Cours Poncet – Philosophie – M. Cieniewicz
Le care
Jake et Amy ont 11 ans, voici des extraits de leurs réponses :
Jake
Jake : Une première chose c'est que la vie vaut plus que l'argent, et si le pharmacien ne gagne que
1000 dollars, il continuera à vivre, alors que si Heinz ne vole pas le médicament, sa femme va
mourir.
Interrogateur : Pourquoi vaut-elle plus que 1 000 dollars ?
Jake : Parce que le pharmacien pourra avoir les 1 000 dollars plus tard avec des gens riches qui ont
le cancer, mais Heinz ne pourra plus avoir sa femme.
Interrogateur : Pourquoi pas ?
Jake : Parce que les gens sont tous différents et donc vous ne pourrez pas faire revenir la femme de
Heinz. [...]
On demande ensuite à Jake ce que Heinz devrait faire s'il n'aime pas sa femme et il répond qu'il doit
tout de même voler le médicament car « il y a une différence entre haïr et tuer », et il ajoute que s'il
est attrapé « le juge pensera sûrement que c'était la bonne chose à faire ». On lui fait remarquer que
le vol est contre la loi et il répond : « les lois ont parfois des erreurs et on ne peut pas faire des lois
pour tout ce qui est imaginable ».
Amy
Interrogateur : Heinz doit-il voler ?
Amy : Je ne pense pas. Je pense qu'il devrait y avoir d'autres manières de faire plutôt que de voler,
comme emprunter de l'argent ou quelque chose, mais vraiment il ne devrait pas voler le médicament
mais sa femme ne doit pas mourir non plus.
Interrogateur : Pourquoi il ne devrait pas voler ?
Amy : S'il vole le médicament, il aura peut-être sauvé sa femme mais ensuite il devra peut être aller
en prison et après sa femme sera encore plus malade et il ne pourra plus lui trouver de médicament
et ce ne sera pas bien. Donc, ils devraient vraiment en parler et trouver d'autre manière d'avoir de
l'argent.
Quelques thèses de Carol Gilligan :
•Femmes et hommes posent différemment le problème moral : les unes privilégient les
responsabilités à l'égard d'autrui (« care ») ; les autres les droits de chacun (« justice »).
•Le « care » fait entendre une voix qui dit ce qui jusqu'alors était resté dévalorisé, invisible et
impossible à exprimer : « La personne est vulnérable ».
•La morale féminine repose sur l'espoir que toutes les voix puissent être entendues ; la morale
masculine se fonde sur des conventions logiques passées entre personnes indépendantes.
•Les femmes déchiffrent le problème moral en termes de trames, et les hommes en termes de
hiérarchie.
•Chaque sexe perçoit un danger – et réagit par la violence – là où l'autre n'en voit pas ; les
hommes lorsqu'il y a des liens et les femmes lorsqu'il y a séparation.
Carol GILLIGAN, Une voix différente, 1982.