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Thème 1 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à
nos jours :
Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer
de conflits depuis la fin de la Premre
Guerre mondiale
Introduction :
Proche-Orient : expression qui désigne les régions orientales du bassin méditerranéen :
Egypte, Israël, Palestine, Liban, Syrie et Turquie. C’est une expression inventée par les Français
pour désigner l’Orient « proche » de l’Europe.
Moyen-Orient : expression qui s’emploie par opposition à l’Extrême-Orient. Elle recoupe tous
les pays du Proche-Orient, mais aussi l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Jordanie et les
pétromonarchies de la Péninsule arabique (Arabie Saoudite, Emirats-Arabes-Unis, Qatar,
Oman, Yémen, Bahreïn et Koweït).
Situé au cœur de l’arc des crises, une région qui va de la Russie à l’Afrique et qui connaît de
graves crises politiques et des guerres, le Moyen-Orient est un des principaux foyers de
conflits dans le monde aux XXe et XXIe siècles.
Le sujet central de ce chapitre est donc la notion de conflit. Les conflits ont des origines
complexes, des causes nombreuses et des conséquences qui se font sentir souvent au-delà de
leurs limites géographiques. Deux angles de vue donc pour analyser les conflits :
Les causes des conflits souvent mélangées les unes aux autres : ressources naturelles,
lieux stratégiques, culture, religion, ethnie, idéologie politique, nationalisme, etc.
Les échelles des conflits : les conflits se concrétisent souvent à des échelles multiples :
o Tensions internes à un Etat
o Tensions régionales entre Etats du Moyen-Orient
o Tensions internationales faisant intervenir des Etats extérieurs au Moyen-
Orient
Plan du cours :
I. Le Proche et Moyen-Orient dans les Guerres mondiales (1917-1948)
II. Proche et Moyen-Orient dans la Guerre Froide (1948-1991)
III. Paix et guerre au Moyen-Orient depuis 1991
I. Le Proche et Moyen-Orient dans les Guerres mondiales
(1917-1948)
a. Une région stratégique et convoitée
Emplacement géographique: Une des premières raisons qui font du Proche et Moyen-Orient
un espace de conflits est son emplacement géographique :
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La région est un carrefour géographique entre trois continents (Afrique, Europe, Asie)
ce qui lui vaut une place historique au cœur de nombreux flux (route de la soie, route
du pétrole…)
Entre 1859 et 1869 le canal de Suez est percé, permettant aux navires d’aller d’Europe
en Asie sans devoir contourner l’Afrique. Ce canal est donc un point extrêmement
stratégique car il permet aux navires de gagner énormément de temps, que ce soit
pour le commerce ou la guerre ! Dès le XIXe siècle, les grandes puissances de l’époque
(France, Grande-Bretagne, Empire Ottoman) rivalisent pour avoir le contrôle du canal.
Plusieurs détroits constituent des points de passage stratégiques, comme Bab-el-
Mandeb, Ormuz… A nouveau, le contrôle de ces passages est un atout stratégique
important pour le commerce ou la guerre.
Pétrole et gaz : La seconde raison qui fait du Proche et Moyen-Orient un espace de conflits est
sa richesse en hydrocarbures:
La région comprend de nombreux gisements de pétrole et de gaz. Elle abrite plus de
60% des réserves mondiales de pétrole. L’Arabie Saoudite en détient à elle seule un
quart. L’Iran, l’Irak, le Koweït, les Emirats Arabes Unis sont également des géants du
pétrole. Le Qatar, l’Arabie Saoudite et l’Egypte en détiennent eux 40% des réserves
mondiale de gaz.
Du coup, la région est un carrefour des routes du pétrole et du gaz. Ses passages
stratégiques comme les détroits et le canal de Suez, permettent aux pétroliers
d’acheminer les hydrocarbures vers le reste du monde. Un réseau de transport des
oléoducs et gazoducs traverse la Moyen-Orient pour amener ces ressources vers les
mers.
Cette richesse en hydrocarbures fait du Moyen-Orient un objet de convoitise pour les
grandes puissances qui cherchent à s’assurer le contrôle de ces ressources. Par
exemple, dès 1928, des FTN européennes et américaines se partagent l’exploitation du
pétrole irakien en créant l’Irak Petroleum Compagny (IPC). L’Irak est indépendant en
1932 mais le pétrole ne sera nationalisé qu’en 1972. La guerre en Irak de 2003 aura
notamment pour but caché de permettre aux grandes FTN du pétrole comme BP,
Shell, Exxon ou Total, de pouvoir revenir exploiter le pétrole irakien.
Eau : d’autres ressources naturelles sont aussi des raisons de conflits, comme l’eau.
Si les hydrocarbures sont des objets de conflits internationaux, l’eau, elle est l’objet de
rivalités au sein de la région. Le Moyen-Orient est touché par l’aridité ce qui fait de
l’eau une ressource rare et vitale, objet de conflits.
Les pays ayant accès à la source des grands fleuves, en amont, utilisent l’eau
(agriculture) ou la retiennent (barrages), ce qui crée des tensions avec les pays en aval
qui reçoivent moins d’eau.
Par exemple, il existe de fortes tensions entre la Turquie d’une part, et l’Irak et la Syrie
d’autre part. La Turquie construit des barrages sur le Tigre et l’Euphrate qui réduisent
les débits d’eau qui arrivent dans ces pays…
b. Une région en manque d’unité
Diversité culturelle : Une autre raison qui fait que le PMO est une zone particulièrement
touchée par les conflits est le manque d’unité qui la caractérise.
La région peut être décrite comme une mosaïque culturelle Cinq grands ensembles
culturels/linguistiques dominent la région : arabe, turc, juif, kurde et persans, eux-
mêmes divisés en sous-ensembles.
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Il existe donc une grande variété ethnique et linguistique qui ne correspond pas
toujours aux divisions étatiques. Par exemple, les Kurdes ont leur propre langue et
leur propre culture, mais ils n’ont pas d’Etat à eux et sont divisés entre l’Irak, la Syrie et
la Turquie.
Diversité religieuse : La diversité est aussi flagrante sur le plan religieux.
L’islam est la religion majoritairement pratiquée, mais elle est divisée en plusieurs
courants, principalement les sunnites (90% des croyants) et les chiites (10% des
croyant). Les chiites sont majoritaires en Iran, et constituent la moitié de la population
d’Irak.
Des communautés chrétiennes, comme les maronites au Liban et les coptes en Egypte
sont présentes dans toute la région. Les juifs ont leur propre Etat, Israël, mais ils sont
aussi présents un peu partout.
Le Moyen-Orient est aussi le berceau où sont nées les trois grandes religions
monothéistes, christianisme, judaïsme et islam. Ces trois religions y possèdent donc
leurs lieux sacrés et villes saintes, comme Jérusalem et La Mecque. L’accès à ces lieux
est aussi un objet de tensions et rivalités.
Divisions politiques : La région est aussi très divisée politiquement. Jusqu’en 1918, elle fait
partie de l’Empire Ottoman, mais après la Première Guerre mondiale, elle est divisée en de
nombreux Etats :
En effet, au début du XXe siècle, l’Empire Ottoman est puissant mais il possède une
faiblesse. Les Ottomans qui le gouvernent sont de culture turque, alors que la majorité
de la population est arabe. En 1914, l’Empire Ottoman s’allie à l’Allemagne. Les
Anglais cherchent à le déstabiliser en créant des désordres internes. Ils incitent les
peuples arabes à se révolter contre les Ottomans, en leur promettant la création d’un
Etat arabe indépendant au sortir de la guerre.
Or, en même temps, ils signent avec la France les Accords Sykes-Picot (1916). Ces
accords prévoient le partage des territoires de l’Empire ottoman entre France et
Grande-Bretagne après la guerre ce qui est contraire à la promesse faite aux arabes !
Au sortir de la guerre, le traité de Sèvres (août 1920) détermine le sort de l’Empire
Ottoman :
o Le territoire des Ottomans est confiné au plateau anatolien, l’actuelle Turquie.
o Les territoires à majorité arabe sont confiés à la France (Syrie, Liban) et à la
Grande-Bretagne (Irak, Transjordanie, Palestine) par la Société des Nations,
par le système des mandats.
C’est donc lors du traité de Sèvres que les frontières de ces pays sont décidées. Cet
état de fait pose des problèmes jusqu’à aujourd’hui :
o Ce découpage ne respecte pas le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
car il ne dépend pas de l’appartenance ethnique, linguistique ou culturelle des
peuples qui y vivent. Les Etats du Moyen-Orient abritent de nombreuses
minorités, ce qui est une source de tensions.
o Ainsi, ce découpage n’est pas fait en fonction du bien-être des peuples arabes,
mais des intérêts stratégiques et économiques des puissances européennes.
c. Entre aspirations nationales et domination occidentale (1918-1945)
Domination occidentale : Face à la domination occidentale, les populations arabes
cherchent à s’unir pour revendiquer leur indépendance. Trois idéologies principales
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s’affirment dans les années 1920, le panarabisme, l’islamisme politique et le
nationalisme.
Panarabisme : Depuis le XIXe siècle, se développe un mouvement nationaliste arabe,
appelé panarabisme, qui veut la création d’un Etat rassemblant tous les Arabes. La
division du Moyen-Orient en différents Etats, prévue par le Traité de Sèvres, provoque
donc un fort mécontentement chez les partisans du panarabisme.
Islamisme politique : L’islamisme politique nait à la fin des années 1920 à l’initiative
des Frères Musulmans qui veulent créer en Egypte un Etat dont les lois seraient
fondées sur l’islam. Ce courant politique rencontre un vif succès dans tout le monde
arabe car son idéologie n’empreinte rien à l’Occident.
Aspirations nationales : En 1920, les populations arabes sont aussi mécontentes car
elles refusent la tutelle française ou britannique, et veulent l’indépendance. Dès les
années 1920, plusieurs Etats accèdent à l’indépendance. L’indépendance de pleins
d’Etats va à l’encontre du projet panarabe…
o La Turquie devient une république laïque dirigée par Mustapha Kemal Atatürk
en 1924. Le pays s’occidentalise.
o En 1925, la Perse (qui s’appellera Iran dès 1935) accède à l’indépendance. Elle
devient un Etat impérial gouverné par un roi, le Shah, et s’occidentalise. Elle
reste toutefois très dominée par la Grande-Bretagne.
o En Arabie Saoudite, l’émir Abd al-Aziz Idn Saoud fonde un royaume ultra-
conservateur islamiste en 1934.
o L’Irak est indépendante en 1932 et l’Egypte en 1936.
d. Le début des tensions en Palestine
Sionisme : A cause d’une longue histoire d’antisémitisme en Europe, à la fin du XIXe
siècle, Théodore Herzl crée l’idéologie sioniste. Il propose de créer un Etat juif en
Palestine. Avant 1920, deux vagues d’immigration juive vers ce pays sont organisées.
En 1920, il y a déjà 80'000 Juifs pour 800'000 Palestiniens en Palestine.
Déclaration de Balfour : En 1917, lors de la Déclaration de Balfour, les Britanniques
promettent aux organisations sionistes la création d’un foyer national juif en
Palestine. De nouvelles vagues d’immigration juive ont donc lieu dans l’entre-deux
guerres car la Palestine est sous mandat britannique. A la fin des années 1930, les juifs
sont plus de 400'000 et représentent un peu moins du tiers des habitants de la
Palestine. Le Royaume Uni a donc joué un triple jeu en promettant des nations
indépendantes à la fois aux Juifs et aux Arabes, tout en préparant un partage des
territoires avec la France.
Premières révoltes : Les populations arabes de Palestine et des pays voisins sont
mécontentes de l’occupation par les Européens et les Juifs de leurs terres (doc. 4 p.
209). Une première vague de révoltes palestiniennes a lieu entre 1936 et 1939 pour
protester contre le mandat anglais et l’immigration juive.
II. Proche et Moyen-Orient dans la Guerre Froide (1948-
1991)
a. Tensions externes : un enjeu de la rivaliEst-Ouest
Comme toute la planète, le Proche et le Moyen-Orient est impliqué dans l’affrontement
idéologique entre le bloc occidental et le bloc soviétique pendant la Guerre Froide.
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Bloc occidental :
Pays alliés des Etats-Unis au début de la guerre :
o En 1945, les EUA signent un pacte avec l’Arabie Saoudite surnommé le pacte
pétrole contre protection. Ils promettent à la dynastie islamiste régnante de la
protéger de ses rivaux en échange d’un accès à son pétrole (doc. 1 p. 216).
o Israël est l’allié inconditionnel des Etats-Unis dans la région dès sa création.
o Au début de la guerre froide, l’Iran est également allié aux EUA qui financent
son armée.
o La Turquie reçoit l’aide du Plan Marshall au sortir de la Seconde Guerre
mondiale. Elle adhère à l’OTAN en 1952.
La doctrine Eisenhower :
o La doctrine de l’endiguement prend une forme particulière au Proche et
Moyen-Orient, appelée doctrine Eisenhower (1957). En effet, les EUA ont un
double intérêt au Moyen-Orient, d’une part endiguer le communisme, mais
surtout, s’assurer un accès favorisé aux hydrocarbures. Cette doctrine promet
donc une aide financière et militaire (aux pays qui refusent de s’aligner avec
l’URSS.
o Les EUA n’hésitent pas à intervenir militairement pour s’assurer un accès au
pétrole. En 1953, le Premier ministre iranien Mossadegh nationalise le pétrole
qui jusque était exploité par la FTN anglaise Anglo-Iranian Oil Company. Les
EUA lancent alors un coup d’Etat pour chasser Mossadegh du pouvoir.
o Par ailleurs, les EUA arment des milices qui s’opposent à la domination
soviétique. Par exemple, en Afghanistan, ils soutiennent les Moudjahidines,
un groupe de résistants islamistes.
Le bloc soviétique :
Du son coté, l’URSS se présente comme l’ennemi principal de l’impérialisme occidental
au Proche et Moyen-Orient et donc comme défenseur des nationalismes arabes.
Elle aide économiquement et militairement des régimes qui combinent nationalisme
et socialisme, comme le régime de Nasser qui prend le pouvoir en 1954 en Egypte, ou
celui du parti Baas en Syrie et en Irak.
La crise de Suez :
L’Egypte est un cas particulier. Même si le pays est indépendant depuis 1922, le
Royaume-Uni et la France contrôlent toujours le canal de Suez.
En 1954, Nasser arrive au pouvoir. Cherchant à faire de l’Egypte une nation prospère
et indépendante, il met en place de nombreuses réformes socialistes. En 1956, il
décide de nationaliser le canal de Suez, chassant ainsi les occidentaux.
Les Britanniques et les Français organisent une riposte militaire avec l’aide d’Israël.
Leurs troupes débarquent en Egypte le 5 novembre. Dès le lendemain, aussi bien
l’URSS, alliée de Nasser, que les Etats-Unis les obligent à cesser leur expédition.
La crise de Suez marque la fin de l’influence coloniale européenne au Moyen-Orient,
laissant les deux superpuissances en face à face.
b. L’émergence du conflit israélo-arabe
Contexte :
En 1945, la Palestine est toujours sous mandat britannique, elle compte 1.2 millions
d’arabes et 560'000 juifs. Après le génocide des juifs, la majorité de la communauté
internationale est pour la création d’un Etat juif.
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