La population a des besoins très complexes en matière de soins de santé mentale à domicile. Les
personnes atteintes d’une grave maladie mentale* (sujet principal de ce feuillet d’information) ont des
besoins qui leur sont bien particuliers, tout comme les personnes qui ont un trouble psychogériatrique
comme la démence, qui arrivent au terme de leur existence vie ou qui se retrouvent confinées à la
maison pour cause de maladie, de blessure ou d’incapacité.
• Selon des données recueillies en 1999 par Statistique Canada, on estime qu’au moins 3 p. 100 de la
population canadienne adulte (15 ans et plus), soit près d’un million de personnes, ont une maladie
mentale grave et chronique.*
• Avec le vieillissement de la population, on notera une hausse du nombre d’aînés ayant besoin de soins
à domicile et de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de démence. Au Canada, une
personne sur 13 de plus de 65 ans et une personne sur trois de plus de 85 ans souffrent de la maladie
d’Alzheimer ou d’une forme de démence connexe, soit environ 364 000 Canadiennes et Canadiens.
• Les programmes de soins à domicile offerts dans tout le Canada fournissent des services complexes à
un vaste éventail de clients, dont des personnes aux prises avec une maladie ou une déficience
mentale. Or, dans de nombreuses régions, les personnes atteintes d’une maladie mentale ne peuvent
obtenir de soins à domicile, à moins d’avoir aussi un trouble ou une incapacité physique.
• L’insuffisance de services de gestion de cas et d’intervention à domicile pour les personnes atteintes
d’une maladie mentale et d’une déficience cognitive entraîne des hospitalisations inutiles et
dispendieuses ou encore un placement prématuré dans un foyer pour personnes âgées.
• Combiné à l’élimination de lits dans les services psychiatriques et les hôpitaux, le désir de nombreux
adultes – jeunes ou vieux – de se faire soigner à la maison dans la mesure du possible augmente la
demande de soins à domicile adéquats.
• Au sein du système de santé, le secteur des soins à domicile connaît actuellement la croissance la plus
rapide. Les dépenses totales qui y sont affectées (secteur public ou privé) ont augmenté de 204 p. 100
entre 1991 et 2001, passant à 3,1 milliards de dollars. Malgré cela, une part croissante de ces dépenses
est assumée directement par le public.
• Le financement et la prestation des soins à domicile relèvent des provinces et territoires. La
disponibilité et la portée des services varient énormément selon la région du pays, et de nombreux
endroits ont un accès limité aux services requis.
Soins à domicile
À l’heure actuelle, le Canada ne dispose d’aucun programme national de soins à domicile. En novembre
2002, cependant, le rapport de l’honorable Roy Romanow intitulé Guidé par nos valeurs : l’avenir des
soins de santé au Canada recommandait d’axer notre système de santé sur un programme de soins à
domicile financé par le gouvernement fédéral. Ce programme, qui accorderait entre autres la priorité à
la gestion de cas et aux services d’intervention en santé mentale, aurait pour but d’offrir du soutien
continu et de traiter à domicile les personnes qui vivent un épisode aigu de maladie mentale.
Dans le cadre de l’Accord sur le renouvellement des soins de santé – 2003, les premiers ministres ont
conclu en février dernier que les soins à domicile étaient un secteur prioritaire qu’il fallait financer à
l’aide du nouveau Fonds pour la réforme de la santé. Cet engagement s’applique aux personnes ayant
besoin de « soins actifs de santé mentale dans la communauté » ou de soins palliatifs/de fin de vie. Les
ministres de la Santé ont jusqu’au 30 septembre 2003 pour déterminer la gamme de services de base à
intégrer d’ici 2006.
PORTÉE DE LA QUESTION
INITIATIVES FÉDÉRALES
LA SANTÉ MENTALE, ÇA NOUS CONCERNE! FEUILLET D'INFORMATION
Sources
• Société Alzheimer du Canada (www.alzheimer.ca)
• Association canadienne de soins et services à domicile (www.cdnhomecare.on.ca)
• Association canadienne pour la santé mentale, Soins et services à domicile et personnes aux prises avec la maladie
mentale : Besoins et enjeux (www.cmha.ca)
• Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada (www.healthcarecommission.ca)
• Accord sur le renouvellement des soins de santé – 2003 (http://www.hc-sc.gc.ca/francais/adss2003/index.html)
McEwan, K. et E. Goldner. Indicateurs de rendement et de reddition des comptes pour les services de soins et de soutien en santé
mentale, Santé Canada, 2001. (http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/mentalhealth/sevice_systems.htm)
L’Association canadienne de soins et services à domicile et l’Association canadienne pour la santé
mentale font partie des organisations qui appuient les orientations générales proposées dans
l’Accord sur le renouvellement des soins de santé. Mais cet accord ne va pas aussi loin que l’aurait
souhaité Roy Romanow. C’est sans compter les préoccupations, présentes surtout chez les parties
concernées du domaine de la santé mentale, concernant le sens donné au terme « soins actifs de
santé mentale dans la communauté » et la capacité des futurs services à domicile de répondre aux
besoins à long terme des personnes atteintes de maladie mentale qui se rétablissent dans la
collectivité.
En 2000, l’ACSM a mené une étude nationale sur les soins à domicile aux personnes ayant un
trouble psychiatrique, puis a émis une série de recommandations qui s’est soldée par l’élaboration
des propositions suivantes :
Normes nationales
On pourrait élaborer des normes ou des lignes directrices en vue de répondre aux besoins des
personnes atteintes d’une grave maladie mentale et de continuer de responsabiliser les gouver-
nements par rapport à la santé et au bien-être de cette population. On pourrait d’ailleurs les
intégrer à d’autres normes régissant les services canadiens de soins à domicile. Les quatre normes
suivantes, qui sont ressorties de l’étude, pourraient servir de point de départ à des consultations
menant à l’établissement d’une série de normes plus exhaustives.
1. Accès des personnes atteintes d’une grave maladie mentale aux soins à domicile
2. Prestation de services efficaces aux personnes atteintes d’une grave maladie mentale
3. Réceptivité aux besoins des aidants naturels
4. Niveaux appropriés de financement et obligation de rendre compte des fonds dépensés
Logement
Le gouvernement fédéral doit reconnaître l’importance capitale que revêt l’accès à des logements
abordables pour la santé des personnes atteintes d’une grave maladie mentale et pour le succès
des soins à domicile leur étant offerts. Il doit donc veiller à ce que cette population ait facilement
accès à des logements abordables.
* Les graves maladies mentales « comprennent habituellement les troubles aux symptômes psychotiques comme la
schizophrénie et les troubles bipolaires, et certains troubles non psychotiques comme la dépression majeure, les névroses
obsessionnelles et les troubles paniques » (McEwan et Goldner, 2001, p. 29) dans la mesure où ces derniers causent de la
souffrance sérieuse et des difficultés sociales et économiques (ibid, p. 35). La maladie d’Alzheimer et les démences connexes
ne sont pas inclues.
RÉACTIONS DES COLLECTIVITÉS
La santé mentale, ça nous concerne! est un projet national
de l’Association canadienne pour la santé mentale.
Avril 2003
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