Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflit depuis la fin de la

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Thème 3, chapitre 3.
Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflit depuis la fin de la Première
guerre mondiale
Intro : carte du Proche et du Moyen-Orient.
Proche et Moyen Orient sont des termes qui ont chacun une histoire différente :
Le Proche-Orient est une expression d’origine française, apparue à la fin du XIXe siècle, par
opposition à l’Extrême Orient. Il comprend le Liban, la Jordanie, la Syrie, Israël et les
territoires palestiniens.
Le Moyen-Orient est une expression d’origine britannique, apparue au début du XXe siècle
par rapport à la révolution persane.Il se répand après la 1ere GM et surtout après la 2nde GM
pour désigner tout ce qui concerne le front de la Méditerranée orientale. En 1945, les
Américains et les Britanniques ont même pensé supprimer le terme Proche-Orient pour
utiliser le terme Moyen-Orient. Les Français quant à eux restent très hostiles à l’expression
Moyen-Orient. Il désigne l’ensemble des pays compris entre la mer Méditerranée à l’Ouest,
la Turquie au Nord, l’Iran à l’Est et la péninsule arabique au Sud.
Pour faire simple, rappelons simplement que l’Orient est à l’Est de l’Occident, que le Proche-
Orient est plus près que le Moyen-Orient et que l’Extrême-Orient.
C’est un carrefour entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique et le berceau des 3 monothéismes.
C’est aussi une région extrêmement instable et conflictuelle. Dès le XIXe siècle, les acteurs
locaux font appel aux puissances étrangères (européennes et américaines) pour les aider
dans leurs luttes locales et les puissances étrangères s’ingèrent dans la région par rapport à
de très grands enjeux : au XIXe siècle, c’est la route des Indes, à partir de la 1ere GM, ce sera
le pétrole.
En 1918, le Proche-Orient est une région totalement dévastée par la 1ere GM : les pertes
humaines sont plus grandes que dans l’Est européen où règnent la famine et les épidémies.
Quand les Alliés font sa conquête en 1917-18, ils arrivent dans une zone de détresse
épouvantable. C’est là qu’émerge cette question fondamentale : quels Etats vont succéder à
l’Empire ottoman, sachant que la question arabe et le sionisme ont des projets opposés.
Aujourd’hui, les conflits au Proche-Orient se sont complexifiés et les Occidentaux tentent de
concilier à la fois leurs intérêts pour le pétrole, enjeu principal de la région depuis le XXe
siècle, détenu par les monarchies du Golfe, et leurs sympathies pour l’Etat d’Israël.
L’analyse de cette région du monde, sur une longue période (de 1914 à nos jours), met
donc en relief le jeu des puissances, leurs relations complexes ainsi que les liens qui
existent entre une situation locale et les enjeux internationaux.
Pourquoi le Moyen-Orient est-il le principal foyer de conflit dans le monde depuis 1918 ?
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I/ Une région à forts enjeux.
A/ Une région d’enjeux géostratégiques :
Historiquement le Proche et le Moyen-Orient est une zone de passage, un carrefourmettant
en contact l’Europe et l’Asie, suscitant l’intérêt et les appétits des puissances depuis le XIXe
siècle. On se situe dans un contexte encore colonial ce qui explique que les grandes
puissances coloniales que sont le Royaume-Uni et la France cherchent toutes deux à
dominer cette région.
Etude de cartes :
1. Carte : la création du canal de Suez.
Dès le XIXe siècle en effet, les puissances européennes s’intéressent à cette région carrefour
entre Europe, Asie et Afrique, par où transitent, par voie de mer, d’importantes cargaisons
de marchandises. Ferdinand de Lesseps, un ancien diplomate français soutenu par le sultan
égyptien, entreprend entre 1859 et 1869 le percement d’un canal de près de 200 km de long
qui relie la mer Méditerranée à la mer Rouge et permet aux navires de relier l’Europe à l’Asie
sans contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. La création de ce canal par un
Français suscita l’opposition des Anglais, qui voyaient d’un mauvais œil la France dominer
une région charnière pour le commerce des Indes. Ils soutenaient un projet ferroviaire à la
place du canal et firent arrêter les travaux à plusieurs reprises.
2. Carte des protectorats, accords Sykes-Picot, 1916.
Au début du XXe siècle, Français et Britanniques continuent de s’opposer pour la domination
du Moyen Orient. Pendant la 1ere GM, les accords Sykes-Picot, accords secrets signés entre la
France et la GB, prévoient le partage du Moyen-Orient à la fin de la guerre en zones
d’influences afin de contrer la puissance ottomane dans la région.
3. L’apparition de nouveaux acteurs étrangers :
Enfin, en 1956, après la nationalisation du canal de Suez par le président égyptien Nasser, le
Royaume-Uni et la France, soutenus par Israël, interviennent militairement pour tenter de
reprendre possession du canal, c’est l’opération « Mousquetaire ». Mais ils sont contraints
d’abandonner par les USA et l’URSS qui ne souhaitent pas entrer dans une logique de conflit
en pleine période de guerre froide et en profitent pour s’implanter dans la région.
B/ Une région marquée par la diversité religieuse :
Le Moyen-Orient est le berceau des trois monothéismes et les enjeux religieux restent en
toile de fond des rivalités territoriales.
1. Le berceau des trois monothéismes
Jérusalem, ville sainte des 3 religions, juive, chrétienne et musulmane, est revendiquée
comme capitale par les trois communautés.
Fiche Jérusalem + film doc. « le dessous des cartes » ;
Questions :
1/ A l’aide du document 1, localisez la ville de Jérusalem.
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2/ Après avoir visionné le Dessous des cartes et en vous aidant des docs. 2 et 3, expliquez le
titre de ce documentaire : « Jérusalem, une ville trois fois sainte ».
1) Les élèves localisent la ville de Jérusalem à l’aide des cartes en Méditerranée
orientale, dans la région du Proche-Orient, dans l’Etat d’Israël, Etat juif constitué au
lendemain de la 2e guerre mondiale (en 1948), entouré d’Etats dont la population est
majoritairement musulmane (Syrie, Jordanie, Liban, Egypte). Noter que Jérusalem
n’est pas la capitale, les Israéliens l’ont autoproclamée capitale en 1980 mais la
communauté internationale ne l’a pas reconnue. La capitale reste donc Tel Aviv pour
le monde. Jérusalem = une ville qui est un enjeu politique. La vieille ville = espace
réduit qui ne dépasse pas 1km2.
2) Jérusalem est une ville sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans :
-Ville saint du judaïsme : vers 1200 avant JC, le roi David conquiert Jérusalem et en
fait la capitale du royaume d’Israël. Selon la Bible, son fils Salomon y construit le
temple qui s’impose comme le seul lieu saint des Hébreux, qui y viennent en
pèlerinage lors des grandes fêtes. Il abrite l’arche d’alliance qui contient les tables de
la loi (Dix Commandements donnés par Dieu à Moïse), signe de l’alliance entre Yahvé
et les hébreux.
-Ville sainte du christianisme : pour les chrétiens, Jérusalem, avec Bethléem et
Nazareth, fait partie des lieux saints, c'est-à-dire des villes de Palestine où Jésus vécut
et mourut. D’après les Evangiles, c’est à Jérusalem que se sont déroulées la Passion
(arrestation, jugement et crucifixion) et la résurrection de Jésus. A partir du IVe
siècle, époque où le christianisme progresse dans l’empire romain, les empereurs
font construire des églises à Jérusalem, notamment le Saint-Sépulcre, construite en
326 par le premier empereur chrétien, Constantin, à l’emplacement supposé de la
crucifixion et de la mise au tombeau du christ. Les pèlerinages se multiplient dès
cette date.
-Ville sainte de l’islam : En 638, Jérusalem est conquise par les musulmans. A la fin
du VIIe siècle, le calife Abd Al-Malik fait construire la mosquée Al Aqsasur le mont du
Temple, appelé « esplanade des mosquées » par les musulmans, à l’endroit où
s’élevait le temple juif détruit en 70. Pour les musulmans, Jérusalem est, avec Médine
et la Mecque, une ville sainte de l’islam. En effet, selon le Coran, c’est à Jérusalem
que s’est déroulé le voyage nocturne de Mahomet, qui se serait élevé dans les cieux
pour y entendre la parole d’Allah. A proximité de la mosquée, sur le rocher où se
serait tenu Mahomet, est érigé en 691 le Dôme du Rocher, monument
commémoratif de cet épisode.
2. Les divisions religieuses :
Aujourd’hui, Les musulmans sont les plus nombreux au Moyen-Orient mais ils sont eux aussi
divisés entre deux branches de l’Islam : le sunnisme et le chiisme. Les sunnites, majoritaires
(85 à 90% des musulmans) représentent un courant « orthodoxe » de l’islam, qui se réfère
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au Coran et à la parole de Mahomet transcrite dans les Hadits. Ils dominent en Irak. Les
chiites, minoritaires, se distinguent des sunnites sur le point de la succession de Mahomet.
Ils soutenaient Ali, le gendre de Mahomet et souhaitent que le pouvoir reste dans la famille
de Mahomet tandis que les sunnites pensent que c’est le meilleur qui devait succéder à
Mahomet (choix des 1ers califes). Ils sont nombreux en Iran.
3. Le Proche et le Moyen-Orient comprennent aussi 10 millions de chrétiens, héritiers
des 1eres communautés chrétiennes comme les coptes d’Egypte ou les Maronites au
Liban. Ils sont divisés en 17 Eglises de traditions différentes. Très minoritaires mais
très attachés à leur foi, ils sont souvent persécutés, mal perçus par une islamisation
croissante des sociétés du Proche-Orient et nombre d’entre eux choisissent
d’émigrer aux USA, en Europe ou en Amérique latine où une diaspora, nombreuse,
est prête à les accueillir. Représentant 15 à 20% de la population de la région au
début du XXe siècle, ils ne sont plus que 3 à 6% de la population aujourd’hui.
4. Les Juifs, héritiers du 1er monothéisme, sont venus se réinstaller en Israël après la 2e
GM, créant en Palestine un Etat juif contesté par les musulmans. En Israël, on
compte environ 8 millions d’habitants dont 75% sont juifs. Des communautés juives
sont par ailleurs présentes dans toutes les grandes villes de la région.
C/ une zone riche en pétrole :
Carte du pétrole au Moyen-Orient.
Le pétrole est la principale richesse du Moyen-Orient, principal fournisseur de la planète, qui
assure 30% de la production mondiale et détient les 2/3 des réserves mondiales.
L’exploitation a commencé dans la 1ere moitié du XXe siècle, menée par les grandes
compagnies pétrolières européennes et américaines, le pétrole étant la grande
source d’énergie de la 2nde révolution industrielle, essentielle pour le développement
des industries.
A partir de 1950, les pays producteurs se rendent compte de l’enjeu que représente
le pétrole et prennent des parts dans les « majors » c’est-à-dire dans le capital des
grandes compagnies, imposant peu à peu leur contrôle sur la production.
En 1960, ils se regroupent au sein de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de
pétrole) afin de défendre leurs intérêts face aux pays du Nord.
En 1973, le choc pétrolier apparaît comme une mesure de rétorsion face à la guerre
du Kippour. Lors de cette guerre, la 3e depuis la création de l’Etat d’Israël, ce dernier,
attaqué par surprise par l’Egypte et la Syrie un jour de fête religieuse, démontre sa
supériorité militaire sur ses voisins arabes et occupe désormais toute la Palestine et
la ville de Jérusalem. En représailles, les Etats arabes membres de l’OPEP décident
d’augmenter de 70% le prix du baril de pétrole et de restreindre leur production,
provoquant le 1er choc pétrolier.
En 1990, l’Irak, exsangue après la guerre qui l’a opposé à l’Iran, endetté, décide de
s’approprier les richesses pétrolières de son petit voisin : le Koweït, provoquant la
1ere guerre du Golfe.
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Aujourd’hui, les Etats pétroliers diversifient leurs activités et investissent dans les PID
et dans le monde, afin de conserver leur puissance, une fois que leurs réserves
pétrolières seront épuisées.
II/ Une histoire politique et diplomatique complexe.
A/ Le tracé des frontières :
Doc. 1 page 239.
-Avant 1914, la puissance dominante au Moyen-Orient était l’Empire ottoman. Allié à
l’Empire allemand, il est démantelé au traité de Sèvres (1920). Mais dès 1916, les Alliés
avaient prévu de se partager la région (accords Sykes-Picot en 1916). En 1922, l’empire
ottoman est renversé par Mustapha Kemal, surnommé Atatürk (« père des Turcs), qui
proclame la république et renégocie le traité de Sèvres à Lausanne (1923, traité de
Lausanne). Il obtient notamment la suppression de l’Etat kurde et de l’Arménie qui avaient
été créés à l’Est de la Turquie.
-Pour le reste, le Moyen-Orient est partagé entre la France et le Royaume-Uni :
La SDN confie sous la forme de mandats les anciennes colonies de l’empire allemand
ou de l’empire ottoman, considérées comme incapables de se diriger seules, aux
Alliés afin qu’ils les administrent et les « éduquent ».
La France obtient ainsi la Syrie dont elle détache une partie pour en faire un pays à
dominance chrétienne : le Liban.
Le Royaume-Uni obtient la Palestine et la Mésopotamie qu’il partage en Irak et
Transjordanie.
Enfin, Ibn Saoud unifie les tribus arabes et fonde un nouvel Etat dont il prend le
contrôle : l’Arabie saoudite.
-Les frontières entre ces Etats sont artificielles. Elles ont été tracées par les Français et les
Britanniques sans tenir compte des aspirations des peuples, sur fond de rivalités pétrolières.
Les Deux Etats administrent de plus leurs mandats comme des colonies, ce que contestent
ces territoires.
-Enfin, les britanniques laissent se développer une très forte immigration juive, alors que
l’antisémitisme se développe en Europe (pogroms en Europe centrale) et qu’un journaliste
français, Théodore Herzl, développe le sionisme, idée selon laquelle les Juifs doivent
retrouver la terre promise.
B/ Le Moyen-Orient dans la guerre froide :
-La fin de la seconde guerre mondiale met fin au système des mandats La Syrie et le Liban
(confiés à la France), ainsi que la Jordanie (confiée au Royaume-Uni) deviennent
indépendants. Quant à l’Irak, il l’avait obtenue dès 1932.
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