Introduction à la
Mécanique Quantique
F Henry-Couannier
Licence L2
Janvier 2010
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Plan
I. Nature de la lumière et de la matière
1. Ondes de lumière
A. Ondes planes
B. Interférences
C. Paquets d'ondes
D. Diffraction
2. Particules de lumière
3. Particules et/ou ondes de lumière ?
4. Ondes de matière
A. L'équation de Schrödinger
B. Exemples
5. Relations d'incertitude de Heisenberg
II. Postulats de la Mécanique Quantique et Applications
1. Fonctions d'ondes et observables
2. Le problème de la mesure
3. Application: particule dans un potentiel indépendant du temps
A. Séparation des variables, états stationnaires
B. Marche, puits et barrière discontinues de potentiel
4. Application: mesures de polarisations
III. Non Localité et Questions Ouvertes
1. Non Localité de la Mécanique Quantique
2. Interférométrie de Mach-Zehnder
3. La Non Localité Prise sur le Fait
4. Perspectives et Questions Ouvertes
A. Cryptographie Quantique ?
B. Non Localité et Relativité ?
a. Position du Problème
b. Multiples Parades
C. Au delà de la Mécanique Quantique ?
IV. Conclusion
2
Introduction à
la Mécanique Quantique
La théorie de la Mécanique Quantique est l'aboutissement de la révolution Quantique qui au début du XXème
siècle et de façon indépendante de la révolution Relativiste a remis en question les fondements de la physique classique.
Tandis que les effets relativistes deviennent incontournables dès que l'on s'intéresse aux corps animés de grandes
vitesses et aux processus de haute énergie de la physique nucléaire, les effets Quantiques surgissent typiquement aux
très petites échelles, celles des particules élémentaires, atomes et molécules. Mais les propriétés de la matière
macroscopique étant déterminées en définitive par celles de ses constituants microscopiques qui ne sont explicables que
dans le cadre de la théorie Quantique, il n'est pas étonnant que celle-ci soit à la base de notre compréhension de
l'essentiel des phénomènes naturels, de la chimie, de la biologie et que sur elle repose une grande partie des innovations
technologiques qui ont bouleversé notre vie au quotidien, notamment l'électronique (jusqu'à l'irruption récente du
système GPS, l'impact de la Relativité Générale était resté, de ce point de vue, quasi nul). Tout comme celles de la
Relativité Restreinte, les prédictions de la canique Quantique n'ont jamais été mises en défaut. Cependant,
contrairement à celles de la Relativité, les idées de la Mécanique Quantique ont été entièrement dictées par l'expérience
à l'esprit humain qui a du se faire violence, tant ses concepts et son formalisme, aussi performants et élégants puissent
ils être, recouvrent une réalité microscopique si déconcertante qu'elle semble à la limite du concevable. Notre objectif
est ici d'introduire les idées Quantiques de base à partir des expériences fondatrices puis les postulats de la Mécanique
Quantique dans un formalisme très allégé permettant de les appliquer à des cas simples (mesures de polarisation) et de
poursuivre la réflexion théorique et expérimentale concernant les problèmes d'interprétation de la théorie et ses
énigmatiques effets de type EPR. Un cours complet sera dispensé en troisième année de Licence.
I. Nature de la lumière et de la matière
1. Ondes de lumière
A. Ondes planes
Au début du XXème siècle, la nature ondulatoire de la lumière était fermement établie par les expériences de
diffraction et d'interférences et ce domaine de l'optique ondulatoire parfaitement intégré dans l'électromagnétisme, la
lumière étant comprise comme une onde électromagnétique solution des équations de Maxwell. Rappelons qu'une
solution élémentaire de ces équations est une paire de champs, champ électrique et champ magnétique, qui se propagent
sous la forme d'une onde plane. Le champ électrique, en particulier, s'écrit donc
E=
E0cos  t
k
r
(1)
caractérisé par son amplitude E0 , sa longueur d'onde λ (la grandeur angulaire correspondante est la norme du vecteur
d'onde |k| = 2π/λ: angle en radians parcouru par unité de distance), sa fréquence f=1/T (la grandeur angulaire
correspondante est la pulsation ω = 2π/T: angle en radians parcouru par unité de temps), sa phase à l'origine φ et
l'orientation de
E0
qui n'est autre que sa polarisation. Mais cette onde plane doit être solution des équations de
Maxwell donc de l'équation différentielle de propagation
E−00
2
E
t2=0
00=1
c2
avec c la
vitesse de la lumière dans le vide, dans laquelle il suffit d'injecter notre expression de l'onde plane pour obtenir la
relation de dispersion kx2 + ky2 + kz2 - ω2/c2 = 0 soit |k| = ω/c, donc λ = cT qui doit nécessairement être satisfaite.
Remarquons qu'une onde plane qui vibre en tout point de l'espace infini n'est bien sûr pas localisée. Sa densité
volumique d'énergie, proportionnelle au carré de son amplitude E02 sans compter le champ magnétique est homogène
(partout la même).
3
B. Interférences
N'importe quelle somme pondérée λ1.E1+λ2.E2 à coefficients constants λ1 et λ2 de telles solutions E1 et .E2 est
encore solution des équations de Maxwell, ce qui donne lieu aux superpositions caractéristiques des ondes. Ces
phénomènes sont en effet parfaitement analogues à ceux que l'on observe couramment lors de superpositions d'ondes
plus familières telles que celles se propageant à la surface de l'eau. En certains lieuxles ondes parviennent en phase
l'amplitude de l'oscillation qui en résulte est maximale ainsi donc que son énergie: l'interférence est dite constructive. En
d'autres lieux au contraire des différences de marche induisent au cours de leur propagation des retards relatifs entre les
ondes qui se superposent donc des déphasages entre elles conduisant à des compensations et des minima d'amplitude
totale donc d'énergie: l'interférence est dite destructive. C'est ainsi que l'interférence entre les deux ondes lumineuses
issues des fentes d'Young
se traduit par une énergie ou intensité lumineuse
IE0
2cos2 /
sur un écran d'observation qui passe par
une succession de minima et de maxima, les franges d'interférences. Les maximas correspondent à des différences de
marche δ entre les deux ondes, multiples de la longueur d'onde car lorsque les deux ondes sont déphasées d'un nombre
entier d'oscillations, l'interférence est constructive. Il s'agit la d'une signature indubitable du caractère ondulatoire de la
lumière.
C. Paquets d'ondes
Par ailleurs, l'analyse de Fourier nous a appris que n'importe quel signal s(t) d'une variable t peut s'écrire sous
la forme d'une somme de sinusoïdes i.e qu'il est toujours possible d'ajuster l'amplitude a(f) et phase φ(f) de chaque
sinusoïde de fréquence f , a(f) Cos( f t + φ(f)), participant à cette somme pour reconstituer s(t). Utilisant la relation
cos(x) = (eix+e-ix)/2, on se ramène facilement à une décomposition en exponentielles complexes souvent plus commodes
à sommer en pratique que les fonctions sinusoïdales et on écrit donc:
st=
Sfei2f t df
(2)
même si cette expression a l'inconvénient de faire participer les fréquences négatives, non physiques, à cette somme.
Qu'importe puisque l'on ne fait appel aux nombres complexes que pour simplifier des calculs ou expressions
intermédiaires. Au final, toutes les grandeurs observables sont bien sûr réelles. La fonction complexe S(f) = A(f) ei φ(f)
de module A(f) et phase φ(f) n'est rien d'autre que la transformée de Fourier du signal s(t) que l'on calcule par la formule
de la transformée de Fourier inverse.
Sf=
stei2f t dt
(3)
4
Précisons que f est bien entendu une fréquence temporelle, nombre d'oscillations par unité de temps mais que si nous
nous intéressions à un signal s(x) d'une variable spatiale x, f serait une fréquence spatiale, le nombre d'oscillations par
unité de distance. Plutôt que la fréquence on adopte généralement la pulsation ω=2πf et le facteur 2π rend préférable
l'adoption d'une nouvelle définition de S pour manipuler des expressions aussi proches que possible des transformées de
Fourier directe et inverse :
st= 1
2−∞
Seitd  S= 1
2
steitdt
(4)
De même, si on adopte la variable kx =2πfx
sx= 1
2
SkxeikxxdkxSkx= 1
2
sxeik xxd x
(5)
L'analyse de Fourier se généralise sans difficultés à n'importe quel signal physique de plusieurs variables, spatiales et
temporelle s(x,y,z,t) qu'il est donc possible de décomposer en ondes planes r désigne comme d'habitude le vecteur
de coordonnées x,y,z:
(6)
Une telle décomposition d'un signal spatio-temporel en somme de sinusoïdes de diverses pulsations et vecteurs d'ondes
est une possibilité mathématique tout à fait générale. Le cas s(r,t) est de plus un signal électromagnétique solution
des équations de Maxwell, impose que chaque onde plane de la superposition soit aussi solution de ces équations du fait
de leur linéarité, donc nécessairement la relation de dispersion ω(k) = ± c |k| pour chacune d'elles. On peut alors, pour
un tel signal, se contenter de sommer sur k.
s
r , t = 1
23/2
S
kei
kt
krei
kt
krd
k
(7)
Il est important de réaliser que même pour un signal tout à fait quelconque, la décomposition spectrale signifie qu'il est
possible de construire à partir de superpositions d'ondes planes, par nature complètement délocalisées, un paquet
d'ondes s(r, t), aussi localisé que souhaité dans l'espace et le temps. On peut se convaincre de cela dans le cas le plus
simple d'un signal spatial à une dimension s(x) = rect(x/L), fonction porte de largeur x = L, le calcul donne:
Skx= L
2
sinkxL/2
kxL/2
de largeur kx = 2π/L. Ainsi, x . kx = 2π ou encorex . fx = 1la fréquence
spatiale fx est telle que kx = 2πfx = 2π/λ.
Ceci signifie que plus le signal est spatialement étroit (x petit), plus la plage de fréquences qu'il occupe est large (fx
grand) autrement dit plus le poids relatif des hautes fréquences dans la somme qui permet de le reconstituer est
important: son spectre est plus large. On dira encore que plus le signal est localisé dans l'espace plus il est dilué en
fréquences. On obtiendrait des résultats équivalents en raisonnant sur n'importe quel signal autre que le rectangulaire.
Tout d'abord, si S(k) (resp s(x)) ne prend de valeur significative que dans un intervalle centré sur un certain k0 (resp x0)
on s'attend à ce que la phase dans l'expression de
sx
0
Skcoskxk dk
i.e kx +φ(k) soit
stationnaire en k = k0 pour x= x0 (autrement dit d φ/dk (k0)=-x0 ), sinon les oscillations du cosinus dans l'intégrale au
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