memoire-vivante-special2006 - 20.10.06 - page 54
Concours National 2006-2007 de la Re
´sistance et de la De
´portation
THE
`ME
Le travail dans l’univers
concentrationnaire nazi
PARTICIPATION
Le concours est ouvert aux e
´le
`ves des e
´tablisse-
ments publics et prive
´s sous contrat ainsi qu’a
`ceux
des e
´tablissements d’enseignement agricole, des e
´ta-
blissements relevant du ministe
`re de la de
´fense et
des e
´tablissements franc¸ais de l’e
´tranger.
Voir B.O. E
´ducation nationale n
o
17 du 27 avril 2006.
Cate
´gories
de participants Types d’e
´preuves, dure
´e et dates Observations
1
re
cate
´gorie
Classes
de tous les lyce
´es
Vendredi 23 mars 2007
Re
´alisation d’un devoir individuel en classe,
sous surveillance, sans documents personnels.
Dure
´e 3h30
Sujets choisis par un jury de
´partemental. (Pour les
e
´tablissements franc¸ais de l’e
´tranger, rattachement a
`l’I.A.
dont ils de
´pendent pour le baccalaure
´at).
Travaux a
`transmettre aux inspecteurs d’acade
´mie,
directeurs des services de
´partementaux de l’E
´ducation
nationale pour le vendredi 30 mars 2007 au plus tard.
2
e
cate
´gorie
Classes
de tous les lyce
´es
Travail collectif portant sur le the
`me
et pouvant recourir a
`diffe
´rents types de
supports (dossier, ce
´de
´rom, cassettes audio et
vide
´o, etc.). Aucun travail individuel n’est admis.
Date de remise : vendredi 30 mars 2007
Envoi aux inspecteurs d’acade
´mie, directeurs des services
de
´partementaux de l’E
´ducation nationale (date limite :
vendredi 30 mars 2007). Les e
´tablissements franc¸ais de
l’e
´tranger adresseront directement les travaux collectifs
au ministe
`re de l’E
´ducation nationale.
3
e
cate
´gorie
Colle
`ges
classes de 3
e
Vendredi 23 mars 2007
Re
´daction d’un devoir individuel en classe, sous
surveillance, sans documents personnels.
Dure
´e 2h30
Sujet choisi par un jury de
´partemental. (Pour les
e
´tablissements franc¸ais de l’e
´tranger, rattachement a
`l’I.A.
dont ils de
´pendent pour le baccalaure
´at).
Travaux a
`transmettre aux inspecteurs d’acade
´mie,
directeurs des services de
´partementaux de l’E
´ducation
nationale pour le vendredi 30 mars 2007 au plus tard.
4
e
cate
´gorie
Colle
`ges
classes de 3
e
Travail collectif portant sur le the
`me
et pouvant recourir a
`diffe
´rents types de
supports (dossier, ce
´de
´rom, cassettes audio et
vide
´o, etc.). Aucun travail individuel n’est admis.
Date de remise : vendredi 30 mars 2007
Envoi aux inspecteurs d’acade
´mie, directeurs des services
de
´partementaux de l’E
´ducation nationale (date limite :
vendredi 30 mars 2007). Les e
´tablissements franc¸ais de
l’e
´tranger adresseront directement les travaux collectifs
au ministe
`re de l’E
´ducation nationale.
PARTICIPEZ ET FAITES PARTICIPER
AU CONCOURS DE LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE D’UN LIEU DE ME
´MOIRE
Organise
´et dote
´par trois fondations, la Fondation de la Re
´sistance, la Fondation pour la me
´moire de la De
´portation et la
Fondation Charles de Gaulle, ce concours est ouvert a
`tous e
´le
`ves concerne
´s par le Concours national de la Re
´sistance et de la
De
´portation. Il est strictement personnel et individuel, les travaux collectifs sont exclus. Il invite les candidats a
`faire preuve
d’imagination pour pre
´senter de manie
`re originale et justifie
´e un lieu de me
´moire, rencontre
´ou visite
´dans le cadre de la
pre
´paration du concours ou en d’autres circonstances. Les photos, clairement identifie
´es au nom du candidat, doivent e
ˆtre
envoye
´es avant le 14 juillet 2007 a
`:
Concours de la meilleure photographie d’un lieu de me
´moire
Fondation pour la Me
´moire de la De
´portation
30 boulevard des Invalides
75007 PARIS
Le re
`glement du concours est consultable sur le site Internet suivant : www.fondationresistance.fr
Ce nume
´ro a e
´te
´re
´alise
´sous la direction artistique de Michel Reynaud. Dessin de la couverture : Daniel Pique
´e-Audrain.
Les poe
`mes cite
´s sont extraits de La Foire a
`l’Homme,E
´d. Tire
´sias, 1996.
memoire-vivante-special2006 - 20.10.06 - page 33
Avant propos (tre
'simportant):
Le the
'me et ses limites
Avant propos (tre
'simportant):
Le the
'me et ses limites
Le the
`me de l’e
´dition 2006-2007 du concours national de la Re
´sistance et de la De
´portation retenu par le Jury
national porte sur « Le travail dans l’univers concentrationnaire nazi ». Il permet d’approfondir l’un des
aspects les plus caracte
´ristiques du syste
`me concentrationnaire tel qu’il a e
´te
´mis en œuvre par les nazis. Les conse
´-
quences de ce travail sur la vie et la mort des de
´porte
´s sont telles que son e
´tude constitue l’une des cle
´s essentielles de
compre
´hension du fonctionnement ge
´ne
´ral du syste
`me. De plus, pour les survivants, ce co
ˆte
´de la de
´portation reste
profonde
´ment ancre
´dans leur me
´moire, ce qui facilitera les contacts entre candidats et te
´moins et permettra tous les
approfondissements ne
´cessaires.
Il convient toutefois en pre
´alable de mettre en garde professeurs et candidats sur les confusions avec d’autres
cate
´gories de travailleurs exploite
´es, non concerne
´es par ce the
`me et hors sujet.
En effet l’exploitation par le Reich des forces de travail en Europe a touche
´bien d’autres cate
´gories de populations
que celles du syste
`me concentrationnaire. Quoique leurs conditions de travail aient e
´te
´souvent dures et ingrates,
aucune de ces cate
´gories, qu’il s’agisse des prisonniers de guerre (sovie
´tiques excepte
´s), des Ostarbeiter
1
, des travail-
leurs volontaires, des Franc¸ais envoye
´s dans le cadre du STO (Service du Travail Obligatoire), n’entrent dans le champ
du the
`me, qui ne concerne que le syste
`me concentrationnaire.
Jamais ces autres travailleurs n’eurent en effet a
`subir une forme d’alie
´nation (e
´tat de non droit) aussi absolue que celle
des de
´tenus du syste
`me concentrationnaire, traite
´s « comme de simples outils, bons a
`jeter une fois use
´.
Le pre
´sent dossier se veut une aide a
`la pre
´paration des candidats, en ouvrant des pistes de re
´flexion et de
recherche qui permettent de proce
´der a
`un tour d’horizon du the
`me, mais rien que du the
`me.
Apre
`s une mise en perspective historique d’ensemble, retrac¸ant le contexte, il est propose
´une se
´rie de cahiers
me
´thodologiques, articule
´s autour d’un ou plusieurs documents illustratifs destine
´s aux professeurs comme aux e
´le
`ves :
– le cahier n
o
1 aborde l’organisation ge
´ne
´rale et les conditions de travail en milieu concentrationnaire,
– le cahier n
o
2 propose une se
´rie de documents lie
´sa
`la « mise en condition » des hommes, a
`la re
´pression, voire a
`
l’e
´limination pure et simple d’individus dans et par le travail,
– le cahier n
o
3 aborde plus particulie
`rement le lien du travail concentrationnaire avec l’e
´conomie et la production
industrielle du Reich, dont les be
´ne
´fices que tirent les SS tirent de l’exploitation des de
´tenus,
– le cahier n
o
4 enfin e
´voque les formes de re
´sistance que les de
´tenus pouvaient opposer a
`ce travail impose
´,
simplement pour « tenir le coup » le plus longtemps possible ou, quand les circonstances s’y pre
ˆtaient, pour entraver
l’effort de production de guerre et e
´viter le plus possible d’y participer.
Aborder l’univers concentrationnaire par ce biais, c’est en examiner l’une des « fonctions » les plus typiques, les plus
paradoxales
2
aussi et, par la
`, mieux comprendre cette machine infernale imagine
´e par des hommes pour d’autres
hommes.
Sommaire
Sommaire
AVANT PROPOS (TRE
`S IMPORTANT)......................................................... 1
RAPPEL HISTORIQUE .................................................................... 2
CAHIER ME
´THODOLOGIQUE N
O
1 : Le travail dans un camp de concentration ..................... 8
CAHIER ME
´THODOLOGIQUE N
O
2 : Le travail dans ses aspects re
´pressif (punitif), re
´e
´ducatif (condition-
nement des esprits), e
´liminateur ou inversement dans certains cas, protecteur............ 14
CAHIER ME
´THODOLOGIQUE N
O
3 : Le syste
`me concentrationnaire exploite
´a
`des fins e
´conomiques et
industrielles et pour la production de guerre......................................... 18
CAHIER ME
´THODOLOGIQUE N
O
4 : La re
´sistance dans le travail au sein du syste
`me concentrationnaire 23
GLOSSAIRE ........................................................................... 26
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................ 30
EN GUISE DE CONCLUSION GE
´NE
´RALE....................................................... 32
1. Populations de l’Est de l’Europe astreintes au travail au profit du Reich, d’abord sur leur territoire, puis ge
´ne
´ralement dans des usines ou des
camps de travail en Allemagne me
ˆme. De nombreux Ostarbeiter,re
´fractaires ou insoumis, ont fini en camp de concentration.
2. Contradiction entre le besoin, pour l’Allemagne nazie, de recourir au travail concentrationnaire et le caracte
`re meurtrier du
ˆaux conditions de
vie et d’exe
´cution de ce me
ˆme travail.
memoire-vivante-special2006 - 20.10.06 - page 1
Rappel historique
Rappel historique
I. NAISSANCE DE L’E
´TAT HITLE
´RIEN
I.1. L’ide
´ologie
Tr e
`s affecte
´par la de
´faite de 1918 et les clauses du
traite
´de Versailles qui suivit, Hitler expose ses the
´ories
dans Mein Kampf. Il veut venger le sang allemand, restau-
rer la puissance e
´conomique et militaire de l’Allemagne,
donner un espace vital a
`la nation allemande appele
´ea
`
dominer l’Europe et les « peuples infe
´rieurs ». Il pro
ˆne
un nationalisme qui exclut tout autre minorite
´culturelle
de la communaute
´nationale et ope
`re un amalgame des
diffe
´rents courants de pense
´eracistes et euge
´nistes
1
e
´labore
´sa
`la fin du XIX
e
sie
`cle. Il focalise sa recherche
du bouc e
´missaire sur l’antise
´mitisme auquel il donne
un caracte
`re pseudo scientifique, biologique et racial, en
conside
´rant le Juif comme une menace pour la « race
aryenne ». Il pro
ˆne l’intole
´rance comme comple
´ment
ne
´cessaire a
`la purification de la « race aryenne » et
n’he
´site pas a
`faire de larges emprunts a
`la mythologie
germanique dans laquelle s’enracine la culture alle-
mande. Enfin il ajoute le mythe du « re
´dempteur auto-
proclame
´», et se veut le fondateur d’un nouveau Reich
mille
´naire, dirige
´selon la re
`gle du Fu
¨hrerprinzip
2
.
I.2. Les e
´tapes de la conque
ˆte du pouvoir
Le 30 janvier 1933, nomme
´chancelier par le pre
´si-
dent Hindenburg, Adolf Hitler acce
`de au pouvoir dans
des formes le
´gales. La plupart des personnalite
´s politi-
ques sous-estiment alors son personnage qu’ils pensent
encore pouvoir manœuvrer ou marginaliser. Mais pour
Hitler, la Chancellerie n’est qu’une e
´tape.
Son premier acte consiste a
`obtenir la dissolution
du Reichstag pour obtenir une majorite
´parle-
mentaire qu’il n’a pas encore, me
ˆme si le NSDAP
3
est nume
´riquement le premier parti du Reichstag. Il arti-
cule sa campagne autour de quelques the
`mes simples :
rele
`vement de l’honneur national, unite
´spirituelle du
peuple allemand, restauration des valeurs traditionnelles,
lutte contre le bolchevisme. Un climat de terreur entre-
tenu par la SA
*
, sorte de milice arme
´e du parti nazi (les
« chemises brunes »), entoure les e
´lections. Les re
´unions
du parti communiste sont rendues impossibles, les jour-
naux centristes interdits. La radio est mise au service
des seuls partis qui soutiennent les nazis. L’incendie du
Reichstag, le 27 fe
´vrier 1933, sert de pre
´texte a
`la sus-
pension des liberte
´s fondamentales « au nom de la pro-
tectiondupeuple»:liberte
´de la presse, liberte
´de
re
´union et d’association, droits constitutionnels du
citoyen. Au nom de la se
´curite
´de la Nation allemande,
un champ illimite
´s’ouvre a
`l’arbitraire, confirme
´par
l’ouverture, improvise
´e et anarchique des premiers
camps de concentration, appele
´s par certains historiens
« camps sauvages ».
Pour autant, les e
´lections du 5 mars 1939 ne donnent
que 44 % des voix au NSDAP et Hitler doit composer
avec ses allie
´s de droite. Il s’efforce alors de se pre
´sen-
ter comme l’he
´ritier de la tradition prussienne et des
valeurs incarne
´es par la monarchie, tout en pre
´parant
le de
´cret qui, par voie le
´gale, va lui donner les pleins
pouvoirs. Le 23 mars, par 441 voix contre 92 (les com-
munistes e
´tant exclus du parlement), il obtient pour
quatre ans le droit de promulguer des lois sans en re
´fe
´-
rer au Reichstag.
De
´sormais il a tous les pouvoirs. Mais, pour l’exte
´-
rieur comme a
`l’inte
´rieur, les apparences de la le
´ga-
lite
´sont sauves. L’arrive
´e au pouvoir de Hitler s’effec-
tue dans le cadre des institutions existantes, me
ˆme s’il
faut fermer les yeux sur des mesures policie
`res arbitrai-
res et sur le climat de terreur entretenu par la SA. Ce
mythedelale
´galite
´a pour conse
´quence de rendre
docile l’administration dans son ensemble et de neutra-
liser toute velle
´ite
´de re
´action a
`gauche.
Le 7 avril 1933, la loi sur la revalorisation de la fonction
publique lui permet d’infiltrer ses fide
`les dans tous les
rouages de l’Administration et d’organiser la colonisa-
tion de l’E
´tat par le parti national-socialiste.
La de
´marche suivante consiste a
`supprimer la
structure fe
´de
´rale du Reich pour mieux centraliser
le pouvoir entre les mains du Parti. L’ordonnance du
28 fe
´vrier 1933 permet a
`Berlin de prendre toute
mesure en vue de re
´tablir l’ordre sur l’ensemble du
territoire du Reich et de nommer des Commissaires
d’E
´tat coiffant les pouvoirs des e
´lus locaux, tandis que
les dirigeants re
´calcitrants des La¨nder
4
sont poursuivis
pour se
´paratisme, voire trahison.
Toutefois ces dispositions ne s’accompagnent d’au-
cune re
´forme d’ensemble de l’organisation juridique et
administrative du pays (ainsi Goering reste ministre-
pre
´sident du Land de Prusse) si bien que partout se
cre
´ent des fe
´odalite
´srivales,sere
´clamant du Fu
¨hrer,
mais entre lesquelles les conflits de compe
´tence vont
se multiplier.
1. The
´orie visant a
`l’assainissement de l’espe
`ce humaine par e
´limina-
tion de ses e
´le
´ments juge
´s malsains.
2. Fu
¨hrerprinzip : principe selon lequel l’autorite
´du chef est indiscu-
table et l’obe
´issance a
`ses ordres un devoir absolu.
3. Nationalsozialistische Deustche Arbeiter Partei (Parti national-socialiste
allemand des travailleurs).
*
Les mots repe
´re
´s par un aste
´risque sont de
´finis dans le glossaire
p. 26.
4. Le Land (au pluriel La¨nder) est l’e
´le
´ment constitutif de base de la
fe
´de
´ration allemande. Il est dote
´d’institutions propres (parlement,
ministre-pre
´sident et gouvernement local). L’ensemble des La¨nder
forme l’E
´tat fe
´de
´ral. Les compe
´tences respectives de l’E
´tat fe
´de
´ral et
de chacun des e
´tats fe
´de
´re
´s sont de
´finies par la Constitution.
memoire-vivante-special2006 - 20.10.06 - page 2
2SPE
´CIAL ME
´MOIRE VIVANTE
La troisie
`me de
´marche consiste a
`faire disparaı
ˆtre
toute structure de vie politique ou sociale organi-
se
´e, hors du parti nazi. En quelques semaines les
partis disparaissent, interdits (comme le KPD
1
), dissous
ou absorbe
´s par le NSDAP. La loi du 14 juillet 1933
interdit la constitution de nouveaux partis, consacrant
ainsi le parti unique, et fait du Reichstag une chambre
d’enregistrement appele
´ea
`acclamer les de
´cisions du
Fu¨hrer a
`qui elle donne, en outre, la possibilite
´de
recourir au ple
´biscite. Hitler peut de
´sormais gouverner
sans limites, par lois, de
´crets et ordonnances et de sur-
croı
ˆt conserve l’apparence d’une constitution, soigneu-
sement vide
´e de sa substance.
Les institutions sociales, e
´conomiques ou culturelles
disparaissent a
`leur tour ou sont inte
´gre
´es au nouveau
syste
`me (cas des syndicats). Un Front du Travail alle-
mand est cre
´e
´englobant ouvriers et patrons, au sein
duquel l’ide
´edecommunaute
´nationale en lutte avec
d’autres communaute
´s nationales se substitue a
`celle de
lutte des classes. Une ope
´ration analogue est monte
´een
direction du monde rural que Hitler flatte et de
´signe
comme « l’avenir de la nation ».
Tr e
`sviteapre
`s l’arrive
´e de Hitler au pouvoir, le
monde de l’industrie est e
´galement mis au pas dans
le cadre d’une nouvelle structure dirige
´e par Krupp
2
et
Thyssen, les deux grands patrons de la side
´rurgie alle-
mande, et des liens d’inte
´re
ˆts sont e
´tablis entre le
re
´gime et les industriels au sein de « la Fondation dona-
trice Adolf Hitler de l’e
´conomie allemande ». Toutefois
les industriels, qui accordent une aide financie
`re subs-
tantielle au Parti, soutiennent la politique de re
´ar-
mement et appre
´cient l’orientation anti-syndicale du
re
´gime, parviennent a
`conserver une certaine inde
´pen-
dance. Leur complicite
´avec le re
´gime dans ces entrepri-
ses les plus criminelles n’en est que plus frappante.
Par e
´tapes successives l’Allemagne est donc mise au
pas. Plus aucune forme d’opposition le
´gale ne s’exprime
et toutes les organisations politiques, sociales ou e
´cono-
miques passent sous le contro
ˆle du Parti et de l’E
´tat :
une dictature s’installe partout aux commandes.
Seule l’arme
´e, monarchiste et traditionaliste,
e
´chappe encore a
`ce contro
ˆle. Elle s’appuie sur le vieux
mare
´chal Hindenburg, qui peut mettre son veto aux
de
´cisions aventureuses du nouveau chancelier. Entre
l’arme
´e et Hitler se pose de surcroı
ˆt le proble
`me e
´pi-
neux des SA
*
,tre
`smalperc¸us par larme
´etradition-
nelle : en effet, Ro
¨hm, officier et ancien combattant de
la Grande Guerre, chef des SA, ne dissimule pas sa
volonte
´de se de
´barrasser du corps des officiers de la
Reichswehr (arme
´e impe
´riale), conside
´re
´comme re
´ac-
tionnaire et re
´trograde, et veut cre
´er une arme
´e popu-
laire, dont les SA constitueraient le noyau. Hitler
se me
´fie de Ro
¨hm, en qui il voit un rival possible. La
succession de Hindenburg, tre
`smalade,seproleen
perspective mais suppose le soutien de l’arme
´e tradi-
tionnelle. Or Hitler a connaissance de rumeurs selon
lesquelles certains milieux de l’arme
´eenvisagentde
mettre un terme aux exce
`s du nazisme et aux the
´ories
re
´volutionnaires qu’il ve
´hicule. Hitler conc¸oit alors un
plan dont il a soin d’entretenir Hindenburg le 21 juin
1934, pour se de
´barrasser de Ro
¨hm et e
´loigner le
risque que repre
´sentent les SA. Dans la nuit du 30 juin
1934, il fait arre
ˆter et assassiner Ro
¨hm, son ancien com-
pagnon de lutte, officiellement pour complot avec une
puissance e
´trange
`re, tandis que les principaux responsa-
bles de la SA et certains de ses rivaux sont attire
´s dans
un guet-apens et assassine
´sa
`leur tour par sa garde
rapproche
´e, la SS
*
, seconde force paramilitaire du parti
nazi. Les e
´ve
`nements de cette nuit sont connus sous le
nom de « Nuit des longs couteaux »
3
.Unte
´le
´gramme
de fe
´licitations de Hindenburg conclut l’ope
´ration et
conforte la position de Hitler comme pre
´tendant a
`la
succession du Mare
´chal Pre
´sident. Dans le me
ˆme
temps, le pouvoir des SA passe aux mains de la SS,
dont Himmler s’attache a
`faire l’instrument essentiel de
la police du re
´gime.
Un mois plus tard, Hindenburg meurt. Hitler devient
chef de l’E
´tat avec le titre de Fu
¨hrer et cumule tous les
pouvoirs. La Reichswehr pre
ˆte de
´sormais serment
d’obe
´issance, non plus a
`la constitution, mais a
`la per-
sonne du Fu
¨hrer. Elle devient a
`son tour complice
consciente de la dictature. Le peuple allemand ple
´-
biscite a
`84 % les nouveaux pouvoirs de son Fu
¨hrer.
Jusqu’en 1937, Hitler donne l’impression de demeu-
rer une sorte d’arbitre entre les forces traditionnelles et
les forces totalitaires incarne
´es par le Parti, obtenant
me
ˆme de nombreux ralliements gra
ˆce au redressement
e
´conomique de l’Allemagne et aux succe
`s de sa politique
exte
´rieure. A
`partir de 1937, le ve
´ritable visage du
re
´gime se re
´ve
`le a
`travers les changements intervenus
dans le commandement de l’arme
´e et dans la diplomatie,
a
`travers l’intensification de la pre
´paration e
´conomique
de la guerre (plan de 4 ans confie
´a
`Goering), ou la
disparition de tous e
´gards envers l’ancienne administra-
tion, enfin du fait de l’e
´dification de l’E
´tat SS et des
bases du syste
`me concentrationnaire. La mise au pas de
la culture permet de remodeler un pays, de
´sormais inca-
pable de se reprendre et de re
´fle
´chir.
Le Fu¨hrerprinzip, c’est-a
`-dire la soumission absolue
et discre
´tionnaire a
`l’autorite
´du Chef, s’impose partout.
Prive
´de liberte
´, le peuple allemand est alors appele
´a
`
trouver compensation a
`sa soumission dans l’exploita-
tion des peuples dits « infe
´rieurs ».
I.3. Le nouvel E
´tat nazi
On assiste a
`la de
´composition des structures tradi-
tionnelles de l’E
´tat, avec en particulier a
`partir de 1938,
1. Kommunistische Partei Deutschland (parti communiste d’Allemagne)
2. En 1945, lors du proce
`s des grands industriels nazis, Alfred Krupp
von Bohlen de
´clarait : « La nation toute entie
`re a adhe
´re
´aux principes
fondamentaux suivis par Hitler. Nous les Krupp, nous ne nous
sommes jamais pre
´occupe
´de la vie. Nous voulions seulement un
syste
`me qui fonctionne bien et qui nous donne l’occasion de travailler
sans e
ˆtre de
´range
´s. La politique ne nous concerne pas... Quand on
m’a questionne
´sur la politique antijuive des nazis et qu’on m’a
demande
´ce que j’en savais, j’ai dit que je ne savais rien de l’extermi-
nation des Juifs et j’ai ajoute
´:Quand on ache
`te un bon cheval, il faut
aussi prendre en compte ses de
´fauts
3. A
`la suite de « la Nuit des longs couteaux », le syste
`me concentra-
tionnaire tombe sous la coupe des SS et la responsabilite
´de Hein-
rich Himmler, chef supre
ˆme de la SS (Reichsfu
¨hrer SS).
memoire-vivante-special2006 - 20.10.06 - page 3
3SPE
´CIAL ME
´MOIRE VIVANTE
RAPPEL HISTORIQUE
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