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Peiser a étudié la thèse suivante: «La génération télévision se différencie des cohortes plus
anciennes non seulement parce qu'elle a grandi entièrement ou en grande partie avec la
télévision, mais également dans son utilisation des médias, ses valeurs, ses attitudes, sa
manière de penser et le reste de son comportement – et ce, dans une direction à chaque fois
très précise.». Le résultat attendu était: «la génération télévision a une forte affinité à la
télévision et lit par conséquent moins que les cohortes plus anciennes.»
Cette thèse n'a pas été confirmée par l’analyse des cohortes. La génération antérieure
présentait un attachement à la télévision plus fort que la génération télévision. Certes, les plus
jeunes cohortes lisent effectivement un peu moins, notamment les journaux, mais ne font pas
une consommation plus intense de la télévision. Comment expliquer ce constat? L'explication
la plus vraisemblable est que la télévision est plus évidente pour la génération télévision que
pour la génération antérieure, qui a vu naître le nouveau média. Peiser a pu démontrer qu'un
processus de quotidianisation s'est instauré et a réussi à retirer au média un peu de sa
fascination. Lorsque l'on compare entre elles des personnes d'âges différents à un moment
donné, on constate que les durées d'utilisation de la télévision augmentent avec l'âge des
personnes. De plus, le temps total moyen d'utilisation des médias a augmenté au cours des
dernières décennies.
Mais le temps consacré aux médias ne suffit pas à clarifier la valeur de la télévision en
matière d'identité, il faut également analyser les contenus consommés, avec leurs motifs et
leurs effets. A titre d'exemple, nous présentons ci-après comment les jeunes se comportent
avec les débats spectacles (talk show) à la télévision. Les débats spectacles offrent une
multitude de sujets de conversation et de modèles, dans le sens de la théorie d'apprentissage
sociocognitive selon Albert Bandura, tournant autour des questions de l'identité. Je me réfère
ici à l'étude d'Ingrid Paus-Haases «Talkshows im Alltag von Jugendlichen» de 1999, fondée
sur une enquête représentative de 650 jeunes allemands de 12 à 17 ans. L'enquête a été
complétée par des discussions de groupe, des interviews personnelles, des études de cas sur
des fans de débat spectacle et des analyses du contenu des formes de débat spectacle.
Un quart des jeunes ne regarde jamais de débat spectacle. La valeur moyenne se situe à six
contacts par semaine. 13 pour cent des jeunes sont de grands consommateurs, qui ont donc
plus de deux contacts quotidiens avec des débats spectacles. Des thèmes comme l'école, le
corps, la mode, la beauté, les piercings, le maquillage, la boulimie et l'anorexie rencontrent un
large écho. Ceci ne correspond pas simplement au classement de l'offre, puisque les cinq
thèmes les plus fréquents au cours de l'enquête avaient été: relations/amour/amitié (23 pour