2 – CONCEPTS QUANTIQUES Ondes et particules à l'échelle atomique Certaines expériences mettent en échec la conception reposant sur les notions distinctes d'onde et de particule, et ne peuvent plus être interprétées dans le cadre de la physique classique. 1er exemple : l'effet photoélectrique Un rayonnement ultra-violet irradiant une plaque de métal provoque l'expulsion d'électrons du solide. Phénomène mis en évidence par Hertz (1887), puis par Lenard qui identifie les électrons (1899), et interprété par Einstein (1905). On effectue des séries d'expériences avec un montage qui permet de mesurer le nombre d'électrons éjectés (∝ courant électrique) et leur énergie cinétique. rayonnement monochromatique fréquence ν puissance P photocathode photoélectrons tube à vide anode collectrice tension variable V (positive ou négative) mesure du courant i 12 1ère série d'expériences : lumière de fréquence ν fixée • On mesure le courant photoélectrique en fonction de la tension V, pour une puissance lumineuse donnée. • On trace ces courbes lumineuses incidentes. pour différentes i saturation imax V0 0 puissances puissance lumineuse croissante V • on mesure le nombre d'électrons émis en faisant varier la tension jusqu'à obtenir le courant de saturation qui permet de collecter tous les électrons. • on mesure l'énergie cinétique des électrons émis en faisant varier la tension jusqu'à la valeur V0 négative qui annule le courant. On a alors : − e ⋅ V0 = Ecin Constatations L'énergie cinétique des photoélectrons ne dépend pas de la puissance lumineuse incidente. Par contre, le nombre de photoélectrons varie linéairement avec la puissance lumineuse. 13 Contradiction avec un comportement purement ondulatoire de la lumière... imax La puissance lumineuse, proportionnelle à l'énergie transportée et cédée au solide, devrait agir sur l'énergie cinétique des électrons émis. Puissance lumineuse 2ème série d'expériences On enregistre une série de courbes courant - tension pour différentes fréquences du rayonnement. i V0 diminue 0 Ecin augmente fréquence ν croissante V Constatations L'énergie cinétique des photoélectrons varie linéairement avec la fréquence. 14 Ecin pente h 0 νseuil ν Eseuil La pente de la droite est indépendante de la puissance lumineuse du rayonnement. Pas d'émission en-dessous d'une certaine fréquence-seuil. 3ème série d'expériences On change la nature du métal émetteur (photocathode). Constatations La pente de la droite est indépendante de la nature du métal. Elle est égale à la constante de Planck : La fréquence νseuil h = 6,626 ⋅ 10 − 34 J⋅s est caractéristique du métal. Conclusion et interprétation L'équation de la droite s'écrit sous la forme : Ecin = h.ν - h.νseuil = h.ν - Eseuil 15 ou encore : h.ν = Ecin + Eseuil Les électrons liés au métal (énergie potentielle négative), peuvent être décrits comme des particules dans un "puits de potentiel", "rempli" par ces électrons jusqu'à un certain niveau. Energie des électrons Ecin hν 0 Eseuil Puits de potentiel Pour extraire un électron il faut fournir une énergie au moins égale à une énergie-seuil caractéristique du métal (appelée aussi énergie d'extraction ou travail d'extraction). L'équation hν = Ecin + Eseuil apparaît comme l'expression de la conservation de l'énergie. L'énergie d'une lumière de fréquence ν se manifeste sous la forme hν d'un quantum d'énergie ne pouvant être cédé qu'à un seul électron. Le rayonnement se comporte ici comme un corpuscule - le photon - dont l'énergie quantifiée est : E = h ν (où h est la constante de Planck). L'échange d'énergie entre la matière et le rayonnement s'effectue par nombres entiers de photons. 16 On peut noter aussi, qu'une quantité de mouvement associée au photon comme pour un corpuscule matériel. p= E hν h = = c c λ r p est (où c est la vitesse de la lumière) On est donc passé du comportement d'une onde à celui d'une "particule". Remarque : si on utilise la pulsation ω = 2π ν au lieu de la fréquence, on peut définir la constante de Planck sous la forme : h= h − 34 J⋅s = 1,054 10 2π (lire L'énergie du photon s'écrit alors h barre) E =hω 2ème exemple : l'expérience de G.P. Thomson Diffraction des électrons Les électrons (ou d'autres particules) peuvent manifester un "comportement ondulatoire" et donner naissance, par exemple, à des phénomènes de diffraction. Faisceau d’électrons monocinétiques Fine feuille d’or (micro-cristaux) Plaque photographique 17 Les électrons produisent une figure de diffraction semblable à celle que l’on aurait observée avec un faisceau de rayons X. Les anneaux de diffraction sont parfaitement décrits par la relation de Bragg et correspondent à une longueur d’onde telle que : λ= h p D'où, l'hypothèse de L. de Broglie (1923), à l'origine de la "mécanique ondulatoire" : A toute particule matérielle en mouvement, est associée une onde, dont la longueur d'onde vérifie la relation λ= h h = mv p Conclusion générale : concept quantique Classique Quantique ONDES PARTICULES Similitudes entre les ondes et les particules lors de leurs interactions avec la matière. Les "caractères" onde et particule sont indissociables et complémentaires. On parle de dualité onde-corpuscule... La manifestation de l'un ou de l'autre de ces deux aspects dépend de la nature du phénomène observé et de la façon de l'observer. 18 concept classique d'onde fréquence concept quantique unifié ν longueur d'onde concept classique de particule E = hν λ λ= Noter qu'une particule de masse caractérisée par : - une quantité de mouvement : - une énergie cinétique : énergie h p E impulsion p m, animée d'une vitesse v, est p = mv Ecin p2 = mv = 2 2m 1 2 Ceci conduit à des relations entre l'énergie et la longueur d'onde, différentes pour le photon et l'électron. Relations énergie-longueur d'onde photon λ= h hc = p E électron λ= h = p h 2mE 19 Interaction rayonnement-matière et bases de l'analyse spectrométrique du rayonnement Les différents domaines du rayonnement électromagnétique (la "lumière" au sens large) sont caractérisés par la gamme d'énergie des photons correspondants : hc λ E= Cette énergie est généralement exprimée en électron-Volt (eV). −19 1 eV = 1,6022 ⋅ 10 J Lors de l'interaction de la lumière avec la matière, les différents domaines d'étude sont directement liés à l'énergie des photons mis en jeu. λ (nm) 10 9 10 microondes -6 10 6 3 10 infrarouge -3 10 1 -3 1 10 ultraviolet rayons X 3 10 rotation vibration excitation moléculaire moléculaire électrons de valence 6 10 Energie (eV) excitation électrons de cœur Si l'on veut sélectionner une énergie, ou analyser une lumière émise ou absorbée par la matière, il faut obtenir la répartition spectrale en énergie. Principe de l’analyse spectrométrique de la lumière L'analyse de la lumière permet d'obtenir l'intensité lumineuse correspondant à chaque énergie (ou longueur d'onde). 20 Une lumière blanche passe à travers un monochromateur (prisme + lentilles, dans le cas de la lumière visible) qui disperse les différentes longueurs d'onde dans des directions différentes. lentilles et fente monochromateur Source de lumière blanche Plaque photographique Spectre de la lumière visible émise Spectres continus et spectres de raies spectre de raies spectre continu I I Enregistrements avec mesure de l’intensité lumineuse λ λ λ λ Enregistrements sur plaque photo 21 Spectres d'absorption et spectres d'émission Spectre d’émission continu lumière blanche analyse Spectre d’absorption de raies lumière blanche échantillon gazeux absorbant analyse Spectre d’émission de raies excitation d’un gaz dans un tube à décharge analyse 22