NOTES DE VEILLE sur les approches, méthodes, stratégies politiques, programmes et projets de développement renforcement de capacités Centre d’Etudes de Politiques pour le Développement (CEPOD) 04, avenue Carde X rue Calmette - Dakar - Sénégal TEL : 33 823 34 27 - FAX : 33 821 83 12 Email : [email protected] / site internet : www.cepodsn.org Effets conjugués des fluctuations des cours mondiaux des produits pétroliers et du taux de change La variation du cours du baril du Brent en FCFA est-elle baisse relative de 48%. Le prix du baril reste relativement cours du baril en dollar ou à un effet combiné des deux ? 23,73 dollars en 1990. Depuis 2000, le cours du baril du due à l’effet du taux de change $/F CFA, à la variation du stable jusqu’en 1999 autour de 17,79%, avec un pic de En d’autres termes, quand est-ce qu’est-il est préférable, Brent connait une croissance exponentielle : il augmente ou en F CFA ? pic de 96,99 dollars en 2008. pour les pays de l’UEMOA, d’acheter le Brent en dollar De 1970 à 2003, le cours du baril du Brent a été plus ou moins stationnaire, fluctuant autour de 18,97 dollars. De 1973 à 1974, les prix passent de 3,29 à 11,58 dollars, soit une hausse d’environ 252% en valeur relative. Les effets de ce choc pétrolier se sont faits ressentis jusqu’en 1978, année où survient le second choc pétrolier. La barre des 30 dollars le baril est franchi et le cours du baril passe de 13,60 en 1978 à 30,03 dollars en 1979, soit une hausse relative de 121%. En 1986, le cours du baril chute et se fixe à 14,32 dollars contre 27,53 dollars en 1985, soit une jusqu’en 2008 avec une moyenne de 48,22 dollars et un Le cours baisse en 2009 (61,48 dollars) avant de redémarrer sa croissance en 2010 et en 2011 avec respective- ment un niveau de 79,44 dollars et de 111,22 dollars le baril. Le cours du baril du Brent en F CFA a eu la même évolution que celle du cours du baril en dollar ; cepen- dant, les effets ont été amplifiés par moment (graphique 2). Cette amplification des effets est-elle due au niveau des cours du baril en dollar, à la parité $/F CFA, ou à la combinaison des deux ? Les variations des cours du baril Brent, en dollar et en F lar/F CFA que le cours du baril du Brent ont connu une CFA, ont des évolutions similaires de 1970 à 2011. Ce- variation négative respective de 48% et de 22% de 1985 fets amplifiés par moment. Cette amplification est due la parité de change et du cours du baril en dollar sur le pendant, la variation des cours en F CFA présente des ef- à l’effet de la variation du taux de change et de la parité dollar/F CFA. Les effets multiplicateurs de la fluctuation du taux de change se font ressentir entre 1980 et 1985. En 1986, on a eu une combinaison des effets du taux de change et du niveau du cours en dollar, qui ont agi à la baisse sur le ni- veau du cours en F CFA. En effet, aussi bien la parité dol- à 1986. En 1997, les effets combinés de la fluctuation de cours du baril en FCFA, ont été non négligeables : la hausse de la parité (14%) a été compensée par la baisse du cours (8%). En 2003, le cas de figure inverse est retrouvé : la baisse de la parité (16%) a été compensée par la hausse du cours (15%). En 2000, le schéma inverse de 1986 est retrouvé ; cette fois-ci, on a eu une combinaison des effets du taux de change et du niveau du cours en dol- lar, qui ont agi à la hausse sur le niveau du cours en F CFA. En effet, aussi bien la parité dollar/F CFA que le cours du baril du Brent ont connu une variation positive respective de 15% et de 59% de 1999 à 2000. De 2004 à 2011, la fluctuation du cours du baril en F CFA est gui- dée par celle du cours en dollar, la fluctuation de la parité dollar/F CFA restant stationnaire sur cette sous-période. L’analyse du graphique 3 montre que les effets combinés de la variation du taux de change et de la variation de la parité dollar/F CFA ne sont significatifs sur la variation du cours du baril du Brent en F CFA qu’en 1974, 1979, 1982, 1983, 1986, 1990, 2000, 2004, 2008 et 2010. Toutes ces dates correspondent à des évènements majeurs : 1974 et 1979 : chocs pétroliers ; en 1973, les pays-mem- bres de l’OPEP augmentent fortement les prix pétroliers pour compenser les effets de l’effondrement du dollar qui a suivi son détachement de toute référence à l’or et son flottement au début des années 1970. Suite à la révolution iranienne et à la guerre Iran-Irak, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 entre la mi-1978 et 1981. 1982 et 1983 : contraction de la demande sur 2 ans consé- cutifs entrainant une baisse des prix de 19% ; la consom- mation de pétrole, à la suite du premier choc pétrolier, est réduite à travers des politiques d’économie d’énergie et de diversification. 1986 : contre choc pétrolier ; la baisse de l’offre résulte d’un accord politique entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite, visant à augmenter la production de pétrole, en vue de satisfaire les besoins occidentaux en énergie. Dans la foulée de cet accord, la plupart des pays du MoyenOrient et de l’OPEP ont augmenté leur production à leur tour. Afin de compenser la baisse du prix du baril, ils ont cherché à augmenter artificiellement les quotas de pro- duction, et ont pour cela, augmenté les chiffres annoncés pour leurs réserves de pétrole. D’autres considérations géopolitiques étaient également prises en compte : la baisse des prix du pétrole entraîne- rait la diminution des revenus de l’Union soviétique, à l’époque fortement exportatrice de pétrole, l’empêchant d’entretenir les pays satellites du bloc communiste. 1990 : guerre du golfe ; 2000 : en mars 1999, l’accord de réduction de la produc- tion des pays-membres de l’OPEP mais aussi d’Oman, de la Fédération de Russie, de Mexico et de la Norvège s’est traduit par l’augmentation des prix du pétrole ; la production est réduite de 1,7 million de barils par jour (b/j) afin de faire remonter les prix du brut. De 1999 à 2000, le cours du rail en dollar a augmenté de près de 59% en valeur relative ; 2004 : réactions spéculatives au niveau de l’offre (évènements en Irak) et de la demande (faiblesse et baisse des stocks américains). L’OPEP a décidé en février 2004 une diminution de sa production de 2,5 millions de barils par jour (mbj) ; 2008 : crise financière ; dans la première partie de l’année 2008, on constate une envolée des prix du pétrole. La hausse subite des prix ne fut pas le fruit de décisions politiques mais, elle est due au fait que la production atteignait ses limites, sans possibilité d’ajout de capacités supplémentaires. La crise économique de 2008-2010 en- traînera la demande et les prix à la baisse de façon tout aussi spectaculaire par la suite ; 2010 : perte de valeur de l’euro par rapport au dollar. La fluctuation du cours du baril du Brent peut être perçue comme le signe d’une conjoncture économique instable. Lorsque l’offre de Brent excède la demande, les prix baissent et l’OPEP réduit son offre. Cet ajustement par les quantités (quotas) permet au prix d’augmenter et de rendre de nouveau le pétrole une énergie rare et convoitée au grand dam des consommateurs. La baisse du prix du baril du Brent peut se traduire par Conclusion Les effets combinés de la variation du taux de change et de la variation de la parité dollar/F CFA ne sont signifi- catifs sur la variation du cours du baril du Brent en F CFA que lorsqu’il y a un choc exogène (crise financière ou une baisse de l’inflation et donc par une amélioration du choc sur la demande ou sur l’offre). La variation de la vers une augmentation de leur pouvoir d’achat. Cette si- d’effet significatif sue le niveau et la variation du cours bien-être des populations des pays consommateurs à tra- parité dollar/F CFA, toute chose égale par ailleurs, n’a tuation est favorable à une croissance plus forte, ou moins du Brent en F CFA que lorsque cette variation de la pa- une baisse de la consommation qui peut conduire à une nées 1981 à 1985, où cette variation annuelle a été de faible. La baisse du prix du pétrole peut aussi signifier rité dollar/F CFA est très marquée comme dans les an- perte de dynamisme de l’activité économique. plus de 100 points en valeur absolue. Cependant, si le prix du baril descend trop bas, les in- Ainsi, toute politique de stabilisation ou de lutte contre la production suivra, et le pétrole sera plus cher. poser sur les fluctuations du cours du baril en dollar. Tou- vestissements dans ce secteur vont à leur tour baisser et Face à une demande de plus en plus forte, la faiblesse de l’instabilité du cours du baril du Brent en F CFA, doit re- tefois, des programmes spécifiques doivent être mis en place, en présence de choc exogène, pour parer aux agit à la hausse du prix du Brent. Ce déséquilibre entre conséquences des effets combinés. En 2008, les pays producteurs estimaient que l’offre est Cette recommandation soulève un autre problème non des prix est due à la spéculation, à la faiblesse du dollar quels il faudrait agir pour rendre performante la stabili- l’offre et la demande peut être appuyé par la spéculation. suffisante pour répondre à la demande et que la flambée et à l’instabilité géopolitique dans certaines régions. Les pays consommateurs considèrent que le principal problème réside dans l’insuffisance de l’offre. Le déséquilibre peut aussi être dû à la hausse de la consommation des pays émergents. Par exemple, la Chine a consommé à elle seule près de 10 % du pétrole produit dans le monde en 2008. Par ailleurs, depuis la crise des subprimes aux États-Unis, les financiers quittent les actifs traditionnels (actions, obligations, ...) pour se « sécuriser » dans les matières premières. Les fluctuations du dollar peuvent aussi être un facteur d’instabilité. moins important : quels sont les facteurs internes sur lessation du cours du baril du Brent en F CFA ? Madaniou DIEME