30 / Décembre 2012
promotion de la santé psychologique sont aussi
des éléments importants de cette norme. « Tout
ce qui entoure la stigmatisation est une barrière
importante », ajoute MmeDucharme.
Cette norme a été conçue afin de pouvoir
s’appliquer à tous les milieux de travail, qu’il
s’agisse de petites, moyennes ou grandes
entreprises. Elle comprend cinq éléments, soit
l’engagement, le leadership, la participation à
tous les niveaux, la confidentialité et la
planification. Elle compte aussi quatre
exigences, dont l’élimination des dangers. « Il
faut définir quels sont les facteurs de risque,
qu’ils soient liés aux employés ou à
l’environnement de travail. Dans une banque,
par exemple, le vol à main armée est un facteur
de risque. On ne peut pas l’éliminer mais on
peut offrir des systèmes d’alarme ou des
formations aux employés. » Parmi les quatre
exigences, on trouve aussi l’éducation, la
sensibilisation et la communication. « On
s’attend à ce qu’il y ait un effort supplémentaire
mis sur cet aspect. Bien sûr, les gestionnaires ne
doivent pas penser qu’ils vont implanter la
norme en six mois. Il faut se donner du temps
pour que les changements apportés aient un
effet durable », conclut MmeDucharme.
Une entreprise avant-gardiste
BellCanada n’a pas attendu la publication d’une
norme pour agir. En septembre 2010, l’entreprise
a lancé un fonds de 50 millionsde dollars sur
cinq ans pour soutenir l’accès aux soins en santé
mentale. Afin de prêcher par l’exemple, une telle
initiative a nécessité la mise en place d’un plan
d’action au sein même de ses bureaux.
« Désormais, nous sommes beaucoup mieux
équipés pour faire face aux problèmes de santé
mentale, même si les cas difficiles existeront
toujours », se réjouit LucieDutil, vice-présidente
aux ressources humaines chez BellCanada.
Les outils développés par l’entreprise de
communication sont nombreux, allant d’un site
Web dédié aux employés à la formation des
gestionnaires. « Chaque semaine, les employés
reçoivent des communications sur la santé
mentale et nous organisons des déjeuners-
causeries, des conférences et des ateliers, indique
MmeDutil. Nous avons mis en place un
Programme d’aide aux employés et la famille
(PAEF) et le nombre d’appels a augmenté de
35% depuis 2011. Le message est passé et les
employés utilisent beaucoup mieux cet outil ! »
BellCanada a également revu le processus de
retour au travail des employés. « Chaque personne
est suivie par un gestionnaire de cas qui a des
connaissances en santé mentale. De plus, nous
nous assurons de planifier le retour au travail et
de maintenir une communication constante avec
l’employé, ajoute MmeDutil. Ces initiatives nous
ont permis de réduire la durée de l’absentéisme et
de réduire les rechutes. »
Outiller les gestionnaires
Chez BellCanada, comme ailleurs, on reconnaît
que pour agir en santé mentale dans les milieux
de travail il est essentiel d’informer, d’équiper et
de conscientiser les gestionnaires. « Il faut aider
les gestionnaires à voir qu’ils ont un impact sur
leurs employés, insiste MmeDutil. Chez Bell,
nous avons publié des guides pour qu’ils
reconnaissent les signes précurseurs d’un
problème de santé mentale, pour qu’ils engagent
la conversation avec l’employé et pour qu’ils
obtiennent du soutien pour lui. Nous sentons
une plus grande ouverture d’esprit; les
gestionnaires sont plus engagés. »
Parler de santé mentale aux gestionnaires
permet de déstigmatiser le problème, ajoute
Marie-érèseDugré, psychologue et
présidente de Solareh. « S’ils sont bien outillés
pour observer les employés au jour le jour, les
gestionnaires peuvent diminuer l’émergence de
problèmes de santé mentale », dit-elle. Pour ce
faire, il faut leur apprendre à observer les
comportements et les aptitudes de leurs
employés pour mieux détecter les signes
avant-coureurs. « Tout changement significatif
dans le comportement verbal ou non verbal,
dans l’attitude ou dans le rendement d’un
employé mérite qu’on s’y attarde, indique
MmeDugré. Si ces problèmes persistent durant
deux semaines, le gestionnaire a la
responsabilité d’agir.Il doit comprendre que la
pire option est de ne pas agir. »
Tous les intervenants s’entendent pour dire que
la clé du succès d’un programme de prévention de
la maladie mentale en entreprise, c’est la volonté
des dirigeants. « Si on veut changer quelque chose
dans l’entreprise, il faut commencer par la tête,
insiste le DrGarant. Il faut que cela vienne d’en
haut. Il faut que les dirigeants soient convaincus.
L’étape de sensibilisation des dirigeants est donc
essentielle. » Pour illustrer l’esprit d’équipe qu’il est
souhaitable d’instaurer pour améliorer la santé
des employés, MmeDugré donne l’exemple des
outardes qui voyagent toujours en groupe.
« Lorsqu’une outarde ne peut plus continuer, elle
ne s’arrête jamais seule, mais accompagnée de
deux autres outardes. Et c’est à trois qu’elles vont
repartir. C’est ce que je nous souhaite ! »
Santé mentale en milieu de travail
Les présentations du colloque sur la santé mentale peuvent être
téléchargées à partir du site Web avantages.ca/santementale2012.
Lucie Dutil
Marie-Thérèse Dugré
Dr Jacques Garant