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La date de mise en application
a été préliminairement fixée à
début 2013 mais il est probable
qu’elle soit repoussée. La moro-
sité économique ambiante en
Europe justifie en effet une
incitation à investir dans les
entreprises, immobilières ou
industrielles, alors que la baisse
des taux d’intérêt a tendance à
augmenter la valeur du passif
des compagnies d’assurance et
à réduire par conséquent leur
assiette en fonds propres. Il
apparaît de plus en plus que cet
aspect pro-cyclique de la régle-
mentation est très pénalisant
pour la croissance.
C’est d’autant plus dommageable
que les sociétés d’investissement
en immobilier coté dotées de la
transparence fiscale (les “REIT”
ou en français les “SIIC”) ont
montré leur capacité à accompa-
gner les entreprises européennes
dans l’optimisation de leurs capi-
taux investis en leur permettant
d’externaliser leur patrimoine
d’immobilier d’exploitation dans
de bonnes conditions. Les SIIC
sont actuellement le principal
investisseur institutionnel en im-
mobilier en France avec plus de
100 milliards de patrimoine im-
mobilier sur un total de 240 mil-
liards détenus par les investis-
seurs financiers. Il semble parti-
culièrement contre-productif de
pénaliser ce secteur à l’heure où
la productivité du capital comme
celle du travail est un élément-
clé d’amélioration de la compé-
titivité et de dynamisation de la
croissance potentielle.
M
brage, est vraisemblablement
plus faible en Europe continen-
tale. Par comparaison, les obliga-
tions sont dotées d’une exigence
en fonds propres de l’ordre de 6 à
12 % selon la duration et le risque
de crédit, les actions cotées
d’une exigence de l’ordre de 40 %
et le
private equity
une exigence
de l’ordre de 50 %. L’immobilier
est également doté d’un certain
pouvoir de diversification : sa
corrélation avec les actions est
considérée égale à 75 % et sa cor-
rélation avec les obligations est
considérée égale à 50 % en cas de
baisse des taux d’intérêt et de 0 %
en cas de hausse des taux. Cette
décorrélation avec les obliga-
tions en période de marché bais-
sier, avérée de fait dans tous les
pays avancés, procure un avan-
tage indéniable à l’immobilier,
surtout dans la configuration do-
minante en France des contrats
d’assurance-vie en euros qui sont
très investis en obligations.
Les fonds immobiliers sont
considérés comme de l’immobi-
lier à condition qu’ils fassent ap-
pel à un levier financier modéré,
de l’ordre de 25 % au maximum
en termes de
loan-to-value
, sinon
ils sont considérés comme du
private equity
. Si ces fonds ont
une caractéristique de
collective
investment vehicle
, autrement
dit s’ils font appel à l’épargne
publique, une approche de
look-
through
est appliquée et les com-
posantes du fonds sont traitées
indépendamment. L’immobilier
coté est considéré comme un
risque action. Le fait que la per-
formance à moyen et long terme
de l’immobilier coté suive celle
de l’immobilier physique n’est a
priori pas reconnu dans la logique
d’un horizon de la
value-at-risk
à
un an. Au final une compagnie
d’assurance désireuse d’investir
dans de l’immobilier aura inté-
rêt à investir dans des fonds non
cotés dotés d’un levier financier
supérieur à 50 % (l’exigence de
50 % s’appliquant à la proportion
de fonds propres du fonds, soit
moins de 50 % de l’exposition en
immobilier, l’exigence finale est
inférieure à 25 % de la valeur du
patrimoine immobilier) ou dans
des sociétés immobilières co-
tées dotées d’un levier financier
supérieur à 40 % (en appliquant
le même raisonnement que pré-
cédemment) ou, le cas échéant,
dans de l’immobilier physique
ou des fonds non cotés dotés
d’un levier de 25 % maximum. Le
résultat semble paradoxal dans
la mesure où l’investissement en
immobilier indirect à fort effet de
levier nécessite moins de fonds
propres en couverture.
unE appROchE
pénaLISantE pOuR
La cROISSancE
En France, l’immobilier coté ne
représente que 10 % environ de
l’exposition en immobilier des
compagnies d’assurance, soit
4 milliards environ pour une
capitalisation boursière totale
de l’immobilier coté de plus de
40 milliards. C’est sans doute
un étiage qui ne devrait pas se
réduire car l’immobilier coté dé-
tient d’autres vertus, en particu-
lier sa liquidité. Cette proportion
autEuR
Pierre Schoeffler
ImmObILIER cOté LES ImpactS DE SOLvEncy 2 SuR LES InvEStISSEmEntS ImmObILIERS
DOSSIER
octobre novembre décembre 2012 anaLySE fInancIèRE n° 45
est loin d’être optimum en termes
d’allocation de portefeuille car
une combinaison d’immobilier
physique et d’immobilier coté
en proportion plus équilibrée est
particulièrement intéressante
pour optimiser la rentabilité ajus-
tée du risque. Mais l’approche
standard de Solvency 2 reste as-
sez frustre comme tout approche
standard.
Le calibrage de Solvency 2 est
toujours en cours. Depuis 2007,
cinq études d’impact quantitatif
ont été menées par le régulateur
européen des compagnies d’as-
surance (
European Insurance
and Occupational Pensions Au-
thority
) en liaison avec les fédé-
rations nationales.
Les fonds
immobiliers
sont considérés
comme de
l’immobilier,
à condition
qu’ils fassent
appel à un
levier financier
modéré, de
l’ordre de 25 %
au maximum
en termes de
“
loan-to-value”
,
sinon ils sont
considérés
comme du
“private
equity”
.