
de pression atmosphérique au niveau de
la mer dans l’Océan Indien. Lorsque cet
indice est inférieur à -1, il est associé à un
événement chaud comme l’augmentation de
la température de surface de l’océan. A l’op-
posé, les valeurs supérieures à +1 coïncident
avec des événements froids.
Régime annuel des précipitations et IOI
agissent sur l’environnement aquatique
dans lequel évolue Vibrio cholerae (estuai-
res, bords de mer, lits des fl euves…). Dans la
nature, le bacille cholérique vit au contact de
petits crustacés aquatiques, les copépodes,
entrant dans la composition du zooplancton.
Ces animaux microscopiques qui constituent
le réservoir principal de la bactérie se nourris-
sent de phytoplancton. Ils ont donc tendance
à se regrouper dans les zones où la den-
sité de ces algues microscopiques est la plus
importante. Cette relation est fondamentale
car elle permet de suivre par télédétection les
aires riches en plancton, et donc de repérer
depuis l’espace les réservoirs potentiels de
vibrions aux abords des côtes.
Afi n de mieux comprendre la dynamique
d’émergence irrégulière des épidémies de
choléra, les chercheurs du GEMI ont uti-
lisé un outil statistique adapté en privilégiant
une méthode d’analyse dites en ondelettes.
Ce procédé novateur permet de confronter
les fréquences d’apparition des épidémies
à divers paramètres climatiques ou environ-
nementaux (indice de variabilité climatique,
volume des précipitations, concentration en
phytoplancton à proximité des côtes). Cette
approche tient également compte de la varia-
tion aléatoire des fréquences d’apparition des
foyers épidémiques.
Les scientifi ques sont ainsi parvenus à
relier le nombre de nouveaux cas de
choléra à l’indice de la variabilité climati-
que globale puis aux relevés mensuels des
précipitations entre 1989 et 1994. Pour cette
période, une fréquence de la survenue des
épidémies de 2 à 3 ans a pu être mise en
évidence pour les pays inclus dans l’étude, à
l’exception de la Côte d’Ivoire. Une corrélation
signifi cative a également pu être observée
entre l’IOI et le régime des précipitations
annuelles pour ces quatre même pays. Par
ailleurs, l’analyse de la variabilité interan-
nuelle des précipitations entre 1975 et 1996
a permis de démontrer l’existence d’un cycle
de 3 à 5 ans dans l’apparition de la maladie
pour la totalité des territoires concernés par
l’étude. IOI et volume des précipitations sont
donc deux variables climatiques qui parais-
sent fortement corrélées à l’apparition des
foyers épidémiques de choléra. Ces derniers
surviennent généralement lors de périodes
saisonnières mais peuvent aussi aller au-delà
du cycle annuel (entre 2 à 5 ans). Autrement
dit, des relations indirectes entre variations
climatiques ou variations du volume des pré-
cipitations et émergence de foyers infectieux
peuvent se prolonger sur plusieurs années.
Ces résultats sont en accord avec ceux
obtenus précédemment au Bangladesh et en
Amérique du Sud.
Dans les prochaines années, les résultats
de ces travaux devraient contribuer à la créa-
tion d’un système d’alerte prenant en compte
des paramètres climatiques dans la prédic-
tion de la dynamique des épidémies de cho-
léra. Ce qui devrait permettre à la fois la mise
en place d’actions de prévention comme la
fi ltration de l’eau de consommation et l’antici-
pation de la prise en charge des populations
par l’apport de kits médicaux et de sels de
réhydratation. Ce type d’approche pourrait
également être appliqué à la compréhension
et la prévention d’autres maladies sensibles
au climat comme les maladies vectorielles
(paludisme, dengue …).
S. Sapolin / G. Fléchet - IRD
(1) Ces travaux ont bénéfi cié du soutien fi nan-
cier du programme Gestion et Impacts du
Changement Climatique (GICC) du Ministère
de l’Ecologie et du Développement Durable et
du Centre National d’Etudes Spatiales.
(2) L’étude a été menée en collaboration avec
Bernard Cazelles du CNRS (UMR 7625 et UR
IRD GEODES) et Michel Petit, chercheur IRD
à l’US ESPACE de Montpellier.
CONTACTS :
JEAN-FRANÇOIS GUÉGAN,
Laboratoire de Génétique
et Evolution des Maladies
Infectieuses (GEMI)
UMR 2724 CNRS/IRD et UR
165 IRD 33.
+33 (0)4 67 41 62 05
GUILLAUME CONSTANTIN DE MAGNY,
Université du Maryland,
College Park, MD, USA.
RELATIONS AVEC LES MÉDIAS
+33 (0)1 48 03 75 19 ;
INDIGO, PHOTOTHÈQUE DE L’IRD
+33 (0)1 48 03 78 99 ;
www.ird.fr/indigo
IRD AUDIOVISUEL
+33 (0)1 48 02 56 24 ;
audiovisuel@bondy.ird.fr
www.audiovisuel.ird.fr/
RÉFÉRENCES :
GUILLAUME CONSTANTIN DE MAGNY
ET AL. "Regional-scale climate-
variability synchrony of cho-
lera epidemics in West Africa”
BMC Infectious Diseases,
http://www.biomedcentral.
com/1471-2334/7/20
GUILLAUME CONSTANTIN DE MAGNY
ET AL.
"Cholera Threat to Human in
Ghana Is Infl uenced by Both
Global and Regional Climatic
Variability"
EcoHealth, 3, 223-231, 2007
MOTS-CLEFS :
CHOLÉRA, VARIATIONS CLIMATI-
QUES, ANALYSES EN ONDELET-
TES, AFRIQUE DE L’OUEST
Pour en savoir plus
Grégory Fléchet, coordinateur
Délégation à l’information et à la communication
Fiche n°271 - Juillet 2007
© IRD
Visualisation par télédétection de l'augmentation de
la densité de phytoplancton au large des côtes ouest
africaines
© NASA