La réaction physiologique du stress
L’alarme
Dans cette phase initiale, le corps reçoit
d’abord un « choc ». Le taux de glucocor-
ticoïdes sanguin augmente. Ceci entraîne,
via les récepteurs aux glucocorticoïdes
situés dans l’hippocampe, une activa-
tion de l’hypothalamus qui sécrète alors
l’hormone CRH (corticotrophin releasing
hormone). Cette hormone amène à son
tour l’hypophyse à produire l’hormone
ACTH (adrenocorticotriphique hormone).
L’hormone ACTH (adrenocorticotriphi-
que hormone) ou adrénaline mobilise
l’énergie disponible, pour nous donner la
force musculaire de combattre ou de fuir
une situation menaçante. Ses effets sont
instantanés, les poumons, la gorge et les
narines s’ouvrent pour laisser entrer plus
d’air. La respiration est plus rapide. Les
sens s’aiguisent. Les pupilles se dilatent. Il
y a une accélération du rythme cardiaque
et une élévation de la pression artérielle.
L’adrénaline facilite également la libéra-
tion du sucre et des graisses du foie. La
mémoire et la réflexion sont à ce stade
facilitées. L’organisme est prêt à faire face.
La résistance
Si la stimulation persiste, l’hormone
ACTH (adrenocorticotriphique hormone)
qui circule dans le système sanguin atteint
les glandes surrénales où elle provoque le
relâchement de cortisol. Le cortisol trans-
forme les gras en sucre pour appuyer l’ac-
tion de l’ACTH. Cette hormone prend les
commandes pour que l’organisme réagisse
au danger. Elle mobilise toute l’énergie
contenue dans les sucres pour l’expédier à
certains endroits précis. Pour une efficacité
maximale, certains organes, comme ceux
liés à la digestion, cessent de fonctionner.
Même le système immunitaire est mis en
veilleuse pour faciliter l’action du cortisol.
Lorsque tout danger est écarté, que fait le
cortisol ? Il active les récepteurs aux glu-
cocorticoïdes situés dans l’hippocampe
du cortex cérébral et supprime la produc-
tion de CRH. Ensuite, il envoie un puis-
sant message de faim au cerveau, afin de
compenser la perte d’énergie que le corps
vient de subir. Le corps humain sécrète
alors d’autres hormones; l’endorphine,
qui transmet un sentiment de bonheur et
d’euphorie, la dopamine qui amoindrit
les effets de l’adrénaline et la sérotonine
qui procure une sensation de détente.
L’épuisement
Si la situation perdure. L’adrénaline et
le cortisol sont constamment sécrétés
en grande quantité dans l’organisme. Le
rythme cardiaque reste élevé, de même
que la pression artérielle et le taux de sucre
sanguin. Les cellules du corps sont insen-
sibles à l’effet de l’insuline, qui a pour rôle
de diminuer le taux de sucre
sanguin. Le corps garde toute
son énergie afin de se défen-
dre. Cela explique le lien entre
l’exposition chronique au stress
et le développement du diabète
de type 2, qui est caractérisé par
une résistance à l’insuline.
Quand l’organisme est contraint
de produire l’ACTH et le cortisol
jour après jour, le corps doit
renouveler constamment ses
réserves d’énergie. Il en emmaga-
sine donc, sous forme de tissus
adipeux. C’est une solution
pratique, car le cortisol sécrété
par les glandes surrénales, situées au-
dessus des reins, y a ainsi facilement accès.
Au besoin, il puisera dans ces graisses pour
les transformer en sucre.
Une concentration excessive de cortisol
affecte aussi le cerveau. La docteure Lupien
de l’hôpital Douglas, à Montréal, a décou-
vert qu’un taux élevé de cortisol agit sur la
taille de l’hippocampe provoquant ainsi,
des troubles de mémoire chez les person-
nes âgées et des difficultés d’apprentissage
chez les jeunes adultes1.
Trop exploité, notre mécanisme de défense
risque de se dérégler, de plus en plus d’étu-
des scientifiques démontrent qu’un désé-
quilibre dans la sécrétion des hormones
du stress précède des maladies dites de
civilisation, comme le diabète, l’obésité,
les maladies cardiovasculaires et même la
dépression.
Le stress chronique aura aussi un impact
négatif sur l’efficacité de la réponse
immunitaire2. Une augmentation de la
libération d’hormones comme le cor-
tisol, l’ACTH et la noradrénaline peu-
vent avoir de nombreux effets sur le
système immunitaire. Notre immunité,
ainsi affaiblie, ne peut jouer pleine-
ment son rôle protecteur dans les cas
de pathologies virales, bactériennes
et parasitaires. L’équilibre nerveux est
donc primordial dans tous les processus
réglant la santé de tout être vivant.
Le stress et la santé buccodentaire
Il est évident que des mauvaises habitudes
comme serrer ou grincer des dents peuvent
être associées au stress et avoir des consé-
quences sur la santé dentaire ; d’un côté
les dents s’usent, s’abîment, et de l’autre,
des douleurs musculaires apparaissent. Les
muqueuses de la bouche sont aussi victime
du stress. Les aphtoses, les glossodynies et
les stomatodynies sont souvent déclen-
chées lors d’une situation de stress.
Cependant, aucune étude n’a pu faire le lien
entre le stress et le déclenchement d’une
maladie parodontale. Il se peut que ce
soit davantage le changement des habi-
tudes d’hygiène buccale que la baisse
des défenses immunitaires qui aggrave la
parodontite4. Bien qu’on ignore l’impor-
tance de son impact au niveau parodon-
tal, le stress doit être pris en considération
puisqu’il provoque des changements
comportementaux. Ainsi, le stress peut
influencer :
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DOSSIER