REVUE DE PRESSE La Provence 6 juillet 2015 THEATRE DU ROI RENE : Les Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne Trois -bonnes ?- fées, trois femmes en noir et blanc, trois parques détentrices du fil de la vie. Sur scène, elles nous détaillent les étapes de l’existence, de la naissance à la mort, de la cérémonie des fillancailles aux noces d’argent. Elles cousent les contours du destin pour mieux mettre en lumière, d’un claquement de doigt, ses absurdités et ses conventions aberrantes. Humour noir et folie douce alternent pour évoquer le choix des prénoms, les cadeaux de mariage ou les règles de bienséance en période de deuil. Succès du Off 2014, sa mise en scène est belle, simple comme l’interminable drap blanc qui habite la salle du Roi, dans la somtueuse ancienne chapelle. Les trois jeunes actrices utilisent le plateau et toute leur gestuelle pour magnifier le texte, ciselé, de JeanLuc Lagarce. A l’image d’une des trois comparses qui cite compulsivement Victor Hugo, on pourrait dire que «faire rire c’est faire oublier». Ici, le rire est franc, particulièrement lors des épisodes chantés, créatifs et imagés. Alors, «quel bienfaiteur sur la terre qu’un distributeur de l’oubli». Théâtre du Roi René, 16H25 4 bis rue Grivolas, Avignon du 4 au 26 juillet. Réservations au 04 90 82 24 35. Théâtrorama 10 juillet 2015 Nous marchons sur un fil : bienvenus, dans Les Règles du savoir-vivre… Imaginez un long tissu blanc qui monterait au ciel. Imaginez-le si long qu’il semble n’en pas finir. Sa blancheur se découpe, malicieuse, sur un fond noir comme le temps. Voyez maintenant marcher sur lui les mots de trois étonnantes sylphides. En acrobates, leurs lettres lévitent de galipettes en galimatias, et trébuchent à chaque envolée. Les jeunes filles qui les disent ont la couleur du domino et son inégalable propriété de bascule : quand elles alignent les syllabes, on se tient toujours prêt à les voir se renverser, une à une s’entraîner, dans un joyeux fracas changer la face du monde. Cela commence dans le murmure de trois délicates ombres, doigts fins, enfance à l’oreille…et vlan, retentissante lumière, elles apparaissent comme tombe un couperet. Grands yeux, verbe haut, elles vous regardent, écarquillées. Leurs costumes, pièces blanches sur fond sombre, semblent empruntés à un habitant des Merveilles. Les murs du théâtre qui les contient sont tendus de noir. Le tissu lisse fait une double peau sur leur corps de vieillard. Ici, nous nous trouvons dans le lieu du non-lieu, suspendus : là où se règlent d’en haut les affaires des hommes. L’interminable tissu blanc est au centre, accroché au ciel par un ingénieux système de poulies. Tour à tour les trois comédiennes le décrocheront, le dérouleront, le pèseront, s’y enrouleront. Tour à tour, il deviendra nappe de fiançailles, voile de mariée, chemin vers le paradis ou linge des années. Il est le poids du temps et sa légèreté: étrange pouvoir poétique de l’objet scénique. Les trois Parques tissent l’histoire Elles sont trois donc et elles nous content -nous pouvons dire nous comptent- les règles du savoir-vivre dans la société moderne (parfait titre, s’il en est). De la naissance à la mort, les tatillonnes préceptrices nous font l’énumération des étapes à suivre pour le bon gouvernement d’une existence en pays hautement civilisé : modalités de rencontre des époux, descriptif des démarches de demande, impératifs lors des festivités, critère de choix des prénoms, « et cætera et cætera » -en latin dans le texte-, le tout, comme on s’en doute, parsemé d’une ribambelle d’astérisques qui ont pour principale et indispensable qualité d’en posséder eux-mêmes et à chacun, une bonne douzaine de plus. A première vue, le sujet est d’une vacuité terriblement prometteuse : des nœuds que font les hommes entre eux pour occuper le néant de l’existence et de l’art de millimétriquement les reproduire. Sachez que la pièce tient ses engagements : Lagarce est un auteur immense. Si, en outre, au vertige de sa langue, l’on ajoute l’intelligence et l’inventivité d’une mise en scène servie par trois comédiennes brillantes, l’on obtient assez précisément le portrait en trois traits des Règles du savoir-vivre dans la société moderne, monté sur pieds par le Collectif du Lophophore. Nos trois créatures scéniques ont les Parques pour parentes : des fileuses grecques, elles ont hérité l’agilité de dix doigts fins, la sérénité de celles qui ont l’éternité et… le tranchant du ciseau. Soyez prêts : en leur présence (belle Présence), notre vie devient un fil qu’elles tissent: parce qu’elles tiennent le rythme du spectacle en maîtresses du temps, elles tiennent notre rythme. Emerveillements, sursauts, rires et sourire. Gorge serrée aussi, émotion à nue. Plus d’une heure durant, nous sommes la délicieuse proie biologique de cette hydre à six mains; car ce spectacle a la force des plus grandes représentations de danse : il s’adresse aux tissus, et ne les lâche plus. La langue de Lagarce est la substance drainante de cette hypnose poétique: langue biologique s’il en est, elle part du corps et revient à lui. La mise en scène lui fait la part belle, la part juste. Les trois comédiennes touchent au sublime quand elles atteignent sa poésie. Romain Arnaud-Kneisky a l’audace de lui joindre des chants: on les croirait tissés pour elle. Les voix délicieuses des trois jeunes filles les reprennent à merveille et les enlacent à la prose dans une parfaite continuité. Au total, c’est une harmonie dissonante que ce spectacle; une huile qui grince, un milimétré bordel. Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne est du théâtre oxymore, car il brasse la richesse des hommes. Elsa Lardy Naja 21 / blog 13 juillet 2015 Une trinité psychorigide, drôle dès le premier instant ! Trois comédiennes s’approprient le monologue de Jean-Luc Lagarce en explorant, en choeur, toutes ses facettes comiques. Présent au OFF d’Avignon pour la deuxième année consécutive, le jeune collectif Lophophore fait de nouveau salle comble avec cette création 2014. Elles sont drôles, dès les premiers instants. Trois cruellas bourgeoises se tiennent devant nous : la vieille maitresse de maison, la veuve sévère, la jeune oie élevée au grain de l’opéra. Cette trinité psychorigide est descendue sur scène pour nous expliquer, très gentiment, les règles de bienséance, de protocole et leur cortège de déclarations officielles qui régissent l’existence des gens éduqués au dernier siècle. Femmes du monde. Si Jean-Luc Lagarce a bien écrit Les règles du savoir vivre dans une société moderne en 1994, c’est à l’occasion de la réédition du best-seller éponyme de 300 pages, rédigé par la Baronne Staffe à la fin du XIXe siècle. Sous ce titre aristocratique se cache en réalité Blanche-AugustineAngèle Soyer, une vieille fille d’origine modeste, qui finira par livrer plus d’une vingtaine de guides à destination de femmes du monde. Avec ironie, le texte met en lumière par de subtils décalages de mots, les travers de ce conservatisme : le couple sans amour, l’injustice de la soumission de la femme, le bonheur jamais atteint par manque de naturel, l’idéologie élitiste de la construction des familles. Lophophore. Avec cette deuxième création, le metteur en scène Romain Arnaud-Kneisky adapte ce texte, habituellement monté pour une seule femme, en accentuant sa force comique et divertissante. Les trois comédiennes du collectif Lophophore chantent, se chamaillent, se chipent la parole d’un claquement de doigt, dans un univers en noir et blanc d’apprenti sorcière. Du 4 au 26 Juillet - 16h25 au Théâtre du Roi René, Avigon. Les règles du savoir vivre dans une société moderne de Jean-luc Lagarce, mise en scène Romain Arnaud-Kneisky. Avec Juliette Delaloy-Stocker, Pauline Phélix, Morgane Touzalin-Macabiau. Avignon OFF / Les Meilleurs spectacles 6 juillet 2015 De la poésir et de l’humour à chacune des phrases Comme le titre l’indique, « Les règles du savoir vivre dans la société moderne » est un texte extrêmement précis sur les bonnes règles de conduite à adopter dans la société, de la naissance jusqu’à la mort. Les règles sont strictes pour faire bonne figure dans la société; strictes et ridicules, ce que jouent avec humour ces 3 actrices. Elles sont trois, et parfois parlent d’une seule voix, pour décortiquer de texte de Lagarce, ô combien riche en nuances et subtilités. Un texte qui raconte comment bien se tenir, se ranger dignement dans la société, adopter les codes de la vie. « Naître, ce n’est pas compliqué, mourir, c’est très facile. Vivre entre les deux événements, ce n’est pas nécessairement impossible ». Lagarce Se laisser porter par ce texte, c’est comme se laisser surprendre par la poésie d’une notice pharmaceutique. Il y a de la poésie et de l’humour à chacune des phrases, des répétitions, des précisions. On est enchanté d’entendre ces préceptes de la vie courante, un cynisme qui ne manque pas de piquant, une gentille moquerie de tous nos symboles. Car la pièce se moque bien de nos us et coutumes. A une époque où l’on s’observe, se méfient des habitudes de vie étrangère à la nôtre, poser une loupe sur nos propres manières, remet de l’ordre sur nos croyances : nos us et coutumes sont joliment… ridicules ! Ce que j’ai aimé: la mise en scène très sobre. Une scénographie intéressante autour d’un drap comme fil conducteur de la pièce, de la naissance à la mort. Un drap qui sert de nappe pendant le repas de famille, de robe de fiançailles, de voile de mariée, le drap qu’il faut tirer comme les années, le drap sur lequel on dresse la liste des prénoms à adopter pour le 1er enfant à venir. On aurait aussi aimé voir le drap du lit de noce, ou le drap comme linceul, le dernier qui nous accompagne. Ce que j’ai moins aimé : quelques longueurs. MON AVIS : Les actrices sont très drôles, tout en finesse. Un jeu suffisamment bien dosé pour nous faire entendre le texte. Un code de conduite rigide qu’elles s’accaparent totalement pour le transformer en sucrerie: on en redemande. Par Céline Balloy Les 10 pièces sélectionnées par les jurés des « Coups de Cœur 2014 du OFF » Pendant les quinze premiers jours du “OFF”, les jurés (composés de critiques de théâtre, de communiquants et de journalistes) se sont partagés l’ensemble des pièces à voir matin, midi et soir aux quatre coins de la Cité des Papes, et ont fait régulièrement le point pour comparer et échanger leurs impressions sur les centaines de pièces pré-sélectionnées. Aujourd’hui, dans les locaux du journal l’Echo du Mardi, ils ont choisis dix pièces : Les 10 pièces sélectionnées par les jurés des « Coups de Cœur 2014 du OFF » sont par ordre alphabétique de leur titre: Spectacle sélectionné parmi les 10 meilleures pièces du Festival d’Avignon Off 2014 dans le cadre des Coups de Coeur de la Critique Club de la Presse . Annette - Les Transformateurs - 14h00 – L’Entrepôt . Blackbird – Collectif IMPAKT– 11h00 – Théâtre des Doms . Constellations - Compagnie du Théâtre du Prisme – 16h25 – Manufacture . L’enfant de demain – Compagnie La Sirène tubiste - 18h20 – Chapelle du Verbe Incarné . La Maladie de Sachs – Théâtre de la Remise – 18h00 – Présence Pasteur . Le Cas de la Famille Coleman – Compagnie Les Sans Chapiteau Fixe – 16h10 – Théâtre des 3 Soleils . Le Jour où Sam est mort - Armazém Companhia de Teatro – 19h35 – Présence Pasteur . Les Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne – Collectif Lophophore- 17h00 - Salle Roquille . Les Vibrants - Teknaï - 17h15 – Théâtre Actuel . Roméo et Juliet d'après William Shakespaere – Compagnie Casalibus - 19h45 – Alizé Les Plumes Asthmatiques Avril 2014 Un spectacle propice à l’hillarité jouissive ! Les bonnes manières se perdent, y’a plus de saisons, tout fout le camp… Heureusement, la baronne est là. A l’âge d’or de la politesse bourgeoise, c’est dans un boudoir en banlieue que BlancheAugustine-Angèle Soyer, la baronne Staffe, écrivit ses règles du savoir-vivre : installée à sa console Napoléon III, la vieille fille prodigua, le dos droit on imagine, mille et un conseils avisés pour bien se tenir en société. En 1994, Jean-Luc Lagarce reprit à son compte le manuel old-school et en fit une pièce cynique, originellement destinée à une actrice unique. Piqûre de rappel 20 ans plus tard : comme trois Parques descendues de leur Olympe pour nous retoucher deux mots s’agissant des bonnes manières, trois comédiennes tirent le fil de la destinée et – des joies de la naissance aux formalités des obsèques – remettent en lumière les fameux codes dont la rigueur n’a d’égale que la désuétude. La pièce joue d’ailleurs à fond sur ce décalage avec notre époque : le spectateur est invité à une véritable odyssée dans le temps. Dans l’hilarité générale (la mise en scène est très, très drôle), le public se trouve rapidement plongé dans une ère préhistorique faite de conventions, de règles et de protocoles. Tout se passe comme si la baronne, devenue schizophrène, nous révélait les trois pans d’une personnalité complexe et propice à une raillerie jouissive : dans leurs costumes amidonnés d’une sobriété impeccable, les comédiennes n’en oublient pas, en effet, d’être à hurler de rire. C’est ainsi que l’une d’entre elles semble avoir potassé des heures durant ledit manuel jusqu’à en connaître les plus menus détails, l’autre parsème les codes de romance, ne jurant que par Victor Hugo et nous dévoilant ses talents de chanteuse lyrique, tandis que la dernière, personnification des vanités, nous rappelle l’obsolescence de la vie par cet inénarrable penchant pour le macabre. Ce conciliabule vieille France est enfin ponctué de chansons – créations originales et parodies désopilantes – qui font la part belle au fétiche ornithologique de la troupe : le lophophore, genre de la famille des phasianidés, dont le plumage chamarré et la crête hirsute gagnent à être connus. Jean-Michel FLOSI La Théâtrothèque Avril 2014 Une savoureuse drôlerie théâtrale ! D’une conférence (très) convenue à une savoureuse drôlerie théâtrale... Le best seller de la baronne Staffe, catéchisme des bonnes manières et convenances pour la haute société et la bourgeoisie de la fin du XIXème siècle, véritable best seller mondial pour l’époque, a donné lieu à une réécriture savoureuse par Jean-Luc Lagarce. Ecrite pour une interprète seule, elle est ici jouée par trois comédiennes. Ce choix judicieux de Romain Arnaud Kneisky, le metteur en scène, a pour effet de donner une signification particulière à ce qui, sans cela, n’aurait été qu’une conférence. Elle devient ici un spectacle total ! Telles les trois Parques grecques ou les Nornes germaniques, déesses présidant à nos destinées dont elles sont appelées à couper un jour le fil, nos trois personnages revêtues de costumes très stylés dans le blanc et le noir – beau travail de Kristine Strelkova et Adrien Chombart de Lowe - déroulent progressivement un long tissu blanc marquant les étapes successives de la vie de l’individu. Chacune de ces étapes – la naissance, la vie, la mort - est jalonnée de toutes les règles – certaines très surannées – de la bienséance et des bonnes manières propres à la haute société et la bourgeoisie de l’époque. Mais ce qui fait tout l’intérêt de l’entreprise, c’est la mise en scène et le jeu subtil, ironique et distancé, des trois comédiennes chanteuses : Juliette Delaloy-Stocker, Pauline Phelix et Morgane Touzalin-Macabiau. Avec le metteur en scène, elles forment le collectif du Lophophore – un gallinacé des montagnes de l’Inde au riche plumage – dont les productions virent très vite à l’opérette burlesque : ici, plusieurs chansons émaillent le spectacle qui y gagne en légèreté et fantaisie et, pour tout dire, en saveur ! HENRI LEPINE Théâtre Roquille, 3, rue Roquille, Avignon Vaucluse Matin Mai 2014 Enorme succés pour les Règles du Savoir-Vivre ! Ce vendredi, un public nombreux a assisté à un heureus évènement au TRAC de Beaumes de venise. Romain Arnaud-Kneisky, jeune comédien, qui avait fait un passage très remarqué au Pôle Culturel, a présenté sa toute nouvelle création de metteur en scène, « Les règles du savoir-vivre dans la société moderne ». Ce texte de Jean-Luc Lagarce, revisite avec un humour détonnant le code des bonnes manières di XIXe siècle. Servi par trois excellentes comédiennes, le metteur en scène en a fait un spectalce burlesque et réjouissant. Les spectateurs ont ovationnés cette leçon de liberté irrésistible de talent et de fantaisie. La jeune troupe présentera son spectacle au festival d’Avignon cette année, tous les jours à 17h en salle Roquille. Pour en savoir plus : www.lophophore.fr Théâtre Roquille, 3, rue Roquille, Avignon du 5 au 27 juillet à 17heures. Réservations au 04 90 16 09 27. La Provence Mai 2014 Le Collectif Lophophore n’en a pas fini de nous enchanter ! Salle comble et applaudissements nourris vendredi soir où les spectateurs ont assisté à l’éclosion de jeunes talents très prometteurs. La troupe du Lophophore y présentait en effet sa dernière création « Les règles du savoir-vivre dans la société moderne », un texte contemporain où l’auteur passe au crible d’un humour caustique les codes de la bonne société d’antan. La mise en scène, signée Romain Arnaud-kneisky, a enchanté le public par son inventivité, a fantaisie burlesque et sa scénographie simple et astucieuse. Il a su diriger au mieux le talent, la présence et les qualités vocales de trois magnifiques actrices : Juliette Delaloy Stocker, Morgane Touzalin-Macabiau et Pauline Phélix. Ces jeunes gens qui se sont rencontrés au cours de leurs études dans leur conservatoire parisien, ont tenu à présenter leur spectacle en avant-première au Pôle Culturel du TRAC, où le metteur en scène avait fait ses début de comédiens dans les pièces de Molière et de Camus. Ils se préparent maintenant pour le marathon du Festival Off d’Avignon, où ils joueront à la salle Roquille chaque jour à 17h. Pour en savoir plus : www.lophophore.fr Théâtre Roquille, 3, rue Roquille, Avignon du 5 au 27 juillet à 17heures. Réservations au 04 90 16 09 27. La Provence 9 Juillet 2014 « Les règles du Savoir-Vivre... » ne laisse aucun répis aux spectateurs ! Le monde serait-il absurde ? Nos mœurs seraient-ils un tant soit peu ridicules? Trois comédiennes décalées et grinçantes nous donnent une leçon de civilité de la naissance à la mort en passant surtout par les incontournables noces, apogée des savoir-faire. Le texte de Jean-Luc Lagarce, réécriture moderne de la baronne de Staffe, déborde de cynisme et d’humour. La mise en scène reste simple et très efficace car, pour seul décors un drap, tout le champs libre est laissé à l’expression des comédiennes pétillantes qui grimacent, chantent et dansent pour nous faire rire aux éclats. Cette pièce ne laisse aucun répit au spectateur, ni sonore ni visuel car les répliques comme les lumières sont travaillées et arrivent toujours quand il le faut. Une joyeuse comédie piquante qui plaira à tous ! Comédie, théâtre, tout public. Jusq’au 27 juillet, 17h. 15/10/8€. 04 90 16 09 27. www.theatreroquille. com Marie DUMAS Le dauphiné 6 Juillet 2014 Les Règles du Savoir-vivre... ou comment être heureux «Les règles du savoir-vivre dans la société moderne» : ce texte inspiré d’un vieux manuel du 19° siècle est une des dernières pièces mais véritable gourmandise de Jean-Luc Lagarce. On nous y raconte sous forme de conférence ce qu’il faut faire pour être heureux de la naissance jusqu’à la mort... sauf que, tandis que s’énoncent les règles.... le ou les personnages vacillent et s’interrogent. Romain Arnaud-Kneisky s’empare long monologue et l’offre telle une partition à trois comédiennes chanteuses aux personnages joliment déssinés. Une diva, une tragédienne et une soubrette à lunette : on les croquerait ! Le public devrait les adopter. On y joue, on y chante a capella des notes rigolotes avec pour toutes percussions le bout de ses talons. C’est excessivement frais drôle, dessiné et décalé, tandis que Jean-Luc Lagarce interroge notre société et ses codes avec humour et non sans humanité. Sauphie Bauret. Théâtre Roquille, 3, rue Roquille, Avignon du 5 au 27 juillet à 17heures. Réservations au 04 90 16 09 27. La Marseillaise 15 Juillet 2014 Une heure de jubilation ! C’est Jean-Luc Lagarce (auteur contemporain le plus joué en France à l’heure actuelle, mort en 95 à l’âge de 38 ans...) qui s’amuse avec un des best-sellers de la bonne société du XIXème siècle... «Règles du savoir-vivre dans la société moderne», publié en 1889 par cette bonne bourgeoise - de son vrai nom Blanche-Augustine-Angèle Soyer - qui usurpera le titre de «Baronne Staffe». Ce petit ouvrage en sera déjà à sa 24ème édition en 1891 ! Vous pouvez le trouver en vente sur Amazon, en 2014... Les propos désuets, compassés et souvent ridicules de notre fausse baronne sont revisités par l’auteur, et répétés jusqu’à l’absurde par trois jeunes comédiennes en blanc et noir et noir ou blanc. Il est vrai qu’on peut avoir présent à l’esprit les trois Parques qui nous accompagnent de la naissance à la mort : la fileuse, l’enrouleuse et la coupeuse... Mais laissons là les Romains et les obscures filles de Jupiter... Le texte contemporain de Lagarce suit le déroulement de l’ouvrage initial : naissance, baptème, communion, fiançailles, mariage, noces d’argent, d’or - jusqu’à la mort. Nous voici instruits du bon comportement à adopter dans toutes ces circonstances cruciales de la vie mondaine... La petite musique inlassablement répétée, les poncifs, la place de la femme, tout ceci fait un écho grinçant à certains propos entendus dans de récentes manifestations anti mariage pour tous... Christine Boutin n’est pas très loin derrière la baronne Staffe, et les bons penseurs, défenseurs d’une moralité en acier trempé sont toujours debout, et vociférant. La scènographie est simple, les lieux sont marqués par une régie lumière impeccable, et le drap blanc qui sert de décor n’en finit pas de dérouler ses impressionnants métrages (essayez d’en deviner la longueur, vous serez surpris !...). Le jeu des actrices, poussé vers la caricature, est diablement efficace, tout autant que la mise en scène, est simple, cohérente, parfois minimaliste, souvent surprenante. Quant aux passages chantés, ils comportent quelques grands moments de bravoure, notamment lors d’un aria bien connu dont les paroles inattendues nous poussent au fou-rire, inexorablement. Une heure de jubilation, tant le texte, les voix, le jeu, les lumières, les décors et l’énergie sont au diapason. Une très belle découverte de cette édition 2014... Bravo au collectif Lophophore (voir l’oiseau sur Wikipédia...) JL Sauzade Albatros 16 Juillet 2014 Une farce malicieuse et drôle Ca commence comme du théâtre d’ombres. C’est esthétique, accrocheur, mais quand apparaissent les trois comédiennes du Collectif Lophophore (ne cherchez pas, c’est un gallinacé), nous comprenons que nous avons fait fausse route. La pièce s’entend comme une farce malicieuse et drôle qui part d’un succès littéraire totalement désuet de la Baronne Staffe publié à la fin du XIXème siècle. Le texte est magnifiquement adapté par Jean-Luc Lagarce, et Romain Arnaud-Kneisky a parfaitement dirigé ces trois comédiennes espiègles et talentueuses. C’est un théâtre léger traité avec sérieux, une comédie qui ne se prend pas la tête mais dont on ressort en se posant des questions. «Les règles du savoir vire dans la société moderne», au Théâtre Roquille tous les jours à 17h. Didier Blons - Radio Albatros Avignews 16 Juillet 2014 Un spectacle surprenant, d’une grande qualité ! Un spectacle surprenant à toute attente, d’une grande qualité ! Reprise parodique et cynique de l’ouvrage de la Baronne Staffe, indiquant les bonnes manières de l’époque. Mais le coté narquois et ironique de Lagarce donne à sa réécriture une saveur comique délicieuse, matière à réfléchir vis à vis de ces règles de vie imposées par le carcan social qui nous fatiguent et excluent toute fantaisie. Voilà enfin une mise en scène choisissant un parti pris très fort, et qui ne se contente pas de la pâleur d’une simple reprise classique ! Ce que nous propose le jeune metteur en scène Romain ArnaudKneiski s’avère d’une pertinence et d’une intelligence très fine, dépoussiérant le texte de Lagarce pour une version pleine de vitalité et de fraîcheur. En explosant ce monologue pour le distribuer à trois comédiennes talentueuses, il imagine la figure mythique des trois Parques filant le destin des hommes, tout en énonçant ces règles protocolaires du savoir-vivre qui régissent notre vie. On comprends ainsi combien le caractère normatif de ces codes sociaux sclérose notre destin et nous empêche de vivre pleinement. Il y a chez Largace une dramaturgie de l’ordre du code civil, sur la modalité d’un présent gnomique, contraste intéressant par rapport à l’absurdité de ces « vérités sociales ». Les comédiennes se répartissent les répliques, s’en moquent, reprennent avec humour chacune d’entre elles sur leur énonciation ou leur grammaire, et apportent ainsi beaucoup de rythme et d’énergie au texte initial. Ce sont aussi d’excellentes chanteuses, qu’on a plaisir à voir adapter à certains moments le texte théâtral en musique. La répartition chorale de ce monologue fonctionne à merveille. Il s’agit là d’un vrai travail sur la variation de l’ordre de la composition musicale, digne d’un chef d’orchestre que nous tenons à saluer pour son inventivité rare et sa mise en scène singulière. Salle Roquille, 3 rue Roquille. Jusqu’au 27 juillet à 17 h. Tarifs : 15 €, carte OFF 10 €, enfants 8 €. Résas. 04 90 16 09 27. Jean Hostache Vivant Mag 20 Juillet 2014 Coup de coeur vivant-mag Un grand moment de théâtre ! Comme dans la mise en scène du regretté Richard Mitou, trois comédiennes se partagent ici le rôle de la « conférencière ». C’est en 1994 que Jean-Luc Lagarce écrit, pour un seul personnage féminin, ses «Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne», très largement inspirées du livre de la Baronne Staffe, bestseller portant le même titre et paru en 1871, qui codifiait tous les actes de la vie, de la naissance à la mort, jusqu’au deuil qui s’ensuit pour les survivants. Il va sans dire que Lagarce se moque de ces conventions sociales et de cette codification de tout comportement à adopter en tout lieu et à toute heure, pour tenir son rang, être « comme il faut ». Son travail de réécriture, par les répétitions, l’abondance de détails et conseils, en souligne le ridicule, la capacité à nier le hasard et à supposer que tout est prévisible. Les trois comédiennes sont habillées tout de noir et blanc, très « graphiques », avec en même temps une pointe d’excentricité qui se révèle dans certains détails vestimentaires, les cheveux sont tirés, bref, d’apparence très « rigides ». Pour deux d’entre elles en tous cas, qui sont particulièrement BCBG, alors que Pauline Phélix, plus petite en taille, a une coiffure plus « mousseuse », la bouche dessinée façon geisha, et porte petites lunettes rondes. Son aspect plus rigolo vient tempérer la rigidité ambiante. La pièce commence avec l’apparition des comédiennes en ombres chinoises, derrière un drap blanc qui tombe du plafond, éclairé par l’arrière. Ce drap sera tout au long du spectacle l’élément prépondérant du décor. Qu’on le déroulât comme se déroule la vie, qu’on le suspendît, qu’on se cachât derrière, qu’on l’amassât en tas, il est de toutes les scènes. Les trois comédiennes s’expriment à l’unisson, ou se répondent, ou complètent ou surenchérissent leurs propos respectifs, se chipotent aussi parfois, ce qui vient renforcer l’effet comique. La connivence avec le public est totale et nous sommes directement pris à témoin afin d’acquiescer au bien-fondé des remarques et solutions proposées dans ce traité. Le chant a capella vient appuyer le propos. A plusieurs reprises les comédiennes s’expriment en chantant le texte, ou en incluant des chansons, parfois revisitées comme «l’Aigle noir» de Barbara, et par exemple lors de l’évocation de circonstances particulières, telle la commémoration (on ne saurait l’appeler autrement, tant les choses sont organisées !) des noces d’or, avec la magnifique chanson des «Vieux Amants» de Jacques Brel. Une mise en scène à la fois simple et ingénieuse (conduite par ce drap blanc !), des comédiennes remarquables qui servent ce texte de la manière la plus burlesque qui soit et avec beaucoup de dynamisme nous offrent un grand moment de théâtre. Et j’ai enfin appris ce qu’était le Lophophore, ce nom que la compagnie a adopté, peut-être en hommage à Jean-Luc Lagarce… Cathy de Toledo