Effets conjugués des fluctuations des cours mondiaux des produits

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renforcement de capacités
Effets conjugués des fluctuations des cours mondiaux
des produits pétroliers et du taux de change
NOTES DE VEILLE
sur les approches, méthodes, stratégies
politiques, programmes et projets de
développement
La variation du cours du baril du Brent en FCFA est-elle
due à l’effet du taux de change $/F CFA, à la variation du
cours du baril en dollar ou à un effet combiné des deux ?
En d’autres termes, quand est-ce qu’est-il est préférable,
pour les pays de l’UEMOA, d’acheter le Brent en dollar
ou en F CFA ?
De 1970 à 2003, le cours du baril du Brent a été plus ou
moins stationnaire, fluctuant autour de 18,97 dollars. De
1973 à 1974, les prix passent de 3,29 à 11,58 dollars, soit
une hausse d’environ 252% en valeur relative. Les effets
de ce choc pétrolier se sont faits ressentis jusqu’en 1978,
année où survient le second choc pétrolier. La barre des
30 dollars le baril est franchi et le cours du baril passe de
13,60 en 1978 à 30,03 dollars en 1979, soit une hausse re-
lative de 121%. En 1986, le cours du baril chute et se fixe
à 14,32 dollars contre 27,53 dollars en 1985, soit une
baisse relative de 48%. Le prix du baril reste relativement
stable jusqu’en 1999 autour de 17,79%, avec un pic de
23,73 dollars en 1990. Depuis 2000, le cours du baril du
Brent connait une croissance exponentielle : il augmente
jusqu’en 2008 avec une moyenne de 48,22 dollars et un
pic de 96,99 dollars en 2008.
Le cours baisse en 2009 (61,48 dollars) avant de redé-
marrer sa croissance en 2010 et en 2011 avec respective-
ment un niveau de 79,44 dollars et de 111,22 dollars le
baril. Le cours du baril du Brent en F CFA a eu la même
évolution que celle du cours du baril en dollar ; cepen-
dant, les effets ont été amplifiés par moment (graphique
2). Cette amplification des effets est-elle due au niveau
des cours du baril en dollar, à la parité $/F CFA, ou à la
combinaison des deux ?
Les variations des cours du baril Brent, en dollar et en F
CFA, ont des évolutions similaires de 1970 à 2011. Ce-
pendant, la variation des cours en F CFA présente des ef-
fets amplifiés par moment. Cette amplification est due
à l’effet de la variation du taux de change et de la parité
dollar/F CFA.
Les effets multiplicateurs de la fluctuation du taux de
change se font ressentir entre 1980 et 1985. En 1986, on
a eu une combinaison des effets du taux de change et du
niveau du cours en dollar, qui ont agi à la baisse sur le ni-
veau du cours en F CFA. En effet, aussi bien la parité dol-
lar/F CFA que le cours du baril du Brent ont connu une
variation négative respective de 48% et de 22% de 1985
à 1986. En 1997, les effets combinés de la fluctuation de
la parité de change et du cours du baril en dollar sur le
cours du baril en FCFA, ont été non gligeables : la
hausse de la parité (14%) a été compensée par la baisse
du cours (8%). En 2003, le cas de figure inverse est re-
trouvé : la baisse de la parité (16%) a été compensée par
la hausse du cours (15%). En 2000, le schéma inverse de
1986 est retrouvé ; cette fois-ci, on a eu une combinaison
des effets du taux de change et du niveau du cours en dol-
lar, qui ont agi à la hausse sur le niveau du cours en F
CFA. En effet, aussi bien la parité dollar/F CFA que le
cours du baril du Brent ont connu une variation positive
respective de 15% et de 59% de 1999 à 2000. De 2004 à
2011, la fluctuation du cours du baril en F CFA est gui-
dée par celle du cours en dollar, la fluctuation de la parité
dollar/F CFA restant stationnaire sur cette sous-période.
L’analyse du graphique 3 montre que les effets combinés
de la variation du taux de change et de la variation de la
parité dollar/F CFA ne sont significatifs sur la variation
du cours du baril du Brent en F CFA qu’en 1974, 1979,
1982, 1983, 1986, 1990, 2000, 2004, 2008 et 2010.
Toutes ces dates correspondent à des évènements majeurs :
1974 et 1979 : chocs pétroliers ; en 1973, les pays-mem-
bres de l’OPEP augmentent fortement les prix pétroliers
pour compenser les effets de l’effondrement du dollar qui
a suivi son détachement de toute référence à l’or et son
flottement au début des années 1970. Suite à la révolution
iranienne et à la guerre Iran-Irak, le prix du pétrole est
multiplié par 2,7 entre la mi-1978 et 1981.
1982 et 1983 : contraction de la demande sur 2 ans consé-
cutifs entrainant une baisse des prix de 19% ; la consom-
mation de pétrole, à la suite du premier choc pétrolier, est
réduite à travers des politiques d’économie d’énergie et
de diversification.
1986 : contre choc pétrolier ; la baisse de l’offre résulte
d’un accord politique entre les États-Unis et l’Arabie
Saoudite, visant à augmenter la production de pétrole, en
vue de satisfaire les besoins occidentaux en énergie. Dans
la foulée de cet accord, la plupart des pays du Moyen-
Orient et de l’OPEP ont augmenté leur production à leur
tour. Afin de compenser la baisse du prix du baril, ils ont
cherché à augmenter artificiellement les quotas de pro-
duction, et ont pour cela, augmenté les chiffres annoncés
pour leurs réserves de pétrole.
D’autres considérations géopolitiques étaient également
prises en compte : la baisse des prix du pétrole entraîne-
rait la diminution des revenus de l’Union soviétique, à
l’époque fortement exportatrice de pétrole, l’empêchant
d’entretenir les pays satellites du bloc communiste.
1990 : guerre du golfe ;
2000 : en mars 1999, l’accord de réduction de la produc-
tion des pays-membres de l’OPEP mais aussi d’Oman,
de la Fédération de Russie, de Mexico et de la Norvège
s’est traduit par l’augmentation des prix du pétrole ; la
production est réduite de 1,7 million de barils par jour
(b/j) afin de faire remonter les prix du brut. De 1999 à
2000, le cours du rail en dollar a augmenté de près de
59% en valeur relative ;
2004 : réactions spéculatives au niveau de l’offre (évè-
nements en Irak) et de la demande (faiblesse et baisse des
stocks américains). L’OPEP a décidé en février 2004 une
diminution de sa production de 2,5 millions de barils par
jour (mbj) ;
2008 : crise financière ; dans la première partie de l’an-
née 2008, on constate une envolée des prix du pétrole.
La hausse subite des prix ne fut pas le fruit de décisions
politiques mais, elle est due au fait que la production at-
teignait ses limites, sans possibilité d’ajout de capacités
supplémentaires. La crise économique de 2008-2010 en-
traînera la demande et les prix à la baisse de façon tout
aussi spectaculaire par la suite ;
2010 : perte de valeur de l’euro par rapport au dollar. La
fluctuation du cours du baril du Brent peut être perçue
comme le signe d’une conjoncture économique instable.
Lorsque l’offre de Brent exde la demande, les prix
baissent et l’OPEP réduit son offre. Cet ajustement par
les quantités (quotas) permet au prix d’augmenter et de
rendre de nouveau le pétrole une énergie rare et convoi-
tée au grand dam des consommateurs.
La baisse du prix du baril du Brent peut se traduire par
une baisse de l’inflation et donc par une amélioration du
bien-être des populations des pays consommateurs à tra-
vers une augmentation de leur pouvoir d’achat. Cette si-
tuation est favorable à une croissance plus forte, ou moins
faible. La baisse du prix du pétrole peut aussi signifier
une baisse de la consommation qui peut conduire à une
perte de dynamisme de l’activité économique.
Cependant, si le prix du baril descend trop bas, les in-
vestissements dans ce secteur vont à leur tour baisser et
la production suivra, et le pétrole sera plus cher.
Face à une demande de plus en plus forte, la faiblesse de
agit à la hausse du prix du Brent. Ce déséquilibre entre
l’offre et la demande peut être appuyé par la spéculation.
En 2008, les pays producteurs estimaient que l’offre est
suffisante pour répondre à la demande et que la flambée
des prix est due à la spéculation, à la faiblesse du dollar
et à l’instabilité géopolitique dans certaines régions. Les
pays consommateurs considèrent que le principal pro-
blème réside dans l’insuffisance de l’offre.
Le déséquilibre peut aussi être à la hausse de la
consommation des pays émergents. Par exemple, la
Chine a consommé à elle seule près de 10 % du pétrole
produit dans le monde en 2008.
Par ailleurs, depuis la crise des subprimes aux États-Unis,
les financiers quittent les actifs traditionnels (actions,
obligations, ...) pour se « sécuriser » dans les matières
premières. Les fluctuations du dollar peuvent aussi être
un facteur d’instabilité.
Conclusion
Les effets combinés de la variation du taux de change et
de la variation de la parité dollar/F CFA ne sont signifi-
catifs sur la variation du cours du baril du Brent en F CFA
que lorsqu’il y a un choc exogène (crise financre ou
choc sur la demande ou sur l’offre). La variation de la
parité dollar/F CFA, toute chose égale par ailleurs, n’a
d’effet significatif sue le niveau et la variation du cours
du Brent en F CFA que lorsque cette variation de la pa-
rité dollar/F CFA est très marquée comme dans les an-
nées 1981 à 1985, cette variation annuelle a été de
plus de 100 points en valeur absolue.
Ainsi, toute politique de stabilisation ou de lutte contre
l’instabilité du cours du baril du Brent en F CFA, doit re-
poser sur les fluctuations du cours du baril en dollar. Tou-
tefois, des programmes spécifiques doivent être mis en
place, en présence de choc exogène, pour parer aux
conséquences des effets combinés.
Cette recommandation soulève un autre probme non
moins important : quels sont les facteurs internes sur les-
quels il faudrait agir pour rendre performante la stabili-
sation du cours du baril du Brent en F CFA ?
Madaniou DIEME
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