2
La première caractéristique de ce monnayage réside dans la variété des images monétaires choisies
par l’atelier.
Celle-ci se manifeste dans l’utilisation, au moins pour les séries les plus anciennes8, de types de
droit montrant de très nombreuses « variantes » sur un petit nombre de thèmes liés aux cultes des
divinités principales du sanctuaire9.
Zeus, par exemple, y est évoqué au travers de la représentation d’un aigle emportant une proie.
L’examen de l’ensemble de ces coins montre que les différentes positions de l’aigle, pour variées
qu’elles soient, sont gravées selon un assez petit nombre de « motifs » et qu’il existe des proies
récurrentes comme le serpent, le lièvre et la tortue.
D’où l’idée que le choix de ces variantes sur le thème de l’aigle et de sa proie n’a peut-être pas été
abandonné à la fantaisie des graveurs et qu’il pourrait être l’expression d’une volonté des
responsables de l’atelier. En effet, sachant qu’elle est aisément repérable aussi bien par l’utilisateur
antique que par l’œil de l’historien moderne, chaque variante peut parfaitement jouer le rôle
d’identifiant de l’émission ou d’une partie de l’émission.
L’un des objectifs de cette étude est donc d’identifier des « règles » de gravure qui auraient pu être
imposées pour chaque production
Cette pratique, si elle était avérée, ne serait pas une spécificité éléenne. Nous savons en effet, que
dès l’époque archaïque, d’autres ateliers ont cherché à différencier leurs productions et ont utilisé
pour cela différentes techniques. Les ateliers d’Athènes avec la frappe des « Wappemünzen » et
celui d’Acanthe avec les émissions aux types du lion et du taureau, en sont deux exemples parmi
d’autres.
Les dessins de ces types de revers sont également très variés – nous disposons d’une dizaine de
représentations différentes du foudre et la Niké nous apparaît assise ou debout, courant vers la
droite ou la gauche, tenant une couronne, une palme ou un taenia, etc… – mais il ne nous apparaît
pas que ces gravures obéissent à une règle préétablie.
Dans un deuxième temps, les pratiques de l’atelier changent et les types se figent : Pour l’essentiel,
ce sont des têtes de Zeus ou Héra au droit, avec un foudre ou aigle au revers.
Nous trouvons même, à l’époque hellénistique pour une production de drachmes assez importante,
un curieux retour aux types de l’époque classique : au droit, l’aigle emporte une proie et le revers
porte un foudre, mais sans variante ni au droit ni au revers.
Cependant, la pratique des types « fixes » qui semble bien installée à partir du moment où
apparaissent les têtes de Zeus ou de Héra sur les coins de droit, laisse place tout de même à une
exception remarquable :
Nous disposons, en effet, d’un nombre conséquent de monnaies portant au droit un type fixe – une
tête de Héra – et au revers un aigle toujours posé et sans proie, mais dans des positions variées.
Là encore, les attitudes ne semblent pas choisies au hasard. Les ailes fermées ou ouvertes, les têtes
tournées vers la gauche ou vers la droite, ….pourraient bien être le support d’une information et en
particulier d’une marque destinée à différencier les productions.
Nous aurons donc à analyser ces nouvelles variantes, pour tenter d’y trouver une logique.
Et la présence, sur certains de ces coins à variantes, de symboles qui peuvent également passer pour
des marques d’émission, ne simplifie guère les données du problème
La complexité, autre caractère de ce monnayage, tient également au fait que chaque coin de droit
peut être associé à plusieurs coins de revers, éventuellement de types différents et inversement : il
8 C’est la chronologie des trésors qui permet de penser que les types « à variantes » ont précédé les types fixes
9 Zeus et Héra sont deux divinités particulièrement honorées à Olympie. Le temple dédié à Héra est certainement le plus
ancien et nous savons qu’un grand temple dédié à Zeus y a été construit pendant le 2ème quart du 5ème siècle.