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critique, d’un « modèle républicain » partiellement mythique constituent des éléments de
réponse importants ; on a pu en voir des échos, par exemple, dans une entreprise liée à
l’EHESS, le Dictionnaire critique de la République (sous dir. V. Duclert et C. Prochasson).
La mémoire, les intellectuels, la République et ses libertés : apparemment cette question
concernait prioritairement les historiens du pôle ; en fait ce domaine a permis de retisser des
liens avec les juristes (à travers particulièrement O. Rudelle et L. Jaume), malgré le clivage
qui avait été ouvertement déclaré entre politistes et juristes dans les années quatre-vingt. Que
ce soit sur le Bicentenaire en 1989 ou sur le bilan de la Vème République en 1999-2003, on
peut constater que le CEVIPOF a été présent du point de vue historique et juridico-politique
et qu’il suit en cela une continuité. De même, des questions capitales pour notre temps ont
reçu un éclairage juridique et institutionnel autant que politique : l’immigration et l’école (J.
Costa-Lascoux), le système parlementaire et la question de l’exécutif (cf. le livre de J.-M.
Donegani et M. Sadoun La Ve République. Naissance et mort), l’égalité hommes-femmes
dans le droit et dans les politiques de la sexualité (J. Mossuz-Lavau), l’évolution de la laïcité,
notamment face à la question communautaire (M. Barthélémy, F. Subileau). Le pôle a
cherché a traité des objets nationaux en retenant des problématiques ou des comparaisons
internationales : du coup, un phénomène aussi « français » que le gaullisme continue à
intéresser des revues britanniques, américaines, japonaises, italiennes, comme les chercheurs
du pôle en ont fait l’expérience à maintes reprises dans les contributions demandées.
3 – Dans un registre proprement épistémologique : les sciences humaines et les
sciences sociales sont actuellement le lieu de vastes controverses épistémologiques : cela est
vrai en philosophie (débats sur la philosophie analytique, sur la philosophie morale et ses
effets sociaux possibles), dans les approches du politique en histoire des idées (linguistic turn,
histoire des concepts ou Begriffgeschichte, école contextualiste, etc), ou en sociologie du
politique (sociologie historique, cultural studies, école du choix rationnel, etc.). Le pôle
« Pensée politique » a commencé récemment à prendre sa place dans ces débats qui,
inévitablement, ne concernent pas seulement les méthodes mais le sens même que l’on
attribue à la démocratie. Les recherches sur le modèle national (G. Delannoi) ont comparé des
modes d’approche différents : construction binaire et construction ternaire du concept de
nation ; genèse socio-historique comparée des Etats-nations en Europe et en Asie. En quel
sens peut-on parler des « Lumières » en Europe et au Japon durant le XVIIIe et le XIXe
siècle ? Qu’apporte le modèle donné par I. Berlin et K. Popper au vu de ces expériences ?
Cette recherche s’est faite notamment en séminaire, avec des collègues étrangers venus au
CEVIPOF (Hiroshi Watanabe, Université de Tokyo, Yan Chen, Paris VII, etc.). Mentionnons
aussi le programme « Penser la Chine », auquel participe G. Delannoi, avec la création (2003)
d’une collection de traductions réciproques entre la France et la Chine (Editions de l’Aube).
De même, l’internationalisation d’une réflexion sur les méthodes en histoire des idées
politiques est actuellement conduite par L. Jaume, principalement en direction de l’Angleterre
(groupe de Quentin Skinner), l’Italie (Naples et Université de Macerata) et de l’Espagne
(Université de Bilbao). Un groupe de recherche sur « Les controverses politiques et
institutionnelles : questions de méthode » est ouvert en octobre 2003 au CEVIPOF, à
destination de jeunes chercheurs en diverses disciplines (droit, histoire, théorie de la
littérature, principalement), sous la direction de L. Jaume et d’Alain Laquièze (professeur de
droit public). Enfin, comme troisième exemple de réflexion méthodologique, on citera
l’entreprise de redéfinition du concept de « populisme » conduite par P.-A. Taguieff : faut-il
continuer la recherche de définition d’une idéologie qui serait spécifique, ou doit-on
considérer un style d’action qui se combine, en cas de besoin, avec toutes les grandes
idéologies (y compris le libéralisme ou l’anarchisme) ? Changer le mode d’approche du