BIOLOGIE RENE DESCARTES N°2 Mai 2003 Edité par la faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Paris 5 4 avenue de l’Observatoire, 75006 Paris avec le soutien FAIP de l’Université René Descartes. JOURNAL SCIENTIFIQUE BIOLOGIE RENE DESCARTES LE COMITE EDITORIAL Membres étudiants Riad ABES Arnaud AUTRET Emmanuelle FOURMENTRAUX, Xavier GARCIA, Jérôme GILLERON, Emilie GRASS, Tarek HASNI, Antoine JARRET, Héloïse LAMBERT, Audrey LE FLOC'H, Julien MATRICON, Sara PAKDOUST, Béatrice SPILUTTINI, Astrid VALETTE. L'équipe du Journal Véronique HANIN-PAULINO, Virginie LASSERRE, Dominique MARTIN, Anne-Judith WALIGORA. Membres enseignants S. LACASSIE, D. ROBIC, C. MOINARD, T. NOËL, JP CLOT, P. MANIVET, H. ROUACH. Membre d'honneur Pr Dominique DURAND, Doyen de la faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques. SOMMAIRE Editorial page 2 La revue de synthèse en immunologie page 3 en géologie page 7 Les brèves page 8 Le futur… page 18 Le bloc-notes page 22 Sciences et loisirs page 24 La photo de promo page 26 EDITORIAL Par l’équipe du Journal Une idée, un projet pédagogique, son appropriation par les étudiants... ont côtoyé "science et formation". La belle aventure s'est poursuivie en 2002-2003 et donc, comme promis, voici le deuxième numéro de notre… "Journal Scientifique Biologie René Descartes" avec des nouveautés... Un petit d'histoire... Ce projet a été initié l'année dernière lors des TD d'immunologie par Véronique HaninPaulino avec les étudiants en licence de la filière scientifique. Le point de départ du premier numéro a été une revue de synthèse sur le renouveau des anticorps monoclonaux. Cette année, l'enseignement d'immunologie est optionnel. La nouvelle promotion avait le choix entre deux options, l'immunologie et la géologie. Pas de problème ! Une nouvelle rubrique est née : revue de synthèse… en géologie grâce à la participation active de Serge Lacassie, enseignant en géologie. Une nouvelle promotion a été concernée par ce journal mais quelques "anciens", étudiants en maîtrise, ont aussi tenus à poursuivre cette aventure. Nos étudiants ont montré un intérêt particulier et acharné à la réalisation des articles. Ils ont pris conscience que la rédaction d'articles scientifiques demandait rigueur et précision. Pour les étudiants de maîtrise, nombreux étaient ceux qui désiraient nous faire partager leur expérience de stage. Malheureusement, des clauses de confidentialité ne nous ont pas permis d'éditer leurs articles... Nos étudiants ont su aussi s'approprier la maquette de ce journal : une nouvelle couverture, des changements dans la mise en page, une nouvelle rubrique... C'est avec joie que nous avons vu, au cours des mois, ce journal devenir LEUR journal. Nous ne pouvons que les remercier de cette participation active et chaleureuse avec un grand merci particulier à Antoine Jarret dont les magnifiques dessins illustrent le journal ainsi qu’à Emilie Grass et Char- lotte Folcher pour les superbes photos de promotion. Tous les étudiants ont participé à ce journal par le biais des revues de synthèse. Certains étudiants ont continué l'aventure en présentant des articles sur des thèmes de leur choix. Nous espérons que vous prendrez le même plaisir que celui que nous avons eu à découvrir leur passion, leur sujet d'intérêt... C'est ainsi que devant un article délicat, nous avons demandé l'aide de notre collègue, AnneJudith Waligora, microbiologiste. L'équipe du journal a donc un membre en plus que nous remercions pour sa collaboration. Un petit bilan sur le premier numéro... 200 exemplaires "papier" ont été distribués grâce au soutien du Fond d'Aide à l'Innovation Pédagogique (FAIP) de notre Université. A chaque exemplaire, était joint un questionnaire d'impact et d'évaluation. Seulement 32 réponses... mais si porteuses. Nous avons tenté de tenir compte dans ce nouveau numéro des petites critiques qui nous avaient été formulées. Merci pour votre collaboration. Ce deuxième numéro devrait être tiré à 300 exemplaires grâce à la participation financière de notre composante. Bref, un bilan positif ! Nous, étudiants et enseignants, sommes ravis d'avoir atteint notre objectif dans un contexte scientifique rigoureux et néanmoins dans une ambiance si sympathique. Un bémol... Véronique HaninPaulino, initiatrice et chef d'orchestre principal de ce projet, a obtenu une délégation auprès du CNRS à Montpellier pour travailler dans le domaine de la valorisation de la recherche. A distance, elle a tenu à maintenir sa collaboration. Nous tenons à lui rendre hommage pour son idée, sa persévérance, son énergie fédératrice... qui ont fait naître puis vivre ce journal. Nous, étudiants et enseignants lui dédions ce journal. Merci pour tout ! Rendez-vous pour le prochain numéro prévu pour l’année universitaire 2003/2004 ! REVUE DE SYNTHESE en immunologie DES LYMPHOCYTES T "NON CONFORMISTES" : LES CELLULES NKT Par les étudiants de licence, option immunologie LES CELLULES NKT : NATURE ET CARACTERISTIQUES Les cellules NKT sont considérées comme une sous-population particulière de lymphocytes T, cellules spécialisées de la défense immunitaire dite adaptative. La première particularité d'une cellule NKT par rapport au lymphocyte T est d'exprimer à sa surface deux récepteurs spécifiques chacun d'un type de cellules : le récepteur TCR (T Cell Receptor de type α,β) des lymphocytes T et le récepteur NKR des cellules NK (Natural Killer cells), cellules tueuses de la défense immunitaire dite naturelle. Ce récepteur NKR, correspondant au marqueur membranaire CD161 dans le système de nomenclature internationale, est appelé NK1.1 chez la souris et NKR P-1 chez l'homme. La deuxième particularité est que, à la différence des lymphocytes T qui reconnaissent essentiellement des antigènes de nature protéique, la majorité des cellules NKT reconnaissent par leur TCR des antigènes de nature glycolipidique présentés par des molécules spécifiques de la famille des CD1 à la surface des cellules présentatrices d'antigènes (CPA). Parmi ces molécules de la famille des CD1, on retrouve surtout la molécule CD1d spécialisée dans la présentation de glycolipides au TCR de ces cellules NKT. Cette interaction avec le TCR active des signaux intracellulaires induisant la production spécifique de cytokines, en particulier l'interféron γ (IFNγ) et l'interleukine-4 (IL-4). Les cellules NKT sont majoritairement retrouvées dans le foie, la rate, la moelle osseuse et le thymus. Elles sont classées en cinq types, différenciés principalement par leur localisation, la spécificité du TCR exprimé, et leurs corécepteurs. De plus, parmi ces 5 classes, on distingue les cellules NKT CD1dépendantes et CD1-indépendantes. A titre d'exemple, nous décrirons le prototype NKT (souris), appelé type 1+ ou Vα14+TCR, retrouvé dans le thymus, le foie, la rate et la moelle osseuse. Le TCR exprimé est une chaîne α invariante Vα14/Jα18 produite à partir d’un réarrangement du gène variable Vα14 avec le gène Jα18, formant ainsi une région invariante CDR3α (Complementarity Determining Region 3α). Pour cette cellule prototype, la chaîne α invariante s'associe à une chaîne β de type Vβ8.2, Vβ7 ou Vβ2 pour former un TCR spécifique de ligands antigéniques glycolipidiques de type α-galactosecéramide ou α-GalCer. Ce dernier est un glycolipide de synthèse présenté par CD1d, qui a permis d’identifier expérimentalement ce type cellulaire, les ligands naturels n’étant pas encore identifiés. Les co-récepteurs exprimés sur le type 1+ sont CD4+, mais les cellules peuvent être aussi double négatives (DN = CD8-/CD4-). La cellule exprime également le récepteur NK1.1. Les spécificités des quatre autres types de cellules NKT sont décrites dans le tableau ci-dessous. ¦ Type cellulaire I+ I- II III IV Répertoire du TCR α invariant : Vα14/Iα18 β invariant : Vβ8.2/7/2 α invariant : Vα14/Iα18 β invariant : Vβ8.2/7/2 Semi-divers : Vα3.2 Jα9 Vα8, Vβ8 Vα divers Vβ divers Vα divers Vβ divers Co-Récepteur CD4+ ou DN CD4+ ou DN CD4+ ou DN CD4+, CD8+ ou DN CD4+, CD8+ Spécificité du TCR Récepteur des cellules NK α-GalCer α-GalCer Autre glycolipide Agoniste du soi Non déterminé DX5NK1.1+ DX5(?) NK1.1- DX5(?) NK1.1+/- DX5+/NK1.1+ DX5+ NK1.1+/- Thymus, foie, rate, moelle osseuse Thymus, foie, rate, moelle osseuse Thymus (?), foie, rate, moelle osseuse (?) Foie, rate, moelle osseuse (?) Thymus (?), foie, rate, moelle osseuse Localisation CD1 dépendant Il est à noter que le groupe IV a été mis en évidence grâce à l’anticorps DV5, dirigé contre une intégrine spécifique de ce type cellulaire. CMH dépendant Sont notées en rouge les principales différences. (?) indique une localisation incertaine. Page 3 REVUE DE SYNTHESE en immunologie DEVELOPPEMENT ET SELECTION DES CELLULES NKT Les cellules précurseurs des NKT prennent naissance dans la moelle osseuse puis rejoignent le thymus pour y subir les premières étapes de leur maturation. A la fin de ce processus de maturation, ces cellules quittent le thymus et migrent vers les organes lymphoïdes secondaires, où elles acquièrent le marqueur NK1.1. Deux modèles théoriques sont actuellement proposés concernant le mode de maturation des NKT CD1ddépendantes (Cf. figure). Le modèle du pré-engagement propose un précurseur NKT distinct du précurseur des cellules T4 et T8. Après réarrangement du TCR, l’interaction avec un thymocyte exprimant le CMH I ou une CPA exprimant le CMH II est fatale pour le pré-NKT. Seule l’interaction avec une CPA exprimant le CD1d permet aux pré-NKT de se différencier en NKT. Le modèle conventionnel propose un précurseur commun double positif (DP = CD4+, CD8+) pour les NKT, les lymphocytes T4 et les lymphocytes T8. Ainsi, dans le thymus, l'interaction avec des cellules exprimant le CMH I ou le CMH II permet une différenciation du précurseur en lymphocyte T8 ou T4, respectivement. En revanche, l’interaction avec une CPA présentant le CD1d, couplé à un antigène glycolipidique, induit la différenciation du précurseur en NKT. Ces cellules NKT de type Vα14+ ayant une haute affinité pour les antigènes de type glycolipidique présentés par les molécules CD1d, sont sélectionnées positivement pour continuer leur développement, en NKT double négatives CD8-/CD4- ou CD4+. L’expression de CD8 à la surface des cellules augmente l’affinité du TCR de ces cellules pour le CD1d. Cette forte affinité entraîne alors la destruction des NKT exprimant le CD8. Les cellules NKT présentant un TCR d’affinité très élevée pour des auto-antigènes présentés dans le CMH (I ou II) sont aussi éliminées par une sélection négative. Les cellules NKT vont ensuite être acheminées vers différents tissus suivant une sélection périphérique liée à l’expression différentielle de molécules d’adhésion cellulaire, intervenant par exemple pour leur recrutement sur les lieux d’inflammation. Dans le thymus, l’antigène n’induit ni la synthèse de cytokines, ni la mort cellulaire. De plus, les cellules NKT ne s’y divisent pas. Dans le foie, l’antigène spécifique reconnu induit la synthèse de cytokines par les NKT puis leur mort cellulaire. Dans la rate, la situation est intermédiaire entre ce qui se passe dans le thymus et le foie. ¦ Modèle de pré-engagement Modèle conventionnel Pré NKT TCR- DP TCR CPA VαJα VαJα CPA Pré NKT TCR+ CMH II DP TCR+ CD1d +Ag glycolipidique NKT TCR CD4+ TCR+ + Vα14+ CD4+, CD8-, DN CPA NKT TCR CMH I ou II + Vα14+ CD4 -, CD8+ CD8+ TCR+ CPA ou Thymocyte CMH I Activation LES FONCTIONS PHYSIOLOGIQUES DES CELLULES NKT La cellule prototype NKT est activée lors de la présentation d’un antigène glycolipidique (α-GalCer-like) par une molécule CD1d ancrée dans la membrane plasmique d’une CPA (principalement une cellule dendritique) (Cf. figure). Le récepteur TCR de la cellule NKT (TCR NKT) reconnaît ce complexe CD1d-Ag. C'est le signal principal d'activation intracellulaire. Simultanément, une co-stimulation est donnée par l'interaction entre les molécules mem- branaires CD40 et CD40L puis entre B7 et CD28, et enfin entre le CD161 (NK1.1 chez la souris et NKR-P1 chez l’homme) et son ligand. Les marqueurs CD40, B7 et le ligand de CD161 sont à la surface des CPA tandis que les marqueurs CD40L, CD28 et CD161 sont à la surface des cellules NKT. La transduction du signal à l'intérieur de la cellule est déclenchée en réponse à ces interactions. D'autres signaux intercellulaires activent la cellule NKT. La CPA sécrète Page 4 les interleukines IL-12 et IL-18, qui réagissent sur des récepteurs spécifiques, inductibles, de la cellule NKT. La fixation de IL-18 sur son récepteur induit la transcription des gènes codant pour IL-4 et IL-13. Il a été montré que IL-7 a le même effet. D’autre part, la fixation de IL-12 et IL-18 entraîne la transcription et la synthèse de l’interféron α (IFNα). De plus, la cellule NKT synthétise également IL-10 et l’interféron ? (IFN?). La caractéristique principale des REVUE DE SYNTHESE en immunologie cellules NKT est une production massive et très rapide de ces cytokines. La sécrétion de cytokines caractérise les deux types de réponse immune : (i) La réponse à médiation humorale : les cytokines IL-4 et IL-13 activent les lymphocytes T4 auxiliaires de type Th2, orientés vers cette réponse à médiation humorale. Ces lymphocytes tes auxiliaires de type Th1 (LcTh1). Ces derniers, en retour, peuvent activer les LcT8. L’interféron IL-10 active les cellules dendritiques qui sécrètent alors IL-12, qui pourra poursuivre la stimulation et active à nouveau la cellule NKT. ¦ activés synthétisent IL-13, IL-5 et IL-4, qui stimulent les lymphocytes B pour la production d’anticorps. En contrepartie, IL-4 et IL-13 inhibent l'activation des lymphocytes T8. (ii) La réponse à médiation cellulaire : l’IFNα active les lymphocytes T8 cytotoxiques (LcT8), les macrophages, les cellules NK ainsi que les lymphocy- CELLULES NKT ET MALADIES αGalCer Des études ont été conduites chez la souris sur les cellules NKT exprimant l’invariant TCR Vα14 qui reconnaît l’α-galactosyl-céramide. Chez l’homme, il existe un TCR invariant, Vα24, qui montre une spécificité similaire pour l’αGalCer. Les cellules NKT sont impliquées dans différents processus pathologiques tels que les infections par les pathogènes, les tumeurs et les maladies auto-immunes. Lors du mécanisme général de lutte contre les pathogènes, la cellule dendritique (qui a préalablement ingéré et digéré ce pathogène) peut présenter, associé à la molécule CD1d, un glycoli- - ⊕ CPA = )- Schéma 1 : Action directe de l'IFNγ NKT IFNγ IFNα ⊕ NK IFNγ - LTh1 pide endogène spécifique de la cellule NKT. Celle-ci reconnaît ce complexe membranaire par son TCR invariant Vα14. La cellule NKT est alors activée et inhibe le développement du pathogène par une sécrétion importante et très rapide d’interféron γ (IFNγ), connu pour inhiber la réplication de nombreux paPage 5 pathogènes ⊕ thogènes (Cf. schéma 1). Par exemple, pour Plasmodium falciparum (parasite responsable du paludisme) ou pour le virus de l’hépatite B, l’IFNγ inhibe leur développement au niveau du foie. Pour Cryptococcus neoformans (pathogène fongique, agent d’infection opportuniste potentiellement mortelle chez les pa- REVUE DE SYNTHESE en immunologie αGalCer ⊕ ⊕ CPA = )- ⊕ ⊕ IL-18 IL-12 ⊕ IL-12(forte dose) Schéma 2 : Action directe et rapide des cytokines IL-12(faible dose) IFNγ NKT ⊕ NK ⊕ ⊕ IFN γ perforine TCD8 ⊕ Macrophage Lyse cellulaire - cytotoxicité Tumeur tients atteints du SIDA), l’effet inhibiteur de l’IFNγ s’exprime dans la rate et les poumons. Dans le cas de l’immunité tumorale (Cf. schéma 2), la cellule présentatrice d’antigènes (le plus souvent la cellule dendritique) stimule triplement les NKT : (i) Par présentation d’un antigène glycolipidique tumoral associé au CD1d ; (ii) Par sécrétion d’IL-18 qui active les cellules NKT. Si la cellule NKT activée sécrète de l’IFNγ, la réponse immune est orientée vers la voie des Th1 (voie à médiation cellulaire) conduisant au rejet de la tumeur. Si la cellule NKT activée secrète de l’IL-4 et de l’IL-13, la réponse immune est orientée vers la voie des Th2 (voie à médiation humorale, Cf. schéma 3), ce qui n’aura pas d’effet direct sur la tumeur ; (iii) Par sécrétion d’IL-12 qui active aussi directement les cellules NKT : la cellule NKT activée produit de l’interféron α (IFNα) qui active les cellules NK et les lymphocytes CD8+, cellules douées à leur tour de cytotoxicité au niveau de la tumeur. Par exemple, les cellules NK sécrètent de l’IFNγ qui inhibe la croissance de la tumeur et active d’autres types de cellules effectrices (macrophages ou les CD8+) et de la perforine qui induit directement la lyse cellulaire. Cette activation par l’IL12 suit une modulation dosedépendante. En effet, si IL-12 est en faible dose, la stimulation concerne essentiellement les cellules NKT ; si elle est en forte dose, on aura également stimulation directe des cellules NK. Donc l’IL-12 semble plus spécifique aux cellules NKT. En ce qui concerne les maladies auto-immunes, le mécanisme peut être décrit à partir de l’exemple du diabète de type I. Tout d’abord, les études chez la souris montrent que les cellules NKT jouent un rôle dans sa prévention. De plus, une augmentation de la réponse Th2 vis-à-vis des antigènes pancréati- ques semblerait être responsable d’une protection contre le diabète de type I auto-immun. Chez l’homme diabétique, une diminution de la production d’IL-4 est constatée. Or, dans les conditions physiologiques, l’IL-4 oriente la réponse immunitaire vers une réponse Th2 (Cf. schéma 3). Chez la souris diabétique, une diminution du nombre et de la fonction des NKT est constatée. L'ensemble de ces données suggère que cette maladie pourrait être réduite par le transfert de populations cellulaires enrichies en cellules NKT. L’αGalCer a été découvert dans le cadre de la lutte contre les métastases de cancers mais il offre de nombreuses autres perspectives thérapeutiques et notamment grâce à son rôle de stimulation des cellules NKT dans la réponse immune. Il subsiste actuellement deux problèmes. En effet, le nombre de cellules NKT chez l’homme est plus faible que chez la souris et, donc, la stimulation de la réponse immunitaire suite à une administration de αGalCer pourrait être moins forte. De plus, αGalCer est fortement toxique pour le foie de la souris et provoque sa mort à haute dose. Des tests cliniques chez l’homme ont débuté, ces résultats sont très attendus. ¦ αGalCer ⊕ CPA = )- IL-4 IL-13 NKT Schéma 3 : Action indirecte orientant vers la rép onse humorale Th1 Lc Th naï f ⊕ ⊕ - Th2 IL-4 IL-13 Production d'anticorps Lc B ⊕ IL-5 Références : • M.T. Wilson et al, "Immunotherapy with ligands of natural killer cells". Trends in Molecular Medecine - 2002 ; 8 : 225231. • M. J. Smyth et al, "NKT cells – conductors of tumor immunity ?". Current Opinion In Immunology – 2002 ; 14 : 165-171. • H. R. MacDonald et al, "Development and selection of NKT cells". Current Opinion In Immunology – 2002 ; 14 : 250-254. • M. Kronenberg, L. Gapin, "The unconventional lifestyle of NKT cells". Nature Review in Immunology – 2002 ; 2 : 557-568. • D.I. Godfrey et al, "NKT cells : facts, functions and fallacies". Immunology Today – 2000 ; 21 : 573-583. Page 6 REVUE DE SYNTHÈSE en géologie CES CATACLYSMES QUI MENACENT LA VIE Par les étudiants de licence, option géologie nisme induit essentiellement des changements progressifs du climat, alors que certains paléontologues s’accordent à dire que l’extinction de nombreuses espèces a été brutale. Ces lacunes dans l’hypothèse d’un volcanisme ont permis l’apparition d’arguments en faveur d’un impact de météorite. Pour qu’une météorite puisse engendrer des transformations à l’échelle planétaire, il est nécessaire qu’elle fasse plus d’un kilomètre de diamètre. Or, les scientifiques estiment qu’une soixantaine de ces « monstres » a heurté la Terre, durant ces 600 derniers millions d’années. Il est donc envisageable qu’un corps errant puisse être à l’origine d’une extinction de masse. Afin de vérifier cette idée, les chercheurs ont orienté leurs études paléontologiques sur certains éléments caractéristiques des météorites. Le premier indice est le taux d’iridium, matériau d’ordinaire présent en quantité infime dans les roches de surface (provient essentiellement dans ce cas de dépôts quotidiens de poussières cosmiques), mais en 1980, l’équipe du Pr Alvarez a découvert l’existence d’une fine couche d’argile contenant une quantité anormalement élevée d’iridium. Considérant que les météorites sont en général riches en iridium, et que cette couche d’argile est répartie sur l’ensemble du globe, l’équipe du Pr Alvarez a ainsi estimé qu’il s’agissait là de la trace d’un impact laissé par un astéroïde de 14 Km de diamètre. Un autre indice est fourni par la découverte, en 1985, des fullerènes (Cf. dessin), des macromolécules de carbones pouvant contenir des atomes de gaz rares (hélium, néon, argon...), découverts par hasard par des astrophysiciens lors de recherche sur la chimie des étoiles. Des fullerènes géants ont été retrouvés sur des sites d’impact de météorites et dans les couches sédimentaires correspondant aux grands bouleversements écologiques. Certains contenaient des gaz rares d’origine extraterrestre. Fullerène Le troisième indice étudié est la présence de quartz choqué. Le quartz étant un matériau particulièrement stable, seule une onde de choc colossale pourrait le transformer. Or, du quartz multifracturé a été retrouvé dans des couches datant du tertiaire (période correspondant à l’extinction des dinosaures), et un tel état d’altération ne peut être expliqué par le volcanisme. Il existe enfin d’autres indices, moins caractéristiques des impacts de météorites, tels que la présence de microsphérules (formées par refroidissement rapide de microscopiques gouttes de roches en fusion projetées dans l’atmosphère) ou de quantités anormales de cendres (laissées par de gigantesques incendies). Malgré tous ces indices, l’hypothèse des météorites ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique tant que les cratères d’impact, la preuve irréfutable, n’auront pas été retrouvés. Aujourd’hui, seuls les cratères des extinctions du Crétacé tertiaire et du Permien, les plus récentes, ont été identifiés. Il existe donc deux théories majeures à l’heure actuelle, le volcanisme et les météorites, et certains avancent même l’idée que les extinctions de masses seraient dues à la combinaison de ces deux phénomènes. ¦ Références : • L . Becker, ″Sur la trace des impacts cataclysmiques″. Pour la science – 2002 ; 295 : 62-69. • http://jcboulay.free.fr/astro/sommaire/astronomie/univers/galaxie/etoile/systeme_solaire/terre1/extinction/pageextinction.htm • http://www.ac-grenoble.fr/college.ugine/histoire/fin%des%20dino/theo1.htm • http://www.clg-guerin-poitiers.ac-poitier.fr/coteprof/projet/dinosaur.htm PAGE 7 © Antoine Jarret Depuis que la vie existe sur Terre, cinq extinctions de masse, aussi bien d’animaux que de végétaux, ont pu être identifiées par les paléontologues. En particulier, la crise du Crétacé tertiaire a vu disparaître les dinosaures. Très récemment encore, les rares indices découverts semblaient indiquer que ces extinctions avaient pour origine un volcanisme de grande ampleur. Pourtant, la Terre est sans cesse bombardée depuis son origine par des milliers de corps errants, provenant pour la plupart des ceintures de Mars et de Jupiter, et certains de ces astéroïdes peuvent provoquer des impacts tels que toute vie à la surface du globe pourrait s’en trouver modifiée. C’est donc avec la découverte récente de nouveaux indices que l’hypothèse d’un impact météoritique, pouvant causer une extinction de masse, est devenue aussi vraisemblable que celle du volcanisme. La première théorie des scientifiques pour expliquer une extinction de masse fut donc le volcanisme. L’étude de l’éruption du volcan de l’île de Tabora (Indonésie) en 1815 corrobore cette hypothèse, puisque 30 Km³ de roches ont ainsi été éjectés dans l’atmosphère au moment de l’explosion (soit quatre fois plus que le Mont St Hélène en 1980), provoquant environ 100 000 morts. D’autre part, les coulées de laves importantes (2 millions de km²) et les émanations de gaz et d’acide sulfurique, dans des proportions gigantesques aux Trappes du Deccan (Inde) auraient pu entraîner la formation d’une couche dense dans l’atmosphère, et donc créer une obscurité permanente induisant des changements climatiques (période glacière) ou écologiques. Or, ces phénomènes pourraient être à l’origine de la disparition de nombreuses espèces, à diverses époques. Seulement, le volca- LES BREVES LES SUCRES : NOUVELLE GÉNÉRATION DE MÉDICAMENT Par Marie-Laure MICHEL, maîtrise Pendant longtemps, dans le cadre de la recherche de nouvelles thérapies, les scientifiques se sont intéressés exclusivement aux protéines et aux gènes ; mais aujourd'hui l’étude des sucres se présente à eux comme une approche particulièrement intéressante. En effet, ces molécules jouent un rôle essentiel au sein de l'organisme humain et sont impliquées dans de nombreux mécanismes tels que l'apport journalier d'énergie, le fonctionnement du système immunitaire, les communications intracellulaires et/ou la progression du cancer. En octobre 2001, cinquante-quatre laboratoires se sont réunis à travers le monde afin de créer une base de données sur les différentes structures et fonctions des sucres. Dans un premier temps, une meilleure connaissance des sucres a permis d'améliorer des médicaments préexistants. Depuis 1930, l'héparine prévient la formation de caillots sanguins durant les opérations chirurgicales. Cependant, l'efficacité du médicament et les effets secondaires variaient selon le fabricant et même selon les différents lots d'un même fabricant. Aujourd'hui, les scientifiques ont réussi à mieux connaître les propriétés de l'héparine et ont rendu la production du médicament beaucoup plus homogène. Un autre exemple est l'érythropoïétine (EPO) utilisée pour augmenter la quantité de globules rouges dans le sang chez des personnes anémiques. Désormais, grâce à l'addition de deux sucres, l'érythropoïétine est devenue plus stable et moins facilement éliminée par les urines. En dehors de l'amélioration de médicaments, l'étude des sucres a permis d'obtenir de nouvelles thérapies pour soigner les maladies infectieuses. Certains chercheurs se sont intéressés à Hemophilus influenzae, bactérie qui peut causer de graves méningites. Ces scientifiques ont réussi à produire un vaccin : grâce à un sucre spécifique de cette bactérie, lié à une protéine, le système immunitaire peut reconnaître l'organisme étranger et le tuer. Dans l'ulcère de l'estomac causé par Helicobacter pilori, la bactérie se fixe à un sucre de la surface des cellules de l'estomac. On peut donc envisager l'administration d'un sucre synthétique qui lierait avec une bonne affinité la bactérie et empêcherait cette dernière de se fixer sur les cellules de l'estomac. Dans le combat contre le cancer, les scientifiques travaillent actuellement sur trois types de stratégies qui s'appuient sur l'étude des sucres. Les cellules cancéreuses présentent habituellement à leur surface des sucres incomplets ou anormaux. La production d'un vaccin permettrait au système immunitaire de Référence : • «Sweet Medicines». Scientific American – 2002 ; July : 25-31. PAGE 8 reconnaître ces sucres et de combattre les cellules cancéreuses (Cf. figure). D'autre part, il a été découvert que certains sucres, tels que les héparanesulfates, peuvent réguler la vitesse de croissance des cellules malignes. Enfin, les cellules tumorales peuvent se propager à travers l'organisme grâce à un sucre lié à une protéine, la galectine-3. L'administration d'une substance analogue qui entrerait en compétition avec la galectine-3 pourrait empêcher les cellules cancéreuses de s'y lier et de se propager. Ainsi, les sucres joueront certainement un rôle essentiel dans la future génération de médicaments contre les maladies infectieuses ou le cancer. Cependant, les scientifiques doivent encore faire face à plusieurs difficultés telles que l'absorption des sucres dans l'intestin, leur dégradation ou leur élimination. ¦ LES BREVES LES THÉRAPIES CELLULAIRES DU CANCER Par Audrey LE FLOC'H, licence L’immunité cellulaire anti-tumorale est médiée par les lymphocytes T cytotoxiques (CTL) et par les cellules Natural Killer (NK) qui s’infiltrent dans la tumeur. Cependant, cette immunité connaît des limites chez les patients cancéreux. Chez l’homme, les antigènes tumoraux peuvent être de deux sortes : (i) les antigènes spécifiques de tumeur qui peuvent être le produit de gènes normalement non exprimés, d’un défaut de glycosylation, d’une mutation ponctuelle (oncogènes et gènes suppresseurs de tumeur) ou encore de l’intégration de gènes viraux, (ii) les antigènes associés aux tumeurs qui sont le produit de la surexpression ou de l’amplification de gènes de différenciation. Malgré cette antigénicité, la réponse anti-tumorale reste peu efficace. Cette faible réponse du système immunitaire à l’encontre des cellules tumorales repose sur différents mécanismes. De nombreuses cellules cancéreuses expriment faiblement les complexes peptide antigénique-CMHI présentés à la membrane. De plus, elles sont incapables de délivrer les signaux de costimulation, ce qui peut induire l’anergie, c’est-à-dire la non fonctionnalité, des lymphocytes T CD8 spécifiques de l’antigène tumoral : il en résulte une Cellule tumorale ou CPA inductrice de tolérance Peptide-CMH I TCR Lymphocyte T Tolérance de l’antigène Figure 1 tolérance vis-à-vis de celui-ci (Cf. figure 1). C’est à ce niveau que les cellules présentatrices d’antigènes (CPA) professionnelles (principalement des cellules dendritiques = CD) prennent toute leur importance. Celles-ci sont normalement activées de façon optimale par des signaux de danger ou de stress (de nature microbienne ou protéines de choc thermique HSP) (Cf. figure 2). Or, ces signaux ne sont pas induits par les cellules tumorales. Donc, dans le cas du développement tumoral, la différenciation des CD est bloquée : elles deviennent tolérogènes, au même titre que les cellules tumorales (non-expression de signaux de co-stimulation et faible densité de complexes peptide antigéniqueCMHI). Actuellement, après avoir montré son efficacité sur des modèles expérimentaux de tumeur chez l’animal, la thérapie cellulaire du cancer est en évaluation clinique. Il existe plusieurs méthodes pour ce type d’immunothérapie : les méthodes adoptives et les méthodes actives non spécifiques ou spécifiques. Les méthodes adoptives consistent à injecter des cellules immunocompétentes (effecteurs cytotoxiques). Par exemple, dans le cadre du traitement du mélanome, le traitement de patients avec des lymphocytes T activés donne des résultats encourageants. Les méthodes d’immunothérapie active non spécifique permettent une stimulation globale du système immunitaire. Utilisée dans le traitement des tumeurs non invasives de la vessie, elle consiste en l’injection intralésionnelle de BCG. C’est l’immunothérapie active spécifique qui suscite, de nos jours, le plus d’intérêt. Elle consiste à produire, in vivo, des cellules effectrices pouvant lyser, c’est-à-dire détruire, les cellules tumorales. Dans ce but, plusieurs méthodes sont testées. Beaucoup d’essais cliniques sont en cours : • Injection de cellules tumorales rendues plus immunogènes par transfection avec des ADNc codant pour des molécules de co-stimulation (B7) ou pour des cytokines (IL-2). • Injection de peptides-antigènes seuls ou fusionnés avec des chimiokines ou des fragments d’immunoglobulines Fc, ceci permettant l’adressage de l’antigène aux CD. • Injection de CPA chargées de peptides tumoraux, d’extraits cellulaires tumoraux, de corps apoptotiques, d’exosomes ou fusionnées avec des cellules tumorales autologues (pour obtenir une expression endogène d’antigènes de tumeurs). De nos jours, l’intérêt des chercheurs s’est particulièrement focalisé sur la thérapie cellulaire. Dans l’avenir, le challenge sera d’optimiser les stratégies les plus prometteuses en situation clinique. ¦ Cellule du soi modifié immunogène Antigène Activation de la CPA CPA Signal de co-stimulation Lymphocyte T CTL Activation des lymphocytes T spécifiques Signal de danger Figure 2 Références : • • • V. Catros-Quemener, F. Bouet, N. Genetet, «Immunité anti-tumorale et thérapies cellulaires du cancer». Médecine sciences - 2003 ; 19 : 43-53. B. Almand, J.I. Clark, E. Nikitina, et al., «Increased production of immature myeloid cells in cancer patients : a mechanism of immunosuppression in cancer». Journal of Immunology - 2001 ; 166 : 678-689. A. Kugler, G. Stuhler, P. Walden, et al., «Regression of human metastatic renal cell carcinoma after vaccination with tumor cell-dendritic cell hybrids». Nature Medecine - 2000 ; 6 : 332-336. PAGE 9 LES BREVES LES DERNIÈRES AVANCÉES DE L’OPHTALMOLOGIE... Par Alexandra AUFFRET et Laetitia PICAULT, licence Depuis quelques années, les nouvelles techniques ophtalmologiques permettent de traiter de nombreuses pathologies oculaires qui n’avaient pour seules solutions que le port de verres correcteurs. Les techniques les plus performantes concernent surtout le traitement des maladies de la surface de l’oeil (cornée, cristallin). La chirurgie réfractive cornéenne consiste en la modification chirurgicale de la courbure naturelle de la cornée, pour que l’image d’un objet se forme exactement sur la rétine de l’oeil de l’opéré et non pas en avant (myopie), en arrière (hypermétropie) ou en partie (astigmatisme). Dans cette démarche chirurgicale nouvelle, c’est surtout aujourd’hui le traitement de la myopie qui est le mieux développé. Dans ce cadre, trois techniques sont actuellement utilisées : la photokéractectomie réfractive (PKR), le « lasik » (Laser ASsisted In situ Keratomileusis) et la CRT (Corneal Refractive Therapy). La PKR consiste en l’ablation de quelques microns de tissu cornéen afin de « resurfacer » la face interne de la cornée. Cette intervention, de courte durée (30 minutes), nécessite une anesthésie locale permettant l’application d’un laser à la surface de l’œil. Ceci permet la correction de myopies légères (comprises entre - 1 et - 8 dioptries), d’astigmatisme et d’hypermétropie. Le Lasik est basé sur le même principe que la PKR à la différence près qu’il nécessite la découpe lamellaire de la cornée à l’aide d’un microkératome (anneau de 9 mm de diamètre muni d’une fine lame oscillante) ainsi que l’utilisation d’un laser un peu différent. Le Lasik permet une récupération visuelle plus rapide que la PKR (dès le lendemain de l’opération). Sans utilisation de laser, la CRT permet le remodelage de la cornée grâce à une lentille spéciale, "vivante", réalisée d’après calculs sur ordinateur à partir d’un modèle 3D de l’oeil du patient et qui est portée uniquement la nuit. Elle est "vivante" dans le sens qu'elle agit en redistribuant les cellules épithéliales vers la périphérie de la cornée tout en diminuant son épaisseur au centre. Elle est utilisée pour traiter les myopies sévères. Le traitement de la cataracte est à l’origine de l’acte technique de la CRT, à savoir la désintégration du cristallin par une sonde à ultrasons et son remplacement par une microlentille. Grâce à cette technique, le temps d’intervention est encore réduit puisqu’il n’est que de 15 minutes ! En général, les problèmes visuels affectant le segment antérieur de l’œil (cornée, cristallin) sont bien soignés. Mais pour les maladies du fond de l’œil, la révolution thérapeutique a été moins impressionnante. En effet, la méthode la plus efficace pour combattre ces maladies est la prévention et un diagnostic plus rapide. C’est le cas du glaucome, neuropathie optique qui provoque une augmentation de la pression intraoculaire et qui peut entraîner la cécité par destruction des fibres du nerf optique. Cette pathologie nécessite un contrôle régulier de la pression intraoculaire et le seul traitement actuel est l’utilisation de nouveaux collyres qui font diminuer la pression de 30 %. La dégénérescence maculaire (DLMA) est une maladie entraînant une altération de la macula (zone de la rétine impliqué dans la vision fine) ce qui conduit à la perte de la vision centrale sans provoquer pour autant la cécité totale. Elle touche les personnes de plus de 50 ans et requiert un dépistage par fonds d’œil réguliers. Détectée tôt, la maladie peut être traitée par le laser mais les cicatrices en résultant obstruent le champ de vision. La solution a été apportée récemment par la mise au point de la photothérapie dynamique : elle réside en l’injection de vertéporine (substance photosensibilisante) qui, activée par un faisceau laser, détruit les régions malades sans abîmer la rétine. La thérapeutique vitaminique a également fait ses preuves : en augmentant l’apport journalier de vitamines A, C, E, β carotène et zinc on diminue de 25 % les formes évoluant vers la cécité. La rétinopathie diabétique provoque des oedèmes ou la prolifération de vaisseaux sanguins pouvant conduire à une hémorragie rétinienne. Dans le cas de cette maladie, le diagnostic est souvent tardif car sur les millions de diabétiques français, seuls 45 % sont diagnostiqués. Les deux types de traitements utilisés sont le laser et l’ablation chirurgicale du vitré sur lequel se fixent les vaisseaux sanguins rétiniens anormaux. Il est désormais acquis qu’une plus grande action de prévention et la découverte de nouvelles technologies intervenant directement sur l’oeil pourront encore contribuer à la lutte contre ces maladies et à l’amélioration de la vie des patients, mais peut être au grand malheur des opticiens ! ¦ Références : • www.maylis.com/oeil/chirurgie.asp • www.snaf.org/acceuil.rdp • K. Bettayeb et L Agret, « Les incroyables avancées de l’ophtalmologie », Sciences et vie 1023 : 2002 : 52-56 PAGE 10 LES BREVES LA MIGRAINE : OÙ EN EST-ON ? Par Julien MATRICON, licence L'origine de la migraine reste toujours mystérieuse. La cascade d'événements qui aboutit au déclenchement de la crise, les mécanismes responsables de la douleur ou encore les liens entre les facteurs déclenchant et la crise ellemême sont toujours mal compris. Cependant, on sait qu’il existe au cours des crises de migraine des modifications à la fois vasculaires, neuronales et biochimiques. L’explication la plus probable actuellement repose sur une hypothèse inflammatoire. Les études, chez l’homme, du débit sanguin et du métabolisme cérébral et, chez l'animal, du développement d'un modèle de céphalée migraineuse (l'inflammation neurogène) ont permis d’émettre une hypothèse inflammatoire. Selon ce modèle élaboré, la céphalée migraineuse serait la conséquence d'une inflammation provoquée par l'activation des terminaisons nerveuses présentes autour des vaisseaux des enveloppes du cerveau, les méninges et la dure-mère. Il en résulterait : (1) une libération de neuropeptides vaso-actifs comme le CGRP (Calcitonin GeneRelated Peptide) et la substance P ; (2) une dilatation de ces vaisseaux ; (3) une fuite de plasma dans les tissus environnants ; (4) un relargage, dans les tissus environnants, de substances "algogènes" qui induisent une sensation douloureuse en stimulant les fibres sensorielles conduisant l'influx douloureux ; (5) enfin, une excitation du nerf trijumeau contenant ces fibres conduisant l'influx douloureux. L'événement à l'origine de l'activation nerveuse qui produit l'inflammation initiale reste à identifier. Il pourrait impliquer la production locale de monoxyde d'azote (NO). Selon un tel modèle, un médicament antimigraineux est susceptible d'agir à au moins deux niveaux. Tout d’abord sur les vaisseaux sanguins des enveloppes du cerveau, pour s'opposer à leur dilatation et prévenir la fuite de plasma dans les tissus, donc la libération de substances algogènes et l'excitation des terminaisons du nerf trijumeau. Ensuite sur les terminaisons de ce nerf elles-mêmes, pour les rendre insensibles à l'action excitatrice de ces substances algogènes. Les traitements disponibles sont de plusieurs types. Quatre grandes classes de médicaments ont une efficacité démontrée dans la crise migraineuse : les antalgiques (aspirine, paracétamol...), les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS (naproxène, ibuprofène...), les dérivés de l'ergot de seigle (tartrate d'ergotamine, dihydro-ergotamine) et une nouvelle classe au mode d'action très innovant, les triptans (voir cidessous). Les deux dernières classes ont une action vasoconstrictrice et sont des médicaments spécifiques de la migraine. Par ailleurs, d'autres substances (caféine, antiémétiques et psychotropes) peuvent également s'avérer des adjuvants utiles. Ces dix dernières années, une nouvelle classe pharmacologique d'antimigraineux très puissants est apparue : les triptans. Trois triptans sont actuellement sur le marché : le Sumatriptan®, le Zolmitriptan® et le Naratriptan®. Ces substances, efficaces contre le mal de tête de la crise migraineuse, agissent en se liant à certains récepteurs de la sérotonine, une molécule aux effets puissamment vasoconstricteurs. Les sousrécepteurs sérotoninergiques dits 5HT1B et 5HT1D sur lesquels se fixent sélectivement les triptans (Cf. figure) sont localisés sur les cellules musculaires lisses et/ou sur les terminaisons SITE D’ACTION DES TRIPTANS nerveuses des fibres sensorielles dans la paroi des vaisseaux des enveloppes du cerveau. En se liant à ces récepteurs, ils exercent une action constrictrice puissante et préférentielle sur les vaisseaux des méninges. De surcroît, ils inhibent, au niveau de ces mêmes terminaisons nerveuses, la libération des neuropeptides vasodilatateurs comme la substance P ou le CGRP. Ces deux types d'action, vasculaire et neuronale, concourent à stopper la fuite de plasma dans les tissus environnants qui accompagnent la vasodilatation, empêchant ainsi les substances algogènes issues du plasma d'atteindre les fibres sensorielles situées dans la paroi des vaisseaux, et donc d'y générer des influx douloureux (Cf. figure). Le caractère génétique de la migraine est aujourd’hui le plus étudié. Les recherches ont débuté avec l'étude d'une forme rare de migraine : la migraine hémiplégique familiale. Dans cette pathologie rare, le phénomène douloureux est toujours associé à une légère paralysie affectant un côté du corps et parfois même à un dysfonctionnement cérébelleux, une dégénérescence rétinienne, une surdité et un nystagmus (oscillations particulières des globes oculaires). Cette maladie est transmise héréditairement. Son mode de transmission est autosomique dominant. On connaît aujourd’hui au moins deux gènes intervenant dans la genèse de Cortex Thalamus . Symptômes neurovégétatifs Nausées DOULEUR Vaisseau sanguin Bulbe rachidien Terminaisons nerveuses péri-vasculaires AGENT DECLENCHANT LIBÉRATION DE SUBSTANCES ALGOGÈNES INFLAMMATION, VASODILATATION, FUITE DE PLASMA PAGE 11 LES BREVES cette affection. Le premier identifié est localisé sur le chromosome 19 : il détermine la fabrication d'une partie d’un "canal calcium", protéine qui forme un canal sélectif des ions calcium à travers la membrane de certaines cellules. Un deuxième gène impliqué est localisé sur le chromosome 1 mais sa fonction n'est pas encore clairement connue. A terme, l'enjeu de la détermination de la fonction de ces gènes est une meilleure compréhension de la physiopathologie de la maladie et, peut-être, une amélioration des traitements antimigraineux. ¦ Références : • • • • http://www.frm.org "La migraine : connaissances descriptives, traitements et prévention". Collection Expertise Collective, 1998. INSERM. F. Gimenez, M. Brazier et al. "Pharmacologie clinique et thérapeutique", 2000 ; Masson P. Queneau, G. Bouvenot. "Manuel de thérapeutique médicale" , 1991 ; Masson. LA TÉLOMERASE Par Héloïse LAMBERT, licence Les télomères constituent l’extrémité des chromosomes et assurent un rôle de protection contre les effets du temps et de l’environnement. Ils sont produits lors du développement embryonnaire et sont formés, chez l’être humain, d’une séquence de 6 éléments nucléotidiques (TTAGGG) répétée des centaines, voire des milliers de fois, selon le type cellulaire et selon les individus. Ainsi, dans le cas de la progéria, les télomères sont très courts et le vieillissement est alors prématuré. Les télomères sont associés aux maladies liées au vieillissement. En effet, des scientifiques de l’université d’Utah ont découvert que la division rapide des lymphocytes lors d’une infection pourrait être ralentie par la présence de télomères trop courts, ce qui semble être le cas chez les personnes âgées. L’âge de la cellule peut être déterminé par rapport à la perte d’ADN télomérique. En effet, chaque division cellulaire engendre une perte de 50 à 200 nucléotides au niveau des télomères, ce qui entraîne le vieillissement de nos cellules et, à plus long terme, celui de notre organisme (en moyenne une cellule se divise entre 60 et 100 fois). Ainsi, la cellule arrête de se diviser et entre en sénescence dès que les télomères ont atteint une taille minimum, afin que les gènes ne soient pas affectés ou pour éviter que les chromosomes ne fusionnent entre eux. Cette perte de télomères peut être réparée grâce à la télomérase qui est une ADN polymérase constituée de deux composants majeurs : 1) un ARN de séquence complémentaire à TTAGGG (=TERC : Telomerase RNA Component), servant de matrice à une nouvelle synthèse d’unités télomériques; 2) une partie catalytique, soit une activité transcriptase inverse (=hTERT : human Telomerase reverse transcriptase). La plupart des cellules somatiques de l’organisme expriment TERC de façon constitutive, mais pas hTERT. Ainsi, on retrouve cette télomérase active uniquement dans les cellules souches, notamment germinales, et dans les cellules tumorales qui ont la capacité de proliférer indéfiniment, contrairement aux cellules normales. La télomérase allonge donc les télomères de façon artificielle avant la réplication de l’ADN. Dans l’exemple des fibroblastes humains, la sénescence cellulaire est provoquée par des cascades de signalisation régulées par p53 et pRb (protéines codées par des gènes suppresseurs de tumeurs) qui sont activées lorsque le raccourcissement des télomères atteint un seuil critique. Ainsi, les fibroblastes sénescents restent en vie mais ne se divisent plus. Si la fonction de p53 et de pRb est bloquée, il y a deux possibilités : soit la cellule meurt, soit elle continue sa division, stabilise la longueur des télomères par réactivation de la télomérase et devient immortelle, ce qui est le cas pour les cellules tumorales. Il y a donc une relation entre l’action de la télomérase et l’immortalité cellulaire. Ainsi, on peut considérer que les télomères jouent un rôle important au niveau de l’horloge biologique, on parle alors d’horloge télomérique. L’inactivation de la télomérase dans les cellules cancéreuses offre un nouvel espoir pour la lutte contre le cancer. En effet, son inactivation pourrait ralentir ou même stopper la progression du cancer, les cellules tumorales ayant perdu leur immortalité. Inversement, la télomérase pourrait être utilisée dans les traitements de maladies dégénératives ou dans le cas de la progéria. Mais, il faudrait faire exprimer la télomérase dans toutes les cellules somatiques de l’organisme. De plus, le risque que ces cellules deviennent cancéreuses n’est pas écarté. Finalement, la télomérase est une protéine dont l’action au sein des cellules est à présent connue, mais dont le rôle thérapeutique potentiel est encore mal défini, cette protéine pouvant à la fois allonger l’espérance de vie de certains malades mais aussi induire des cancers. ¦ Références : • N. Rufer, M. Nabholz, « Télomérase ,élixir de jouvence des cellules humaines ? ». Médecine/Sciences – Mars 2003 ; 19 : 345-350. • http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2000/mag2306/sa_1859_telomerase.htm • http://www.futura-sciences.com/sinformer/n/news1670.php PAGE 12 LES BREVES LES RÉCEPTEURS DES LYMPHOCYTES PRÉ-B ONT UN NOUVEAU LIGAND : LA GALECTINE-1 (GAL-1) Par Emmanuelle FOURMENTRAUX, licence Les lymphocytes B naissent dans la moelle osseuse. De façon simplifiée, leur différenciation, peut se diviser en trois étapes : (1) le stade pro-B caractérisé par les marqueurs membranaires CD34+, CD19+, SLC+, µ-, (2) pré-B caractérisé par les marqueurs CD34-, CD19+, SLC+, µ+, CD79a=Igα, CD79b=Igβ, (3) B immature (caractérisé par les marqueurs CD19+, µ+, κ+, λ+). Ces trois étapes sont définies à la fois par l’expression de molécules de surfaces, le réarrangement des gènes des immunoglobulines, et les interactions avec les cellules stromales de la moelle osseuse. De plus, la différenciation de ces cellules peut être suivie par l’expression de la pseudo-chaîne légère, SLC (Surrogate Light Chain) (Cf. figure 1). Au stade pré-B, est exprimée une chaîne lourde µ, SLC ainsi que CD79a et CD79b qui forment un complexe moléculaire (SLC+CD79a+CD79b+µ) permettant la fonctionnalité du préBCR (Récepteur des cellules B sans les chaînes légères définitives), à savoir la transduction d’ un signal intracellulaire grâce à des motifs ITAM (Immunoreceptor Tyrosine Based Activation). Ces motifs sont impliqués dans l’amplification de la population pré-B et la sélection du répertoire des chaînes µ. Toutefois l’activation de celui-ci reste à ce jour mal connue. Figure 1 Le laboratoire du centre d’immunologie Inserm - CNRS de Marseille-Luminy vient de démontrer CD79a et b : molécules transmembranaires chargées de la transduction des signaux d’ activation de la cellule B CD : marqueur de surface µ : chaîne lourde du BCR (récepteur des cellules B) λ et κ : chaînes légères du BCR SLC : pseudo-chaîne légère Figure 2 l’existence d’un ligand pour le récepteur pré-B qui est introduit par les cellules stromales. Ces cellules stromales ont déjà un rôle primordial pour le contrôle de la croissance, de la maturation et de la survie des précurseurs des pré-B par l’intermédiaire : - de molécules de surface telles que VCAM-1 qui permet l’adhésion et la migration des cellules pré-B, - de facteurs solubles tels que : IL-7 (Interleukine-7, cytokine d’origine stromale ayant pour cible les cellules préB), SCF (Stem Cell Factor), ou SDF-1 (Stromal-Derived Factor 1) qui permettent de promouvoir la division des cellules pré-B. Ce nouveau ligand, également introduit par les cellules stromales, a été isolé en utilisant la chaîne SLC humaine recombinante comme sonde et identifié par spectrométrie de masse. Il s’agit de la galectine-1 (GAL-1). GAL-1 est une S-lectine qui appartient à la famille des galectines. Ces molécules possèdent une spécificité de liaison pour les ß-galactosides. Il a été démontré que SLC est dépendant de GAL-1 et que ces deux molécules interagissent de façon directe. De plus, GAL-1 se fixe aux cellules stromales grâce à des contre récepteurs glycosylés dont, pour l’instant, on ne connaît pas la nature. Ces différentes molécules forment une synapse entre la cellule pré-B et la cellule stromale. Par microscopie confocale, les chercheurs ont pu noter que le pré-BCR est toujours inclus dans la localisation de GAL-1 (Cf. figures 2 et 3) - ce qui suggère que GAL-1 peut aussi se lier avec des contre récepteurs présents à la surface des pré-B. A cette synapse est jointe une activité intracellulaire de phosphorylation des tyrosines impliquée dans le signal de transduction à partir du pré-BCR. GAL-1 et ses contre récepteurs se comportent comme d’importants régulateurs de l’homéostasie du système immunitaire. Ce sont les signaux délivrés par les différents contre récepteurs qui déterminent la nature des réponses biologiques. Il reste, maintenant, à déterminer le rôle précis de GAL-1 sur les cellules pré-B. Une piste est donnée par le modèle des cellules pré-B de souris SLC-/(donc délétées de la pseudo-chaîne légère). Ce modèle suggère que la formation de cette synapse est impliquée dans l’entrée en cycle de division des cellules pré-B et dans la transition entre les petites cellules pré-B et les grandes, transition déjà identifiée comme étape intermédiaire entre pré-B et B immature dans la différenciation lymphocytaire B. ¦ Figure 3 Référence : • L. Gauthier, B. Rossi, C. Schiff, " La GAL-1 est un ligand du récepteur des lymphocytes pré-B". Médecine Science - Février 2003 ; n°2 ; Vol 19 : 144-146 PAGE 13 LES BREVES VIN ET SANTÉ (1) Par Béatrice SPILUTTINI, licence Voilà un sujet qui fait couler beaucoup d'…encre ! Vin et santé, deux mots que tout oppose dans l'inconscient collectif. Longtemps discrédité, l'alcool sous toutes ses formes a été accusé de tous les maux jusqu'à en être interdit pendant une période de l'histoire. Depuis quelques années la tendance s'inverse et l'on redonne au vin ses lettres de noblesse. Alors charlatanisme ou vérité scientifique ? Tout d'abord, il est à noter que beaucoup d'études menées sur les méfaits du vin ont été conduites sur de gros consommateurs mais sans tenir compte que ces derniers sont aussi très souvent de gros fumeurs. Par ailleurs, entre les petits bienfaits d'une consommation modérée et les ravages conséquents aux abus, la population gardera plutôt en mémoire ces derniers, en accord avec la politique de santé publique. Pourtant, le vin semble regorger de propriétés sinon curatives, du moins préventives. Il a en effet été démontré que l'alcool diminue le risque de coagulation du sang. Comment ? D'abord, en augmentant la concentration en prostacycline (fabriquée dans la paroi des vaisseaux) ayant comme fonction d'inhiber l'agrégation plaquettaire. Egalement, en diminuant la concentration du thromboxane (produit par les plaquettes) et du fibrinogène qui favorisent la formation des caillots. Ces effets "anticoagulants" pourraient favorablement jouer un rôle dans certaines maladies cardio-vasculaires (MCV). Sachant que dans les pays développés les maladies coronariennes représentent 60 % des troubles vasculaires et 25 % de la mortalité totale, toute avancée dans ce domaine est grandement appréciée. Si l'on s'attache au vin plus particulièrement, les études lui attribuent certaines propriétés qui seraient à l'origine du "paradoxe français" : soumis à un régime alimentaire sensiblement le même que dans d'autres pays dévelop- pés, la France est un pays où le taux de mortalité par MCV, et par certains cancers, y est réduit. En ce qui concerne les MCV, la consommation de vin diminue de 50 % leur incidence. L'effet dont on parle le plus souvent est celui d'agent anti-oxydant. Son rôle est de capter les produits radicaux (ion superoxyde), créés par un mauvais métabolisme oxydatif, et d'en annuler les effets toxiques, comme sur les membranes cellulaires (attaque des doubles liaisons des acides gras insaturés qui conduit à la destruction de la membrane). Les substances anti-oxydantes du vin sont des polyphénols. On en trouve également dans les fruits et les légumes mais ceux du vin présentent l'avantage d'être très nombreux et très variés (plus de 200 dans un seul extrait). Or c'est cette diversité en polyphénols qui donne une meilleure propriété anti-oxydante à un produit et qui d'ailleurs fait la particularité des régimes alimentaires de Crète et de Méditerranée en général. Il a déjà été démontré qu'une supplémentation en une seule molécule antioxydante (vitamine E par exemple) ne réduit pas les risques cardio-vasculaires. Quant à la quantité, une consommation modérée (1 à 2 verres de vin /jour) est suffisante pour avoir une concentration plasmatique en polyphénols idéale pour leur action (pico à nanomolaires). Outre le mauvais métabolisme oxydatif (qui conduit aux cardiomyopathies et aux crises cardiaques), les polyphénols préviennent également l'athérosclérose. Cette maladie est la conséquence du dépôt de lipoprotéines de faible densité transportant le cholestérol (LDL) formant ainsi des plaques d'athérome. Peu à peu la lumière des vaisseaux rétrécit jusqu'à son obstruction. Dès lors le tissu n'est plus irrigué et se nécrose. S'il s'agit des coronaires, c'est l'infarctus. Or les LDL se déposent parce qu'ils sont oxydés. L'action préventive et toujours dose-dépendante du vin pourrait y trouver son explication. Références : • A. Klatsky, « Vin et santé ». Pour la science - 03/03 ; 305. • http://www.vinetsante.com/vinetcancer.php3 PAGE 14 De plus, il semblerait que sa consommation augmenterait le taux de HDL (lipoprotéines de haute densité) qui protègent nos artères en détachant les LDL de la paroi. Mais le vin n'a pas que des propriétés anti-oxydantes, il est aussi antiinflammatoire. Il est en effet supposé diminuer les regroupements de leucocytes pro-inflammatoires. D'autre part une phytoalexine du vin (antibiotique des végétaux) très étudiée, le resvératrol (un polyphénol), inhibe la phosphorylation et la dégradation de la molécule IkappaB intra-cellulaire qui lie à l'état basal le facteur de transcription NFkappaB (NFkB) l'empêchant ainsi de rentrer dans le noyau. Normalement, une fois phosphorylée, IkappaB libère NFkB, qui permet la transcription de plusieurs ARN messagers comme ceux de l'interleukine-2 ou de la protéine-1 impliqués dans l'inflammation (facteur chimioattractant des macrophages). Le vin ne doit donc pas être regardé comme une vile boisson mais plutôt comme un extrait de plante médicinale aux vertus préventives des MCV. Il aurait aussi d'autres effets sur le diabète ou les maladies neurodégénératives (Alzheimer). Mais les investigations ne sont pas finies car il est difficile de déterminer s'il s'agit des effets propres du vin ou plus largement du régime alimentaire (méditerranéen) qui inclut le vin rouge. Aux esprits malins, je rappellerai cependant que, comme toute chose, le vin n'est profitable que s'il est consommé en quantité modérée. Les abus sont sources de cirrhose du foie, pancréatites, certains cancers (notamment du sein), troubles neurodégénératifs, cardiomyopathies alcooliques, hémorragies cérébrales, insuffisances cardiaques ou rénales, MCV, sans oublier les comportements violents, les suicides, les accidents et les risques de malformations foetales. ¦ LES BREVES • JK Lin, SH Tsai, “Chemoprevention of cancer and cardiovascular disease by resveratrol”. Proceedings of the National Scientific Council of Republic of China B 1999 Jul ; 23 (3) : 99-106. • M. Holmes-McNary, AS Jr Baldwin, “Chemopreventive properties of trans-resveratrol are associated with inhibition of activation of the IkappaB kinase”. Cancer Research – 2000; 60 (13) : 3477-83. VIN ET SANTÉ (2) Par Béatrice SPILUTTINI, licence Le vin se différencie des autres alcools par ses multiples qualités (anticoagulant, anti-inflammatoire, antioxydante, préventif de maladies cardiovasculaires). Ceci peut paraître quelque peu surprenant, voire tendancieux dans le cadre de la politique de santé. Pourtant, un aspect n’a pas encore été traité : les qualités présumées du vin dans le cancer. En effet, il a été depuis un certain temps démontré que les polyphénols, déjà cités dans l’article précédent, étaient de bons anti-oxydants et, de ce fait, prévenaient une des étapes de la survenue d’une tumeur : la promotion (prolifération cellulaire). Par ailleurs, le NFκB (également déjà cité) intervient dans l’oncogenèse. Or, le resvératrol, un polyphénol du vin sur lequel les chercheurs se penchent actuellement, empêche NFκB d’aller activer la transcription de gènes. Le resvératrol inhibe également la prolifération cellulaire de façon dosedépendante, et son action est renforcée par l'éthanol. On observe effectivement une accumulation de cellules en phase S/G2, corrélée à une diminution signifi- cative de l'activité de l'ornithine décarboxylase, enzyme-clef de la biosynthèse des polyamines, stimulé lors de la croissance cancéreuse. De plus, dans des lignées cellulaires sensibles aux hormones, le resvératrol lie des récepteurs stéroïdes (qui agissent comme facteurs de transcription) avec une très haute affinité. Outre son action anti-proliférative, le resvératrol induit l'apoptose ciblée de cellules devenues cancéreuses (ex : fibroblastes exprimant soudainement l'oncogène H-Ras). Bien que l'on ne sache pas par quel mécanisme, on sait que cette apoptose est indépendante de l'interaction Fas/Fas-L (un des mécanismes généralement impliqué dans l’induction de la mort cellulaire programmée) et que le resvératrol provoque une diminution progressive de la quantité de protéine anti-apoptotique BCl-2. Le resvératrol inhibe ainsi les trois stades de la carcinogenèse : l’initiation (activation d’un proto-oncogène associé à l’inactivation d’un gène suppresseur de tumeur), la promotion et la progression (envahissement de la structure tissulaire, métastases). Les polyphénols ont la meilleure part mais il semblerait que les anthocyanes et les flavonoïdes de la vigne (composés phénoliques produits par les végétaux supérieurs) aient aussi un rôle d'inhibition de la croissance cellulaire. Alors vin oui, alcools non? Les études tendent à démontrer qu'il est préférable de consommer du vin (rouge) plutôt que de la bière et encore moins les spiritueux. Un exemple frappant est le risque du cancer du poumon. Celui-ci augmente avec une consommation exagérée d'alcool (1,23< risque R<1,57). Cependant, à consommation modérée équivalente (sur la base de 13 verres de vin/semaine), ce risque diffère selon qu'on soit consommateur de vin (R=0,78), de bière (R=1,09) ou de spiritueux (R=1,21). A la liste des propriétés bénéfiques du vin (notez bien qu’il s’agit du vin et pas de n’importe quel autre alcool), il faut donc ajouter celle d’une éventuelle voie dans la prévention des cancers. Alors maintenant, vous saurez quoi dire à votre médecin et … à votre caviste ! ¦ Référence : • http://www.vinetsante.com/vinetcancer.php3 • M. Holmes-McNary, AS Jr. Baldwin, « Chemopreventive properties of trans-resveratrol are associated with inhibition of activation of the IkappaB kinase ». Cancer Research – 2000; 60 (13) : 3477-83. • V. Schneider et al, “Anti-proliferative effect of resveratrol, a natural component of grapes and wine, on human colonic cancer cells”. Cancer Letters – 2000 ; 158 (1) : 85-91. • YJ Surh et al, « Resveratrol, an antioxidant present in red wine, induces apoptosis in human promyelocytic leukaemia”. Cancer Letters – 1999 ; 140 (1-2) : 1-10. • Kamei et al. “Anti-tumor effect of methanol extracts from red and white wines”. Cancer Biotherapy and Radiopharmaceuticals – 1998 ; 13 (6) : 447-52. • E. Prescott et al. « Alcohol intake and the risk of lung cancer : influence of type of alcoholic beverage”. American Journal of Epidemiology – 1999 ; 149 (5) : 463-70. PAGE 15 LES BREVES LES COULEURS SYNESTHÉSIQUES… Par Astrid VALLETTE, licence Habituellement, lorsque l’on cherche une sortie et que l’on découvre l’indication salvatrice, on est comblé. Sauf si l’on est synesthète et que l’on aperçoit un panneau, mais que le mot évoque une couleur différente de celle de l’encre avec laquelle il est écrit. Si le mot « sortie » est écrit en orange et qu’il évoque du bleu, le synesthète doit faire face à un conflit entre les mots qui risquent de se brouiller. Si le mot est écrit en bleu, il n’y a aucune confusion entre l’encre utilisée et la couleur évoquée par le mot sortie (bleu). La synesthésie est un trouble dans la perception des sensations, caractérisé par le fait qu’un seul stimulus entraîne deux perceptions, l’une d’elles étant perçue sans qu’il n’y ait excitation directe de la région sensible. Dans la synesthésie, des sons ou des mots, entendus ou lus, font naître des sensations colorées. Ainsi, différents niveaux de conscience se mêlent et se superposent. Les synesthètes sont rares, environ 1 personne sur 200 et on observe six fois plus de femmes synesthètes que d’hommes. Les études de neuro-imagerie permettent de visualiser le cerveau en action lors d’une perception ou d’une action cognitive. Par une étude en TEP (tomographie par émission de positons), les chercheurs ont pu suivre l’activité des différentes zones du cerveau. Chez les synesthètes, la perception d’un stimulus de type (mot lu ou entendu) entraîne à la fois l’activation de l’aire auditive et de certaines aires du cortex visuel ; plus précisément les aires associatives du système visuel ou sont intégrées les différentes informations visuelles. En fait, les expériences synesthésiques résulteraient d’une activation partielle de réseaux corticaux visuels d’ordre supérieur (aires associatives où sont intégrées les différentes informations visuelles). Une étude en IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) a permis d’identifier une action en aval de la chaîne des informations visuelles : l’aire activée est celle où les couleurs sont analysées en tant que telles. Il s’agit d’une partie du gyrus fusiforme ou région V4/V8. Les expériences synesthésiques sont donc de réelles perceptions et se produisent lors du traitement visuel. L’existence de cette projection anormale pourrait être due à une mutation génétique (supposée chez la mère) qui entraînerait la croissance de la projection ou empêcherait sa disparition chez le tout jeune enfant lors de la croissance du cerveau. L’hypothèse de l’apprentissage associatif a été rejetée lors d’une étude par IRMf comparant l’activité cérébrale de synesthètes et de non-synesthètes. En effet, l’apprentissage intensif de mots associés à des couleurs, prodigué à des non-synesthètes ne permet pas l’activation de la région V4/V8 lors de l’audition de mots énoncés. De plus, il a été démontré que les synesthètes ne montraient pas de qualités particulières dans le processus d’apprentissage associatif. L’hypothèse retenue est celle d’une «connexion innée», de «branchements» neuronaux qui relieraient les aires de la perception visuelle. Chez les synesthètes, les couleurs sont perçues au travers de mots. La voie neuronale mise en œuvre dans la perception de couleurs synesthésiques aurait pour origine les régions de représentation auditive et visuelle des phonèmes et des graphèmes. Lorsque le synesthète lie un mot, il y a activation de la région du système visuel spécialisé dans la perception des couleurs, sans qu’il n’ait eu activation de toute autre zone située plus en amont dans le système visuel (telle que les régions V1/V2) qui sont activées par des stimulus visuels de couleur. Il y a perception de couleur sans solliciter les régions inférieures du système visuel. De plus, les régions V1/V2 et V4/V8 ne sont pas activées en imaginant une couleur. Il a également été constaté que l’activation de la région V4/V8, chez les synesthètes ne se produit que à gauche. Cette activation latéralisée est à superposer avec celle du système cortical du langage. Il est donc probable que plus que les sons, les paroles déclencheraient les couleurs synesthésiques. De plus, les couleurs réelles, chez les nonsynesthètes, activent la région V4/V8 des deux hémisphères alors que chez les synesthètes, seule la région droite est activée. Chaque hémisphère prend donc en charge, chez les synesthètes, un type de couleur : réelle ou évoquée par des mots. La conclusion actuelle de l’ensemble de ces études est que les synesthètes associeraient des couleurs aux mots par une projection anormale du système cortical du langage vers la région de sélection des couleurs V4/V8 du système visuel gauche. La synesthésie est un trouble dans la perception des sensations, caractérisé par le fait qu’un seul stimulus entraîne deux perceptions, l’une d’elles étant perçue sans qu’il n’y ait excitation directe de la région sensible. Dans la synesthésie, des sons ou des mots, entendus ou lus, font naître des sensations colorées. ¦ Stimulus visuel (mot lu) Stimulus auditif (mot entendu) Aire du traitement des mots Aire auditive Connexion spécifique des synesthètes Aire visuelle PAGE 16 LES BREVES Référence : • J. Gray, « La synesthésie : entendre en couleurs », Pour la science ; Décembre 2002 : n°302. DES DINOS AUX OISEAUX Par Jérôme GILLERON, licence La dernière théorie paraissait farfelue pour la majorité des scientifiques jusqu’à la découverte des couches lacustres du crétacé dans le nord-est de la Chine. Ces couches contiennent des quantités énormes de fossiles, dont l’étude a permis d'identifier des reptiles portant du duvet, en particulier des oiseaux primitifs, comme par exemple le Jeholornis (intermédiaire entre l’Archaeoptéryx et l’Iberomesornis) (Cf. dessin). En fait, cet «oiseau» a des caractères reptiliens (griffes sur les ailes, © Antoine Jarret En 1962, E. Colbert pensait que la physiologie des dinosaures était semblable à celle des reptiles actuels. Mais la découverte par J. Ostrom, à la fin des années 60, de petits dinosaures agiles et très actifs (Deinonychus) créa des lacunes dans les théories de l’époque. Les dinosaures étaient-ils des poïkilothermes (lents à température variable) ou des homéothermes (rapides à thermorégulation sanguine) ? Par la suite, les travaux d’A. Ricqles et R. Reid ont montré que les dinosaures devaient avoir leur physiologie propre et appropriée à l’époque. Ceci fut prouvé par la découverte de fossiles de dinosaures dans des régions défavorables aux reptiles actuels. Ce qui pose un problème sur la nature de leur disparition à la limite du crétacé-tertiaire. En effet, il y a trois théories principales, la première est l’action d’un puissant volcanisme, la seconde est un événement d'impacts météoritiques particulièrement important et la dernière est une évolution innovatrice des dinosaures (pour plus d'informations sur les deux premières théories, lire la Revue de Synthèse "Ces cataclysmes qui menacent la vie" en page 7). Références : • « Un oiseau primitif ». Pour la science – 2002 ; 300 : 16. • E. Buffetaut. "la modernité des dinosaures". Pour la science – 2002 ; 300 : 28-31. PAGE 17 queue de reptile) mais aussi des caractères néoformés plus caractéristiques des oiseaux (squelette plus léger et pattes préhensiles). On peut imaginer que les oiseaux sont les descendants des dinosaures mais l’extinction de leurs ancêtres n’est toujours pas élucidée. En effet, les fossiles intermédiaires entre dinosaures et oiseaux ne suffisent pas à eux seuls à expliquer la disparition de ces reptiles géants de la surface de notre planète bleue. ¦ FUTUR... LA RUÉE VERS … LA REGÉNÉRATION SPONTANÉE Par Arnaud AUTRET, licence taille identique à celui de l’homme, ce qui rend les recherches longues et périlleuses. Deux grands types de mécanismes sont à distinguer quant à la capacité de régénération spontanée. Chez l’hydre ou le ver plat, les cellules souches perdurent en quantités importantes au fil de la vie. Elles semblent représenter un tiers de la masse cellulaire active de l’organisme. L’hydre n’est en effet constitué que par deux feuillets cellulaires appelés ectoderme et endoderme. Il ne présente par conséquent aucun organe fonctionnel distinct mais ses cellules exercent des fonctions spécifiques, dans l’organisation spatiale notamment. Dans le cas d’une atteinte anatomique de l’individu, la migration rapide de ces cellules à l’endroit de la lésion permet leur différenciation en cellules épithéliales, musculaires ou nerveuses. Seules quelques cellules sont nécessaires à l’hydre pour régénérer la totalité de son organisme. Chez la salamandre, le concept est tout autre. Les cellules souches ne se retrouvent pas stockées dans l’organisme mais sont produites à l’endroit même de la lésion. On assiste alors à une étape de dédifférenciation, © Antoine Jarret Etudiés, analysés en laboratoire, les virtuoses de la régénération spontanée commencent tout juste à nous livrer leurs secrets. Si la capacité de repousse de la queue du lézard, pris en flagrant délit de bain de soleil, est un fait bien connu de tous, il n’en reste pas moins invraisemblable que certains vertébrés savent également régénérer une partie précise de leurs organes sensoriels, ou bien encore de leurs organes vitaux. Captivés par ce phénomène aux limites difficilement imaginables, Kiyokazu Agata et son équipe du centre de biologie du développement de Kobé (Japon) tentent de caractériser les gènes impliqués dans la régénération des organes et des tissus du plathelminthe, un petit ver plat. Le dernier né, le gène nou-darake (« des cerveaux partout » en japonais), est considéré comme primordial dans la différenciation des cellules souches en neurones dans le système nerveux central. La comparaison des génomes des espèces douées de régénération permettrait de nouvelles avancées. Mais l’hydre, habitant des lacs et des étangs qui appartient à la famille des cnidaires (comme le sont les coraux et les anémones), dispose d’un génome de Hydra Vulgaricus les cellules perdent leur spécificité, et redeviennent totipotentes. De prime abord, cette formidable capacité de régénération peut sembler rarissime dans le monde animal, mais d’après Brigitte Galliot, du département de zoologie et de biologie animale de l’université de Genève (Suisse), il serait assez courant d’observer ce phénomène. En effet, de nombreux crustacés sont doués de régénération spontanée, comme le homard suite à la perte d’une de ses pinces. Au terme de son embryogenèse, l’homme, quant à lui, perd toute capacité de régénération. Mais, de nombreuses observations viennent alimenter l’hypothèse selon laquelle la capacité de cicatrisation rapide viendrait supplanter l’événement de régénération. Ellen Heber-Katz, du Wistar Institute de Philadelphie (Etats-Unis) a montré que l’une des souches de souris qu’elle étudie a des capacités moindres de cicatrisation. Il s’agit des souris nommées MRL. Cependant, ces souris savent, contrairement aux souris normales, régénérer une partie de leur système cardiovasculaire. L’acquisition de la cicatrisation rapide permet une diminution importante des risques infectieux, mais il en résulte une incapacité à induire le phénomène de dédifférenciation. Les chercheurs tentent de découvrir tous les secrets cachés chez ces êtres aptes à la régénération. Néanmoins, aucun d’entre eux ne se risquerait à conclure à l’existence de soins thérapeutiques, qu’ils soient médicaux ou chirurgicaux, pour l’homme dans un plus ou moins long terme. ¦ Références : • K. Agata, C. Kobayashi, Y. Umesono « FGFR-related gene nou-darake restricts brain tissues to the head region of planarians ». Nature – 2002 ; 419 ; 620-624. • H. Ratel « Les secrets de la queue du lézard ». Sciences et Avenir – 2002 ; 670 ; 71-73. • E. Heber-Katz, M. Leferovich, D. Zwas « Heart regeneration in adult MRL mice ». Proceedings of the National Academy of Sciences – 2001 ; 98 ; 9830-9835. PAGE 18 FUTUR... MONOCYTE DEVIENDRA FOIE Par Florian MAUMUS, licence Une étude provocante suggère que le sang d’une personne pourrait un jour fournir des cellules de remplacement à son foie ou à son cerveau. Selon ce rapport, le sang humain contiendrait des cellules souches pouvant être transformées in vitro en une variété de types cellulaires. Cette découverte s’est faite de manière inattendue : un technicien du laboratoire national d’Agronne (Illinois) tomba malade et abandonna des monocytes humains dans une boîte de pétri. E. Huberman, chercheur de ce laboratoire, remarqua ensuite que, «laissés sans nutriments, certains de ces monocytes prirent une morphologie différente de celle des cellules immunes, catégorie de cellules à laquelle ils appartiennent normalement». A la suite de cette découverte providentielle, son équipe a identifié un sous-groupe de monocytes qu’il était possible de différencier en types cellulaires variés. Par exemple, l’exposition de cette sélection de monocytes au NGF (facteur de croissance des neurones) transformait 90 % de ses cellules en cellules présentant la forme étoilée, les projections propres aux cellules nerveuses et contenant les enzymes et protéines caractéristiques de ces dernières. En utilisant différents facteurs de croissance, Huberman et ses collègues sont aussi parvenus à changer ces monocytes en cellules ressemblant à des hépatocytes, à des cellules endothéliales ou à des cellules immunes différentes des monocytes et des macrophages. Des recherches avaient déjà montré le caractère totipotent des cellules de la moelle osseuse mais Huberman souligne que les cellules qu’il a identifiées sont bien plus faciles à prélever. Il pense que le rôle de ces monocytes est d’atteindre les organes endommagés afin d’aider à leur régénération. Il est difficile de dire s’il s’agit d’un artéfact dû au mode de culture ou du reflet de cellules à véritable potentiel thérapeutique. Des expériences in vivo confirmeront si ces cellules assurent leurs nouvelles fonctions. Aux Etats-Unis, cette découverte vient appuyer les arguments des opposants à la recherche sur les embryons humains. Selon Huberman, «il serait prématuré d’abandonner les études sur les cellules souches adultes; on ne sait pour l’instant laquelle des voies embryonnaire ou adulte portera le plus ses fruits, elles doivent être toutes les deux poursuivies». ¦ Références : • J. Travis, “Stem Cell Surprise: Blood cells form liver, nerve cells”. Science News – 2003 ; 163 (9) : 131. • Y. Zhao, D. Glesne, E. Huberman, “A human peripheral blood monocyte-derived subset acts as pluripotent stem cells”. Proceedings of the National academy of Sciences – 2003. • http://www.sciencenews.org VERS UNE NOUVELLE RESSOURCE D’ANTICANCÉREUX Par Gaëlle LE BASTARD, licence Suite aux recherches en milieu océanique, menées par une équipe de chercheurs de la «Scripps institution of oceanography» de l’université de San Diego en Californie, une nouvelle génération d’anticancéreux issue de bactéries des fonds marins pourrait apparaître. L’équipe dirigée par W. Fenical, directeur du CMBB (Center of Marine Biotechnology and Biomedicine) de la Scripps institution, a développé de nouvelles techniques permettant le prélèvement d’échantillons de boues marines puis leur tamisage afin de les étudier. Ces chercheurs ont découvert un nouveau groupe de bactéries actinomycètes présent dans les sédiments de 5 océans tropicaux et subtropicaux, mais absent sur les continents. Ils ont appelé cette nouvelle famille : Salinospora (Mincer, 2002). L’étude biochimique de différentes souches a permis aux scientifiques d’identifier un nouveau composé efficace, le Salinosporamide A. Ce composé présente un grand nombre d’homologies structurales avec l’Omuralide, une molécule synthétisée par des bactéries terrestres inhibitrice des protéasomes. Les chercheurs ont donc testé les effets du Salinosporamide A sur les protéasomes, protéinases multicatalytiques responsables de la dégradation des protéines de la cellule. Le Salinosporamide A inhiberait l’activité protéolytique de la sous-unité 20S des protéasomes, empêchant la prolifération des cellules cancéreuses, plus particulièrement celles responsables des cancers du colon (carcinome HCT-116), du poumon ou du sein chez l’Homme. Son efficacité serait 35 fois supérieure à PAGE 19 celle de l’Omuralide (Feling, 2003). Sur 105 souches étudiées de Salinospora, 86 % inhiberaient la croissance des cellules cancéreuses. De plus, 30 % de ces mêmes souches seraient efficaces contre un champignon microscopique : Candida albicans résistant à l’amphotéricine (ARCA), et 35 % contre une bactérie pathogène : Enterococcus faecium résistant à la vancomycine (VREF) (Mincer, 2002). L’écosystème océanique reste un milieu encore mal connu alors qu’il renferme très certainement un large potentiel biomédical. L’exploration des océans permet la découverte de nouvelles espèces ayant peut être la capacité de synthétiser des molécules utiles en pharmacologie et ainsi compenser la baisse actuelle des découvertes sur le milieu terrestre. ¦ FUTUR... Références : • http: //ucsdnews.ucsd.edu/newrel/science/fenical%20salinospora.htm • T.J. Mincer et al, “Widespread and persistent populations of a majornew marine Actinomycete taxon in ocean sediments”. Applied and Environmental Microbiology ; 2002 ; 68 : 5005-5011. • R.H. Feling et al, “Salinosporamide A: A highly cytotoxic proteasome inhibitor from a novel microbial source, a marine bacterium of the new genus Salinospora”. Angewandte Chemie ; 2003 ; 42 (3) : 355-357. BACTÉRIOPHAGES… DES THÉRAPEUTIQUES D’AVENIR ?! Par Xavier GARCIA, licence En 1999, à l’hôpital de Toronto : après une opération du cœur, une femme contracte une souche multirésistante de Staphylococcus aureus. Alors qu’aucun antibiotique ne permettait d’empêcher le déclin de cette patiente, une injection de bactériophage fait disparaître l’infection en 24 heures (Irwin, 1999). Comment cette souche multirésistante a-t-elle été éliminée ? Les bactériophages sont des virus de bactéries. Ils se fixent, par un complexe d’arrimage moléculaire à haute stéréospécificité, sur des protéines de la paroi bactérienne. Une fois arrimé à son hôte, le phage lui injecte son matériel génétique. Deux types de phages peuvent ensuite être distingués par leurs cycles de reproduction. Le matériel génétique des phages lysogènes s’insère dans le génome de l’hôte, donnant un prophage non infectieux, qui laisse la bactérie se multiplier, et par ce biais dupliquer le prophage. Les phages lytiques digèrent l’ADN de l’hôte tout en recyclant ses nucléotides, pour dupliquer son propre matériel génétique. En concomitance, la bactérie est contrainte de transcrire et traduire autant de protéines phagiques, qui permettent l’encapsidation des prophages infectieux. Et ceci jusqu’à sa propre lyse, libératrice des nouveaux phages dans le milieu. (Purves et al., 2000). Ce fût en 1915, à l’Institut Pasteur, que le biologiste Félix D’Hérelle découvrit et nomma les bactériophages. Il utilisa alors, avec succès, ces prédateurs de bactéries pour soigner les Parisiens de la dysenterie, les Indiens du choléra, et les Russes de la pneumonie (d’après les archives biographiques de l’Institut Pasteur). Pourquoi l’engouement de D’Hérelle pour la thérapie et la prophylaxie des infections bactériennes par les phages n’a-t-il pas fait d’émules ? Le premier argument des détracteurs de D’Hérelle était de taille : les lyses bactériennes, seule preuve de l’existence des phages, demeuraient bien trop fluctuantes, selon les laboratoires et les préparations bactériennes. Une autolyse enzymatique, produite par processus naturel dans certaines colonies, fût alors avancée comme contrehypothèse. Aujourd’hui, ces fluctuations complexes de lyses peuvent être expliquées, par l’action de phages lysogènes qui ne lysent pas, mais aussi par la grande spécificité d’interaction entre un phage et une souche bactérienne. Le concept du polymorphisme n’étant pas encore répandue, les scientifiques d’alors ne pouvaient comprendre comment des bactéries de même espèce, donc apparemment identiques ne réagissaient pas de la même manière face au phage. Cependant, une fois cet argument invalidé, un deuxième vit le jour en 1950, quand fut mise en évidence la transduction de facteur de virulence entre bactéries via les phages. Des problèmes majeurs se posent alors : les phages seraient-ils capables de rendre virulentes les bactéries commensales de notre organisme ? Pourraient-ils permettre à des pathogènes exogènes d’acquérir un phénotype endogène ? Les phages lytiques sont-ils concernés par ces considérations ? A la même période, le « miracle des antibiotiques », plus pratiques à utiliser par leur spectre d’action plus large, et PAGE 20 plus faciles à préparer, donna le coup de grâce à cette thérapie qui s’effaça des mémoires de l’Occident. Néanmoins, les travaux que D’Hérelle initia en URSS à l’Institut Elivia de Tbilisi, furent perpétués et perfectionnés. La guerre froide et la barrière de la langue auraient empêché les traitements par les phages des infections digestives, pulmonaires, des plaies externes… d’être diffusés vers les pays de l’Ouest. Aujourd’hui testée sur les souris, la thérapie par les phages serait en voie de développement dans certaines universités américaines, comme alternative aux antibiotiques, dont l’utilisation massive en secteurs médical et agricole, a favorisé la sélection des souches multirésistantes de bactéries (Rouat, 2002). Malheureusement, les bactéries possèdent aussi des résistances contre les phages. En effet, la spécificité spatiale de l’arrimage protéique est telle que le polymorphisme protéique des bactéries d’une même espèce suffit pour un échappement de 50 % à un phage donné. Cependant, la surface bactérienne présente de nombreuses protéines et offre donc de multiples cibles spécifiques à nombre de phages différents. Pourrait-on utiliser une combinaison de phages distincts, dont l’action synergique serait nécessaire et suffisante à l’élimination de toute la souche infectieuse ? Les soviétiques auraient élaboré en batterie, des cocktails de 17 à 40 phages utilisés en thérapeutique vétérinaire et humaine, mais aussi dans un but d’assainissement d’eaux impropres à la consommation. Les médecins russes prétendent aussi qu’ils n’auraient pour l’instant pas décelé d’effet iatrogène FUTUR... (trouble ou maladie provoqué par le médecin ou le médicament prescrit), sur les plantes, les animaux, les hommes et femmes (y compris les femmes enceintes et leurs enfants) (Lorch, 1999). Bien qu’aucune réponse immunitaire n’ait été notée lors de traitements par pulvérisation sur plaies, ni lors d’ingestion ou d’inhalation, il a été noté chez les souris, dans certains cas, une réponse immunitaire partielle contre les protéines du phage, quand ceux-ci étaient injectés par voie intraveineuse. Serait-il alors plausible de calculer une quantité de phages à injecter, qui soit appropriée pour éliminer les bactéries avant la neutralisation par le système immunitaire ? Qu’entraîne une lyse bactérienne intraveineuse ? Favorise-telle l’ immunité par la dispersion des molécules bactériennes ? Est-elle allergène ? Un autre problème est soulevé par la grande spécificité d’hôte, qui nécessite de localiser et d’identifier l’agent bactérien à chaque infection, avant de le cultiver pour sélectionner les phages adéquats au traitement (Summers, 2001). Serait-il possible de contourner cette perte de temps par l’élaboration de banques de phages ? Comment faire une méta-analyse à partir de traitements faits au cas par cas, en fonction du patient, de la bactérie et du stade infectieux, sans standardisation ? Peut-on concevoir un standard modulable ? Le développement et la maîtrise du bactériophage par l’Homme, contre les Bactéries, entamés en 1915, a été stoppé net par les antibiotiques… Il semblerait néanmoins que ces mêmes antibiotiques vont promouvoir, 50 ans après, un retour des bactériophages, qui pourrait bien s’avérer fracassant pour les bactéries. ¦ Références : • • • • • A. Irwin,” Superbug victim saved by killer virus treatment “.The Daily Telegraph- 1999 ; 17 septembre. Purves, Orians, Heller, Sadava, Le Monde du Vivant 2ème édition Flammarion – 2000. http://www.pasteur.fr/infosci/archives/f-bio.html. S. Rouat, « Les Phages, Tueurs Nés » , Sciences et avenir – octobre 2002. A. Lorch, « Bactériophages : une alternative aux antibiotiques ? » Moniteur de biotechnologie et de développement-1999 ; 39 : 14-17. • W.C. Summers, “Bacteriophage Therapy”, Annual Review of Microbiology, 1, 2001 ; 55(1) : 437-451. SÉQUENÇAGE DU GÉNOME DE L’ANOPHÈLE : UNE AVANCÉE MAJEURE DANS LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME Par Riad ABES, licence En 1991, suite au phénomène de résurgence du paludisme, se réunit un consortium international autour d'un même objectif : séquencer le génome de Anopheles gambiae, principal vecteur africain du paludisme, pour tenter d’endiguer l’infection. Ce n’est qu’en 2002 que paraît la version préliminaire de ce génome, obtenue grâce à la méthode du séquençage aléatoire global (« whole genome shotgun » développée par Celera genomics). Dès lors, les scientifiques vont tenter de mettre à profit cette avancée majeure pour améliorer et développer de nouvelles stratégies de contrôle vectoriel. Bien que cette version préliminaire soit encore entachée d’un certain nombre d’erreurs, son analyse devrait permettre aux chercheurs d’en apprendre davantage sur l’immunité du moustique, son écologie, son développement ou encore son comportement. Avec l’appui des connaissances relatives aux autres projets génome (homme, plasmodium et drosophile), d’importantes améliorations devraient voir le jour dans les années à venir concernant la lutte contre le paludisme et tout particulièrement dans le domaine du contrôle vectoriel. Ainsi, trois axes de recherches sont particulièrement prometteurs : - diminuer le nombre de moustiques via, entre autres, l’analyse des mécanismes de résistance aux insecticides ; - limiter l’anthropophilie du moustique en jouant sur les mécanismes d’interaction avec l’homme ; - développer des moustiques génétiquement modifiés réfractaires au plasmodium. Reste maintenant pour les chercheurs à améliorer la version préliminaire et à envisager les conséquences écologiques liées au développement des nouvelles stratégies de contrôle vectoriel. De plus, il ne faudrait pas négliger les aspects sociologique, économique et humain relatifs au paludisme car, s’ils sont souvent occultés, ceux-ci demeurent néanmoins tout aussi importants que l’aspect scientifique lui-même. ¦ Référence : • R. A. Holt et al., “The Genome Sequence of the Malaria Mosquito Anopheles gambiae”. Science ; 2002 ; 298 : 129-149. PAGE 21 BLOC-NOTES CARNET ROSE Par Fanny GROLLIER MAROUANI, maîtrise Les étudiants et l’équipe du Journal souhaitent la bienvenue à Ella et envoient toutes leurs félicitations aux parents ! Diplôme du premier bébé de la filière scientifique ¦ UN SEMESTRE ERASMUS A L’UNIVERSITÉ PARIS 5 Par Julia BAISCH, licence Bonjour à tous, Je m’appelle Julia Baisch, j’ai 23 ans et je viens d’Allemagne. Je fais des études de nutrition à l’université Hohenheim qui se trouve tout près de Stuttgart. L’idée de venir ici pour quelques mois est venue dans ma tête il y a à peine deux ans, pendant mon premier séjour à Paris. La ville m’a tellement impressionnée que je voulais à tout prix y revenir. Peu après mon retour en Allemagne, je me suis renseignée auprès de mon université sur les possibilités de passer un semestre à l’étranger. Et comme par hasard, ma faculté propose entre autres des semestres ERASMUS à Paris 5 ! C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de prendre une année sabbatique pour faire un stage dans l’industrie alimentaire d’abord et pour passer un semestre ERASMUS à Paris ensuite. Comme je suis la première étudiante de Hohenheim qui vient ici pour suivre les cours (tous mes prédécesseurs étaient venus pour travailler en labo et faire leur « projet de fin d’études » ici, nécessaire pour obtenir le « diplôme » en Allemagne, ce qui correspond à peu près au DEA ou au DESS en France), il y avait pas mal d’obstacles à surmonter. D’abord, ma fac en Allemagne ne connaît pas l’organisation des cours à Paris 5, donc j’ai du me renseigner moimême auprès de Pr Cynober qui m’a vraiment beaucoup aidée pour l’organisation de mon emploi du temps contenant tous les cours qui sont proposés par votre fac et qui concernent la nutrition. Pour lui aussi, c’était la première fois qu’il fallait prendre en charge une étudiante de Hohenheim. Donc, j’ai dû lui expliquer la structure de mes études en Allemagne, les objectifs de notre formation, les cours que nous suivons etc. Le Pr Cynober a fait beaucoup d’efforts pour rendre ce semestre ici le plus intéressant possible pour moi. Malheureusement, rien de ce que je fais ici, ne sera validé pour mes études à Hohenheim car j’ai déjà presque tout PAGE 22 validé et il ne me reste que des stages et des exposés à faire après mon retour. Mais en général, si on fait un semestre ERASMUS quelque part, les cours passés à l’étranger sont validés à la fac d’origine. Peut-être qu’un jour, cela sera possible entre les deux facs de Hohenheim et de Paris 5… Avant de venir à Paris, je ne m’étais pas rendue compte qu’il serait si difficile de débarquer ici comme ça au milieu de l’année universitaire. Déjà, il a fallu que je me cherche un hébergement par mes propres moyens car la fac ne dispose que de quelques places dans les résidences CROUS pour des étudiants ERASMUS qui étaient déjà réservées pour les étudiants qui viennent pour une année complète. Et il était trop tard pour postuler à une chambre à la CIUP. Mais comme je suis arrivée à Paris deux semaines avant le début des cours et que j’ai eu beaucoup de chance, j’ai enfin trouvé une chambre dans le 13e arrondissement. Ensuite, toute inscription à des activités universitaires, par exemple du sport, se fait uniquement pour une année complète et j’avais BLOC-NOTES donc le choix entre payer le montant total en ne restant que cinq mois ici ou ne pas y participer…De plus, il n’y a pas d’activités proposées par la fac pour les étudiants ERASMUS contrairement à l’Allemagne où il y a des sorties, des soirées internationales et des excursions qui sont organisées par l’université. Ah si, il y a une soirée de rencontre pour les étudiants ERASMUS, mais elle a lieu en novembre et donc, je l’ai loupée. Mais bon, je suis quand même très contente d’être venue ici et maintenant, après deux mois à Paris, je commence à me sentir très à l’aise et j’ai déjà fait beaucoup de connaissances – malheu- reusement, pour la plupart, ce ne sont pas des Français car il n’est pas toujours évident d’entrer en contact avec les Parisiens… Malgré tous les obstacles que l’on rencontre, je ne peux que vous conseiller de partir pour un certain temps à l’étranger si vous en avez la possibilité ! A part des connaissances de la langue qu’on améliore, il est une expérience unique de vivre dans un autre pays avec une culture et des traditions différentes de son pays d’origine. On apprend beaucoup sur son propre esprit et sa propre façon de penser et d’agir. Enfin, vivre dans un autre pays aide à com- prendre les gens de là-bas avec leurs habitudes et façons de penser. Donc, si vous êtes intéressés pour venir en Allemagne pour étudier, faire un stage ou simplement pour faire des vacances, n’hésitez pas à me contacter – ce serait un grand plaisir pour moi de vous aider ! J’espère que je vous ai donné envie de partir à l’étranger vous aussi. Si vous avez des questions quant à ce qu’il faut faire pour y arriver, venez me voir, j’essaierai de vous conseiller ! Voilà mon adresse électronique (qui existera encore après mon départ !) : [email protected] ¦ CLONAGE THERAPEUTIQUE : INTERDIT PAR LE SENAT Par Héloïse LAMBERT, licence Qu’est-ce que le clonage thérapeutique ? Cette technique permet la création d’un embryon artificiel par transfert nucléaire. Ainsi, un noyau de cellule somatique provenant d’un malade est introduit dans un ovocyte receveur énucléé. L’embryon obtenu est cultivé quelques jours in vitro, les cellules souches embryonnaires (cellules ES) sont prélevées, différenciées en laboratoire vers le type cellulaire voulu, et enfin, réimplantées chez le malade. Cette technique présente un sérieux avantage : les cellules obtenues sont génétiquement identiques à celles du malade, il n’y a donc aucun problème d’histo-incompatibilité. Le 30 janvier 2003, le Sénat a tranché : le clonage reproductif est interdit ; il est considéré comme un « crime contre l’espèce humaine », passible de 30 ans de réclusion et de 7,5 millions d’euros d’amende. Pour le clonage thérapeutique, un amendement proposé par le gouvernement précise que « la conception in vitro d’embryons ou la constitution par clonage d’embryons humains à des fins de recherche est interdit ». Seuls les embryons surnuméraires ne faisant plus partie d’un projet parental pourront être utilisés pour la recherche sur une période dérogatoire de 5 ans. La pratique du clonage thérapeutique est passible de 7 ans d’emprisonnement et de 1 million d’euros d’amende. De plus, cette interdiction s’étend aussi à la recherche sur les PMA (Procréation Médicalement Assistée), alors que les premiers résultats étaient prometteurs : une augmentation du taux de réussite des PMA (17 % en l’an 2000) et des pistes pour des solutions aux risques de grossesses multiples lors des programmes de fécondation in vitro (FIV). D’après Philippe Amouyel, qui dirige l’institut Pasteur et la Génopole de Lille, le clonage thérapeutique présenterait un bel espoir pour la thérapie cellulaire s’appliquant aux maladies présentant des pertes importantes de tissus (Alzheimer, Parkinson, maladies cardiovasculaires…), car les cellules issues du clonage thérapeutique ont l’avantage d’être pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent donner naissance à tous les types cellulaires de l’organisme. L’interdiction du clonage thérapeutique ferme donc une voie importante de la recherche. Les autres pistes pour la thérapie cellulaire sont les cellules souches adultes et les lignées de cellules souches embryonnaires. Or, même si les cellules souches adultes ont aussi les avantages d’être pluripotentes et de limiter les problèmes d’histo-incompatibilité, elles présentent deux obstacles majeurs : les mécanismes régissant la reprogrammation des cellules souches adultes (= la transdifférenciation) sont mal connus et la prolifération en culture de ces cellules offre une capacité limitée. De plus, les lignées de cellules souches embryonnaires, obtenues à partir d’embryons humains surnuméraires, doivent répondre à des critères stricts établis par le NIH (National Institutes of Health). Ainsi, aux Etats-Unis, la liste est passée de 64 lignées disponibles à 9 ! Il reste donc 5 ans à la France pour créer de nouvelles lignées de cellules souches embryonnaires répondant aux critères du NIH. Considérant l’embryon comme un être humain potentiel dès la première cellule, la France a donc décidé, pour des raisons d’éthique, d’interdire son utilisation en tant qu’outil de recherche, bloquant le développement de certaines voies thérapeutiques nouvelles. Malgré cela, les recherches en thérapie cellulaire continuent et l’utilisation des cellules souches pluripotentes ouvrent déjà de très belles perspectives. ¦ Références : • • • H. Chneiweiss, « Sur les sentiers escarpés des montagnes de bioéthique ». Médecine/Sciences – Mars 2003 ; 19 : 374-376. http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226--307526-,00.html http://www.lavoixdunord.fr/vdn/journal/dossier/sciences/clonage/0301282.shtml451. PAGE 23 BLOC-NOTES QUE SONT-ILS DEVENUS ? Par Sara PAKDOUST, licence Depuis 1999, les étudiants de licence de la filière scientifique donnent de leurs nouvelles… Ces informations diverses et variées, pas toujours complètes, nous permettent de vous donner quelques informations sur leur suivi d’études et pour certains leur carrière professionnelle. Depuis 1999 (en excluant les inscrits absents toute l’année ainsi que l’année 2003), 199 étudiants ont suivi les enseignements de la licence. En moyenne, 90 % d’étudiants ont été suivis, avec un pic de 100 % en 2001 (Cf. tableau) ! Quel parcours après la licence pour les 179 non perdus de vue ? Globalement, 73,2 % des étudiants ont continué leur maîtrise à Paris 5 et 8,9 % ont intégré l’IUFM (Cf. graphe 1). Les autres… des maîtrises de biologie à Paris 6 (« biologie cellulaire », « biologie des populations »), de génétique et de sciences végétales à Paris 7, des écoles (sage-femme, kinésithérapeute, ingénieur, ergothérapeute, école de commerce, journalisme scientifique… jusqu’au cours Florent). Des parcours riches et variés… Et après la maîtrise ? Pour 51,3 % des étudiants (sur un effectif total de 115), un troisième cycle dont 21,7 % un DEA et 29,6 % un DESS (Cf. graphe 2), dans des universités et des intitulés diversifiés : nutrition, neuroscience, biologie, génétique, immunologie, microbiologie, bioinformatique, ergonomie…. Les universités d’accueil ne sont pas que parisiennes puisque celles de Toulouse, Lille, Grenoble, Nancy, Strasbourg… ont aussi accueilli nos étudiants. Et enfin… 34 étudiants gardent le contact avec notre composante malgré leur vie professionnelle : 6 sont en thèse, 28 ont une situation professionnelle. A l’image des parcours riches que nous avons cités cidessus, les emplois sont extrêmement variés : professeur des écoles, ergonome, sagefemme, journaliste, chargé de communication, ingénieur, ingénieur de recherche, cadre (pharmacovigilance, nutrition…)… Année de licence 1999 Nb d’étudiants suivis (en %) Nb de perdus de vue (en %) 31 (77,5 %) 9 (22,5 %) Total 40 2001 2002 Total 47 53 48 179 (87 %) (100 %) (92,3 %) (89,9 %) 7 0 4 20 (13 %) (0 %) (7,7 %) (10,1 %) 54 53 52 199 Graphe 1 : cursus après licence 16,1% 19,1% 10,4% 4,2% 24,5% 17,9% 9,7% 8,9% 14,9% 7,5% 66,0% 67,9% 2000 2001 85,4% 74,2% 1999 Maîtrise P5 73,2% 2002 IUFM Total Autre Graphe 2 : cursus après maîtrise 20,0% 31,7% 25,0% 26,1% 10,0% 22,6% 19,5% 34,1% 31,7% 20,5% 17,1% 20,5% 21,7% 2000 2001 Total 40,0% 30,0% 1999 DEA DESS 29,6% autre poursuite perdus de vue Graphe 3 : suivi professionnel 0,0% 12,5% 17,6% 28,6% 50,0% 21,4% 50,0% Etudiants, anciens étudiants de la licence de Biologie, n’oubliez pas de temps en temps de donner des nouvelles à Dominique Martin ([email protected]) pour que ce suivi se perdure et s’affine. Merci ! Et à quand une association des anciens de licence… ?! ¦ 2000 1999 Insertion professionnelle PAGE 24 43,8% 43,8% 2000 35,3% 50,0% 47,1% 2001 Total Professeurs des écoles Thèse CE N'EST QU'UN AU REVOIR... ELLE EST OÙ LA JOLIE ? (*) Par les étudiants de la licence Partie à Montpellier. Son accent du Sud, son enthousiasme, son dynamisme ont fait d’elle une enseignante qui ne sera pas de sitôt oubliée. Mais qui est donc cette cigale ? Véronique HaninPaulino, enseignante d’immunologie en licence à la faculté de pharmacie de Paris 5 et membre du comité de revalorisation de la recherche. Cigale par son accent certes mais fourmi dans l’âme, Véronique HaninPaulino laisse en effet beaucoup de projets bien engagés et porteurs de développement, parmi lesquels la création du journal scientifique de biologie de Paris 5. Sa détermination a été l’élément moteur de l’engagement, tant des élèves que des enseignants dans cette aventure et nous l’en remercions encore. Très appréciée de ses étudiants pour sa sim- (*) : fond d'écran de son portable. plicité, sa bonne humeur et sa disponibilité, elle a su instaurer une relation de confiance et de travail. Aujourd’hui, Véronique HaninPaulino quitte la faculté de Paris 5 pour être chargée d’affaires industrielles européennes et internationales à Montpellier, l’occasion pour elle de retrouver sa famille, sa région et les joies de l’escalade. Ses nouvelles fonctions font suite à un projet professionnel qui va pouvoir s’affirmer et compte tenu de ses qualités professionnelles et pédagogiques nous sommes sûrs de sa réussite et lui souhaitons bonne chance. ¦ Véronique Hanin-Paulino présentant le Journal lors de la rentrée solennelle présidée par M. le Doyen D. Durand. VÉRONIQUE Par l'équipe du journal Véronique Hanin-Paulino est l'initiatrice et le chef d'orchestre de ce journal. Toujours à l'affût d'idées pour l'innovation pédagogique et la valorisation de la recherche, elle a initié ce projet, l'année dernière, lors de ses TD d'immunologie avec les étudiants de la filière scientifique sur un de ses thèmes de recherche : les anticorps. Maître de conférence depuis 1997 dans notre faculté, Véronique était toujours partante, participante et active dans tous les projets innovateurs de notre faculté. Sa passion et la reconnaissance de ses activités lui ont permis d'être nommée correspondante de l'UFR auprès de la cellule de valorisation de la recherche de l'Université Paris 5. La continuité de ses projets l'a amenée à demander et à obtenir un poste de chargée d’affaires industrielles, européennes et internationales dans le cadre d'une délégation au CNRS à Montpellier. Un retour aux sources... chez elle puisqu'elle a obtenu son diplôme de pharmacienne et a fait ses PAGE 25 premiers pas d'enseignante à la faculté de pharmacie de Montpellier. Son professionnalisme est tel qu'elle a tenu son engagement à distance vis-àvis de ce numéro. Notre reconnaissance est telle que l'équipe du journal a dérogé à son engagement de ne pas écrire dans le journal mais cette petite exception se justifie par notre fort désir de la remercier par cet hommage surprise. A l’annonce de son départ pour le Sud de la France, nous avons gentiment dit le mot « lâcheuse », qui dit combien nous avons apprécié tes initiatives. Il faut ajouter « tant pis pour nous, tant mieux pour toi ». Nous te souhaitons beaucoup de bonheur et de satisfaction près des tiens ainsi que dans ta nouvelle fonction. Merci pour tout, Véronique ! ¦ SCIENCES ET LOISIRS REMUE-MENINGES N°1 Par Aurélie DUCES, licence A B C D E F G H I J K L M N 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 VERTICAL : HORIZONTAL : A. Ténia - Pomme. B. Attacha - Hormone lutéinisante. 1. Lymphocytes B différenciés - Petit cours d’eau. C. Immunoglobulines - Préposition. 2. Région inguinale - Organe de la vue - Arrivés sur Terre. D. Possessif - A la mode - Organe de lactation. 3. Animaux cobayes - Oublis. E. Possessif - Langue du Sud. 4. Tryptophane - Sodium - Vieille note. F. Peupliers - Glycine. 5. Amicales - Enlever. G. CMH. 6. Article indéfini - Ile française - Méthode d’amplification. H. Monnaie chinoise - Saison chaude - Vache de la mytholo- 7. Mémoire de licence - Composant de l’hémoglobine - Style musical. gie. I. Possessif - Pronom - Cyclines. 8. Ajout à une lettre - Ville de l’Hérault - Mèche rebelle. J. Prénom féminin - Vêtement indien. 9. Possessif - Néon. K. Couleur. 10. Aluminium - Grand Turismo - Cajola. L. Granulocyte. 11. Alcool à six carbones - Méthodes de dosage - Pronom défini. M. Demeure - Ici - Arrivés sur Terre. N. Coutumes - Récepteur à activité enzymatique - Fatigué. 12. Molécules. ¦ PAGE 26 SCIENCES ET LOISIRS REMUE-MENINGES N°2 Par Axel DE JULIEN DE ZELICOURT et Damien DESPRETZ, licence A B C D E F G H I J K L 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 VERTICAL : HORIZONTAL : A. Eclaire le carnaval - Etoile. 1. Cellules immunitaires. B. Prénom - Grande étendue. 2. Confession - Lettre grecque - Un. C. Tissu végétal - Services secrets. 3. Etendue d’eau - Etapes. D. Pouvoir passé - Démonstratif - Courber. 4. Etude comportementale. E. Amoncellement de corps. 5. Mer anglaise - Europe - Premier vigneron. F. Métal précieux - Appareil volant. 6. Ouest allemand - Dieu égyptien - Rigolons. G. Grande écharpe - Choisir. 7. Asn/Thr/Glu - Négation - En haut. H. Dessert laitier - Enlever en phonétique. 8. Grand royaume - Conspiré. I. Exemple anglais - Satellite de jupiter - Ecrivain. 9. Discipline des profondeurs. J. Globule blanc engagé dans des réactions allergiques. 10. Mise en pratique - Palindrome de sur la croix - Fleuve. K. Systèmes nerveux - Espion effeminé - Fleuve africain. 11. Soumis à l’action du vent - Soumises à l’action des élé- L. Bouche - Villa italienne - Cardinal. ments. 12. Hématies - Réunions post-exam. ¦ Pour les solutions... RDV au n°3 PAGE 27 RDV pour le N°3 ...