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Le vent, c’est tout simplement des masses d’air en déplacement. Les plus chaudes deviennent légères,
s’élèvent en altitude, et la pression à la surface sous-jacente diminue : on parle de dépression. Inversement,
les plus froides sont plus lourdes. Elles se compriment et créent une zone de haute pression appelée
anticyclone. Le système atmosphérique évolue alors de manière à compenser les différences de pression,
donnant ainsi naissance aux vents.
En ce qui concerne la houle, tout commence dans le grand large, à plusieurs centaines de kilomètres des
côtes. Dans ces vastes étendues, l’Atmosphère dépense une partie de son énergie pour creuser la surface
des océans. Les premiers mouvements sont confus et aléatoires. Nous les appelons mer du vent ou encore
clapot, ils dépendent fortement du mode d’action du vent.
Par exemple, un vent doux crée des rides et accroche leur flanc, ce qui augmente graduellement leur
amplitude et fait apparaître des ondulations rythmées. Par contre, s’il souffle par rafales, il engendre des
vagues petites, de différentes tailles et incohérentes. Dans tous les cas, elles vont dans la même direction
que le vent qui leur donne naissance.
Après la zone de turbulence, les mouvements s'ordonnent. Au fur et à mesure de leur propagation, certaines
vagues interfèrent entre elles, d'autres se cassent, on dit encore qu’elles déferlent. Les plus courtes
disparaissent. Si elles ne se brisent pas, elles transfèrent leur force aux plus longues. Ces dernières se
stabilisent, deviennent plus hautes et s’ajustent autour d’un profil régulier. C’est la maturation.
Par ailleurs, le développement des vagues dépend aussi du fetch, c’est-à-dire de l’étendue d’eau libre sur
laquelle souffle le vent. On l’appelle également surface génératrice. Plus elle est vaste, d’autant les vagues
acquièrent de la vigueur pour ensuite se propager, grâce à l’énergie emmagasinée, bien au-delà de la zone
de vent. En haute mer, ce mouvement régulier constitue la houle. Elle parcourt l’océan tant que rien ne l’arrête.
En résumé, nous pouvons dire que du clapot au déferlement sur les rivages, la vie d’une vague peut durer
trois ans. Le vent n’est nécessaire qu’au début, car ensuite le mouvement est pris.
D. Bienfaisantes
La houle agit essentiellement en surface où elle manifeste une violence impressionnante. En un certain sens,
elle n’est que le détour inventé par la nature pour stocker et acheminer de proche en proche la force des vents
marins. Son énergie se trouve concentrée dans la zone d’oscillation de la surface libre, et sa vigueur faiblit
dès que la profondeur dépasse une demi-longueur de vague.
Pour se faire une idée de l’ampleur du phénomène, il faut savoir que des vagues de 4 à 5 m de creux peuvent
libérer, par mètre linéaire de crête, une puissance équivalente à celle d’une masse de 10 tonnes voyageant à
100 km/h. Ainsi, à Casablanca, pendant une tempête exceptionnellement violente de l’hiver 1924, des parties
du mur d’abri pesant 260 tonnes sont arrachées et repoussées à l’intérieur du port, parcourant ainsi une
distance horizontale de plus de 11 mètres.
Face à une paroi verticale, au moment de déferler, les plus grandes lames exercent d’énormes pressions.
Sous leur action, on a vu des falaises s’effondrer sur 200 m à l’intérieur des terres ; ainsi, celles de Jorf Amouni,
dans la région de Safi, ont reculé de plusieurs dizaines de mètres au cours de ces quarante dernières années,
menaçant les habitations alentour.
À l’inverse, pour les rivages, les vagues de tempête ont des bienfaits multiples. En dispersant les spores des
algues ou les embryons de poissons, elles participent pleinement au développement des espèces végétales
et animales. Elles peuvent emporter une plage en une nuit et en construire une nouvelle au printemps suivant,
contribuant par là-même au nettoyage du littoral. Elles apportent ainsi des sables nouveaux, riches en
nutriments essentiels à la vie marine.
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Pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, il faut savoir qu’au cours de la tempête du 1er novembre 2003, des lames tumultueuses ont atteint un pic de 14 mètres
de creux. Non loin de la grande digue du port de Mohammedia, on a enregistré des vagues de 20 mètres de haut. Les remaniements se sont élevés à 500 000 m
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de
sédiments par kilomètre de plage. Ce qui, pour un linéaire de 1 000 km, conduit au chiffre astronomique de 0.5 milliard de m
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de sables emportés vers le large en une seule