3
Si le financement bancaire continue de jouer un rôle certain, la part des financements de marché, par
émission de titres, n’a cessé de se développer. Prises globalement, les grandes entreprises se financent
de plus en plus en émettant des actions et des obligations. Ces financements de marché représentaient
en 2005 plus de la moitié des nouveaux financements externes des entreprises. Ce qui revient à dire
que la part des financements bancaires traditionnels, sous forme de crédits, n’a cessé de diminuer.
Il faut cependant rappeler que les marchés financiers ne sont pas un mode de financement privilégié
des grandes entreprises dans la mesure où ce qu’ils prélèvent sur ces dernières est supérieur à ce qu’ils
contribuent à financer via l’émission de nouveaux titres.
Toutefois, une distinction importante doit être faite entre les petites et moyennes entreprises (PME),
d’une part, et les grandes entreprises (plusieurs centaines ou milliers de salariés), d’autre part. Dans la
réalité, seules les grandes, et surtout les très grandes entreprises, ont directement accès au marché de
titres pour se financer. Ce qui signifie que la plupart des PME continue de trouver leurs financements
externes auprès des banques.
En fait, les PME se retrouvent doublement pénalisées. Trop petites pour aller directement sur les
marchés de capitaux, elles ne peuvent recourir qu’aux banques. Considérée comme plus risquées du
fait de leurs petites tailles, elles se voient, de plus, discriminées du fait de la règlementation qui
s’impose à ces dernières.
En revanche, les grands groupes sont moins touchés. Ils sont favorisés par la réglementation bancaire
et, de plus, ont la taille critique pour aller directement chercher leur propre source de financement sur
les marchés des capitaux.
Or, le comportement des entreprises est fortement influencé par leurs conditions de financement. C’est
vrai des grands groupes multinationaux, surveillés en « temps réel » par leurs actionnaires et leurs
bailleurs de fonds, mais c’est tout aussi vrai des PME. Les décisions les plus stratégiques de ces
dernières (à commencer par celle de créer ou non l’entreprise !) sont presque toujours le résultat d’un
entretien avec leur banquier. Aujourd’hui, ce qu’exigent les actionnaires de l’entreprise (et, plus
encore, les actionnaires de la banque qui financent l’entreprise), ce n’est pas la satisfaction de l’intérêt
général, mais un investissement qui rapporte un rendement maximal. Une banque peut préférer
financer une OPA aux États-Unis en espérant en retirer un rendement bien supérieur aux 6 % ou 8 %
que lui rapporte le crédit à l’entreprise.
Ainsi les PME rencontrent d’importantes difficultés pour obtenir des crédits. Elles peuvent certes les
obtenir mais à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés que ceux accordés aux grandes entreprises.
Elles sont en effet considérés comme plus exposées au risque de faillite que les grandes firmes et ne
présentent pas les garanties que les banques exigent pour accorder un crédit.
Après la crise majeure de ces trois dernières années, le consensus semble s’accorder autour d’une
meilleure réglementation du secteur bancaire voire d’une refondation du système du crédit.
Selon Patrick Artus il faut donner aux banques de bonnes incitations. Il ne sert à rien de réglementer
les banques lorsque l’excès de liquidité écrase les primes de risques sur les crédits et rend par