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Ce courant de surface longe la côte Africaine jusqu’à hauteur de l’axe Corse / Sardaigne où il se scinde en
deux. Une masse d’eau longe la rive Ouest de ces deux îles, entre en mer de Ligurie pour suivre les côtes
Françaises puis Espagnoles et faire le tour des Baléares.
L’autre bute sur la pointe de la Sicile, une partie fait le tour de la mer Tyrrhénienne, l’autre entre dans le
bassin oriental. Une fois le détroit de Sicile passé il se dirige sur la pointe de la Libye, générant un courant
dans le sens des aiguilles d’une montre dans le golfe de Gabès en Tunisie et dans le golfe de Benghazi en
Libye, pour atteindre la région du delta du Nil. De là, ce courant général épouse les côtes levantines en se
dirigeant vers le littoral libano syrien. Là ce courant principal prend une vitesse assez considérable à cause
de la configuration de la côte et aux vents très forts soufflant vers le NE. Ils s’en détachent des courants
locaux, les "eddies" qui prennent des allures différentes selon la topographie de la côte et des fonds du
plateau continental. Puis il entre en mer Egée ou il est confronté au courant provenant de la mer Noire.
L’étude des courants dans cette partie de la méditerranée est peu avancée, vraisemblablement en raison
de leur complexité.
En mer Ionienne un flux tourne sur lui-même dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, un autre
entre en mer Adriatique en remontant la côte Dalmate pour redescendre le long de l’Italie.
Je n’ai pas trouvé de renseignements au sujet des courants de fond qui évacuent l’eau dans l’Atlantique.
La salinité
L’eau de la méditerranée est constituée de 96% d’eau
Atlantique, 2% d’eau de pluie, 1% d’eau de fleuves et rivières
et 0,5% d’eau de la mer Noire. Sa salinité devrait donc être
voisine de celle de l’Atlantique soit 36°/°°. Or il n’en est rien.
En effet le flux d’eau Atlantique est une eau de surface car sa
densité est inférieure à celle de l’eau Méditerranéenne. Au fur
et à mesure de son avancée vers l’Est il est soumis à
évaporation, de ce fait sa salinité croît pour atteindre 39,5°/°°
en mer Egée. Cette eau se densifiant elle s’enfonce sous la
couche de surface pour former les eaux de fond qui sont
évacuées dans l’Atlantique.
La découverte entre 1987 et 1995 d'un nouvel état
hydrologique en Méditerranée orientale a été un fait
majeur pour les océanographes travaillant depuis
de nombreuses années en Méditerranée. En 1996
Roether trouve une nouvelle source d'eau profonde
en Mer Egée ; ce phénomène, actif depuis 1992
est, depuis, suivi attentivement et abordé de
diverses manières. La figure montre ce "nouvel
état" à partir des salinités, l'initiation du phénomène
en Mer Egée du Nord et l'advection de ces eaux
denses en Mer Ionienne à travers les détroits de
Crête. Cette advection semble influencer les
conditions de formation d'eaux profondes en
Adriatique qui normalement se produit en hiver.
Selon les dernières hypothèses, l'absence de ce
phénomène physique certaines années
constituerait, à son tour, la condition initiale à la
prolifération algale estivale. Ces épisodes dits
"acque rosse" en raison de la présence de
mucilages, est un problème économique par les
désagréments qu'il occasionne vis-à-vis du
tourisme de la région.
On tente actuellement de donner une explication à cette modification de la dynamique qui peut avoir des
conséquences sur la productivité biologique. Deux schémas possibles sont avancés :
• il pourrait s'agir d'une modification naturelle du climat, les bases de données atmosphériques
montrant que la période 87-93 a été marquée par des vents forts et des hivers froids;
• pour Bethoux (1998) le calcul des bilans des échanges de chaleur et d'eau suffit à expliquer ce
changement de la circulation dans cette partie de la Méditerranée. Le déficit en eau douce et
l'augmentation de la salinité sont à la fois dus à la diminution des précipitations (changement
global et effet de serre), aux aménagements des fleuves, mais également à l'ingression des eaux
de Mer Rouge depuis l'ouverture du Canal de Suez en 1869 et à son agrandissement en 1981.