Des textes fondateurs, élaborés au cours des siècles - mais dont certains ont le statut de textes révélés -
témoignent de ces orientations : Hymnes védiques (de Véda, la connaissance sacrée), Brahmanas,
Upahishad, textes épiques... Au moment où le futur Bouddha naît, dans un petit royaume du nord de
l'Inde, les spéculations, les rites et les pratiques religieux sont largement conduits par les brahmanes :
c'est bien la religion d'une catégorie dominante, mais qui se diffuse dans toute la société même quand
elle se mêle à des pratiques différentes – pré-aryennes ou de type chamanique.
2 - LES FONDEMENTS DE LA DOCTRINE BOUDDHIQUE
Pour comprendre ce qu'est le bouddhisme, et avant de prendre en compte les transformations dues aux
évolutions historiques, il faut d'abord s'intéresser à ce que la tradition désigne par l'expression : les Trois
Joyaux.
Ces Trois Joyaux - le Bouddha, le Dharma et le Sangha - constituent le cœur de la doctrine. Il s'agit
donc de tout ce que l'on peut savoir sur le fondateur (le Bouddha), sur son enseignement (le Dharma), et
sur la communauté de ses disciples (le Sangha).
2.1) Le Bouddha
Même si l'on prend la précaution de distinguer le personnage historique des très nombreuses légendes
qui entourent sa naissance et sa vie, il faudra bien expliquer que les repères historiques ont peu
d'importance pour un bouddhiste. Naturellement, on pourra toujours rappeler que le Bouddha était un
jeune prince du clan des Sakya (il n'appartenait pas à la catégorie des brahmanes mais à celle des
guerriers, les ksatrya) né au 6ème ou au 5ème siècle avant Jésus-Christ à Kapilavastu, près de l'actuel
Népal. Son nom était Siddharta Gautama. Après une première partie de vie conforme aux idéaux de sa
caste, il prit l'habit de renonçant - selon l'esprit de la religion du temps - pour finalement vivre un
expérience profonde d'« éveil », puis délivrer un enseignement spécifique rompant par bien des côtés
avec la tradition hindoue.
Il faudrait en fait rappeler combien le Bouddha historique - dans la tradition bouddhique - est beaucoup
moins important que le Bouddha légendaire. Ce qui compte en effet pour le disciple, c'est par exemple
l'impact symbolique des quatre rencontres faites, d'après la légende, par le jeune prince alors qu'il
n'avait pas encore renoncé à la vie du monde ; ces rencontres - avec un malade, un vieillard, un mort et
un ascète - sont censées avoir déclenché la quête de sagesse de Siddharta, induisant ainsi son
« Eveil » lors d'une méditation profonde sur la nature du Réel. Eveil qui entraîna sa décision d'enseigner
la Voie à tous les êtres capables de l'entendre.
2.2) Le Dharma
L'enseignement se fonde essentiellement sur un sermon prononcé par le Bouddha près de Bénarès -
sermon dans lequel sont énoncées les « quatre nobles vérités », base de la doctrine. Ces nobles vérités
- Aryana Satyani -, d'abord transmises oralement, seront fixées bien plus tard avec tout l'enseignement
du Bouddha dans un corpus de textes écrits constituant le canon bouddhique. Mais près de quatre cents
ans de tradition orale précéderont le développement de ce canon scripturaire.
A la base de l'enseignement, l'idée que tout - dans le monde des phénomènes, et donc en chacun de
nous - est souffrance et imperfection parce qu'impermanence. C'est la notion de Dukkha. A partir de ce
constat, et par le truchement des trois nobles vérités suivantes, le Bouddha explique l'apparition de
Dukkha par la soif, le désir d'attachement à ce qui n'est jamais que provisoire. Il propose des moyens
pour « éteindre » ce désir - Nirvana signifie proprement l’« extinction » et abolir la souffrance qu'il
engendre. C'est le Noble octuple sentier qui conduit à l'Eveil. Principes éthiques, discipline mentale et
sagesse jalonnent ce difficile et progressif chemin vers l'éveil bouddhique, l'expérience fondamentale. La
visée ultime reste bel et bien la sortie du samsara, le cycle des renaissances. Ce monde-ci n'est pas à
parfaire une bonne fois pour toutes, comme dans le judéo-christianisme. Il n'est que reflet illusoire de
nos attachements.
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