2- Shyp, la start-up qui veut ubériser la livraison sans ubériser les livreurs
http://www.usine-digitale.fr/article/shyp-la-start-up-qui-veut-uberiser-la-livraison-sans-uberiser-les-
livreurs.N382205
Contre "l'ubérisation" du travail
Shyp a dû développer un réseau d'entrepôts, construire une flotte de livreurs et de camions. En 2015, la start-
up a décidé de donner à tous ses livreurs le statut d'employé. Une approche coûteuse, mais qu'elle estime
bénéfique sur le long-terme. En effet, le modèle Uber a été remis en question récemment quand certains
conducteurs ont réclamé le statut d'employé devant la justice.
Shyp estime que la culture de l'entreprise et la qualité du service seront largement améliorées par ce
changement. En avril 2015, la start-up a levé 50 millions de dollars pour continuer à grandir. Ces fonds
viennent s'ajouter aux 12 millions levés depuis son démarrage, et devraient l'aider à amortir ses coûts. Ses
livreurs reçoivent désormais des formations (interdites aux contractants) et font partie intégrante de l'équipe.
Le PDG Kevin Gibbon estime que le changement était nécessaire, pour une entreprise dont la réussite
dépend du bouche à oreille et de la satisfaction des clients. Reste à voir si ce modèle lui permettra d'avoir la
même croissance qu'un Uber.
3- En Italie, les livreurs à vélo disent non à l'ubérisation
L'ubérisation du travail provoque des remous en Italie. Les livreurs de Foodora ont ainsi décidé de
raccrocher leurs bicyclettes. Ils sont 320 à avoir cessé le travail depuis près de trois semaines, d'abord à
Turin puis à Milan où ils ont manifesté. Une grève lancée le 8 octobre dernier et qui fait figure de révolution
dans le monde de la « gig economy », l'économie des petits boulots ou des petits services. On appelle aussi
cela comme ça.
Le service proposé par la start-up allemande est la livraison à domicile en 30 minutes environ de repas
commandés à des restaurants via une application Internet. Cheville ouvrière de cette offre, des livreurs qui
sillonnent les villes à vélo et demandent désormais que des règles encadrent leurs emplois à défaut de jouir
pleinement des droits dont bénéficient les salariés.
A l'origine de leur protestation, la décision de la direction de passer d'une rémunération horaire à une
rétribution de 2,70 euros par livraison. La poursuite des embauches de la part de la start-up signifiant en
parallèle une baisse des livraisons et donc des revenus pour les employés. Il s'élevait à 10,08 euros en
moyenne pour trois courses et sera désormais de 8,10 euros avec le nouveau système. Un tiers en moins pour
le même effort, la vitesse du cycliste étant également évaluée avec l'application.
« J'ai trente ans, je termine un doctorat et mon objectif est de gagner 200 euros par mois, précise l'un d'eux.
J'ai décidé de faire grève quand j'ai appris que notre manager considérait notre emploi comme un hobby
pour ceux qui aiment le vélo. » Avec les autres grévistes, ils réclament aussi le remboursement de la moitié
des frais d'entretien de leur outil de travail, jusqu'ici entièrement à leur charge. Pour l'instant ils se sont
heurtés à une fin de non-recevoir. Au sens propre puisque les représentants de Foodora ont refusé de se
présenter à l'hôtel de ville de Turin pour une rencontre avec les protestataires. Ce lundi, ils étaient reçus au
ministère du Travail qui a décidé de se saisir du dossier et d'effectuer des contrôles.
Le but sera de faire la lumière sur cette zone grise concernant la différence de statut entre travailleurs free
lance et salariés dans le cadre de l'économie collaborative, aux contours encore flous. Le gouvernement avait
promis, depuis plusieurs mois, un projet de loi sur cette question. La grève qu'affronte Foodora relance le
débat. Le ministre du Travail italien, Giuliano Poletti, a demandé à ses collègues au sein de l'Union
européenne d'ouvrir une concertation « pour définir des stratégies et des solutions communes au niveau
européen pour protéger le travail de la "new economy" ».
Olivier Tosseri, Les Echos
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livreurs-a-velo-disent-non-a-luberisation-2037534.php#cHt5G4b4AFgrBEg6.99