ressources naturelles renouvelables, par exemple des plastiques d’origine végétale.
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Une industrie wallonne compétitive e t d u ra b l e 
Etude 4 | D es réponses aux défis sociétaux
Plusieurs entreprises wallonnes se sont lancées dans ce type de production, notamment :
• Galactic (Escanaffles, 109 personnes) produit d’acide lactique à partir de biomasse
végétale selon un procédé de fermantation.
• Futerro (Escanaffles) – joint-venture entre Galactic et Total – développe des
polymères à base de PLA. Ces plastiques bio basés et biodégradables sont utilisés,
entre autres, dans la fabrication d’emballages.
• Vandeputte Oleochemicals (Mouscron, 25 personnes - 430 personnes dans le groupe
Vandeputte) produit des matières premières d’origine végétale pouvant être intégrées
dans toute une série de produits comme des sous-couches isolantes acoustiques
(peintures, coatings, etc.) ou des polyols pour polyuréthane.
D’autres entreprises se sont attachées à produire de nouveaux matériaux à partir
d’huiles végétales et animales, par exemple :
• Mosselman (Ghlin, 37 personnes) fabrique, entre autres, des cires naturelles et
synthétiques.
• Imperbel (Perwez, ±100 personnes) produit des membranes d’étanchéité bituminées.
Un récent et important développement a permis de remplacer le bitume par des
matériaux bio basés.
Enfin la production de biolubrifiants est aussi représentée en Wallonie par
BFB Oilresearch (Isnes, 13 personnes) et Sogelub (Marquain, 16 personnes).
Recyclage
Le recyclage tient aussi un rôle important dans l’économie de ressources non renouvelables. Cette activité s’est fortement développée en Wallonie ces dernières années, en
voici quelques exemples :
• Groupe Comet (Clermont-sous-Huy) est actif dans le traitement et le négoce belge,
européen et international d’aciers, métaux ferreux, non ferreux et dérivés. Parmi les
produits pouvant être recyclés par le groupe, on retrouve les pneus, les moteurs de
camions et de voitures, les plastiques ou les équipements électriques et électroniques.
• Hydrometal (Clermont-sous-Huy, 51 personnes) valorise les résidus de métaux
complexes non-ferreux.
• Revatech (Engis, 73 personnes) recycle les piles, les déchets métalliques ou les boues
huileuses.
• Ménart (Dour, 24 personnes) a monté une chaîne de compostage pour la production
de compost à partir de déchets ménagers.
• Imperbel (Perwez, ±100 personnes) recycle les résidus de leurs produits en de
nouveaux produits.
Il ne faut pas non plus oublier qu’en Belgique, le recyclage des emballages se pratique
également à grande échelle à travers les sociétés FOST-plus et VAL-I-PAC. En effet, 92%
des emballages alimentaires sont recyclés, ce qui est le meilleur score au niveau européen.
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Etudes sur la Situation de l’Entreprise
Edition 2011
LE DÉFI DE LA SANTÉ
Les médicaments
Comme l’étude 1 l’a mis en évidence, la pharmacie est le secteur industriel qui a connu
la plus forte croissance en Wallonie au point de devenir le plus important.
Deux grandes firmes pharmaceutiques sont installées en Wallonie : UCB et GSK Biologicals.
Mais il se développe aussi en Wallonie de nombreuses spin-offs qui sont promises à un
grand avenir.
Dans le secteur de la médecine régénérative, on retrouve notamment en Wallonie.
• Bone therapeutics (Gosselies, 11 personnes) s’est spécialisée dans le domaine
de la régénération des tissus articulaires et des os.
• Promethera biosciences (Mont-Saint-Guibert, 22 personnes) s’est spécialisée dans le
traitement des maladies métaboliques du foie par thérapie cellulaire.
• Cardio 3 (Mont-Saint-Guibert, 35 personnes) est actif dans le développement et la
commercialisation de thérapies régénératives dans le domaine des maladies cardiaques.
D’autres entreprises sont actives dans le domaine du diagnostic, et notamment dans les
méthodes de diagnostic personnalisées, rapides et praticables en dehors des structures
hospitalières. En voici quelques exemples :
• Coris BioConcept (Isnes, 21 personnes) développe du matériel de diagnostic médical dont
les résultats sont rapidement et facilement interprétables et dont le potentiel de détection
est accru. Ces tests permettent un diagnostic non équivoque en moins de 15 minutes.
• Zentech (Angleur, 37 personnes) produit des kits de diagnostiques pour maladies
infectieuses (test in vitro).
• EAT - Eppendorf Array Technologies (Namur, 46 personnes) fournissent du matériel
médical permettant le screening d’agents infectieux.
• MDx Health (Liège, 24 personnes) développe des tests de diagnostic pour l’évaluation
de cancers.
• Diagenode (Vaux-et-Borset, 20 personnes) développe et commercialise des réactifs,
kits et instruments pour le diagnostic et pour la recherche en biologie moléculaire.
• MDx Health et Diagenode contribuent par leur expertise développée dans le domaine de l’épigénétique au développement de la médecine personnalisée qui prend
un essor considérable actuellement. DNA Vision (Gosselies, 16 personnes) en tant que
leader européen en «service génomique» développe également très fortement une
expertise en médecine personnalisée.
Textiles pour l’hygiène, la santé et le bien-être
De manière grandissante, les textiles fonctionnels intelligents vont nous protéger,
nous soigner et augmenter notre bien-être. Les textiles bioactifs, les «cosméotextiles»
et les vêtements vont être selon les besoins, antibactériens, anti-UV, antiperspirants,
hypoallergéniques, anti-moustiques, anti-mites, thérapeutiques.
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L’industrie textile développe aussi des vêtements qui assurent protection et sécurité dans
certaines circonstances : contre les arcs électriques, contre le feu, contre la noyade (vêtement
flottant), contre les substances chimiques, l’abrasion, le froid et les chaleurs extrêmes.
On peut citer comme exemples en Wallonie :
• Varodem (Saint-Leger-en-Gaume, 46 personnes) et Belgian Fibers (Mouscron, 31
personnes) qui travaillent ensemble à l’élaboration de textiles fonctionnels à haute
valeur ajoutée, et notamment de bas médicaux.
• Lohmann & Rauscher (Chênée, 73 personnes) produit notamment des bas pour
traiter les ulcères veineux et des pansements super absorbants pour le traitement
des plaies fortement exsudatives.
Vieillissement de la population
Une alimentation adaptée au vieillissement de la population : soit via une reformulation
de la composition nutritionnelle des aliments, soit par le développement de compléments
alimentaires ayant une série d’effets bénéfiques sur la santé (lutte contre l’arthrose, les rhumatismes, la fonte musculaire, l’ostéoporose, …). Parmi les entreprises wallonnes, on citera :
• Laboratoires Ortis (Verviers, 75 personnes) produit des compléments alimentaires
visant notamment une meilleure digestion et circulation du sang, la réduction de
l’état de fatigue ou le soulagement des articulations.
• Hedelab (Ghlin, 21 personnes) conçoit, développe et industrialise des compléments
alimentaires personnalisés sous forme liquide ou sèche.
• BioXtract (Isnes, 4 personnes) produit des compléments alimentaires à partir
d’ingrédients naturels, permettant entre autres, le traitement de certains troubles
allergiques ou s’inscrivant dans le cadre de régimes alimentaires particuliers.
LE DÉFI D’UNE ALIMENTATION ÉQUILIBRÉE
L’industrie alimentaire a pour mission de mettre sur le marché une offre de produits
alimentaires en quantité suffisante, de qualité et à un prix abordable pour le
consommateur, compétitif pour les entreprises alimentaires, mais aussi suffisamment
«rémunérateur» pour les différents acteurs de la chaîne alimentaire.
Concernant l’alimentation, les défis à relever sont les suivants :
ÆÆ Assurer la sécurité alimentaire (food security) : il faudra nourrir 9 milliards de
personnes en 2050, pour ce faire la production agricole devra s’accroître de 70%. La
chaîne alimentaire devra évoluer pour garantir une alimentation en suffisance. De
nouvelles techniques durables devront être développées : stockage, méthodes de
production, réduction des pertes, etc.
ÆÆ Assurer la sécurité alimentaire/sanitaire (food safety) : le système d’autocontrôle en
Belgique est un des meilleurs d’Europe, la Belgique est souvent citée comme modèle.
ÆÆ Développer une alimentation équilibrée : comme un des moyens pour lutter contre
le surpoids et l’obésité et les maladies qui en découlent (maladies cardio-vasculaires,
diabètes, etc.).
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ÆÆ Veiller à la qualité de vie («plaisir» et «bien-être social» lié à l’alimentation) : aspects
organloeptiques, aspects «convenience» (facilité d’emploi, emballages, …).
ÆÆ Veiller à la «valorisation totale» : beaucoup de sous-produits (ou coproduits) issus des
processus de production des industries alimentaires retournent vers l’agriculture en
alimentation animale ou en amendements de sols, des efforts sont aussi faits dans la
valorisation de sous-produits vers le food ou le non-food.
De nombreuses entreprises alimentaires wallonnes ont innové dans ces différents axes.
Plus particulièrement pour le défi d’une alimentation équilibrée, on peut citer les
exemples suivants :
• Detry (Aubel, 270 personnes) veille à maintenir l’équilibre alimentaire dans la
préparation de ses produits de charcuterie.
• Corman (Goe, 451 personnes) travaille à la mise au point de nouveaux produits issus
des matières grasses laitières, comme les beurres allégés.
• Stassen (Aubel, 70 personnes) a lancé une nouvelle gamme de cidres et de boissons à
base de pommes biologiques.
• Belourthe (Hamoir, 54 personnes) conçoit et commercialise des produits alimentaires
à base de céréales répondant aux besoins de personnes diabétiques, âgées ou
souffrants de problèmes médicaux particuliers.
• Materne (Floreffe, 460 personnes) développe de nouvelles recettes pour la production de
ses confitures afin de répondre à des besoins spécifiques, comme les confitures sans sucre.
• Kraft Food Namur Production (Namur, 500 personnes) conçoit des produits
fromagers à faible teneur en matières grasses.
D’autres entreprises travaillent à la réduction du sel (une convention avec le Ministre de
la santé et engagements de l’industrie alimentaire et de ses secteurs pour une réduction
de 10% du sel dans les aliments d’ici 2012), du sucre, ou des graisses contenus dans leurs
produits, au travers notamment, du développement d’ingrédients de substitution. A titre
d’exemples, on citera :
• Cosucra (Warcoing, 210 personnes) développe de nouveaux produits alimentaires riches en
fibres et en protéines, permettant notamment une meilleure sensation de satiété.
• Herve Société (Herve, 50 personnes) développe de nouveaux produits innovants,
comme des fromages à faible teneur en sel.
• Vandeputte (Mouscron, 430 personnes dans le groupe) développe de nouveaux
produits dérivés du lin, affichant d’excellentes capacités nutritionnelles.
• Sipal (Herve, 24 personnes) élabore une large gamme de produits sucrants, colorants
ou aromatisants à destination de l’industrie agroalimentaire.
• Stiernon (Ghislenghien, 14 personnes) développe, à partir d’extraits de plantes,
des substances polyphénoliques (antioxydants) utilisées dans les domaines de la
nutrition et de la santé.
• Galactic (Escanaffles, 110 personnes) produit des acides lactiques utilisées par
l’industrie alimentaire comme exhausteur de goût ou comme antibactérien
(salmonelle, listéria) permettant une meilleur sécurisation de la chaine alimentaire.
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• Kitozyme (Milmort, 55 personnes) extrait, à partir de champignons et non pas de matières
animales, de la chitosane et du chitine-glucan à destination de produits diététiques.
• THT (Gembloux, 3 personnes) produit des acides lactiques à destination de l’industrie
pharmaceutique et alimentaire.
• Prayon (Engis, 874 personnes) produit des phosphates qui permettent de conserver
l’eau contenue dans les aliments.
• Pranarom (Ghislenghien, 60 personnes) produit des huiles essentielles naturelles
visant notamment à renforcer les défenses naturelles ainsi que le traitement des
voies respiratoires.
• Herbalgem (Bihain, 16 personnes) est active dans le secteur naissant de la gemmothérapie. Parmi les produits développés par la société, on retrouve des complexes qui
aident les étudiants à stimuler leur mémoire et leur concentration en période d’examens.
Beaucoup d’entreprises alimentaires wallonnes ont également d’autres actions à ce sujet :
meilleure information aux consommateurs (ex : développement des GDA, repères nutritionnels
journaliers sur les emballages), formations du personnel dans cette matière, participation,
soutien et lancement d’initiatives visant à un style de vie plus équilibré de la population.
LE DÉFI DE LA SÉCURITÉ
Le domaine de la sécurité est multiple : sécurité des biens, sécurité des personnes,
sécurité individuelle, sécurité collective. En outre, les nouvelles technologies sont à la
fois sources de menaces ou d’insécurité mais aussi armes de protection. Citons quelques
entreprises qui, en Wallonie, développent une activité liée à la sécurité.
• Qilium (Enghien, 3 personnes) conçoit des algorithmes pour la sécurisation de cartes
à puces à destination du domaine bancaire.
• Waltec biometrics (Léglise, 7 personnes) développe des systèmes de sécurisation
au travers de données biométriques (empreintes digitales et palmaires, scan
rétinien, etc.) ainsi que des logiciels de gestion de foules (comptage d’individus,
déplacements, intrusions, …).
• Bluekrypt (Louvain-la-Neuve) sécurise des données sensibles au travers de systèmes
complexes de cryptage.
• ACIC (Mons, 7 personnes) offre des solutions innovantes en matière de vidéo
surveillance intelligente (détection d’intrusions, comptage de personnes, analyse du
trafic routier, etc.).
• Belgian Advanced Technologies Systems (Angleur, 9 personnes) fournit des solutions
avancées de sécurisation des frontières (senseurs, radars, systèmes de surveillance, etc.)
• Saint-Gobain (Auvelais, 500 personnes) produit des vitrages feuilletés retardateur
d’effraction et/ou anti-balles.
• AGC Flat Glass (Seneffe, 190 personnes) produit des verres résistant au feu.
• Guardis (Angleur, 4 personnes) est active dans le domaine de la sécurisation des
réseaux informatiques dans le contexte du «Cloud Computing». ||
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