Service de presse Uni.H.A : Intelligible, Jean REMY, Tél 06.75.91.38.15, jean.remy@intelligible.fr
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que la fonction achats, en milieu hospitalier, s’inscrit dans un conflit entre politique industrielle et
politique de santé. Le chercheur considère que l’industrie pharmaceutique est elle aussi confrontée
à de lourdes contradictions : « une crise endogène entre la politique industrielle, la politique
d’innovation et la politique santé de chaque pays. Ces secousses interviennent alors que leur
actualité est marquée par un ralentissement majeur de la productivité, l’essoufflement des
marchés européen et américain ainsi que la perte de monopole et de rentes financières. »
Plusieurs facteurs encouragent et facilient les délocalisations des sites de production des
entreprises de santé : élévation du niveau de qualification des individus dans les pays émergeants
(la Chine occupe désormais le deuxième rang mondial en terme de publications), externalisation
des essais cliniques, fusions/acquisition (1345 en dix ans dans ce secteur). La mondialisation pose
aussi le défi de la contrefaçon, le marché étant inondé de médicaments défectueux, selon Philippe
Gorry.
Transport et traçabilité plus sûrs, démarches RSE, partenariats public-privé et politiques
industrielles nationales pourraient contribuer à rééquilibrer les échanges, tout comme le passage
de l’ère des médicaments blockbusters à une médecine plus personnalisée, et à ce qu’il a qualifié de
« nichebusters ».
Témoignant qu’il est possible de réussir en France à développer une activité industrielle au service
de la santé, Robert Sigal, PDG de GE Healthcare, a estimé que notre pays passe « de la dictature du
coût à l’achat stratégique. » GE Healthcare compte un tiers de ses revenus et de son personnel en
Europe, dont 1800 personnes en France au QG européen. « Nous avons construit ici un écosystème
global, un partage qui garantit le bon développement et le bon déroulement de nos process », de la
conception à la diffusion des produits. Pour ce qui concerne les achats, « nous aidons nos clients à
contrôler leurs coûts », assure le PDG.
Même affirmation chez Michael Danon, manager hôpital de Lilly France. Depuis 1967, la plus
grande usine du géant américain se trouve en France, en Alsace, où elle fabrique environ 10% de la
production mondiale de Lilly. « Nous produisons en France plus de quatre fois ce que nous vendons
en France », souligne M. Danon, qui note chez les acheteurs hospitaliers une double
préoccupation : celle de l’acheteur, mais aussi celle du professionnel engagé dans la santé publique.
« Nous assistons à une approche plus holistique du coût de la santé. La molécule permet-elle de
diminuer la durée de séjour, entraîne-t-elle des effets secondaires ? Prend-on en compte les
investissements faits en Europe et plus particulièrement en France ? Pourquoi ne pas faire de cette
dernière caractéristique un critère de choix dans les appels d’offres publics ? »
Julien Samson, Directeur Général Adjoint des HCL (Lyon), a présenté quelques propositions pour
des achats « intelligents », dont l’organisation de plus en plus transversale des directions d’achats.
Il a ainsi développé le concept des acheteurs créateurs de valeur, apporteurs de nouvelles recettes
et non plus seulement acteurs de la diminution des dépenses. L’acheteur a une capacité à apporter
des idées sur les services qui ne relèvent pas du soin et que l’hôpital pourrait aujourd’hui facturer,
dans sa recherche d’équilibre budgétaire. Comme Jean-Olivier Arnaud, Président d’UniHA et
Directeur Général du CHU de Nîmes, il a constaté combien la fonction achats, en peu d’années, a
permis de faire progresser l’hôpital tout entier.