Sébastien Lavoie, économiste

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30 juin 2009
Malgré un repli d'envergure, l'économie du Québec se tire mieux
d'affaires que l'économie canadienne
Les plus récentes statistiques publiées par l'Institut de la Statistique du Québec montrent que la
belle province a débuté l'année du mauvais pied : L'économie québécoise a connu son recul le
plus important en 18 ans au premier trimestre de l'année (4,8 % par rapport au trimestre
précédent, en rythme annualisé).
Secteur extérieur: Exportations et importations en 2009T1
Exportations totales
-24
Exp. autres prov.
-11
Exp. autres pays
Malgré cette contraction abrupte, le Québec se tire mieux d'affaires que le Canada depuis la crise
financière de l'automne dernier. Par exemple, le repli du PIB réel canadien en 2008T4 (-3,7 %) et
2009T1 (-5,4 %) a été beaucoup plus important que celui du Québec (-0,7 % en 2008T4, -4,8 %
en 2009T1).
-31
Importations totales
-27
Imp. autres prov.
-14
Imp. autres pays
-32
-40
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
Source: ISQ, Recherche Économique VMBL
5
4
Ménages: Consommation (chang.% trimestriel annualisé)
et épargne en 2009T1
4,7
Canada
3,0
Québec
3
2
0,5
1
0
-1
-2
-3
-1,6
Taux d'épargne pers.
Dépenses de cons. réelles
Source: ISQ, Statistique Canada, Recherche Économique VMBL
Croissance du PIB réel au Québec
(chang. annuel en %)
5
4
3
2
1
0
-1
-2
-3
-4
82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10
Premièrement, le secteur extérieur québécois a subi les contrecoups du fléchissement de la
demande mondiale. La somme des exportations et importations totale a plongé de 25 % (par
rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé) en l'espace d'un trimestre. Les exportations
(-31 %) et importations (-32 %) à destination d'autres pays ont durement été touchées. La
récession dans le reste du Canada fait aussi mal au Québec, puisque les exportations vers les
autres provinces – comptant pour 36 % des exportations totales québécoises – ont reculé de
11 % en 2009T1.
Cette implosion du commerce de biens et services s'est traduite par une chute marquée des
bénéfices des sociétés (-26 % par rapport à 2008T1, -19 % par rapport à 2008T4). Par
conséquent, les entreprises ont dû réduire substantiellement leurs coûts comme les
investissements de machinerie et matériel (-39 % par rapport au trimestre précédent, en rythme
annualisé). Et malgré une baisse de 1,4 milliard $ des stocks en 2009T1, il reste encore des
ajustements à faire pour rétablir un équilibre par rapport à la demande.
En plus de l'investissement, les entreprises québécoises ont dû réduire leurs effectifs (l'emploi
dans le secteur privé a chuté de 27 000 en 2009T1, l'emploi total de 44 000 durant la même
période). Jumelé à une baisse du salaire hebdomadaire moyen, le recul de l'emploi a mené à une
rare baisse de la rémunération des salariés (-0,6 % par rapport au trimestre précédent). Cette
détérioration du marché du travail explique en bonne partie la stagnation des dépenses de
consommation en 2009T1 (+0,5 % par rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé), ce
qui est tout de même mieux que le repli enregistré en 2008T4 (-2,7 %). Durant la même période,
les dépenses de consommation dans l'ensemble du Canada ont davantage rebroussé chemin (3,1 % en 2008T4, -1,6 % en 2009T1), signe que les ménages québécois se portent relativement
mieux durant cette récession.
Une autre statistique qui distingue le Québec du Canada est le taux d'épargne. Les Québécois ont
épargné une plus faible proportion de leur revenu disponible (3,0 %) en 2009T1 que dans
l'ensemble du pays (4,7 %). Cette différence est due en partie à la résilience du marché de
l'habitation québécois : Le prix des logements existants n'a pas diminué au Québec (+1,4 % entre
jan.-mai 2009 par rapport à jan.-mai 2008) contrairement aux autres provinces (ont : -3,5 %, C.B :
-8,1 %, Prairies : -6,7 %). Face à une dépréciation importante de leurs actifs immobiliers, les
ménages dans le reste du Canada doivent épargner une plus grande proportion de leur revenu
disponible.
Similaire aux autres provinces, les dépenses gouvernementales sont en croissance (1,4 % par
rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé). Le plan des infrastructures du
gouvernement du Québec continuera de contribuer positivement à la croissance économique pour
le reste de 2009 et en 2010.
Nous estimons que le recul du PIB réel québécois au deuxième trimestre n'a pas été draconien
comme au premier, en raison des signes de stabilisation qui sont apparus lors du printemps. Le
Québec devrait sortir de l'emprise de la récession en deuxième moitié d'année et connaître un
redressement modeste par la suite. Nous maintenons notre prévision que le PIB réel québécois reculera de 1,9 % cette année (voir l'édition printanière de
l'Observateur provincial sur notre site Internet www.vmbl.ca). Pour ce qui a trait à notre pronostic en 2010 (+2,3 %), les risques sont en peu plus prépondérants à la
baisse.
Source: Statistique Canada, Recherche Économique VMBL
Sébastien Lavoie, économiste
Carlos Leitao, Économiste en chef
Sébastien Lavoie, Économiste
Martine Bérubé, Assistante de recherche
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