PCSI – Lycée Brizeux Sébastien Gruat Activité
En utilisant les impulsions à un photon émises par le même centre coloré NV, nous nous proposons maintenant de
visualiser la construction photon par photon des franges d’interférence, de façon à compléter l’expérience
précédente et obtenir ainsi une nouvelle illustration de la dualité onde-corpuscule pour un photon unique.
Une caméra CCD intensifiée est positionnée dans la zone de recouvrement des deux fronts d’onde déviés par le
bi-prisme (figure 11). Le calcul de l’interfrange dans l’approximation des petits angles pour ce système
interférentiel conduit à
où est l’indice de réfraction du bi-prisme et son angle au sommet. Le bi-
prisme que nous avons utilisé est réalisé en verre borosilicate B1664 19, d’indice à la longueur l’onde
, et il présente un angle au sommet . Ces paramètres conduisent à un interfrange
pour la longueur d’onde correspondant au pic de photoluminescence des centres colorés NV.
La résolution spatiale de la caméra, qui est limitée par la taille d’un pixel de l’ordre de , n’est pas suffisante
pour pouvoir enregistrer directement avec une bonne résolution la figure d’interférence. Pour contourner ce
problème, un oculaire de grandissement ×10 est positionné entre le bi-prisme et la caméra CCD.
La caméra fonctionne en mode de comptage de photon, permettant ainsi de fixer un seuil de détection afin
d’optimiser le rapport signal à bruit, en limitant au maximum le nombre de coups d’obscurité de la caméra. Lorsque
le nombre de photoélectrons sur un pixel de la caméra CCD est inférieur à la valeur seuil, le signal est compté 0 et
1 sinon.
Nous avons ainsi réalisé une accumulation de 2000 clichés, équivalente à la détection d’environ photons.
Nous mettons ainsi en évidence le comportement ondulatoire d’un photon unique. Les franges d’interférence ne
peuvent en effet se comprendre qu’en considérant l’image classique d’une onde se séparant en deux sur le bi-
prisme et se recombinant sur le détecteur. Cette représentation est incompatible avec l’image classique associée
au résultat de l’expérience précédente, qui démontre une anticorrélation entre les détections sur les deux voies de
sortie du bi-prisme de Fresnel.
Nous venons de réaliser au moyen du bi-prisme de Fresnel deux expériences dont les interprétations utilisant une
représentation classique d’onde ou de corpuscule sont contradictoires.
La première expérience met en évidence une anticorrélation entre les détections sur les deux voies de sortie du bi-
prisme de Fresnel. Ce résultat ne peut s’interpréter intuitivement qu’en considérant l’image d’une particule
indivisible, choisissant un des deux chemins de l’interféromètre, mais jamais les deux à la fois.
Dans la deuxième expérience, la figure d’interférence enregistrée ne peut se comprendre qu’en considérant une
onde, se divisant pour moitié sur le bi-prisme de Fresnel, se propageant suivant les deux chemins de
l’interféromètre, pour finalement se recombiner dans le plan d’observation où la caméra CCD est positionnée. La
différence de chemin optique entre les deux chemins conduit alors au phénomène d’interférence.