Quelle est l'évolution des perceptions alcool et des pratiques RPIB des médecins généralistes un an après la formation ? Méthodologie Un an après la formation, les connaissances des médecins généralistes en matière d’alcool ainsi que leurs dispositions quant à aborder la question ont positivement évolué. Parallèlement, leur pratique déclarée du repérage et de l’intervention brève a progressé de façon tout à fait significative. Sur l’ensemble des indicateurs d’évaluation retenus, l’ampleur des changements déclarés un an après la formation, témoigne d’une évolution tout à fait remarquable dans le sens d’une meilleure connaissance des alcoolisations excessives d’une part et de l’adoption des pratiques professionnelles attendues pour y faire face d’autre part. Connaissances alcool : évolutions à un an Concernant la connaissance des seuils et situations à risque, alors qu’avant la formation, autour de 40% des médecins connaissaient les seuils de consommation recommandés (respectivement 39% pour les seuils masculins et 44% pour les seuils féminins), plus d’un médecin sur deux déclare le bon seuil après la formation respectivement 51% pour les seuils masculins et 54% pour les seuils féminins, soit une progression de +30% et +22% (voir graphique 1). De même, si respectivement 22% et 24% des médecins interrogés avant formation situaient les seuils de risque au dessus de 21 verres pour les hommes et 14 verres pour les femmes, cette proportion descend à 13% et 15% des médecins interrogés après la formation –soit une amélioration de +70% et +60% respectivement. Enfin, si 19% des médecins ne reconnaissaient pas la situation à risque présentée dans le questionnaire avant la formation, ils ne sont plus que 13% dans ce cas après la formation -amélioration de +46% (voir graphique 1). Concernant la connaissance du problème alcool dans la patientèle, les évolutions mesurées sont contrastées. En effet, un an après la formation, les médecins sont quatre fois moins nombreux à déclarer ne pas connaître la proportion de leurs patients consommateurs excessifs ou alcoolodépendants. En effet, un peu plus de 10% d’entre eux sont dans ce cas contre 40% avant la formation (voir graphique 2). Pour autant, ceux qui fournissent une appréciation chiffrée sont moins nombreux après la formation qu’avant, à situer la proportion de buveurs excessifs entre 20% et 30% de leur patientèle (voir enquête DREES dans Enquêtes et résultats n°405, juin 2005). Avant comme après la formation, 10% des médecins estiment à plus de 30% la proportion de ces patients. De ces deux évolutions contrastées, on pourrait faire l’hypothèse que les médecins sont plus sensibles aux problématiques d’alcool après la formation tout en continuant de méconnaître la réalité du problème dans leur patientèle. Dispositions initiales face aux problèmes d’alcool : évolutions à un an Les dispositions des médecins quant à aborder les problèmes d’alcool en consultation sont dans l’ensemble très nettement plus favorables un an après la formation. (voir graphiques 3 et 4). De plus, il est à noter que certaines résistances renvoyant aux représentations les plus classiques (mais erronées) des questions d’alcool bougent très fortement. Déjà bien installée avant la formation, la confiance que les médecins déclarent quant à leurs aptitudes personnelles face aux problèmes d’alcool de leurs patients, augmente de façon tout à fait remarquable un an après la formation. En effet, près des deux tiers des médecins signalent qu’une crainte de ne pas savoir quoi faire ou qu’une gêne personnelle ne constituent en rien un obstacle pour parler d’alcool en consultation. Symétriquement seuls 5% à 7% d’entre eux considèrent ces éléments comme un obstacle important. Parallèlement, déjà peu nombreux à considérer leur manque de formation comme étant un obstacle avant la formation, les médecins généralistes ne sont que 10% à pointer leur manque de formation comme étant un obstacle important, et ils sont trois fois plus nombreux qu’avant la formation à considérer que le manque de formation n’est pas du tout un obstacle -évolution de 15% à 44%. En plus de leur aisance pour aborder les questions d’alcool, la majorité des médecins manifeste également une grande confiance pour traiter un problème d’alcoolisation excessive. Ainsi, seuls 3% d’entre eux déclarent ne pas savoir réagir face à ce type de problème quand 52% d’entre eux déclarent savoir le plus souvent quoi faire. Il est à noter que les médecins sont trois fois plus nombreux après la formation à estimer savoir réagir face à un consommateur excessif (voir graphique 5). Par ailleurs, la représentation traditionnelle selon laquelle les difficultés pour traiter les questions d’alcool sont dues aux mauvaises dispositions des patients bouge sensiblement. Ainsi, les médecins sont respectivement 7 fois et 6 fois plus nombreux après la formation à déclarer que l’idée que le patient ne veuille pas en parler ou qu’il minimise ses consommations ne les empêche en rien d’aborder les questions d’alcool. Cette perception est partagée par près de un tiers des médecins. L’ampleur de l’évolution à un an de la formation traduit ici un changement des représentations en cours. Pour autant, il est à noter que près d’un médecin sur trois manifeste toujours le sentiment qu’au fond, quand il s’agit d’alcool, le déni des patients empêche d’aborder la question (voir graphique 3 et graphique 4). La position des médecins quant au caractère chronophage des questions d’alcool va à l’encontre d’une idée courante puisque que seul un à deux médecins sur dix signalent qu’il s’agit d’un obstacle important pour aborder la question en consultation. De plus, ils sont presque deux fois plus nombreux un an après la formation à considérer que cela ne constitue en rien un obstacle (de 19% à 35%). Pour autant, la proportion de médecins déclarant être arrêtée par le fait que parler d’alcool en consultation prend du temps, augmente à un an de la formation. On pourrait ici faire l’hypothèse que cette évolution tient en partie au fait que les médecins se sont plus fortement impliqués dans le repérage des troubles d’alcool après la formation. Non pas que le repérage prenne forcément plus de temps, mais on peut penser que c’est le sentiment qu’en retire certains médecins qui jusque là abordaient très peu la question (voir graphique 3 et graphique 4). Pratiques RPIB : évolutions à un an Concernant la pratique du repérage, les évolutions à un an de la formation sont également tout à fait remarquables. Ainsi, 66% des médecins déclarent poser la question de l’alcool au moins une fois avec chacun de ses patients, alors qu’ils n’étaient que 39% dans cette position avant la formation. Symétriquement, la part des pratiques de repérage dites « opportunistes », c’est-à-dire dans des situations précises uniquement, ne concerne plus que 28% des médecins, contre 53% avant la formation (voir graphique 6). De plus, il est à noter que les repérages sont pratiqués au moyen d’un outil standardisé pour 43% des médecins, le FACE étant largement préféré à la CDA et à l’AUDIT. Si une proportion non négligeable de médecins n’a pas recours aux questionnaires de repérage, ceux-ci sont néanmoins nettement plus connus. Seuls 2% des médecins déclarant ne pas connaître ces outils contre 67% avant la formation (voir graphiques 7 et 8). Par ailleurs, alors qu’avant la formation, la pratique déclarée de l’intervention brève apparaît sommaire et essentiellement construite autour de l’information sur le risque alcool et la notion de verre standard, un an après la formation, les médecins sont beaucoup plus nombreux à déclarer une pratique nettement plus étayée. Ainsi, en plus des informations délivrées sur le risque alcool et la notion de verre standard, la quasi-totalité des médecins déclare également citer des avantages à diminuer la consommation et proposer une nouvelle consultation pour réévaluer la situation du patient. De plus, 85% des médecins signalent aussi expliquer des méthodes pour aider à réduire la consommation alors qu’ils n’étaient que 36% dans ce cas avant la formation. De même, 48% d’entre eux déclarent remettre un livret d’information au patient, contre 20% uniquement des médecins avant la formation (voir graphique 9).