Il décrit ce rite chez les Toda en Inde : Des espaces sont interdits aux femmes enceintes, au
bout de 5 mois il y a une cérémonie où elle doit vivre dans une hutte spéciale et où des
divinités doivent être invoquées, puis elle doit se brûler les mains en deux endroits, il y a
ensuite une cérémonie de sortie de la hutte où elle doit boire du lait sacré pour revenir ensuite
vivre dans sa hutte. Lorsqu’elle devient mère pour la première fois, la femme accouche dans
sa maison sans cérémonie spéciale mais c’est ensuite que la mère et l’enfant vivront dans une
hutte spéciale et qu’un certain nombre de rituels serot faits pour protéger le bébé du méchant
esprit : Keirt.
Cela permet de montrer comment la femme a été séparée, mise en marge puis réintégrée
dans son milieu ordinaire. La grossesse est un moment pendant lequel un ensemble d’interdits,
de prescriptions sociales existent et à cet égard, dans nos sociétés, ce sont plutôt les instances
médicales qui s’occupent de ces rites.
Si la grossesse est un moment de liminarité et de marge c’est aussi en lien avec les
représentations qui existent de l’enfant à naître, du fœtus.
Dans beaucoup de sociétés de l’Afrique de l’Ouest, le nouveau né est un ancêtre qui revient
(y compris dans le monde animal).
Selon l’anthropologue Yannick Jaffré, l’accouchement serait « La bataille des femmes »
En Côte d’Ivoire chez les Sénoufos, la femme enceinte ne doit ni manger ni regarder
certains animaux comme le lièvre ou le lézard. Dans cette configuration symbolique il y a la
mère, l’enfant à naître et le règne animal, il y a aussi toute une série de rites effectués qui
accompagnent l’accouchement.
Selon les sociétés, les postures d’accouchement diffèrent. La légitimité des personnes qui
accompagnent l’accouchement est totalement façonnée selon les sociétés.
En Ethiopie à Galla, on brûle le placenta pour prévenir les manœuvres de sorcellerie. Il
existe également des rituels sur la section du cordon, sur ce qu’on fait du placenta.
Le fait qu’un être humain naisse n’est pas forcément le fait d’une société. La naissance
physique n’équivaut pas à la naissance d’un être social.
Il y a plusieurs dichotomies « civilisés/primitifs ». Dans le monde occidental par exemple ce
qui est rationnel est le médical.
Maurice Godelier dit qu’un homme et une femme ne suffisent pas pour faire un enfant car
en comparant 26 sociétés, il rend compte que partout, quels que soient les systèmes, un
homme et une femme créent un fœtus mais ce n’est pas suffisant pour créer un être social.
Par exemple chez les Inuits, pour faire un enfant, il faut un homme et une femme qui
s’unissent sexuellement et créent biologiquement un être humain mais ils considèrent in utero
que le fœtus n’a pas encore d’âme.
(Alors que dans le monde occidental, la mortalité anténatale, à partir du moment où le fœtus
a plus de six mois, est considéré comme une personne morte (réforme 2006)).
Au stade intra-utérin, le fœtus n’a donc pas d’âme et le jour de la naissance, Sylla, le maître
de l’univers, introduit dans son corps une bulle d’air qui lui donne son souffle, son principe de
vie et le connecte à l’univers. Le nouveau né devient un être social. Vient ensuite la cérémonie
où l’on donne des noms, les noms donnent des âmes. A partir de ces représentations, si on
donne un prénom d’un genre féminin à un garçon, il sera élevé comme une fille : Bertrand
Saladin d’Anglure Troisième sexe social, atome familial et médiations chamaniques
Godelier montre que la part de l’homme et de la femme dans les théories de la conception
vient asseoir des représentations qui concernent le masculin et le féminin.
Françoise Héritier est une africaniste qui a travaillé en Côte d’Ivoire. Sa thèse : Les théories
de la conception visent à effacer le corps de la femme dans la construction de l’enfant.
Au Soudan, chez les Nuer, la femme stérile prend le statut d’un homme. Elle épouse une
femme qui va pouvoir enfanter et avec qui elle pourra élever ses enfants. Le père peut être un