LOKMER Johanna DCEM 3 19 Sente de la cure 93220 GAGNY RAPPORT DE STAGE Thaïlande, Bangkok: Immunologie, Juillet 2012 King Chulalongkorn Memorial Hospital Description de l’hôpital Le King Chulalongkorn Memorial Hospital (KCMH ou โรงพยาบาลจุฬาลงกรณ์ en thaï) est un hôpital général situé en plein cœur de Bangkok, Thaïlande. Il est supervisé par la croix rouge thaïlandaise ; c’est un lieu de stage pour les étudiants de la faculté de Médecine de l’université de Chulalongkorn et de l’école d’infirmière de la croix rouge thailandaise. Avec une capacité de 1479 lits, c’est l’un des plus grands hôpitaux thaïlandais. L’hôpital comprend plusieurs buildings reliés entre eux par des allées semi couvertes séparées de jardins, dans le même esprit que l’Hôpital St Louis à Paris mais au moins dix fois plus grand ! Le bâtiment située à l’entrée principale est consacré aux service des urgences, il a été rénové récemment et n’a rien à envier aux urgences parisiennes. Ensuite se trouve le bâtiment dédié aux consultations externes le OPD Building (Out Patient Department), puis le bâtiment de Gynécologie Obstétrique, celui de Pédiatrie, de Chirurgie et de Médecine. Mis à part ce dernier, tous les autres comptent plus de dix étages. Il y a également un peu plus loin la bibliothèque universitaire, la salle d’examen, et les deux dortoirs (féminin et masculin). Au milieu et parfois au sein même de ces bâtiments, on trouve des cantines ouvertes midi et soir où étudiants, infirmières, médecins et même patients peuvent se restaurer. Le prix d’un repas est aux alentours de 40 bahts (soit 1 euro). On trouve également une Pharmacie et deux Seven Eleven ouverts 24 heures sur 24. Description du système de santé thaïlandais Le système de santé en Thaïlande est un système entrepreneurial avec des fournisseurs publics et privés. Les installations de santé publique ont été rapidement étendues dans tout le pays depuis 1961 où la Thaïlande a lancé les premier Plans Nationaux de Développement Économique et Social d’une durée de cinq ans (National Economic and Social Development Plans : 1961-1966). Depuis 1994, le nombre d'hôpitaux et de lits a remarquablement augmenté : le nombre d’habitant par lit s'est approché de 1:469 en 2004. Tandis que le nombre d’habitant par docteur a baissé de 1 : 15,3 en 1991 à 1 : 7 en 2004. La moyenne d'occupation de lit était alors de 73 %. Le nombre de professionnels médicaux et paramédicaux c'est-à-dire, les médecins, les dentistes, les pharmaciens et les infirmières a progressivement augmenté chaque année en raison de la stratégie gouvernementale visant à mettre l'accent sur la formation d’un personnel de Santé. La constitution thaïlandaise garantit l’accès aux soins à chaque citoyen et, dans les faits, on note une amélioration globale de l’état de santé des populations. L’état n’a pas ménagé ses efforts et l’assurance-maladie représente le tiers des dépenses publiques. Résultat : le système de santé thaï est bon. On trouve un centre médical dans chaque canton ou « tambol », un hôpital dans chaque arrondissement ou « amphur » et un hôpital général dans chaque province. Il existe un système d’assurance maladie pour les fonctionnaires et leurs ayantdroits, une structure d’assistance pour les plus pauvres, personnes âgées, handicapés, moines, etc., en plus d’un système d’assurance maladie obligatoire pour tous les travailleurs du système formel. Ceux qui sont exclus de ces structures peuvent cotiser auprès de l’assurance maladie publique volontaire. A noter aussi la mise en place depuis près d’une dizaine d’années d’un programme de couverture universelle appelée « 30 bahts par consultation » à destination des plus démunis, et qui est désormais gratuit. Chaque adhérent aux différents programmes dépend d’un centre de santé où il peut se rendre en présentant sa « carte d’or », équivalent de notre Carte Vitale, sans rien débourser. Enfin, depuis 2007, les hôpitaux privés ont obligation de soigner les plus démunis qui se présentent dans leurs services d’urgences. Tout le monde peut se rendre dans un hôpital public, un Thaïlandais comme un « farang ». On y est très bien soigné par un personnel compétent et bien formé qui avec un peu de chance, parle anglais (mais rien n’est moins sûr). Dans les services d’urgences, on fait la queue, mais rien de comparable à ce que l’on connait en France. Pour les étrangers qui ne bénéficient pas d’une couverture santé locale, il faut payer à la caisse de l’hôpital les prestations, qui sont en général très bon marché (puis se faire rembourser les soins par ses assurances). A titre d’information, une journée d’hospitalisation dans une chambre individuelle d’un hôpital public de province (avec TV, salle de bains et WC) est facturée 700 bahts en 2010, soit 16 euros. La volonté des gouvernements successifs et un investissement financier à la hauteur, ont fait du pays le champion toutes catégories du tourisme médical. Les hôpitaux privés, nombreux à être cotés à la bourse de Bangkok, ont des services de communication de plus en plus présents à l’étranger, un service pour les visas et systématiquement un service de traducteurs. Nombre d’Américains, Australiens et Européens choisissent désormais de se faire opérer là-bas, d’abord pour des raisons financières, mais aussi parce que la compétence médicale est reconnue et surtout parce que les structures hospitalières utilisent les dernières technologies médicales et un matériel ultra-moderne. Le pays est extrêmement réputé pour les soins dentaires, la chirurgie des yeux, la chirurgie cardiaque, la fécondation in-vitro, et bien sûr la chirurgie esthétique sans oublier la chirurgie transsexuelle. Pour les français installés en Thaïlande qui ont souscrit une assurance complémentaire en plus de la CFE (Caisse des français à l’étranger), choisir un hôpital privé plutôt que public est la garantie de trouver un personnel qui parle couramment l’anglais, voire le français. Avec un niveau de confort correspondant bien souvent à un hôtel quatre ou cinq étoiles, et surtout une compétence médicale du niveau de celle des pays occidentaux… sans le problème des coupes budgétaires. Enfin une particularité propre à la Thaïlande est le financement de la prise en charge de certaines maladies par le roi et la reine eux-mêmes ; par exemple, le cancer du Sein qui dans le Chulalongkorn Memorial Hospital était entièrement aux frais de Sa Majesté la Reine de Thaïlande. Description du service Le service d’Immunologie adulte comprenait deux principales antennes : Clinique et Recherche, la plupart des médecins partageant leur pratique entre les deux. Il n’y avait pas d’unité d’hospitalisation en Immunologie car lorsqu’une hospitalisation était nécessaire pour ces malades celle-ci avait lieu dans leur spécialité d’organe. Ainsi les lupus étaient hospitalisés en Rhumatologie, les sarcoïdose en Pneumologie et les Myélomes en Hématologie par exemple. La partie clinique de ce service consistait donc en des consultations simples, consultation d’Allergologie le mardi avec le docteur Jetteson et consultation de suivi VIH le mercredi avec le docteur Amchallee. Celles-ci avaient lieu dans l’OPD Building, bâtiment réservé aux consultations externes . Un autre bâtiment réservé à la recherche, le Ow Pow Row building, comprenaient 16 étages de laboratoires, deux d’entre eux étaient reservés à l’Immunologie. Enfin, un autre bâtiment rattaché à l’hôpital était dédié a la recherche sur le VIH à laquelle le Dr Amchallee participe activement. Il s’agit du projet HIV-NAT qui relie les Pays Bas, l’Australie et la Thailande. Ce projet comprend plusieurs études épidémiologiques et cliniques au sujet du VIH, de l’efficacité et de la tolérance de différents traitements antirétroviraux en particulier. Les patients participants à cette étude peuvent ainsi obtenir les médicaments et se faire suivre par des Médecins spécialistes gratuitement. Le service d’Immunologie pédiatrique comprenait une antenne d’hospitalisation et des consultations. Celui-ci était centré autours de l’Allergologie. Les consultations avaient lieu le jeudi et une visite en hospitalisation le vendredi. En consultations, des pricks tests étaient parfois réalisés par les infirmières, la batterie d’allergène testée étant différente de celle en Europe (très peu de pollen, beaucoup d’insecte). C’est le Professeur May qui dirigeait ce service. Le déroulement des consultations étaient le même en Allergologie adulte ou pédiatrique, une salle commune ou se trouvaient les trois ou quatre internes et un professeur ou médecin référent recevait trois à quatre patients en même temps. Ceux-ci étaient d’abord vus par les internes et ci besoin ensuite par le chef. Le secret médical n’existe pas en Thaïlande. La consultation de suivi VIH était différente, un médecin pour un patient mais les dossiers de ces patients se distinguaient facilement des autres de par leur couleur (rouge, beige pour les séronégatifs) et leur mention HIV NAT sur la couverture. Une consultation durait en moyenne 20 minutes, les patients dont la charge virale était indétectable et dont le taux de CD4 était supérieur à 400 étaient vus tous les 6 mois voire tous les ans avec une nouvelle mesure de la charge virale et du taux de CD4 . Acquisitions personnelles Durant ce mois de stage, j’ai donc assisté à différentes consultations avec les Docteurs Jetteson, Amchallee et Professeur May ainsi que leurs internes. Mon rôle se limitait à de l’observation du fait de la barrière de la langue le plus souvent, j’assistais donc aux entretiens du médecin avec le malade en thaï et ces derniers me traduisaient ce qu’ils avaient dis une fois le patient partis en anglais. Je pouvais alors discuter du dossier avec eux et poser des questions sur les points que je n’avais pas compris. En pédiatrie, j’ai pu quelque fois mener l’interrogatoire d’adolescents ayant étudié l’anglais à l’école. J’ai ainsi beaucoup appris sur le plan théorique. Sur un plan pratique, j’ai pu réaliser des prick tests sur une enfant de 6 ans allergique aux cafards et ainsi apprendre à lire les résultats de ce test. J’ai également assisté à une séance d’éducation à l’utilisation des différents appareils d’inhalation de beta 2 mimétiques courte et longue durée d’action pour le traitement de l’asthme, et de sprays nasaux à base de corticoïdes pour la rhinite allergique. Cliniquement, j’ai appris à examiner la gorge, les fosses nasales et les oreilles d’enfant souffrant de rhinite allergique Enfin, lors du staff d’Immunologie Pédiatrique ayant lieu tous les jeudis midi avec les trois professeurs du service, les internes, et l’infirmière, j’ai présenté avec l’aide d’un des internes un exposé sur les recommandations Gina sur l’asthme de l’enfant de moins de 5 ans. J’angoissais à l’idée de présenter devant eux et ce d’autant plus en anglais mais tout s’est bien déroulé, à la fin de mon intervention chacun d’entre eux m’a félicité et posé plusieurs questions sur les différences de prise en charge avec la France en particulier. J’ai énormément appris de ce travail et j’ais réellement pris plaisir à le faire.