Dégénérescence de la rétine : une nouvelle piste de traitement.

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EMBARGO 28 janvier 2013, 21h00
Dégénérescence de la rétine : une nouvelle piste de traitement.
Le groupe du professeur Yvan Arsenijevic de l’Université de Lausanne à l’Hôpital
opthalmique Jules Gonin a découvert que des protéines du cycle cellulaire jouent
un rôle majeur dans les processus de dégénérescence de la rétine. Les résultats de
cette recherche sont publiés dans la revue Proceeding of the National Academy of
Sciences of USA. En Suisse, 1 personne sur 4000 est touchée par la rétinite
pigmentaire. Cette maladie génétique conduit souvent à la cécité avec des
conséquences dramatiques tant pour les patients que pour leurs familles.
Les rétinites pigmentaires sont des maladies génétiques qui induisent la mort des photorécepteurs, les
cellules sensorielles de la rétine, dont le rôle est de capter l’information lumineuse pour la transmettre au
cerveau. Les photorécepteurs sont divisés en deux classes : les cônes qui permettent la vision de jour, une
bonne acuité visuelle ainsi que la vision des couleurs et les bâtonnets nécessaires pour la vision nocturne et
la détection des mouvements. Ce ne sont pas moins de 200 différents gènes mutés qui ont été identifiés
comme pouvant être responsables de ces rétinites pigmentaires, chaque mutation générant une forme de
maladie spécifique. L’hétérogénéité de ces maladies rend très difficile le développement de médicaments
appropriés, incluant la thérapie génique, et la très grande majorité des patients n’a aucun traitement en
perspective.
Les photorécepteurs sont des neurones et les cellules de ce type ne se divisent pas pour remplacer celles
qui meurent. Dans son étude, le groupe du Prof. Yvan Arsenijevic a néanmoins observé chez plusieurs
souches de souris et de rats dont la rétine dégénère (suite à une mutation génique ou à une très forte
exposition à la lumière) l’expression de différentes protéines du cycle cellulaire (nécessaires à la division)
dans les photorécepteurs juste avant que ceux-ci ne disparaissent.
Le modèle de souris Rd1 le plus utilisé dans l’étude des dégénérescences de la rétine est doté d’une
mutation sur un gène qui affecte la fonction et la survie des bâtonnets. La disparition de ces cellules produit
dans un deuxième temps la perte des cônes. Sur des cultures de rétine de cette souris Rd1, les chercheurs
ont montré que la présence de facteurs bloquant la fonction de certaines protéines du cycle cellulaire - les
CDKs - réduit la mort des bâtonnets de 40%, ce qui indique que celles-ci participent au processus
dégénératif.
Les chercheurs ont ensuite croisé des souris Rd1 avec une souris ne portant pas le gène Bmi1, connu pour
être impliqué dans le processus de prolifération de certaines cellules adultes. En l’absence de ce gène qui
contrôle le cycle cellulaire, ils ont alors observé une protection massive des photorécepteurs dans la
progéniture des souris, protection la plus importante jamais constatée dans ce modèle : 60 % des bâtonnets
sont maintenus et 75% des cônes sont encore présents et fonctionnels.
Les protéines du cycle cellulaire apparaissent donc comme une nouvelle cible d’étude pour trouver des
solutions thérapeutiques à même de ralentir différentes formes de rétinites pigmentaires et maintenir
l’activité de la rétine. Des approches de pharmacothérapie ou de thérapie génique pourraient être
envisagées pour contrecarrer les effets induits par le gène Bmi1. Les protéines du cycle cellulaire sont
également impliquées dans la mort des neurones dans les maladies de Parkinson, d’Alzheimer et la sclérose
latérale amyotrophique, mais le rôle du gène Bmi1 est inconnu dans ces maladies et mérite donc d’être
étudié pour potentiellement identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.
Pour les dégénérescences de la rétine, c’est une nouvelle voie de recherche qui s’ouvre. Le développement
à venir consiste à pouvoir délivrer localement et surtout chroniquement des inhibiteurs de ces protéines du
cycle cellulaire sans altérer la fonction de prolifération des cellules qui se renouvellent normalement dans
l’œil, telles que les cellules des vaisseaux sanguins ou de la cornée.
Contact:
Prof. Yvan Arsenijevic responsable de l’unité de thérapie génique et de biologie des cellules souches de
l’Hôpital ophtalmique Jules Gonin, service universitaire d’ophtalmologie
021 626 82 60 ou 83 19
079 623 57 41, [email protected]
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