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les États membres de l’OMS en Europe, relève les principaux défis sur l’Environnement et la
santé dont « les changements climatiques, les risques sanitaires pour les enfants et groupes
vulnérables, les inégalités socio-économiques et sexo-spécifiques, la charge des maladies non
transmissibles, les produits chimiques nocifs persistants, perturbateurs endocriniens et
bioaccumulatifs et (nano)particules, ainsi que le manque de ressources dans certaines parties
de la Région européenne de l’OMS»
.
En fait, la vulnérabilité se traduit par le fait que les individus ne subissent pas d’une manière
équitable les impacts de ces risques. Les impacts d’une dégradation de l’environnement sont
subis par les populations, mais il y a des inégalités sociales face à ces risques (Cornut et al.,
2007).
La justice environnementale peut alors concerner les inégalités ou disparités territoriales
(Nord-Sud, urbain-rural,…), et la différence d’exposition des populations de ces territoires
aux risques. Ainsi, les disparités entre la métropole et les territoires outre-mer font référence à
une telle justice; mais il y a aussi les disparités entre les territoires ultramarins eux-mêmes.
Par ailleurs, comme dans tout système, des interactions se construisent et évoluent entre les
conditions environnementales, les dynamiques socio-économiques, et les inégalités sociales
(Cornut et al., 2007).
Dans ce contexte, émerge alors une justice dite «corrective»
qui tend à la réduction et/ou à la
compensation des nuisances et impacts nocifs sur la santé par des mesures matérielles
(techniques à la source, auprès des populations-cibles, et sur le milieu) et immatérielles (seuils
et normes). C’est dans ce cadre que sont élaborés les modèles de réduction des inégalités
sociales de santé en matière d’action publique, orientés vers l’universalisme des droits (avec
la CMU ou la Couverture universelle en matière de santé), ou encore vers la stratégie de
ciblage des «publics prioritaires» pour une justice sociale fondée sur les subventions aux
besoins des plus vulnérables (Lang, 2010).
Mais, ces modèles se focalisent rarement sur la dimension santé environnement, même si la
préservation des milieux de vie par la réduction des niveaux d’expositions aux nuisances et
pollutions (bruit, pollution de l’air, qualité de l’eau, risques industriels, climatiques et
naturels) représente en réalité une condition première de ces modèles (Potvin et al., 2010).
Face à ces risques et surtout ces inégalités, les solutions vont alors dans le sens du
renforcement des logiques de solidarité entre les individus, notamment en direction des plus
pauvres dont ceux du Sud (Rapport Brundtland), de la transformation du système de santé,
notamment la Sécurité sociale en France, pour affronter par exemple les évolutions
d’épidémies et des maladies chroniques contemporaines (Cicollela, 2007). La prise en
compte des risques et impacts sur les sociétés conduit aussi à considérer l’environnement
comme un élément de « reconstruction des temporalités politiques» (Naess, 2008).
Une nouvelle conception globale du système de santé, ne se limitant pas seulement au
système de soins peut être envisagée pour résoudre le déficit aggravé de la Sécurité sociale,
tout en faisant face aux besoins croissants de soins des populations. Des actions publiques en
amont sont essentielles sur les causes environnementales et comportementales des maladies,
sortant ainsi du modèle «tout médicament » (Cicollela, 2007). Un système de santé de
Source: Déclaration de Parme, 2010. Le Conseil Ministériel Européen de l’environnement et de la santé
(CMES) ayant piloté les travaux de la Déclaration de Parme a constitué un groupe de travail dit Environment and
Health Task Force (EHTF) pour l’identification de ces défis Environnement-Santé et les politiques y afférentes.
Ministère des Affaires sociales et de la Santé, Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de
l’énergie, 2014, p.9