Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littérature

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SYNTHÈSE
Med Pal 2004; 3: 277-284
© Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés
Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littérature
Sébastien Salas, Véronique Tuzzolino, Florence Duffaud, Cédric Mercier, Eric Dudoit, Roger Favre, Service d’Oncologie Médicale, Hôpital de la Timone, Marseille.
Summary
Use of ketamine in palliative care: review of the literature
Résumé
Over the last ten years, ketamine has been found to be a useful
antalgesic agent. Given at doses below those used in anesthesiology, ketamine increases the antalgesic effect of opioids. Ketamine belongs to the family of N-methyl-D-asparatate (NMDA)
receptor antagonists. Its implication in neuropathic pain has
been demonstrated. The drug can be used as an adjuvant for
opioids in patients with refractory cancer pain. The purpose of
this review of the literature is to provide a summary of current
knowledge on the use of this anti-NMDA agent in palliative
care: indications, efficacy, administration routes, dosage, adverse effects, complications. At the present time, the level of
proof is insufficient to confirm the formal efficacy of ketamine
in palliative care. Studies should be conducted to establish a
consensus necessary for widespread use of ketamine in this indication.
La kétamine a montré depuis ces dix dernières années son intérêt comme antalgique. À des doses inférieures à celles utilisées
en anesthésiologie, la kétamine augmente l’antalgie induite par
les opioïdes. Elle appartient à la famille des antagonistes des
récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA). Son implication dans
les douleurs neuropathiques a été démontrée. Il s’agit d’un traitement adjuvant aux opioïdes dans la prise en charge des douleurs cancéreuses réfractaires. Cette revue de la littérature a pour
but de déterminer l’état actuel des connaissances concernant
l’utilisation de cet anti-NMDA dans le domaine des soins palliatifs : indications, efficacité, voies d’administration, posologies,
effets secondaires, complications. Actuellement, il n’existe pas
de niveau de preuve suffisant pour pouvoir affirmer de façon
formelle l’efficacité de la kétamine en soins palliatifs. Des études
amenant à des consensus nous paraissent indispensables pour
permettre la diffusion de cette pratique.
Key-words: ketamine, palliative care, neuropathic pain, review of
the literature.
Mots clés : kétamine, soins palliatifs, douleurs neuropathiques,
revue de la littérature.
Adresse pour la correspondance :
Salas S et al. Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littéra-
Sébastien Salas, Unité Mobile de Soutien et de Soins Palliatifs, Service d’Oncologie
ture. Med Pal 2004; 3: 277-284.
Médicale du Professeur Favre, Hôpital de la Timone, 24, rue Saint-Pierre, 13385
Marseille Cedex 05.
e-mail : [email protected]
Introduction
La kétamine, produit connu depuis une trentaine d’années, a été très largement utilisée en anesthésiologie vétérinaire et reste un produit de référence en anesthésie
pédiatrique. Cette molécule a montré depuis ces dix dernières années son intérêt comme antalgique. À des doses
inférieures à celles utilisées en anesthésiologie, la kétamine augmente l’antalgie induite par les opioïdes.
Elle est disponible en France sous forme de solution
injectable en ampoules de 5 ml à 50 mg et 250 mg, commercialisées par les laboratoires Pfizer (Kétalar®), et en
ampoules de 50 et 250 mg, distribuées par le Laboratoire
Panpharma (Kétamine Panpharma®.). Il s’agit d’une molécule de courte durée d’action, très liposoluble. Elle est
principalement distribuée dans les organes richement vascularisés. Sa demi-vie d’action par voie intraveineuse est
de 7 à 11 minutes et sa demi-vie d’élimination est de 1 à
Médecine palliative
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2 heures. Essentiellement métabolisée par le foie et en
particulier par le cytochrome P450, son principal métabolite est la norkétamine qui est ensuite hydroxylée et
conjuguée avant d’être éliminée dans les urines.
La kétamine appartient à la famille des antagonistes des
récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA). Son implication
dans les douleurs neuropathiques a été démontrée par l’expérimentation animale, par des essais sur volontaires sains
et de petits essais cliniques [1-5]. L’activation neuronale répétée induit une hyperexcitabilité diffusant vers les neurones voisins et réalisant une sensibilisation en tache d’huile.
Cette amplification de l’activation des neurones nociceptifs
spinaux est appelée « wind-up ». Ce phénomène est responsable de l’allodynie. Plus la douleur persiste ou s’intensifie,
et plus ce mécanisme conduit à des modifications durables
des neurones et des synapses réalisant une mémorisation
des phénomènes douloureux. Le récepteur NMDA a un rôle
important d’activation cellulaire et de phénomène de mé-
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SYNTHÈSE
Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littérature
morisation. La kétamine, en tant qu’antagoniste des récepteurs NMDA, peut diminuer les effets de sensibilisation centrale secondaires au « wind-up ». C’est par ce phénomène
que les anti-NMDA seraient actifs sur l’hyperalgésie.
De plus, les récepteurs NMDA semblent jouer un rôle
dans les phénomènes de tolérance aux opioïdes [6]. La
kétamine à faible dose peut partiellement rendre réversibles ces phénomènes. Son utilisation en association avec
la morphine semble donc augmenter l’antalgie au prix
d’effets secondaires modérés [7, 8].
Actuellement, la kétamine est utilisée dans quelques
pays dont les pays scandinaves, l’Angleterre, l’Italie, la
Belgique, le Japon et l’Australie.
En France, la kétamine a fait l’objet d’une autorisation
de mise sur le marché comme agent anesthésique unique,
comme inducteur d’anesthésie avant l’administration
d’autres agents anesthésiques et comme potentialisateur
d’agents anesthésiques de faible puissance. Par ailleurs, il
s’agit d’un traitement adjuvant aux
opioïdes dans la prise en charge des
douleurs cancéreuses réfractaires.
Les modalités
Ainsi cette indication est avancée
dans la littérature bien qu’elle ne soit
d’administration
pas documentée par des essais cliniet les posologies
ques de qualité, randomisés, avec un
de la kétamine ne sont,
grand nombre de patients inclus [9].
Les modalités d’administration ainsi
pour le moment,
que les posologies de la kétamine ne
pas standardisées.
sont pas pour le moment standardisées lorsque celle-ci est employée à
faible dose et comme traitement adjuvant des morphiniques
dans les douleurs cancéreuses [9].
Cette revue de la littérature a pour but de déterminer
l’état actuel des connaissances concernant l’utilisation de
cet anti-NMDA dans le domaine des soins palliatifs : indications, efficacité, voies d’administration, posologies,
effets secondaires, complications.
Méthodologie
La recherche bibliographique s’est faite à partir de la
base de données MEDLINE sur National Library of Medicine (Pubmed) et Embase sur l’utilisation de la kétamine
comme antalgique en soins palliatifs. Les études fondamentales chez l’homme ou chez l’animal n’ont donc pas
été retenues. Les mots clés ont été Kétamine, Kétalar, palliative care et seuls les articles en langue anglaise ont été
cités. Les articles recensés s’échelonnent entre 1990 et décembre 2003. Les patients concernés par cette revue sont
dans la majorité des cas âgés de plus de 18 ans. Il existe
cependant un compte rendu du cas d’une enfant de douze
ans.
Médecine palliative
278
Résultats (tableau I)
Nous avons retrouvé 11 articles en langue anglaise.
Cependant, un seul de ces articles est publié dans une revue de soins palliatifs [10]. Nous n’avons pas retrouvé
d’articles en langue française selon cette méthodologie.
Certains articles sont publiés dans des revues spécialisées
dans la prise en charge de la douleur, comme le Journal
of Pain and Symptom management et Pain [6]. On note
également des publications dans des revues de cancérologie comme l’European Journal of cancer [2].
Un autre article est publié dans une revue d’anesthésie.
Certains auteurs se sont donc intéressés aux molécules qui
pourraient augmenter l’effet antalgique et modifier les
phénomènes de tolérance aux opioïdes.
Compte rendus de cas
La majorité des articles sont des comptes rendus de cas.
L’un d’eux concerne un homme porteur d’un carcinome
épidermoïde du sinus maxillaire inopérable, avec métastases osseuses crâniennes et cervicales [11]. Des opioïdes par
voie intraveineuse, transdermique et épidurale, avaient été
utilisés sans succès sur des douleurs sévères de la face. En
revanche, un épisode d’accès douloureux a pu être immédiatement contrôlé par l’administration de kétamine associée à un corticoïde et de la lidocaine. Par la suite le patient
a bénéficié de perfusions de kétamine à des doses comprises
entre 100 et 200 milligrammes par heure, perfusions qui
ont permis de le soulager jusqu’à son décès. Les auteurs
concluent que cette molécule aurait une action co-analgésique sur les accès douloureux des patients porteurs d’un
cancer à un stade avancé. Une lettre publiée en 2000 dans
Journal of Pain and Symptom management rapporte l’histoire d’un jeune homme de 20 ans porteur d’un neurofibrosarcome [12]. Ce patient présente des douleurs mal calmées
malgré un traitement par opiacé, anti-inflammatoire non
stéroïdien et anticonvulsivant. Le patient étant toujours algique après une perfusion épidurale de bupivacaine, morphine, clonidine et fentanyl, puis de morphine, gabapantine
et dexaméthasone, un protocole de kétamine orale de 50 à
100 mg toutes les 4 heures avec des doses de secours en
sous cutanée est mis en place. Seule la perfusion sous cutanée a permis une sédation des douleurs et ainsi le patient
a pu quitter l’hôpital avec une perfusion de 1,8 gramme
par 24 heures. La kétamine a été associée à un morphinique
et au midazolam. La dose initiale a été portée à 3,2 grammes par 24 heures dans les jours qui ont précédé le décès.
L’importance de la voie d’administration de l’anti-NMDA
est ainsi suggérée. Un autre article publié dans une revue
d’anesthésiologie évoque une cause particulière de cépha-
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SYNTHÈSE
Sébastien Salas et al.
Tableau I : Liste des articles faisant état de l’utilisation de la kétamine en soins palliatifs.
Table I: Publications on the use of ketamine in palliative care.
Titre
Compte-rendus
de cas
Revues
de la littérature
en cancérologie
Année
Auteurs
Revue
Posologie et voie
d’administration
1995
Effective treatment of severe
cancer pain of the head using
low-dose ketamine in an opioidtolerant patient
Clark, J.L. and J Pain Symptom 50 mg bolus IV suivi
G.E. Kalan
Manage
de100mg/h puis 200 mg/h
en perfusion IV continue
Ketamine for cancer pain.
2000
LloydWilliams, M.
J Pain Symptom 50 à 100 mg per os toutes
Manage
les 4 heures avec bolus SC
puis 1,8 g /24 h puis
3,2 g/24 h en Perfusion SC
2001
Retro-orbital tumour--an
uncommon cause of headache in
pregnancy
Roberts, L.J.
and C.R.
Goucke
Anaesth
Intensive Care
Topical ketamine in the
treatment of mucositis pain.
Slatkin, N.E.
Pain Med
and M. Rhiner
2003
Bains de bouche
2001
Long-term treatment with
ketamine in a 12-year-old girl
with severe neuropathic pain
caused by a cervical spinal tumor
Klepstad, P.,
et al
J Pediatr Hematol Dose test de 7,5 mg IV
Oncol
puis 36-410 mg/ 24 h IV
New approaches to pain control 1997
in patients with cancer
Ahmedzai, S.
Eur J Cancer
Advances in cancer pain
management
Curr Pain
McDonnell,
Headache
F.J., J.W.
Sloan, and S.R.
Hamann
2001
Ketamine as adjuvant to opioids 2003
for cancer pain. A qualitative
systematic review
Bell, R.F.,
C. Eccleston,
and E. Kalso,
J Pain Symptom 4 études : 0,5 mg/kg
Manage
2 fois/j Per os
1 mg/kg/j SC
600 mg/j IV
67,2 mg/j Intrathécal
Correspondances The need for ketamine.
Clinical experience with oral
ketamine
Ketamine and problems
Publications
with advanced palliative care
issue de revue
de soins palliatifs in the community setting
Med Pal 2004; 3: 277-284
2000
Lawlor, P.G.
J Pain Symptom
and Y. Tarumi Manage
2000
J Pain Symptom 2 mg 3 fois/24 h Per os
Vielvoyeà 8 mg/ 24 h Per os
Kerkmeer, A.P., Manage
M. van der
Weide, and
C. Mattern,
2000
Baumrucker,
S.J.
© Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés
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Am J Hosp
Palliat Care,
www.e2med.com/mp
SYNTHÈSE
Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littérature
lées. Une femme enceinte de 31 ans, chez laquelle on découvre une tumeur rétro-orbitaire, présente une recrudescence de ses symptômes au décours du troisième trimestre
de grossesse. La plupart des médicaments des douleurs neuropathiques étant contre-indiquée, un traitement à base de
morphine, de paracétamol, d’amitryptilline, de kétamine associé à un support psychologique est mis en place avec de
bons résultats. Les auteurs insistent sur la difficulté qu’a
représentée ce cas, compte tenu des contre-indications liées
à l’état gestationnel de la patiente [13].
Une autre étude de cas concerne un mode d’utilisation
particulier de la kétamine. Une femme de 32 ans atteinte
d’un carcinome épidermoïde de la langue a réalisé des
bains de bouche à la kétamine dans le cadre d’une mucite
radio-induite. Bien entendu, l’efficacité de cette thérapeutique reste à évaluer, y compris dans le cadre d’autres étiologies de douleurs buccales [14].
Une observation a été rapportée chez l’enfant. Une
fillette de douze ans porteuse d’un
glioblastome responsable de douleurs
neuropathiques sévères a été calmée
L’utilisation
par une dose test de 7,5 mg de kétamine en intra veineux puis par l’asde la kétamine
sociation de morphine en sous cutan’a donc pas été validée
née et de kétamine en perfusion intra
par des études randomisées. veineuse. Les doses utilisées ont été
croissantes, de 36 à 410 mg par
vingt-quatre heures. Elle a bénéficié de soixante-sept
jours de ce traitement avant de décéder. La conclusion de
cet article est qu’il s’agit d’un traitement qui peut être efficace chez l’enfant présentant des douleurs neuropathiques ne répondant pas aux autres antalgiques. On peut
remarquer que la durée de ce traitement a été relativement
longue, poursuivie au domicile et s’inscrit bien dans un
contexte de soins palliatifs [15].
tastases osseuses. La kétamine à petite dose fait partie de
son arsenal thérapeutique pour traiter les douleurs réfractaires et neuropathiques [16].
Un autre auteur en 2001 analyse les différents traitements antalgiques en oncologie et en soins palliatifs, dont
les anti-inflammatoires non stéroïdiens, la méthadone, la
kétamine et les biphosphonates, et souligne l’importance
de la balance entre les influences excitatrices et inhibitrices du système nerveux central [17].
Une revue systématique de la littérature a été publiée
en septembre 2003 dans Journal of Pain and Symptom
Management. L’auteur, à l’aide d’une méthodologie rigoureuse, étudie les différents articles portant sur l’utilisation
de la kétamine comme traitement adjuvant des opioïdes
dans les douleurs réfractaires en cancérologie [9]. Son travail sur Medline, Embase, Cancerlit, The Cochrane Library
analyse quatre études randomisées. Dans ces études, la
population est définie comme présentant des douleurs
cancéreuses résistantes à la morphine ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, des douleurs liées à la pathologie cancéreuse en phase terminale ou des douleurs réfractaires aux opiacés chez des patients présentant un
Karnofsky supérieur à 50 %. Un autre critère d’utilisation
de la kétamine dans ces essais est le caractère neuropathique ou mixte de la douleur. Le mode d’administration
de la molécule diffère selon l’étude : orale, épidurale, intrathécale, sous-cutanée ou intraveineuse.
Les doses utilisées diffèrent également d’une étude à
l’autre : 0,5 mg/kg 2 fois par jour per os, 1 mg/kg/j en
sous cutanée, 600 mg/j en intraveineux et 67,2 mg/j par
voie intrathécale.
Deux essais sont des études en cross over [18, 19]. Sur
les quatre essais, un seul compare la kétamine à un placebo,
les trois autres comparent la kétamine à la morphine. Deux
essais sont considérés dans cette revue comme non fiables
au niveau méthodologique [20, 21]. Les deux autres concluent que la kétamine permettrait de réduire l’intensité des
douleurs cancéreuses d’origine neuropathique et la conEssais
sommation de morphine [18, 19]. Cependant, ces études
Aucun essai clinique n’a été mené en soins palliatifs. concernent un faible effectif de patients, le type de douleur
L’utilisation de la kétamine dans ce domaine n’a donc pas n’est pas décrit et la stratégie de prise en charge des accès
douloureux n’est pas exposée. Pour l’auteur, il est donc néété validée par des études randomisées.
cessaire de faire des études contrôlées randomisées sur un
plus grand nombre de patients en homogénéisant le mode
Revue de la littérature en cancérologie d’administration de la kétamine.
On retrouve également dans ce travail des revues de
la littérature sur l’utilisation de la kétamine en cancéro- Correspondances
logie. Ahmadzai, dans l’European Journal of Cancer de
juillet 1997, passe en revue les différents traitements de
On trouve également deux lettres questions-réponses.
la douleur cancéreuse et leurs effets secondaires : mor- Dans la première, qui correspond à un commentaire d’un
phine, méthadone, hydromorphone, patch de fentanyl, compte rendu de cas, Peter Lawlor rappelle l’importance
strontium 89 et biphosphonate dans les douleurs de mé- d’une prise en charge globale et multidisciplinaire et met
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Sébastien Salas et al.
en garde contre l’augmentation systématique des doses de
morphiniques comme réponse à toute douleur. L’auteur
fait remarquer également que la mise en place de protocoles utilisant la kétamine n’est pas une solution exclusive
et que la douleur peut avoir de multiples facettes. Dans
sa réponse, Perry G. Fine reconnaît la nécessité d’une prise
en charge globale de la douleur, mais refuse d’attribuer
les douleurs intenses à la somatisation d’une détresse psychologique et trouve donc tout à fait justifiée l’introduction de petites doses de kétamine [22]. Cet échange est
assez proche des questionnements qui existent en soins
palliatifs.
Dans une autre lettre, Ans P.E.Vielvoye-Kerkmeer parle
de son expérience de l’utilisation de la kétamine orale chez
des patients cancéreux, douloureux malgré les opioïdes, ou
chez ceux qui présentent des effets secondaires morphinoinduits. Il débute à petites doses 2 mg 3 fois par jour en
augmentant progressivement si besoin à 6 puis à 8 mg 3 à
4 fois par jour. Le but est de trouver une dose efficace sans
entraîner d’effets secondaires neuropsychiques pouvant entraver la relation du patient avec son entourage. L’auteur
se demande si la différence des doses de kétamine utilisées
(faibles dans son expérience et élevées chez H. Hayes) pourrait venir de la différence de populations : patients cancéreux douloureux et patients douloureux chroniques non
cancéreux [23]. Dans sa réponse, Helen Hays confirme que
sa série concernait des patients présentant une douleur
chronique non cancéreuse chez lesquels la kétamine orale
a été utilisée à fortes doses et poursuivie chez 4 de ces patients. Tous ont reçu une dose test de kétamine IV de
0,4 mg/kg après un bolus de midazolam de 0,05 mg/kg
pour prévenir les effets secondaires. S’il existait une diminution des douleurs, la kétamine était passée sous forme
orale. H. Hays reprend aussi les différentes posologies de
kétamine utilisées ainsi que les différentes voies d’administration selon les auteurs. Sa conclusion est que les patients
douloureux non cancéreux demandent une approche différente et que d’autres études doivent être faites dans les
deux populations pour cibler les doses efficaces et les effets
secondaires pour chacune d’elle.
Publication issue d’une revue
de soins palliatifs
Baumrucker, dans American Journal of Hospice and
Palliative Care, parle des difficultés rencontrées pour faire
accepter à la communauté médicale les avancées thérapeutiques en soins palliatifs. Cet article est la seule publication parue dans une revue de soins palliatifs sur ce sujet.
Pour Baumrucker, la kétamine a une multitude d’indications et représenterait un produit révolutionnaire en
soins palliatifs.
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© Masson, Paris, 2004, Tous droits réservés
Toutefois, dans son institution, son utilisation est réservée à l’anesthésie. Il est primordial pour l’auteur d’éduquer la communauté médicale sur l’utilisation de tous les
traitements qui pourraient améliorer les patients en soins
palliatifs et vaincre les résistances qui entourent la fin de
vie [10].
Discussion
Malgré les convictions de nombreux auteurs, dans
l’état actuel de nos connaissances, il est impossible de
conclure de façon formelle à l’efficacité de la kétamine
en soins palliatifs. La kétamine est un antagoniste des récepteurs NMDA. De nombreux travaux pré-cliniques, chez
l’animal et le volontaire sain, ont permis de le prouver [15]. Cette molécule est déjà utilisée dans les douleurs cancéreuses dans de nombreux pays et il existe un très grand
nombre de publications sur l’utilisation de la kétamine en algologie [9].
Toutefois, il y en a peu concernant
La mise en place
son utilisation de façon spécifique en
de protocoles utilisant
soins palliatifs. Ces publications sont
en effet pour la plupart des rapports
la kétamine
de cas et il n’existe pas pour le mon’est pas une solution
ment d’essai clinique randomisé de
bonne qualité avec une puissance
exclusive.
suffisante, issu de services de soins
palliatifs. Les populations actuellement étudiées correspondent à des patients, suivis dans des services de cancérologie qui diffèrent par leur pathologie, leur prise en
charge et leur stade. On se heurte aux difficultés d’évaluation sur une population hétérogène en raison de l’âge,
des pathologies très différentes et de la poly-médication.
Très souvent, ces patients présentent une insuffisance rénale, hépatique, respiratoire ou des troubles des fonctions
supérieures et ne forment donc pas des groupes réellement
homogènes.
De plus, faut-il utiliser la voie orale, la voie sous-cutanée, la voie intraveineuse ? Faut-il utiliser la perfusion
continue ? Les bolus sont-ils efficaces ? La posologie à
utiliser reste elle-même à discuter, même si les faibles doses semblent plus souvent utilisées. Les effets secondaires
ainsi que l’efficacité ne sont également pas évalués. Si
l’action de la kétamine sur les douleurs neuropathiques
ne peut se discuter, le gain qu’elle pourrait apporter sur
le confort et la qualité de vie des malades en soins palliatifs reste un mystère. Par ailleurs, une question encore
plus fondamentale persiste : quelle est l’indication exacte
de la kétamine ?
Dans notre expérience, nous l’utilisons pour les patients au stade terminal d’une pathologie cancéreuse présentant des douleurs réfractaires au traitement morphini-
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www.e2med.com/mp
SYNTHÈSE
Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littérature
que et aux traitements actuellement validés dans les 67,2 mg/24 heures en intrathécal. Tous les auteurs s’acdouleurs neuropathiques.
cordent pour utiliser la kétamine à doses infra-anesthésiques sans qu’il y ait de véritable consensus. Les faibles
doses de 0,5 mg/kg/24 heures à 1 mg/kg/24 heures sont
Voies d’administration
Notre voie d’administration préférentielle reste la voie des posologies que nous adoptons.
intraveineuse, ceci parce que nos patients sont tous porteurs d’une voie centrale. Notre choix ne s’est pas fait en Indications
fonction du mode d’administration le plus efficace mais
Les indications même de l’utilisation de la kétamine
du plus pratique. Cependant, les patients de services de ne sont pas formalisées. Elle a été utilisée avec succès dans
soins palliatifs n’ont pas toujours un accès veineux aussi les douleurs post-opératoires, dans les douleurs chroniconfortable. La voie orale et la voie sous-cutanée restent ques, et les douleurs cancéreuses. Mais il semblerait que
à explorer [7, 24, 25]. D’autres voies comme la voie in- les doses efficaces soient différentes selon qu’il s’agisse
trathécale, la voie transdermique méritent une attention d’une douleur cancéreuse ou non [23]. Il est donc légitime
particulière [26, 27]. Pour mémoire, citons l’utilisation de de se demander si la prise en charge des douleurs en serla kétamine par voie intra-rectale et intra-nasale. Il vice d’oncologie médicale est la même qu’en unité de
n’existe pas actuellement d’études comparatives permet- soins palliatifs, et de s’interroger sur le type de populatant de privilégier l’une ou l’autre de ces voies. La voie tions concernées en fonction du recrutement de ces sersous-cutanée est facilement accessible, semble peu dou- vices respectifs. Ces populations sont-elles semblables ?
loureuse, mais les doses utilisées par cette voie ne sont N’existe-t-il pas des différences qui pourraient entraîner
pas définies. La forme orale permettrait d’élargir les pres- des variations d’efficacité et d’effets secondaires ?
criptions. Cette voie est possible avec une solution réalisée
De plus, il semble difficile actuellement d’affirmer le
à partir de la préparation à destination systémique. Et rôle propre de la kétamine comme antalgique en soins
comme le souligne le docteur Jean Vibes, dans la première palliatifs. En effet, elle a toujours été utilisée en associaédition de l’Abrégés Masson sur les douleurs neuropathi- tion avec d’autres molécules en cas d’échec thérapeutique
ques de 2002 [28], elle nécessite des ou en cas d’effets secondaires morphino-induits trop gêdoses beaucoup plus élevées –300 à nants. Selon les études, elle a été associée à tous les mor360 mg/jour, en partie à cause d’un phiniques dont la méthadone, mais aussi avec les antiLa forme transdermique
index thérapeutique faible. Les effets inflammatoires, les antidépresseurs, les antiépileptiques,
secondaires sont donc ici très majo- les biphosphonates dans les douleurs de métastases osseuserait une voie idéale.
rés, contraignant, une fois sur deux, ses. Par ailleurs, dans plusieurs séries, des traitements acà l’arrêt du traitement. La voie intra-thécale reste une voie tifs tels que radiothérapie, chimiothérapie, radio-isotopes
d’exception, mais pourrait avoir des indications pour les ont été poursuivis. On voit donc toutes les difficultés qui
patients présentant de volumineuses tumeurs sous- existent pour affirmer l’exclusivité du rôle de la kétamine
diaphragmatiques responsables de douleurs neuropathi- dans l’amélioration des douleurs. On peut donc raisonnaques. La forme transdermique serait une voie idéale, mais blement placer la kétamine comme co-antalgique en soins
elle est loin d’être d’utilisation courante. Enfin, la voie palliatifs, la prescrire pour les patients présentant à la fois
intramusculaire ne paraît pas vraiment adaptée à un pa- une douleur neuropathique sous opiacés et une douleur
tient en fin de vie car il s’agit d’une voie particulièrement réfractaire aux antiépileptiques et/ou aux antidépresseurs.
douloureuse et les patients sont souvent porteurs de troubles de la coagulation.
Contre-indications
Il existe peu de contre-indications à l’utilisation de la
kétamine hormis l’hypersensibilité reconnue et la porphyModes d’administration
De notre point de vue, l’administration continue sans rie.
bolus semble la plus adaptée [11].
Son utilisation en bolus est sans fondement théorique Effets secondaires
même si certains praticiens peuvent initier le traitement
En soins palliatifs, les effets secondaires pourraient
par des flashs de 0,25 mg/kg [18].
être relativisés par rapport aux avantages qu’elle procurerait. En anesthésiologie, on retrouve fréquemment tachycardie, hypo ou hypertension artérielle, phénomènes
Posologies
Les doses utilisées varient de 0,5 mg/kg 2 à 3 fois par d’arythmie, de dépression respiratoire en cas d’injection
jour jusqu’à 60 mg 6 fois par jour per os, de 0,05 mg/kg/h intraveineuse rapide. On peut également noter des mouà 4,8 grammes/24 heures en sous-cutanée, de 0,1 mg/kg vements anormaux et des phénomènes de diplopie et nysà 500 mg par 24 heures en intraveineux, et jusqu’à tagmus. En fait, l’effet le plus problématique aux doses
Médecine palliative
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N° 6 – Décembre 2004
SYNTHÈSE
Sébastien Salas et al.
utilisées en soins palliatifs est la psychodyslepsie, responsable de perturbations des sensations visuelles et auditives, de sensation de mort imminente, de troubles de l’humeur et de l’image corporelle. Des épisodes d’anxiété, de
délire aigu, de sensation de flottement, de dépersonnalisation, de rêves éveillés voire d’hallucinations sont possibles. Il semblerait que les facteurs favorisants soient le
sexe féminin et l’injection intraveineuse rapide. La majorité des auteurs sont d’accord pour dire que ces effets sont
doses-dépendants et que l’utilisation de midazolam ou de
diazépam, ou encore d’halopéridol, les fait nettement diminuer voire disparaître. Dans notre expérience, nous
n’avons pas eu d’effets secondaires nous obligeant à interrompre la perfusion de kétamine.
fragilisés, présentant des cancers et des stades différents.
Ils peuvent être porteurs de pathologies autres que des
pathologies cancéreuses, comme l’insuffisance cardiaque
par exemple. Les groupes de patients sont donc très souvent hétérogènes, les traitements antalgiques utilisés
avant la kétamine différents par leur nature, leur posologie et leur voie d’administration. Ce type d’essai sur un
grand nombre de patients en phase terminale est bien
entendu difficile à mettre en œuvre et à conduire.
Pourtant, pour pouvoir réellement conclure à l’efficacité de la kétamine, il serait indispensable de faire des
études randomisées à grande échelle sur ce type de patients avec des groupes le plus homogène possible.
Kétamine et législation
Conclusion
En raison de ses effets psycho-actifs, la kétamine a été
détournée à des fins toxicomaniaques. Elle fait donc l’objet depuis l’arrêté du 16.08.2001 d’un classement à la famille des stupéfiants ; mais les conditions de détention de
la kétamine ne diffèrent en rien des autres médicaments
d’anesthésie non classés comme tels. L’utilisation de la kétamine n’est pas plus contraignante que celle de la morphine et la législation ne doit pas être un frein à son utilisation.
Essais cliniques et kétamine
Il n’existe pas de niveau de preuve suffisant dans la
littérature pour pouvoir affirmer de façon formelle l’efficacité de la kétamine en soins palliatifs.
Tous les articles concluent de façon prudente à la probable efficacité de la kétamine en association aux opioïdes
dans les douleurs cancéreuses. Ce sont pour la plupart des
« case reports » ou comptes rendus de
cas décrivant une amélioration de
l’analgésie avec l’association de ces
molécules.
Il existe peu de contreIl est primordial de mener des esindications à l’utilisation
sais randomisés contrôlés de qualité,
sur des groupes de patients nomde la kétamine hormis
breux et homogènes. Pour pouvoir
l’hypersensibilité.
progresser, la médecine palliative a
besoin, comme les autres disciplines,
de l’étude de nombreux médicaments dans un cadre scientifique. Il ne faut pas perdre de vue que le confort des
patients reste la priorité absolue. Tous les essais qui respectent ce principe éthique sont à notre sens autorisés.
Nous utilisons la kétamine chez des patients en soins
palliatifs et présentant des douleurs non calmées par l’arsenal thérapeutique existant. Son utilisation en deuxième
intention nous semble licite, mais des essais amenant à
des consensus sur les indications, les posologies, les voies
d’administration et la prévention des effets secondaires
nous paraissent indispensables pour permettre la diffusion
de cette pratique en soins palliatifs.
Comme nous l’avons vu, la grande majorité des articles concluent à l’efficacité de la kétamine sur la douleur
cancéreuse. Toutefois la qualité méthodologique est souvent critiquable. En effet, il n’existe que peu d’études contre placebo ; la plupart des procédés de randomisation ne
sont pas décrits et il y a très peu de descriptions des caractéristiques de la douleur ; celle-ci est qualifiée de
« cancéreuse », « rebelle », « neuropathique », « à composante franchement neuropathique » ou encore « réfractaire ». L’intensité de la douleur n’est pas toujours évaluée
par une échelle. Il est dit que la douleur diminue, s’améliore ou disparaît, mais elle est très rarement quantifiée.
Il est difficile de suivre l’évolution et l’évaluation d’une
douleur quand les composantes de celle-ci ne sont pas
clairement définies. De plus, les conclusions des différentes études peuvent être discordantes. Certains auteurs concluent à l’efficacité de la kétamine en tant que co-antalgique ; d’autres affirment qu’elle diminue de façon
significative la tolérance aux morphiniques ainsi que les
douleurs induites par les morphiniques ; mais il est difficile d’éliminer dans ces cas-là une augmentation des dou- Références
leurs due à l’évolution de la pathologie cancéreuse.
1. Fisher K, Coderre TJ, Hagen NA. Targeting the N-methylD-aspartate receptor for chronic pain management. PrecliD’autre part, aucune étude ne mesure la qualité de vie
nical animal studies, recent clinical experience and future
des patients sous kétamine et le bénéfice réel ressenti par
research directions. J Pain Symptom Manage 2000 ; 20 :
le patient. Nous mesurons toutes les difficultés à mener
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des études sur des patients en soins palliatifs, c’est-à-dire
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N° 6 – Décembre 2004
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