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4° UNE VISION DE LA VIE CHRETIENNE.
Les Adm envisagent le comportement de l’homme vis-à-vis de Dieu, du prochain et de soi-même ;
bien plus elles envisagent l’inspiration profonde de ce comportement.
La vision globale : il s’agit du cheminement vers le Royaume : les points de départ et d’arrivée sont
théocentriques (cf. 1° et dernière Adm). On part du Christ : « Voie, Vérité, Vie » (Adm 1), pour aboutir
au Très Haut », là où l’on aura « thésaurisé » tous les biens (Adm 28, 1) ; entre départ et arrivée on
place des jalons à soumettre à purification et à confronter à la promesse du bonheur.
Les propres expériences de François à son retour de Palestine servent de guide. Son cheminement se
simplifie : désintéressement, acceptation de l’échec, remise à Dieu de tout succès et de tout mérite.
Il propose un long cheminement évangélique : patience et humilité (Adm 13 ; 22 ; 23 ; 27).
L’Adm 27 propose une synthèse de ce cheminement, aboutissement de la purification de soi, de son
rapport avec Dieu et avec l’autre. « Toute reddition de soi à Dieu est impensable en dehors d’une
charité patiente et désintéressée. »
« Le ton a beau être simple et incisif, il ne fait pas que dénoncer. Il encourage au sens multiple du
terme (moneo) : il éveille, corrige, touche la volonté et le cœur, suscite la prise de décision et le
comportement adéquat, prodigue des encouragements, etc…Le contenu présente une petite somme
théologique bien orchestrée ; mais il lègue aussi un héritage contenant une spiritualité et une
morale. Il s’agit à la fois d’un projet religieux et d’un projet de vie : l’idéal le plus élevé y côtoie une
pratique de charité « enfouie ». Le contenu sait respecter l’heureux commerce entre l’expérience
personnelle et communautaire.
Ce regard nous laisse devant une sorte de Cantique de la minorité ou encore un petit évangile
franciscain, pour cheminer vers le Royaume. »
5° LES ADMONITIONS ET LE DISCERNEMENT.
1° La désappropriation, signe de l’Esprit du Seigneur.
Les admonitions se présentent donc comme des exhortations, des conseils de François pour aider ses
frères à ne pas s’égarer sur le chemin du Royaume. Les pratiques, fussent-elles « religieuses », ne
suffisent pas à assurer la véracité et la rectitude de la route ; François en maître spirituel aide au
discernement. L’admonition 12, dans son fond et jusque dans sa formulation semble bien « cibler » le
problème qui nous préoccupe :
«Voici comment on peut connaître si un serviteur de Dieu possède de l’esprit du Seigneur : quand le
Seigneur opérerait par lui quelque bien, sa chair ne s’en exalterait pas, elle qui est contraire à tout
bien, mais il se tiendrait plutôt pour plus vil à ses propres yeux et s’estimerait plus petit (minor) que
tous les autres hommes ».
Il s’agit bien ici de discernement car le serviteur de Dieu fait le bien, mais sous la motion de quel
« esprit »fait-il le bien ? L’exaltation ou la non exaltation (l’orgueil ou le non orgueil) qui suit le fait de
faire le bien est révélateur du « bon esprit » ou du « mauvais esprit » qui habite l’auteur du bien
réalisé… ; Le signe indubitable, pour François, de la présence de l’esprit du mal c’est l’orgueil
(s’exalter) qui est le signe que l’homme s’approprie les dons de Dieu puisque Dieu est la source de