la prise en charge de l`accident vasculaire cerebral en 10 points

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LA PRISE EN CHARGE
DE L’ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL
EN 10 POINTS
Centre Hospitalier Georges Claudinon
Préface
Madame, Monsieur,
Nous sommes heureux de vous présenter ce guide intitulé "Prise en charge de l’Accident Vasculaire Cérébral en
10 points" qui constitue un travail pluridisciplinaire, de collaboration de différents établissements du bassin
de santé de St Etienne, et coordonné par l’Unité Mobile de Coordination des soins de suite.
Ce travail, qui s’inscrit dans l’organisation progressive des filières de soins des AVC, vise à présenter en 10 item
les tâches essentielles de soins, de surveillance, de pratiques de rééducation et réadaptation à la phase aiguë
de l’AVC. Ces procédures de soins constituent une aide à la récupération, à la limitation des complications
et à promouvoir précocement la meilleure réadaptation du patient présentant un AVC, dont le risque et la
gravité du handicap résiduel est connu.
Ce travail, diffusé sous forme de livret, doit bien sûr pouvoir constituer un guide des pratiques, un outil de
surveillance et mais aussi d’information aux familles.
Je remercie pour leur participation l’ensemble des personnels soignants, médecins, infirmières, aide-soignantes,
kinésithérapeutes, ergothérapeutes,orthophonistes, diététiciennes, assistantes sociales, ainsi que les
différents établissements pour la disponibilité offerte dans cette collaboration (Centre Médical de
l’Argentière, Centre Médical des 7 collines, Centre Hospitalier de Montbrison, Centre Hospitalier du
Chambon-Feugerolles, Centre Hospitalier de Firminy, Centre Hospitalier du Pays de Gier, Centre
Hospitalo-Universitaire de Saint Etienne) et la ténacité du Docteur Bénédicte Lê-Quang à coordonner
l’ensemble de ce travail.
Docteur Paul CALMELS
SOMMAIRE
Item
Titre
Pages
1
Soins de base
2
Installation
2-5
3
Transferts
6-7
4
Aides techniques
8-9
5
Troubles urinaires & fécaux
6
Troubles de la déglutition
7
Troubles de la communication
14-15
8
Troubles visuels & héminégligence
16-17
9
Douleur, troubles cognitifs & comportementaux
18-19
10
Conseils aux familles
***
Toute prise en charge doit tenir compte du niveau de vigilance
du patient et de sa fatigabilité
***
1
10-12
13
20
SOINS DE BASE
Hygiène & confort
La toilette au lit
Soins de bouche
- utiliser un savon doux
- rincer, sécher la peau par tamponnement
- insister sur les plis interdigitaux (en particulier du côté atteint) ;
couper les ongles (risque de plaies)
- veiller à ce que la literie soit sèche, sans plis et sans miettes
- ablation & nettoyage des prothèses dentaires
- utiliser un produit adapté (prescription médicale)
- accompagner le patient pour le lavage des dents
NB : observation de certains troubles du comportement (cf. fiche)
L’effleurage
- manœuvre douce, lente, non appuyée, non douloureuse
- réalisé à mains nues et sur peau saine et en l’absence de liquide
biologique
Habillage &
deshabillage
- utiliser des vêtements amples
- commencer l’habillage par le côté hémiplégique
- commencer le déshabillage par le côté sain
RECOMMANDATIONS
- contrôler la température de l’eau (risque
de brûlures)
- ne pas couper les ongles trop courts
ATTENTION AUX FAUSSES
ROUTES
(ne pas trop imbiber les compresses)
-Ne pas faire de frictions ou de massages
intempestifs
NE PAS TIRER SUR LE
MEMBRE SUPERIEUR
ATTEINT
Surveillance
Cutanée
Paramètres
vitaux
Élimination
urinaire & fécale
- évaluation du RISQUE D’ESCARRE qui est plus élevé
(échelles +++)
- état cutané et points d’appui
- sensibilité (chaud, froid, douleur)
- installer le patient sur un support
adapté (matelas & coussin de fauteuil)
- changements de position
-pouls, tension, température, conscience, fréquence respiratoire…
- glycémie (dextro), prise de sang
- prise de sang et perfusions à faire du
côté sain ; éviter autant que possible de
perfuser le côté hémiplégique
Cf. Fiche 5
Attention aux rétentions urinaires et à
la constipation
Remarque : faire participer le patient aux soins selon son état de conscience (éducation)
1
INSTALLATION AU LIT
Décubitus dorsal
RECOMMANDATIONS
- relever légèrement la tête du lit
- placer 1 coussin sous la tête &
l’épaule atteinte ; la tête doit être
droite et en légère flexion
- placer 1 coussin sous le bras atteint,
en déclive, la main posée à plat
- placer un arceau pour enlever le
poids des couvertures sur les pieds
(éviter la position équin)
Décubitus Latéral côté sain
- plier le membre inférieur atteint ;
mettre le membre supérieur atteint en
avant du tronc
- tourner le patient en plaçant une
main derrière l’omoplate et l’autre
sous le pli des fesses
- placer 1 coussin sous la jambe
atteinte, 1 sous le bras atteint et 1
dans le dos pour la stabilité
Décubitus Latéral côté atteint
- placer le membre supérieur atteint
en abduction (45°)
- demander au patient de plier le
membre inférieur sain et d’aller
chercher la barrière du lit avec sa
main
- placer 1 coussin sous la jambe saine
(hanche & genou fléchis), 1 sous le
bras atteint (paume vars le plafond) et
1 dans le dos pour la stabilité
- en l’absence de coussins,
utiliser des couvertures
enroulées ou mieux, des
mousses confectionnées par
les kinésithérapeutes ou les
ergothérapeutes
NE PAS TIRER SUR LE
MEMBRE SUPERIEUR
ATTEINT
- ne pas mettre de coussin
sous le genou
2
Réhaussement
- tête de lit à plat, lit en déclive si possible
- retirer les coussins
demander au patient d’attraper la potence et
de plier le membre inférieur sain
- se placer du côté hémiplégique, mettre le
membre supérieur atteint sur l’abdomen de
patient; glisser une main au niveau de
l’omoplate, et l’autre sous le pli de la fesse
- demander au patient de regarder son
ventre et effectuer le rehaussement
- remettre les coussins, relever la tête
du lit et replacer les objets
usuels à portée de main
Passage du bassin
- mettre la tête de lit à plat
- plier les membres inférieurs
- demander au patient d’appuyer sur
le coude et sur le talon sains
- aide pour soulever le bassin et
maintenir le membre inférieur
atteint
RECOMMANDATIONS
pour le confort du patient, la
tête du lit peut être relevée
une fois le bassin placé
NE PAS TIRER SUR LE
MEMBRE SUPERIEUR
ATTEINT
NE PAS PRENDRE PAR
L’EPAULE
3
INSTALLATION AU FAUTEUIL D’UN PATIENT HÉMIPLÉGIQUE
Sur fauteuil roulant
Cale tronc et coussin de dossier
ergonomique (maintien du tronc
en bonne position)
Membres supérieurs
Épaules à même hauteur
Bras en déclive sur coussin ou
mousse de positionnement (évite
les oedèmes et les positions
vicieuses)
Bras dans le champ visuel du
patient
Autre maintien du bras
mise en place d’une écharpe
accoudoirs adaptés réglables en
hauteur (sur fauteuil de chambre
comme sur fauteuil roulant)
/ Eviter bras dans le
vide !
Tronc
Mettre coussin coté paralysé
(pour éviter les chutes latérales)
Dossier incliné à +/- 120°
Membres inférieurs
Angle hanche -cuisse +/- 90° (aucune compression
au niveau des cuisses)
Réglage hauteur du repose- pied ou des cales pieds
de fauteuil roulant (repère cuisses à l’horizontale)
/ Éviter pieds dans le vide !
Bassin
Fesses centrées au fond du fauteuil
Coussin anti-escarre (butée d’abduction
si tendance à glisser)
Mise en place d’une ceinture de
contention (sur prescription médicale)
4
SOUTIEN DU MEMBRE SUPERIEUR ATTEINT EN POSITION VERTICALE
RECOMMANDATIONS
Echarpe "simple" de soutien d’épaule (exemple à gauche)
- mettre une ECHARPE DE SOUTIEN du membre
supérieur atteint dès le passage en position assise
(fabriquée avec du jersey tubulaire ou
commercialisée)
- mettre 1 coussin côté atteint si le patient a tendance
à glisser de ce côté
- installer les OBJETS USUELS A PROXIMITE :
ADAPTABLE
Echarpe commercialisée de soutien d’épaule (exemple à droite)
SONNETTE
TELEPHONE
BOISSON
URINAL
NE PAS TIRER SUR LE MEMBRE
SUPERIEUR ATTEINT
5
TRANSFERTS
COUCHE → ASSIS
ASSIS → COUCHE
ASSIS → ASSIS
RECOMMANDATIONS : préparer l’environnement ; assurer de bonnes prises ; prévenir le patient et lui demander de participer ; lever
la tête du lit ; pivoter côté hémiplégique (couché assis) – côté sain (assis couché) ; mettre une écharpe de soutien du membre
supérieur atteint (demander au kiné +++) ; mettre une contention aux membres inférieurs (sur prescription médicale)
POUR VOUS : respecter les consignes de manutention*
SI VOUS ETES 2 : le 2ème soignant aide sans tirer ni gêner
* des cours de manutention sont disponibles au sein de votre établissement
(Fiche complémentaire sur site Internet)
6
ASSIS → SEMI-DEBOUT (change)
ASSIS → DEBOUT & AIDE A LA MARCHE
REHAUSSEMENT ASSIS
RECOMMANDATIONS : préparer l’environnement ; assurer de bonnes prises ; prévenir le patient et lui demander de participer ;
mettre une écharpe de soutien du membre supérieur atteint (demander au kiné +++) ; mettre une contention aux membres inférieurs
(sur prescription médicale) ; prévoir un chaussage adapté (plat, maintien de la cheville)
POUR VOUS : respecter les consignes de manutention*
SI VOUS ETES 2 : le 2ème soignant aide sans tirer ni gêner
* des cours de manutention sont disponibles au sein de votre établissement
(Fiche complémentaire sur site Internet)
7
AIDES TECHNIQUES
Elles sont une aide et non une compensation. Il est donc indispensable d’en évaluer le besoin et l’intérêt, de l’essayer
en situation et d’en expliquer l’utilisation
TOILETTE - HABILLAGE
RECOMMANDATIONS
- Chaise garde robe (chaise pot) pour émission des selles et des urines, pour
accompagner le patient au lavabo ou à la douche
+++ attention, mettre les freins +++
- utiliser un porte-urinal
- Stimuler le patient au maximum pour la toilette et l’habillage :
commencer l’habillage par le côté hémiplégique
commencer le déshabillage par le côté sain
NE PAS TIRER SUR LE
MEMBRE SUPERIEUR
ATTEINT
REPAS
- utiliser de vêtements amples, faciles
à manipuler d’une seule main.
+++ VEILLER A UNE BONNE INSTALLATION +++
Set antidérapant
Rebord d’assiette
Pour éviter l’assiette de glisser
Pour aider à ramasser les aliments
dans l’assiette
Si vous n’en avez pas, remplacer par
un tissu légèrement humide
Si vous n’en avez pas, remplacer par
une assiette creuse
Astuces pour manger seul
Placer le pot de yaourt dans un verre
ou
verser son contenu dans une coupelle
8
RECOMMANDATIONS
FAUTEUIL ROULANT
Confort
Surbaissé
- risque de chute : ceinture
pelvienne, harnais ou tablette (sur
prescription médicale)
- coussin en fonction de l’état
cutané (à évaluer)
Dossier & assise inclinable
DEAMBULATION
Canne canadienne ou canne tripode
Le cale pied côté sain doit être
relevé pour que le patient puisse se
déplacer
- appeler le kiné ou l’ergothérapeute
pour régler le fauteuil
+++ l’écharpe de soutien du membre supérieur est indispensable +++
Attelle releveur
Chaussures adaptées
CHAUSSURES FERMEES ou
PANTOUFLES PRENANT LE
TALON ET LA CHEVILLE
PAS DE MULES NI DE
CLAQUETTES
Les aides techniques, ce n’est pas automatique
Cependant, si elles sont prescrites, il faut
- Vérifier leur bonne mise en place quotidienne
- Stimuler du patient à les utiliser
- Eduquer les proches
9
TROUBLES URINAIRES
Évaluation clinique & calendrier mictionnel
RECOMMANDATIONS
Par les médecins & les soignants, selon la vigilance du patient :
- palpation abdominale (globe)
- surveillance de la douleur, d’une agitation
- surveillance de la fréquence, la quantité de la miction et la
couleur (bandelette urinaire +/- ECBU) ; noter si elle est
spontanée et complète
- Evaluer et noter les transmissions à chaque poste
- se renseigner sur le degré de continence antérieur et les
antécédents urologiques
- NE PAS METTRE DE SONDE A DEMEURE
SYSTEMATIQUE s’il n’y a pas de rétention urinaire
(sauf prescription médicale de surveillance de la diurèse
chez un patient incontinent par exemple)
- NE PAS METTRE DE PROTECTION sans vérifier
s’il y a une rétention ou une incontinence
Eliminer un résidu post-mictionnel (RPM)
- mesure par hétérosondage évacuateur post-mictionnel
-ASP
- estimation du résidu par bladder scan*
-réalisation d’un sondage évacuateur si résidu ≥ 400 ml
- rechercher une nycturie (diurèse nocturne > diurèse de
jour)
-vérifier l’absence de contre-indication avant la
réalisation du sondage évacuateur (prothèse urétrale ou
antécédents de plaie de l’urètre)
- mesurer le résidu directement par sondage si par de
bladder scan* à disposition
* Bladder scan : appareil d’écho portatif
Différentes situations rencontrées
1
2
3
4
5
Fuites urinaires
oui
oui
+/-
oui
?
Résidus post-mictionnels
non
non
oui, ou besoin non perçu
non
oui
Patient vigilant
oui
oui
oui
non
non
Lever autorisé et réalisable
non
oui
oui
non
non
Cf verso pour la conduite à tenir et les recommandations
10
TABLEAU DECISIONNEL
Cas
Conduite à Tenir
RECOMMANDATIONS
1
- bonne hydratation (per os si pas de troubles de déglutition ; IV ou SC sinon)
- éliminer des épines irritatives*
- stimuler en proposant le bassin ou l’urinal (soignants et rééducateurs)
- établir un calendrier mictionnel jour et nuit (impliquer l’équipe de nuit si
nycturie)
- mettre en place une protection légère (alèse ou couche anatomique)
- ne pas dire au patient qu’il peut uriner
dans sa protection
- éviter de mettre un change complet en
systématique
- ne pas prescrire d’anticholinergique trop
tôt
2
- favoriser la station assise pour favoriser l’élimination- accompagner le patient
systématiquement sur la chaise pot ou aux WC, le jour comme la nuit
- voir avec les ergo/ortho pour adapter les moyens d’appel
- prévenir la famille que le transfert doit se faire en sécurité
- respecter la fatigue (urinal ou bassin)
3
- bonne hydratation (per os si pas de troubles de déglutition ; IV ou SC sinon)
- éliminer des épines irritatives*, les médicaments favorisant la rétention, un
obstacle urologique
- installation du patient sur la chaise pot, les WC ou bassin, urinal pour stimuler
la miction, essayer de faire repérer une sensation de besoin et toujours vérifier
par bladder scan** et d’hétérosondages
- éviter les sondes non lubrifiées pour les
sondages
- surveillance des selles : si constipation,
prévoir la prescription d’un grand
lavement
4
- continuer la surveillance de l’évacuation urinaire (sondage ou bladder scan**)
- choix d’un change complet (taille ?) ou d’un étui pénien selon la tolérance
cutanée
- surveiller l’indice de saturation, changer la protection le plus souvent possible
- faire une petite toilette et des soins
préventifs d’escarre avant de remettre un
nouveau change
5
- pose d’une sonde à demeure (respect du système clos ; charrière adaptée au
méat)
- surveillance de la couleur des urines et de la diurèse- effectuer une toilette
périnéale 2 x/jour
- bonne hydratation (per os, IV ou SC)
- éviter de couder la sonde et la traction
lors des transferts : la fixer sur la cuisse
(♀), sur l’abdomen (♂)
- toujours mettre le sac en déclive
* Epines irritatives : constipation, fécalome (ASP), hémorroïdes, infection urinaire (bandelette urinaire)
** Bladder scan : appareil d’écho portatif
11
TROUBLES FECAUX
Situation
Evaluation clinique
RECOMMANDATIONS
Patient vigilant
- rythme des selles et dernière
selle
- habitudes alimentaires
- douleur abdominale
spontanée ou à la palpation
- agitation, comportement
inhabituel- nausées sans
troubles de déglutition
- toucher rectal, ASP*, iono
ATTENTION AUX DIFFICULTES PSYCHOLOGIQUES
INDUITES PAR CES TROUBLES & LEURS
TRAITEMENTS
- prévention et traitement des troubles hydro-électrolytiques
- donner un jus de fruits à jeun puis installer le patient sur le
bassin ; régime riche en fibres sauf contre-indication
- prescription de laxatifs osmotiques
- installation sur les WC dès que possible
- utilisation de suppositoires déclencheurs du réflexe avant les
lavements (petits puis grands si nécessaire)
- massage abdominal par le kiné (sauf contre-indication)
Patient non
vigilant
IDEM
IDEM + prescription d’une hydratation IV ou SC et d’un
traitement favorisant le transit
Incontinence
fécale
- éliminer une fausse diarrhée
(constipation ou fécalome →
ASP*)
- coproculture en cas de
diarrhée, et évaluation de la
fréquence des selles
- vérifier le tonus du sphincter
anal (toucher rectal)
- éviter l’érythème fessier en cas de diarrhée (soins hygiène)
- éviter les anti-diarrhéiques sans bilan préalable
- mettre en place un collecteur fécal ou une protection adaptée
et changée fréquemment (risque d’escarre)
- ne pas prescrire d’obturateurs anaux trop tôt
ASP : Abdomen Sans Préparation
12
TROUBLES DE LA DEGLUTITION
Phase initiale
RECOMMANDATIONS
- le patient est laissé à jeun strict en attendant l’examen médical, installé en décubitus dorsal,
buste incliné à 30°
- l’examen médical initial dépiste les facteurs contre-indiquant l’alimentation (troubles respiratoires,
de la vigilance…) ou préconise de laisser le patient à jeun pour la réalisation de certains examens
LA REPRISE ALIMENTAIRE
N’EST JAMAIS UNE
URGENCE
L’évaluation de la déglutition
- le patient doit être vigilant et le matériel d’aspiration à disposition
- l’évaluateur doit être une personne formée (IDE, kiné, ortho, médecin…) et doit utiliser un test
validé* (qui n’est pas un essai alimentaire !!!)
Soit la contre-indication d’alimentation se poursuit : discuter de la pose d’une Sonde NasoGastrique (SNG)
Soit la réalimentation est autorisée et doit être adaptée & prudente (risques de fausses routes)*
La réalimentation*
rôle des soignants :
- maintien d’un bon état bucco-dentaire
- installation du patient selon ses possibilités motrices et sensorielles (disposition des aliments,
aides techniques…)
- éviter les sollicitations pouvant perturber le patient (télévision, conversations intempestives…)
- si le patient ne peut manger seul : installation face à face privilégiant l’évaluation de la déglutition
en situation réelle, du temps de prise de repas, ainsi que le contact et la relation interhumaine ;
s’assurer qu’une bouchée est bien déglutie avant de passer à la suivante
- évaluation du temps de repas nécessaire et de la motivation du patient (éviter le découragement dû
à un temps de repas exagérément long : se poser la question d’une gastrostomie, n’excluant pas une
alimentation per os associée)
rôle de l’orthophoniste : consignes de nature, texture, température, saveur des aliments liquides
et solides, d’installation et de posture ; rééducation proprement dite
rôle de la diététicienne : commande des aliments, adaptation des boissons selon des protocoles
précis et écrits
établir des fiches pour chaque
patient :
fiche alimentaire : aliments
interdits ou à adapter
fiche de conduite à tenir en cas
de fausse route majeure
fiche de transmission des
consignes pour l’entourage du
patient, par exemple à afficher
dans la chambre (pour ne pas
mettre en danger le patient en
dehors des repas adaptés et/ou
surveillés)
éducation du patient et de son
entourage sur les risques des
fausses routes et sur les objectifs
de la prise en charge
transmission des consignes lors
des changements de service
*Cf. fiche complémentaire sur site
Internet
13
TROUBLES DE LA COMMUNICATION
L’aphasie
RECOMMANDATIONS
L’aphasie est un trouble du langage affectant l’expression et/ou la compréhension, à
l’oral et/ou à l’écrit
POUR COMMUNIQUER au mieux avec un patient aphasique :
- parler au patient ! les capacités intellectuelles sont intactes, le patient ne doit pas
être laissé de côté pendant les soins.
- utiliser des phrases courtes, simples et des questions fermées (auxquelles le
patient peut répondre par oui ou non, même d’un signe de tête)
- Ne pas hausser la voix ! le patient aphasique n’est pas sourd
- Exagérer si besoin la gestuelle naturelle, les mimiques, le contact visuel (= aspects
non verbaux du langage très bien compris par le patient aphasique)
- utiliser un support de communication adapté après concertation avec les médecins
et les orthophonistes (pictogrammes, photos, classeur de communication)
- interpréter avec prudence les réponses d’un patient aphasique en fonction du
contexte, de la gestuelle, des mimiques… risque de réponses inappropriées (dire oui
pour non) et de réponses répétitives (toujours le même mot : c’est une stéréotypie)
- si le patient ne comprend pas, essayer de répéter d’une autre manière
- laisser au patient le temps de sa réponse
- un patient aphasique est fatigable ; il n’a pas les mêmes facultés le soir que le matin
- afin de faciliter l’interprétation de certaines demandes, il faut connaître le contexte
social, familial du patient, ses goûts, ses loisirs…
NE PAS PARLER A
PLUSIEURS autour du
patient
SUPPRIMER LES
INTERFERENCES
(télévision, bruits…)
- ne pas essayer des moyens
de communication inadaptés
qui mettent le patient en échec
(par ex. une ardoise, s’il n’est
plus capable d’écrire)
- ne pas faire croire au patient
que ce qu’il a dit a été
compris si ce n’est pas le cas
- en cas d’énervement, le
calmer, essayer de canaliser
son langage, et de le faire
s’exprimer différemment
14
La dysarthrie
La dysarthrie est un trouble moteur de la parole (élocution) mais le patient garde toutes ses facultés d’élaboration et
de compréhension du langage.
Pour communiquer au mieux avec un patient dysarthrique, il faut trouver le meilleur support de communication, en
attendant que les troubles s’améliorent (rééducation par l’orthophoniste)
- l’utilisation, par le patient, d’un support écrit (ardoise magique, calepin, abécédaire) est possible, en fonction bien sur
des troubles moteurs qui peuvent être associés
- à l’oral, ne pas hésiter à faire répéter calmement si l’on n’a pas compris ses paroles. Si cette situation crée une
irritabilité chez le patient, dédramatiser en passant au support écrit.
Rôle de l’orthophoniste
- évaluer les capacités de langage et de communication (bilan orthophonique)
- proposer une prise en charge rééducative
- de proposer au patient, à l’entourage et à l’équipe soignante des aides à la communication selon les possibilités du
patient, dès que possible.
15
TROUBLES VISUELS ET HEMINEGLIGENCE
Troubles visuels
- hémianopsie latérale homonyme : amputation du champ visuel (le patient est “aveugle” du côté malade, droit ou
gauche) ; il a conscience de ce trouble et pourra compenser en tournant la tête
- diplopie binoculaire : vision double corrigée par la fermeture d’un œil ; cache alterné (confort du patient)
Héminégligence
Ignorance ou méconnaissance
des perceptions et des
stimulations de l’espace gauche,
sans conscience du trouble
Exemples : le patient
hémiplégique gauche ajuste mal
ses vêtements ;
sous-utilise son bras même s’il y
a une récupération
motrice ;
lors des déplacements, il dévie du
côté gauche et se
heurte aux objets et obstacles
(murs, portes, chariots de
soins, autres personnes…)
RECOMMANDATIONS
- lors de la toilette : se placer du côté atteint ; si le patient peut participer, placer
les affaires de toilette du côté sain ; vérifier qu’il ait effectué sa toilette en
totalité
- lors des repas : annoncer le menu en montrant chaque plat
excentrer le plateau peut aider le patient à le percevoir dans sa totalité
plateau servi
plateau perçu par un patient héminégligent
S’assurer qu’aucun plat n’ait été laissé de côté involontairement.
16
HEMINEGLIGENCE : RECOMMANDATIONS
- modifier l’environnement : placer
les objets importants (sonnette, boisson, téléphone, urinal, calendrier…) du côté sain
les objets stimulants (radio, télévision…) du côté atteint
-se placer du côté sain pour capter son attention
-se déplacer dans le champ visuel atteint pour le stimuler
-si possible, la porte de la chambre doit être du côté sain
17
DOULEUR, TROUBLES COGNITIFS ET COMPORTEMENTAUX
Observation du patient
RECOMMANDATIONS
LA DOULEUR
- plainte ou gémissement, mimique, attitude corporelle (repli,
soutien du membre supérieur hémiplégique, crispation), agitation
- lors des contacts physiques pour les mobilisations, les transferts
ou la toilette : réaction de retrait, de protection, d’opposition à un
soin, expression d’une douleur à la mobilisation d’un membre,
agressivité…
-évaluer la douleur régulièrement (échelle EVA ou autres*…),
pour apprécier l’efficacité des traitements entrepris
- veiller à installer le patient confortablement, à le mobiliser avec
précaution
Cf. Item 1 et 2
* ECPA ou DOLOPUS
TROUBLES DE L’HUMEUR ≠ de la labilité émotionnelle caractérisée par des changements rapides de l’humeur (passage du rire
aux larmes, rires explosifs inadaptés...).
- attitude spontanée de repli, apathie, absence de motivation, de
coopération
- agitation, idées noires exprimées, anxiété, pleurs, rires
inappropriés
- trouble du sommeil, appétit
- aggravation inexpliquée, régression
- se renseigner sur le caractère du patient avant l’AVC
- être disponible en particulier à l’occasion des soins techniques
- éviter les mises en situation d’échec
- valoriser le patient vis à vis de ses capacités restantes
- ne pas être surprotecteur ni intrusif
TROUBLES DE LA MEMOIRE ET DE L’ORIENTATION TEMPORO-SPATIALE
- oubli rapide des consignes et des informations avec nécessité de
les répéter
- perte des repères dans la journée- non reconnaissance des
intervenants voire de l’entourage
- perte de certains événements autobiographiques (souvent les plus
récents) ou de leur chronologie
- se présenter au patient à chaque intervention
- placer ses affaires toujours au même endroit
- donner des informations et consignes courtes et simples ; les lui
faire reformuler
- le replacer dans la réalité en cas de discours inapproprié
- l’aider à se repérer dans le temps et l’espace (montre, réveil,
éphéméride, photographies de la famille…)
Dans tous les cas : signifier au patient que le problème est reconnu et pris en compte ; rassurer la famille et informer sur les conduites
à tenir ; informer les autres membres de l’équipe pour adopter une attitude cohérente et consensuelle; solliciter l’avis médical
18
DOULEUR, TROUBLES COGNITIFS ET COMPORTEMENTAUX
Observation du patient
RECOMMANDATIONS
Troubles praxiques
Troubles des fonctions exécutives
TROUBLES DU COMPORTEMENT
Troubles de l’attention, de l’initiative, anticipation
planification, stratégie…
→ comportement surprenant et inadapté
(hyperactivité, désinhibition, repli sur soi,
agressivité)
→ manque d’initiative et d’organisation dans les
gestes de la vie quotidienne
→ fluctuations de l’attention constatée lors des
soins ou des conversations
→ temps de latence important entre les sollicitations
et la réponse du patient
- s’assurer d’avoir l’attention du patient et limiter les sollicitations
environnementales (fermer la porte, éteindre la télévision, faire sortir les
visiteurs)
- attitude tolérante et cadrante face à des conduites inadaptées (verbales ou
non verbales)
- réajuster le comportement du patient sans l’infantiliser : stimuler en cas
d’apathie ; contenir verbalement en cas d’excès (agressivité, impulsivité,
désinhibition) ; faire remarquer au patient ses conduites dont il n’a pas
forcément conscience ; faire cesser les gestes ou paroles répétitifs =
persévérations (exemple : remuer son café sans s’arrêter) ; aider le patient à
enchaîner les gestes nécessaires à la réalisation d’une action (exemple : lui
indiquer les gestes à faire à chaque étape de la toilette ou du repas…)
Difficulté à effectuer des gestes simples, volontaires
ou sur commande, alors que ces mêmes gestes
peuvent parfois se faire par automatisme
→ mauvaise utilisation des objets usuels (brosse à
dents, fauteuil roulant, stylo)
→ difficultés à réaliser des mouvements de la face
(lors des soins de bouche, du rasage) : apraxie
bucco-faciale
→ difficultés lors de l’habillage ne s’expliquant pas
par des troubles moteurs
- s’assurer que le patient sait utiliser sa sonnette en cas de besoin
- s’assurer qu’il ne se met pas en danger par une mauvaise utilisation
d’objets potentiellement dangereux
- solliciter les automatismes (contextes facilitateurs) : présentation logique
du plateau-repas, toilette au lavabo plutôt qu’au lit…
- ne pas faire à la place du patient mais initier et accompagner les gestes
difficiles, en les expliquant
L’anosognosie (= non reconnaissance de la maladie) peuvent également perturber le comportement et doivent être reconnus afin de
dédramatiser la situation
19
CONSEILS AUX FAMILLES
- Installez-vous du côté sain lors de vos visites. Les objets (sonnette, téléphone…) doivent être posés du côté sain, mais
ne soyez pas surpris si dans le cadre de la rééducation, le personnel peut aborder le patient à l’inverse des
recommandations que l'on vous a données.
- Ne donnez pas à boire et / ou à manger sans l'avis de l'équipe car il peut exister des risques de fausses routes.
- Afin de faciliter la relation avec le patient, vous pouvez enlever les barrières de lit lors de votre visite, toutefois
pensez à les remettre avant de partir.
- Soyez attentifs à respecter des temps de repos (qui font partie de la rééducation) et ne pas trop solliciter le patient. Il
est très fatigable et solliciter en permanence par différents intervenants.
- N’essayez pas de “faire la rééducation” vous-même, les rééducateurs sont là pour ça.
- Demandez l’aide et les conseils des soignants avant toute mobilisation. Il existe un risque de complications au niveau
des épaules et des mains (le bras malade doit toujours être sur un support et non dans le vide).
- Il peut exister des troubles de mémoire suite à un AVC. Vous pouvez aider en installant une régularité des visites et en
personnalisant la chambre (photos). Ne soyez pas surpris, après un AVC, le patient n’a pas toujours conscience de ses
troubles.
En cas de troubles de communication :
- Faites preuve de patience. Parlez de façon simple, brève et sans crier.
- Comprenez la difficulté du patient qui peut être vécue comme un échec. L’orthophoniste pourra vous donner des
conseils.
Veillez à bien remettre la sonnette à proximité lorsque vous quitter la chambre
Les patients et les prises en charge vont beaucoup évoluer : les différents professionnels sont à votre disposition pour
répondre à toutes vos interrogations.
Un Accident Vasculaire Cérébral (AVC), ou attaque cérébrale, est une atteinte grave du cerveau lié à un saignement ou à une ischémie. Il
existe différents degrés d'atteinte en fonction des personnes et de la localisation (atteinte du cerveau gauche entraîne des symptômes à droite
et inversement). La récupération dépend aussi de l'état de santé antérieur et n’est malheureusement pas toujours complète. Le pronostic reste
réservé les deux premiers mois. Chaque AVC est unique. Personne n'est égal face à l'AVC.
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Site Internet : www.chu-st-etienne.fr
rubrique: Qui sommes-nous?
chapitre: Réseaux et partenariat, Unité Mobile de Coordination
Disponibilité du document "L’Accident Vasculaire Cérébral pas à pas, livret d’information pour le patient et sa
famille" édité par le service de MPR du CHU de Saint-Etienne
Pour toutes informations complémentaires, contacter
Dr Bénédicte Lê-Quang
Unité Mobile de Coordination Adulte – Service de MPR – Hôpital Bellevue - CHU
Téléphone : 04 77 12 03 16
Fax : 04 77 12 76 61
couriel : [email protected]
L’élaboration du guide a été réalisée avec l’aide de textes officiels :
- SROS AVC janvier 2004
- Rapport d’élaboration du référentiel de pratiques professionnelles,
Evaluation fonctionnelle de l’AVC et kinésithérapie, HAS 2006
- Référentiel d’auto-évaluation des pratiques en neurologie
Prise en charge hospitalière initiale des personnes ayant fait un AVC – Prise en charge médicale
dans une unité de soins, HAS – SFN – SFNV 2005
- Référentiel d’auto-évaluation des pratiques en neurologie
Prise en charge hospitalière initiale des personnes ayant fait un AVC – Prise en charge paramédicale
dans une unité de soins, HAS – SFN – SFNV 2005
- Recommandations pour la pratique clinique,
Prise en charge initiale des patients adultes atteints d’AVC – Aspects médicaux, ANAES 2002
- Recommandations pour la pratique clinique,
Prise en charge initiale des patients adultes atteints d’AVC – Aspects paramédicaux, ANAES 2002
MERCI à tous les participants
BASTIE Odile
BLANC Patricia
BLANCHON Marie-Ange
BOUFFARD Sylvie
BROSSY Luc
BRUYEZ Patricia
CALMELS Paul
CHANNELIERE Anne-Françoise
CHASSING Emilie
CHOMETON Evelyne
COLIN Christelle
DECARVILLE Cécile
DEFOUR Pierre
DRIOT Gérald
DUMONT Isabelle
ESCOFFIER Géraldine
FERNANDEZ Bruno
FRERY Edith
GAUTIER Agnès
GHILAS sabah
GERMAIN Sandrine
GETENET Jean-Claude
GRAND Stéphanie
GROSSAT Agnès
HELLY Caroline
JACQUIN Lucie
LABAUME Catherine
LAINE Jacqueline
LAROCHE Agnès
LAURENT Béatrice
LE-QUANG Bénédicte
LEGER Eliane
MAISSE Isabelle
MATTALIANO Chrystèle
MOGTO TAMNOU Hervé
MOMEY FORAISON Véronique
MOREL Françoise
MORILLON Nadine
MORO Marie-Claude
MOURET Nadine
MURAT Catherine
NICOLAS Nadine
NICOLLET Patricia
PHANER Virginie
PICQ Christine
PIGNOL Bernadette
PINEAU Françoise
PITIOT Nathalie
PREYNAT Mireille
PUPIER Ludovic
RAVEL Geneviève
RAVIER Audrey
SERMET BIBOLLET
Geneviève
SIGUIER Brigitte,
SOUBEYRAND Jézabel
TALEROY Viviane
THIZY Magali
TIXIER Florence
VAMMERISSE Françoise
VERDIER Elisabeth
VILLIE Hélène
ZAPLATA Edith
Et le laboratoire Sanofi Aventis
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