LA PERCEPTION DE L’ESTHÉTIQUE
ET DE LA PENSÉE DU ZEN
DANS LES TEXTES D’ART EN FRANCE
Hugues RAINVILLÉ-DELAMARE
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Université Paris VIII – Saint-Denis
U.F.R. Arts, philosophie et esthétique
T H E S E
pour obtenir le grade de
DOCTEUR
Discipline : Esthétique, science et technologie des arts
Présentée et soutenue publiquement
par
Hugues RAINVILLÉ-DELAMARE
Le : 16 décembre 2003
LA PERCEPTION DE L’ESTHÉTIQUE
ET DE LA PENSÉE DU ZEN
DANS LES TEXTES D’ART EN FRANCE
Directeur de thèse : M. Jean-Marie PRADIER
JURY :
M. Catherine DESPEUX (Professeur de langue & culture chinoise – INALCO)
M. Amos FERGOMBÉ (MDC HDR - Arts & Communication - Univ. Valencienne)
M. Claude PERRET (Professeur de neurophysiologie – Univ. Paris 8)
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INTRODUCTION
Une nouvelle expression est en train de prendre place depuis quelques années dans le
langage courant français : « être zen ». Elle se met peu à peu, par le phénomène de mode, à
remplacer le mot anglais « cool » qui lui-même avait plus ou moins pris la place de
l’expression « rester stoïque ». Parallèlement, le terme zen parait devenir de plus en plus
fréquent dans l’univers de la mode, de la publicité, et des arts décoratifs. Il semble qu’il
s’agisse d’une tendance de publicitaires en manque d’inspiration, ayant été déniché ce nouveau
terme « exotique », servant à « donner un genre » à un produit. Cette mode, loin de favoriser la
connaissance du zen ou d’enrichir les connaissances par un éclairage nouveau, tend à faire
entrer ce courant de pensée dans une catégorie restrictive, comme une nouvelle « thérapie
relaxante ». Parallèlement, des études apparaissent, établissant des rapports entre le zen et
diverses activités liées aux arts et plus précisément à l’activité de la création artistique. Les
sciences cognitives inclinent également, ces dernières années, à s’intéresser de plus en plus à la
spiritualité asiatique par son ancrage dans l’expérience humaine.
A partir de ce constat, l’intention est d’étudier la manière dont est perçu le zen dans les
différents ouvrages publiés ou traduits en langue française afin de voir de quelle manière
parvient l’influence du zen en France. L’objectif de cette recherche est de montrer que même si
dans certains aspects, la vision de liens entre le zen et certaines formes d’art est perçue de
manière abusive, d’autres aspects sont fondés au contraire sur des points de convergence axés
non sur l’acquisition de connaissances mais sur un processus en forme de désapprentissage.
Sera analysé à travers ces diverses études le type de lien qui pourrait constituer ces rapports,
établis entre deux domaines apparemment dissemblables. Ce lien Reflète-t-il l’idée nérale
véhiculée par les médias ou est-il en partie (ou totalement) différent voire opposé ? De me,
pourquoi existe-t-il une littérature relativement abondante concernant diverses activités
artistiques et le zen et si peu sur le théâtre ? Alors que l’on voit chez certains praticiens se
manifester une dichotomie entre les tenant d’une pratique fondée sur la spontanéité censé
développer les vertus créatrices et le courant « ascétique » fondavantage sur l’apprentissage.
Après avoir établi cet « état des lieux », il sera intéressant de voir quel est l’état des recherches
en sciences cognitives sur des processus revendiqués également par le zen.
Pour faire cette démarche il a été paradoxalement choisi de prendre non pas le point de
vue du spécialiste de la question du zen, mais celui du sujet naïf. Il semblait plus intéressant de
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se positionner dans une situation vierge, et de voir, au fur et à mesure de la découverte des
ouvrages traitant du zen, comment cette optique allait évoluer en évitant le plus possible de
partir d’a priori. On peut supposer, comme au sujet de certaines théories sur la démarche
scientifique et créative, que l’esprit non-fixé par des idées précises peut davantage s’ouvrir aux
éventualités, et c’est ce qui tente d’appliquer cette démarche.
Ainsi, il sera établi une analyse de la perception du zen et de ses rapports avec les arts
tels qu’ils semblent apparaîtrent dans les ouvrages publiés en langue française. Seront
examinés, d’une part, les documents traitant des rapports établis entre le zen et les arts
« occidentaux » et, d'autre part, ceux portant sur les arts en Asie même. De fait, sera observée
la conception que l’on a du zen « tel qu'il arrive en France ». De sorte que lorsque par
commodité, le terme « zen » sera employé, celui-ci ne devra pas être pris comme l'acception
d'une connaissance d'un « zen absolu », mais uniquement comme la référence à un constat de
l'approche que l’on a du zen en France. De même, le point de vue ne se situera pas en tant que
spécialiste du zen, qu’il s’agisse du ch’an chinois, du Sön coréen, ou du zen japonais ou d’un
courant spécifique du zen (rinzaï, soto, obaku…) mais du point de vue de l’observateur
extérieur percevant cette entité nommée « zen » et essayant d’identifier les raisons cette
amalgame entre zen et diverses activités artistiques.
L’intérêt d’une étude sur les rapports entre les arts du spectacle et le zen repose sur deux
questions. La première était de savoir la raison pour laquelle nombre de chercheurs ont pu voir
des rapports entre le zen et les arts, c'est-à-dire entre ce qui est généralement considéré en
occident comme une religion, et l'activité de création artistique. La seconde pose le problème
selon lequel, bien qu'il existe un nombre non négligeable d'ouvrages portant sur des sujets très
divers et se référant au zen, il n’y a pas, semble-t-il, d'études portant sur les rapports existant
entre le jeu du comédien et le zen. Il est assez aisé de trouver nombre d'ouvrages traitant des
différents arts (qu'ils soient mineurs ou non) et de leurs rapports avec le zen, que ce soit
s'agissant des arts plastiques, des arts martiaux, du jardin, du thé, de la poésie, de l'art culinaire
ou de l'activité artistique en général. Cependant, aucune n'aborde le problème du jeu du
comédien, alors que leur champ d'étude semble porter directement sur la relation du corps et de
l'esprit comme cela est également souligné par les ouvrages de sciences cognitives.
Le champ de l'étude sera limité aux ouvrages en langue française, puisque les problèmes
de traduction de termes appartenant aux civilisations chinoise, coréenne et japonaise doivent
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être appréhendés. Sera ainsi effectué une analyse de la situation du zen dans ses rapports avec
les arts, telle qu’elle est perçue actuellement en France.
Cette étude sera principalement orientée sur la manière dont est perçu le zen par les
différents auteurs, chacun s'appropriant des notions se férant a lui, en les mettant en
résonance avec les diverses activités artistiques étudiées. La manière par laquelle sont abordées
les différentes notions gravitant autour du zen, comme la spontanéité, le Tao, le vide, le non-
soi, l'absorption, etc. sera étudiée ainsi que la façon par laquelle elles tissent des liens entre les
différentes activités artistiques. Les diverses approches de ces activités seront également
analysées, à travers l'étude du zen par leurs auteurs, mais aussi les points communs reliant tous
ces domaines, voire peut-être le point commun qui expliquerait l’intérêt de ces artistes et
théoriciens pour le zen.
De ces notions, issues d'un brassage de multiples cultures et traditions, il sera possible
de voir quelle pourrait être la résonance avec des notions possédées en France voire en
Amérique du nord, en procédant par analogie avec des théories ou des notions connues, afin de
tenter d'éclairer des concepts qui peuvent paraître exotiques. De cette manière, seront posées
des d’hypothèses de relations entre les divers aspects du zen et ses similitudes avec les
phénomènes de l'activité mentale de l'artiste, sous l’éclairage des études sur les processus
cognitifs, ayant également recours aux connaissances du zen et de la pensée Bouddhique.
L'influence du zen sur les créateurs contemporains (occidentaux ou non) apparaît à la
fois dans les écrits mais également dans la création et particulièrement au cinéma. Ainsi, seront
également abordés, des auteurs d'œuvres cinématographiques ayant des références tangibles au
zen à travers des films comme :
- Rainning in the moutain (King Hu)
- Pourquoi Bodhi Dharma est-il parti vers l'orient? (Yong-Kun Bae)
L’étude de films sera limitée à ceux faisant des références concrètes au zen. Sont exclus
ceux qui pourraient se dire simplement influencés par le zen. C'est pourquoi le cas des œuvres,
sera restreint au domaine cinématographique et non théâtral, car quand bien même ce cas
existerait pour le théâtre, l'absence de trace rendrait toute vérification d'authenticité beaucoup
plus délicate.
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