Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège
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Octobre 2009 /187
Guide pratique
Vaincre les troubles éjaculatoires par la lecture
Il y a un an, une équipe de chercheurs de l'ULg emmenée par Robert Andrianne (service d'urologie),
Philippe Kempeneers (psychologie clinique, comportementale et cognitive) et Sabrina Bauwens
(sexologue), mettait au point une brochure intitulée "Guide pratique de l'éjaculation précoce", en
collaboration avec la province de Liège. Si l'évocation du sujet chatouille souvent le coin de la bouche, il
relève davantage de la problématique pour près d'un homme sur trois puisque les études épidémiologiques
semblent indiquer que 20 à 30% des hommes en souffrent, ce qui en fait le trouble sexuel masculin le plus
fréquemment observé.
Alternative
Le guide pratique incarne une application du principe de bibliothérapie, proposé en alternative ou en
complément d'autres formes de prise en charge. La bibliothérapie a déjà été expérimentée dans des
problématiques diverses telles que les troubles anxieux modérés, les excès pondéraux ou les phobies de
l'avion. Le guide pratique de l'éjaculation précoce présente avec clarté des moyens efficaces et simples
d'action, notamment des techniques masturbatoires. L'instrument se veut au faîte des connaissances
actuelles, peu onéreux et à la fois curatif et préventif.
Il restait à en tester l'efficacité clinique. La chose fut faite avec le soutien de la province de Liège, dans le
cadre d'une étude baptisée BibliothEP (la terminaison reprend les initiales du trouble). « 400 volontaires
masculins ont été recrutés par la presse et ont reçu la brochure, explique Philippe Kempeneers. Interrogés
après six mois d'utilisation, beaucoup d'entre eux ont fait état d'une amélioration significative. » Et le
même d'ajouter : « Il faut souligner que les problèmes d'éjaculation précoce sont généralement liés à
une souffrance marquée et à des difficultés ressenties par les deux partenaires. Les hommes concernés
consultent peu, probablement en partie parce qu'ils ressentent une gêne à en parler. La bibliothérapie, entre
autres par son côté dédramatisant, semblait donc un outil particulièrement adapté. »
Mais qu'est-ce qui définit un éjaculateur précoce ? A cet égard, Robert Andrianne rappelle une divergence
entre médecins et sexologues : « Les médecins prennent généralement en compte les éjaculateurs qui
ne dépassent pas le seuil des deux minutes. Or, dans la mesure où ils intègrent davantage la souffrance,
les sexologues englobent également les patients allant au-delà de six ou sept minutes. ». Cela dit, des
aggravants existent (anxiété, croyances sexuelles inadéquates, difficultés relationnelles) et une première
observation, encore à démontrer, tendrait aussi à mettre en lumière une prédisposition génétique. « Toutes
ces questions pourront désormais être abordées au cours de médecine sexuelle qui sera probablement
ouvert en faculté de Médecine, annonce le Dr Andrianne. Jusqu'à présent, ces notions étaient abordées
par bribes à travers d'autres spécialités. Dorénavant, elles le seront plus globalement et cela permettra
aussi aux praticiens d'être plus à l'aise avec ces questions. » Par ailleurs, depuis 1996 déjà, l'Ecole de santé
publique de l'ULg organise un master spécialisé en sexologie destiné aux professionnels d'horizons divers.
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