Vivre à la Frontière A Chaparral, Nouveau Mexique, E.U., quasi à la frontière avec le Mexique, nous contemplons le “buisson ardent” et, ici, Dieu nous invite à “ôter nos sandales, écouter et nous laisser toucher”, comme Lui, par la clameur de la Frontière. C’est ici que nous sommes depuis Janvier 2001. Dans cette partie du désert de Chihuahua habite une population qui vit constamment entre risques et espoirs. Les risques et les espoirs d’un avenir meilleur pour eux aussi. C’est un peuple d’hommes et de femmes forts qui doivent travailler et lutter contre la pauvreté engendrée par le NAFTA( traité de commerce libre d’Amérique du Nord) parmi les paysans et les indigènes mexicains. Des gens qui ont pris la fuite de nuit et ont payé des milliers de dollars pour qu’un “coyote” les fasse passer de “l’autre côté” et qu’ils puissent travailler et aider un peu la famille au Mexique. Des familles de ces fameux “braceros”, qui, il y a quelques années, ont travaillé dur pour faire progresser l’économie des Etats-Unis et puis sont revenus au Mexique. Des gens qui ont eu à fuir la violence brutale due au traffic de drogue. Des familles qui ont vu l’assassinat d’êtres chers et ont decide de chercher un sort meilleur. Des jeunes qui croient “qu’aux Etats-Unis, oui, c’est possible de s’en sortir”. Dans beaucoup de ces familles, les uns sont citoyens américains, certains ont des documents légaux, et d’autres sont sans papiers. En Septembre 2007 notre communauté a souffert des “raids” dévastateurs de la part des “sheriffs” en charge de la ‘sécurité’ des communautés rurales. Beaucoup de familles se sont trouvées divisées: pères et mères déportés, enfants abandonnés à d’autres membres de la famille ou à des amis, parce que eux, les enfants, étaient ‘citoyens’. D’autres familles ont été deportees dans leur totalité. La mobilisation de la communauté et l’appui d’un très grand nombre de personnes et de groupes ecclésiaux, universitaires, d’associations pour les droits de l’homme et du citoyen, a été immediate, et une totale surprise pour les autorités locales. Un défilé interminable nous a unis sans difference de nationalité. Deux procédures légales engagées contre la police locale ont été gagnées avec compensations financières, mais les familles n’ont pas pu être réunies à nouveau. C’est là que la grande expérience de souffrance de la communauté a fait ‘exploser’ la solidarité qui habite au coeur de tous.Cette solidarité continue à rendre possible aujourd’hui l’appui émotionnel, scolaire, économique et social de diverses familles affectées par la rupture familiale. C’est émouvant de voir l’intérêt, les gestes de proximité et d’aide efficace qui surgissent à chaque pas parmi la communauté migrante. Vivre à la Frontière c’est vivre l’attention aimante. Avec les raids s’est manifestée l’urgence de procurer des services légaux, non-existants autour de nous. Avec l’aide économique d’une foundation du Nouveau Mexique et l’appui legal du diocese d’El Paso, TX, nous avons ouvert deux fois par semaine à Casa Maria Eugenia, une agence temporaire pour les services d’immigration. En janvier une agence à temps complet, sous les auspices du diocèse de Las Cruces, s’ouvrira dans une localité voisine, plus accessible que Chaparral. L’étude de l’anglais est un autre domaine privilégié d’accompagnement et d’appui à la communauté migrante adulte. Le désir de pouvoir accompagner la croissance de leurs enfants dans ce pays et d’être ‘membres actifs’ de la communauté, pousse les personnes qui désirent forger un avenir meilleur à sans cesse ‘franchir de nouvelles frontières’. Deux soeurs collaborent à cette tâche. A la Frontière, où le coeur palpite au souffle de deux cultures, notre vie s’élargit. Chabela=Isabel Galbe, [email protected] (translation)