L
a septième retraite Losum Chosum, dite
« de trois ans », vient de commencer en
Avalon à l’occasion de Vésak, la célébration
de la naissance, de l’éveil et du parinirvâna du
Bouddha Shâkyamuni. Cette septième retraite
réunit maintenant à Naro Ling et Nigu Ling
vingt-et-un retraitants dont deux intendants.
La retraite traditionnelle de trois ans est
depuis Jamgön Kongtrül Lodrö Ta(1813-
1899), qui en a instauré le format, le lieu
et l’occasion de la transmission yogique
de l’ensemble de la tradition des Palden
Shangpas, les « Glorieux Shangpas », avec
toutes les initiations (wang), transmissions
scripturaires (lung) et instructions pratiques
(tri) de la lignée.
Les transmissions initiatiques et scripturaires
sont regroupées dans le Palden Shangpa
Chatsang, « La Somme des transmissions
Palden Shangpa », qui est conféré avant la
retraite proprement dite ou pendant celle-ci ;
quant aux instructions qui correspondent à
chaque pratique elles sont transmises au fur et
à mesure des pratiques de la retraite et suivant
les besoins des pratiquants.
Depuis son origine la tradition des Palden
Shangpas a toujours été celle de lignées
yogiques de méditants et de retraitants. Leurs
filiations de maître à disciples ont constit de
nombreuses ramifications qui convergèrent au
XIXe siècle en la personne de Jamgön Kongtrül
Lodrö Tayé, le grand maître du mouvement
Rimay. Il avait une confiance et une dévotion
particulière en la tradition et les pratiques
yogiques des Palden Shangpas, aussi regroupa-
t-il toutes leurs instructions et en revivifia la
transmission en créant un centre de retraite
de trois ans dédié à leur pratique. Ce centre de
retraite de Tsadra Rinchen Dra, situé près de
Palpung dans le Kham, et demeuré actif jusquà
Petite histoire de la grande retraite
des Palden Shangpa Kagyü
...Suite p.3
Dans l'inspiration de Vajradhara Kalu
Rangjung Künchab ................................
La petite histoire de la grande retraite
des Palden Shangpa Kagyü ..................
Shédra : un cycle d'étude dans une
perspective yogique ..............................
Rimay dans le monde .............................
Économie et spirituali..............................
“Une approche bouddhiste de la crise éco-
nomique” par Denys Rinpoc............
“Principes d'une économie bouddhiste,
Une voie du milieu pour le marché”.........
Programme du forum ...................................
Sessions Jeunes, Utpala,
Vie Sacrée ....................................
Les Éclaireurs de la Nature ......
Programme des Arts
Traditionnels...............................
Programme de l'été à l'Institut
Karma Ling ..................................
Le mot du directeur ....................................
Rimay Diffusion : “Une procure pour les
pratiquants” .................................................
Écosite d'Avalon :
“Et du côté du potager ?... / Une ferme
biologique pour nourrir Avalon /
Du blé au pain.............................................
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> p.6
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Garuda
Le journal du Sangha Rimay
no 7 - Juin 2011
Losum Chosum 7e entrée en Retraite de trois ans
Transmission En AvalonDossier Vie sacrée
Le Convent Général de la Communau Rimay sest tenu les 28 et 29 mai
derniers en Avalon, réunissant autour de Rinpoché le Collège des anciens
et le Collège des délégués des sangha lokas. Nous résumons ici quelques
extraits du mot de Denys Rinpoché devant la rencontre préparatoire du
Collège des anciens qui sétait réuni la veille.
Norlha Rinpoché et Denys Rinpoché
2
losum chosum
1
Une communauté adulte et un programme de
transmission complet
T
out d’abord, je crois que l’on peut se réjouir et se
féliciter : l’état général de la communauté est bon et,
personnellement j’en suis très heureux. Je suis content de
voir que la communauté c’est-à-dire principalement les
pratiquants dans leur maturation – se développe bien. Il y a
de bons signes, une bonne inspiration, de bonnes initiatives
et je dirais que la communaua atteint un âge adulte, mûr.
Ce qui fait cette maturiest d’avoir maintenant en son sein
une dynamique de transmission intégrale ; c’est-à-dire que
l’ensemble de la transmission traditionnelle puisse être
véritablement transmis dans un programme progressif
avec ses volets d’étude et de pratique. Il demeure bien sûr
beaucoup de choses à améliorer et il faut donc continuer
avec énergie, mais maintenant le programme central existe.
La transmission dans l’étude et la pratique
C’est d’abord un premier cycle d’étude avec la réédition de La
Voie du Bouddha en manuel d’étude et le programme assoc.
C’est ensuite le shédra avec ses neuf modules actuels et un
troisième cycle d’étude approfondie en cours de constitution
avec la traduction puis la transmission de L’Encyclopédie
des connaissances, qui est notre référence traditionnelle et
qui fait autorité.
En termes de pratique, c’est la progression des retraites
transmissions : l’entraînement spirituel, la pratique de
Chenrézi comme cœur d’une pratique vajrayâna, puis les
instructions Mahâmudrâ-Dzogchen dans une transmission
rimay. Ces retraites transmissions peuvent être complétées
de retraites SaVi, de dathüns et de retraites individuelles.
Tout le programme des pratiques, dans sa complétude, est
finalement sumé dans le cycle des transmissions Palden
Dashang Rimay conféré au moment de la retraite de trois
ans et pendant celle-ci.
Lensemble de ces volets d’étude et de pratique constitue une
transmission complète. Elle est support nécessaire à une
« réalisation complète », dont il ne faut pas se départir et
qu’il convient de développer.
Les sangha lokas en Russie et en Inde
Je souhaitais aussi évoquer les développements du sangha
dans des contrées lointaines, qui ouvrent des réflexions
essentielles sur la transmission.
J’étais passé en Russie il y a quinze ans lors de trois voyages.
Récemment des contacts ont été repris autour de Batyr, un
étudiant et ami kalmouke qui avait reçu transmissions et
enseignements lors de ces premières visites. Il nous a fait
part de son souhait que nous amenions en Russie ce que nous
avons velopen France, exprimant son appréciation pour
l’approche de la Communauté Rimay dans son authentici,
sa profondeur et son organisation.
Il y a aussi de bons développements du sangha en Inde
lama Mingyur continue d’aller régulièrement. À en croire
ses prévisions il y aura bientôt plus de membres du sangha
en Inde quen France…
Pour servir le développement à l’international, nous envisa-
geons aussi l’achat d’un terrain agrandissant le site d’Ava-
lon qui permettrait d’établir un autre centre de retraite de
trois ans, international, avec le tibétain et l’anglais comme
langues internationales, et des traductions en chacune des
langues des pratiquants.
Les centres de retraite au cœur de la transmission
La création et le dynamisme des centres de retraite nous
paraissent en effet essentiels. La transmission de la voie
du Bouddha est la transmission d’une expérience, et pour
transmettre cette expérience la pratique est le vecteur,
celle-ci se développe au quotidien mais aussi profondément
en retraite. Les centres de retraite, qui sont l’occasion d’entrer
dans le cœur et dans l’essence de la pratique, sont ainsi
fondamentaux. C’est en leur sein que la lignée Shangpa fut
transmise et la création de centres de retraite fut une activité
prioritaire de Kalu Rangjung nchab, et nous faisons de
me à sa suite. La constitution de centres de retraite, avec les
adaptations qui peuvent être nécessaires contextuellement,
est la façon par excellence pour éveiller et former de bonnes
personnes qui peuvent à leur tour aider dautres personnes.
C’est dans cette direction que nous souhaitons aller et avancer,
elle nous semble être la meilleure façon de transmettre le
Dharma et d’aider tout un chacun et tous les vivants le plus
profondément et directement possible.
L’Institut Karma Ling : un centre de retraite ouvert
Dans ce programme de transmission intégrale, l’Institut
Karma Ling continue d’entrer dans le rythme et les modalités
d’un « centre de retraite ouvert », nicdans l’écrin de l’écosite
sacré d’Avalon qui lui-même participe pleinement d’une
pratique profonde et essentielle du Dharma.
La pratique du Dharma vise à réaliser la nature de son esprit.
Létat naturel est l’état « de nature ». Le propos d’une écologie
profonde est d’entrer en résonnance avec « notre nature ». Dans
cet esprit, le développement de l’écosite se rapprochera de
moles anciens il y avait, aussi bien en termes énergétiques
quen termes alimentaires, une autosubsistance de proximité.
Nous espérons ainsi pouvoir agrandir Avalon, acquérir des
terrains, certains en fermage, pour velopper une agriculture
de moyenne montagne, à l’ancienne, et finalement amener
localement un mode de vie dans le bonheur d’une simplicité
choisie, la richesse d’une simplicibienheureuse avec, comme
le dit Pierre Rabhi, « la modération comme performance ».
Norlha Rinpoché, l’aîné des héritiers spirituels
de Kalu Rangjung Künchab, qui fonda plusieurs
centres de retraite de trois ans en Inde et aux
États-Unis, exprima son appréciation de l’œuvre
accomplie par Denys Rinpoché lors de sa visite à
Dashang Nigu Ling en 2010 :
« Je voudrais partager avec vous le fait que je pense
que vous avez énormément de chance et de bonne
fortune d’être dans cet endroit, qui est pour moi
la manifestation de la vision et de l’intention de
Vajradhara Kalu Rangjung Künchab.
En créant ce centre du Dharma dans ce magnifique
environnement, avec son programme de pratique
et d’étude, avec ses centres de retraite de trois ans
pour des retraites de courte, moyenne et longue
durée, Lama Denys Rinpoché a tout simplement
réalisé les souhaits de Vajradhara Kalu Rangjung
Künchab.
C’est merveilleux pour moi de pouvoir voir tout
cela et je me réjouis de cette grande vertu. »
Dans linspiration
de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab
T r a n s m i s s i o n
Assemblée générale 2011
3
losum Chosum
Motivation, doutes et aspiration…
Quelques extraits des entretiens de Philippe avec
trois des futurs retraitants.
- Pourquoi fais-tu cette retraite ?
-Heïke : ...ça c’est une bonne question ! J’ai déjà essade
la formuler mais c’est très difficile pour moi de mettre
des mots dessus. Je nai pas la motivation de « m’éveiller
pour tous les vivants », ça me semble très artificiel ; mais
en même temps quelque chose me pousse et me dit : cest
la chose à faire, là où je suis. On m’a souvent donné un
conseil : regarder la situation pour voir si on va regretter
de ne pas la faire. Du coup la question de la motivation se
pose moins. La question est plutôt : lorsque j’aurai trente,
quarante ou cinquante ans, ne vais-je pas regretter de
n'avoir pas saisi cette chance qui ne se reproduira peut
être plus.
- As-tu encore des doutes ?
- Thibaut : Bien r ! On a toujours des doutes, tous les
jours on se dit : est- ce bien là qu’il faut que j’aille ? Et
puis je quitte beaucoup de choses. Avec ma compagne,
nous allons mettre toute notre histoire en pause sans
savoir si on va se retrouver après. Mais il y a quelque
chose qui est beaucoup plus fort que ça, c’est un peu
indescriptible. C’est de sentir, certains appellent cela la
petite voix intérieure, un élan vers quelque chose de plus
grand, de plus fort que le reste. Ces doutes, il convient de
les analyser, d’y pondre autant que possible, mais on ne
pourra pas sempêcher d’en avoir au moment de rentrer et
d’en avoir longtemps encore, peut être jusqu’à la fin de la
retraite. Doucement, ne surtout pas les refouler, mais les
comprendre et voir que cette motivation qui nous entraîne
les balaie. Il faut essayer, se lancer, sauter du plongeoir.
- Quelle est ton aspiration ?
- Juri : Celle de bien pratiquer. Le but est de sapprocher
d’un état d’éveil et donc de liberté, de sagesse, d’amour et
d’empathie. J’aimais bien ma vie d'avant, je n'ai pas fui
quelque chose qui ne me plaisait pas. Mais je me suis
aperçu que j’étais trop dispersé, que je narrivais pas à
donner suffisamment de temps, d’énergie, d’attention à la
pratique du Dharma. J’ai donc décidé d’y consacrer tout
mon temps en faisant cette retraite de trois ans. J’ai
grandi dans un milieu catholique qui ma donné de bons
repères. Puis jai pratiqué le yoga et les traditions
orientales, l’hindouisme et le taoïsme. Mais quand jai
rencontré le Dharma, j’ai découvert une qualité
d’enseignement, une profondeur et surtout une sanque
je n’avais jamais rencontrées auparavant. Par san, je
veux dire une démarche attentive à tout type de déviation.
Au fil des ans j’ai apprécié de plus en plus la pratique du
Dharma et je me suis dit qu’il valait la peine de s’y
engager plus profondément.
...Suite de la p. 1
aujourd’hui, est le plus grand centre kagyü du Tibet.
C’est que Kalu Rangjung Künchab (1904-1989)
fit sa retraite de trois ans et reçut la totalité des
transmissions Palden Shangpa de son lama source
Drupwang Norbu Töndrup (1880-1954), un maître
parfaitement accompli qui réalisa le corps d’arc-en-
ciel. Ensuite, après des pérégrinations érémitiques
en yogi solitaire, Kalu Rangjung Künchab, à la
demande de son lama source, devint à son tour le
drupön, maître des retraites, de Tsadra Rinchen
Dra, pendant une douzaine d’années. Son renom
de yogi réalisé le fit inviter dans le Tibet central
et hors de celui-ci. Il inspira au Bhoutan, en Inde
puis dans le monde entier des centres de retraite
dont la fondation fut au cœur de son activi. C’est
ainsi qu’il fut reconnu comme une émanation de
l’activité éveillée de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé.
Denys Rinpocfut pendant vingt ans le disciple
direct et un assistant personnel de Kalu Rangjung
Künchab qui le désigna finalement comme l’un
de ses héritiers spirituels et successeurs dans
la transmission de sa lignée. En Inde au début
des années 70, dans l’inspiration de son lama
source, Denys Rinpoché demanda à Vajradhara
Kalu Rangjung Künchab d'instaurer la tradition
de la retraite de trois ans en Occident. C’est ainsi
quallaient naître quelque temps après les premiers
centres de retraite occidentaux à Dashang Kagyü
Ling. Denys Rinpoché y accomplit en 1976 la
retraite de trois ans sous la direction directe de
Kalu Rangjung Künchab, avec l’accompagnement
de Drupön Rinpoché, Lama Tenpa Gyamtso, l’un des
principaux héritiers spirituels tibétains de Kalu
Rangjung Künchab.
Ensuite, Kalu Rangjung Künchab ayant demandé
à Denys Rinpoché de développer à Dashang Karma
Ling un centre d’étude et de pratique, il souhaita dès
que ce fut possible y établir des centres de retraites
de trois ans. C’est ainsi qu’en 1984 les centres de
retraite de Naro Ling et Nigu Ling furent construits
dans les hauteurs de Karma Ling et que la première
retraite de trois ans débuta en 1985. C’est à cette
époque que Vajradhara Kalu Rangjung Künchab
investit Denys Rinpoché comme Vajracharya
détenteur de la lignée Palden Shangpa et de toutes
ses transmissions, et qu’il lui confia l’instruction
particulière de progressivement en transmettre la
lignée dans l’expérience de l’union du Mahâmudrâ
et du Dzogchen.
À partir de 1985 les retraites vont s’y succéder sans
interruption dans un cycle qui, incluant les pré-
retraites, dure environ quatre années.
Les retraitants de la première retraite (1985-1988)
reçurent le Shangpa Chatsang, le cycle complet
Palden Shangpa Kagyü, de Kalu Rangjung Künchab
lui-même, au centre Dashang Kagyü Dzong à Paris.
Les retraitants de la deuxième retraite (1989-1992)
le reçurent à Dashang Kagyü Ling, au Temple des
Mille Bouddhas, de Kyabjé Bokar Rinpoc. Lors de
la troisième (1993-1997) et de la quatrième retraite
(1997-2001), Denys Rinpoché donna lui-même les
transmissions dans les centres de retraite au fur et
à mesure des pratiques. Pour la cinquième retraite
(2001-2006), Denys Rinpoché souhaita, pour
renforcer le lien spirituel avec celui-ci, que Kyabjé
Bokar Rinpoché donne à nouveau lui-même les
transmissions. Un grand pèlerinage fut organi
en Inde avec plus de 35 retraitants pour recevoir le
Palden Shangpa Chatsang à Mirik. C’était en 2001
et ce fut la dernière fois que celui-ci les donna avant
son parinirvâna en 2004.
En 2006, Denys Rinpoché conféra le cycle complet du
Palden Shangpa Chatsang dans sa version Dashang
Rimay, Mahâmudrâ-Dzogchen, aux retraitants de
la sixième retraite (2006-2010) ; et aussi, pour
la première fois, à tous les pratiquants anciens
qui souhaitaient s’engager dans le programme
modulaire de la retraite de trois ans. En 2010, le
même cycle fut de nouveau transmis à l’occasion
des préparations de la septième retraite de trois ans
qui a commencé en mai dernier. Durant les deux
dernières retraites Denys Rinpoché fut aidé dans
la transmission des instructions par son disciple
lama Chödrup qui a œuv comme drun assistant.
En tout, Denys Rinpoché a ainsi enseigné et guidé
six retraites de trois ans ; suivant ses instructions,
l’ensemble des textes et commentaires de la retraite
ont été traduits en français, certains ayant été
versifiés dans une traduction chantable suivant les
airs traditionnels. Ce travail est toujours en cours
et saffine de retraite en retraite.
Ainsi depuis plus de 25 ans ont été formés de
nombreux yogis occidentaux qui, pour ceux qui
ont reçu l’accréditation de leur lama source, sont
devenus lamas enseignants.
C’est ainsi que la tradition yogique des Palden
Shangpa Kaga pris naissance de fon autonome
en Occident, suivant sa lignée Dashang qui procède
de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé et Kalu Rangjung
Künchab, et sa branche Rimay à la suite de Denys
Rinpoché.
Texte rédigé par le comide daction de Garuda
Assistant à la sortie de la sixième retraite,
Philippe s’interroge sur le choix d’entrer en re-
traite de trois ans. Il décide d’y consacrer un
film en suivant les pré-retraitants durant leur
préparation.
30 mars 2010, sortie de la 6
e
retraite - Moi qui ne ferai
jamais cette retraite pour plein de bonnes raisons, fami-
liales et sociales, j’ai soudain envie daller plus loin dans
ce mystère. Moi qui suis claustrophobe, il me faut raconter
cette retraite, découvrir pourquoi on senferme trois ans
de sa vie. Comment peut-on laisser une famille à la porte
d’une aventure si longue ? Quel parcours de vie amène
à un tel choix ? À quel moment reconnaît-on cette voie
comme la sienne ? Qui sont les prochains ? Comment se
préparent-ils ? Quelles sont leurs motivations ?
Fin août 2010 - Je pose ma caméra devant la Maison de
la Sagesse. Les futurs retraitants sont tous là pour rece-
voir de Rinpocl’ensemble des transmissions shangpas.
Je me présente et présente mon projet. Mal à l’aise, je me
demande si je ne viens pas voler un peu de leur intimi,
perturber leur histoire, parasiter leur préparation. Mes
premières interviews sont encourageantes. Je découvre
des personnalités riches, vivantes, ouvertes et confiantes.
15 mai 2011, entrée de la 7
e
retraite - Devant les portes
maintenant closes des centres de retraite, ce sont mes der-
nières images. Pour les retraitants, l’aventure commence.
Pour moi, c’est la fin du partage, de ce temps de prépara-
tion que j’ai pu vivre à leurs côtés, moin assidu, toujours
à l’écoute et souvent invité au cœur de la vie du groupe.
Ce plan sera le premier et le dernier de mon film. Il ouvre
la question de la retraite et la referme sur le mystère de
cette aventure. Seuls les retraitants peuvent la vivre et en
faire la profonde expérience.
Merci à Rinpoché, qui m’a ouvert toutes les portes de l’Ins-
titut et du Dharma. Merci à lama Chödrup, qui m’a guidé.
Merci à chacun des retraitants de m’avoir si bien accep
et aidé. Fort de cette confiance, il me reste à relever le défi
du montage de ces moments d’harmonie et de question-
nement. Un film de cinquante deux minutes sera réalisé
avec la participation d’un musicien du sangha. Une so-
ciété de production qui croit au projet aidera à l’aboutis-
sement, la distribution et la diffusion d’un DVD.
Philippe Vernerey
le chemin vers
une retraite
losum Chosum
4
Rimay
shédra
les nouveaux
développements
du collège
d’étude
L
e contenu du collège d’étude
continue d’être amélioré après
avoir connu différentes étapes
dans son élaboration à partir des
enseignements donnés par Denys
Rinpoché en 1992. C’est une œuvre
de recherche, de traduction et de
mise en forme qui, comme toute
activité de transmission au sein du
Sangha Rimay, vise à transposer
dans notre langue et notre mentalité
l’intelligence, la profondeur et la
richesse de la tradition d’éveil telle
quelle a été transmise jusqu’à nous.
Cet hiver, durant un mois, Rinpoché
a enseig l’ensemble du cursus
lors d’une session intensive qui a
contribué à la préparation à la retraite
de trois ans et a été l’occasion d’une
vision de l’ensemble des cours (voir
son introduction p. 5). Ceux-ci sont
maintenant en cours de rédaction
pour donner jour à une nouvelle
version du contenu et du format de
l’enseignement.
Le cursus du Shédra est en relation
avec la progression sur la voie
proposée dans le Sangha Rimay :
l’année A, comprenant les trois
premières UV, correspond au niveau
« Pratiquant » du mahâyâna ; les
années B et C, comprenant les six UV
suivantes, correspondent au niveau
« Ancien », pratiquant du vajrayâna
et de Mahâmudrâ-Dzogchen (voir le
tableau publié dans la dernière édition
de « La Voie du Bouddha », p. 340).
Les nouvelles formules
Le nouveau format des cours du Shédra
sera accessible en octobre 2011 sous la
forme d’un enseignement à distance
complété de quatre week-ends de
soutien en présence d'un enseignant,
dans les sangha lokas de Lyon, Paris,
Toulon et à l’Institut Karma Ling,
suivis d’un week-end d’examen final.
Pour faciliter ce nouveau départ,
les formations actuelles 1, 2, et 3 par
correspondance sont momentanément
interrompues, exceptée la formation 4
(UV3) sur L’Ornement de la Libération
qui reste accessible.
Deux formules détude seront
proposées : une formule « En classe
et à distance » et une formule « Tout
à distance » (en ligne et par courrier).
Pour chacune de ces formules, il y a
deux façons de suivre les cours : en
« auditeur libre » avec les examens en
option, ou « avec tutorat » et examens
donnant lieu à l’obtention du diplôme
du Shédra.
Formule « En classe et à distance »
Trois UV sont enseignées par année,
les trois années A, B et C couvrant
la totali des neuf UV. L’année
commence en octobre ou novembre
et se compose d’une alternance de
week-ends d’enseignement en classe
et d’étude chez soi au moyen des cours
à distance.
Quatre week-ends en classe sont
organisés dans l’année à l’Institut
Karma Ling et dans les sangha lokas de
Paris, Lyon et Toulon. Entre deux week-
ends, les étudiants travaillent les cours
introduits pendant le dernier week-
end. Ils notent toutes leurs questions et
les rapportent à l’enseignant au début
du week-end suivant. Le quatrième
week-end est consacré à une synthèse
de l’année et à la préparation aux
examens. Pour ceux qui le souhaitent,
un cinquième week-end est organisé à
l’Institut Karma Ling pour le passage
des examens. Ceux qui suivent « en
classe » bénéficient aussi des cours « à
distance » et des outils en ligne.
Formule « Tout à distance »
Il est possible de s’inscrire tout
au long de l’année à toutes les UV,
mais il est conseillé de suivre leur
progression. Néanmoins les UV 1 à 6
sont accessibles dans n’importe quel
ordre. En revanche les UV 7, 8, 9 sur
le vajrayâna ne sont ouvertes qu’aux
personnes ayant vali les six UV
précédentes par les examens.
Le matériel de cours peut être reçu soit
par courrier, soit par internet. Dans
la formule auditeur libre, l’étudiant
travaille seul et à son rythme, sans le
forum internet ni les cours en classe, et
peut se présenter aux examens. Dans
la formule avec tutorat, l’étudiant peut
utiliser le forum internet, se joindre
au quatrième week-end (consacré à
la révision annuelle) organisé dans
le cadre de la formule « en classe et à
distance » et se présenter aux examens.
Le week-end d’examen
Les examens sont ouverts à toutes
les personnes qui souhaitent valider
une ou plusieurs UV, quelle que soit la
formule choisie. Chaque UV est validée
indépendamment. Lorsque les neuf UV
sont validées, le diplôme du Shédra est
remis à la fin du week-end.
L’examen de chaque UV comporte
deux parties : une partie écrite, sans
document, portant sur les notions
essentielles de l’UV ; et une partie orale
comprenant des questions de cours et
un exposé de dix minutes, après trente
minutes de préparation, traitant d’un
thème choisi dans une liste préétablie.
Documents pédagogiques
Tous les étudiants, quelle que soit la
formule adoptée, bénéficient de
l’ensemble des cours et du matériel
pédagogique de chaque UV : guide
d’étude, synopsis du cours, l’ensemble
du cours rédigé, annexes, glossaires,
cartes, bibliographie, accès au Buddha
Wiki, auto-évaluations.
Information et inscription :
Chönyi (Elie Roux)-Université Rimay
Coordination des cours du Shédra
Hameau de Saint-Hugon
73110 Arvillard, France
chonyi@rimay.net- 04 79 25 72 71
En mars dernier, l’Institut a renoué avec la tra-
dition du Dathün (littéralement « session d’un
mois ») afin d’offrir le cadre idéal pour des retraites
intensives de méditation Shamatha-Vipashyanâ.
Pendant ces périodes intensives (huit heures de
méditation quotidiennes), l’environnement et le
programme sont conçus pour que l’esprit du pra-
tiquant entre progressivement dans l’expérience
profonde : le silence extérieur, l’alternance de pé-
riodes de méditation assise et de marches contem-
platives, les yantras d’entrée dans la posture pour
relaxer le corps et le souffle, de brefs moments de
rappel des instructions, les repas en silence et des
entretiens de méditation pour faire le point sur ses
expériences.
L’une des spécificités du Datn fut le repas Oryoki
le midi. Oryoki est une façon de vivre la présence
sacrée au cours du repas, qui est d’habitude un mo-
ment d’agitation et de forte saisie. Ce rituel vient
de la tradition zen japonaise et nous fait cultiver
au cours du repas l’attention et la précision, fonde-
ments de la méditation. Une fois bien intégrés, les
gestes deviennent automatiques et le rituel nous
fait entrer dans un état de simplicité dans lequel
l’esprit peut se détendre et véritablement apprécier
le repas servi.
Nous souhaitons améliorer le cadre des semaines
Sa-Vi organisées tout au long de l’année dans ce
même esprit en transposant autant que possible
les différents éléments du Dathün. Cet été, un autre
Dathün (dirigé par lama Ngétön, du 1er au 21 aout)
sera organiet des semaines de retraite sont pro-
grammées mensuellement. La participation à la to-
talité est à chaque fois requise.
Faire une retraite, c’est prendre un moment de va-
cance (plutôt que de vacances) dans lequel on se
met en retrait de ce qui d’habitude nous accapare,
nous obnubile. La pratique consiste à laisser l’es-
prit reposer, décanter. Il est possible que des diffi-
cultés que l’on porte en soi remontent à la surface,
mais dans cet espace d’ouverture et de non-saisie
elles se libèrent. Cette décharge est, si l’on peut
dire, une forme de thérapie fondamentale qui nous
amène progressivement à découvrir et à goûter le
bonheur d’un état de simplicité du mental.
Lama Chödrup
" Étudier textes et sciences enlève le voile d’ignorance
Réfléchir sur les instructions vainc l’obscurité des doutes.
Méditer éclaire l’état fondamental tel qu’il est ".
L’aspiration à Mahâmudrâ
La nouvelle année du programme d’étude et de
pratique résidentiel de l’Université a commencé au
début du mois d’avril. Une dizaine de nouveaux
étudiants et réguliers motivés participent aux
cours hebdomadaires tout en contribuant chacun
au bon fonctionnement des activités d’accueil et de
transmission de l’Institut.
Julien, Benoît, Déborah, Miguel, Nathalie, Nolwenn,
Angélique, Elie… et au centre, lama Samten
Dathün dhiver
et retraite intensive de méditation
5
Sangha Rimay
le sdra : un cycle détude dans une perspective yogique
Introduction
de la session
intensive de
cet hiver
par Denys Rinpoché
L
e Shédra est le cycle d’étude Rimay. Il se
situe dans une perspective pratique et dans
le contexte d’une transmission que l’on peut dire
yogique. Il sagit pour nous, dans le cadre du Shédra,
d’avoir une compréhension générale et détaile de
la tradition du Bouddha, de bien comprendre pour
bien entrer dans l’expérience. Les deux approches,
étude et pratique, compréhension-expérience,
s’entraident et se complètent sur la voie.
Shédra signifie littéralement « collège d’étude » :
« shé » est létude et « dra » le collège. Lorsque
Vajradhara Rangjung Künchab a donné son nom à
ce lieu, l’Institut Karma Ling, il l’a nommé « Karma
Shédrup Chöling » : lieu d’étude et de pratique.
C’est ainsi qu'au fil des années se sont développés
le « drupdra », le cycle de pratique dont le cœur est
la retraite de trois ans, et le « shédra ».
Le modèle du Shédra est inspi de la transmission
de Vajradhara Kalu Rangjung Künchab et aussi du
Vidyadhara Trungpa Rinpoché. Il est structuré
à partir de L’Encyclopédie des connaissances
traditionnelles, le Trésor de connaissance, de
Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé, qui se propose de
unir en un seul ouvrage, volumineux certes mais
concis néanmoins, l’ensemble des connaissances
traditionnelles, aussi dans une perspective
pratique.
Neuf unités de valeur
Le cursus d’étude du Shédra a neuf parties que l’on
a nommées des unités de valeur. La première est
l’introduction générale au Dharma, la nature de
la transmission. La deuxième est l’histoire de la
diffusion, comment le Dharma s’est diffusé dans
le monde et particulièrement dans la tradition
tibétaine. La troisme uni expose la progression,
la voie progressive, le cheminement. La quatrième
se nomme Dharma et Abhidharma, c’est-à-dire
l’approche de la réalité et sa comphension d’une
façon générale. Et c’est dans la cinquième unité
quon voit les différentes perspectives de cette
réalité, les différentes perspectives philosophiques.
Puis la sixième unité se nomme la Continuité
absolue ou la Suprême Continui. C’est un traité
traditionnel dAsanga, qui expose les fondements
de la vision du Mahâmudrâ et du Dzogchen. Les
trois dernières unités traitent spécifiquement
du vajrayâna. La septième est une introduction
générale au vajrayâna. La huitième aborde la voie
des méthodes c’est-à-dire des moyens, des thodes
particulières du vajrayâna. Et la neuvième ou
dernière unité, est la voie de l’immédiateté qui
traite de Mahâmudrâ et Dzogchen.
Une nouvelle version
Ce cycle, je l’ai enseigné de nombreuses années,
plusieurs fois, et les cours ont été transcrits.
Ensuite il y a eu un travail qui a été fait en
plusieurs strates. Le docteur Alain Grosrey a fait
un travail et une mise en forme importants. Puis
des lamas l’ont enseigné et en ont fait une refonte
à partir d’instructions et de conseils que je leur
avais donnés. Nous en sommes aujourd’hui à une
version que je vais reprendre, dans la perspective
d’une mise en forme si ce n’est finale, car rien n’est
jamais tout à fait fini, du moins aboutie afin d’être
bien utilisée dans un programme d’apprentissage
accessible en ligne.
Ce cycle d’étude est utile pour pouvoir bien situer
sa compréhension du Dharma, avoir une vision
globale et intégrer les éléments d’information que
l’on peut avoir entendus ici et et pour amener
une cohérence intégrée et donner ainsi une culture
générale, ou en tout cas une assise solide dans
la compréhension du Dharma. C’est important
pour les pratiquants, particulièrement pour
les personnes qui œuvrent comme instructeur
de méditation et instructeur du Dharma. Dans
cette perspective de formation d’enseignants,
des examens sont proposés pour s’assurer d’une
bonne compréhension et d’une bonne intégration
de celle-ci.
L’étude du tibétain est en option et un deuxième
cycle se développera plus précisément
ultérieurement fondé sur l’étude de l’Encyclopédie
des connaissances traditionnelles dont la
traduction en anglais et en français est en cours
actuellement.
www.buddhawiki.net
le wiki du Bouddha
Bonne nouvelle pour tous les étudiants du Dharma : le Buddha
Wiki, une base de données du Dharma consultable par tous
les étudiants et enseignants du Dharma, vient d’être mis en place
sur internet dans sa première version. Il offre pour l’instant deux
grands espaces de consultation : le premier regroupe un ensemble
d’ouvrages de référence et offre des outils de navigation dans
les textes ; l’autre espace, plus spécifiquement dédié à ceux qui
s’intéressent au tibétain et à la traduction, propose des outils de
recherche dans des dictionnaires.
Les ouvrages de férence accessibles à ce jour sont La Voie du
Bouddha, le manuel détude de base de Rimay, et tous les articles
des cinquante numéros de la revue Dharma publiés pendant une
vingtaine d’années par les Éditions Rimay (ex Éditions Prajna).
C’est une source d’information très riche qui est maintenant
disponible en ligne et surtout dans laquelle il est désormais facile
de rechercher l’information souhaitée. Les versions ultérieures
seront enrichies par d’autres fonctionnalités et le contenu sera
complété par d’autres ouvrages de référence comme L’Ornement de
la Libération et bien d’autres.
Lama Chödrup
Chenrézi est l’expression de la grande compassion
en louverture de léveil. Cette compassion et cette
ouverture sont les qualités même de la nature de la
réali, lessence des enseignements du Mahâmudrâ
comme du Dzogchen.
Considérant la venue d’une délégation de Russie, Rinpoché
sera présent durant ce séminaire pour donner les
transmissions.
S é m i n a i r e r e t r a i t e C h e n r é z i
Du 19 au 25 août
Chenzi
dans la saveur
de Mahâmudrâ
Dzogchen
Retraite hivernale de la Voie du Bouddha
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