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Le Forez de l'Occupation à la Libération
(1940 - 1944)
Communication de Pascal Chambon
n adage dit que "la mobilisation n’est pas la guerre", celle de la fin de l’été 1939 le fait mentir.
En Forez, la mobilisation s’échelonne du 24 août 1939 à Noël, les principaux départs ayant
lieu le 24 août et le 15 septembre. Hitler ayant agressé la Pologne le 1er septembre, la France
déclare la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939 mais, comme partout, c’est l’attente durant la
"Drôle de guerre" jusqu’au 10 mai suivant… Nombre de Foréziens se retrouvent dans des unités
positionnées sur - et sous - la ligne Maginot, d’autres feront le coup de feu en Norvège ou, plus
tard, dans les Alpes. L’essentiel sera happé dans la Campagne de France telle l’unité
emblématique de Saint-Étienne, le 38e RI, qui participe à l’héroïque défense de Lille fin mai 1940.
Après avoir mis bas les armes, encerclé, il se voit rendre les honneurs par un détachement
allemand, fait rarissime durant cette campagne.
L’exode et les combats dans la Loire
Le 10 mai 1940, l’offensive allemande lancée dans le nord et l’est de la France entraîne
l’exode des populations vers le sud. Dès avant l’offensive allemande, des replis amènent gens du
Nord, Belges et Français mêlés… Les militaires arrivent aussi, une boulangerie militaire arrivée de
l’Ain est cantonnée à Bonson : la guerre la rattrapera cruellement… À partir de la mi-juin, la masse
des réfugiés grossit encore : Saint-Bonnet-le-Courreau est envahi par des habitants de la Marne,
du Doubs, de la Moselle… Chalmazel voit affluer 250 réfugiés. 120 réfugiés parisiens sont à
Andrézieux et quelque 500 réfugiés de Hollande, Belgique et de l’Est à Saint-Romain-le-Puy. Paris
est occupé le 14 juin...
Le 18 juin, le Forez, de même que Firminy, est pris pour cible par la Luftwaffe ; longtemps,
on crut que c’était l’aviation italienne mais c’est le choc de l’entrée en guerre de l’Italie qui a généré
ces rumeurs. Après avoir mitraillé le quartier du Calvaire à Montbrison, des bombardiers frappent
le quartier de la gare de Bonson : on relève également 42 morts dont 5 civils. Boën, également, est
bombardé… Le 19 juin 1940, la Wehrmacht est à Roanne, il y a un mort français dans un bref
combat. Les Allemands occupent les villages de Mornand, Arthun, Poncins. La Bâtie d’Urfé est
réquisitionnée. Le 20 juin, à Feurs, des soldats français - dont des tirailleurs sénégalais avec au
moins un canon antichar - détruisent une automitrailleuse et tue un Allemand. Le sergent Tiemoko
KONE est tué… Mais l’ennemi arrive également au sud-est puisque, le 21 juin, une
automitrailleuse allemande est détruite par deux chars français à Saint-Chamond. Tragique
méprise, courante à l’époque, un canon antichar français détruit le même jour un char piloté par
des Polonais sur la route de Saint-Anthème : deux morts 3. Le 22 juin, l’armistice est signé à
Rethondes mais les combats continuent. Le 23 juin, les deux chars précédemment cités et
quelques fantassins bloquent les Allemands au nord de La Fouillouse durant plusieurs heures : les
Allemands ont plusieurs tués. Le 24 juin, les Allemands entrent dans Saint-Étienne. Le lendemain,
l’Armistice entre en vigueur.
Les premiers jours de l’occupation se déroulent assez calmement et la plaine du Forez n’a
pas à souffrir de pillages et de réquisitions forcées. Les journaux locaux font l’éloge de "la
correction" des Allemands… Certains civils font preuve de courage malgré la débâcle telle cette
gérante de la cabine téléphonique de Cuzieu - village occupé par les Allemands - qui continuait à
3 René Clemet, Dix siècles d’histoire en Vallorgue, 1989, p.58-59.
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