REVUE DE
PRESSE
THEATRE DU ROI RENE :
Les Règles du Savoir-Vivre
dans la Société Moderne
Trois -bonnes ?- fées, trois femmes en noir et blanc,
trois parques détentrices du l de la vie. Sur scène,
elles nous détaillent les étapes de l’existence, de la
naissance à la mort, de la cérémonie des llancailles
aux noces d’argent. Elles cousent les contours du
destin pour mieux mettre en lumière, d’un claque-
ment de doigt, ses absurdités et ses conventions
aberrantes. Humour noir et folie douce alternent
pour évoquer le choix des prénoms, les cadeaux de
mariage ou les règles de bienséance en période
de deuil. Succès du O 2014, sa mise en scène est
belle, simple comme l’interminable drap blanc qui
habite la salle du Roi, dans la somtueuse ancienne
chapelle.
Les trois jeunes actrices utilisent le plateau et toute
leur gestuelle pour magnier le texte, ciselé, de Jean-
Luc Lagarce. A l’image d’une des trois comparses qui cite compulsivement Victor Hugo, on pour-
rait dire que «faire rire c’est faire oublier». Ici, le rire est franc, particulièrement lors des épisodes
chantés, créatifs et imagés. Alors, «quel bienfaiteur sur la terre qu’un distributeur de l’oubli».
Théâtre du Roi René, 16H25
4 bis rue Grivolas, Avignon
du 4 au 26 juillet.
Réservations au 04 90 82 24 35.
La Provence
6 juillet 2015
Nous marchons sur un l : bienvenus,
dans Les Règles du savoir-vivre…
Imaginez un long tissu blanc qui monterait au ciel. Imaginez-le si long
qu’il semble n’en pas nir. Sa blancheur se découpe, malicieuse, sur un
fond noir comme le temps. Voyez maintenant marcher sur lui les mots de
trois étonnantes sylphides. En acrobates, leurs lettres lévitent de gali-
pettes en galimatias, et trébuchent à chaque envolée. Les jeunes lles
qui les disent ont la couleur du domino et son inégalable propriété
de bascule : quand elles alignent les syllabes, on se tient toujours prêt
à les voir se renverser, une à une s’entraîner, dans un joyeux fracas
changer la face du monde.
Cela commence dans le murmure de trois délicates ombres, doigts
ns, enfance à l’oreille…et vlan, retentissante lumière, elles appa-
raissent comme tombe un couperet. Grands yeux, verbe haut, elles
vous regardent, écarquillées. Leurs costumes, pièces blanches sur fond
sombre, semblent empruntés à un habitant des Merveilles. Les murs
du théâtre qui les contient sont tendus de noir. Le tissu lisse fait une
double peau sur leur corps de vieillard. Ici, nous nous trouvons dans
le lieu du non-lieu, suspendus : là où se règlent d’en haut les aaires
des hommes. L’interminable tissu blanc est au centre, accroché au ciel
par un ingénieux système de poulies. Tour à tour les trois comédiennes
le décrocheront, le dérouleront, le pèseront, s’y enrouleront. Tour à
tour, il deviendra nappe de ançailles, voile de mariée, chemin vers le
paradis ou linge des années. Il est le poids du temps et sa légèreté:
étrange pouvoir poétique de l’objet scénique.
Les trois Parques tissent l’histoire
Elles sont trois donc et elles nous content -nous pouvons dire nous comptent- les règles du savoir-vivre dans la société moderne
(parfait titre, s’il en est). De la naissance à la mort, les tatillonnes préceptrices nous font l’énumération des étapes à suivre pour
le bon gouvernement d’une existence en pays hautement civilisé : modalités de rencontre des époux, descriptif des démarches
de demande, impératifs lors des festivités, critère de choix des prénoms, « et cætera et cætera » -en latin dans le texte-, le tout,
comme on s’en doute, parsemé d’une ribambelle d’astérisques qui ont pour principale et indispensable qualité d’en posséder
eux-mêmes et à chacun, une bonne douzaine de plus.
A première vue, le sujet est d’une vacuité terriblement prometteuse : des nœuds que font les hommes entre eux pour occuper le
néant de l’existence et de l’art de millimétriquement les reproduire. Sachez que la pièce tient ses engagements : Lagarce est
un auteur immense. Si, en outre, au vertige de sa langue, l’on ajoute l’intelligence et l’inventivité d’une mise en scène servie par
trois comédiennes brillantes, l’on obtient assez précisément le portrait en trois traits des Règles du savoir-vivre dans la société
moderne, monté sur pieds par le Collectif du Lophophore.
Nos trois créatures scéniques ont les Parques pour parentes : des leuses grecques, elles ont hérité l’agilité de dix doigts ns,
la sérénité de celles qui ont l’éternité et… le tranchant du ciseau. Soyez prêts : en leur présence (belle Présence), notre vie
devient un l qu’elles tissent: parce qu’elles tiennent le rythme du spectacle en maîtresses du temps, elles tiennent notre rythme.
Emerveillements, sursauts, rires et sourire. Gorge serrée aussi, émotion à nue. Plus d’une heure durant, nous sommes la délicieuse
proie biologique de cette hydre à six mains; car ce spectacle a la force des plus grandes représentations de danse : il s’adresse
aux tissus, et ne les lâche plus.
La langue de Lagarce est la substance drainante de cette hypnose poétique: langue biologique s’il en est, elle part du corps et
revient à lui. La mise en scène lui fait la part belle, la part juste. Les trois comédiennes touchent au sublime quand elles atteignent
sa poésie. Romain Arnaud-Kneisky a l’audace de lui joindre des chants: on les croirait tissés pour elle. Les voix délicieuses des
trois jeunes lles les reprennent à merveille et les enlacent à la prose dans une parfaite continuité. Au total, c’est une harmonie
dissonante que ce spectacle; une huile qui grince, un milimétré bordel. Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne est
du théâtre oxymore, car il brasse la richesse des hommes.
Elsa Lardy
Théâtrorama
10 juillet 2015
Une trinité psychorigide,
drôle dès le premier
instant !
Trois comédiennes s’approprient le monologue de
Jean-Luc Lagarce en explorant, en choeur, toutes
ses facettes comiques. Présent au OFF d’Avignon
pour la deuxième année consécutive, le jeune col-
lectif Lophophore fait de nouveau salle comble
avec cette création 2014.
Elles sont drôles, dès les premiers instants. Trois cruel-
las bourgeoises se tiennent devant nous : la vieille
maitresse de maison, la veuve sévère, la jeune oie
élevée au grain de l’opéra. Cette trinité psychori-
gide est descendue sur scène pour nous expliquer,
très gentiment, les règles de bienséance, de proto-
cole et leur cortège de déclarations ocielles qui
régissent l’existence des gens éduqués au dernier
siècle.
Femmes du monde.
Si Jean-Luc Lagarce a bien écrit Les règles du savoir vivre dans une société moderne en 1994,
c’est à l’occasion de la réédition du best-seller éponyme de 300 pages, rédigé par la Baronne
Stae à la n du XIXe siècle. Sous ce titre aristocratique se cache en réalité Blanche-Augustine-
Angèle Soyer, une vieille lle d’origine modeste, qui nira par livrer plus d’une vingtaine de guides
à destination de femmes du monde. Avec ironie, le texte met en lumière par de subtils décalages
de mots, les travers de ce conservatisme : le couple sans amour, l’injustice de la soumission de
la femme, le bonheur jamais atteint par manque de naturel, l’idéologie élitiste de la construction
des familles.
Lophophore. Avec cette deuxième création, le metteur en scène Romain Arnaud-Kneisky adapte
ce texte, habituellement monté pour une seule femme, en accentuant sa force comique et diver-
tissante. Les trois comédiennes du collectif Lophophore chantent, se chamaillent, se chipent la
parole d’un claquement de doigt, dans un univers en noir et blanc d’apprenti sorcière.
Du 4 au 26 Juillet - 16h25 au Théâtre du Roi René, Avigon. Les règles du savoir vivre dans une
société moderne de Jean-luc Lagarce, mise en scène Romain Arnaud-Kneisky. Avec Juliette Dela-
loy-Stocker, Pauline Phélix, Morgane Touzalin-Macabiau.
Naja 21 / blog
13 juillet 2015
De la poésir et de l’humour
à chacune des phrases
Comme le titre l’indique, « Les règles du savoir vivre
dans la société moderne » est un texte extrêmement
précis sur les bonnes règles de conduite à adopter
dans la société, de la naissance jusqu’à la mort.
Les règles sont strictes pour faire bonne gure dans
la société; strictes et ridicules, ce que jouent avec
humour ces 3 actrices.
Elles sont trois, et parfois parlent d’une seule voix,
pour décortiquer de texte de Lagarce, ô combien
riche en nuances et subtilités. Un texte qui raconte
comment bien se tenir, se ranger dignement dans la
société, adopter les codes de la vie.
« Naître, ce n’est pas compliqué, mourir, c’est très
facile. Vivre entre les deux événements, ce n’est pas
nécessairement impossible ». Lagarce
Se laisser porter par ce texte, c’est comme se laisser surprendre par la poésie d’une notice
pharmaceutique. Il y a de la poésie et de l’humour à chacune des phrases, des répétitions, des
précisions. On est enchanté d’entendre ces préceptes de la vie courante, un cynisme qui ne
manque pas de piquant, une gentille moquerie de tous nos symboles.
Car la pièce se moque bien de nos us et coutumes. A une époque où l’on s’observe, se méent
des habitudes de vie étrangère à la nôtre, poser une loupe sur nos propres manières, remet de
l’ordre sur nos croyances : nos us et coutumes sont joliment… ridicules !
Ce que j’ai aimé: la mise en scène très sobre. Une scénographie intéressante autour d’un drap
comme l conducteur de la pièce, de la naissance à la mort. Un drap qui sert de nappe pen-
dant le repas de famille, de robe de ançailles, de voile de mariée, le drap qu’il faut tirer comme
les années, le drap sur lequel on dresse la liste des prénoms à adopter pour le 1er enfant à
venir. On aurait aussi aimé voir le drap du lit de noce, ou le drap comme linceul, le dernier qui
nous accompagne.
Ce que j’ai moins aimé : quelques longueurs.
MON AVIS : Les actrices sont très drôles, tout en nesse. Un jeu susamment bien dosé pour nous
faire entendre le texte. Un code de conduite rigide qu’elles s’accaparent totalement pour le
transformer en sucrerie: on en redemande.
Par Céline Balloy
Avignon OFF / Les Meilleurs spectacles
6 juillet 2015
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