Notice d'autorité - Théâtre Mobile
Archives de la Ville de Genève Page 2
édition a lieu à Meyrin; en dépit d'un certain succès, ce festival n'est pas reconduit, principalement en raison des difficultés
financières du Théâtre mobile, qui n'est subventionné qu'au compte-gouttes par les autorités.
Après une "Ruée vers l'ordre" de Georges Michel (novembre-décembre 1971) jouée à la Maison de Quartier de la
Jonction, le Théâtre mobile se lance dans une création collective intitulée "Western" (1972). Cette satire de la vie politique
genevoise transposée dans l'Ouest américain est le plus grand succès que connaît la jeune compagnie jusqu'alors; une fois
encore, elle se caractérise par une mise en scène bousculant les normes du théâtre classique, qui intègre les spectateurs
à l'action et les laisse choisir la fin qu'ils veulent donner à l'histoire. Cette pièce est jouée à 69 reprises, attire 6000
spectateurs à Genève (où elle se donne au café Pernet-Blanchard à Carouge) et est jouée dans de nombreuses villes
suisses et française, notamment au Festival mondial du Théâtre de Nancy.
Malgré l'engouement critique et populaire qu'elle suscite, la troupe, qui compte dorénavant une vingtaine de comédiens,
rencontre toujours de grandes difficultés tant à survivre financièrement qu'à trouver un endroit où se fixer. De fait, elle est
contrainte de s'exiler à Thonon le temps d'une pièce. Cela ne l'empêche cependant pas de produire une nouvelle création
en 1974, "Foutue histoire!", qui revient sur certains épisodes occultés de la période 1789-1795 à Genève et qui, du même
coup, assied définitivement sa réputation.
La même année, la Ville de Genève propose au Théâtre mobile de s'établir dans la salle de gymnastique de l'ancienne
Ecole du Grütli, rue du Général-Dufour 16. Celle-ci est cependant dans un état de délabrement avancé, et nécessite
d'importants travaux. Les comédiens mettent la main à la pâte, et transforment cette salle en un "Grand Café du Grütli"
qui ouvre ses portes en 1977. La Ville, de son côté, commence à subventionner le Théâtre mobile de manière régulière
en 1975; par ce premier pas vers l'institutionnalisation, celui-ci rejoint le Théâtre de Carouge, la Comédie et le Théâtre
de Poche au rang des théâtres dits "stables".
Entretemps, le Théâtre mobile poursuit ses activités en divers endroits de Genève et d'ailleurs, collaborant avec d'autres
compagnies suisses ou françaises (Theater am Neumarkt de Zürich, Théâtre Populaire Romand, Théâtre du Chêne Noir
d'Avignon) et créant ses propres spectacles.
Dans le sous-sol du Grütli, la troupe aménage un espace théâtral qui correspond dans les grandes lignes au style café-
théâtre de pièces comme "Western" ou "Foutue histoire!" : la salle est relativement petite, passablement vétuste, mais
accueillante et modulable à souhait. A cette période, sous l'impulsion notamment de Jean-Charles Simon (qui a intégré
la troupe en 1971), le Théâtre mobile connaît un succès grandissant : entre les saisons 76-77 et 78-79, le nombre de
spectateurs passe de 5091 à 19002. L'année 1979 est celle de l'adaptation des "Mystères de Paris" d'Eugène Sue, qui fait
un véritable carton, encore une fois tant critique que populaire, et perpétue la tradition d'innovation chère au Théâtre
mobile, puisque cette pièce est jouée en trois parties distinctes au rythme d'une partie par semaine.