Dans le cadre de l’année de la clarinette, l’Harmonie lausannoise a confié au jeune et talentueux clarinettiste
Florian Guex la lourde responsabilité de mettre son instrument à l’honneur. Accompagné de l’Harmonie
lausannoise sous la direction de Stéphanie Jaquier, il interprétera le concerto pour clarinette et ensemble à
vent de Maslanka le 6 décembre 2015 à 17h au Casino de Montbenon à Lausanne.
Florian Guex est une figure bien connue de l’Harmonie lausannoise puisqu’il a rejoint les rangs de la société en tant
que musicien en 2005 et occupe depuis 2009 le poste de sous-directeur. La proposition de collaboration de
l’Harmonie lausannoise l’a pourtant surpris : « J’ai fait mes débuts dans la société à l’âge de 15 ans et je n’aurais
jamais pensé que j’y serai soliste 11 ans plus tard, d’autant plus que l’Harmonie n’a plus intégré de pièce
solistique à son programme de concert depuis de nombreuses années ! ». L’année de la clarinette était l’occasion
idéale pour récidiver puisqu’elle coïncidait avec la fin des études professionnelles du jeune soliste : « En juin 2015,
j’ai terminé mes études musicales à la Haute Ecole de Musique de Lucerne en obtenant un master de pédagogie.
Etant donné que je suis au tout début de ma carrière professionnelle, c’est une grande opportunité pour moi de
pouvoir me produire en tant que soliste. »
Il est toutefois conscient de la responsabilité qui lui incombe et admet une certaine prise de risque dans le choix de
l’œuvre, créée en février 2015 aux Etats-Unis : « La pièce a été proposée par notre cheffe, Stéphanie Jaquier, qui a
beaucoup d’admiration pour Maslanka. De mon côté, je connaissais ce compositeur uniquement pour son concerto
pour saxophone. L’enthousiasme de Stéphanie m’a convaincu d’interpréter ce concerto avant même qu’il ne soit
publié et sans pouvoir l’écouter au préalable ! ». Le défi est de taille puisque le concerto, composé de deux
mouvements antinomiques, exige du soliste à la fois une profonde expressivité (« Lamentation ») et une technique
virtuose (« Dance »).
« Lamentation » est un mouvement très intimiste, une rêverie brumeuse. L’accompagnement est léger avec
seulement un piano, un vibraphone ou des solistes. Se développe ensuite un énorme crescendo avec l’entrée des
cuivres et d’accords pesants. Puis les lamentations reviennent inexorablement pour finir dans un écho entre le cor et
la clarinette. Le deuxième mouvement, intitulé « Dance », est au contraire très énergique et virtuose. Il impose une
vitesse d’exécution à la limite du soutenable et va chercher les extrêmes aigus de la clarinette. Des bribes de
lamentations du premier mouvement ressurgissent ça et là avant d’être interrompues par une rythmique marquée
par les cuivres. Malgré les difficultés musicales et techniques indéniables de l’oeuvre, Florian Guex a hâte de
défendre cette pièce pleine de fougue et de couleurs : « Lorsque l’on se produit en soliste, le stress et la pression
sont toujours bien présents ; mais c’est un plaisir énorme et une chance incroyable de pouvoir être accompagné
par un orchestre à vent complet, aux couleurs, à l’expressivité et aux contrastes quasiment infinis ». Ce jeune
clarinettiste saura sans aucun doute séduire le public par l’intensité de son interprétation et la précision de son
exécution.
Pour compléter le programme du concert, l’Harmonie lausannoise présentera « Poème alpestre » du tessinois
Franco Cesarini et « Paris Sketches » de Martin Ellerby, deux pièces classées en catégorie « excellence » à la
hauteur du concerto de Maslanka.
Créé en 1999, « Poème alpestre » est un véritable hymne à la montagne si chère à son auteur. On y ressent dans
chaque thème la grandeur majestueuse des Alpes, à la frontière entre matérialisme et spiritualité. Brouillard et
mélancolie, alpage et esprit divin y sont tour à tour représentés. Cette œuvre d’une vingtaine de minutes a été
composée pour commémorer le 50e anniversaire de la mort du grand compositeur Richard Strauss (1864-1949).
De l’attachement de Cesarini à la montagne on passe à celui d’Ellerby pour la capitale française. « Paris
Sketches », créé en 1994, est composée de quatre mouvements représentant quatre quartiers de Paris, chacun étant
marqué par l’omniprésence des cloches. On débute la visite par Saint Germain des Prés, sa vie de bohème où plane
l’ombre de Ravel. Puis on déambule dans le turbulent quartier de Pigalle où se rencontrent Stravinsky et Prokofiev.
Puis vient le nostalgique et tranquille cimetière du Père Lachaise bercé par les Gymnopédies d'Erik Satie. Enfin
c’est la découverte des Halles, rythmée par une volée de cloches triomphantes qui se termine en apothéose, en
honneur au « Te Deum » de Berlioz.
De la montagne à la ville, de rythmes énergiques à de lentes lamentations, d’atmosphères intimistes à des tutti
sonores, le concert de l’Harmonie lausannoise promet des contrastes saisissants. A ne pas manquer !