30 juin 2009 Malgré un repli d'envergure, l'économie du Québec se tire mieux d'affaires que l'économie canadienne Les plus récentes statistiques publiées par l'Institut de la Statistique du Québec montrent que la belle province a débuté l'année du mauvais pied : L'économie québécoise a connu son recul le plus important en 18 ans au premier trimestre de l'année (4,8 % par rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé). Secteur extérieur: Exportations et importations en 2009T1 Exportations totales -24 Exp. autres prov. -11 Exp. autres pays Malgré cette contraction abrupte, le Québec se tire mieux d'affaires que le Canada depuis la crise financière de l'automne dernier. Par exemple, le repli du PIB réel canadien en 2008T4 (-3,7 %) et 2009T1 (-5,4 %) a été beaucoup plus important que celui du Québec (-0,7 % en 2008T4, -4,8 % en 2009T1). -31 Importations totales -27 Imp. autres prov. -14 Imp. autres pays -32 -40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 Source: ISQ, Recherche Économique VMBL 5 4 Ménages: Consommation (chang.% trimestriel annualisé) et épargne en 2009T1 4,7 Canada 3,0 Québec 3 2 0,5 1 0 -1 -2 -3 -1,6 Taux d'épargne pers. Dépenses de cons. réelles Source: ISQ, Statistique Canada, Recherche Économique VMBL Croissance du PIB réel au Québec (chang. annuel en %) 5 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 -4 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 Premièrement, le secteur extérieur québécois a subi les contrecoups du fléchissement de la demande mondiale. La somme des exportations et importations totale a plongé de 25 % (par rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé) en l'espace d'un trimestre. Les exportations (-31 %) et importations (-32 %) à destination d'autres pays ont durement été touchées. La récession dans le reste du Canada fait aussi mal au Québec, puisque les exportations vers les autres provinces – comptant pour 36 % des exportations totales québécoises – ont reculé de 11 % en 2009T1. Cette implosion du commerce de biens et services s'est traduite par une chute marquée des bénéfices des sociétés (-26 % par rapport à 2008T1, -19 % par rapport à 2008T4). Par conséquent, les entreprises ont dû réduire substantiellement leurs coûts comme les investissements de machinerie et matériel (-39 % par rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé). Et malgré une baisse de 1,4 milliard $ des stocks en 2009T1, il reste encore des ajustements à faire pour rétablir un équilibre par rapport à la demande. En plus de l'investissement, les entreprises québécoises ont dû réduire leurs effectifs (l'emploi dans le secteur privé a chuté de 27 000 en 2009T1, l'emploi total de 44 000 durant la même période). Jumelé à une baisse du salaire hebdomadaire moyen, le recul de l'emploi a mené à une rare baisse de la rémunération des salariés (-0,6 % par rapport au trimestre précédent). Cette détérioration du marché du travail explique en bonne partie la stagnation des dépenses de consommation en 2009T1 (+0,5 % par rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé), ce qui est tout de même mieux que le repli enregistré en 2008T4 (-2,7 %). Durant la même période, les dépenses de consommation dans l'ensemble du Canada ont davantage rebroussé chemin (3,1 % en 2008T4, -1,6 % en 2009T1), signe que les ménages québécois se portent relativement mieux durant cette récession. Une autre statistique qui distingue le Québec du Canada est le taux d'épargne. Les Québécois ont épargné une plus faible proportion de leur revenu disponible (3,0 %) en 2009T1 que dans l'ensemble du pays (4,7 %). Cette différence est due en partie à la résilience du marché de l'habitation québécois : Le prix des logements existants n'a pas diminué au Québec (+1,4 % entre jan.-mai 2009 par rapport à jan.-mai 2008) contrairement aux autres provinces (ont : -3,5 %, C.B : -8,1 %, Prairies : -6,7 %). Face à une dépréciation importante de leurs actifs immobiliers, les ménages dans le reste du Canada doivent épargner une plus grande proportion de leur revenu disponible. Similaire aux autres provinces, les dépenses gouvernementales sont en croissance (1,4 % par rapport au trimestre précédent, en rythme annualisé). Le plan des infrastructures du gouvernement du Québec continuera de contribuer positivement à la croissance économique pour le reste de 2009 et en 2010. Nous estimons que le recul du PIB réel québécois au deuxième trimestre n'a pas été draconien comme au premier, en raison des signes de stabilisation qui sont apparus lors du printemps. Le Québec devrait sortir de l'emprise de la récession en deuxième moitié d'année et connaître un redressement modeste par la suite. Nous maintenons notre prévision que le PIB réel québécois reculera de 1,9 % cette année (voir l'édition printanière de l'Observateur provincial sur notre site Internet www.vmbl.ca). Pour ce qui a trait à notre pronostic en 2010 (+2,3 %), les risques sont en peu plus prépondérants à la baisse. Source: Statistique Canada, Recherche Économique VMBL Sébastien Lavoie, économiste Carlos Leitao, Économiste en chef Sébastien Lavoie, Économiste Martine Bérubé, Assistante de recherche (514) 350-3000 (514) 350-2931 (514) 350-3006