L`arme nucléaire - IRNC, Institut de recherche sur la Résolution non

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Série : L’arme nucléaire
Cinq diaporamas
1 - Le péril causé par les armes nucléaires
2 - Pour un désarmement nucléaire unilatéral de la France
3 - Figures de la résistance à l’arme nucléaire
5 - Quelques personnalités qui remettent en cause la dissuasion
nucléaire française ou se posent des questions à son sujet
4 - La position de l’Église catholique sur l’arme nucléaire :
évolution depuis 1962
Précision
Les images présentées dans ces
diaporamas nous ont été fournies par des
sources diverses. Ne pouvant nous assurer
qu’elles ne sont pas soumises au régime
des droits d’auteur, nous prions leurs
ayants droit éventuels de nous préciser s’ils
souhaitent que nous les retirions.
Série "Les armes nucléaires" - Diaporama n°1
Le péril nucléaire
Étienne Godinot
22.04.2014
Les deux premiers diaporamas d’Étienne Godinot reprennent
principalement le livre de Jean-Marie Muller Les Français peuvent-ils
vouloir renoncer à l’arme nucléaire ? (éd. MAN, 2010)
Tous deux sont membres cofondateurs du Mouvement pour une
Alternative non-violente (MAN) www.nonviolence.fr
et respectivement Président et Directeur des recherches de l’Institut de
recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC)
www.irnc.org
1 - Le péril causé par les armes nucléaires
Sommaire
- Le nucléaire civil ne doit pas nous faire oublier le nucléaire militaire
- L’immoralité intrinsèque de l’arme nucléaire
- L’infaisabilité stratégique de la dissuasion nucléaire
- La dissuasion nucléaire n’arrête pas le terrorisme
- Des armes non seulement inutiles, mais nuisibles
- La dissuasion nucléaire est dangereuse
- La dissuasion nucléaire bafoue la démocratie
- La dissuasion nucléaire est un gouffre financier… pour une crédibilité
douteuse
- La dissuasion nucléaire démobilise la population au sujet de sa
défense
- L’illusion du désarmement nucléaire multilatéral
- Désarmement : la mauvaise foi de la France
- La mentalité nucléaire et la défaite de l’intelligence
- Et les bombes iraniennes et nord-coréennes ?
Le nucléaire civil …
L’énergie nucléaire est une énergie du passé :
- Elle repose sur l’extraction d’uranium, une ressource
fossile limitée (dont la France ne dispose d’ailleurs pas
sur son territoire)
- Elle est dangereuse (Three Misle Island, Tchernobyl,
Fukushima)
- Elle est ruineuse ( les coûts réels sont très supérieurs
aux coûts prévus, par ex. ITER ou EPR, les coûts de
démantèlement des centrales seront faramineux)
- C’est une fuite en avant : on ne sait pas quoi faire des
déchets…
…ne doit pas nous faire oublier
le nucléaire militaire
Mais Fukushima ne doit pas nous faire oublier
Hiroshima : l’arme nucléaire est intrinsèquement
immorale, et elle est infiniment plus dangereuse
que l’énergie nucléaire.
L’enjeu de l’arme nucléaire n’est pas d’abord
militaire ; il est certes politique et culturel, mais il
est en premier lieu philosophique et spirituel. Il est
existentiel.
Images :
Fukushima 2011
Hiroshima 1945
L’arme nucléaire
L’arme nucléaire pose la question de la
poursuite de l’aventure humaine.
La menace de l’arme nucléaire, qui implique
par elle-même le consentement au meurtre de
millions d’innocents, est le reniement de toutes
les valeurs qui constituent la civilisation.
Image : Hiroshima, août 1945
Une arme politique…
La bombe atomique a été larguée sur Hiroshima par le
Président Truman davantage pour impressionner les
Soviétiques que pour mettre fin à la guerre : les
services secrets américains avaient appris que
l’empereur du Japon voulait capituler.
Photo ci-contre : « Little Boy » (« Petit garcon» !), bombe
lancée sur Hiroshima
Pour le général de Gaulle, l’arme atomique est conçue
comme l’instrument de la grandeur politique de la
France.
Emploi, menace de l’emploi
Certes, par elle-même, la dissuasion
n’est pas l’emploi, mais elle est l’emploi
de la menace, et l’emploi de la menace
comporte directement la menace de
l’emploi.
Dès lors que l’emploi de l’arme nucléaire
serait un crime contre l’humanité, la
menace de l’emploi est déjà criminelle.
Image : Sous-marin lanceurs de missiles
nucléaires Le Triomphant
Une arme de dissuasion,
faite pour ne pas être utilisée…
Cependant, la menace de l’emploi
veut être dissuasive, c’est-à-dire
qu’elle a pour finalité de conduire
l’adversaire potentiel à renoncer à
décider d’attaquer.
L’intention de l’emploi semble
perdre son caractère criminel, dès
lors que ce que recherche celui
qui l’exprime, c’est de ne pas avoir
à passer à l’acte.
Quelle rationalité ?
« Mais c’est supposer que la rationalité domine les
comportements guerriers, ce qui est contredit en
permanence par la réalité des guerres.
Certes, il existe une part rationnelle dans les logiques
guerrières. Mais celle-ci est subordonnée et le plus
souvent débordée par une pression émotionnelle qui
peut être au service de buts barbares.
Ainsi la solution finale nazie était un modèle de rationalité
managériale, tout comme le fut la construction des
arsenaux nucléaires de tous les pays possesseurs de la
bombe ».
Patrick Viveret, philosophe, politologue,
Conseiller honoraire à la Cour des Comptes
Images :
La retraite de Russie (1812)
La Shoah (1939-1945)
La conscience tranquille…
Puisque la bombe est faite pour ne pas
servir, le décideur nucléaire a la
conscience tranquille.
Ni la méchanceté, ni la haine, qui
alimentent d’ordinaire le désir du
meurtre, n’animent la menace de
l’emploi de l’arme nucléaire.
Là se trouve le paradoxe de la
dissuasion nucléaire.
L’intention de commettre le crime absolu
Au cœur de ce paradoxe, il y a l’immoralité
absolue de l’intention de commettre le crime
absolu.
Il est en outre insensé de prendre, pour se
défendre, le risque de se détruire.
Seuls
l’aveuglement,
l’irresponsabilité
et l’inconscience
peuvent expliquer l’accommodement qui unit
les décideurs et les citoyens.
Un terrorisme d’État
La logique de la dissuasion implique que les
décideurs politiques soient fermement
déterminés à passer à l’acte.
La menace nucléaire s’apparente directement à
la prise d’otage d’une population civile.
Les idéologues ont construit une représentation
irénique de la dissuasion nucléaire totalement
éloignée de la réalité guerrière de la menace
des bombes nucléaires et de leur emploi
potentiel.
La dissuasion nucléaire, inefficace
Durant la Guerre froide, dans le scénario envisagé
lors d’une confrontation armée avec l’Union
Soviétique, l’emploi des armes nucléaires françaises
contre les armées du Pacte de Varsovie n’aurait pas
manqué de déclencher les représailles nucléaires
massives de l’adversaire qui auraient provoqué la
destruction de la France.
Le décideur soviétique pouvait donc parier
rationnellement sur l’irrésolution du décideur
français à employer des armes qui provoqueraient
la destruction de son pays.
La dissuasion nucléaire, inefficace
Valéry Giscard d’Estaing, au sujet d’un scénario
d’invasion massive des forces soviétiques en
direction de l’Europe de l’Ouest durant la guerre
froide, écrit dans ses Mémoires en 1992 :
« Une conclusion se fait jour peu à peu : ni de loin,
où je suis, ni sur le terrain, où se situent les
responsables militaires, la décision d’employer l’arme
nucléaire tactique n’apparaît opportune. ( …) Quoi
qu’il arrive je ne prendrai jamais l’initiative d’un geste
qui conduirait à l’anéantissement de la France. »
Valéry Giscard d’Estaing, Le pouvoir et la vie,
tome II, L’affrontement, Le Livre de Poche,
1992, p. 196 s.
La dissuasion nucléaire, inefficace
Il est facile d’élaborer en chambre et de proclamer
sur une estrade une rhétorique vantant les mérites
de la dissuasion nucléaire. Mais lorsque survient le
moment du passage à l’acte, il apparaît clairement
que la rhétorique n’a aucune prise sur la réalité.
Les réflexions de Giscard d’Estaing montrent que le
passage à l’acte est véritablement impensable,
inconcevable, inimaginable, irréaliste et, surtout, qu’il
serait irresponsable.
Les leçons de l’histoire
Le mur de Berlin n’a pas été détruit par les armes de
l’Occident. Pour l’essentiel, il s’est effondré sous la
pression de la résistance non-violente des femmes et
des hommes des sociétés civiles de l’Est qui ont eu le
courage de prendre les plus grands risques pour
conquérir leur liberté.
La dissuasion nucléaire n’a joué aucun rôle dans la
chute de l’empire soviétique.
Photos : Vaclav Havel et la Charte 77 en Tchécoslovaquie
Lech Walesa et Solidarnosc en Pologne
Manifestation du 9 octobre 1989 à Leipzig, Allemagne de l’Est
La dissuasion nucléaire n’arrête pas le terrorisme
La dissuasion nucléaire n’offre aucune défense contre
une attaque terroriste.
Au contraire, il existe de réelles probabilités pour qu’un
État nucléaire soit jugé comme un acteur majeur auquel
incombe la responsabilité du désordre du monde et que,
de ce fait, il soit jugé comme une cible potentielle par des
groupes terroristes.
Image : L’attentat contre les Twin Towers à New York le 2
septembre 2001
Des armes non seulement inutiles,
mais nuisibles
Les armes nucléaires ne servent à rien non plus
- pour combattre le crime transnational, les paradis
fiscaux
- pour prévenir les conflits ethniques et religieux,
- pour arrêter la guerre cybernétique.
Par les dépenses qu’elles occasionnent au détriment
de causes vitales et urgentes (lutte contre la faim, la
misère, la maladie, l’exclusion, l’analphabétisme, etc.),
elles engendrent l’instabilité et l’insécurité.
Quelques paroles de responsables politiques
sans langue de bois…
« Dans le monde d’aujourd’hui, les armes nucléaires ne sont d’aucune utilité
pour faire face aux menaces contre la sécurité. (…)
Si elles servent à quelque chose, c’est à diminuer la sécurité de tous les
États, y compris de ceux qui les possèdent. (..)
Les armes nucléaires engendrent l’instabilité et l’insécurité. Elles accroissent
le sentiment d’injustice. »
Le représentant du Brésil à la 8ème conférence
d’examen du TNP, New-York, 3 mai 2010
sans langue de bois…
« La pérennité de dispositifs de défense basés sur l’arme
nucléaire revient en fait à continuer de jouer de façon
irresponsable avec le futur de l’humanité. (…)
L’arme nucléaire est à la fois inutilisable, immorale et illégale ».
Micheline Calmy-Rey, ministre des Affaires étrangères
de la Suisse, 8ème conférence d’examen du TNP,
New-York, 3 mai 2010
La prolifération des armes nucléaires
La dissuasion nucléaire est dangereuse
•
à cause de la prolifération dans le monde :
Il y a dans le monde 20 000 armes nucléaires en
service, dont 1 800 en état d’alerte.
La puissance de destruction moyenne de chacune
étant d’environ 30 fois celle de la bombe
d’Hiroshima, cela signifie que les États dotés
d’armes nucléaires possèdent l’équivalent de
600 000 bombes d’Hiroshima.
Les risques d’accident
•
à cause des risques d’accidents.
Selon le journaliste Éric Schlosser, au moins 700 accidents ou
incidents mettant en cause 1 250 armes nucléaires auraient été
eu lieu pour la seule période 1950-1968.
Le 23 janvier 1961, un bombardier B 52 de l’US Air Force laisse
échapper ses deux bombes H au-dessus de Goldsboro, en
Caroline du Nord. L’une d’elles (260 x Hiroshima) termine sa
course dans les branches d’un arbre, son parachute déployé et
ses mécanismes de sécurité désactivés. Seul un petit interrupteur
à faible voltage permet d’éviter la catastrophe. Si la bombe avait
explosé, les villes de Washington, Baltimore, Philadelphie et NewYork auraient pu être touchées.
Photo : Bombardier B52 larguant des bombes classiques
Les risques d’accident
Le 17 janvier 1966, 2 avions se percutent au-dessus de la
Méditerranée. Des quatre bombes H que transportait le B 52,
trois sont retrouvées à terre près du village de Palomares en
Andalousie. 2 sont détruites à l'impact au sol, dispersant
environ 4,5 kg de plutonium sur 250 hectares. La 3ème bombe
touche le sol et reste presque intacte. La 4ème, tombée dans la
mer, est récupérée intacte après 2 mois et demi de
recherches. (photo du haut)
Un responsable du Pentagone a révélé, le 27 octobre 2010,
que l’armée américaine avait perdu le contact, quatre jours
plus tôt, pendant 45 minutes, avec 50 missiles nucléaires
balistiques intercontinentaux d’une portée de 5 500 km. Une
panne informatique est à l’origine de cet incident… (Le Monde
daté du vdi 29 octobre 2010)
Photo du bas : Missile balisique intercontinental dans son silo
La dissuasion nucléaire bafoue la démocratie
Par sa structure même, la dissuasion nucléaire implique
la démission des citoyen(ne)s qui abandonnent leur
destin à la seule décision du Président de la République.
Par les pouvoirs qu’elle confère au Chef d’État, l’arme
nucléaire instaure de facto une monarchie absolue de
droit divin qui écarte et éloigne le peuple de décisions qui
concernent son existence.
De même que Louis XIV, le Roi Soleil, disait : « L’État,
c’est moi », François Mitterrand a pu dire : « La bombe
atomique, c’est moi » [1]
[1] Intervention de F. Mitterrand sur la politique de défense de la France,
5 mai 1994.
La dissuasion nucléaire est un gouffre
financier…
Elle engloutit des sommes gigantesques. Le coût de
l’arsenal nucléaire français de 1945 à 2010 est
estimé à 228,67 milliards d’euros. [1]
La France a effectué 210 essais nucléaires, dont 146
en Polynésie, et doit maintenant indemniser les
victimes…
Images
- Les essais nucléaires à Reggane, dans le Sahara algérien, ont
précédé les essais en galerie dans le Hoggar (1960-1966)
- Les essais nucléaires à Mururoa et Fangataufa, dans l’océan
Pacifique (1966-1996)
- Le site Laser Mégajoule au Barp, en Gironde, où sont faites des
simulations informatiques d’explosions nucléaires.
[1] Brunot Barillot, Audit Atomique, Centre de documentation et de recherche sur la
paix et les conflits (CRDPC)
…pour une crédibilité douteuse
Le 5 mai 2013, échec du tir-essai d’un missile M51 lancé
par le sous-marin Le Vigilant dans la baie d’Audierne au
large de Penmarc’h (56 tonnes, 120 millions d’€ par
missile selon les chiffres officiels). Le Ministère de la
Défense indique que les conclusions de la commission
d’enquête seront tenues secrètes : "secret défense"…
Le 11 juin 2013, le quotidien Le Télégramme révèle des
failles dans le dispositif de sécurité de la base des sousmarins nucléaires de l'Ile Longue (Finistère) où un espion
ou un saboteur peut rentrer très facilement.
"Pourquoi les nombreux camions-bennes et toupies qui y
pénètrent, et qui peuvent cacher de grandes quantités
d'explosifs ou de nombreuses personnes, ne sont-ils pas
systématiquement inspectés ?"
Alors que la société démocratique doit être
défendue contre les dangers qui la menacent…
Aucun peuple ne peut se passer d'une défense qui
assure sa sécurité.
Mais les menaces réelles et nouvelles qui pèsent sur
nos sociétés ne sont plus le déferlement d’unités
armées poursuivant des objectifs de conquête ou
d’asservissement.
Elles sont d’une toute autre nature : le fanatisme,
l’intégrisme religieux, le terrorisme, les crises
pétrolières, alimentaires, économiques ou écologiques,
le délitement de la société minée par le chômage, etc.
Images :
Le génocide au Rwanda en 1994 : 800 000 morts
… la dissuasion nucléaire démobilise la
population au sujet de sa défense
Comme naguère la ligne Maginot face au
nazisme,
(photo ci-contre)
le risque principal de la dissuasion
nucléaire, est de démobiliser la population
au sujet de sa défense, et de la laisser
complètement démunie en cas de crise ou
d'agression, d'où qu'elle vienne.
L’improbabilité du désarmement nucléaire
multilatéral
Le traité de non prolifération (TNP) introduit de manière
discriminatoire un déséquilibre dans les rapports entre les États.
Il exige que les États non nucléaires renoncent à acquérir l’arme
nucléaire alors même que les États nucléaires (USA, Russie, GB,
France, Chine) n’ont pas renoncé à les posséder.
L’improbabilité du désarmement nucléaire
multilatéral
Les États nucléaires qui ne l’ont pas signé
(Inde, Israël, Pakistan) ne subissent pas la
menace de sanctions.
Corée du Nord, Arabie saoudite, Iran, Syrie
possèdent ou peuvent posséder l’arme
nucléaire.
L’Allemagne et le Japon, géants économiques
et politiques, n’ont pas l’arme nucléaire…
Le Brésil et l’Afrique du Sud y ont renoncé et
s’en portent mieux…
La France poursuit la course aux armements
Le Traité d’Interdiction Complète des Essais
nucléaires (TICE), signé par la France en
1998, vise l’interdiction universelle des
essais nucléaires.
Or la France poursuit le programme Laser
Mégajoule qui permettra d’atteindre en
laboratoire des conditions
thermodynamiques (densité, pression,
température) similaires à celles rencontrées
lors d’un essai nucléaire.
Photo : Le Centre Laser Mégajoule au Barp (Gironde)
La mauvaise foi de la France
De même, le programme de construction de 60
missiles balistiques intercontinentaux M-51 destinés
à remplacer les missiles M-45 de la Force océanique
stratégique (FOST)
et le missile de croisière ASMP-A (Air Sol Moyenne
Portée Amélioré) de la composante nucléaire
aéroportée ne respectent ni l’esprit ni la lettre de
l’article VI du TNP.
Derrière toutes ces décisions se profile l’emprise des
lobbies de l’industrie d’armement sur les décideurs
politiques.
Images :
Missile intercontinental M 51
Missile de croisière ASPM-A
« Un discours faussement rassurant »
La force nucléaire totale de la France (dont la moitié est en
état d’alerte) c’est environ 2000 bombes comme celle
d’Hiroshima (et Hiroshima c’est plus de 200 000 morts), de
quoi tuer des centaines de millions d’êtres humains…
«La politique actuelle est celle d'un refus obstiné du
désarmement nucléaire, justifié par un discours faussement
rassurant et qui fournit des arguments à tous les
proliférateurs ».
Michel Rocard,
Le Monde 4 mai 2010
« La guerre nucléaire finira pas éclater »
« Tant que les grandes puissances conserveront l’arme
nucléaire, (…), d’autres pays voudront l’acquérir.
La guerre nucléaire qui faillit se produire par exemple
entre l’URSS et les États-Unis en octobre 1962 (crise de
Cuba) ou entre l’Inde et le Pakistan au printemps 2003
(crise du Cachemire), finira par éclater quelque part et ne
s’arrêtera pas aux frontières des premiers belligérants. »
Eva Joly et Jean-Marie Matagne
Pour un monde sans armes ni centrales nucléaires Sortir du nucléaire civil ne suffit pas, juin 2011]
La mentalité nucléaire
Le plus grave, et donc le plus inquiétant, c’est
le triomphe de la mentalité nucléaire qui inhibe
la conscience des citoyens.
Ceux-ci ont perdu toute faculté d’indignation
devant le fait que l’ingéniosité de l’homme se
pervertit dans la fabrication d’armes de
destruction massive.
La défaite de l’intelligence
L’existence même de l’arme nucléaire consacre
l’échec de toutes les morales, de toutes les
philosophies, de toutes les spiritualités, de toutes
les sagesses, de toutes les religions.
La dissuasion nucléaire est la défaite de la raison, la
défaite de la pensée, la défaite de l’intelligence.
Images
- Albert Einstein : « Si j’avais su, je me serais fait plombier »
- Mohandas Gandhi : « J’affirme que celui qui a inventé la bombe
atomique a commis la plus grande faute dans le domaine de la
science »
« Dernier degré de sauvagerie »
Le 8 août 1945, deux jours après l’explosion de la bombe
atomique sur Hiroshima, un jour avant qu’une seconde
bombe ne soit lancée sur Nagasaki, Albert Camus écrit
dans Combat :
« La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier
degré de sauvagerie. (…)
Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter
des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir
définitivement entre l’enfer et la raison ».
[1] Albert Camus, Actuelles, Chroniques 1944-1945, op. cit., p .82.
« La barbarie polytechnique »
Dans les dernières années de sa vie, Georges Bernanos
n’a cessé de protester contre la bombe atomique.
« La civilisation de la bombe atomique » est intolérable
et, face à elle, l’homme raisonnable ne peut qu’opposer
l’objection de sa conscience :
« À un monde de violence et d’injustice, au monde de la
bombe atomique, on ne saurait déjà plus rien opposer
que la révolte des consciences, du plus grand nombre
de consciences possible » [1].
En octobre 1946, il écrivait encore :
« La barbarie polytechnique menaçante n’a plus devant
elle que des consciences » [2].
•
[1] Georges Bernanos, Français si vous saviez, Paris, Gallimard, 1961,
p. 127.
[2] Ibid., p. 211
« La grande menace, c’est la bombe »
« La grande menace, c’est la bombe (…) La folie s’est déjà
manifestée à deux reprises… Hiroshima, Nagasaki… L’homme
d’Hiroshima a été brûlé, dépouillé, vidé par la bombe… Mais
avec lui, ce sont toutes nos raisons de vivre qui ont été
saccagées.
C’est pourquoi, autour de mon personnage, comme une pluie
de ruines, tombent les fleurs, les livres, la Croix, la Faucille et
le Marteau… La bombe n’épargne aucune idéologie, aucun
système. Elle anéantit toutes les pensées de l’homme, tout le
patrimoine culturel commun… A nouveau, les bibliothèques
d’Alexandrie flambent et s’anéantissent… Mais cette fois, c’est
un enlisement général. »
Jean Lurçat. Le chant du monde. Tapisseries à Angers
« Inutile, absurde, inemployable, criminelle »
« Par l’emploi des techniques nucléaires, le Mal vient de
bénéficier d’un brusque avancement. Voilà qu’une mutation
géante marque l’histoire de l’assassinat collectif. Un seuil
est franchi ».
Le rôle des Français « est en premier lieu de protester
contre la force atomique française – inutile, absurde,
inemployable aussi bien contre un adversaire plus fort que
contre un plus faible, éminemment dangereuse puisqu’elle
nous désigne pour cible, criminelle et inhumaine puisque sa
fonction est de frapper électivement les populations civiles ;
qui plus est, elle donne aux autres nations le mauvais
exemple en suscitant la malsaine émulation des
chauvinismes nucléaires. (…) La France n’a rien à faire
dans la galère atomique ».
Jean Rostand (1894-1977)
« Une assurance-mort »
« On mentionne souvent cette arme comme une assurance-vie
pour le pays. En réalité les assurances-vie ne servent qu’aux
survivants, la bombe s’apparente plutôt à une assurance-mort.
Et si c’est une assurance-vie, au nom de quel principe interdire
aux autres pays d’en disposer ? Si la dissuasion interdit toute
attaque nucléaire, pourquoi prévoir un coûteux bouclier antimissiles, dont l’existence signe l’échec de la logique de
dissuasion ? (…)
Il est indispensable et urgent de sortir de ce "mensonge"
français fait d’approximations, de contre-vérités, de slogans
répétés à l’envi, de silences et d’arguments d’autorité.
Paul Quilès, ex-Ministre de la Défense (1985-1986), exPrésident de la Commission de la défense nationale et des
forces armées de l'Assemblée nationale (1997-2002), Maire de
Cordes-sur-Ciel
« De telles armes sont totalement inadaptées
au contexte international »
« L’arme nucléaire est inutile, elle n’a plus de pertinence
stratégique. Elle est coûteuse : 3,5 milliards d’euros par
an, plus les coûts cachés. Elle est dangereuse, elle
devient un facteur d’instabilité, elle présente un risque de
déclenchement involontaire permanent, de banalisation et
de prolifération. »
Général Bernard Norlain, ex-chef du cabinet militaire du
Premier ministre Jacques Chirac puis de Michel Rocard,
Général de division aérienne (1989) puis Général de corps
d'armée aérien (1990), ex-directeur de l'Institut des hautes
études de défense nationale (IHEDN, 1994 à 1996),
membre de l’organisation internationale Global Zero
Initiative.
Colloque Pax Christi – Justice et Paix, 16 et 17 mars 2012
Le Point, 15 juillet 2012
« Le stupide tout ou rien nucléaire »
Le général de corps d'armée (en retraite) Jean-Claude
Thomann (photo) fait circuler en octobre 2013 le Manifeste des
Sentinelles de l’agora pour la sauvegarde des armées, qui
"regroupe de manière informelle des officiers généraux et
supérieurs des trois armées, de sensibilités diverses, mais
ayant de multiples expertises et membres de nombreuses
associations et institutions de Défense."
Ce Manifeste, qui préconise aussi "des citoyens en armes",
demande "un budget décent qui permette à nos soldats de
disposer de l’entraînement et des équipe-ments nécessaires, et
au politique de s’engager sans le soutien déterminant des
États-Unis, tout en évitant le stupide tout ou rien nucléaire."
Un héritage inutile du passé
L'arme nucléaire française n'assure pas notre sécurité
face aux menaces actuelles. Cette affirmation est
d'ailleurs contenue dans le rapport n°668 du Sénat de
juillet 2012 :
"S’il nous fallait dessiner aujourd’hui un format d’armées
partant de zéro, il est fort probable que la nécessité
d’acquérir une force de frappe nucléaire, avec de
surcroît deux composantes, ne ferait pas partie de nos
ambitions de défense."
Une double aliénation de l’homme moderne
En réalité, la croyance dans l’arme nucléaire se
fonde irrationnellement dans la confiance qui
nous a été inculquée par la civilisation moderne
dans la Technique et dans l’État.
Pour renoncer à la bombe, il faudrait que
l’homme d’aujourd’hui ait le courage d’oser se
libérer de cette double emprise qui le rend
inconscient et irresponsable.
En définitive, l’arme nucléaire est une idole,
celles et ceux qui lui rendent un culte sont des
idolâtres.
Et la bombe iranienne ?
Et la bombe nord-coréenne ?
Certains pourront dire : la dissuasion nucléaire nous met à
l’abri des armes nucléaires (existantes, supposées ou à venir)
de pays non démocratiques, tels que l’Iran et la Corée du
Nord.
La réponse tient en 2 points :
1 - Les bombes des pays démocratiques ne dissuadent pas
ces dirigeants de s’armer puisqu’ils le font…
On n’imagine pas une menace de frappe, nucléaire ou non,
pour obliger ces pays à arrêter leurs programmes d’armement
et de recherche.
Photos :
- Mahmoud Ahmadinejad (Iran, dictature islamique)
- Kim Jong-un (Corée du Nord, monarchie stalinienne)
Et la bombe iranienne ?
Et la bombe nord-coréenne ?
2 - Au contraire, les bombes atomiques des pays
démocratiques donnent un argument majeur aux
dictateurs : « Pourquoi, si l’arme nucléaire est
nécessaire à la sécurité de votre pays, n’aurions-nous
pas le droit de nous en doter nous aussi ? ».
Le seul langage crédible est celui de l’exemplarité.
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