Une société misogyne ? La majorité des sources nous envoie à

Une société misogyne ?
La majorité des sources nous envoie à Athènes, démocratie, où l’un des plus grands paradoxes est la misogynie.
1. La femme, un être à part : Pandora
C’est un mythe très connu. Pandora est l’Eve grecque, 1e femme. Hésiode en parle au 8e siècle BC. C’est un mythe
important pour les grecques car au 5e siècle, Athéna Parthénos repose sur une grande base sculptée qui représente
la naissance de Pandora. Il y a donc une continuité depuis Hésiode.
Elle intervient d’abord chez Hésiode pour distinguer les mortels et les immortels. Au commencement, les mortels
(anthropoi) vivent proches des dieux, jusqu’à ce que Prométhée, fils d’un titan, ait la mauvaise idée de se moquer de
Zeus : juste avant le partage du bœuf, il sépare les os et les enveloppe de graisse tandis que la bonne viande est
entourée de vicaires. Zeus le sait mais il joue le jeu de Prométhée. Pour se venger, il confisque le feu, mais
Prométhée réussit à l’attraper, à le maintenir. Donc, Zeus crée la femme. Il fabrique Pandora pour se venger. Elle est
donnée aux hommes comme épouse Epiméthée, son frère, moins brillant. Pandora arrive avec sa jarre, Epiméthée
l’ouvre et tous les maux de la terre se répandent, sauf l’espoir qui reste caché au fond de la jarre.
Dans ce mythe, apparait la nature artificielle et trompeuse de la femme car elle est fabriquée par Hephaistos au
contraire des hommes qui naissent de la terre. Elle est décorée par Aphrodite et Athéna tandis qu’Hermes lui donne
la parole fourbe pour tromper les hommes. Elle arrive donc comme un objet d’échange. Dans le mariage, elle est
considérée comme un objet, elle n’est pas dans une relation de réciproque. C’est moins la sexualité qui est en jeu,
car elle arrive comme une épouse plutôt que la cohabitation : elle dilapide ce que l’homme lui apporte. Elle fait parti
du genos, à l’intérieur de l’oikos.
Pandora est donc une épouse. On peut en faire un mythe général, elle est liée au contexte économique, social, de
l’oikos. Le souci premier est la question de la filiation. Cette façon de voir peut être opposée à celle du début du
mythe. Ce temps pourrait renvoyer à un mode de vie aristocratique, urbain, celui des banquets où la femme peut
être une compagne égale.
Il faut attendre le 5e siècle pour que les médecins fassent la distinction entre les hommes et les femmes. Les
femmes ont le corps froid et humide tandis que les hommes ont un corps chaud et sec, ce qui expliquerait la
fabrication du sperme (sang réchauffé). Pour les femmes, le corps est si froid qu’il provoque une prétendue
abondance du sang qui est évacué chaque mois. Un autre moyen qui les sépare est la place fondamentale de
l’utérus, centre de la matrice. Très vite, les médecins hippocratiques disent que le corps féminin est lié à l’utérus. A
partir de ces résonnements, le corps féminin s’impose comme radicalement différent.
2. Mariage et statuts des femmes à Athènes
a. L’institution du mariage
C’est une notion moderne dont on ne retrouve pas l’équivalence au sein de la cité. On ne peut pas vraiment le
comparer à notre mariage juridique. Pour les athéniens, c’est le contrôle de la transmission du statut (être citoyen)
et du patrimoine (l’héritage) qui mettent en cause 2 lignées masculines. C’est une union hétérosexuelle qui est au
fondement de la reproduction civile.
La loi de Périclèse (451-450) qui impose qu’un fils légitime de naissance d’une fille d’un citoyen fait parti des
citoyens. On refuse les alliances étrangères. Les unions interdites sont celles faites entre ascendants et descendants
directes de même que les frères et sœurs de même mère (père à Sparte). Entre deux maisons citoyennes, le père de
la marié décidé de la marier au plus tôt à 14 ans, au plus tard à 18 ans. L’homme a en général la trentaine sauf à
Sparte. Cela s’explique par la nécessité pour l’homme d’aménager une maison. La dote est moindre, plus basse que
celle de ce qui revient aux garçons à la mort de son père. Elle est remise par le père de la mariée à son gendre, qui la
gère pour la remettre à ses enfants. En cas de divorce, la dote est rendue à la maison du père. La femme ne la
touche jamais. La femme n’est jamais a l’initiative. Les dotes, reflets de la richesse et du prestige, peuvent atteindre
des sommes considérables (12000 dragmes). Elles peuvent être d’argents, d’esclaves, de vêtements, de vaisselles, de
terres… Le père de la marié peut exiger des garanties pour ses petits-enfants : le père prend des gages sur les biens
de son gendre (hypothèques).
La différence d’âge dans le couple, associés au mort en couche, les morts militaires, provoquent des remariages
fréquents. Les femmes ne deviennent jamais propriétaires mais elles ont une certaine autorité économique lorsque
le mari décède.
b. Le don de la femme
La jeune femme, tout au long de sa vie, est considérée comme une mineur. Elle dépend toujours d’un kurios qui
exerce une tutelle sur la femme (père, frère…). C’est lui qui l’accompagne dans es démarches administratives et
juridiques. Elle est toujours représentée, elle ne prend pas part à la vie politique. Si une femme se retrouve seule
héritière de sa frange paternelle, son mariage est réglementé par la cité. Elle est, dans un ordre prévu par la loi,
epikleros et peut être donné en mariage par un proche parent, pour que le patrimoine reste dans la branche
paternelle. La visibilité sociale est très importante, la société regarde et contrôle.
Le gamos, cérémonie du mariage, doit se réaliser devant les autres citoyens afin que tout le monde puisse constater.
Cette cérémonie dure plusieurs jours avec des rituels préparatoires. Le jour du transfert, la jeune fille quitte la
maison de son père pour aller dans celle de son époux. Elle devient la numphe, jeune mariée, très apprêtée. Un
grand soin est donné à son apparence, on le voit sur les vases. Il y a un cortège qui accompagne les deux mariés dans
lequel des enfants, qui symbolise le but du couple. Dans la maison du marié a lieu un rite de consommation. Après la
1e nuit, des cadeaux sont offerts par tout l’entourage. C’est l’arrivée du 1e enfant qui transforme la numphe en gune.
Ensuite, les repas de noces sont offerts dans la fratrie pour présenter l’épouse et tous les enfants qui vont naître de
ce couple afin de légitimisme le mariage. Le but de l’union est très clair : produire des nouveaux citoyens.
La question de la fidélité devient alors essentielle. Ces femmes sont strictement contrôlées. Il y a des lois qui
autorisent l’homicide de l’amant en cas de flagrant délit. En général, cela se compense par une sanction publique
contre le coupable ou une compensation financière. La femme adultère est considérée comme moins responsable,
des compromis sont attestés, des sanctions publiques (interdiction de porter des bijoux) puis un divorce sans retour
de dote
c. Le gynécée
Lieu symptomatique de la culture grecque, on l’emploie couramment. Il s’est formé sur gunê (femme). On a peu de
sources de l’époque classique qui permettent de l’attester si ce n’est lysias et xénophon (4e siècle) qui le détaillent :
Lysias défend Euphilétos, qui prend en flagrant délit d’adultère l’amant de sa femme et le tue. La maison
d’Euphilétos comprend une cour intérieur et un puits, schéma classique d’une maison. Un couloir donne accès à
cette cour et qui les emmène dans la 1e pièce : l’andrôn, pièce de réception des hommes, reconnaissable à des
banquettes disposées le long des murs. A côté se trouve une chambre supposée être celle de l’homme et à côté, une
cuisine avec une salle d’eau adjacente. A l’étage se trouve un schéma identique avec une salle à manger, une
chambre et une pièce adjacente. On dit que le gynécée est l’appartement du 1e étage où se trouvent la femme et les
servants. Lysias dit que dans le cas d’Euphilétos, il avait inversé les choses car elle avait un bébé. Dans cette
description, on voit qu’il y a une séparation des espaces qui n’est pas stricte au niveau des sexes mais il s’agit plutôt
d’un accommodement interne assez souple destiné à faciliter les habitudes de chacun.
Les vases montrent que les femmes ne sont pas enfermées dans les maisons. Elles sont souvent montrées à
l’extérieur dans des activités mixtes. Mais il faut se méfier des choses car on ne connait pas le statut de ces femmes.
Les activités spécifiques aux femmes sont liés à la maison, traditionnellement elle est celle qui file et tisse. Elle
s’occupe du soin des nouveau-s, de la 1e éducation et de la cuisine. Mais le critère de la richesse fait qu’il y a
beaucoup de variantes. Le travail salarié des femmes est possible, dans les ateliers textiles : laveuses
professionnelles, boulangères, cordonnières. L’expérience de la maternité amène au métier de sage-femme et au 4e
siècle, on trouve des femmes médecins dont les compétences touchent la gynécologie.
Une stèle funéraire trouvée à acharnés en mémoire d’une femme phanostratè, épouse de citoyen, la qualifie de
sage-femme. C’est donc un métier publique. Aucun métier n’est interdit aux femmes sauf la participation au combat,
qui est la définition de la citoyenneté. A athènes comme à Sparte, elle apporte sa contribution à la guerre, en
enfantant des soldats et en les encourageant à devenir des battants.
Dans les prêtrises, les femmes peuvent obtenir des statuts importants. Lysimachè, prêtresse d’athéna Polias, garde
son statut jusqu’à 80 ans.
Il n’y a donc pas d’enfermement des femmes.
3. Les sexualités et variété des statuts
a. La séparation des statuts
Apollodore explique, dans un discours contre Nééra, les différences de statuts : Les hetairai sont assimilés à des
courtisanes. Les pallakai sont les compagnes, concubines qui ne sont pas vues d’un très bon œil. Les gunaikai sont les
épouses légitimes qui sont très clairement identifiées grâce à la cérémonie publique.
Les citoyennes pauvres ou qui n’appartiennent pas à une maison de citoyens (métèques etc…), appelée Pallakê,
peuvent s’unir avec un homme pendant un certain temps et peuvent lui donner des enfants qui vont avoir droit à
l’héritage (nothos) mais qui ne deviendront pas citoyen. Ils ne sont pas rejetés, ils ont droit à une éducation etc…
leur mère est protégée et tombe sous les coups des lois sur l’adultère.
Les pornai désignent la prostitué. C’est un terme qui renvoie à la transaction commercial car le mot pornê est dérivé
du mot vendre. C’est la question d’échanger contre de l’argent autrui. Chaque personne en à le droit sauf celui de
vendre son corps. Certains endroits sont réservés à la prostitution : elgasterion, l’atelier car les bordels sont souvent
intégrés aux magasins, ateliers etc… C’est un commerce inégal, on trouve tous les tarifs. Mais il y a une différence
entre la pornê et l’hétaïre. Avec cette dernière c’est l’ensemble des pratiques de séduction qui est en jeu. L’homme
peut choisir à s’attacher à une femme réputée qui lui donne un certain prestige. L’hétaïre ne vent pas contre de
l’argent mais contre des bienfaits (dons, cadeaux etc). Souvent, elles sont des métèques. Ces femmes fragilisent le
statut comme le cas de Nééra. C’est une esclave achetée par une corinthienne pour un bordel fréquenter. Mais elle
est rachetée par deux de ses amants. Elle quitte sa maquerelle pour ses deux amants. Ils finissent par la libérer en
monnayant sont rachats. Un athénien, Stéphanos, la rachète et au lieu de la traiter comme une métèque, il la fait
passer pour une athénienne en faisant passer ses enfants pour les siens, notamment sa fille, Phanô à qui il donne
une dote en la mariant à un athénien Phrastor. Très vite, elle divorce et se remarie, par Stephanos, à Théogénès qui
est un pauvre citoyen qui appartient à une grande famille. A un moment il est désigné pour assurer la fonction
d’archontrois. L’épouse doit participer au rite des anthestéries dans lequel elle doit jouer le jeu d’un mariage avec
Dionysos. Elle se retrouve donc à accomplir le rite le plus symboliquement noble dans la cité athénienne. C’est donc
un vrai scandale et c’est à ce moment qu’Apollodore fait ce discours. Si Nééra est reconnue étrangère, elle
redeviendra esclave.
Ce monde est aussi celui des banquets, de la poésie et d’une certaine culture aristocratique qui se répand dans les
banquets privés. Aspasie, étrangère de Milet est raillée par les auteurs classiques qui visent à travers elle son
compagnon Périclès. Aspasie a probablement tenue elle aussi un bordel et sans doute aussi une école de rhétorique
dans la tradition des sophistes. Des textes disent que beaucoup de femmes d’Athènes y allaient et même des maris
emmenaient leur femme. Vers 445, elle s’installe avec Périclès, leur maison est ouverte à de nombreux intellectuels
comme Phidias, Hippodamos etc… L’accusation qui va être faite contre Périclès est l’impiété. Après la mort de ses
deux fils, Périclès fait accepter son jeune fils né d’Aspasie, dans sa fratrie et le fait reconnaitre comme citoyen malgré
la loi qu’il a fait passé.
4. Femmes de Sparte et d’ailleurs
a. L’éducation collective des filles.
A Sparte, comme en Crête, il semble que les filles bénéficient d’une situation particulière liée à leur éducation. Elles
ont une éducation collective, ce qui explique leur possibilité d’exercer un pouvoir important. Le problème est les
sources car elles sont essentiellement athénienne avec une certaine déformation, on veut y voir soit un modèle soit
un repoussoir.
La question fondamentale est celle de la nudité des jeunes filles spartiates (Euripide, Andromaque) qui les rend
aguicheuses. Ce thème du dévergondage est reprit pour Hélène car c’est à cause de sa beauté que se produira la
guerre de Troie.
Cette représentation dépréciative repose sur des évènements réels notamment par Pausanias qui dit que les jeunes
filles participent à un concours, celui des Héraia, organisé par la cité d’Elis. Elles portent un vêtement léger qui
découvre les jambes ou un sein. Elles participent à la course, le javelot, le disque etc…
A sparte, il y a un système d’éducation différent de celui des hommes (agôgè), visant à dégager une élite. Le système
est organisé en chœur, probablement pour une période assez courte. Il est centré sur la musique et également la
course. Dans des fêtes de Sparte, il y a des courses rituelles organisées entre jeunes filles, comme à Platanistas. Dans
ces classes, il y a un chorège, chef des chœurs. Les filles doivent avoir une critique des garçons dans les textes rituels.
Elles doivent être capables de les railler ou d’en faire l’éloge.
Les valeurs inculquées sont : la beauté. Elles doivent exciter le désir. Elles doivent être séduisantes pour devenir une
bonne mère et produire des enfants. Les jeunes filles quittent le chœur au moment du mariage alors que les garçons
quittent l’agôgè à 30 ans.
Une fois qu’elles sont devenues des mères, Platon se plaint en disant que Sparte fait les choses à moitié car elles
sont bien entraînées et ne participent même pas à la guerre. Il montre qu’à Sparte, comme à Athènes, les femmes
sont tenues aux activités domestiques de l’oikos et élever les enfants (technopoia). Elles ne tissent pas car c’est
réservé aux esclaves.
b. La richesse des femmes
Le plus frappant est qu’il y a un domaine très séparé des hommes et des femmes. Les femmes sont réputées être
propriétaire de terres. La richesse est contrôlée car on est dans une idéologie d’une égalité, donc les richesses
restent cachées. Il y a même des lois dans laquelle on nous indique que les femmes ne sont pas autorisées à laisser
pousser leur cheveux ou porter des bijoux. Les femmes reçoivent donc des terres, et, contrairement aux terres des
hommes, elles ne sont pas taxées. Les ressources de femmes sont réputées importantes.
A Sparte, il y a également un système au niveau de l’héritage qui est particulier. Elles héritent comme les garçons.
C’est un système d’héritage bilatéral.
Par ailleurs, la patrouchos existe. Elle est comparable à l’Epiclère athénienne qui est une fille héritière qui n’a pas de
frère et qui est placée à côté du kléros de son père. On la marie dans la parentée pour conserver les terres. La
patrouchos est également une héritière qui n’a pas de frère mais elle possède le bien paternel. On la laisse libre de
faire ce qu’elle veut. C’est une femme riche, en général. Elle reste propriétaire légale de sa propriétée. Les 2/5e du
territoire sont entre les mains des femmes. Ces femmes tiennent à leur bien. Anaxandridas a deux épouses et ses
femmes ne cohabitent pas.
c. La sexualité et les alliances matrimoniales
A Sparte existe le problème de l’Oliganthropie, baisse des citoyens. Des stratégies sont donc effectuées. Il faut se
marier, il faut avoir des enfants. Il y a des humiliations publics pour les hommes qui ne se marient pas ou qui n’ont
pas d’enfants.
La pratique de prêter sa femme pour faire des enfants est usuelle. La cité encourage le mari qui a épousé une jeune
femme et qui ne peut avoir d’enfants à recourir à un autre citoyen. Les enfants seront les siens. Il sera le père social
et politique.
Une pratique étrange touche également les frères entre eux : le partage du kléros ainsi qu’une possibilité de prendre
une seule femme, la polyandrie, pour rester sur le même lot. Ses enfants peuvent se marier entre eux car à Sparte,
ce qui est interdit est le mariage des enfants du même père.
5. Une gynécocratie ?
Pour Aristote, les femmes usent de leur pouvoir pour prendre le pouvoir dans la cité et leur faire perdre le statut de
citoyen.
Cette question pose celle de la tutelle ou kurieia : un homme dirige le mariage mais n’est pas forcément le père et il
ne s’exerce pas sur tout le domaine social. Des exemples de femmes riches sont connues comme celui de Kynesikas,
qui est la première à posséder une écurie de course et qui remporte des victoires olympiques. Cette femme devient
un modèle pour les jeunes filles. C’est un système très différent de celui d’Athènes.
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